CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - Jean-Baptiste de Proyart

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CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - Jean-Baptiste de Proyart
CHARLES BAUDELAIRE
           Les Fleurs du mal
       Le seul témoin du projet d’édition illustrée,
voulue par Charles Baudelaire et Auguste Poulet-Malassis,
           et dessinée par Félix Bracquemond.
                Relié par Charles Meunier.

                       Cahier n° 20

                Foire dU GRAND PALAIS
                    11 au 14 avril 2019
                       STAND A5
CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - Jean-Baptiste de Proyart
7698
    BAUDELAIRE, Charles
    Les Fleurs du Mal
    Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1857

    L’UNIQUE TÉMOIN DU PROJET D’ÉDITION ILLUSTRÉE
    DES FLEURS DU MAL VOULUE PAR CHARLES BAUDELAIRE
    ET AUGUSTE POULET-MALASSIS ET ILLUSTRÉE PAR FÉLIX
    BR ACQUEMOND.

    LE TRÈS CÉLÈBRE EXEMPLAIRE “SAMUEL PUTMAN AVERY” DE
    L’IMPOSSIBLE TROISIÈME ÉDITION DES FLEURS.

    L’EXEMPLAIRE A ÉTÉ RELIÉ PAR CHARLES MEUNIER POUR
    AVERY ET PLACÉ PAR LE RELIEUR DANS UN TABERNACLE INOUÏ.
    L’ENSEMBLE CONSTITUANT UN CHEF-D’ŒUVRE DE LA RELIURE
    1900 : “A BEAUTIFUL AND FASCINATING COPY” (Catalogue de la vente
    Avery, 1919).

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CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - Jean-Baptiste de Proyart
4.4.

    CET EXEMPLAIRE PRÉSENTE DE NOMBREUX DOCUMENTS
    ESSENTIELS À LA COMPRÉHENSION DU PROJET :

    - UNE LETTRE DE BAUDELAIRE À POULET-MALASSIS SUR LE
    CONTR AT DES FLEURS DU MAL DE 1857 ATTESTANT DE LEUR
    COLLABOR ATION INTIME (cf. infra, n° 5);

    - UNE AUTRE SUPERBE LETTRE DE BAUDELAIRE À POULET-
    MALASSIS SUR CHARLES MERYON ET EDGAR POE, AVEC L’AVEU
    CAVIARDÉ ET JUSQU’IL Y A PEU INÉDIT : VICTOR HUGO
    M’EMMERDE (cf. infra, n° 6);

    - TROIS DESSINS ORIGINAUX DE BR ACQUEMOND POUR LE
    FRONTISPICE (cf. infra, n° 4.3., 4.4. et 4.6.);

    - SIX EAUX-FORTES DES TROIS ÉTATS DU CÉLÈBRE FRONTISPICE
    DONT TROIS SIGNÉES PAR BR ACQUEMOND;
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CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - Jean-Baptiste de Proyart
Le frontispice de Bracquemond : histoire des trois états. Trois dessins
          originaux et trois estampes signées au crayon par l’artiste

     4.2. Première état, signé par Bracquemond   4.6. Dessin original de Bracquemond pour le    4.3. Première état de la gravure avec le dessin        4.3. Verso, dessin original de Bracquemond
                                                                 deuxième état                 original de Bracquemond pour le troisième état

                4.7. Deuxième état               4.7. Deuxième état signé par Bracquemond                    4.4. Troisième état                  4.4. Troisième état, signé deux fois par Bracquemond

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CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - Jean-Baptiste de Proyart
- LA LETTRE DE BR ACQUEMOND EXPLIQUANT À CHAMPFLEURY
    SA DIFFICULTÉ À DESSINER LE SQUELETTE-ARBRE SOUHAITÉ
    PAR BAUDELAIRE ET POULET-MALASSIS (cf. infra, n° 7);

    - LA COLLATION MANUSCRITE PAR CHAMPFLEURY ET
    BR ACQUEMOND DE CET EXEMPLAIRE AVERY (cf. infra, n° 9);

    - LA TRÈS IMPORTANTE SUITE EN DOUBLE ÉTAT DES
    ORNEMENTS TYPOGRAPHIQUES, VÉRITABLE SYSTÈME
    DÉCORATIF CONÇU PAR BRACQUEMOND SELON LES SOUHAITS
    D’AUGUSTE POULET-MALASSIS ET DE CHARLES BAUDELAIRE,
    ET QUI DEVAIENT RYTHMER CETTE NOUVELLE ÉDITION DES
    FLEURS DU MAL (cf. infra, n° 10).

    - CETTE SUITE PRÉSENTE QUATRE INTERVENTIONS
    AUTOGR APHES DE POULET-MALASSIS, ET ON NE CONNAÎT,
    SELON CHAMPFLEURY LUI-MÊME, QU’UN SEUL AUTRE
    EXEMPLAIRE DE CETTE SUITE, CELUI DE LA BRITISH LIBRARY (cf.
    infra, n° 10).

    L’EXEMPLAIRE SINGULIER, DISPARU DEPUIS UN SIÈCLE,
    DE WILLIAM ANDREW CLARK, L’UN DES GR ANDS “ROBBER
    BARONS” AMÉRICAINS, DOTÉ DE L’UNE DES PLUS IMPORTANTES
    FORTUNES DES ÉTATS-UNIS DANS LES ANNÉES 1900.
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CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - Jean-Baptiste de Proyart
ÉDITION ORIGINALE

     In-8 (188 x 118mm)
     Exemplaire complet des pièces condamnées, avec la faute “Feurs” aux titres courants des p. 31
     et 108 et la faute “captieux” pour “capiteux” au premier vers de la p. 201, toutes marques de
     PREMIÈRE ÉMISSION. Avec la faute corrigée p. 12 (“enhardissant”)

     RELIURE-TABERNACLE À EMBLÈMES MACABRES SIGNÉE DE CHARLES
     MEUNIER “EXECUTED FOR Mr. AVERY”. Maroquin havane, décor mosaïqué, doré et
     argenté, sur le premier plat : deux fleurs grimpantes poussant dans des vases, bordées d’un
     semé de têtes de mort, serpents, sabliers, miroirs, trompettes et chouettes, colombes de l’amour
     surmontant la tête d’un diable laurée et édentée, sur le second plat : motif central à deux têtes de
     mort, sablier, serpents, glaives et flammes, bordé d’un motif de branchage à fleurs de chardon
     et tête de mort, dos long orné et doré d’un même décor, DOUBLURE À SUPERBE MOTIF
     MACABRE, grand décor mosaïqué, doré et argenté, puttis, vestales, squelettes, têtes de mort
     et satyres, la première doublure surmontée de la devise amor à mort, gardes de moires violettes,
     le livre est relié sans les couvertures, fermoirs en argent et à motif de tête de mort et de serpents,
     tranches dorées et ciselées aux mêmes emblèmes

