REVUE DE PRESSE ET DES RESEAUX SOCIAUX - Mardi 27 novembre 2018 Outre-mer - Mayotte.gouv
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A LA UNE MANIFESTATION GILETS JAUNES; Pages, 6 à 9, 54 à 78. La Réunion, baisse des prix des carburants dès mardi. Appel à un blocage total pour l'arrivée d'Annick Girardin. CONGRES STATUT; Pages, 10 à 12, 28 à 30. La Guyane, les élus débattent du statut sous pression des indépendantistes. DECLARATION DE BASSE-TERRE; Pages, 23 à 24. Guadeloupe, il y a 20 ans, quand la déclaration de Basse-Terre voulait changer l’avenir. REGIONS ULTRAPERIPHERIQUES; Pages, 80 à 81. Saint-Martin, la Collectivité prend la présidence de la Conférence des Présidents des Régions Ultrapériphériques. 2
La Réunion: appel à un blocage total pour l'arrivée d'Annick Girardin Saint-Denis de la Reunion, France | AFP | mardi 27/11/2018 - 11:22 UTC+2 | 366 mots Un appel au blocage total de l'île de La Réunion mercredi, jour de l'arrivée de la ministre des Outre-mer Annick Girardin pour aller à la rencontre des "gilets jaunes", circule sur les réseaux sociaux depuis mardi soir. Alors qu'une trentaine de barrages étaient encore recensés mardi à la mi-journée par la Direction régionale des routes, les auteurs de l'appel veulent atteindre le chiffre de 300 barrages dans toute l'île et demandent à la population: "Restez chez vous ou venez aux barrages". Mais le port-est, seul port marchand de l'île, est toujours paralysé. et les rayons des commerces, y compris ceux d'alimentation, se vident. Une quarantaine de barrages bloquaient des routes lundi, un record depuis le début de la mobilisation le 17 novembre. Aucune violence urbaine significative n'a été notée dans la nuit de lundi à mardi. La ministre a indiqué lundi qu'elle irait à la rencontre des "gilets jaunes" sur les barrages et ferait des annonces concernant l'emploi et le coût de la vie. Son engagement semble apprécié par les "gilets jaunes" qui ne veulent plus du préfet pour interlocuteur. Les revendications des "gilets jaunes" réunionnais sont très larges: de la suppression des charges sociales à une meilleure prise en compte "des besoins des Réunionnais" en passant par la fin de l'octroi de mer. Lundi après-midi, répondant à la demande d'Annick Girardin, le préfet a annoncé, quatre jours avant la date habituelle, une baisse du prix des carburants. À La Réunion comme dans tous les territoires d’outre-mer, le prix maximal de vente des carburants est fixé tous les mois par le préfet. Indexé sur celui du baril, il est annoncé en fin de mois pour une application le premier jour de chaque mois. Avec 13 centimes de moins, c'est le prix du sans plomb qui diminue le plus, passant de 1,56 euro à 1,43 euro le litre, le gazole de 1,28 euro à 1,21 euro. Le préfet a également annoncé une série de "mesures d'accompagnement" pour les entreprises économiquement touchées par les 11 jours de mobilisation des "gilets jaunes", notamment un échéancier pour le paiement des cotisations sociales d’octobre, novembre et décembre. Les banques locales se sont engagées à examiner avec "bienveillance" les dossiers présentés. Mah/ggy/ib/shu © Agence France-Presse 6
"Gilets jaunes": baisse des prix des carburants dès mardi à La Réunion (préfet) Paris, France | AFP | lundi 26/11/2018 - 19:48 UTC+2 | 373 mots Les prix des carburants vont baisser dès mardi sur l'île de La Réunion, en proie à une nouvelle hausse du nombre de barrages et recrudescence de la mobilisation des "gilets jaunes", a annoncé lundi le préfet de l'île. Ces baisses de prix des carburants et du gaz ont été décidées "à la demande de la ministre des outre-mer" Annick Girardin qui se rendra mercredi sur l'île pour rencontrer des "gilets jaunes", et y faire des annonces sur le coût de la vie et l'emploi, quelques jours après des violences en marge de ce mouvement. "Dans le département de La Réunion, le prix de vente maximal de certains hydrocarbures liquides et du gaz domestique (...) est le suivant à compter du mardi 27 novembre 2018 à 00h00: Super 1,43 euro/litre (soit une baisse de 13 centimes d'euro, Ndlr), gazole 1,21 €/l (-7 centimes), gaz butane 17,42 €/l (- 133 centimes), gazole non routier 0,76 €/l (-6 centimes), pétrole lampant 0,73 €/l (-10 centimes)", selon un arrêté du préfet Amaury de Saint-Quentin. En outre, l'arrêté précise que "le prix de vente maximal du supercarburant et du gazole détaxés, destinés aux professionnels de la mer" est à partir de mardi de "0,71 €/l pour le super carburant et 0,77 €/l pour le gazole". "On nous annonce un prix du baril moins cher, mais aussi la parité euro-dollar plus favorable. Je souhaite que le plus vite possible soit annoncée aux Réunionnais une baisse du coût du carburant", avait déclaré dans la matinée la ministre, sans plus de précisions. "Je me rendrai sur l'ensemble du territoire (...) j'irai à la rencontre des +gilets jaunes+, je discuterai avec tout le monde (...) Je prendrai le temps qu'il faut", a déclaré la ministre sur la chaîne Réunion La 1ère, en soulignant qu'elle avait "une date d'aller" mais "pas de date de retour" de l'île. A La Réunion comme dans tous les territoires d'outre-mer, c'est le préfet qui fixe le prix maximal de vente des carburants chaque mois, sur la base de celui du baril. Après des violences, la situation était redevenue relativement plus calme durant le week-end avant de repartir à la hausse lundi. A la mi-journée, la Direction régionale des routes a recensé 32 barrages, bloquants ou filtrants. bat/ib/nm © Agence France-Presse 7
