Maladies transmises par un vecteur

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Maladies transmises par un vecteur
Maladies transmises par un
         vecteur
Maladies transmises par un vecteur
• Les maladies à transmission vectorielle sont des
  maladies infectieuses transmises par des vecteurs. Ces
  vecteurs sont des arthropodes hématophages qui
  assurent une transmission active (mécanique ou
  biologique) d’un agent infectieux d’un vertébré vers un
  autre vertébré.
• Il s’agit principalement d’insectes et d’acariens
  hématophages, plus précisément de moustiques,
  phlébotomes (moucherons), poux, punaises et tiques.
• Les agents infectieux sont transmis par des vecteurs qui
  leur sont spécifiques.
• Les modes de transmission sont variés, il s’agit le plus
  souvent de piqûre, mais la transmission peut aussi se
  faire par déjection ou par régurgitation.
Maladies transmises par un vecteur
Rickettsioses
• Les rickettsioses sont des maladies infectieuses
  causées par des bactéries intracellulaires
  obligatoires, parasitant les cellules eucaryotes
• et appartenant à l’ordre des Rickettsiales.
• Les Rickettsia sont transmis à l’homme par des
  arthropodes hématogènes (poux, puces, tiques et
  autres acariens), qui jouent le rôle de vecteurs
  et/ou réservoirs.
• Ainsi, l’exposition aux Rickettsia est liée à
  l’exposition aux vecteurs.
Maladies transmises par un vecteur
• Classification

• Les rickettsies tirent leur nom de Howard Ricketts,
  un scientifique de l'université de Chicago qui les a
  mises en évidence le premier et qui mourut d'une
  infection accidentelle à l'agent du typhus
  épidémique (Rickettsia prowazekii).
• Dans la famille des Rickettsiaceae deux genres sont
  responsables d'une pathologie chez l'homme.
Maladies transmises par un vecteur
• Le genre Rickettsia subdivisé en deux groupes
• I- le groupe typhus constitué des rickettsies
  responsables du typhus épidémique (R. prowazekii),
  et du typhus murin (R. typhi)
• II- le groupe boutonneux pourpré responsable de
  fièvres éruptives constitué d’environ 20 espèces
  dont : R. rickettsii, R. conorii, R. australis, R.
  sibirica, R. akari.
• - Le genre Orientia avec pour seule espèce O.
  tsutsugamushi        (anciennement        Rickettsia
  tsutsugamushi) responsable du typhus des
  broussailles
Maladies transmises par un vecteur
• Principales espèces de la famille Rickettsiaceae
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 Groupe                               Espèce                                   Maladie
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Groupe typhus             Rickettsia prowazekii                    Typhus épidémique
                          Rickettsia typhi                         Typhus murin

Groupe Orientia           Orientia tsutsugamushi                   Typhus des broussailles

Groupe boutonneux
               Rickettsia conorii subsp. conorii Fièvre boutonneuse
                                                 méditerranéenne

                        Rickettsia rickettsii                       Fièvre pourprée des
                                                                    montagnes rocheuses
                        Rickettsia africae                           Fièvre à tiques africaine
                        Rickettsia akari                            Fièvre vésiculeuse
                                                                     ou Rickettsialpox
                        Rickettsia felis                            Fièvre boutonneuse à puces

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• Caractères bactériologiques
• Les Rickettsia sont des bactéries intracellulaires
  obligatoires. Ce sont des éléments cocco-bacillaires
  très petits, à la limite de la visibilité en microscopie
  optique, rose pâle à la coloration de Gram (à Gram
  négatif), polymorphes.
• La coloration de Gimenez (fuchsine - vert
  malachite) permet de voir les rickettsies colorées en
  rouge vif sur un fond cytoplasmique vert pâle. Les
  rickettsies n'ont jamais été cultivées en milieux
  artificiels, mais elles peuvent être multipliées chez
  des animaux de laboratoire, des poux, des cultures
  cellulaires et le sac vitellin de l'œuf de poule
  embryonné.
• Epidémiologie
• -Le typhus épidémique encore appelé typhus à poux est
  provoqué par Rickettsia prowazekii. Il est transmis par les
  poux de corps et de tête Pediculus humanus humanus (syn. P.
  humanus corporis), spécifique de l’homme
• soit par contact avec les déjections de poux infectés, en cas
  de lésions de grattage dû au prurit déclenché par leurs
  piqures,
• soit par inhalation ou contact des muqueuses ou conjonctives
  avec les fèces du pou ou avec des poux écrasés.