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CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - Jean-Baptiste de Proyart
Au sujet de Charles Meunier et de son immense talent créateur,
     LA RELIURE EST ELLE-MÊME PLACÉE DANS UNE                             nous renvoyons au passionnant article de Jean-Daniel Candaux
     BOÎTE-TABERNACLE ÉGALEMENT SIGNÉE PAR                                (“Les manuscrits et dossiers littéraires chez le relieur bibliophile :
     CHARLES MEUNIER. Boîte de maroquin havane à l’imitation              coup d’œil sur la collection Charles Meunier”, Travaux de
     d’un livre, encadrement de deux filets estampés à froid autour des   littérature, n° 11, Paris, 1998, pp. 373-394). La Bibliothèque
     plats, dos à nerfs, tranches dorées avec boutons à motifs floraux    publique universitaire de Genève conserve, à la suite d’un don du
     en cuivre, gardes de velours rouge, ouvrant SUR LES PORTES           relieur, près de mille reliures de Charles Meunier qui formaient
     D’UN TABERNACLE À EMBLÈMES MACABRES, décor                           sa collection personnelle. Jean-Daniel Candaux, fin spécialiste de
     mosaïqué de maroquin beige, doré et argenté, têtes de mort,          Rousseau et de Mme de Staël, insiste sur sa remarquable capacité à
     serpents et chouettes, avec un bouton de cuivre en forme de tête     relier ce qu’il appelle des “dossiers” et à créer sur eux “des reliures
     de mort                                                              qui comptent parmi les plus belles du maître”. C’est ce talent que
                                                                          Charles Meunier, créateur d’une édition des Fleurs du mal, a mis
     Trois boutons floraux du décor des tranches de la boîte manquent.    ici à la disposition de Samuel Putnam Avery pour son “dossier”
     Petite restauration dans la marge de la p. 33 du livre               des Fleurs du mal

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CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - Jean-Baptiste de Proyart
4.2.
     Si le projet d’une édition illustrée des Fleurs du mal conçu par Auguste Poulet-
     Malassis et par Charles Baudelaire avait vu le jour, notre perception de sa poésie
     aurait été profondément différente. Édition de luxe, troisième édition, un temps
     pensée pour être imprimée au format in-4, ce projet, véritable serpent de mer de
     la correspondance baudelairienne pendant plusieurs années, aurait inventé une
     forme qui nous est restée inconnue.

     La forme du livre

     Car pour Baudelaire, le livre, dans sa matière concrète, est bien une forme,
     la forme de l’écriture, comme il l’écrit à sa mère à propos de la plaquette
     sur Théophile Gautier, publiée par Poulet-Malassis et dotée pour la première
     fois d’un frontispice : “Es-tu contente de la brochure ? Je parle de la forme
     que Malassis a donné à la chose, caractère et papier ?” (15 novembre 1859,
     Correspondance, I, p. 617).

     Ce souci de la forme du livre a été sanctuarisé - les bibliophiles le savent - par
     les exemplaires personnels de Baudelaire, reliés la plupart du temps par Lortic,
     selon les consignes du poète, puis gardés pour lui, comme certains des livres de
     sa bibliothèque, ou offerts à certains de ses proches avec un envoi. Ces Lortic
     de Baudelaire ont d’ailleurs modelé la définition de la notion d’exemplaire
     en matière de collection de littérature française, pour des générations de
     collectionneurs du XXe siècle et, très certainement encore, pour les prochaines
     générations.
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CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - Jean-Baptiste de Proyart
4.4.

     Le frontispice de Bracquemond

     Au-delà de sa très spectaculaire reliure-tabernacle de Charles Meunier, bien peu
     compatible avec la rigidité toute janséniste - on dirait aujourd’hui design - des
     reliures de Lortic, l’exemplaire Avery permet d’appréhender cette forme étrange
     d’un livre tant désiré. Champfleury fut sans doute l’un des témoins privilégiés
     de cette quête. On le retrouve en de multiples lieux de cet exemplaire. En toute
     légitimité d’ailleurs, puisque dès la mort de Charles Baudelaire, Champfleury
     fait partie, selon Mme Aupick, des trois amis que la mère du poète reconnaît
     comme les plus proches de son fils, avec Charles Asselineau et Théodore de
     Banville. Champfleury était comme Baudelaire un grand amateur de gravures
     et particulièrement des Danses de mort. La mère du poète voulut le remercier
     par un don d’objet ayant appartenu à son fils. Elle lui offrit un exemplaire de La
     Danse des morts de 1848 d’Alfred Rethel, sans doute une version allemande que
     Baudelaire possédait depuis longtemps, et dont on sait, depuis la magistrale étude
     de Claire Chagniot - à laquelle cette notice doit beaucoup -, qu’elle influença
     grandement le poète dans sa conception du frontispice des Fleurs. Champfleury,
     présent dès l’origine du projet, a su percer la source baudelairienne, comme il
     l’écrit dans la note autographe de cet exemplaire (cf. infra, n° 8)

          “Par ces frontispices, ces f leurons et ces culs-de-lampe on aura peut-être une plus
          nette idée des Fleurs du mal qu’en les lisant. Commandées et gravées sous la direction
          d’un éditeur, ami de l’auteur, qui était entré profondément en lui, ces vignettes
          ne purent paraître par suite de divers événements [...] ces images |...] montrent
          comme une collaboration de Baudelaire et Malassis interprétée par un dessinateur
          [Bracquemond]”...

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Cette idée d’une autre lecture, qui ne serait pas celle des caractères
     typographiques, fait sortir le livre illustré de sa dimension classique. Il ne s’agit
     plus d’une facialité texte-image, comme celle régnant dans le domaine du livre
     dit de peintres, mais bien d’une entrée par l’image et l’allégorie dans le monde
     du poème. Créé par ce que Champfleury nomme lui-même une “collaboration
     de Baudelaire et de Malassis interprétée par un dessinateur”, ce qui demeure ici
     du projet de Baudelaire et Poulet-Malassis n’est pas une reconstitution factice
     faite par un amateur américain de Baudelaire, mais bien un moyen unique
     de pénétrer dans les dernières ambitions de Baudelaire, celles qui marquent
     ce que Claire Chagniot a appelé, à la suite d’Antoine Compagnon, le retour à
     l’allégorie dans les dernières années de la vie de Baudelaire.

     Cet exemplaire Avery, unique par sa suite d’ornements connue, selon
     Champfleury lui-même, à un seul autre exemplaire et la seule en mains privées,
     unique par ses projets dessinés et états différents du frontispice de Bracquemond,
     sanctuarise une fois pour toutes, dans sa reliure-tabernacle inouïe de Charles
     Meunier, le projet partagé par Baudelaire et Poulet-Malassis de ce qu’aurait dû
     être cette édition illustrée des Fleurs du mal. La lettre de Baudelaire à Poulet-
     Malassis du 9 décembre 1856 (cf. infra, n° 5), conservée dans cet exemplaire,
     annonce cette idée de la forme du livre complaisant à Baudelaire : “chez vous, je
     serai fabriqué honnêtement et élégamment”. La disparition de cette lettre avait
     fait écrire à Pichois : ferait fabriquer (Correspondance, I, p. 364), selon une leçon
     en réalité incompréhensible. Il convient donc de revenir brièvement sur les
     étapes de cette “fabrication” ratée qui feront la rapide chronologie d’un échec.

     Le goût pour l’estampe a toujours habité Baudelaire. On le ressent dans
     l’incroyable lettre à Poulet-Malassis de cet exemplaire à propos d’une discussion
     qu’il a eue avec Charles Meryon (janvier 1860, cf. infra n° 6). Claire Chagniot
     a su montrer qu’il “s’intéressait aux représentations macabres dès la première
     moitié des années 1840, et la recherche d’un tel sujet pour le frontispice des
     Fleurs du mal en 1859-1860 ne marque pas le début de ce goût, mais son
     aboutissement” (op. cit., p. 277). Lorsque Félicien Rops racontera plus tard
     l’origine de son amitié avec Baudelaire, il écrira “nous nous sommes rencontrés
     dans un amour étrange, l’amour de la forme cristallographique première : la
     passion du squelette” (cité in P. Dufay, “Dix-huit lettres de Félicien Rops à
     Poulet-Malassis”, Mercure de France, oct. 1933, p. 48).

