MANUEL D'ÉCRITURE INCLUSIVE - FAITES PROGRESSER L'ÉGALITÉ FEMMES HOMMES PAR VOTRE MANIÈRE D'ÉCRIRE - Les Enjeux de l ...

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Édition augmentée - Juin 2019

MANUEL
D’ÉCRITURE
INCLUSIVE
FAITES PROGRESSER
L’ÉGALITÉ FEMMES · HOMMES
PAR VOTRE MANIÈRE D’ÉCRIRE

Dirigé par Raphaël Haddad,
Fondateur et Directeur associé de Mots-Clés,
docteur en Analyse du discours
MANUEL D'ÉCRITURE INCLUSIVE - FAITES PROGRESSER L'ÉGALITÉ FEMMES HOMMES PAR VOTRE MANIÈRE D'ÉCRIRE - Les Enjeux de l ...
Notre manuel d’écriture inclusive s’appuie sur nombre de travaux
                              précédents et en particulier sur le Guide pratique pour une
                              communication publique sans stéréotype de sexe édité par le Haut
                              Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes.
                              Institution publique ou association, engagez-vous en signant la
                              convention pour une communication publique sans stéréotype de
                              sexe, proposée par le HCE.

                                                © Mots-Clés
            Dirigée par Raphaël Haddad, Fondateur et Directeur associé,
rédigée par Chloé Sebagh, Cheffe de projet et Carline Baric, Consultante junior,
             avec la contribution de l’ensemble de l’équipe de Mots-Clés

                                        Quatrième édition : Juin 2019
                                            Dépôt légal : en cours
                Première et seconde éditions : Épices et Chocolat epicesetchocolat.com
                 Troisième édition : Sésame Studio (Mots-Clés) www.sesame-studio.fr
                Quatrième édition : Julie El Mokrani Tomassone (consultante Mots-Clés)

                                              Imprimé en France

  Les extraits établis à partir du Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de
  sexe, figurent dans ce manuel avec l’aimable autorisation du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes
  et les hommes (www.haut-conseil-egalite.gouv.fr), rencontré par Mots-Clés et Épices & Chocolat en
  septembre 2016.
  Tout droit de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Le Code de la propriété
  intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que
  les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une
  utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et
  d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement
  de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). Cette
  représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon
  sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. L’autorisation d’effectuer des reproductions
  par reprographie doit être obtenue auprès du Centre Français d’exploitation du droit de Copie (CFC – 20,
  rue des Grands- Augustins, 75006 Paris, Tél. : 01 44 07 47 70, Fax : 01 46 34 67 19).
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Sommaire

                                   Préambule ·········································     4

Trois conventions d’écriture inclusive
                                       ·········································           7
             adoptées par Mots-Clés

                              Concrètement ·········································       8

        Tableau d’écriture inclusive de                                                    13
                                        ·········································
         termes fréquemment utilisés

                 Bibliographie indicative ·········································        17

                     Foire aux arguments ·········································         19

   Un sondage sur l’écriture inclusive ·········································           24

                                      Postface ·········································   26

                           Et maintenant ? ·········································       27

                                       Contact ·········································   28

   Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés      3
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PRÉAMBULE

    « Le discours n’est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de
    domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à
    s’emparer » : reprenant à notre tour cette idée formulée par Michel Foucault dans
    L’ordre du discours, nous considérons au sein de l’agence de communication
    d’influence Mots-Clés que le discours n’est pas simplement un instrument de
    l’influence, mais bien le lieu de l’influence. Que c’est par la capacité à imposer ses
    mots, ses expressions et ses narratifs, que l’on exerce pleinement son influence.

    Ce travail, nous le menons pour nombre de nos client·es dans le cadre
    d’accompagnements en stabilisation, déploiement et attribution de formulations
    originales dans le vocabulaire ordinaire ou professionnel, entretenant leur position
    d’autorité : « bien manger », « excellence opérationnelle », « Big Data responsable »,
    « vente privée à domicile », « performance contextuelle », « smart professional
    network ».

    Le discours condense ainsi les transformations en cours au sein d’une société : il les
    reflète certes, mais les configure également. En ce sens, il témoigne et participe à
    la construction et la perpétuation d’inégalités et de stéréotypes de sexe, tel·les que
    nous les observons au quotidien. C’est par un travail sur les mots que, depuis 2016,
                                        nous avons décidé à notre tour de nous engager en

Le discours n’est pas                   faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.

simplement un instrument
                                        Notre approche : l’écriture inclusive.
de l’influence, mais bien
le lieu de l’influence.
                                        L’écriture inclusive désigne l’ensemble des
                                        attentions      graphiques       et   syntaxiques         qui
    permettent d’assurer une égalité de représentations des deux sexes.
    Concrètement, cela signifie notamment : renoncer au masculin générique (« des
    acteurs du développement durable »), à la primauté du masculin sur le féminin
    dans les accords en genre (« des hommes et des femmes sont allés »), ainsi qu’à
    un ensemble d’autres conventions largement intériorisées par chacun et chacune
    d’entre nous.

        Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés         4
Préambule

                                                           C’est par un travail sur
                                                           les mots que nous avons
                                                           décidé à notre tour de
D’autres   nous    ont    précédé·es     dans     cette
                                                           nous engager en faveur
démarche et c’est une chance. Nous pensons
                                                           de l’égalité entre les
prioritairement au Guide pratique pour une
                                                           femmes et les hommes.
communication publique sans stéréotype de
sexe, édité pour la première fois en novembre
                                                           Notre approche :
2015 par le Haut Conseil à l’égalité entre les             l’écriture inclusive.
femmes et les hommes, instance consultative
placée auprès du Premier ministre ou de la Première ministre, et créée en 2013. Ce
guide témoigne de l’implication grandissante d’institutions politiques de premier
plan, laissant ainsi espérer quelques préconisations normatives d’importance dans
les prochaines années.

Nous nous référons aussi aux importants travaux d’Anne-Marie Houdebine,
professeure de linguistique et de sémiologie, portant sur la sexuation dans la
langue et sur la féminisation des noms de métiers. Nous avons également travaillé
sur la base de l’ouvrage Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin
d’Éliane Viennot, professeure de littérature, qui retrace trois siècles de batailles de
grammairien·nes et les résistances sociales rencontrées pour imposer la règle de
la prévalence du masculin dans les accords en genre. Nous nous sommes en outre
appuyé·es sur le second numéro de la revue Well Well Well, parue en juin 2015 qui
promeut et utilise « la Grammaire égalitaire ».

En mai 2016, nous avons reçu chez Mots-Clés la journaliste Mathilde Fassin, qui
a formalisé cette approche par l’édiction d’un précis de grammaire égalitaire.
D’autres ouvrages sont recensés en bibliographie. Enfin, cette activité étant nourrie
par mes activités académiques, j’ai pu compter, dans le cadre de mon écriture
de recherche qui reprend les trois conventions proposées ici, sur les indications
attentives de ma directrice de thèse, la professeure en Sciences de l’information et
de la Communication Caroline Ollivier-Yaniv, et des collègues qu’elle a bien voulu
interroger.

    Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   5
Préambule

Ce manuel d’écriture inclusive résulte de ce cheminement. Cette nouvelle version est
en partie le fruit de l’expérience développée par Mots-Clés dans l’accompagnement
de structures (institutions, entreprises, associations) qui ont souhaité, depuis 2016,
prendre cet engagement et sont ainsi devenues des organisations pionnières.

Mairie de Paris, 3F, CNAM et bien d’autres encore nous ont fait confiance dans la
conduite de ce changement. Évidemment, plaider en faveur de cet enjeu n’est pas
toujours aisé. La polémique qui a éclaté à l’automne 2017 en témoigne ; pourtant
cette pratique en faveur de l’égalité se diffuse chaque jour un peu plus, comme une
révolution silencieuse des usages.

Cette période mouvementée - néanmoins extrêmement riche - nous a offert
l’opportunité de retours d’expériences sur nos préconisations. D’éclairants et
réguliers échanges avec Éliane Viennot, dont nous avons eu la joie et l’honneur
de postfacer le nouvel ouvrage Le langage inclusif : pourquoi, comment paru aux
éditions iXe en septembre 2018, nous ont incités à stabiliser un référentiel unique et
commun pour permettre à l’écriture inclusive de trouver un plus large écho encore
dans les écrits de nos entreprises, de nos institutions et de nos associations.

Les retours d’utilisateurs et utilisatrices, de détracteurs et détractrices également,
nous ont servi pour stabiliser des conventions aussi consensuelles que possible,
tout en demeurant simples, ergonomiques et parfaitement soutenables sur le plan
de l’écriture institutionnelle.

À nos yeux, il s’agit en effet avant tout de cela : fournir les outils d’une transformation
de l’écriture institutionnelle au profit de l’égalité femmes-hommes.

Suivant ce principe, ce manuel d’écriture inclusive a vocation à être utilisé pour
l’ensemble des écrits dont nous sommes les signataires : emails, site internet,
propositions d’accompagnement, documents internes.

Comme depuis le début, cette démarche reste fondamentalement exploratoire :
par nos lectures et nos rencontres, nous avons compris qu’elle suscitait
immanquablement des discussions très intéressantes. Aussi, n’hésitez pas à venir en
discuter avec nous et éventuellement à adopter, à votre tour, les trois conventions
d’écriture inclusive que nous proposons ici.
Bonne lecture !

Raphaël HADDAD Fondateur, Directeur associé de Mots-Clés

    Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   6
TROIS CONVENTIONS
   D’ÉCRITURE INCLUSIVE
  ADOPTÉES PAR MOTS-CLÉS

          Accorder en genre les noms de fonctions,
                  grades, métiers et titres,

      User du féminin et du masculin, que ce soit par
          l’énumération par ordre alphabétique,
             l’usage raisonné du point médian,
             ou le recours aux termes épicènes,

             Ne plus employer les antonomases
         du nom commun « Femme » et « Homme ».

Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   7
CONCRÈTEMENT

Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres

Les noms des fonctions, grades, métiers et titres existent massivement au féminin,
et ce depuis le Moyen Âge. Mots-Clés considère qu’il n’y a donc pas de raison
d’effacer discursivement cette présence sociale des femmes, en n’utilisant pas ces
noms. Le tableau d’écriture inclusive en pages 13 à 16 de ce manuel propose une
liste de termes fréquemment utilisés et indique leurs terminaisons au féminin. Si
cette liste n’était pas suffisante, le guide Femme, j’écris ton nom…2 fait état de plus
de 2 000 noms de fonctions, grades, métiers ou titres, au féminin et au masculin.