• Le réservoir principal, excepté aux Etats-Unis (ou les écureuils
  volants et leurs ectoparasites sont impliqués), l'homme est le
  seul hôte commun parmi les mammifères.
• Le typhus épidémique a été un problème fréquent pour les
  troupes en temps de guerre. Du fait du manque d'hygiène, de
  la promiscuité.
• le typhus a atteint des proportions épidémiques en
  provoquant la mort d'à peu près trois millions de personnes.
• Le typhus murin (syn. : typhus endémique), est une
  zoonose ubiquitaire de répartition mondiale due à
  Rickettsia typhi qui possède un réservoir animal
  étendu, représenté essentiellement par de
  petits rongeurs. L’homme n’est qu’un hôte
  accidentel
• Les rats (Rattus ratus, R. norvegicus) sont
  habituellement à l’origine des contaminations
  humaines, par l’intermédiaire d’un vecteur
  principal, la puce du rat (Xenopsylla cheopis) qui
  contamine l’homme par ses déjections pénétrant
  l’organisme par des lésions de grattage, par voie
  muqueuse, par inhalation, ou par piqure.
• - Les rickettsioses du groupe boutonneux
• Ce groupe correspond à de nombreux tableaux
  cliniques, chacun étant lié à une Rickettsia dont la
  dénomination est particulière rappelant le lieu
  géographique où la maladie a été décrite.
• La Fièvre pourprée des montagnes rocheuses décrite
  en Amérique est due à Rickettsia rickettsii. Les vecteurs
  sont des tiques
• La Fièvre boutonneuse méditerranéenne décrite en
  France est due à R. conorii. L'épidémiologie de cette
  rickettsiose est étroitement liée à celle des tiques qui la
  transmettent, Rhipicephalus sanguineus, parasite
  habituel du chien domestique.
• La tique s'infecte en piquant des mammifères parasités
  (domestiques : chiens, bovins, ovins, caprins ou
  sauvages : lapins ou autres rongeurs) et constitue elle-
  même un réservoir de la bactérie.
• A côte des tiques, d’autres vecteurs ont été décrits.
  La fièvre boutonneuse à puces, maladie émergente
  incomplètement décrite, est due à Rickettsia felis,
  associée à de nombreuses espèces de puces à
  travers le monde, notamment Ctenocephalides felis,
  la puce de chat et C. canis, la puce de chien.
• L’infection semble ubiquitaire, d’autant que les
  puces peuvent être réservoirs de la bactérie.
• Enfin, la rickettsiose vésiculeuse (≪ rickettsialpox
  ≫), due a Rickettsia akari, est transmise par
  Liponyssoides sanguineus, une mite sanguicole
  microscopique acarien ectoparasite des souris Mus
  musculus.
• IV-Pouvoir pathogène
• Typhus épidémique : R. prowazekii pénètre à travers la
  peau par les excréments du pou, très riche en
  rickettsies. Après une période d’incubation de 10 à 14
  jours, les patients présentent une sensation de malaise
  avant une apparition brutale de fièvre (40°C à 41°C),
  céphalées et myalgies.
• Cinq à neuf jours plus tard une éruption caractéristique
  débute au niveau des aisselles s'étend habituellement
  à l'ensemble du corps, à l'exception de la face, de la
  paume des mains et de la plante des pieds.
• D’autres symptômes sont fréquents : nausées,
  vomissements,        anorexie,      arthralgies,   douleurs
  abdominales. Une atteinte pulmonaire (bronchite,
  pneumopathie        interstitielle,    bronchiolite),  une
  splénomégalie ou une conjonctivite peuvent survenir.
• Les complications neurologiques (signes d’irritation
  méningée, confusion, prostration, somnolence,
  coma, hémiplégie, monoplégie, myélite, névrite) et
  cardiaques sont fréquentes (80 % des cas) et font la
  gravité de la maladie. La létalité a un taux de 6 à
  30%.