     Le projet d’ édition illustrée

     Le démarrage du projet d’édition illustrée est longuement détaillé par Baudelaire
     dans son importante lettre à Nadar du 16 mai 1859. Le poète adresse à son ami
     de nouvelles pièces qui “rajeuniront, je l’espère, mon livre flétri” par le procès.
     Puis il parle de la Danse des morts de Rethel, d’un artiste “allemand” qui “a un
     talent tout à fait propre aux illustrations et aux frontispices” et enfin de Gustave
     Doré auquel il “avait pensé”. On lit en creux que se dessine là le projet de
     l’édition illustrée. Il annonce ensuite son prochain projet éditorial avec Poulet-
     Malassis formé par quatre livres dont trois comporteront des frontispices :
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“l’ensemble des articles sur Poe (ici un portrait (...) encadré dans des figures
          allégoriques)... Opium et haschisch : frontispice allégorique... L’ensemble de mes articles
          critiques sur les beaux-arts et la littérature..., la deuxième édition des Fleurs. Ici un
          squelette arborescent, les jambes et les côtes formant le tronc, les bras étendus en croix
          s’épanouissant en feuilles et bourgeons, et protégeant plusieurs rangées de plantes
          vénéneuses, dans de petits pots échelonnés comme dans une serre de jardiniers. Cette
          idée m’est venue en feuilletant l’histoire des Danses macabres d’Hyacinthe Langlois”
          (Correspondance, I, p. 577)

     Ce projet trouvera sa traduction dans le contrat signé avec Poulet-Malassis
     pour quatre livres le 1er janvier 1860 (Correspondance, I, pp. 648-649). Mais
     deux projets de frontispice disparaîtront et celui des Fleurs finira aux Épaves.
     Baudelaire poursuit alors avec Nadar un dialogue oral, qui semble doubler des
     conversations d’amitié. Il écarte de nouveau Gustave Doré qu’il juge “puéril”
     puis le poète annonce avec la toute force de conviction de son génie :

     D’ailleurs tu vois que je veux en revenir au système du frontispice antique, mais
     traité d’une manière ultra-romantique.

     Le ton est donné : ce sera celui du retour à l’allégorie, ou “du retour réflexif sur
     le romantisme” (Claire Chagniot, p. 308). Cette discussion de mai 1859 entre
     Baudelaire et Nadar fait sans doute échos à d’autres discussions que Baudelaire
     eut avec Poulet-Malassis. Ce dernier est lui aussi co-auteur de l’ensemble du
     projet d’illustration : “mieux vaut éviter d’imputer à Baudelaire seul la décision
     de donner des frontispices à ses livres” (Chagniot, p. 308). L’histoire du
     frontispice de Bracquemond a pu être minutieusement reconstituée par Claude
     Pichois depuis l’entrée à la BnF des lettres de Poulet-Malassis à Bracquemond.
     Claire Chagniot la résume avec brio dans son ouvrage (cf. les pp. 323-333).
     Bracquemond a tenté par deux fois de satisfaire Poulet-Malassis et Baudelaire :
     en 1859-1860 et en 1861.

     Le frontispice, encore

     Le premier essai se clôt par un échec signifié par la fameuse - la plus belle -
     lettre de Baudelaire, celle du 20 août 1860 : “voici l’horreur de Bracquemond”.
     L’artiste et le poète ne se brouillèrent pas pour autant et le don par Baudelaire
     d’un exemplaire des Fleurs relié par Lortic lorsque Bracquemond vint faire
     son portrait pour la future seconde édition en janvier 1861, en témoigne.
     L’impossibilité pour Bracquemond de trouver les modèles imprimés (la fameuse
     estampe d’Eustache-Hyacinthe Langlois mentionnée dans la lettre à Nadar),
     auxquels se référaient l’éditeur et le poète, compliqua sérieusement sa tâche.

     Le 8 septembre 1860, Baudelaire a déjà annoncé à Bracquemond, comme il
     l’écrit à Poulet-Malassis : “j’ai pris la liberté de l’informer moi-même que je
     le débarrasserais de l’ennui de penser à des fleurs”. Comme l’écrit alors Claire
     Chagniot : “on ignore comment on est passé à la seconde phase du frontispice
     [le portrait] pour l’édition des Fleurs du mal de 1861” (op. cit., p. 333). Cette
     édition paraît au début de février 1861.
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                                                                                                        4.3. verso
1.1. Spleen et idéal                                                                  1.2. Spleen et idéal

                                                                                        Poulet-Malassis aurait souhaité présenter cette édition de luxe à l’Exposition
                                                                                        universelle de Londres prévue pour l’été 1862. Dans une lettre à sa mère du 10
                                                                                        juillet 1861, Baudelaire ajoute à la phrase précitée à propos du projet Poulet-
     C’est quelques mois après que renaît le projet d’une troisième édition, comme      Malassis, et faisant sans doute allusion à la caricature de 1858 titrée L’ indignation
     l’écrit Baudelaire à sa mère le 10 juillet 1861 : “il faut que je surveille        d’un père : “Singulière idée et que je crois mauvaise ! Quelle est la maman qui
     frontispice, portrait, fleurons et culs-de-lampe, pour une troisième édition       donnera Les Fleurs du mal en étrenne à ses enfants !” (Correspondance, II, p. 178)
     des Fleurs (à 25 francs) que l’éditeur veut risquer”. Le projet entre alors dans
     sa seconde et dernière phase. Il est porté par Poulet-Malassis, comme le prouve    La faillite de Poulet-Malassis à l’été 1862 qui met un terme au projet éditorial. Cette
     ses quatre interventions autographes dans notre maquette (cf. infra, n° 10),       édition illustrée constitue le chant du cygne d’un des plus beaux couples de la poésie
     et dessiné de nouveau par Bracquemond. L’artiste développe donc un système         française, celui d’un poète et de son éditeur.
     d’ornementation typographique qu’il fait clicher par Sotain. Baudelaire assume
     de diverses manières la paternité de ce projet en même temps que, parfois, il le   Mais, le 9 août 1865, dans une lettre adressée à Julien Lemer (son intermédiaire auprès
     désapprouve ; la vérité étant, comme souvent chez Baudelaire, un composé des       de la presse et de l’édition parisiennes) et écrite depuis l’exil bruxellois, Baudelaire
     deux, ce que reconnaît Claire Chagniot.                                            revient sur la nécessité de republier Les Fleurs du mal désormais introuvables :
24                                                                                                                                                                                 25
“Si le libraire veut plus tard en faire une riche édition, grand in-octavo ou in-quarto,
          il n’aura qu’à racheter [...] les clichés des f leurons, lettres ornées et culs-de-lampe
          préparés du temps de Malassis. Il ne manque qu’un portrait et un frontispice, dans
          le même style, dont les dessins sont chez Bracquemond” (Correspondance, II, p. 523).

     De même, le 30 janvier 1866, Baudelaire écrit à Narcisse Ancelle, toujours
     depuis Bruxelles, à propos d’un autre agent nommé Lécrivain qui cherche à
     faire publier pour Baudelaire chez les frères Garnier une édition à grand tirage
     des Fleurs du mal : “Il y a chez un imprimeur de Paris, des clichés, f leurons,
     culs-de-lampe, majuscules ornées, qui avaient été préparés pour une
     grande édition des Fleurs du mal (avis aux Garnier)” (Correspondance, II, p.
     582). Si le poète reconnaissait que l’on pouvait utiliser le travail effectué, c’est
     qu’il l’approuvait. Le 27 août 1861, Baudelaire, parlant précisément de ce projet
     éditorial, demande à Poulet-Malassis : “Avez-vous renoncé à la troisième des
     Fleurs ?” L’interrogation reflète bien l’intérêt que le poète porte au projet.