Dans la majeure partie des cas, on choisira la formulation à utiliser en respectant
la nature du français. C’est ainsi qu’on privilégiera des termes comme autrice,
professeuse ou encore chercheuse. D’autres formulations - comme auteure,
professeure et chercheure pour rester sur cet exemple - coexistent tout de même
avec elles et témoignent elles aussi de l’attention portée au féminin dans le texte.

User du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par
ordre alphabétique, l’usage raisonné du point médian, ou le recours
aux termes épicènes

Nous n’utilisons pas le masculin générique. Nous employons plutôt des possibilités
qui indiquent la présence discursive du féminin et du masculin, et accordent ainsi
aux femmes « un droit de cité3 » discursif égal aux hommes. Pour marquer le
féminin et le masculin, Mots-Clés considère ainsi plusieurs possibilités, qui peuvent
être combinées au sein d’un même texte :

              2
                Femme, j’écris ton nom… : guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions, 1999,
sous la direction de Bernard CERQUIGLINI.

               3
                 Ou « droit d’être citées ». À l’écrit par une majuscule de déférence. Parmi les plus courantes les formes
« État » ou « Homme » : caractérisées par une majuscule, ces antonomases servent à doter ces termes du prestige de
l’institutionnalisation. De ce point de vue, la graphie « Homme » est problématique, car « Homme » est souvent utilisé
comme un masculin générique, par exemple dans l’expression « Droits de l’Homme ». En conséquence, à l’expression
« droits de l’Homme », nous préférons la formulation « droits humains » ou « droits humains ». Comme le rappelle le Guide
pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe, le mot « homme » dans la Déclaration Universelle des
Droits de l’Homme a longtemps servi à écarter juridiquement les femmes du droit de vote. Les rédacteurs de la déclaration
onusienne de 1949 voulaient écrire « Man Rights » et ce fut la seule femme présente, Eleanor Roosevelt, qui se battit pour
que soit adoptée la formulation « Human Rights », afin de couvrir également les droits des femmes. Expression que la
France a traduite par « Droits de l’Homme », contrairement au Québec francophone par exemple, qui écrit plus couramment
« Droits de la personne humaine ».

      Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés                                      8
Concrètement

La mention par ordre alphabétique des termes au féminin et au masculin :

« elles et ils », « tous les Acadiens, toutes les Acadiennes », « celles et ceux ».

L’utilisation raisonnée du point médian en composant le mot comme suit :

mot au masculin (car il est dans la majorité des cas le plus court) + point médian +
suffixe féminin. On ajoutera « s », si l’on veut indiquer le pluriel sans ajouter de point
médian supplémentaire. Quelques exemples : ingénieur·es, historien·nes, sénior·es.

Pour conserver une utilisation raisonnée du point médian, qui fait office
d’abréviation, on utilisera ce signe de ponctuation uniquement lorsque les termes
sont très semblables, c’est-à-dire lorsque la forme masculine et la forme féminine
n’ont qu’une lettre ou deux de différence4. Et parce que cette question a été
régulièrement posée, précisons que le point médian signale à l’oral la nécessité
d’une double flexion. Par exemple, « académicien·nes », s’oralisera simplement
« académiciennes et académiciens ».5

Des exemples de ces termes sont recensés dans le tableau d’écriture inclusive en
pages 13 à 16 de ce manuel.

            4
              Nous nous inspirons pour cela du référentiel proposé par Éliane Viennot dans son ouvrage Le langage inclusif.
Pourquoi, comment ? paru en septembre 2018 aux éditions Ixe.

             5
               De nombreux signes d’abréviation existent déjà dans la langue française. Par exemple “M.” s’oralise
“Monsieur” ! L’utilisation d’un signe d’abréviation n’est donc pas propre à l’écriture inclusive !

      Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés                                 9
Concrètement

Mots-Clés préfère l’usage du point médian à d’autres signes, car il est celui qui,
d’un point de vue sémiotique, nous semble être le plus approprié. Le point médian
nous semble ainsi préférable aux parenthèses (qui, en usage, indiquent un propos
secondaire), à la barre oblique (qui connote une division), à l’E majuscule (qui peut
être interprété comme une considération différente entre féminin et masculin). Le
point médian nous semble aussi préférable au point final, qui constitue un signe de
ponctuation dont les usages, y compris sur un plan grammatical, sont très largement
stabilisés. Le point médian est enfin préféré aux tirets — quelles que soient leurs
formes et leurs tailles d’ailleurs —, qui font parfois office de quasi-parenthèses ou
servent à introduire des répliques de dialogue.

À la différence de l’ensemble de ces signes, le point médian6 a le mérite de
ne connaître aucun usage hérité et encore en vigueur7 (il semble avoir été
progressivement remplacé par l’espace dès l’Antiquité jusqu’à disparaître totalement
il y a déjà plusieurs siècles). Le point médian permet en ce sens d’affirmer sa fonction
singulière d’un point de vue sémiotique et par là d’investir « frontalement » l’enjeu
discursif et social de l’égalité femmes · hommes8.

