Machins Machines de Buster Keaton à tiM Burton - DU 21 octobre AU 2 novembre 2022
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saison 2022-2023 au d i to ri u m MICHEL LACLOTTE DU 21 octobre AU 2 novembre 2022 Machins machines de Buster Keaton à Tim Burton
Machins, machines, Jan Švankmajer, l’alchimiste de Buster Keaton à Tim Burton Vendredi 21 octobre DU 21 OCTOBRE AU 2 NOVEMBRE 2022 à 20h Courts-métrages, 1964-1989, 92 min En lien avec l’exposition Les Choses. Une histoire de la nature morte Séance présentée par Pascal Vimenet, réalisateur, critique, spécialiste du cinéma d’animation Hall Napoléon du musée du Louvre du 12 octobre 2022 au 23 janvier 2023 Né en Tchécoslovaquie en 1934, Jan Švankmajer a été formé à la section marionnettes de l’Académie tchèque des arts de la scène à Prague, sa ville natale. Dès son premier court métrage, The Last Trick (Le Dernier tour, A travers leur mise en mouvement, leur utilisation singulière ou leur détournement, la fabrique du 1964), le cinéaste mêle, pour raconter l’histoire de deux magiciens rivaux, poupées et animation image par image. cinéma n’a cessé de déployer l’immense potentiel poétique, fantastique ou comique des objets. Il reprendra par la suite, dans ses courts et longs métrages, ce singulier procédé sans doute inspiré par un théâtre Le cycle nous conduit de Buster Keaton à Tim Burton, en passant par les marionnettes de Ladislas de marionnettes offert pour Noël lorsqu’il avait huit ans. « J’aime dialoguer avec ma propre enfance. Starewitch et l’univers surréaliste de Jan Svankmajer qui a inspiré toute une génération de cinéastes : L’enfance est mon alter ego » écrira-t-il. Pour Michael O'Pray, spécialiste de Švankmajer, le monde du cinéaste Terry Gilliam, les frères Quay, Michel Gondry... Enfin, une nouvelle création associe deux « bricoleurs » est en effet « hautement semblable à celui des enfants. Son travail persiste à exprimer un scepticisme et un facétieux, en direct, sur la scène de l’auditorium : le vidéaste Pierrick Sorin et le musicien Pierre Bastien. pessimisme profonds envers le monde adulte et ses conventions – ce qui est à prévoir d'un authentique surréaliste ». Ce scepticisme et ce pessimisme profonds sont renforcés par une puissance formelle qui réside notamment dans le fait, comme le souligne l’historienne des média Christina Stojanova, que « le contraste entre les objets ou les collages faits par la main humaine (tous en un état plus ou moins avancé de détérioration) et la présence animale laissent à penser qu'ils sont utilisés en qualité d’ artefacts surréalistes, niant toute motivation psychologique, toute causalité dans le développement narratif. Ils sont aussi utilisés comme l'expression d'une suprême indifférence au programme sort de l'humanité et, par-là, comme les porte-parole d'un scénario plus grand qui souligne les instincts destructeurs des marionnettes du cinéaste. » Vendredi 21 octobre Mercredi 26 octobre à 20h à 15h Jan Švankmajer, l’alchimiste Séance Jeune public Courts-métrages, 1964-1989, 92 min Les Fables de Starewitch d’après La Fontaine Séance présentée par Pascal Vimenet, réalisateur, de Ladislas et Irène Starewitch, Fr., 1922-1932, 65 min critique, spécialiste du cinéma d’animation Musique originale Jacques Cambra, avec la voix de Léona-Béatrice Martin-Starewitch Samedi 22 octobre à 14h30 Vendredi 28 octobre L’accordeur de tremblement de terre à 20h De Stephen et Timothy Quay, G.-B., 2005, 99 min, Ciné-spectacle de Pierrick Sorin et Pierre Bastien 35mm, vostf Duree env. 65 min. à 17h La Science des rêves Mercredi 2 novembre De Michel Gondry, G.-B./Fr., 2006, 107 min, à 15h 35mm, vostf Séance Jeune public Ciné-concert Buster Keaton 65 min. Dimanche 23 octobre Films muets avec accompagnement musical par Robert à 15h Piéchaud, piano et Stan de Nussac, saxophones, L’Etrange Noël de Mr Jack clarinette basse, flûte E.-U., 1991, 75 min, DCP, vf à 17h Jabberwocky De Terry Gilliam, G.-B., 1977, 106 min, DCP, vostf 2 3