L'Insoumis Jean-Hugues Ratenon (La Réunion) brandit un gilet jaune à la tribune de l'Assemblée Paris, France | AFP | lundi 26/11/2018 - 23:49 UTC+2 | 389 mots Le député LFI de La Réunion Jean-Hugues Ratenon a brandi lundi soir un gilet jaune à la tribune de l'Assemblée nationale, dénonçant des droits "bafoués" sur l'île, secouée par des manifestations émaillées de violences, et un "comportement colonial du gouvernement français". La séance dédiée à la nouvelle lecture du projet de budget 2019 de la sécurité sociale a été brièvement suspendue. Mercredi dernier lors des questions au gouvernement, Jean Lassalle (non inscrit) avait revêtu un gilet jaune, entraînant là aussi une interruption de séance. M. Ratenon devait initialement défendre une motion préalable de rejet du projet de budget, qu'il a qualifié de "loi d'insécurité sociale". Il a saisi l'occasion d'être à la tribune pour dresser un long réquisitoire de la politique menée à La Réunion. Sur l'île, "la notion de liberté, égalité et fraternité est totalement bafouée par l'arrogance du pouvoir, la corruption des élus d'ici ou là-bas, et par votre manque d'humanité, vous les députés de la majorité", a-t-il lancé sous les protestations des élus visés. A La Réunion, qui traverse une "crise sociale intense", "le gros aide le gros, personne n'aide le petit", a-t-il affirmé. Le droit au travail, le droit de circuler, le droit à l'éducation et encore le droit à la santé, avec notamment l'eau souvent "impropre à la consommation", ne sont pas assurés, a poursuivi le député. Pour les Réunionnais, c'est aussi selon lui la "double peine" avec des prix qui "explosent chaque mois" et des revenus peu élevés. "Le peuple réagit" et "face à cela, votre réponse c'est la répression", a critiqué le député. "Je dénonce le comportement colonial du gouvernement français", a-t-il martelé devant le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin. Rappelant l'action mercredi dernier de Jean Lassalle, M. Ratenon a alors tiré de sa veste ce qu'il a appelé le "drapeau de la résistance", un gilet jaune. Le président de séance Marc Le Fur (LR) a alors brièvement interrompu la séance et le député a rangé le gilet jaune. Les députés ont alors repris leurs échanges sur le budget de la sécurité sociale. La ministre des Outre-mer Annick Girardin a annoncé qu'elle irait mercredi à la rencontre des "gilets jaunes" à La Réunion, où elle fera des annonces notamment sur le coût de la vie, alors que le nombre de barrages sur l'île est reparti nettement à la hausse. reb/or © Agence France-Presse 8
26/11/2018 Sur l'Île de la Réunion, l'économie est totalement paralysée par les «gilets jaunes» Par Guillaume Poingt L'île de la Réunion connaît ce lundi son 10ème jour de mobilisation. La ministre des Outre-mer Annick Girardin, qui a d'ores et déjà annoncé une baisse immédiate du prix des carburants, se rendra sur place mercredi. Grandes surfaces bloquées, rayons des commerces vides, stations-service appelées à fermer..... Le mouvement des «gilets jaunes» paralyse totalement l'Île de la Réunion. Et la contestation ne faiblit pas en ce 10ème jour de mobilisation: une quarantaine de barrages sont en place ce lundi, selon nos confrères de Réunion la 1ère. «L'Île de la Réunion est en arrêt total, toute l'économie est bloquée» explique au Figaro Nadia Ramassamy, députée LR dans la 6ème circonscription de La Réunion. Selon la députée, «les gilets jaunes bloquent l'entrée des grandes surfaces et font pression pour que les commerçants ferment». Résultat: les rayons sont vides car ils ne sont plus du tout approvisionnés. Les produits de première nécessité, comme le riz ou la viande, sont concernés, détaille Nadia Ramassamy, qui rappelle que l'Île de la Réunion «importe la plupart de ses produits». D'après la députée, «les agriculteurs ne peuvent même plus nourrir leurs animaux ou écouler leurs viandes». Autre difficulté majeure: l'approvisionnement en carburant. Le port de commerce est en effet bloqué et de nombreux automobilistes ont des difficultés à faire le plein. Outre l'alimentation et le carburant, c'est toute l'activité de l'île qui est affectée puisque les écoles, collèges et lycées sont fermés depuis une semaine. En outre, la Sécurité sociale est bloquée depuis lundi dernier. «Le RSA va être donné en retard», explique Nadia Ramassamy. «Les commerçants de l'île de la Réunion sont dans une situation catastrophique» Bernard Stalter, président du réseau des chambres de métiers et de l'artisanat Cette situation inquiète Bernard Stalter, président du réseau français des chambres de métiers et de l'artisanat. «L'île de la Réunion est le département le plus touché par les ‘gilets jaunes'», indique-t-il. Avant de poursuivre: «J'ai eu énormément de retours d'artisans - bouchers, charcutiers, boulangers, coiffeurs -, et ils souffrent énormément. La situation est catastrophique». Pour rappel, l'île de la Réunion compte environ 40.000 artisans. Selon Bernard Stalter, les entreprises de l'île connaissent déjà des difficultés en temps normal et sont fortement impactées par les blocages des «gilets jaunes». «C'est la double peine», illustre-t-il. Avant de poursuivre: «Les commerçants sont pris à la gorge et ont des problèmes de trésorerie». Bernard Stalter, qui doit rencontrer le ministre de l'Économie Bruno Le Maire ce lundi après-midi, demande notamment la possibilité d'un «échelonnement pour les charges à payer». «42% de la population vit sous le seuil de pauvreté» Nadia Ramassamy, députée LR dans la 6ème circonscription de La Réunion Crise économique et vie chère Pourquoi une telle mobilisation sur l'île de la Réunion? Selon Nadia Ramassamy, deux facteurs sont en cause: la vie chère et le manque d'emplois. «56% des jeunes sont au chômage, le taux de chômage atteint 30% pour l'ensemble de la population et 42% de la population vit sous le seuil de pauvreté», déplore-t-elle. La députée estime que la baisse des contrats aidés sur l'île a aggravé une situation déjà précaire. «Il y avait 24.000 contrats aidés en 2016 et il n'y en a plus que 11.000 aujourd'hui. Les contrats aidés sont très importants ici, les gens ont besoin de travailler», argumente-t-elle. Pour tenter de calmer la colère des Réunionnais, la ministre des Outre-mer Annick Girardin a annoncé ce lundi qu'elle irait mercredi à la rencontre des «gilets jaunes» à La Réunion, où elle fera des annonces notamment sur le coût de la vie. «Je prendrai le temps qu'il faut», a souligné sur la chaîne Réunion la 1ère la ministre. Annick Girardin a d'ores et déjà annoncé une baisse immédiate du prix des carburants. C'était l'une des revendications des manifestants. 9