     Les sentences latines et l’aveu d’auteur de Baudelaire

     Le système décoratif du livre projeté marquait une forme de retour à
     l’emblématique humaniste. Les sentences latines, enfermées dans les cartouches,
     servaient de devises renvoyant à des realia, sources communes à toutes cultures
     au-delà sans doute du langage lui-même. Mais l’incontestable aveu de paternité
     de Baudelaire est donné par sa lettre à Poulet-Malassis que Pichois date de juillet
     1861 et que Claire Chagniot propose (pour des raisons légitimes de critique
     interne) de reporter au mois d’octobre 1861. Charles Baudelaire fournit à son
     éditeur une liste de sentences latines dont certaines se retrouveront directement
     dans les ornements de Bracquemond, comme Ad solem dolorosa, qui figure dans
     le bandeau de Spleen et idéal, Adversus hostes Aeterna lex esto que l’on retrouve
     pour Révolte. Le poète écrit lui-même : “Eritis sicut Dei ou sicut Deus pour Vin”,
     ce qui correspond en tout point à la devise du bandeau de Bracquemond.

     De même, Baudelaire intervient dans cette lettre sur le choix du système
     emblématique et sollicite l’avis de Poulet-Malassis : “Pour le fleuron du Vin : le
     serpent buvant dans une coupe. Pour le fleuron de la Mort : une tête de mort
     avec les attributs de la Liberté, coiffée du bonnet phrygien. Pour Révolte... ?”
     (Correspondance, II, p. 179). Les lignes suivantes ont trait aux annonces de la
     couverture.
26                                                                                                                     27
                                                                                                     2.1. Au Lecteur
On ne saurait mieux décrire l’aveu d’auteur déposé par Baudelaire sur cette
     fameuse troisième édition que Poulet-Malassis prépare. L’éditeur lui-même, fin
     latiniste comme le poète, sollicite Baudelaire pour les légendes qu’il imagine :
     “Quant aux légendes, vous croyez que cela se trouve comme cela. Voilà quatre
     jours que je cherche celle du souci, et je ne l’ai trouvée qu’hier soir, encore faut-
     il que je la soumette à Baudelaire” (à Bracquemond, citée par C. Chagniot, p.
     337).

     Claire Chagniot a pu aussi analyser les sentences des bandeaux de Bracquemond
     et fixer leur origine dans la cosmologie humaniste partagée par ces deux
     latinistes distingués qu’étaient Charles Baudelaire et Auguste Poulet-Malassis.
     Une chose est cependant certaine, Baudelaire désavoua les rehauts de rouge
     effectués à la demande de l’éditeur. De son côté, Bracquemond continuait à
     travailler d’arrache-pied sur le frontispice comme il l’écrit à Champfleury le 13
     mars 1862 dans la lettre présente dans cet exemplaire (cf. infra, n° 7) :

          “Je viens de faire pour la cinquième fois un squelette-arbre. Mais ce n’est pas encore ça !
          Malassis en a sous les yeux, et tant que je ne l’aurai pas trouvé, il me fera recommencer.
          Il m’a dit que vous aviez le livre où est ce squelette de ses rêves [...] Quand j’aurai copié
          exactement le squelette, peut-être n’y aura-t-il plus rien à faire [...] il y a encore le
          portrait de Baudelaire à faire”.

     La faillite de Poulet-Malassis en juillet 1862, prononcée en septembre, eut donc
     raison du projet. Elle mit un terme à un long travail qui, s’il avait abouti, aurait
     non seulement bouleversé l’image que nous avons des Fleurs du mal (une édition
     de luxe au format in-4 !) mais peut-être aussi la forme à venir du livre illustré.

     Cet exemplaire “Samuel Avery”, magnifié par l’extraordinaire reliure-tabernacle
     de Charles Meunier, est surtout le seul exemplaire à nous rendre perceptible et
     à donner un visage, grâce à ses différents états et dessins du fameux frontispice,
     et surtout par cet incroyable système décoratif des ornements connu à deux
     exemplaires et le seul aujourd’hui en mains privées, de ce qu’auraient pu être
     Les Fleurs du mal illustrées.
28                                                                                                                                 29
                                                                                                          2.2. Au Lecteur. Verso
30   2.2. Au Lecteur   3.2. Révolte   31
PIÈCES JOINTES :

     N° 1. Notice du catalogue de la vente Champfleury décrivant les pièces jointes (cf. Catalogue
     des eaux-fortes... de la collection Champfleury, 1891, n° 11, p. 4), 220 x 112mm, notice contrecollée
     sur un feuillet dépliant par le haut

     N° 2. “Charles Baudelaire en 1861”, portrait en photogravure imprimé sur papier fort,
     frontispice d’une notice d’Étienne Charavay, A. de Vigny et Charles Baudelaire : candidats à
     l’Académie française, Paris, 1879

     N° 3. Portrait de Baudelaire gravé par Bracquemond à l’eau-forte pour l’édition de 1861

     N° 4. Octave UZANNE, “Une édition projetée de Fleurs du mal avec illustrations de
     Bracquemond”, Le Livre moderne, 10 mai 1891, t. III, pp. 129-140

     “Nous parlions récemment, à propos de la vente Champfleury, d’une petite plaquette infiniment
     curieuse et unique, formant le recueil de toutes les compositions de Bracquemond exécutées
     pour une édition définitive des Fleurs du mal que devait publier Poulet-Malassis en 1862 et qui,
     par la suite de circonstances adverses, ne fut jamais mise au jour”

     Ce tiré à part est accompagné par SIX PIÈCES QUI RETRACENT L’HISTOIRE DESSINÉE
     ET GRAVÉE DU CÉLÈBRE FRONTISPICE DE FÉLIX BRACQUEMOND.

     Samuel Putman Avery constitua la collection complète de l’œuvre gravé de Bracquemond dont
     il a extrait ces pièces pour les faire relier par Charles Meunier. Il donna le reste immense de sa
     collection à la New York Public Library à laquelle ces pièces manquent aujoud’hui :

     N° 4.1. Reproduction du dessin original du premier “projet de frontispice au crayon, par
     Bracquemond” (94 x 60mm) contrecollée sur un feuillet de japon. Cette reproduction est aussi
     imprimée dans le corps du texte de l’article d’Uzanne (p. 131). Ce dessin original, vu par
     Uzanne et présent lors de la vente Champfleury puisque décrit, n’apparaît plus dans la liste
     autographe de Champfleury contresignée par Bracquemond et destinée à Avery (cf. infra, n° 9)

     N° 4.2. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en PREMIER ÉTAT
     (Chagniot) sans aucun squelette, avec les sept fleurs, état inconnu de Beraldi (cf. Chagniot p.
     327, n° 146). Cette planche est SIGNÉE PAR BRACQUEMOND AU CRAYON. On connaît
     aujourd’hui deux autres exemplaires de ce très rare frontispice, celui de l’ancienne collection
     André Lefèvre (vente, 1964) et celui de l’ancienne collection Roger-Marx (23 avril 1914, n° 148)
     récemment passé en vente : aucun des deux ne portait la signature de Bracquemond

     N° 4.3. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en PREMIER
     ÉTAT. AVEC UN DESSIN ORIGINAL À LA MINE DE PLOMB DE BRACQUEMOND
     SUR L’EAU-FORTE REPRÉSENTANT LE SQUELETTE ARBORESCENT DE FACE,
     avec les bras en croix dans l’arbre (le squelette de face correspond au troisième état). Au verso,
     CROQUIS ORIGINAL DE SQUELETTE PAR BRACQUEMOND, également à la mine de
     plomb. CES DEUX DESSINS ORIGINAUX DE BRACQUEMOND sont cités dans la notice
     de la vente Champfleury sous le n° 5 : “Frontispice. Troisième composition”...

