Maladie respiratoire et Altitude (dont l'avion) - Quadrimed 2018 Dr G. Clark Pneumologie FMH Médecin-conseil OFAC Expert pneumologue OFAC
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Maladie respiratoire et Altitude (dont l’avion) Quadrimed 2018 Dr G. Clark Pneumologie FMH Médecin-conseil OFAC Expert pneumologue OFAC
Particularités liées à l’altitude Altitude ↓ Pression barométrique ↓ Pression partielle d’O2 (PO2) Hypoxémie hypobarique ↓ Humidité (avion 10-20%) ↓ Densité de l’air ↓ Température ↑ Vent ↑ Radiation solaire
Pression partielle d’O2 et altitude. Possibilité de «mimer » au niveau de la mer la baisse de PiO2 liée à l’altitude en adaptant la FiO2. 8000 ft Pressurisation cabine avion de ligne FiO2 utilisée pour tests hypoxiques
Physiologie et altitude : courbe de dissociation HbO2 sain BPCO PaO2 95 mmHg (12.7 kPa) => 65 mmHg (8.7) PaO2 70 mmHg => 53 mmHg SpO2 95 % => 92 % SpO2 93 % => spO2 84 %
Avion : Quelques faits (1) • Environ 2.75 milliards de passagers / an (2013) • Méconnaissance des conséquences de l’avion sur la santé. • Vol de plus en plus long (18-20 h pour certains modèles A380, 777 LR) • Altitude de vol 7000-12500 m : • pressurisation 1500 – 2438 m (8000 ft) (réglementation internationale) • Pressurisation de 2717 m ont été rapportées. • Pressurisation d’un avion coûte cher.
Avion : Quelques faits (2) • 1 urgence médicale / 600 vol (Rare !) • 9-12 % liées à des symptômes respiratoires. • 37 % syncope ou présyncope • 9.5 % nausée ou vomissements • 72 décès en vol / 50-60% des passagers mondiaux / an (1998) (Très rare) • 69 % des décès chez des passages sans maladie préalable connue • 8% des décès en lien avec une pathologie respiratoire. • Pathologie respiratoire : 3ème cause de diversion. • 1 diversion => 100 000 $
Avion : perturbations conséquences Complications potentielles ↓ Pression barométrique ↑ volumes corporels de 30 % Barotraumatisme : • Sinus /Oreilles / dents Sinus/ oreilles/dents • Œil. Pneumothorax (bulles emphysème) ↓ Pression Inspirée d’O2 (PiO2) Hypoxémie hypobarique. • Dyspnée • BPCO. • Aggravation co-morbidités : • Maladie restrictive : • Cardiovasculaire • Fibrose pulmonaire • Troubles du rythme. • Maladie neuromusculaire • Cyphoscoliose. • Syndrome d’hypoventilation/obésité • Hypertension pulmonaire ↓ Humidité • Problème ORL • Barotraumatisme • Bronchospasme (ASTHME) • Crise d’asthme Immobilité Augmentation coagulation Maladie thromboembolique déshydratation
Cas n°1 : Monsieur Flight 1957 • MC : désire partir au Canaries dans 2 mois (Vol 4h30) • ATCD : • BPCO stade IIID : • Dyspnée : mMRC II/IV (dyspnée en marchant à plat à son rythme => doit s’arrêter) • Exacerbations : fréquentes (> 2x/année) • Emphysème sévère. • HTP (PAPs 45 mmHg) • Problème ORL : Sinusite à répétitions. • SAOS sévère traité par CPAP • Médication : Ultibro + ventolin. • Antécédents de voyage en avion et de voyage : • Pas de problèmes il y 10 ans (vol en corse 1 heure). • Co-morbidités : • Cardiovasculaires
Cas n°1 : Monsieur Flight 1957 • Examen clinique : Que mesurer ? • SpO2 => 92 % AA • Spirométrie pour les patients obstructifs => VEMS 45 % • ECG : Normal • Gazo ? • PH 7.39 / PaCO2 5.6 kPa / PaO2 8.0 kPa / Bic 23 mmol/l / SpO2 90 % Comment le conseiller ?