« Ce scénario plus grand qui se rattache au sort de l'humanité pourrait se définir comme une lutte, vouée à l'échec, Pascal Vimenet est enseignant-chercheur, critique de cinéma, enseignant et réalisateur. Il a notamment collaboré contre l'abjection ». Totalitarisme, guerre, « mythe du progrès et de la civilisation » hantent en effet l’œuvre du à la série Palettes. Spécialiste en esthétique et histoire du cinéma d’animation, il a collaboré aux Cahiers du cinéma, cinéaste, décrit parfois comme. une « sombre alchimie », de l'animation « venue du ciel et de l'enfer » ou du à Passages d’encres et a fondé la revue Animatographe. Auteur et coordinateur de plusieurs ouvrages publiés par les « surréalisme magique ». Son cinéma a influencé et continue de le faire, des réalisateurs comme Terry Gilliam, éditions de l’Œil, dont Švankmajer E&J « Bouche à bouche » (dir), 2002 (prix Henri Genet du livre Art et Essai), dont le Jabberwocky (1977) se réfère directement au film éponyme de Švankmajer (1971), Tim Burton, dont il s’apprête à boucler la parution aux éditions L’Harmattan du volume 5 d'Un Abécédaire de la Fantasmagorie The Nightmare Before Christmas, qu’il a produit en 1993, touche sans doute au plus près les procédés du maître (2015-2023). Il a par ailleurs fondé le dispositif « Ecole et Cinéma » pour sa partie animation. Il a enseigné aux en mêlant l'animation tactile et l'animation en direct, mais aussi les frères Quay, qui revendiquent la filiation Gobelins à Paris, à la Poudrière de Valence et à l’Université François-Rabelais de Tours et poursuit à l’Ecole des et lui ont consacré un film The Cabinet of Jan Svankmajer - Prague's Alchemist of Film ( 1984), le Français Michel métiers du cinéma d’animation d’Angoulême. Gondry et bien d’autres encore. les projections Jan Švankmajer : l’étrangeté familière des choses La Fabrique de petits Tout droit venu du poème non- À chaque heure pile, une pendule par Pascal Vimenet, réalisateur, critique, spécialiste du cinéma d'animation cercueils (Rakvickárna) sensique de Lewis Carroll, le enclenche un joli mécanisme aussi de Jan Švankmajer Jabberwocky de Švankmajer croise savant qu’étrange : une grêle de cailloux L’œuvre cinématographique de Jan Švankmajer (1934) et Eva Švankmajerova (1940-2005), impure dans son rapport Tchéc., 1966, coul., 10 min, 35mm, l’Homme de paille du surréaliste déchaînés tombe dans un seau... au cinéma d’animation, nous installe d’emblée sur le pointillé d’une frontière sinueuse, instable et métamorphique, sans dialogues Vitezslav Nezval. Et l’enfance peu propice aux tentatives de classification. Son hybridation perpétuelle (animation, prise de vues réelles, truquages s’enfuie... à moins qu’elle ne revienne... divers) est à l’image de l’ambiguïté du réel qu’elle évoque et de la posture critique qu’elle revendique. Ce caractère Le petit théâtre des marionnettes Une autre sorte d’amour de l’œuvre fait de tout le corpus filmique une expérience singulière d’appréhension du monde. L’étrangeté familière Polichinelle et Bajazzo n’est-il pas (Jiný druh lásky) un peu mystificatrice des films de Jan Švankmajer nous introduit dans un cinéma hanté de multiples manières : celui du monde ? Argent, jalousie, Don Juan (Don Šajn) de Jan Švankmajer par la présence fondatrice de la figure d’Arcimboldo et par une conviction alchimiste à la propension cannibale – manipulation règnent en maîtres. de Jan Švankmajer G.-B. – RFA, 1988, coul., 4 min, DCP qui donne à la matière, à l’objet, aux choses une place centrale et active ; par le siècle baroque et maniériste de La mort et le cinéma se regardent en Tchéc., 1970, coul., 30 min, vostf, Rodolphe Ier, présent dans tous les interstices ; par l’aura des Fantasmagories de Robertson ou par Le Château chiens de faïence. Humour satirique 35mm Clip grinçant réalisé pour la chanson d’Otrante (1979) revisité de Horace Walpole, dont les fantastiques se fondent dans les lourds plis de la société et violence hystérique. pop Another Kind of Love de Hugh bureaucratique