32                                                                                                                  33
                                                                                                             4.8.
Les ornements typographiques de Bracquemond,
               suivant leur ordre d’apparition dans ce livre

       1.1. Spleen et idéal      1.2. Spleen et idéal       2.1. Au Lecteur           5.1. Le Vin          5.2. Le Vin       5.3. Le Vin

        2.2. Au Lecteur             3.1. Révolte              3.2. Révolte         6.1. Fleurs du mal   6.2. Fleurs du mal   7.1. La Mort

     4.1. Tableaux parisiens   4.2. Tableaux parisiens   4.3. Tableaux parisiens     7.2. La Mort         7.3. La Mort

34                                                                                                                                          35
N° 4.4. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en TROISIÈME
     ÉTAT imprimée sur vergé (Chagniot ; deuxième état de Beraldi). Le squelette, de face, a les bras
     en croix. Cet état correspond à celui de la gravure refusée par Baudelaire dans sa très célèbre
     lettre à Poulet-Malassis : “voici l’horreur de Bracquemond” (20 août 1860, collection privée)

     N° 4.5. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en TROISIÈME
     ÉTAT exceptionnellement imprimée sur japon fin (Chagniot ; deuxième état de Beraldi). La
     planche EST SIGNÉE PAR BRACQUEMOND au crayon, qui a ajouté “très belle épreuve” et
     a à nouveau signé de son monogramme

     Suivent deux reproductions non mentionnées ici de ce troisième état de la gravure réalisées
     pour les exemplaires de luxe du Livre moderne et tirées en bistre

     N° 4.6. DESSIN ORIGINAL TRÈS ABOUTI DE FÉLIX BRACQUEMOND pour le
     deuxième état du frontispice (Chagniot p. 330, n° 148 ; premier état selon Beraldi), avec le
     squelette de profil, crayon et mine de plomb, rehauts de lavis et d’encre de chine

     Un autre dessin original de Bracquemond, beaucoup moins abouti, sans rehauts de lavis ou
     d’encre de chine, avec une simple esquisse lointaine des “fleurs” est conservé à la BnF

     N° 4.7. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en DEUXIÈME
     ÉTAT, imprimé sur vergé fin, avec le squelette de profil

     N° 4.8. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en DEUXIÈME
     ÉTAT, imprimé sur vergé fin, avec le squelette de profil, SIGNÉ AU CRAYON PAR
     BRACQUEMOND

     Suivent à nouveau deux reproductions non mentionnées ici de ce deuxième état de la gravure
     réalisées pour les exemplaires de luxe du Livre moderne et tirées en bistre

     SOIT, EN TOUT : 3 DESSINS ORIGINAUX DE BRACQUEMOND (l’un sur une
     gravure, l’autre au verso de cette gravure et le dernier à pleine page), 6 EAUX-FORTES DE
     BRACQUEMOND (deux pour chacun des trois états) dont 3 EAUX-FORTES SIGNÉES
     PAR BRACQUEMOND

36                                                                                                             37
                                                                                                        4.6.
N° 5. L.A.S. de Charles Baudelaire à Auguste Poulet-Malassis, 2 pp. in-4, (210 x 135mm),
     suscription sur le second bifolium, encre brune, Paris, mardi 9 décembre 1856

     MAGNIFIQUE LETTRE SUR L’ENTENTE ENTRE LE POÈTE ET SON ÉDITEUR.

     BAUDELAIRE RÉCLAME DE CONCEVOIR AVEC LUI “L’ORDRE DES MATIÈRES”
     DU RECUEIL.

     IL ATTEND DE POULET-MALASSIS LE CONTRAT DES FLEURS DU MAL, DONT IL
     PRÉCISE ENCORE CERTAINS ASPECTS.

     IL SOUHAITE ÊTRE “FABRIQUÉ” PAR LUI, SELON CE PROPRE MOT QUI
     ANNONCE LES RÉFLEXIONS DE WALTER BENJAMIN

     “Mon cher ami, rien de plus judicieux et de plus sage que votre lettre. En réalité, c’est presque
     les conditions que Michel [Lévy] faisait, avant ses volumes à un franc et à six mille exemplaires.
     Mais chez vous, je serai fabriqué [ferai fabriquer écrit Pichois] honnêtement et élégamment.
     Je puis vous avouer maintenant tout le plaisir que m’a causé votre lettre. J’avais fini - ne m’en
     veuillez pas trop - par prendre vos indécisions pour une réelle défiance de mon talent. De plus
     je m’étais mis dans un foutu cas. Un jour, dans un mouvement d’humeur contre Michel, je
     m’étais vanté à lui de pouvoir compter sur vous. Enfin, les billets eux-mêmes (surtout celui de
     200frs) tombent comme le messie. Car, après votre départ, mon guignon a fait qu’au Moniteur
     on a pris la décision d’apurer avant tout les comptes de l’année qui vient de s’écouler, et l’Arthur
     Gordon Pym ne sera payé que le 15 janvier.

     Le 1er numéro paraîtra irrévocablement le 8. Vous devinez dans quel état d’anxiété j’étais, - et
     vous voyez que j’ai quelques raisons d’être satisfait.
     Je suis bien aise que vous ne veuilliez commencer qu’en février, et que nous commencions par la
     poésie. J’aurai tout janvier pour éparpiller les 3 ou 4 morceaux inédits du vol. de prose pour en
     tirer de l’argent - et en même temps nous pourrons disposer ensemble l’ordre des matières
     des Fleurs du mal, - ensemble entendez-vous, car la question est importante. Il nous faut
     faire un volume composé seulement de bonnes choses, peu de matière, qui paraisse beaucoup,
     et qui soit très voyante.

     Votre mot : popularité m’a beaucoup fait rire : point de popularité, je le sais, mais un bel
     éreintage général qui attirera la curiosité ; et puis nous saurons avoir quelques articles dans les
     revues étrangères.

38                                                                                                          39
Je ne sais pas si vous enfermerez les deux livres dans le même traité ; mais que vous n’en
     fassiez qu’un ou que vous en fassiez deux séparés, si vous ne laissez pas en blanc le titre du
     livre en prose, mettez miroir de l’art, cabinet esthétique, ce qui vous passera par la tête, - nous
     modifierons cela à votre gré, quand vous déposez le titre au ministère.

     Le genre de traité que je vous ai demandé et que vous me faites a cela d’excellent qu’il est
     difficile de supposer que vous perdiez quelque chose et que, si le livre se réimprime, les bénéfices
     futurs de l’auteur sont sauvegardés.

     Donc : 2 vol. Mille exemplaires
           éternellement Cinq sols
           Poser le cas où Malassis ne réimprimerait plus
           pendant un an (?) et ou Baudelaire serait libre

     Avec vos billets, envoyez-moi votre ou vos traités tout signés, je vous retournerai de même les
     doubles.

     Ajoutez dans votre lettre un conseil pour l’escomptage du 1er (200).

     J’ignore la part qu’à votre beau-frère dans votre décision, ou même s’il en a une. En tout
     cas, présentez-lui mes amitiés, si toutefois vous le croyez sensible aux pompes sataniques de
     l’étiquette.

     Autre aventure : mon logement définitif ne peut être prêt que le 15 janvier. Ainsi, vous me
     retrouverez ici, et je reste jusqu’au 15 janvier cloué dans l’hôtel de ce misérable que MM. Havin
     et Léon Plée prennent pour un grand poëte.

     Mettez-moi de côté tout ce que vous raccrocherez de Laclos et sur Laclos.
     Vous recevrez ceci demain matin mercredi, je serai fort heureux si je recevais votre paquet jeudi
     matin.