Les élus débattent du statut de la Guyane sous pression des indépendantistes Cayenne, France | AFP | lundi 26/11/2018 - 21:47 UTC+2 | 298 mots Les élus de Guyane doivent se prononcer lors d'un congrès mardi sur un "projet d'évolution statutaire" prévoyant plus d'autonomie pour la Guyane, sous pression de militants indépendantistes qui appellent à une grève générale reconductible. Ils doivent également décider s'il saississent ou pas le gouvernement pour lui demander d'organiser une consultation populaire portant un changement de statut de cette collectivité territoriale ultramarine, qui lui accorderait notamment plus de pouvoirs législatifs. Cette saisine était prévue par l'"accord de Guyane" signé entre les élus, le collectif "pou Lagwiyann dékolé" et le gouvernement à l'issue de la grande mobilisation survenue au printemps 2017 dans ce territoire de plus de 260.000 habitants. A l'époque, les manifestants avaient surtout réclamé un "rattrapage" économique sur la France dans tous les secteurs, la question statutaire passant après. Depuis plusieurs jours, des syndicats et associations qui exigent cette saisine du gouvernement, ont appelé à la mobilisation en marge du congrès des élus. Un appel à la "grève générale reconductible" à compter de mardi est lancé par le syndicat de l'Union des travailleurs guyanais (UTG), syndicat majoritaire et indépendantiste qui fut l'un des piliers de la mobilisation de 2017. Le "Front guyanais pour un changement statutaire" interviendra lui, à sa demande, devant les élus mardi pour proposer son "projet Guyane" et pour appeler à l'organisation d'une "consultation populaire" dès que possible. Le "Front" est un nouveau collectif d'une trentaine d'associations majoritairement indépendantistes et opposants politiques à Rodolphe Alexandre, soutien d'Emmanuel Macron à la présidentielle. En janvier 2010, une consultation populaire avait été organisée en Guyane pour doter le territoire de compétences législatives en matière de foncier, d'emploi, d'enseignement, comme en Polynésie ou à Saint- Martin par exemple. Le non l'avait emporté à plus de 70%. Rodolphe Alexandre avait été l'un des seuls élus à militer contre l'évolution statutaire. mb-bat/ibLor © Agence France-Presse 10
26/11/2018 [DÉCRYPTAGE] Congrès des élus de Guyane: quels enjeux pour la Guyane et les autres collectivités des Outre-Mer ? (Exclu) Le mardi 27 novembre 2018 se tiendra à l’Hôtel de la Collectivité Territoriale de Guyane, le Congrès des Élus de Guyane. A la veille de cette journée, Outremers 360 vous propose des éléments de décryptage sur l’organisation de Congrès en Outre-mer et plus particulièrement en Guyane. Éléments de réponse avec Véronique Bertile, Maître de conférences en Droit public à l’Université de Bordeaux. Le congrès, c’est quoi ? Institution spécifique à l’outre-mer qui n’existe pas dans l’Hexagone, le congrès était, historiquement, dans les régions d’outre-mer monodépartementales, la réunion des membres du conseil général et du conseil régional à laquelle étaient conviés les députés et les sénateurs. Les sujets traités par le congrès étaient considérés comme si importants pour l’avenir du territoire qu’ils justifiaient la présence de tous les élus. Cette pratique a été codifiée par la loi d’orientation pour l’outre-mer (la fameuse «LOOM») du 13 décembre 2000 et n’existe telle quelle encore aujourd’hui qu’en Guadeloupe. La Réunion En effet, La Réunion a toujours refusé l’institution du congrès. A l’initiative de M. Edmond Lauret, sénateur de La Réunion, le Sénat a adopté un amendement supprimant pour La Réunion l’institution du congrès. Deux raisons étaient invoquées : – la première tenait à la perspective de la bi-départementalisation qui figurait dans le projet de loi. Le congrès était prévu pour les régions monodépartementales, ce qui excluait La Réunion pour laquelle une bi- départementalisation était envisagée. Mais cette disposition a été retirée en lecture définitive et La Réunion se trouvait à nouveau concernée par l’instauration du congrès ; – la seconde était l’application de l’article premier, alinéa 4, de la LOOM qui, « respectant l’attachement des Réunionnais à ce que l’organisation de leur île s’inscrive dans le droit commun », n’accordait la capacité de proposer des évolutions statutaires qu’aux assemblées locales des départements français d’Amérique (DFA). De l’opinion du sénateur, il y a à La Réunion une « volonté unanime de la population et des élus de rester dans le droit commun et de refuser toute possibilité d’évolution statutaire ». Pour autant, de façon informelle, les conseillers généraux et régionaux réunionnais ont déjà eu l’occasion de se réunir, comme cela a pu être le cas, par exemple, en 2009 lors des états généraux de l’outre-mer, pour formuler une proposition commune. 11