• Les patients non traités qui survivent au typhus
  restent infectés toute leur vie. Ils peuvent souffrir
  d’une forme de recrudescence parfois tardive de
  l’affection, la maladie de Brill-Zinsser qui peut
  apparaitre de nombreuses années après la phase
  aigue. Les symptômes sont moins bruyants et la
  létalité plus faible (1,5 %).
• Typhus murin : l’incubation du typhus murin est de
  7 à 14 jours.
• L’invasion peut être brutale ou progressive.
• La période d'état est caractérisée par une fièvre
  aiguë associée à des céphalées, des myalgies, une
  éruption maculo-papuleuse, érythémateuse (tronc,
  membres),
• En règle générale, l'évolution est favorable, mais
  des tableaux sévères avec atteintes neurologique,
  rénale, hépatique et/ou respiratoire sont observés
  avec 4% de mortalité en l'absence de traitement.
• Fièvre pourprée des Montagnes Rocheuses
• Après une incubation de trois à douze jours, le début de la
  maladie est brutal avec l'apparition de fièvre et d'une forte
  céphalée.
• Dans les trois à cinq jours, survient une éruption qui atteint
  tout le corps éruption cutanée de la maladie au niveau des
  pieds. L'apparition d'une éruption recouvrant entièrement
  le corps est en faveur d'une fièvre pourprée et permet de
  différencier cliniquement cette maladie du typhus, dans
  lequel l'éruption n'est pas généralisée.
• On relève habituellement des troubles digestifs de type
  diarrhée et vomissements, et les symptômes de la maladie
  peuvent persister jusqu'à deux semaines si le patient n'est
  pas traité.
• même chez les malades traités, la létalité se situe autour de
  5%. Elle atteint 30 % en l'absence de traitement.
• Éruption cutanée de la
  maladie au niveau des
  pieds. L'apparition d'une
  éruption      recouvrant
  entièrement le corps est
  en faveur d'une fièvre
  pourprée              des
  Montagnes Rocheuses
  et       permet        de
  différencier
  cliniquement        cette
  maladie du typhus, dans
  lequel l'éruption n'est
  pas généralisée.
• Le genre Orientia : le typhus des broussailles
• Epidémiologie : C'est une zoonose, rurale
  endémique dans l'est du Continent asiatique et
  dans l'ouest du Pacifique. L’homme n'est qu'un
  hôte accidentel.
• Elle est due à Orientia tsutsugamushi (ex : R.
  tsutsugamushi), transmise par la piqûre de la
  larve     de      thrombididés       du      genre
  Leptotrombidium.
• Les réservoirs de bactéries sont des rongeurs
  sauvages, des lapins et des porcs.
• Pouvoir pathogène Après la piqûre, apparaît une
  papule indolore, puis une lésion croûteuse à
  pourtour érythémateux formant l’escarre, avec
  adénopathie satellite, un syndrome fébrile aigu et
  une éruption maculo-papuleuse débutant par le
  tronc et s’étendant aux extrémités. Une
  splénomégalie est trouvée dans 1/3 des cas.
• On note la fréquence et la gravité des manifestations
  extra-cutanées : neurologiques (encéphalite),
  pulmonaires        et       cardiaques       (détresse
  cardiorespiratoire) avec une mortalité variant de 3 à
  30%. Le typhus des broussailles est difficile à
  distinguer cliniquement des maladies co-
  endémiques telles que la dengue, la fièvre typhoïde,
  la leptospirose ou les autres rickettsioses.
• V- Physiopathologie
• Les bactéries du genre Rickettsia et Orientia
  sont des bactéries intracellulaires strictes.
  Quand elles sont transmises à l’homme, elles
  se multiplient dans les cellules endothéliales
  des vaisseaux de petit et moyen calibre,
  causant une vascularité responsable des
  anomalies cliniques et biologiques.
• VI- Diagnostic des rickettsioses
• -La sérologie est la technique la plus utilisée et la plus
  disponible pour le diagnostic des rickettsioses.
• Une technique ancienne, le test de Weil et Felix, peu
  spécifique et peu sensible reste utilisée dans de
  nombreux cas de fièvre éruptive et continue de l’être.
• Ce test utilise la communauté antigénique des
  rickettsies avec trois souches de Proteus : OX2 (pour les
  rickettsies du groupe boutonneux), OX19 (pour le
  groupe typhus) et OXK (pour O. tsutsugamushi).
