PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client
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PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client Contributeurs: Martin Dupras, Yves Gingras, Michaël Leclerc, François Normand, Dany Provost, Sophie Stival
Présentation Risque de survie Martin DUPRAS.......................................................................... 5 La règle du 70 % mise à mal Yves GINGRAS........................................................................... 7 Pour savoir si le client aura assez d’argent Sophie STIVAL............................................................................ 10 Forme des revenus de retraite Martin DUPRAS.......................................................................... 13 Décaissement : quatre stratégies pour combattre l’inflation François N ORMAND.................................................................. 15 Miser sur les rentes différées Sophie STIVAL............................................................................ 18 L’effet réel d’une cotisation R EER Michaël LECLERC...................................................................... 21 Optimisation REER-CELI : un peu de concret Dany PROVOST.......................................................................... 23 PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 2
Les auteurs Martin DUPRAS, M. Fisc, A.S.A., Pl. Fin. président fondateur, ConFor financiers Yves GINGRAS journaliste Michaël LECLERC, CPA, CMA conseiller associé, Valeurs mobilières Groupe Investors François NORMAND journaliste Dany PROVOST, Act., D.Fisc., CFA, Pl. Fin. directeur à la planification financière et fiscale, SFL Cité de Montcalm Sophie STIVAL, CFA analyste financière et journaliste Les textes de cet ouvrage ont été sélectionnés et réunis par Richard Cloutier, journaliste, Finance et Investissement. PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 3
Présentation Le départ à la retraite est un moment important de la vie de votre client et les enjeux liés à la planification de cette étape sont multiples : de la définition d’attentes réalistes quant à son style de vie, en passant par la transformation optimale de son épargne en revenu afin de s’assurer de disposer des ressources suffisantes pour la durée de cette période de sa vie. Dans ce contexte, les conseils que vous pourrez lui donner peuvent certainement s’avérer détermi- nants pour l’atteinte de ses objectifs. Finance et Investissement publie régulièrement des articles concernant la planification de la retraite et aborde des thèmes aussi diversifiés que le risque de survie, et les ren- tes différées. Dans cet esprit, le présent ouvrage a été conçu comme un aide-mémoire pour soutenir les conseillers dans leurs dé- marches auprès de leurs clients. On y retrouve une dizaine d’articles abordant différentes facettes de cette période de transition, incluant l’évocation des formes de revenus de retraite, ainsi que des stratégies de décaissement. Excellente lecture ! L’équipe de F inance et Investissement PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 4
Risque de survie Martin DUPRAS Une projection de revenus de retraite se base sur un on utiliserait l’espérance de vie à la naissance. Un tel grand nombre d’éléments. Les actifs du client, sa si- exercice, assez théorique, aurait peu de valeur, voilà tuation familiale et fiscale, ses droits acquis au titre de pourquoi on analysera plutôt ici l’espérance de vie du régimes de retraite privés et/ou publics, les hypothèses particulier qui a atteint l’âge de 65 ans. de rendement et d’inflation constituent quelques-uns de ces éléments. La durée de projection représente Toutefois, utiliser l’espérance de vie du particulier fréquemment un élément central de ces projections. comme date cible d’épuisement des actifs implique un certain risque en raison du fait que, statistiquement, 50 % des gens dépasseront cette durée. Si 50 % des Risque de survie particuliers survivaient à leur capital, cela impliquerait qu’une planification de retraite tablant sur l’espérance Il apparaît parfois contre-intuitif de vie aurait 50 % de probabilités de parler de risque de survie. Les de ne pas tenir la route. La survie risques de marché, d’inflation, de constitue donc réellement un coûts de santé semblent fréquem- Utiliser risque financier à considérer pour ment plus importants. Toutefois, le la retraite. particulier dont une part importante l’espérance de des revenus de retraite proviendra Pour pallier ce risque, la pra- de ses propres actifs devra se sou- vie du particulier tique prudente consiste à ajouter cier du risque de survie, autrement comme date cible quelques années à l’espérance dit du risque de survivre à son capi- de vie du particulier. Cette nou- tal, d’épuiser c elui-ci. d’épuisement velle durée constitue la durée rai- sonnable de décaissement. Elle des actifs représente essentiellement un âge Espérance de vie et durée raisonnable de implique un auquel 75 % (et non 50 %) des membres d’un groupe homogène décaissement certain risque. (âge atteint, sexe) seront décédés. Une planification de retraite tablant Historiquement, on a longtemps uti- sur la durée raisonnable