     Si je ne craignais pas que vous me traitiez de maniaque ou d’insolent, je vous parlerais encore
     de quelques Monnaies que je vous dois. Mais il sera toujours temps de vous fâcher quand
     vous viendrez à Paris. Bien à vous... Si vous voyez le Seigneur Asinarius, guérissez-le de ses
     superstitions grossières relatives à moi”

     L’original de cette lettre avait disparu aux yeux des éditeurs de la Pléiade : “je
     serai fabriqué” avait été autrefois lu “je ferai fabriquer” (Correspondance, I, pp.
     363-365)
40                                                                                                          41
N° 6. L.A.S. de Charles Baudelaire à Auguste Poulet-Malassis, 3 pp. in-4, (210 x 135mm), encre
     brune, [Paris], dimanche 8 janvier 1860

     TRÈS BELLE LETTRE DE BAUDELAIRE SUR CHARLES MERYON AVEC LEQUEL IL
     AVAIT ENVISAGÉ DE CRÉER UN LIVRE ILLUSTRÉ.

     LE POÈTE RAPPORTE AU STYLE INDIRECT LES PROPOS FOUS MAIS GÉNIAUX
     DE L’ARTISTE QUI S’INTERROGE MÊME SUR LA RÉALITÉ D’EDGAR POE,
     AUTEUR ADMIRÉ PAR BAUDELAIRE ET MERYON.

     LA LETTRE SE CLÔT SUR UN POST-SCRITUM RÉCEMMENT ÉTUDIÉ PAR
     ANTOINE COMPAGNON ET JUSQUE-LÀ INÉDIT :

     BAUDELAIRE AVAIT ÉCRIT DE HUGO : “VRAIMENT IL M’EMMERDE”,
     AVANT D’ADOUCIR LA FORMULE ET DE CLORE PAR UN CINGLANT
     PROVERBE : “PAR UNE LOI FATALE, LE GÉNIE EST TOUJOURS BÊTE”

      “Ce que je vous écris ce soir vaut la peine d’être écrit. M. Méryon m’a envoyé sa
     carte et nous nous sommes vus. Il m’a dit : “vous habitez un hôtel dont le nom a dû
     vous attirer à cause du rapport qu’il a, je présume, avec vos goûts. - Alors j’ai regardé
     l’enveloppe de sa lettre. - Il y avait : Hôtel de Thèbes ; et cependant sa lettre m’était
     arrivé.

     Dans une de ses grandes planches [nous : Le Pont-au-Change], il a substitué à un
     petit ballon une nuée d’oiseaux de proie, et comme je lui faisais remarquer qu’il était
     invraisemblable de mettre tant d’aigles dans le ciel parisien, il m’a répondu que cela
     n’était pas dénué de fondement, puisque ces gens-là (le gouvernement de l’empereur)
     avaient souvent lâché des aigles pour étudier les présages suivant le rite, - et que cela
     avait été imprimé dans les journaux, même dans le Moniteur.

     Je crois qu’il ne se cache en aucune façon de son respect pour toutes les superstitions ;
     mais il les explique mal, et il voit de la cabale partout.

     Il m’a fait remarquer dans une autre de ses planches que l’ombre portée par une des
     maçonneries du Pont-Neuf sur la muraille latérale du quai représentait exactement le
     profil d’un sphinx, - que cela avait été de sa part tout à fait involontaire, et qu’il n’avait
     remarqué cette singularité que plus tard, en se rappelant que ce dessin avait été fait
     peu de temps avant le coup d’état ; or le prince est l’être actuel, qui, par ses actes et son
     visage, ressemble le plus à un Sphinx.

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Il m’a parlé avec admiration du livre de Michelet sur Jeanne d’Arc ; mais il est convaincu
     Il m’a demandé si j’avais lu les nouvelles d’un certain Edgar Poe. Je lui ai répondu              que ce livre n’est pas de Michelet.
     que je les connaissais mieux que personne, et pour cause. Il m’a demandé alors d’un
     ton très accentué si je croyais à la réalité de cet Edgar Poe. Moi, je lui ai demandé             Une de ses grandes préoccupations, c’est la science cabalistique ; mais il l’interprête
     naturellement à qui il attribuait toutes ces nouvelles. Il m’a répondu : à une société de         d’une façon étrange, à faire rire un cabaliste.
     littérateurs très habiles, très puissants, et au courant de tout. Et voici une de ses raisons :   Ne riez pas de tout ceci avec de méchants bougres. Pour rien au monde je ne voudrais
     La Rue Morgue. J’ai fait un dessin de la morgue. Un orang-outang.                                 nuire à un homme de talent, et celui-là est plus intéressant que Montégut [texte omis
                                                                                                       par Crépet et Pichois].
     On m’a souvent comparé à un singe. Ce singe assassine deux femmes, la mère et sa fille.
     Et moi aussi, j’ai assassiné moralement deux femmes, la mère et sa fille. J’ai toujours           Après qu’il m’a quitté, je me suis demandé comment il se faisait que moi qui avais
     pris le roman pour une allusion à mes malheurs. Vous me feriez bien plaisir si vous               toujours eu dans l’esprit et dans les nerfs tout ce qu’il fallait pour devenir fou, je ne
     pouviez retrouver la date où Edgar Poe (en supposant qu’il n’ait été aidé par personne)           l’étais ne le fusse pas devenu. Sérieusement, j’ai adressé au Ciel les remerciements du
     a composé ce conte, pour voir si cette date coïncide avec mes aventures.                          Pharisien...

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V. Hugo continue à m’envoyer des lettres stupides   vraiment il m’emmerde                      . J’efface le mot trop grossier que
     je viens d’écrire pour dire simplement que j’en ai assez. Cela m’inspire tant d’ennuis que je suis disposé à écrire un essai pour
     prouver que, par une loi fatale, le Génie est toujours bête.1
     Guys et moi, nous sommes pleinement réconciliés. C’est un homme charmant, plein d’esprit ; et il n’est pas ignorant comme
     tous les littérateurs.

     Le paragraphe sur Victor Hugo n’a pas été publié dans la Correspondance (I, p. 656) : il avait été
     censuré par Jacques Crépet en 1887. La lettre ayant disparu du marché après la vente Avery en
     1919, il n’avait jamais été rétabli, avant que cette lettre et son post-scriptum détonnant sur Victor
     Hugo ne soient remarquablement étudiés par Antoine Compagnon, auquel nous renvoyons (”Un
     post-scriptum inédit et “grossier” dans une lettre de Baudelaire”, L’Année Baudelaire, Paris, Éditions
     Honoré Champion, 2015).
46                                                                                                                                        47
N° 8. NOTE AUTOGRAPHE de Champfleury (Jules Husson, dit ; 1821-1889), 1 p. in-8 (215
                                                                                                              x 131mm), encre noire, Sèvres, 10 juillet 1873

                                                                                                              TEXTE REMARQUABLE DE CHAMPFLEURY SUR LA COLLABORATION
                                                                                                              BAUDELAIRE/POULET-MALASSIS/BRACQUEMOND POUR CETTE ÉDITION
                                                                                                              RÊVÉE DES FLEURS DU MAL (MALGRÉ LE RELENT ANTISÉMITE DE
                                                                                                              CHAMPFLEURY).