• L'immunofluorescence indirecte est actuellement la
  technique de référence. Cependant, il existe de
  nombreuses réactions croisées au sein du genre
  Rickettsia,
• le Western blot permettant de différencier les
  rickettsies entre elles.
• - La culture en cellules eucaryotes est possible, notamment à
  partir de sang ou de biopsies d’escarres cutanées. Ces techniques
  sont de mise en œuvre difficile et de sensibilité médiocre, ce qui
  réduit considérablement leur intérêt diagnostique. En pratique, les
  cultures de rickettsies ne sont réalisées qu’en laboratoire de
  référence dans un but d’isolement de nouvelles souches.
• -La biologie moléculaire : la détection moléculaire et
  l'identification des rickettsies par PCR et RT-PCR et le séquençage
  sont sensibles et spécifiques (sang, biopsies cutanées [l'escarre est
  la pièce de choix] ou tiques).
• L’identification au niveau de l’espèce a été longtemps réalisée sur
  des souches isolées par la méthode décrite par Philip en 1978
  utilisant une batterie d’anticorps monoclonaux spécifiques
  d’espèce.
• Ce test est progressivement remplacé aujourd’hui par
  amplification et séquençage de gènes de rickettsies tel ARNr 16S.
• Test de diagnostic rapide : un TDR pour la
  détection des anticorps IgG, IgM, IgA de O.
  tsutsugamushi est développé dans le sérum, le
  plasma et le sang total. Sa sensibilité serait de 99%
  et sa spécificité de 96%.
• VII-Traitement :
• une thérapeutique empirique doit être prescrite
  devant toute suspicion de rickettsiose avant la
  confirmation diagnostique.
• Les tétracyclines et le chloramphénicol sont les
  antibiotiques les plus couramment utilisés pour
  traiter les infections. Ils assurent généralement
  une guérison rapide, à condition d'être administrés
  précocement.
La peste
• La peste est due à Yersinia pestis, un bacille aérobie
  facultatif Gram négatif appartenant à la famille des
  Enterobacteriaceae.
• Le genre Yersinia du nom du bactériologiste Alexandre
  Yersin qui isola le premier en 1894 le bacille de la peste.
  Les Yersinia présentent les caractères généraux des
  Enterobacteriaceae avec des particularités, comme
  l’expression des caractères phénotypiques dépendant de la
  température.
• Le genre Yersinia est constitué de plusieurs espèces qui
  peuvent être séparées en deux groupes : les espèces
  virulentes : Y. pestis ( bacille de Yersin ), Y.
  pseudotuberculosis, Y. enterocolitica.
• Epidémiologie
• La peste est un problème majeur de santé publique
  dans beaucoup de pays en voie de développement.
• Les pandémies de peste ont été directement
  responsables de plus de décès chez l'homme qu'aucune
  autre maladie infectieuse, exceptés le paludisme et la
  tuberculose.
• Au Moyen Age, les épidémies de peste ont tué entre 25
  et 33% de la population de l'Europe.
• La peste est une maladie naturelle des rongeurs
  domestiques et sauvages,
• La peste est entretenue en zones rurales par les
  rongeurs sauvages dont l’infection est généralement
  peu sévère.
• Leur contamination est consécutive à la piqure de
  puces infectées. Si des rats, tel Rattus rattus ou
  Rattus norvegius, entrent en contact avec ces
  rongeurs sauvages, ils acquièrent l’infection et,
  très sensibles, en meurent rapidement mais une
  faible proportion d'entre eux survit et développe
  une infection chronique, constituant un réservoir
  permanent de Y. pestis virulent.
• Leurs puces, du genre Xenopsylla cheopis
  piqueront alors d’autres rats représentant le
  réservoir primaire de la maladie.
• L'homme est seulement un hôte accidentel et il ne
  joue aucun rôle essentiel dans la conservation de
  la maladie. Les puces sont des hôtes
  intermédiaires et des vecteurs, diffusant la peste
  à d'autres hôtes.
• Pouvoir pathogène
• Cliniquement la peste humaine se présente essentiellement
  sous trois formes :
• -La peste bubonique est la plus fréquente.