Avion : Evaluation avant le vol Patient à risque : • Symptômes respiratoires lors de précédents vols. Contre-indications absolues : • Maladie obstructive sévère FEV1 < 30% • Tuberculose active. • Maladie restrictive sévère (CV < 1l ) : • Pneumothorax avec fuites actives • Pneumopathie interstitielle • Hémoptysie majeure • Cyphoscoliose • O2 > 4l /min niveau de la mer • Maladie neuromusculaire • Maladie pouvant s’aggraver à cause de l’hypoxémie : • CV • HTP • Pneumothorax récent < 6 semaines • ATCD ou FR pour MTBE • O2, CPAP, VNI
Avion : Symptômes respiratoires : BPCO Symptômes respiratoires : 25 -48 % des patients BPCO vs 9 % non-BPCO N = 82 Ø 6x risque de symptômes respiratoires chez le BPCO Ø Symptômes léger à modéré Facteur prédictif de symptômes : • Echelle mMRC de dyspnée ≥ 2 • Désaturation test de 6 min
Recommandation pour O2 dans l’avion • O2 est recommandé dans l’avion si : • Le patient est au bénéfice d’O2 au sol. • Si la PaO2 prédite durant le vol est < 6.6kPa (50 mmHg). • Valeur arbitraire… • Méthode de prédiction : • SpO2 avant le vol (repos) ? • Equation de prédiction (Equation de Dillard). • Surestime la baisse de PaO2 => trop de patient sous O2 • Test de Simulation hypoxique? • Méthode du masque de venturi • Méthode avec sac de Douglas.
Avion : SpO2 avant le vol : utile ? Ex BPCO Comparaison SpO2 et test de simulation hypoxique N = 100 > 95 % > 92-95 % > 92-95 % < 92 % O2 BPCO
PaO2 et SpO2 au sol : utile ? • Patients BPCO (10) et ILD (15) • Simulation de Vol (FiO2 15 %) • critères pour voler sans O2 • PaO2 (> 70 mmHg ou > 9.3 kPa) • SpO2 (>95 %) Egalement démontré pour cyphoscoliose sévère
Test de simulation hypoxique Test de simulation hypoxique (sea level) • Obtention FiO2 15.1 % • Adaptation en fonction de l’altitude d’habitation. • Très peu utilisé en suisse • Simulation d’une altitude de 2448 m (= 8000 ft) • Ne reproduit pas la baisse de pression 35 % 100 % 8 l/min 1. Bonne corrélation avec la PaO2 en vol. 2. Pas de relation entre : • Résultats et symptômes. • Symptômes durant le test et durant le vol
Evolution SpO2 durant un vol (COPD)
Avion : Effet de l’O2 ? Test de simulation hypoxique avant le 2ème vol. Prescription d’O2 si nécessaire
Autre tests pour prédire le besoin d’O2 ? • Test de marche de 50 m : • Patient capable de marcher 50 m sans s’arrêter à un rythme « normal » • Patient capable de monter 1 étage sans s’arrêter. • Test de marche de 6 min : valeur de SpO2 ? Thumb rule : démarches dans l’aéroport pour prendre l’avion seul et sans aide. Pas besoin d’O2 (tenir compte des co-morbidités CV)
Protocole pour O2 dans l’avion • Valable au niveau de la mer • 1000 m d’altitude ?
Vol en avion : sûr ?