26/11/2018 Guyane et Martinique En Guyane et en Martinique, au moment du passage à la collectivité unique, l’institution du congrès a été redéfinie : il ne s’agit plus du « congrès des élus départementaux et régionaux » puisque le département et la région ont disparu, mais du « congrès des élus», qui a été étendu aux maires. Ainsi, le congrès des élus de Guyane est composé des députés et sénateurs élus en Guyane, des conseillers à l’assemblée de Guyane et des maires des communes de Guyane. Pour sa part, le congrès des élus de Martinique est composé des députés et sénateurs élus en Martinique, du président du conseil exécutif et des conseillers exécutifs de Martinique, des conseillers à l’assemblée de Martinique et des maires des communes de Martinique. Le rôle du congrès Le congrès est une structure de concertation entre les élus du territoire, une instance de débats et de réflexion. Il est chargé de formuler des propositions d’évolution institutionnelle ou relatives à de nouveaux transferts de compétences de l’État vers la collectivité territoriale. C’est une formation solennelle qui a une grande autorité, de par la légitimité de ses membres et l’importance des sujets traités mais ses propositions n’ont pas de caractère décisionnel. Pour produire des effets, elles doivent être validées par l’assemblée de la Collectivité, dont les délibérations seront transmises au Premier ministre. Il faut ainsi bien comprendre la nature du congrès : ce n’est pas une assemblée délibérante. Pour reprendre les termes du Conseil constitutionnel dans sa décision du 7 décembre 2000 relative à la LOOM, le congrès permet de faciliter les échanges de vues entre les élus et n’est pas « un conseil élu par lequel administrerait une collectivité territoriale de la République ». Le congrès des élus de Guyane : enjeux Suite au mouvement social sans précédent de mars et avril 2017, l’accord de Guyane signé le 21 avril 2017 prévoit, « à court terme », que le président de la collectivité territoriale de Guyane convoquera un congrès pour l’ouverture des travaux des états généraux du projet Guyane. Un premier congrès des élus s’est ainsi réuni le 14 octobre 2017 et a proposé le lancement des états généraux du territoire, lancement entériné par une délibération de l’assemblée territoriale de Guyane en date du 23 octobre 2017. La proposition du congrès, comme la délibération de l’assemblée, renvoient expressément à un prochain congrès de « bilan d’étape » pour une première restitution des travaux. C’est dans ce contexte que par délibération en date du 8 octobre 2018, l’assemblée territoriale de Guyane a autorisé le président de la collectivité à convoquer le congrès des élus de Guyane le 27 novembre 2018, avec comme points à l’ordre du jour, la restitution des états généraux de Guyane et la présentation du livre blanc. Le « livre blanc des états généraux de la Guyane » dresse, dans une première partie, les comptes-rendus des commissions thématiques des états généraux et expose, dans une deuxième partie, la stratégie territoriale de développement. Il comporte, enfin, une troisième partie portant proposition d’une « loi Guyane ». L’ensemble des élus de la Guyane sont ainsi invités à discuter des orientations de ce livre blanc et à formuler des propositions en vue de saisir le Gouvernement d’un projet d’évolution statutaire. L’Accord de Guyane indique que le Gouvernement devra répondre à ce projet en application de l’article 72-4, alinéa 2, de la Constitution. Cette disposition prévoit que le Président de la République peut décider de consulter les électeurs d’une collectivité territoriale située outre-mer sur une question relative à son organisation, à ses compétences ou à son régime législatif. Ainsi, si le congrès des élus de Guyane se prononce en ce sens, une consultation des Guyanaises et des Guyanais pourrait être prochainement organisée. Véronique Bertile Maître de conférences en Droit public à l’Université de Bordeaux 12
26/11/2018 PFLSS 2019: La FEDOM dénonce «une trahison des Outre-mer par le Gouvernement» Alors que le projet de loi sur le financement de la Sécurité Sociale est examinée ce lundi 26 novembre au Parlement, la FEDOM (Fédération des Entreprises des Outre-mer) et l’ensemble des organisations socio- professionnelles ultramarines dénoncent dans un communiqué, l’attitude du gouvernement concernant la révision de l’écosystème d’accompagnement économique des Outremer » avec notamment la suppression du CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) transformé en exonérations de charges. «Il (le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ndlr) ne répond aucunement à nos attentes et, « in fine », en tenant compte également de l’impact fiscal du basculement du CICE vers les charges sociales, c’est à une augmentation totale du coût du travail à laquelle les économies des DOM vont être confrontées en 2019.», souligne La FEDOM. Outremers 360 vous publie ci-dessous le communiqué de la Fedom en intégralité. 13
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L’OUTRE-MER DANS LA PRESSE LOCALE 15
LES UNES DE LA PRESSE LOCALE 16
LES UNES DE LA PRESSE LOCALE 17
GUADELOUPE 18
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GUYANE 27
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MAYOTTE 36
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NOUVELLE-CALÉDONIE 43
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26/11/2018 Réuni en conseil politique jeudi, Calédonie Ensemble a réaffirmé sa position et son envie de dialogue pour construire un avenir dans la paix. A quelque jours du prochain comité des signataires et alors que les positions se radicalisent côté loyaliste comme côté indépendantiste, le parti au pouvoir se dit confiant pour les prochaines échéances et maintient son cap, celui du dialogue. Le prochain comité des signataires est LE rendez-vous que tous les partis attendent. Prévu mi-décembre, il fait depuis quelques jours l’objet de toutes les surenchères et ce, dans les deux camps. Si côté indépendantiste on se dit plus serein que jamais et on parle déjà de victoire en 2020, côté loyaliste, c’est un peu la cacophonie. Le Rassemblement-LR veut tout simplement proposer de supprimer les deux prochains référendums et côté Républicains Calédoniens on annonce déjà vouloir « demander que la Nouvelle-Calédonie sortent des pays à décoloniser». Des positions qui ne manqueront pas, on s’en doute, de crisper des indépendantistes unis et de rendre les discussions très compliquées à Paris d’autant que l’Etat a déjà clairement annoncé qu’il s’en tiendrait à l’Accord de Nouméa et que seul un consensus fort pourrait changer la donne. « le 4 novembre le peuple calédonien, reconnu par le FLNKS, a démocratiquement choisi de maintenir le lien avec la France et ça, ça change tout ! » Le dialogue