                                                                                                              PUBLIÉ PAR OCTAVE UZANNE DANS SON ARTICLE DU LIVRE MODERNE (pp.
                                                                                                              133-134)

                                                                                                              “Par ces frontispices, ces fleurons et ces culs-de-lampe on aura peut-être une plus nette
                                                                                                              idée des Fleurs du mal qu’en les lisant. Commandées et gravées sous la direction d’un
                                                                                                              éditeur, ami de l’auteur, qui était entré profondément en lui, ces vignettes ne purent
                                                                                                              paraître par suite de divers événements : au plus tard la mort de Baudelaire, la vente de ses
     N° 7. L.A.S. de Félix Bracquemond à Champfleury, 1 p. in-8 (220 x 130mm), encre                          œuvres en bloc à des juifs [Michel Lévy] devaient éloigner à toujours l’édition définitive rêvée
     brune, [Paris], 13 mars 1862                                                                             par un libraire bibliophile.
                                                                                                              Le hasard ou plutôt la camaraderie me jeta au milieu de tous ces squelettes. Le graveur perdait
     LETTRE CONSTAMMENT CITÉE DEPUIS SA PUBLICATION PAR UZANNE :                                              l’esprit à chercher le squelette intérieur se promener dans la pensée de l’éditeur : il s’adressa à
     SUR LES DIFFICULTÉS ÉPROUVÉES PAR BRACQUEMOND DANS L’AFFAIRE DU                                          moi avec l’idée que je pourrais le tirer d’affaire. Je crois me rappeler que je lui répondis qu’après
     FRONTISPICE                                                                                              avoir feuilleté toutes les danses macabres connues, l’impression qui m’était restée était qu’on
                                                                                                              avait oublié la Mort ch... au coin d’un bois et qu’un tel frontispice ferait merveille, à mon avis.
     “Mon cher Champfleury, je viens de faire pour la 5eme fois un “Squelette arbre”. Mais ça                 Ce piège conseil ne fut pas suivi. En m’amusant à coller ces images qui montrent comme une
     n’est pas encore ça. Malassis en a un sous les yeux et tant que je ne l’aurai pas trouvé, il me          collaboration de Baudelaire et de Malassis interprétée par un dessinateur [nous soulignons
     fera recommencer. Il m’a dit que vous aviez le livre où est ce squelette de ses rêves. Je ne peux        : ces derniers mots, inédits], je suis frappé par les détails bibliques, mystiques et romantiques ;
     plus me rappeler le nom du dessinateur. Je vous serai bien obligé de me prêter ce volume ;               les anges, les sabliers et têtes de mort, les attributs maçonniques, les symboles autoritaires, les
     quand j’aurai copié exactement le squelette, peut-être n’aura-t-il plus rien à dire. Il ne faut pas      grandes épées de justicier et les plus grandes plumes encore du poète ; beaucoup de serpents
     croire que si je parviens à faire le squelette, j’aurai fini mes maux car il y a encore le portrait de   attributs de la science, beaucoup de coupes de la sagesse auxquelles Baudelaire avait sans doute
     Baudelaire à faire. Si vous voulez bien me prêter le volume, j’irai le chercher ou vous pourriez         soif de se désaltérer, mais qu’il approchait rarement de ses lèvres”
     le mettre chez Malassis”

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N° 9. NOTE AUTOGRAPHE de Champfleury [avant 1889] avec apostille autographe signée
     de Félix Bracquemond, 1 p. in-folio (240 x 160mm), encres brune et noire, apostille datée du
                                                                                                                                      Exemplaire de la British Library
     Sèvres, 2 mars 1891

     LA COLLATION DES PIÈCES JOINTES PAR CHAMPFLEURY, ANNOTÉE ET SIGNÉE
     PAR FÉLIX BRACQUEMOND, POUR SAMUEL AVERY

     “Ce volume se compose 1° d’un portrait de Baudelaire gravé à l’eau-forte par Bracquemond ;              N° 10. LES ORNEMENTS TYPOGRAPHIQUES DE FÉLIX BRACQUEMOND
     2° de deux dessins originaux du même pour le frontispice des Fleurs du mal ; 3° de deux états           POUR L’ÉDITION ILLUSTRÉE DES FLEURS DU MAL PROJETÉE PAR CHARLES
     tout à fait différents du frontispice à l’eau-forte ; 4° d’une lettre adressée par M. Bracquemond       BAUDELAIRE ET AUGUSTE POULET-MALASSIS.
     à Champfleury, lettre dans laquelle il se plaint d’un idéal de squelette qu’il n’a pas eu et qu’il
     voudrait bien trouver dans la bibliothèque macabre de Monsieur ; 5° de l’état à peu près définitif      L’UNE DES DEUX SUITES CONNUES, LA SEULE EN MAINS PRIVÉES (L’AUTRE
     de l’eau-forte ; 6° de soixante-quatre clichés et fleurons inédits, en noir et en couleur, gravés sur   ÉTANT À LA BRITISH LIBRARY ), LA SEULE EN DOUBLE ÉTAT. AVEC LE SEUL
     bois sur commande de l’éditeur Malassis qui voulait donner une édition splendide des poèmes             ÉTAT CONNU DE CETTE SUITE D’ORNEMENTS REHAUSSÉS DE GOUACHE
     de son ami ; 7° enfin d’une note de M. Champfleury sur les tiraillements de cette œuvre en              ROUGE À LA MAIN
     préparation et sur le fond de l’œuvre elle-même. [Champfleury]
     Je suis très heureux que cette collection d’États soit entre les mains de Monsieur Avery. Je le         AVEC QUATRE INTERVENTIONS MANUSCRITES AUTOGRAPHES D’AUGUSTE
     remercie de compléter mon œuvre avec autant de persistance, Bracquemond”                                POULET-MALASSIS

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Les ORNEMENTS TYPOGRAPHIQUES sont dessinés par Félix Bracquemond et gravés
                    par Sotain, puis imprimés en noir et avec un second état des ornements gouachés de rouge, à
                    la main, sans pouvoir déterminer s’il s’agit de celle de Bracquemond ou de celle du graveur.
                    C’est en tous cas la seule suite gouachée connue. À l’inverse de l’exemplaire “Bracquemond” de
                    la British Library conservé à l’état de placard, les deux suites, qui étaient encore conservées à
                    l’état de placard lors de la vente Champfleury, ont été ici montées dans le livre, chaque épreuve
                    en noir précédant l’épreuve gouachée de rouge. Octave Uzanne, citant la notice du catalogue
                    Champfleury (cf. item 1 supra), précise : “il n’a été tiré que deux épreuves de ce placard” (p.
                    131). Il est envisageable, cependant, que Poulet-Malassis ait eu un autre exemplaire, sans doute
                    incomplet, que Champfleury aurait réutilisé pour créer la suite complète en noir, expliquant la
                    présence d’éléments sur chine contrecollé dans la suite en noir. Cela expliquerait la formule de
                    sa lettre : “en m’amusant à coller ces images” (cf. supra 8).

                    Les Fleurs du mal de 1857 se découpaient en six parties : l’avis Au Lecteur et cinq parties
                    dénommées Spleen et Idéal, Fleurs du mal, Le Vin, Révolte, La Mort. C’est bien “l’ordre des
                    matières” dont parle Baudelaire dans la lettre à Poulet-Malassis du présent exemplaire (cf. supra
                    5). Cette division en parties devait donner autant de fleurs dans le frontispice de Bracquemond.
                    L’édition de 1861 ne put republier les poèmes censurés mais ajouta d’autres poèmes et remodela
                    l’architecture de l’édifice par l’insertion des Tableaux parisiens. Le recueil se décomposait
                    maintenant en sept parties : Au Lecteur, Spleen et idéal, Tableaux parisiens, Le Vin, Fleurs du
                    mal, Révolte, La Mort. Les ornements dessinés par Bracquemond sont formés de sept parties,
                    comme le montre bien l’exemplaire de la British Library. C’est dire qu’ils ont été composés
                    ou complétés après le remaniement des Fleurs de 1857 et sans doute après ou au moment de
                    la publication de la seconde édition des Fleurs, puisque la partie Tableaux parisiens est bien
                    présente. Voici, page à page, la succession désordonnée des ornements prévus pour chaque
                    partie de la nouvelle édition des Fleurs du mal projetée par Baudelaire et Poulet-Malassis, telle
                    que présentée par l’exemplaire Avery :