stalinienne ; par la première collaboration filmique de Jan Švankmajer à Johanès Doktor Faust À la lisière d’un bois, dans un vieux Cornwell. théâtre baroque, la machinerie (1958), d’Emil Radok, où d’archaïques marionnettes à fils sont mises en abîme par la « manière noire » de la Laterna Magika – scène fameuse de Prague, devenue mythique, dont les premiers servants furent Miloš Forman Le Dernier Truc de Monsieur scénique s’active et les marionnettes Schwarzewald et de s’animent pour rejouer le drame de Flora (1932-2018), Josef Svoboda (1920-2002) ou Jirˇ í Trnka (1912-1969) ; par une expérience cinématographique Monsieur Edgar (Poslední Don Juan : amour, jalousie et duels de Jan Švankmajer irrévérencieuse (de Luis Buñuel à Charley Bowers ou à Walerian Borowczyk) et par une participation active au trik pana Schwarcewalldea au sommet ! É.- U., 1989, coul., 1 min, DCP mouvement surréaliste ; par la présence dominante de la figure du désir. La Fabrique de petits cercueils (1966) a pana Edgara) est probablement un condensé de ces attirances magnétiques, un gouffre où entrent sans cesse en collision de Jan Švankmajer Écho des figures arcimboldiennes, passé et présent, un univers où l’imagination tactile reconfigure indéfiniment la spatio-temporalité. Tchéc., 1964, 10 min, 35mm, coul., Obscurité, lumière, une créature humaine au corps Elle est aussi l’amorce du rôle de dissident surréaliste du réalisateur, et l’annonce de son évolution future... sans dialogues obscurité (Tma-svetlo-tma) composé de légumes en putréfaction Mon rêve, disait Švankmajer en 1999, serait de prendre un jour tous mes films […], puis de les regrouper dans un de Jan Švankmajer agonise ligotée dans un lit, sans accès film de plusieurs heures, afin de suivre comment reviennent des personnages particuliers, des milieux, des motifs et Deux curieuses pièces de bois s’adonnent Tchéc., 1989, coul., 10 min, DCP au verre d’eau qui la sauverait. de voir comment cela forme une unité de création, de pensée, d’observation. Cette mimesis est accomplie à petite à une drôle de joute : chacune, à tour échelle, d’une certaine façon, par Jabberwocky, ou les vêtements de paille d’Hubert Paglia (1971), première incursion de rôle, tire de sa trop grosse tête à tiroir Membre après membre, un homme carrollienne de Švankmajer. Dans la clarté non-sensique du récit, nous sommes de l’autre côté du miroir, aveuglés des objets et des images de toutes sortes. construit son propre corps. L’ouvrage Les Possibilités du dialogue par le ballet insolite et hystérique d’un couteau suisse. Et lorsque les têtes inaugurales de Possibilités du dialogue achevé, qui de l’homme ou du monde (Možnosti dialogu) sera à la mesure ? de Jan Švankmajer (1982) apparaissent, la « sous-venance » des choses n’est plus à démontrer. Le portrait composite de Rodolphe II déguisé en Vertumne (Arcimboldo, 1591), malgré les substitutions de ses attributs, qui voient l’ail remplacer le Jabberwocky, ou les Tchéc., 1982, coul., 11 min, DCP vêtements de paille navet, ou le citron, une poire, transparaît. Nul doute que l’effet Švankmajer dans la cinématographie contemporaine – Jeu de pierres (Spiel mit d’Hubert Paglia (Žvahlav Trois archétypes d’échanges humains notamment dans celles de Tim Burton et des frères Quay – n’apparaisse alors en pleine lumière dans ces jeux Steinen / Hra s kameny) aneb šaticky slameného et de leurs impasses logiques. analogiques, que Roland Barthes qualifiait de « mathématiques bizarres ». Nul doute non plus que cette découverte Huberta) de Jan Švankmajer Le génie visuel au service du sarcasme. condensée n’enrichisse nos interprétations de cette filmographie aux facettes multiples. À l’image du rayonnement de Jan Švankmajer Autr., 1965, 8 min, coul., DCP, sans Grand Prix du film d’animation au d’une étoile lointaine, l’éclat réel de cette œuvre inclassable, attentive à notre crise civilisationnelle, convaincue de la Tchéc., 1971, coul., 12 min, 35mm, dialogue) festival d’Annecy de 1983 et Grand nécessité de l’avènement d’une liberté nouvelle, nous parviendra enfin. vostf Prix des Grands Prix 1990. 4 5