comme seule issue A Calédonie Ensemble, réuni en conseil politique jeudi dans un Amphi 400 complet, on parle déjà de « miroir aux alouettes » et d’agitation politique en vue des élections provinciales. Pour Philippe Gomes, avec 18 535 voix d’écart entre le « Oui » et le « Non », le résultat est « incontestable » et une nouvelle victoire du « Non » se profile en 2020 comme en 2022 d’ailleurs. Pour Philippe Dunoyer, député de la 1ere circonscription, « le 4 novembre le peuple calédonien, reconnu par le FLNKS, a démocratiquement choisi de maintenir le lien avec la France et ça, ça change tout ! ». Pour le leader du parti, Philippe Gomes, les équilibres sont les même depuis trente ans, le référendum l’a confirmé et les choses ne bougeront pas contrairement à ce qu’annoncent les indépendantistes. Philippe Michel, le secrétaire général, va même encore plus loin en décryptant les résultats : « L’écart de voix entre indépendantistes et non-indépendantistes n’a jamais été aussi élevé que lors du référendum. C’est le premier enseignement qu’il faut retenir ». « Le dialogue est la seule porte de sortie. C’est comme ça qu’on a construit notre pays, c’est comme ça qu’on vit en paix et c‘est comme ça que l’on doit continuer » Mais pour le parti au pouvoir pas de surenchère. « Le dialogue est la seule porte de sortie pour notre. C’était le cas hier, ce sera le cas demain, a martelé Philippe Gomès. Le consensus, c’est la seule manière de prendre des décisions ensemble, c’est à dire une majorité, les 57 % qui ont voté contre l’indépendance, avec la minorité, les 43 % qui ont voté pour. C’est comme ça qu’on a construit notre pays, c’est comme ça qu’on vit en paix et c‘est comme ça que l’on doit continuer ». « Parce qu’il y a le risque de retour des vieux démons, de fissure, nous avons le devoir collectivement de défendre la communauté de destin promise par Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou » Calédonie Ensemble entend donc maintenir son cap comme il l’avait annoncé bien avant le référendum. Et ce sera sa ligne de conduite pour l’avenir et les prochains rendez-vous. Car Philippe Gomes met en garde les Calédoniens. « Si certains, au lendemain du référendum ont vu ou entendu des choses qui ne correspondent pas à l’idée que l’on se fait du vivre ensemble, à ne plus y croire, pour autant il y a beaucoup d’endroit dans notre pays où il est une réalité. Alors attention. Parce qu’il y a le risque de retour des vieux démons, de fissure, nous avons le devoir collectivement de défendre la communauté de destin promise par Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou ». Le député de la 2ème circonscription se dit confiant en l’avenir « car le peuple calédonien a prouvé tout au long de l’histoire qu’il est susceptible de faire les bons choix pour le pays qui sont synonymes de respect et de paix ». 45
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POLYNÉSIE 48
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LA RÉUNION 53
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26/11/2018 Jean-Hugues Ratenon provoque un incident à l'Assemblée nationale en brandissant un gilet jaune A la tribune de l'Assemblée nationale, le député LFI de La Réunion s'est livré à un long plaidoyer qui s'est terminé par un incident. Il a sorti de sa poche un gilet jaune en clamant "Voilà la résistance". L'intervention de Jean-Hugues Ratenon a été suivie par une interruption de séance. © DR Après Jean Lassalle la semaine dernière, Jean-Hugues Ratenon a provoqué un incident de séance à l'Assemblée nationale en brandissant lundi soir un gilet jaune, tout en expliquant :"Voilà la résistance". Le président de séance a décidé d'interrompre les débats à l'Assemblée nationale, où se déroulait la discussion sur le budget de la sécurité sociale pour 2019. Un long plaidoyer Auparavant, durant quinze minutes, Jean-Hugues Ratenon s'est livré à un long plaidoyer. "Je ne suis pas un intellectuel, je n'ai pas fait Sciences-po, ni l'ENA, je n'ai pas bac +10, mais j'aime mon île, La Réunion (...) La Réunion ce sont des revenus beaucoup plus bas que dans l'hexagone, mais des prix beaucoup plus chers. C'est la double peine". Dans la poche de sa veste... A la fin de son intervention, le député LFI hausse le ton : "Ici dans et hémicycle, permettez-moi de mettre en avant le drapeau 974 de la résistance." Il sort alors de la poche de sa veste un gilet jaune et le brandit, sous les protestations des quelques députés présents dans l'hémicycle. Le président de séance annonce aussitôt que les débats sont suspendus et le micro de Jean-Hugues Ratenon est coupé. 67
26/11/2018 Barrages, détermination, annonces : ce qu’il faut retenir de ce 10e jour de crise sociale à La Réunion [SYNTHESE] Des barrages, des soutiens et de la détermination, malgré des annonces de baisse des prix des carburant ce lundi 26 novembre. La Réunion reste paralysée, alors que le mouvement des Gilets Jaunes attend la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, mercredi. © IMAZ PRESS Par Laura Philippon Près de quarante barrages étaient en place partout dans l’île ce lundi. Alors que les autorités espéraient un “retour à la vie normale”, les Gilets Jaunes ont durci le ton au dixième jour de la mobilisation. Barrages et paralysie Très tôt, les premiers barrages ont été dressés aux quatre coins de l’île. Le recteur et la préfecture annonçaient une ouverture des établissements scolaires pour les personnels et enseignants. Face au blocage très rapide du réseau routier par les Gilets Jaunes, de nombreux syndicats enseignants ont dénoncé “l’incompétence” du recteur fortement critiqué. Au fil de la journée, de nombreuses communes telles que Saint-Denis, Le Port ou encore la Possession ont décidé de fermer à nouveau leurs services municipaux. Les services de bus se sont aussi arrêtés en cours de matinée, contraints de rentrer aux dépôts face à la multiplication des barrages sur tout le territoire. Dans