                    N° 1.1. Spleen et idéal : fleuron et cul-de-lampe imprimés en noir, tirés sur chine et contrecollés ;
                    le fleuron avec la devise Ad Solem Dolorosa, “elle offre sa douleur aux rayons du soleil”. Soit 2
                    éléments (sur cinq)
                    N° 1.2. Spleen et idéal : les 5 éléments de la même partie imprimés en noir et REHAUSSÉS
                    de gouache rouge à la main, avec la lettrine “L” (Chagniot p. 342, n° 151d). Cette lettrine “L”
                    est composée pour le premier vers de Bénédiction : “Lorsque, par un décret des puissances
                    suprêmes”
                    N° 2.1. Au lecteur : 3 éléments imprimés en noir. Avec la lettrine “L” pour le vers “La sottise,
                    l’erreur, le péché, la lésine”, le fleuron aux initiales “CB” et cul-de-lampe (Chagniot, p. 340,
                    n° 151a)
                    N° 2.2 Au lecteur : 3 éléments imprimés en noir et REHAUSSÉS de gouache rouge à la main,
                    AVEC UNE INTERVENTION AUTOGRAPHE DE POULET-MALASSIS : “Annonces
                    couverture. Envoyer catalogue” etc., 5 lignes, au verso, à l’encre brune
                    N° 3.1. Révolte : 4 éléments sur 5, sans le bandeau, tirés sur chine et contrecollés
                    N° 3.2. Révolte : 5 élements sur 5 imprimés en noir et REHAUSSÉS de gouache rouge à la main,
                    avec le bandeau et la devise Adversus hostes Aeterna lex esto, traduite par Poulet-Malassis pour
                    Braquemond en “contre l’ennemi que la revendication soit éternelle” et dérivée de Cicéron De
                    Officiis, XII, 37 (Chagniot p. 341, n° 151c) ; la lettrine “Q” pour le premier vers du Reniement de
                    saint Pierre : “Qu’est-ce que Dieu fait donc de ce flot d’anathèmes”. On notera que l’exemplaire
                    de la British Library présente le bandeau en tirage inversé

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     3.2. Révolte
2. 2. Verso                                        4.1. Tableaux parisiens                                 5.1. Le Vin                                                    7.1. La Mort
     Annotation autographe de Poulet-Malassis                 Annotation autographe de Poulet-Malassis           Annotation autographe de Poulet-Malassis                       Annotation autographe de Poulet-Malassis

            N° 4.1. Tableaux parisiens. 1 élément : cul-de-lampe seul, imprimé sur chine et contrecollé,         N° 6.1. Fleurs du mal. 5 éléments imprimés en noir, tirés sur chine et contrecollés, et la lettrine
            AVEC 3 INTERVENTIONS AUTOGRAPHES DE POULET-MALASSIS : “Ici le bonnet                                 “S” pour le premier vers de La Destruction : “Sans cesse à mes côtés s’agite le démon”
            de la République. - Ici l’aigle. - plus simple. - trop chargé.”, encre brune                         N° 6.2. Fleurs du mal. 5 élements imprimés en noir et REHAUSSÉS de gouache rouge à la
            N° 4.2. Tableaux parisiens. 4 éléments sur 5, sans le bandeau, tirés en noir sur chine et            main. Le bandeau porte la devise latine Quia deceptae errore viarum, “c’est un goût qui se
            contrecollés, et la lettrine “J” pour le premier vers de Paysage : “Je veux, pour composer           trompe souvent de route” (Chagniot, p. 344, 151g)
            chastement mes églogues”                                                                             N° 7.1. La Mort. 1 élément : le bandeau tiré sur chine et contrecollé AVEC UNE
            N° 4.3. Tableaux parisiens. 5 éléments, imprimés en noir et REHAUSSÉS de gouache rouge à             INTERVENTION AUTOGRAPHE DE POULET-MALASSIS : “trop de travail et lourd. La
            la main. Le bandeau porte la devise latine Erecta modo erepta, “aussitôt élevés, aussitôt enlevés”   tête devant parler au contraire”, encre brune. Avec la devise latine : Vivitur ingenio caetera mortis
            (Chagniot, p. 341, 151b)                                                                             erunt, “on vit par l’esprit, le reste périra” (Chagniot, p. 343, 151e)
            N° 5.1. Le Vin. 1 élément : petit fleuron imprimé en noir, AVEC UNE INTERVENTION                     N° 7.2. La Mort. 5 éléments imprimés en noir, tirés sur chine et contrecollés, et la lettrine “N”
            AUTOGRAPHE DE POULET-MALASSIS : “mauvais les 2 serpents trop raide”, encre brune                     pour le premier vers de La Mort des amants : “Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères”
            N° 5.2. Le Vin. 5 éléments imprimés en noir, tirés sur chine et contrecollés, et la lettrine “U”     N° 7.3. La Mort. 5 élements imprimés en noir et REHAUSSÉS de gouache rouge à la main
            pour le premier vers de L’ âme du vin : “Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles”
            N° 5.3. Le Vin. 5 élements imprimés en noir et REHAUSSÉS de gouache rouge à la main. Le              SOIT EN TOUT, SUR 17 PAGES : 31 ÉLÉMENTS IMPRIMÉS EN NOIR ; 33 ÉLÉMENTS
            bandeau porte la devise latine Eritis sicut Dei, “vous serez comme des dieux” (Chagniot, p. 343,     IMPRIMÉS EN NOIR ET REHAUSSÉS DE GOUACHE ROUGE À LA MAIN ; 4
            151f )                                                                                               INTERVENTIONS AUTOGRAPHES D’AUGUSTE POULET-MALASSIS

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PROVENANCE : Félix Bracquemond, pour les
     dessins et estampes -- Auguste Poulet-Malassis
     pour la suite des ornements -- Félix Husson dit
     Champfleury qui les réunit (sa vente ; Catalogue
     des eaux-fortes... de la collection Champfleury, 1891,
     n° 11, p. 4) -- George A. Lucas (1824-1909) agent
     parisien de collectionneurs américains -- Samuel
     Putman Avery (1822-1904), grand marchand
     et collectionneur de New York, qui fit relier
     l’exemplaire par Charles Meunier et accrut le
     nombre de pièces jointes (sa vente ; Rare and Valuable
     Books and Bindings Collected by the late Samuel P.
     Avery, The Anderson Galleries, 10 novembre 1919,
     lot 73, $975, à George D. Smith, collectionneur et
     marchand de New York) -- William Andrews Clark,
     l’un des fameux “robber barons”, ou sans doute son
     fils William Andrews Clark Jr, “he amassed an
     impressive collection of rare books which he housed
     in a Renaissance-style library” -- puis Huguette
     Clark (1906-2011 ; sa vente ; An American Dynasty.
     The Clark Family Treasure, New York, 18 juin 2014,
     n° 25)

     RÉFÉRENCES : Claire Chagniot, Baudelaire et
     l’estampe, Paris, PUPS, 2016 -- Claude Pichois et
     Jean Ziegler, Baudelaire, Paris, 1996 -- Claude
     Pichois, Auguste Poulet-Malassis, l’ éditeur de
     Baudelaire, Paris, Fayard, 1996 -- Iconographie
     de Charles Baudelaire, Genève, 1960 -- Antoine
     Compagnon, “Un post-scriptum inédit et
     “grossier” dans une lettre de Baudelaire”, L’année
     Baudelaire, Paris, Éditions Honoré Champion,
     2015 -- Jean-Daniel Candaux, “Les manuscrits
     et dossiers littéraires chez le relieur bibliophile :
     coup d’œil sur la collection Charles Meunier”,
     Travaux de littérature, n° 11, Paris, 1998, pp.
     373-394

     450.000 €

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