L’accordeur de tremblement de terre La Science des rêves Samedi 22 octobre Samedi 22 octobre à 14h30 à 17h De Stephen et Timothy Quay, G.-B., 2005, 99 min, 35mm, vostf De Michel Gondry, G.-B./Fr., 2006, 107 min, 35mm Avec : Amira Casar, Gottfried John, Assumpta Serna et Cesar Sarachu Avec : Gaël Garcia Bernal, Charlotte Gainsbourg, Alain Chabat, Miou-Miou, Emma Decaunes Emporté par une passion dévorante mais non partagée, le Dr Emmanuel Droz, neurologue méphistophélique et inventeur ayant découvert le secret de la résurrection, veut s’unir à jamais à la femme qu’il aime, la belle cantatrice Malvina van Stille. Afin de réaliser son dessein il la tue, l’enlève, puis la maintient dans un état de mort apparente. Droz engage l’accordeur de pianos Felisberto pour réviser ses instruments, des automates actionnés par les marées qui gouvernent mystérieusement le rythme de la vie dans sa propriété isolée sur les bords de l’océan, la Villa Azucena. Felisberto découvre peu à peu l’intention du docteur : mettre en scène un opéra diabolique qui enchaînera la destinée de Malvina. Il se jure secrètement de la sauver, mais se trouve en fait lui-même pris au piège dans l’univers pervers de Droz. « Le film orchestre avec bonheur un inventaire alchimique de plans somptueux, crypte aquatique avec tourbillons d'eau en vrille, barque mue par des rames que tiennent des mains sans corps, ruines et grottes crépusculaires dignes de Louis II de Bavière, hommes tenant des torches, hypnotisés, dormant avec un mouchoir dans la bouche. Et tandis que se débat le chaplinesque chevalier servant au chevet de son rossignol captif, avec la terreur d'être transformé en fourmi du Cameroun, les frères Quay diffusent une sensualité sulfureuse, un vampirisme morbide par lequel Droz associe le larynx et les cordes vocales de sa proie à son sexe, en un délire érotique où il est question de raisin mûrissant, vanilles écrasées, du rêve de succomber aux pollutions des brumes et des brouillards. Epoustouflant ! » Jean-Luc Douin, Le Monde, 19 septembre 2006. Venu travailler à Paris dans une entreprise fabriquant des calendriers, Stéphane Miroux mène une vie monotone qu'il compense par ses rêves. Devant des caméras en carton, il s'invente une émission de télévision sur le rêve. Un jour, il fait la connaissance de Stéphanie, sa voisine, dont il tombe amoureux. D'abord charmée par les excentricités de cet étonnant garçon, la jeune femme prend peur et finit par le repousser. Ne sachant comment parvenir à la séduire, Stéphane décide de chercher la solution de son problème là où l'imagination est reine... « La Science des rêves a ceci de particulier qu'il donne l'impression que, pour Gondry, le cinéma est à la fois un instrument qu'il maîtrise avec la précision d'un virtuose et un jouet puéril avec lequel il s'amuse. Il en résulte que rien n'est impossible. Jouer le jeu, c'est à la fois rire et explorer des paysages intérieurs aussi complexes qu'invraisemblables. » Marie-Hélène Mello, « Exil intérieur / La Science des rêves » de Michel Gondry, Ciné-Bulles, 24(4), 20-21, 2006. 6 7
L’Etrange Noël de Mr Jack (The Nightmare Before Christmas) Jabberwocky Dimanche 23 octobre Dimanche 23 octobre à 15h à 17h E.-U., 1991, 75 min, DCP, vf De Terry Gilliam, G.-B., 1977, 106 min, DCP, vostf Scénario, direction artistique et production de Tim Burton Réalisation de Henry Selick Musique de Danny Elfman À la mort de son père, le jeune Dennis décide de tenter sa chance en ville dans l’espoir de conquérir le cœur de sa dulcinée, Griselda, restée au village. Pendant ce temps, un horrible monstre surnommé Jabberwocky À partir de 6-7 ans fait régner la terreur, tuant et anéantissant tout sur son passage. Voyant son royaume menacé, le roi Bruno le Contestable promet la main de sa fille à celui qui terrassera la bête... « Avec Jabberwocky, Terry Gilliam signe son premier film en solo, même si une