• Après piqûre d'un sujet par un ectoparasite infecté par Y.
  pestis, les premiers signes cliniques apparaissent 1 à 6 jours
  plus tard. La période d'invasion est brutale, marquée par un
  malaise, une faiblesse musculaire, des frissons, une fièvre à
  39° - 40 °C, des nausées, des vomissements et des algies
  diffuses. Au point de piqûre, on observe habituellement une
  phlyctène à laquelle succède communément, quelques jours
  plus tard, une escarre noirâtre: le charbon pesteux.
• A la période d'état apparaît le bubon, ou adénite pesteuse,
  dont la localisation dépend du point de pénétration des micro-
  organismes. Le plus souvent, il siège à l'aine plus rarement au
  cou ou à l'aisselle. Il s'agit d'un ganglion de taille variable,
  douloureux, entouré d'une importante périadénite
• Les bubons hébergent de nombreux Y. pestis dont la capsule
  empêche leur phagocytose par le système immunitaire.
• Des bubons secondaires apparaissent au niveau des ganglions
  périphériques et le bacille peut pénétrer dans la circulation
  sanguine provoquant une septicémie.
• De multiples hémorragies entraînent la formation de taches
  sombres sur la peau ; elles sont à l'origine du nom historique de
  la maladie, la « peste noire ».
• Dans les cas graves, un collapsus cardio-vasculaire et des
  hémorragies par coagulopathie de consommation sont observés.
  Le plus souvent, la mort survient 3 à 5 jours après l'apparition
  des premiers symptômes par suite de métastases infectieuses
  dans le foie, la rate, les poumons et les méninges.
• En l’absence de traitement, le taux de létalité varie de 30 à 60 %.
  Cependant, dans 30% des cas, les signes généraux et
  neurologiques régressent et les malades guérissent après une
  très longue convalescence et une suppuration interminable du
  bubon. Cette forme d’atteinte n’est pas contagieuse.
• -La peste pulmonaire survient après que Y. pestis a
  été directement inhalée ou qu'elle a atteint les
  poumons durant une peste bubonique.              Les
  symptômes sont généralement absents jusqu'aux
  deux derniers jours de la maladie, moment où des
  crachats sanglants sont expectorés. Sans traitement,
  les malades ne survivent pas plus de deux jours. La
  peste pulmonaire est extrêmement contagieuse et
  peut diffuser rapidement par voie directe
  respiratoire d'une personne à une autre si le malade
  n'est pas immédiatement placé en quarantaine.
• -La peste septicémique est provoquée par la
  diffusion rapide de Y. pestis dans tout l'organisme
  par voie sanguine, sans apparition de bubons, le
  décès survenant habituellement avant que le
  diagnostic soit posé.
• Physiopathologie

• La virulence de Y. pestis est sa capacité à se multiplier rapidement au
  sein des tissus de l'hôte infecté. Y. pestis est pourvu d'un certain
  nombre de facteurs de virulence qui contribuent à la genèse des
  processus pathologiques.
• Les antigènes de Y. pestis sont des complexes lipoprotéiques qui
  inhibent la phagocytose.
• D'autres protéines d'enveloppe sont également présentes.
• Une exotoxine dénommée la toxine murine est produite par les
  souches virulentes de Y. pestis. C'est un inhibiteur des fonctions
  respiratoires qui bloque les transferts d'électrons au niveau du
  coenzyme Q des mitochondries.
• Y. pestis produit aussi une endotoxine fortement immunogène qui
  pourrait également jouer un rôle dans les processus pathologiques.
• Hormis le lipopolysaccharide, dont la synthèse est gouvernée par des
  gènes chromosomiques, les gènes de virulence de Y. pestis sont
  essentiellement plasmidiques. Trois plasmides sont détectés chez cette
  bactérie.
•
• Diagnostic bactériologique
• Le diagnostic de la maladie chez l'homme ne
  peut       être      affirmé     que    par
  l'isolement de Y. pestis à partir du produit
  de ponction ganglionnaire (peste bubonique),
  d'expectorations (peste pulmonaire) ou
  du sang (les deux formes de peste).
• - Examen direct : révèle la présence de petits
  bacilles à Gram négatif pleiomorphes à
  coloration bipolaire et capsulés. Y. pestis est
  immobile (différence avec les autres Yersinia)

         Coloration de Gram bipolaire de Yersinia pestis
• - Culture : Y. pestis se développe sur milieux
  gélosés usuels et sur milieux sélectif CIN
  (cefsulodine, irgasan, novobiocine). La culture est
  lente, optimum de température est de 28-30 °C.