Vol en avion : sûr ? Sûr • 18 % avec symptômes respiratoires (dyspnée) léger à modéré • < 1 % patients dcd dans le mois suivant le vol. • Pas de différence d’hospitalisation le mois suivant le vol par rapport au 12 mois précédent le vol. • Motif de consultation suivant le vol : infection. • Co-morbidités CV probablement importantes
Résumé • SpO2, PaO2 (sol), Equation de prédiction => Mauvaise corrélation avec le PaO2 avion • TSH : bonne corrélation avec PaO2 vol mais peu disponible. • TSH, SpO2, PaO2 sol => aucune corrélation avec les symptômes en vol. • Proportion importante de patient hypoxémique n’ont pas de symptômes. • Diminution des symptômes en vol avec O2 (autre biais que correction hypoxémie ?) • Exemple : diminution de la FR ? • Proportion importante de patient qui vole sans O2 contre avis médical. • Globalement, le vol en avion semble sûr. • Prescription d’O2 importante même en l’absence de symptômes en cas de co- morbidités CV
Cas n°1 : Monsieur Flight A380 • SpO2 92 % : • Test de marche => SpO2 83 % • O2 dans l’avion => 2l/min O2 COMMENT ? O2 (compagnie) Gazeux (pas toujours autorisé) Concentrateurs portable • Uniquement dans l’avion ! • Simple • Simple • 2 ou 4l /min • Autonomie faible. • Autonomie importante • Continu ou pulsé • Uniquement dans l’avion • Débit faible (< 3l/min) • « Remplissage pour le retour ? • Bruyant. • Continu ou intermittent (pulsé) • Continu ou intermittent (pulsé) • Batterie lithium (DUREE !)
Cas n°2 : Mme Flight B29 • Fibrose pulmonaire : • O2 à domicile stable => 2l/min • Doubler la dose d’O2 pour le vol => 4l /min. • Si Débit au sol > 4l/min => contre-indication au vol. • Si Débit au sol entre 3-4 l/min => évaluer au cas par cas (test de marche)
O2 Avion : aspect pratique 1. Utiliser les services de l’agence de voyage. 2. Demander avis aux ligues pulmonaires cantonales 3. Consulter le site de l’European Lung Foundation : • http://www.european-lung-foundation.org/4059-european-lung- foundation-elf-air-travel.htm. 4. Politiques très différentes d’une compagnie à l’autre : • Généralement : annoncer O2 > 72 h avant le départ. • Nécessité de certificat médical (MEDIF form). http://www.iata.org/publications/Pages/medical-manual.aspx (Appendix E). • Certificat séparé pour les concentrateurs portables (Swiss) • Gratuit ou payant • Pas d’O2 à bord ou uniquement avec concentrateur portable. • O2 : tout le vol ou durée limitée. • Durée des batteries des concentrateurs (150 % durée du vol : poids +++). • Batterie sèche / emballée séparément. • Voyage fréquents : • Frequent traveller’s medical card (FREMEC)
O2 et compagnie aérienne • Swiss • Passengers cannot bring their own bottle • O2 en mode pulsé (prix 300 - 450 .-) avant le vol. • Nécessité d’un certificat médical (MEDIF) • Nécessité d’un certificat pour le concentrateur • Durée batterie 150 % de la durée du vol. • Easyjet • Ne fournit pas d’O2. • 2 Bouteilles max d’O2 autorisée (bagage à main / restriction de taille). • Concentrateurs autorisés sans certificat médical (pour l’appareil) • Certificat médical pour le patient confirmant le besoin d’O2. • Durée suffisante des batteries • Certificat médical pour les asthmes sévères…..
Asthme BPCO and Co : autres considérations • Dans l’avion : • Médication personnelle dans la cabine. • Médication d’urgence et dispositif d’inhalation (chambre) • Lieu d’arrivée : • Altitude ? Adapter le débit d’O2 • Augmenter le débit de 1 l par 500 -1000m supplémentaire • Disponibilité médicale sur place • Disposer des traitements d’urgence : • Prednisone • Antibiotiques. • Adaptateur de prise
Cas n°1 : Monsieur Flight A 380 • MC : désire partir au Canaries dans 2 mois. • ATCD : • BPCO stade IIID : • Dyspnée : mMRC II/IV (dyspnée en marchant à plat à son rythme => doit s’arrêter) • Exacerbations : fréquentes (> 2x/année) • Emphysème sévère. • HTP (PAPs 45 mmHg) • Problème ORL : Sinusite à répétitions. • Maladie cardiovasculaire : Bien compensée • SAOS sévère traité par CPAP • Médication : Ultibro + ventolin. • Antécédents de voyage en avion et de voyage : • Pas de problèmes il y 10 ans (vol en corse 1 heure).