l'Est, des Gilets Jaunes ont également fait fermer des administrations. Une baisse des prix des carburants dès mardi Dès 6 heures du matin, la ministre des Outre-mer espérait pourtant calmer la grogne en affirmant qu'elle ferait plusieurs annonces dans le domaine de l'emploi et sur le coût de la vie, lors de son déplacement, mercredi à La Réunion. Elle annonçait avoir demandé au préfet de La Réunion que soit revu dès à présent à la baisse le prix du carburant. Le prix maximal des carburants est en effet fixé chaque mois par le préfet. Il s'agit donc d'une anticipation de quelques jours puisque ce prix devait de toute façon "évoluer" au 1er décembre. Vers 18 heures, le préfet a d'ailleurs publié un communiqué pour annoncer que la baisse du prix des carburants et du gaz annoncée par la ministre entrera en vigueur non pas le 1er décembre mais dès demain, mardi 27 novembre. Le sans-plomb s'affichera à la pompe à 1,43 centimes le litre, soit 13 centimes de moins que le prix actuel. Le gazole baissera de 7 centimes, un litre coûtera ainsi 1,21 centimes d'euros. La bouteille de gaz perd 1,33 centimes, elle passe ainsi de 18,75 € à 17,42 €. 68
26/11/2018 Les soutiens dans le bâtiment et au Port Ces dernières annonces, calmeront-elles la contestation sociale ? Rien n’est moins sur. De plus en plus de professions se disent solidaires du mouvement. Dans l’après-midi, l’intersyndicale du BTP a appelé à renforcer le soutien au mouvement des Gilets Jaunes. L'intersyndicale du BTP rejoint le mouvement Au Port-Est, la CGTR Port et Docks a réagi à cette crise qui secoue La Réunion. Les dockers expliquent qu'ils ne sont pas dans le mouvement car les gilets jaunes ne souhaitent pas de présence syndicale. Pour autant, la CGTR Port et Docks affirme soutenir le mouvement et se dit prête à prendre le relais des gilets jaunes, si ceux-ci sont délogés du Port Est par les forces de l'ordre. La CGTR Port et Docks explique qu'elle pourrait prendre le relais en ne reprenant pas le travail. Les pêcheurs ont aussi décidé de soutenir le mouvement L’économie en souffrance : annonces et plainte L’île est à l’arrêt depuis dix jours. Les planteurs perdent des milliers de tonnes de cannes, les agriculteurs perdent leurs productions, les éleveurs voient mourir des bêtes. Toute l’économie de La Réunion est au point mort et les dégâts vont se chiffrer en millions d’euros. Ce lundi soir, le "collectif des entrepreneurs réunionnais à la reprise d’activités à la Réunion" estiment à 100 000 le nombre de journées de travail perdues chaque jour pour les salariés et les entrepreneurs. 250 entrepreneurs ont décidé de porter plainte contre l’Etat. Cette décision a été prise alors que cet après-midi, des acteurs économiques étaient invités à la préfecture pour trouver des solutions. A l’issu de ce rendez-vous, le préfet a annoncé les premières mesures d’urgence d’accompagnement de l’économie. Parmi elles : une procédure accélérée de traitement des demandes d'activité partielle a été déployée, une fiscalité des entreprises étudiée au cas par cas, un échéancier possible pour les cotisations d’octobre, les banques devront aussi examiner avec bienveillance les dossiers. Nouvelle journée morte Ce lundi soir, les Gilets Jaunes attendent de pied ferme l’arrivée de la ministre des Outre-mer. Annick Girardin, mercredi matin. Elle entend se rendre sur les barrages de l’île pour “écouter les revendications et dialoguer avec les Réunionnais”. D’ici là, les écoles, établissements scolaires, et université resteront fermés demain, mardi. De nombreux services communaux ont aussi prévenu de leur fermeture. Pour un jour encore, La Réunion sera au point mort. 69
26/11/2018 Gilets jaunes à La Réunion: Le Préfet de La Réunion applique la baisse des prix des carburants et annonce de nouvelles mesures économiques d’urgences © Préfet de La Réunion Quelques heures après l’annonce de la Ministre des Outre-mer, le Préfet de la Réunion Amaury de Saint- Quentin a publié les nouveaux prix de carburants dans le département. Il a également le préfet a annoncé une série de mesures d’accompagnement des entreprises impactées par la mobilisation des Gilets jaunes. Après dix jours de mobilisation, les gilets jaunes à La Réunion obtiennent une première satisfaction avec la baisse des prix du carburants. Le Préfet de la Réunion a appliqué la baisse des prix des carburants qui entrera en vigueur à compter du 27 novembre 2018. Le sans-plomb s’établit ainsi à la pompe à 1,43 centimes le litre, soit 13 centimes de moins que le prix actuel. Le gazole baissera de 7 centimes pour afficher 1,21 centimes d’euros. La bouteille de gaz perd 1,33 centimes, elle passe ainsi de 18,75 € à 17,42 €. Le Préfet semble aussi avoir entendu le cri d’alarme des patrons réunionnais en annonçant des premières mesures d’urgence d’accompagnement de l’économie. A l’issue d’un comité réunissant la DRFIP, la DIECCTE, les 3 chambres consulaires, le MEDEF, la CPME, l’U2P, la CGSS, la CRR, l’IEDOM et la fédération française des banques. Il a été acté la mise en place d’une procédure accélérée de traitement des demandes d’activité partielle. « La direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIECCTE) traite d’ores et déjà 91 demandes (1800 salariés sont concernés pour 90.000 heures de travail)» souligne la Préfecture de La Réunion. Parmi les autres mesures d’urgence, un échéancier sera accordé aux entreprises pour les cotisations d’octobre, novembre et décembre, ainsi qu’une remise des majorations de retard pour les périodes considérées, le fonds d’aide d’urgence du SSI est activé, apport de cautionnement bancaire auprès la banque publique d’investissement mis à disposition. « Les banques locales se sont engagées à examiner avec bienveillance les dossiers qui leur seront présentés, notamment pour anticiper la prise en charge de l’activité partielle ainsi que le financement ponctuel des besoins en trésorerie» ajoute le communiqué. 70