• - Identification : les Yersinia présentent les
  caractères généraux des Enterobacteriaceae :
  bacilles à Gram négatif , aéro-anaérobies facultatifs
  , fermentant le glucose , oxydase négative et
  nitrate réductase positive.
• Le diagnostic d'espèce (ainsi que du biotype de
  bacille de la peste) est établi à partir d'un certain
  nombre de caractères: On distingue trois biotypes
  chez Y. pestis (antiqua, mediavalis, orientalis)
• -Diagnostic indirect
• Des tests sérologiques existent mais leur intérêt réside
  surtout dans la surveillance épidémiologique. Des
  techniques de PCR sont disponibles dans de rares
  laboratoires.
• Un test de diagnostic rapide sur bandelette immuno-
  hématique reposant sur la mise en évidence de
  l’antigène capsulaire F1 a été mis au point récemment
  utilisable sur de nombreux prélèvements (pus,
  crachats, sérum, urine, biopsies tissulaires), il donne
  des résultats rapides sensibles et spécifiques
• Traitement et contrôle
• La peste bubonique peut être traitée efficacement si le
  diagnostic est établi rapidement. On fait appel à la
  streptomycine ou la gentamicine administrées par voie
  parentérale. On peut aussi utiliser la doxycycline, les
  céphalosporines de troisième génération associés ou
  non à un aminoglycoside et les fluoroquinolones
  (ciprofloxacine)   ou le chloramphénicol par voie
  intraveineuse. Des souches de Y. pestis multirésistantes
  ont récemment été isolées.
• Les pestes septicémique et pulmonaire peuvent
  également être traitées, mais ces formes cliniques
  progressent si rapidement que les antibiotiques même
  administrés précocement sont inefficaces.
• Sur le plan mondial, il y a généralement moins de l 500
  cas confirmés et 300 décès chaque année.
Paludisme
• Le paludisme (malaria) est une parasitose due à des
  hématozoaires appartenant au genre Plasmodium du groupe
  des apicomplexés. Il existe de très nombreuses espèces de
  Plasmodium (plus de 140) touchant diverses espèces animales
• mais seulement cinq sont retrouvées en pathologie humaine.
• Il s’agit de Plasmodium falciparum, P. vivax, P.ovale, P.
  malariae et P. knowlesi, parasite habituel des singes
  (macaques) d'Asie qui vient de passer récemment chez
  l'homme.
• Le paludisme est transmis à l’homme par la piqûre d’un
  moustique culicidé du genre Anopheles au moment de son
  repas sanguin. Seule la femelle, hématophage, transmet la
  maladie.
• Les larves d’anophèles se développent dans les collections
  d’eau.
• Cette maladie, est surtout importante pour les populations
  vivant en zone d’endémie (zone intertropicale).
• I-Cycle de développement et pathologie du Plasmodium
• Le cycle se déroule successivement chez l’homme (phase
  asexuée chez l’hôte intermédiaire) et chez l’anophèle
  (phase sexuée chez l’hôte définitif).
• Chez l’homme le cycle est lui-même divisé en 2 phases :
• - la phase hépatique ou pré-érythrocytaire (= exo-
  érythrocytaire) : elle correspond à la phase d’incubation,
  cliniquement asymptomatique.
• Les sporozoïtes inoculés par l’anophèle femelle lors de
  son repas sanguin restent pendant une trentaine de
  minutes maximum dans la peau, la lymphe et le sang.
  Beaucoup sont détruits par les macrophages mais
  certains parviennent à gagner les hépatocytes. Ils se
  transforment en schizontes pré-érythrocytaires ou
  «corps bleus » (formes multinucléées) qui, après 7 à 15
  jours de maturation, éclatent et libèrent des milliers de
  mérozoïtes dans le sang (10 000 à 30 000 mérozoïtes en
  fonction des espèces).
• - la phase sanguine ou érythrocytaire : elle correspond à la
  phase clinique de la maladie.