              6
                 L’Unicode du point médian est U+00B7, bloc commande C1 et supplément latin 1. Par défaut sous Windows,
le point médian est appelé par la combinaison Alt+0183. Il est possible de faciliter largement cette requête en configurant
son clavier à l’aide du logiciel Microsoft Keyboard Layout Creator. Vous pouvez télécharger le clavier utilisé par toute l’équipe
de Mots-Clés ici. Par défaut sous Mac OS X, le point médian est appelé par la combinaison alt + maj + F, avec un agencement
de clavier français. Là encore, des solutions existent pour simplifier l’appel du caractère.

             7
                 Ni en français ni en anglais, tout au moins.

             8
               Le point médian n’étant pas encore disponible sur tous les logiciels de traitement de texte, même cette
évolution devrait arriver rapidement, on utilisera en attendant qu’il se généralise et faute de mieux, le point final, dans les
cas où le point médian n’est pas disponible.

      Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés                                       10
Concrètement

    Une « utilisation raisonnée du point médian » : pourquoi, comment ?

    Si le point médian n’est absolument pas la seule manière d’utiliser l’écriture
    inclusive, qu’il correspond à une abréviation et n’entrave pas la lisibilité dès
    la deuxième occurrence dans un texte9, ce signe a cristallisé de nombreuses
    crispations lors de la polémique autour de l’écriture inclusive survenue en
    France à l’automne 2017.

    Pour permettre un débat apaisé sur ce sujet et prendre en considération
    ces retours, nous préconisons d’en faire un usage raisonné. Concrètement,
    nous proposons de limiter le recours au point médian pour les termes dont
    la forme féminine s’obtient par ajout plutôt que par substitution. C’est le
    cas de l’« e final » comme dans « ami et amie » ou « étudiant et étudiante » ;
    des doublements syllabiques, comme dans « intellectuel et intellectuelle »,
    « terrien et terrienne ». S’agissant des formes plurielles, on peut également
    réduire la notation à un seul point et préférer « cinglé·es » à « cinglé·e·s », ou
    encore « incorrect·es » à « incorrect·e·s ».

    Quid de l’accord de proximité et de l’accord selon le sens ?

    L’accord de proximité et l’accord selon le sens sont également des moyens de
    faire apparaître le féminin dans nos phrases. Si leur emploi nous semble tout
    à fait légitime, nous avons choisi de ne pas y avoir recours. En effet, ce manuel
    a vocation à fournir un référentiel d’écriture institutionnellement soutenable.
    Cela implique de ne déroger à aucune règle de grammaire telle qu’elles sont
    constituées, quand bien même nous n’ignorons rien de l’histoire sociale de
    certaines de ces règles. C’est la raison pour laquelle nous optons pour ce
    standard tout en espérant que les normes évoluent vers la réintroduction de
    l’accord de proximité.

9
 Les études menées par Noélia Gesto et Pascal Gygax sont très éclairantes à ce sujet, en particulier l’étude « Féminisation et
lourdeur de texte », parue dans le n°02 du volume 2107 de L’Année psychologique. Bien qu’elle traite tout particulièrement
du tiret, cette étude démontre que les signes permettant de redonner de la visibilité au féminin n’entravent plus la lecture
dès la deuxième occurrence dans un texte.

      Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés                                    11
Concrètement

Le recours aux termes épicènes

Ce sont des termes dont la forme ne varie pas que l’on se réfère à un nom féminin
ou masculin. Quelques exemples : artiste, cadre, membre. Là encore, le tableau
d’écriture inclusive en pages 13 à 16 de ce manuel présente quelques termes
épicènes.

Des formulations englobantes peuvent également être mobilisées pour préserver
une ergonomie éditoriale. Dans certains contextes, ces mots — par exemple « la
direction », plutôt que « les directeurs et les directrices » — permettent d’éviter les
répétitions et leur emploi.

    Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   12
TABLEAU D’ÉCRITURE INCLUSIVE
DE TERMES FRÉQUEMMENT UTILISÉS9

                          ADJECTIFS, DÉTERMINANTS ET PRONOMS10

                         Singulier                                                        Pluriel

                          ce·tte                                                           ces
                        certain·e                                                      certain·es
                        chacun·e                                                       chacun·es
                       différent·e                                                    différent·es
                           un·e                                                            des

                                                 MOTS ÉPICÈNES
                    (mots dont la forme ne varie pas entre le masculin et le féminin)

                         Singulier                                                        Pluriel
                           artiste                                                        artistes
                        bénévole                                                       bénévoles
                           cadre                                                          cadres
                         capitaine                                                     capitaines
                        diplomate                                                      diplomates
                     fonctionnaire                                                  fonctionnaires
                        gendarme                                                       gendarmes
                           guide                                                          guides
                        interprète                                                     interprètes
                           juriste                                                        juristes
                           maire                                                          maires
                         membre                                                         membres
                      propriétaire                                                   propriétaires
                       scientifique                                                   scientifiques
                        secrétaire                                                     secrétaires
            9
              Ce tableau d’écriture inclusive constitue une version légèrement remaniée du tableau présenté dans le Guide
pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe publié par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes
et les hommes, en novembre 2015.
            10
               Pour certains termes, celle et celui par exemple, les doublets seront privilégiés pour avoir une utilisation
raisonnée du point médian.

      Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés                                 13
TABLEAU D’ÉCRITURE INCLUSIVE DE TERMES FRÉQUEMMENT UTILISÉS

              MOTS SE TERMINANT AU MASCULIN PAR UNE VOYELLE

                                        MASCULIN EN -É ET -I

                      Singulier                                                  Pluriel

                    administré·e                                            administré·es
                     apprenti·e                                              apprenti·es
                     attaché·e                                               attaché·es
                      chargé·e                                                chargé·es
                     délégué·e                                               délégué·es
                      député·e                                                député·es
                     diplômé·e                                               diplômé·es
                     retraité·e                                              retraité·es

                                       EN -U / FÉMININ EN -UE

                      Singulier                                                  Pluriel

                         élu·e                                                   élu·es

            MOTS SE TERMINANT AU MASCULIN PAR UNE CONSONNE

                             MASCULIN EN -AL/FÉMININ EN -ALE

                                                  Singulier12

                                             départemental·e
                                                   local·e
                                                 médical·e
                                               municipal·e
                                               préfectoral·e
                                                 régional·e
                                                  social·e
                                                 syndical·e
                                                territorial·e

           12
              Conformément aux préconisations ce manuel pour avoir notamment un usage raisonné du point médian, la
forme abrégée ne sera pas utilisée pour les termes se terminant en «al» et «ale».

     Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés                         14
TABLEAU D’ÉCRITURE INCLUSIVE DE TERMES FRÉQUEMMENT UTILISÉS

             MOTS SE TERMINANT AU MASCULIN PAR UNE CONSONNE

                               MASCULIN EN -EF/FÉMININ EN -EFFE

                        Singulier                                                        Pluriel

                          chef·fe                                                      chef·fes

                               MASCULIN EN -EL/FÉMININ EN -ELLE

                        Singulier                                                       Pluriel

                    intellectuel·le                                              intellectuel·les
                     maternel·le                                                  maternel·les
                   professionnel·le                                             professionnel·les

         MASCULIN EN -EN (dont -IEN)/FÉMININ EN -ENNE (dont -IENNE)

                        Singulier                                                        Pluriel

                       citoyen·ne                                                    citoyen·nes
                      gardien·ne                                                    gardien·nes
                       lycéen·ne                                                     lycéen·nes
                     technicien·ne                                                 technicien·nes

        MASCULIN EN -EUR (à l’exception de -TEUR)/FÉMININ EN -EURE12

                        Singulier                                                        Pluriel

           chercheur·e/chercheuse                                       chercheur·es/chercheuses
        entrepreneur·e/entrepreneuse                                 entrepreneur·es/entrepreneuses
                gouverneur·e                                                  gouverneur·es
                 ingénieur·e                                                   ingénieur·es
          professeur·e/professeuse                                      professeur·es/professeuse

             12
                Pour certains mots se terminant en -eur, les terminaisons en -eur et en -euse coexistent. Les deux peuvent
donc être utilisées, les usages trancheront.

      Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés                                15
TABLEAU D’ÉCRITURE INCLUSIVE DE TERMES FRÉQUEMMENT UTILISÉS

         MOTS SE TERMINANT AU MASCULIN PAR UNE CONSONNE

                       MASCULIN EN -T /FÉMININ EN -TE

                Singulier                                         Pluriel

              adhérent·e                                      adhérent·es
                adjoint·e                                       adjoint·es
                 agent·e                                         agent·es
               assistant·e                                     assistant·es
                avocat·e                                        avocat·es
             consultant·e                                    consultant·es
               étudiant·e                                      étudiant·es
               habitant·e                                      habitant·es
              président·e                                     président·es
             remplaçant·e                                    remplaçant·es
              suppléant·e                                     suppléant·es

AUTRES

                Singulier                                         Pluriel

               artisan·e                                       artisan·es
               commis·e                                        commis·es
                sénior·e                                        sénior·es

  Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   16
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

Intéressé·e ? Voici quelques ouvrages qui permettront de
prolonger vos réflexions.

Le Ministre est enceinte ou la grande querelle de la féminisation des noms,
Bernard CERQUIGLINI, 2018

Le langage inclusif : pourquoi, comment ?
Éliane VIENNOT, septembre 2018

Constitution garante de l’égalité femmes-hommes,
Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, avril 2018

L’écriture inclusive,
étude d’Harris Interactive pourréalisée à la demande de Mots-Clés, octobre 2017

Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe,
Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, novembre 2016 (2ème
édition)

Revue Well Well Well, n°2,
juin 2015

Non le masculin ne l’emporte pas sur le féminin !
Éliane VIENNOT, 2014

L’engagement des hommes pour l’égalité des sexes,
ouvrage codirigé par Florence ROCHEFORT et Éliane VIENNOT, 2013

Un ministre peut-il tomber enceinte ?
L’impact du générique masculin sur les représentations mentales, L’année
psychologique, Vol. 108, n°02, Markus BRAUER, 2008

    Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   17
Bibliographie indicative

Féminisation et lourdeur de texte,
L’année psychologique, Vol. 107, n° 02, Noelia GESTO et Pascal GYGAX, 2007