27/11/2018 Un "black-out total" prévu pour l'arrivée de la ministre des Outre-mer Les gilets jaunes entendent marquer le coup ce mercredi pour l'arrivée de la ministre des Outre-mer ce mercredi. "Black-out total. L'heure n'est plus à la rigolade, il est temps de montrer c'est quoi un blocus", prévient un des gilets sur les réseaux sociaux. La circulation sera bloquée pour une paralysie de La Réunion. Ne passerons que "les urgences vitales, les infirmiers(es), don du sang, ambulances, taxis, personnel hospitalier, samu, les dialysés, pompiers, gendarmes, police, douane, personne à mobilité réduite et les responsables gilets jaunes", alertent-ils. "Vous êtes prévenus la population ! Il n'y saura fait aucune faveur, car les Réunionnais ont un combat à mener dans les 4 coins de l'île. Rester chez vous ou venez aux barrages". Le message de ce "créole toujours soif de justice" a été relayé par de nombreuses personnes. Il mise sur 300 points de blocages pour se faire entendre, "sans violence". "Aucune administration ouverte, aucune école ouverte, aucune société ouverte, aucun magasin ouvert, aucun passe-droit. Tout doit être fermer. La mobilisation doit être générale mon nation, mon peuple". N.P 71
27/11/2018 [Pierrot Dupuy] Les fausses bonnes idées de la ministre Girardin Comme annoncé, les Gilets jaunes sont montés d’un cran hier dans la mobilisation. Ils veulent manifestement faire monter la pression avant la venue de la ministre Annick Girardin, et ont organisé hier une véritable opération « ile morte », avec une augmentation sensible du nombre de barrages. La plupart des points routiers stratégiques de l’ile ont été bloqués, tandis que le port Est reste à l’arrêt. Depuis une semaine, pratiquement aucune marchandise n’est entrée ou sortie du port et les effets commencent à se faire sentir. La pression a été mise sur les grandes surfaces hier. Mais la plupart ont pu rester ouvertes même si les produits de première nécessité ont rapidement été dévalisés. Impossible par exemple de trouver un œuf dans toute l’ile hier. Et je ne vous parle pas des rayons de pâtes, de conserves ou de biscottes. Apparemment, il y en a qui font des réserves, pour être prêts au cas où le mouvement durerait. Quelques stations services sont ravitaillées de nuit, ce qui fait que l’on trouve de l’essence. Difficilement, mais on en trouve. Mais ça sert à quoi puisqu’on ne peut pas rouler… Le plus grave concerne les petites entreprises, celles qui ont déjà du mal à équilibrer leurs comptes. Ca fait une semaine que certaines d’entre elles n’ont pratiquement plus d’activité, voire plus d’activité du tout. Il y a du chômage technique à prévoir et probablement aussi des licenciements. Pendant ce temps-là, on a appris hier que les allocations de la CAF et les indemnités chômage de Pôle emploi allaient être versées. Et on en arrive au paradoxe extraordinaire que ceux qui bloquent l’économie, qui sont souvent des sans-emplois, vont toucher normalement leurs indemnités à la fin du mois et pouvoir préparer Noël, tandis que les salariés ou les petits patrons risquent d’être payés en retard, voire de perdre leur emploi. Elle n’est pas belle la vie ? Annick Girardin pour sa part va arriver mercredi matin à la Réunion. Je lui souhaite beaucoup de courage car elle va en avoir besoin pour faire face à une situation très compliquée. Sa stratégie est connue : quelles mesures annoncer qui à la fois calment le jeu et permettent d’espérer une sortie de la crise, tout en faisant en sorte que ça ne coûte rien, ou en tout cas le moins possible, au gouvernement ? Elle a commencé à déminer le terrain en demandant au préfet d’annoncer une baisse des prix des carburants de 13 centimes pour le sans plomb et de 7 centimes pour le gazole. Ça ne coûte rien au gouvernement. C’est uniquement du à la baisse du cours du brut et la mesure serait de toutes façons entrée en vigueur au 1er décembre. Elle n’a fait qu’avancer la date de quelques jours. Dans le même registre des mesures qui ne coûtent rien, elle va sûrement nous faire le coup du « Je vous ai compris, les Réunionnais aspirent à être plus autonomes, à gérer eux mêmes leur île ». Et dans ce registre, à en croire les propos avancés par Vanessa Miranville qui a eu la ministre au téléphone, elle pourrait annoncer une assemblée unique et l’abandon de l’amendement Virapoullé. Sauf que le problème de la Réunion est tout sauf institutionnel et ce serait la pire des erreurs que de relancer une guerre du statut. La Réunion n’a vraiment pas besoin de ça en ce moment. La Martinique et la Guyane ont une assemblée unique et elles ne se portent pas mieux que nous. Au contraire… Mais que vaut le bon sens face à la volonté d’une ministre qui veut donner l’illusion qu’elle écoute les Réunionnais. Mais qui surtout s’attache à préserver le portefeuille de l’Etat, quitte à sacrifier la Réunion… Pierrot Dupuy 72
Le Journal de Mayotte 27/11/2018 La ministre des Outre-mer à La Réunion dès mercredi, annonce une baisse du prix des hydrocarbures Par Anne PERZO Une véritable marée jaune a envahi la ville du Port samedi, preuve d’une mobilisation qui ne faiblit pas Cela fait dix jours que les gilets jaunes sont mobilisés à La Réunion et le mouvement ne semble pas faiblir. Hier, lundi, on dénombrait une quarantaine de barrages sur les routes du département et les leaders l’avaient annoncé la veille, le mouvement se durcit. Les déplacements sont de plus en plus difficiles, ce week-end les grandes surfaces ont pu ouvrir mais les rayons se vident, un millier de conteneurs sont en souffrance au port. Samedi, alors qu’un nouvel appel au rassemblement était lancé au niveau national, les gilets jaunes de La Réunion se sont donné rendez-vous dans la ville du Port. Entre 3000 personnes et 8000 personnes, selon les sources, se sont ainsi réunies, dans une ambiance festive, au son du maloya. Après avoir annoncé sa venue à La Réunion pour le milieu de semaine, Annick Girardin a