grande partie des Monty Python figure au casting. Le membre de l’emblématique troupe d’humoristes et futur réalisateur de Brazil et L’Armée des 12 singes livre une comédie fantastico-médiévale savoureuse et follement inventive, inspirée d’un poème de Lewis Carroll. Une pure merveille à l’humour absurde et fantastique, à découvrir pour la première fois dans une superbe version restaurée 4K supervisée par le BFI National Archive et The Film Foundation, approuvée par Terry Gilliam ! » Carlotta « Jack Skellington, être filiforme à tête de mort, est l'incontestable vedette d'Halloween City, dont il clôt la fête, chaque année, avec brio. Mais Jack s'ennuie. Lors d'une promenade qui l'entraîne dans une forêt inconnue, il découvre un arbre qui lui ouvre un passage vers la ville de Noël. Il est immédiatement séduit par l'ambiance festive du lieu et décide de s'approprier à sa façon cet événement tant attendu par les enfants du monde entier. Après avoir fait enlever le Père Noël par trois petits garnements, Am, Stram et Gram, il met à contribution les habitants d'Halloween City pour fabriquer les jouets tant attendus. Et, la nuit de Noël, commence la distribution de "surprises"... L'Etrange Noël de monsieur Jack fut d'abord un poème – accompagné de croquis des trois personnages, Jack, son chien et le Père Noël –, qu'écrivit Tim Burton, alors animateur pour le compte des Studios Disney, au début des années 1980. Puis, le succès du réalisateur aidant, Disney décida, dix ans plus tard, de produire ce film à contre-courant des productions habituelles de la société. La réalisation en est confiée à Henry Selick (Coraline). La musique est signée Danny Elfman, ami de Burton, qui crée pour le film dix merveilleuses chansons et s'identifie si bien au personnage de Jack qu'il lui prêtera sa voix, pour les chansons, dans la version originale. La conjonction de ces trois talents a donné naissance à l'une des plus belles et poétiques oeuvres de l'histoire des films d'animation. » Thierry Nirpot, Le Monde, 2 janvier 2010 8 9
Les Fables de Starewitch d’après La Fontaine Mercredi 26 octobre à 15h de Ladislas et Irène Starewitch, Fr., 1922-1932, 65 min Musique originale Jacques Cambra, avec la voix de Léona-Béatrice Martin-Starewitch Séance Jeune public À partir de 6 ans Le Lion et le Moucheron, 1932, nb, sonore Le Rat de villes et le rat des champs, 1926, coul., muet mus. Les Grenouilles qui demandent un roi, 1922, coul., muet mus. La Cigale et la fourmi, 1927, coul., muet mus. Le Lion devenu vieux, 1932, nb, sonore « Ladislas Starewitch, né à Moscou en 1882 de parents polonais, passe son enfance en Lituanie. Autodidacte, il s’intéresse à la peinture, à la photographie et surtout à l’entomologie. C’est pour expliquer la vie des insectes au Musée Ethnographique de Kovno (Lituanie) qu’il tourne son premier film d’animation dans lequel il utilise des scarabées naturalisés, filmés image par image. Le succès est immédiat : le film La Cigale et la fourmi, présenté en 1911, suscite l’admiration internationale. Obligé de quitter le pays au lendemain de la révolution bolchevique, il emménage définitivement en France à partir de 1920 et installe son studio à Fontenay-sous-Bois. Dès lors, avec sa fille aînée Irène qui l’assiste pour la fabrication des marionnettes et sa femme Anna qui conçoit et fabrique les costumes, il entre dans la phase la plus prolifique de sa création. Nina, sa fille cadette, devient la vedette d’une série de films parmi les plus inventifs, mêlant animation, trucages et images réelles. Distribuées aux Etats-Unis et en Europe essentiellement, ses œuvres lui valent des récompenses internationales... Starewitch continuera de tourner jusqu’à sa mort en 1965, réalisant au total une centaine de films en prise de vues réelles et/ou animation. Récemment, des créateurs comme Tim Burton, Terry Gilliam, Ray Harryhausen ou bien tout récemment Wes Anderson et son Fantastic Mr. Fox ont rendu hommage à ce magicien de la ciné-marionnette dont la virtuosité