Avoir bon genre à l’écrit : guide de rédaction épicène,
Pierrette VACHON-L’HEUREUX et Louise GUÉNETTE, 2006

Guide de féminisation des noms communs de personnes,
Louise-Laurence LARIVIÈRE, 2005

À juste titre : guide de rédaction non sexiste,
Direction générale de la condition féminine de l’Ontario, 2005

Écrire les genres : guide romand d’aide à la rédaction administrative et
législative épicène, Thérèse MOREAU, 2001

Le nouveau dictionnaire féminin-masculin des professions, des titres et des
fonctions,
Thérèse MOREAU, 1999

Femme, j’écris ton nom… : guide d’aide à la féminisation des noms de
métiers, titres, grades et fonctions, sous la direction de Bernard CERQUIGLINI, 1999

La féminisation des noms de métiers en français et dans d’autres langues,
ouvrage collectif placé sous la direction d’Anne-Marie HOUDEBINE, 1998

    Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   18
FOIRE AUX ARGUMENTS13
Dix arguments souvent entendus pour justifier qu’il
ne faut surtout rien changer… et les réponses qu’il est
possible d’y apporter !

1. L’argument d’utilité :
« C’est une question accessoire »
La langue reflète la société et sa façon de penser le monde. C’est bien parce que le
langage est politique que la langue française a été infléchie délibérément vers le
masculin durant plusieurs siècles par les groupes qui s’opposaient à l’égalité des
sexes. Ainsi, une langue qui rend les femmes invisibles est la marque d’une société
où elles joueraient un rôle secondaire.

Par ailleurs, il est factuellement faux de dire que l’écriture inclusive est sans effet sur
les inégalités. D’abord, elle influence effectivement nos représentations13. Ensuite,
l’écriture inclusive constitue un puissant levier de féminisation des effectifs. Les
organisations qui l’adoptent indiquent ainsi que la place des femmes est pensée et
travaillée en leur sein. Enfin, l’écriture inclusive constitue un ancrage éthique fort
sur les questions d’égalité. Elle met au jour les processus ordinaires d’invisibilisation
des femmes, elle renforce leur place au sein d’une organisation. En ce sens, elle met
puissamment au travail les organisations qui l’adoptent.

2. L’argument du masculin générique :
« Le masculin est aussi le marqueur du neutre. Il représente les femmes et
les hommes »
En français, le neutre n’existe pas : un mot est soit masculin, soit féminin. D’ailleurs,
l’usage du masculin n’est pas perçu de manière neutre en dépit du fait que ce soit
son intention apparente, car il active moins de représentations de femmes auprès
des personnes interpellées qu’un générique épicène.
C’est un usage tellement courant que nous l’avons largement intériorisé. Cette
problématique pourrait être mise en parallèle avec l’histoire du suffrage universel :
le masculin n’est pas plus neutre que le suffrage n’a été universel en France jusqu’en 1944.

               13
                  Pour davantage d’informations, rendez-vous en page 24 de ce manuel qui détaille les enseignements de
l’étude sur l’écriture inclusive réalisée en octobre 2017 par Harris Interactive pour Mots-Clés.

      Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés                            19
Foire aux arguments

3. L’argument de la lisibilité :
« Cela encombre le texte »
Non, les femmes « n’encombrent » pas un texte. Des recherches ayant porté sur
le sujet et plusieurs mois d’usage nous ont montré que l’oeil s’y habitue très vite
et qu’un certain nombre d’automatismes survenaient très facilement à l’écrit. Par
ailleurs, l’écriture inclusive ne se limite pas à l’utilisation du point médian. Notre
langue regorge de possibilités permettant de faire apparaître le féminin lorsque
nécessaire. C’est aussi l’occasion de rappeler la vocation de ce signe. Le point médian
n’est rien d’autre qu’une abréviation. Par exemple : «étudiant·es » donne à l’oral
«étudiantes et étudiants » très exactement comme «M. » se prononce «Monsieur » !
En bref : ni la lecture ni la prononciation ne semblent donc impactées par l’écriture
inclusive.

4. L’argument esthétique :
« “Écrivaine”, “pompière”, ce n’est pas beau ! »
L’argument esthétique est sans doute l’un de ceux qui reviennent le plus souvent. Là
encore, le fait de systématiser l’usage du féminin est d’abord une question d’habitude.
Les noms de métiers au féminin « dérangent », car ils traduisent le fait que des
terrains initialement conçus comme propres aux hommes sont progressivement
investis par des femmes.

« Ces points partout défigurent les mots »
À celles et ceux qui s’offusquent de l’usage du point médian, plusieurs réponses
peuvent être apportées. Aucun signe n’est intrinsèquement beau ou moche. Il est
plutôt affaire d’habitude. Qui oserait taxer de laideur les deux points, le point-virgule,
la cédille, signes aujourd’hui bien installés dans nos écrits malgré quelques âpres
débats ? Pourquoi l’arobase @ ou le dièse #, deux signes de la modernité énonciative
numérique, seraient-ils beaux, tandis que le point médian serait, lui, affreux ? Est-ce
le signe ou ce qu’il signale qui dérange notre détracteur ou détractrice du moment
? Ensuite, une fois encore, l’écriture inclusive ne se résume pas au point médian.
Allons plus loin : il est parfaitement possible d’avoir une écriture inclusive constante
sans jamais recourir au point médian, en lui préférant les reformulations épicènes
ou encore la double flexion.