souhaité désamorcer les tensions en annonçant avant même son arrivée, la baisse avec effet immédiat des hydrocarbures et du gaz : - 7 cts sur le gazole (1€21), -13 cts sur le sans-plomb (1€43) et -1€33 sur la bouteille de gaz (17€42). Elle a par ailleurs fait savoir qu’elle est une femme de terrain et qu’elle se rendra sur les barrages « à la rencontre des gilets jaunes s’ils le souhaitent ». Elle a appelé de ses vœux la réouverture des établissements scolaires et la levée des barrages pour permettre une reprise de la vie économique. Froidement accueillie par les leaders des gilets jaunes, qui se font désormais appelés « la coordination des gilets jaunes responsables », ont annoncé dimanche soir sur Réunion 1ère qu’ils exigeaient la retransmission en direct radio et télé des échanges avec la ministre des Outre-mer, comme cela s’était fait lors du mouvement des 500 frères en Guyane en 2017. Le couvre-feu a été levé dimanche, les violences nocturnes se sont éteintes peu à peu, plus d’une centaine d’interpellations a eu lieu, ce qui semble avoir calmé les casseurs et autres « coupeurs de route ». Le mouvement s’inscrit donc dans la durée et la ministre devra apporter dans ses valises car les attentes sont énormes, plus de 500 revendications ont été listées, et des mesures concernant l’emploi, le pouvoir d’achat et des aides aux entreprises sont attendues. M.C. 73
La Réunion. Social : Une Révolution jaune et noire mais sans un leader Saint-Denis. Samedi 24 novembre 2018. CCN « L’île intense » vit sous-tension permanente depuis l’éruption, toujours en cours, de la forte mobilisation, le jour, des gilets jaunes, relayée la nuit, par des émeutes urbaines. Deux mouvements distincts nés le 17 novembre mais qui n’en demeurent pas moins deux formes d’insurrection contre l’État français et les réformes du gouvernement. Ils ne sont ni syndicalistes, ni militants politiques ou associatifs… Les « gilets jaunes » réunionnais, mobilisés tous les jours depuis le 17 novembre aux quatre coins de l’île française de l’Océan Indien peuplée de 840 000 habitants, ont des profils aussi divers que leurs revendications et les raisons qui les motivent à paralyser l’île. Sur les dizaines et dizaines de zones de barrages - plus bloquants que filtrants - érigés quotidiennement sur les axes de circulation stratégiques de l’île vanille depuis désormais 7 jours consécutifs, se réunissent des jeunes, des retraités, des actifs de tous horizons… Tous partagent le même ras-le-bol et s’unissent pour crier leur colère. Celle-ci dépasse la simple hausse du prix des carburants, point de départ de la manifestation des gilets jaunes dans l’Hexagone. La preuve, l’annonce du gel pendant trois ans de l’augmentation de la taxe spéciale sur les carburants (TSC) par le Président de Région, Didier Robert, le 20 novembre, soit trois jours après le début de la mobilisation, n’a pas mis un terme au mouvement des citoyens arborant sans se lasser leur textile fluorescent. Au contraire, en ce début d’été austral, la mobilisation s’est renforcée. Elle a pris la forme d’une révolution jaune, couleur des citoyens révoltés mais qui se disent pacifistes. Cette insurrection populaire, que d’aucun n’avait vu venir (seules trois manifestations ont officiellement été déclarées en préfecture dont une hors-délai) et qui n’inquiétait pas trop les autorités, est le reflet d’une crise sociale pourtant latente qui ne demandait qu’à exploser. Car les insurgés se révoltent désormais contre l’ensemble des fléaux qui rongent la société réunionnaise depuis lontan. Alors aujourd’hui, comme depuis 7 jours déjà, ils sont encore debout, sur les routes et aux abords des ronds points. Le combat de la vie chère Ils se rebellent contre la vie chère, la baisse du pouvoir d’achat inversement proportionnelle à la hausse des taxes en tous genres, les bas salaires et les maigres retraites, les loyers inabordables, le nombre vertigineux de chômeurs (plus de 140 000), constitué de près de 60% de jeunes, le manque de formations locales, la pauvreté grandissante touchant 4 réunionnais sur 10 vivant sous le seuil hexagonal, ces emplois qu’ils estiment plutôt réservés aux « zoreilles » (autrement dit les « blanfwans »), au détriment des Réunionnais… La liste des revendications n’est pas sans rappelée celle portée par le LKP, en 2009, en Guadeloupe. Mais la comparaison s’arrête sur le fond. Car sur la forme, la mobilisation des gilets jaunes réunionnais est loin d’être aussi structurée que ne l’a été in fine le mouvement guadeloupéen, qui demeure un cas d’école. À la Réunion, les manifestants se cherchent un leader. Ou plusieurs, à défaut d’un. Et l’absence d’une figure charismatique, porte-parole des insurgés qu’incarne encore Elie Domota en Guadeloupe, rend la révolution jaune locale difficilement maitrisable par les autorités qui souhaitent mettre un terme à la grève généralisée, paralysant désormais toute l’économie de l’île et provoquant la pénurie du carburant comme des produits alimentaires. Tandis que les réservoirs et les frigos se vident, le préfet, Amaury de Saint-Quentin, se cherche toujours des interlocuteurs, maintenant qu’il est disposé à les recevoir. Le mépris du représentant de l’État Car il s’est d’abord montré hautain, en début de semaine, vis-à-vis des premiers groupes épars de gilets jaunes motivés pour le rencontrer. Il a d’emblée jugé opportun de les adresser à sa directrice de cabinet, ses proches collaborateurs ou les sous-préfets. Comme il fallait s’y attendre, se sentant méprisés, les gilets jaunes, déçus, ont donc coupé court à la première tentative de négociation émanant de l’Etat. De ce premier échec, il en est aussi ressorti qu’il fallait que les manifestants se structurent et se choisissant des référents. Ils ont aussi pris conscience qu’ils devaient établir une plateforme de revendications étayées et construites, pour obtenir du concret. 74
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