reste inégalée... De même que La Fontaine s’inscrit dans la continuité des grands anciens comme Esope ou Horace, Starewitch Ces fables sont toutes extraites du premier recueil paru le 31 mars 1668 et dédié au Dauphin, jeune fils du roi s’inscrit dans les traces de La Fontaine ou de Krilov tout en renouvelant totalement des récits connus de tous. Louis XIV. Si le texte et la langue des fables restent inchangés, le nouveau pouvoir de Starewitch est du Il s’inscrit bien dans ce projet de La Fontaine : "J'ai pourtant considéré que ces fables étant sues de tout le domaine de l’appropriation de l’image. La mise en image des fables ne date pas d’hier, elle est même liée au monde, je ne ferais rien si je ne les rendais nouvelles par quelques traits qui en relevassent le goût... on veut genre. Dès le début du 19 ème siècle il existait de petits théâtres animés des fables, et les séances de lanterne de la nouveauté et de la gaieté". (Fables choisies, mises en vers par Jean de La Fontaine, Préface, 1688)... magique familiales ou scolaires étaient de merveilleux moments au cours desquels la projection dans l’obscurité Les cinq Fables de Ladislas Starewitch réalisées de 1922 à 1932 : Le Rat de villes et le Rat des champs, La Cigale de plaques de verres colorées permettait aux petits et aux plus grands de visualiser les différentes séquences du et la Fourmi, Les Grenouilles qui demandent un roi, Le Lion et le Moucheron, Le Lion devenu vieux sont inspirées récit. » Textes de Léona Béatrice Martin-Starewitch et François Martin issus du dossier pédagogique Les Fables de La Fontaine. de Starewitch d’après La Fontaine. 10 11
Ciné-spectacle de Pierrick Sorin et Pierre Bastien les détails de finition détournent du sens. Il faut être juste un peu bricoleur » dit Pierrick dessiné par Philippe Dupuy. « La magie opère quand on sait déceler la supercherie. C’est pour ça qu’on veut connaître les trucs des magiciens. Vendredi 28 octobre C’est là que se trouve toute la magie » est la réplique que l’auteur me fait dire. A la pliure 110, nous partons au musée à 20h en compagnie de Michel Gondry (que nous ne connaissons pas dans la vraie vie, pas plus que Philippe Dupuy à la parution de son livre). Cette fois nous sommes dessinés avec des têtes bizarres. Pierrick nous en donne la clé, toujours Duree env. 65 min. dans la bande dessinée bien sûr : « Michel c’est une pelote de fil et un tube pour le corps, Pierre du Meccano, et moi une caméra vidéo... ça a quand même du sens, rapport à qui nous sommes ». Création, musée du Louvre, 2022. Cette représentation symbolique permet à l’auteur d’ouvrir un nouveau chapitre, en basculant du bricolage à l’art abstrait. Mais le 28 octobre nous resterons dans le concret le plus tangible : la tête dans les caméras et le meccano motorisé, et juste un peu bricoleurs mais pas trop. Et dans la salle de l'Auditorium Michel Laclotte : installation de cinq théâtres optiques de Pierrick Sorin Pierre Bastien En écho à l'exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte », le musée du Louvre a invité deux magiciens des « objets » à proposer une nouvelle création visuelle et sonore sur la scène de l’auditorium. Pierrick Sorin L’un bricole des images, l’autre des machines musicales... Pierrick Sorin, vidéaste, et Pierre Bastien, musicien, Pierrick Sorin est artiste vidéaste, metteur en scène et scénographe. A la fin des années 80, Pierrick Sorin se rencontrent sur scène et font naître, en temps réel, un univers commun à l’esthétique fragile, à la mécanique réalise des autofilmages, en cinéma Super 8. Au travers de courtes histoires – où il tient tous les rôles – il porte mystérieuse, parfois absurde... un regard distancié et moqueur sur son quotidien et interroge, sur un mode burlesque, l’acte de création. A partir de 1995, il réalise de nombreux théâtres optiques (oeuvres dans lesquelles il apparaît sous forme Au Louvre ce 28 octobre, on ne se demandera pas Pierrick Sorin et moi, si nous entrons dans l’histoire de l’art car