             14
               Encore une fois, les études menées par Noélia Gesto et Pascal Gygax peuvent être mobilisées, en particulier
l’étude « Féminisation et lourdeur de texte », parue dans le n° 02 du volume 2107 de L’Année psychologique.

      Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés                                20
Foire aux arguments

5. L’argument du prestige :
« Certaines femmes elles-mêmes nomment leur métier au masculin »
Ces femmes ont parfaitement compris les messages envoyés par celles et ceux
qui ont fait disparaître les termes féminins et celles et ceux qui aujourd’hui les
déclarent impropres ou inconnus, leur signifiant qu’elles n’auraient rien à faire sur
leur terrain et qu’elles seraient, en un sens, admises de manière exceptionnelle. Et
nous ne pouvons d’ailleurs pas blâmer ces femmes, qui obtiennent des positions
sociales majoritairement occupées par des hommes, de chercher à se fondre dans
des usages qui préexistent. Mais cela est dommage, car l’usage du féminin pour
leur nom de métier par exemple ne diminue en rien leurs compétences. De plus,
ces femmes sont des pionnières et peuvent ainsi jouer un rôle important pour les
générations à venir.

6. L’argument de la complexité
« L’écriture inclusive est trop compliquée à utiliser »
De nouveau, cet argument réduit l’écriture inclusive au point médian là où la double
flexion, l’utilisation de termes ou de reformulations épicènes ne posent pas de
difficultés particulières. Concernant le point médian, celui-ci est de plus en plus en
plus accessible et la réforme du clavier AZERTY en cours permettra d’accroître cette
accessibilité. Par ailleurs, sur le plan technique, de nombreuses initiatives existent
pour faciliter l’apprentissage et l’utilisation de l’écriture inclusive. Le Hackathon
Écriture inclusive15, premier événement d’ampleur à prendre ce sujet uniquement
sous un prisme technique, a permis la création de nombreux outils. Convertisseurs
en écriture inclusive, bouton point milieu, sites de référence en ligne, plateforme
collaborative de monitoring des pratiques et même logiciel de lecture automatique
pour les personnes malvoyantes existent désormais pour faciliter l’adoption de
l’écriture inclusive.

7. L’argument de la proscription
« L’écriture inclusive a été interdite par l’Académie Française et le
gouvernement »
La langue française est régie par les usages. Si certaines institutions sont en effet
contre l’écriture inclusive, elles n’ont pas le pouvoir de l’interdire. L’Académie
française par exemple, n’a pas pour rôle d’édicter des règles mais d’enregistrer des
innovations qui socialement la précèdent toujours.

          Pour davantage d’informations, consultez le site http://hackecritureinclusive.com/
         15

    Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés    21
Foire aux arguments

Même la circulaire du Premier ministre16, Édouard Philippe, qui a fait couler tant
d’encre en novembre 2017 n’est pas contre l’écriture inclusive. Si elle interdit les
abréviations dans le Journal officiel, elle reconnaît l’importance d’utiliser les doublons
ainsi que les termes épicènes. Par ailleurs, certaines institutions publiques comme
le Conseil Économique, Social et Environnemental et de nombreux établissements
d’enseignement supérieur comme le Conservatoire National des Arts et Métiers,
utilisent l’écriture inclusive depuis déjà longtemps et n’ont pas cessé de le faire.

8. L’argument du «péril mortel»:
« L’écriture inclusive menace la langue française »
Si l’écriture inclusive menace quelque chose, c’est la domination d’un genre sur un
autre : celle du masculin sur le féminin, et surtout, parce que tout le monde sent
bien qu’il y a un rapport, celui des hommes sur les femmes. C’est cela qui fait peur.
Mais la langue, elle, ne craint rien. Elle est vivante parce qu’elle évolue en fonction
des évolutions sociales et de ses modes de diffusion. En ce sens, le langage inclusif
constitue même une formidable entreprise de revitalisation de la langue française
: nous retrouvons des mots simples et bien faits, nous retrouvons des pratiques à
la portée de tous et de toutes, nous relisons les classiques avec un autre œil (elles
et ils connaissaient ces mots et ces pratiques), et en plus nous connaissons mieux
notre langue.

9. L’argument orwellien
« L’écriture inclusive, c’est de la novlangue »
Comme l’ont rappelé plusieurs travaux, l’accusation de novlangue a d’abord une
visée argumentative : elle permet de délégitimer un discours autre. La référence est
devenue si ordinaire que des linguistes en ont tiré une loi générale : le point Orwell.
Elle se définit de la manière suivante : « Plus une discussion sur la langue dure
longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant la novlangue
ou George Orwell s’approche de 1. »

10. L’argument de l’insoutenabilité
« L’écriture inclusive n’est pas soutenable pour une institution qui doit
avoir une pratique éditoriale homogène »
C’est justement ce qui a amené Mots-Clés à travailler sur cet enjeu et sur ce manuel.
Les trois conventions d’écriture inclusive qui sont ici proposées ont été pensées

          Pour davantage d’informations, consultez : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.
         16

    Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés        22
Foire aux arguments

pour être institutionnellement soutenables afin de permettre aux organisations
d’adopter une pratique éditoriale homogène. Mises au libre téléchargement en
septembre 2016, les versions antérieures de ce manuel ont été téléchargées à
plus de 35 000 reprises et servies de socle à l’accompagnement de nombreuses
structures dans la conduite de ce changement.

    Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   23
UN SONDAGE SUR L’ÉCRITURE
INCLUSIVE

En octobre 2017, Harris Interactive a réalisé un sondage sur l’écriture inclusive pour
Mots-Clés. Ce sondage montre la puissance de l’écriture inclusive pour faire
concrètement progresser l’égalité : les formulations inclusives ou épicènes
donnent jusqu’à deux fois plus de place aux femmes dans les représentations
spontanées. Avant d’être interrogées sur l’écriture inclusive, les personnes ayant
répondu avaient été invitées à citer des personnalités, de façon totalement ouverte.
Dans chacun des cas, les personnes ayant été exposées aux énoncés genrés, tels
que « citez deux présentateurs du journal télévisé » ou « citez deux champions
olympiques » ont davantage cité uniquement des hommes, tandis que les personnes
ayant vu les autres formulations ont systématiquement mentionné davantage de
personnalités des deux sexes, voire uniquement des femmes.

Invitées à citer spontanément des figures du journal télévisé, les personnes
interrogées citent plus de femmes lorsqu’elles sont confrontées à une
formulation épicène.

    Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   24
Un sondage sur l’écriture inclusive

Invitées à citer spontanément des figures littéraires, les personnes
interrogées nomment plus de femmes lorsqu’elles sont confrontées à des
formulations inclusives.

Invitées à citer spontanément des figures du monde sportif, les personnes
interrogées nomment plus de femmes lorsqu’elles sont confrontées à des
formulations épicènes.

   Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   25
POSTFACE

Voilà un petit manuel particulièrement efficace qui rappelle l’importance du langage
et son impact sur les constructions mentales et représentations sociales de chaque
sujet parlant ; aussi est-il très important de veiller à la qualité éthique de la langue,
c’est-à-dire à sa faculté d’être discriminante, dévalorisante ou égalitaire et non
sexiste ou raciste.

La différenciation sexuée ne se voit pas en français : comme en portugais par exemple
obrigada (= merci - femme), obrigado (= merci - homme). Elle existe pourtant. On
le voit et l’entend dans la résistance à la féminisation des noms de métiers et des
discours. Faire apparaître les femmes sans les voiler sous un pseudo-neutre, qui
n’existe pas en français – celui-ci ne connaît que deux genres – est pourtant légitime.

Les mots et les accords le permettent. Le français féminise aisément. Il a longtemps
féminisé avant la masculinisation opérée par divers grammairiens et diverses
institutions qui, depuis le XVIIe siècle, ont permis à la domination masculine de
s’installer durablement avec le masque du savoir (cf. la fameuse et supposée règle
du masculin l’emportant sur le féminin). Cette masculinisation peut être défaite dans
les paroles et les écrits. Ce à quoi s’engage et engage cet ouvrage en présentant des
règles très précises d’écriture inclusive, c’est-à-dire non discriminantes.

Pour son intérêt linguistique et éthique et son efficience, je recommande vivement
cet ouvrage.

                                                Septembre 2016, Anne-Marie Houdebine
   Professeure de linguistique et sémiologie Université Paris Descartes – Sorbonne

    Manuel d’écriture inclusive - Édité par l’agence de communication d’influence Mots-Clés   26
ET MAINTENANT ?

Modifier son clavier pour faciliter le recours au point médian
Par défaut sous Windows, le point médian est appelé par la combinaison :

                                            +

Si nos claviers devraient évoluer dans les prochains mois, il est possible de faciliter
dès à présent largement cette requête en configurant son clavier à l’aide du logiciel
Microsoft Keyboard Layout Creator. Nous mettons à votre disposition le clavier
utilisé par toute l’équipe de Mots-Clés ici.

                                     +                 +

Par défaut sous Mac OS X, le point médian est appelé par la combinaison maj +
maj + F , avec un agencement de clavier français.
Là encore, des solutions existent pour simplifier l’appel du caractère.
À toutes fins utiles : l’Unicode du point médian est U+00B7, bloc commande C1 et
supplément latin 1.

Connaître la liste des entreprises et institutions qui expérimentent ou
adoptent l’écriture inclusive
Fruit du hackathon écriture inclusive organisé en janvier 2018, le groupe Facebook
Taglinclusive référence les pratiques d’écriture inclusive. Ses membres publient
chaque semaine plusieurs exemples d’utilisation qui témoignent de la diffusion de
cette manière d’écrire dans des secteurs très variés.

Faire changer les choses dans son organisation

Mots-Clés a développé une offre complète d’accompagnement vers l’écriture
inclusive. Conseil, formation sous la forme d’ateliers ludiques et d’exercices
concrets, reprise de vos contenus éditoriaux : n’hésitez pas à nous contacter.

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CONTACT

     Raphaël HADDAD - Fondateur, Directeur associé
     120, avenue des Champs-Élysées — 75008 Paris
                  +33 (0)6 82 05 06 98
                 raphael@motscles.net

                   www.motscles.net

                www.ecriture-inclusive.fr

                                                     7€
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