• Schizogonie érythrocytaire : très rapidement les mérozoïtes
  pénètrent dans les globules rouges. La pénétration du
  mérozoïte dans l’érythrocyte et sa maturation en trophozoïte
  puis en schizonte prend 24, 48 ou 72 heures (en fonction de
  l’espèce) et conduit à la destruction du globule rouge hôte et
  à la libération de 8 à 32 nouveaux mérozoïtes. Ces
  mérozoïtes pénètrent dans de nouveaux globules rouges et
  débutent un nouveau cycle de réplication. Cette partie du
  cycle correspond à la phase clinique : la parasitémie s’élève,
  le sujet devient fébrile, c’est l’accès palustre. En l’absence de
  traitement, tous les parasites évoluent progressivement au
  même rythme (on dit qu’ils deviennent synchrones), tous les
  schizontes érythrocytaires arrivent à maturation au même
  moment, entraînant la destruction d’un grand nombre de
  globules rouges de manière périodique. Du fait de la
  destruction des érythrocytes, le paludisme provoque
  habituellement de l'anémie et de la splénomégalie.
• Chez l'anophèle femelle
• les gamétocytes, ingérés par le moustique lors
  d’un repas sanguin sur un sujet infecté, se
  transforment en gamètes mâles et femelles qui
  fusionnent en un œuf libre, mobile appelé
  ookinète. Cet ookinète quitte la lumière du tube
  digestif, se fixe ensuite à la paroi externe de
  l’estomac et se transforme en oocyste. Les cellules
  parasitaires se multiplient à l’intérieur de cet
  oocyste, produisant des centaines de sporozoïtes
  qui migrent ensuite vers les glandes salivaires du
  moustique. Ces sporozoïtes sont les formes
  infectantes prêtes à être inoculées avec la salive
  du moustique, lors d’un repas sanguin sur un hôte
  vertébré.
Cycle du Plasmodium
• II-Diagnostic biologique
• Le diagnostic de paludisme repose sur la mise en
  évidence du parasite dans le sang. Les deux
  techniques de routine sont la goutte épaisse et le
  frottis sanguin. La goutte épaisse permet une
  concentration des parasites : le seuil de positivité
  du test est de 10 hématies parasitées par mm3
  (HPM). Le frottis sanguin facilite le diagnostic
  d’espèce. Son inconvénient est son faible seuil de
  détection (100 HPM). La lecture est longue
  (20 minutes) lorsque les parasites sont rares.
  D’autres techniques ont été développées ; les tests
  de diagnostic rapide (TDR) par détection
  d’antigènes plasmodiaux (Hrp2, LDH).
• Les techniques de biologie moléculaire (PCR)
  sont devenues des techniques de référence en
  raison de leurs sensibilité et spécificité : elles
  sont réservées à des laboratoires de recherche.
• La détection de l'acide nucléique par la
  fluorescence, l'hybridation moléculaire, la PCR
  ou la détection des antigènes spécifiques sont
  des méthodes susceptibles de confirmer les
  infections par Plasmodium ou de différencier les
  différentes espèces plasmodiales.
• Traitement et prévention
• Le traitement du paludisme fait appel à la chloroquine.
  Ce médicament détruit les parasites intraérythrocytaires.
  Un médicament voisin, la primaquine, élimine les
  sporozoïtes, les mérozoïtes et les gamètes en dehors des
  hématies.
• Le traitement associant chloroquine et primaquine est
  curatif. Cependant, des récurrences peuvent survenir.
  Des sporozoïtes survivent dans le foie et se trouve à
  l'origine de ces récurrences plusieurs mois ou années
  après la primo-infection. De même les Plasmodium ont
  développé des résistances à ces deux médicaments, il
  sera alors nécessaire d'utiliser de la méfloquine ou de la
  doxycycline en chimioprophylaxie, et du malarone (un
  combiné d'atovaquone et de proguanyl) à la fois dans le
  traitement et pour la chimioprophylaxie.
• Le traitement antipaludéen est coûteux et de
  court terme pour la prévention et le contrôle
  du paludisme
• Le moyen le plus efficace de contrôle
  consiste à interrompre la transmission chez le
  moustique Anophèles.
• Deux approches sont possibles : l'élimination
  de l’habitat des moustiques par le drainage du
  marécage ou        leur élimination par des
  insecticides, suivie par le traitement des
  malades par la primaquine.
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