d’hologramme, parmi des objets réels et palpables, parfois « en miniature », parfois à échelle humaine. nous y sommes déjà, au moins dans Une Histoire de l’Art par Philippe Dupuy. Dans ce livre étonnant, bande de 23 A compter de 2006, il signe des scénographies et mises en scène de spectacles, dans le domaine de l’opéra en mètres de long dessinée recto verso et pliée en accordéon, nous apparaissons ensemble à la page ou pliure 107, particulier. Ses scénographies sont toujours fondées sur un usage de la vidéo comme outil de création visuelle juste après Alexander Calder et Jean Tinguely qui ouvrent le chapitre des artistes bricoleurs. « Si on est trop bricoleur, « en direct », sur scène. Les chanteurs deviennent acteurs d’un film créé en temps réel. 12 13
Pierrick Sorin a exposé dans nombreux musées, centres d’art ou galeries : Tate Gallery (Londres), Guggenheim Ciné-concert Buster Keaton (New-York), Metropolitan Museum of Photography (Tokyo), Fondation Cartier, Centre Pompidou (Paris). Il a mis en scène plusieurs opéras (La Flûte enchantée de Mozart, La Belle Hélène d’Offenbach... ) pour des Mercredi 2 novembre à 15h maisons telles que La Scala de Milan, l’Opéra de Lyon, le Théâtre Musical du Châtelet. Durée env. 65 min. Pierre Bastien Films muets avec accompagnement musical par Robert Piéchaud, piano et Stan de Nussac, saxophones, clarinette Admirateur de John Cage, ce « compositeur mécanique » débute en construisant très jeune déjà des basse, flûte. instruments à partir d'objets récupérés comme des électrophones usagés, des métronomes, des cymbales Lecture des cartons : Bertrand Brouder ou des poulies. Il fait des études de Lettres à la Sorbonne, mais, influencé par Bernard Vitet et Don Cherry, il se lance en parallèle dans la musique en 1976, à l'occasion d'une soirée parisienne organisée par Jac Berrocal Séance Jeune public au Théâtre Mouffetard. Il collabore avec Éric Fèvre et Bernard Puvost dans leur groupe Nu Phonic Ensemble, À partir de 6 ans puis avec Bernard Pruvost seulement par la suite, dans un duo baptisé Nu Creative Methods, puis, dès 1977, avec Pascal Comelade dans son Bel Canto Orchestra. Vers la même période il compose pour plusieurs compagnies de danse, notamment pour le ballet Tartine du chorégraphe Dominique Bagouet1. Il joue dans Buster se débat avec des objets de toutes sortes... d'autres formations telles que Operation Rhino et Effectifs de Profil. En 1986 il fonde officiellement son propre orchestre, baptisé Mecanium, composé de neuf machines Meccano L’Epouvantail, The La Maison démontable, Frigo à l’Electric hôtel, The jouant divers instruments, tels le luth chinois, le bendir ou le rebab marocains, la kora ou l'angklung sénégalais, Scarecrow One Week Electric House le saron javanais, le koto japonais ou la mandoline yougoslave, le tout complété par des accompagnements De Buster Keaton et Edward F. Cline, De Buster Keaton et Edward F. Cline, De Buster Keaton et Edward F. Cline, improvisés de Bastien à la trompette ou au violon. Dans les années 1990, Mecanium inclut jusqu'à 80 machines- E.-U., 1920, 20 min, muet, vostf E.-U., 1920, 23 min, muet, vostf E.-U., 1922, 23 min, muet, vostf musiciennes, et effectue plusieurs tournées ainsi que des apparitions dans plusieurs festivals de musique, Avec : Buster Keaton, Joe Keaton, Avec : Buster Keaton, Sybil Seely Avec : Buster Keaton, Virginia Fox, notamment en Norvège, en Australie, au Japon, au Canada, en Pologne et aux États-Unis. Joe Roberts, Sybil Seely, Al St. John, Joe Roberts Bastien a collaboré avec des artistes tels que Robert Wyatt, Jac Berrocal, Jaki Liebezeit, Lukas Simonis, Eddie Cline Buster et Sybil viennent de Klimperei, Pierrick Sorin et Issey Miyake. Ses productions ont été publiées sur des labels tels que Lowlands, convoler en justes noces et Suite à un quiproquo, Buster Signature-Radio France, Rephlex, Tigersushi et Alga Marghen. Il est également titulaire d'un doctorat en Malec et Pylade, deux célibataires s'apprêtent à goûter les joies