Emphysème /maladie bulleuse • Pas de données sur les vols en avion (BPCO) • Aucun cas de pneumothorax spontané dans les études d’altitude. • 3 études : 5448 => 13100 m (!) • Pas d’augmentation du volumes de bulles pour une raison indéterminée. • BPCO : Risque très faible de complications. • Maladies bulleuses rares (LAM) : Possible facteur de risque ? • Adaptation au coup par coup. • ATCD de pneumothorax et symptômes de pneumothorax.
Hypertension pulmonaire primaire et sec. • Augmentation théorique du risque d’œdème pulm lié à l’altitude (pas en avion). • !!!! PAPs > 50 mmHg ou PAPm 35 mmHg • Aucunes études • Déconseillé de séjourner à > 3000 m. • Prudence pour les altitudes > 2000 m • Augmenter le débit d’O2 (1l/min / 500-1000 m d’élévation supp) • En l’absence de traitement spécifique : • Prescrire Nifedipine 20 mg SR 2x/jour en prévention (Œdème pulmonaire altitude) • Autre Tadalfil / dexa.
Cas n°1 : Monsieur Flight A380 • MC : désire partir au Canaries dans 2 mois. • ATCD : • BPCO stade IIID : • Dyspnée : mMRC II/IV (dyspnée en marchant à plat à son rythme => doit s’arrêter) • Exacerbations : fréquentes (> 2x/année) • Emphysème sévère. • HTP (PAPs 45 mmHg) • Problème ORL : Sinusite à répétitions. • Maladie cardiovasculaire : Bien compensée • Syndrome d’apnées du sommeil sévère ttt par CPAP. • Médication : Ultibro + ventolin. • Antécédents de voyage en avion et de voyage : • Pas de problèmes il y 10 ans (vol en corse 1 heure).
Syndrome d’apnées du sommeil et altitude • Aggravation du SAS. • ↑ apnées centrales. • Augmentation de l’amplitude des désaturations • Acetazolamide 250 mg 2x/j • Limite l’aggravation du SAS. • orthèses d’avancée ???. Recommandation : poursuivre le traitement de CPAP en altitude.
SAOS : Avion et altitude aspect pratique • Diminution potentielle de l’efficacité du CPAP. • CPAP 12 cmH2O niveau de la mer => Pression de 9 cmH2O (2438m). • Machine moderne => auto-adaptation. • !!!! Patients sous ventilation (BIPAP) • CPAP et BiPAP doivent être pris en cabine • prévoir une batterie !!! • Possibilité de brancher l’appareil dans l’avion (110 v) ? • Certificat médical conseillé • Marque N° série • Nécessité de l’avoir en cabine • Evt lettre de conformité du constructeur.
Altitude et Avion : Asthme • Asthme : globalement pas de problème en avion ou en altitude • Attention : Asthme sévère. • Importance du bon contrôle de l’asthme avant le départ. • Bonne connaissance de la médication : • De fond • En cas de crise (prednisone/ antibiotique) • Plan d’action écrit. • Prendre les médicaments dans la cabine. • Attention les Débits de pointes sont moins fiable en altitude • surestimation des valeurs
Avion : Maladie thrombo-embolique • Augmentation du risque entre 1.75 et 2.93 x. • Immobilité • Œdème • Déshydratation • Risque augmente à partir de 4h00 de vol / Pic 8h00 de vol. • Pas d’effet de la classe : Economy vs Business. • Rôle de la position du siège : Siège couloir moins risqué. • Bas de contention diminue l’incidence. • Aspirine probablement pas utile. • HBPM selon la classe de risque : élevée . Cochrane Database Syst Rev. 2016 Sep 14;9:CD004002.
Avion : Maladie thrombo-embolique
Conclusion : • Voyages en avion sont sûrs. • Principale problème est lié à l’hypoxémie. • Prédiction de la sévérité de l’hypoxémie est difficile. • O2 diminue les symptômes en avion. • Importante variation des exigences des compagnies . • Organisation avant le départ • Prendre conseil auprès des ligues pulmonaires. • Favoriser utilisation de l’O2 sous forme de concentrateur. • Prendre les médicaments et les appareils dans la cabine. • Le voyage continue après l’aéroport : • Prévoir les complications éventuelles • Gestions de l’O2 et des médicaments sur place.
Question ? Aéroport des Eplatures La Chaux-de-Fonds
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