se retrouve électricien dans littérature française du 18e siècle, sa thèse portant sur le pré-surréaliste Raymond Roussel. habitant dans une maison qu'il d'une vie sous le même toit. une maison bourgeoise pour ont habilement aménagée, sont Mais auparavant, ils doivent installer un système de amoureux de la même jeune fille. construire eux-mêmes leur commandes automatiques, Malheureusement le père de nid douillet, fourni en kit. ancêtre de la robotique. celle-ci ne voit pas ces flirts d'un C'est là que le bât blesse. La fille du propriétaire ne le très bon oeil... Un rival en amour a en effet laisse pas indifférent... pris un malin plaisir à inverser les numéros inscrits sur les caisses. Ce n'est que le début d'une longue série de péripéties... Robert Piéchaud et Stan de Nussac, natifs de Paris, se connaissent depuis la plus tendre enfance. Devenus adultes, ils finissent par se retrouver, chacun ayant suivi un parcours très différent : Robert du côté classique et contemporain, Stan dans le jazz. Ce n’est pourtant que tardivement qu’ils trouvent l’occasion de collaborer, avec la création (2010) du Trio Trans-Atlantismes (avec Jill Alessandra McCoy à la voix) où ils expérimentent des formes à mi-chemin entre l’écriture stricte et l’improvisation, aventure qui les mènera sur la scène des Bouffes du Nord (Festival d’Automne à Paris 2016). Mais c’est surtout grâce au ciné-concert que, depuis une dizaine d’années, ils inventent un langage commun, Robert au piano et Stan aux instruments à vent (saxophones, clarinette basse, flûte) entre le jazz et la musique contemporaine, à travers l’improvisation, entre Orient et Occident, dans des répertoires cinématographiques aussi variés que Buster Keaton, Charlie Chaplin, Mizoguchi ou Ozu et dans des lieux prestigieux que l’Auditorium du Louvre ou la Cinémathèque Française. Robert et Stan seront en tournée à travers l’Inde en 2023 pour accompagner du répertoire muet indien et français. 14 15
et aussi... La trace sensible des choses Cycle de conférences à 19h... en lien avec l'exposition Les Choses. Une histoire de la nature morte Du 20 octobre 2022 au 9 janvier 2023 Jeudi 20 octobre Vendredi 25 novembre Histoires de colifichets. Des objets bavards De choses et d'autres dans la peinture française du 18e siècle Par Marianne Alphant Par Guillaume Faroult Lundi 24 octobre Lundi 19 décembre Ni nature, ni morte, conversation avec Miquel Barceló Les choses entre-elles Dialogue entre Marie-Laure Bernadac et Miquel Barceló Dialogue entre Michel Poivert et Valérie Belin Mercredi 2 novembre Lundi 9 janvier 2023 Mes choses Les choses du sida Par Alain Jaubert Par Thibault Boulvain Légendes Remerciements Couverture : Pierrick Sorin et Pierre Bastien (détail) © Barbara Donaubauer Manuel Attali (ED distribution), Alexandra Bachelet (WTW), Pages 3 : Pierre Bastien, Laurence Bertrand Dorléac, Bertrand Brouder, Les Possibilités du dialogue © Jan Svankmajer Valérie Caron (Distribution Service), Maria Chiba (Lobster Pages 6 : Films), Cécile Farkas (Capuseen), Pavla Kallistová (Athénor), L’accordeur de tremblement de terre © ED distribution Xavier Kawa-Topor, Léona Béatrice Martin-Starewitch, Pages 7 : Stan de Nussac, Louise Paraut (Gaumont), Robert Piéchaud, La Science des rêves © Gaumont Pascal Régis (Julie Tippex), Adèle Schroeder (The Walt Pages 8 : Disney Company France), Pierrick Sorin, Jan Švankmajer, L’Etrange Noël de Mr Jack © © 1994 Disney Pages 9 : Pascal Vimenet, Nora Wyvekens (Carlotta Films). Jabberwocky © Carlotta Pages 10-11 : Les Fables de Starewitch d’après La Fontaine © collection Martin-Starewitch Pages 12-13 : Pierrick Sorin et Pierre Bastien © Barbara Donaubauer Pages 14 : La Maison démontable © Lobster Films Directeur de l'Auditorium et des spectacles : Luc Bouniol-Laffont Programmation : Pascale Raynaud Production : Yukiko Kamijima-Olry, Valentine Gay et Charlotte Plet-Motoki La vie du Louvre en direct #AuditoriumLouvre www.louvre.fr
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