de décais- lisé l’espérance de vie pour établir sement plutôt que sur l’espérance le moment où le capital retraite s’épuisait dans les pro- de vie n’aurait que 25 % de probabilités de ne pas tenir jections. L’espérance de vie est une donnée statistique la route, donc 75 % d’être valable. qui se base sur un âge futur auquel 50 % des membres d’un groupe homogène (âge atteint, sexe) seront décé- dés. Par exemple, si on avance que l’espérance de vie Normes de l’IQPF d’un homme de 65 ans est de 24 ans, cela signifie que sur un groupe de 1 000 hommes de 65 ans observés L’Institut québécois de planification financière présente aujourd’hui, 50 %, donc 500, devraient être décédés à ces données, espérance de vie et durée raisonnable l’âge de 89 ans. Si l’on planifiait la retraite d’un enfant de décaissement pour différents âges dans les Normes à sa naissance, ce qui est quand même assez rare ( !), d’hypothèses de projection. PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 5
Coût de cette prudence En conclusion Il semble donc pertinent (et prudent) d’utiliser la Durée Le décès constitue évidemment un risque, mais au mo- raisonnable de décaissement plutôt que l’Espérance ment de la retraite, la survie (ou la trop longue survie) de vie, mais cette pratique a un coût. Imaginons un constitue également un risque à gérer. homme de 65 ans qui possède un capital REER de 250 000 $ et qui vise en tirer un revenu uniforme. En ayant un rendement annuel de 3,90 %, il pourrait tou- cher un revenu annuel de 16 229 $ jusqu’à 89 ans (son Initialement publié dans la Zone Experts espérance de vie). S’il vise toucher un revenu annuel de Finance et Investissement, pour toute la Durée raisonnable de décaissement, en août 2017 soit jusqu’à 94 ans, il pourra tirer un revenu annuel de 14 546 $ de ses actifs. Dans ce cas-ci, le coût de cette prudence s’avère donc être une diminution de revenus annuelle de l’ordre de 1 683 $, ou 11,6 %. PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 6
La règle du 70 % mise à mal Yves GINGRAS Bon nombre de membres de l’industrie remettent en Éric Brassard et Robin Lévesque illustrent leur point question la règle selon laquelle un client doit compter de vue de l’exemple suivant. D’un côté, un céliba- à la retraite sur un revenu équivalant à 70 % du revenu taire de 50 ans qui gagne 100 000 $ par an, et à qui avant impôt qu’il gagnait durant sa vie active. ses parents ont dit qu’il hériterait d’une somme ron- delette. De l’autre, une personne qui touche aussi C’est le cas des conseillers Éric Brassard et Robin 100 000 $ annuellement, mais qui a à sa charge quatre Lévesque, qui contestent le enfants dont l’un est handicapé et bien-fondé de cette règle sur le un conjoint sans revenus, et qui, site web de leur cabinet, Brassard de plus, est l’aidant naturel d’un Goulet Yargeau, Services financiers Ce ratio de beau-parent qui habite chez lui. intégrés. 70 % du revenu « Dans les deux cas, il y aurait ap- Ils proposent plutôt une autre dé- marche, toute simple : « La vraie avant impôt paremment un besoin de 70 000 $ avant impôt durant la retraite… En question qu’il faut se poser est : "À n’est basé sur fait, dans aucun de ces cas la règle la retraite, quel est le train de vie de 70 % ne sera pertinente, car le que je veux mener ?" » rien de concret, coût de vie est une valeur après et il a depuis impôt, alors que la règle utilise une valeur avant impôt », observent Éric Un modèle désuet longtemps été Brassard et Robin Lévesque. D’au- tant plus que les responsabilités Les conseillers Éric B rassard et réfuté. financières de ces deux contribua- Robin L évesque associent la po- bles sont entièrement différentes. pularité de la règle du 70 % aux régimes à prestations déterminées. De nombreux ré- gimes en vigueur chez les grands employeurs privés et Cible surestimée publics donnent droit à une rente de 2 % du salaire par année d’expérience jusqu’à concurrence de 70 %, soit David Truong, conseiller principal en planification fi- 35 ans de service. nancière chez B anque N ationale G estion privée 1859, abonde dans le même sens. Il renvoie à l’expert « En fait, ce ratio de 70 % du revenu avant impôt n’est Malcolm Hamilton, Fellow de l’Institut C.D. Howe, qui basé sur rien de concret, et il a depuis longtemps été décortique cette problématique avec un autre cas type réfuté. Il en est de même d’ailleurs de n’importe quel dans son analyse « Do Canadians Save Too Little ». autre ratio, qu’il soit de 60 % ou de 80 %. Toute l’ap- proche est erronée », écrivent-ils. Il y cite l’exemple d’un jeune couple torontois dont les membres ont chacun 25 ans. Il divise leur vie en trois « Un des problèmes avec cette règle, c’est qu’elle cor- périodes : celle de 25 à 44 ans, durant laquelle ils ga- respond à un modèle désuet, soit celui d’une personne gneront 120 000 $, auront des enfants et s’achèteront qui travaille longtemps pour une entreprise qui a une une maison ; celle de 45 à 64 ans, durant laquelle ils caisse de retraite », observe Robert Laniel, conseiller toucheront 140 000 $ par an et verront leurs respon- en planification successorale chez RBC Dominion va- sabilités diminuer graduellement ; puis la dernière pé- leurs mobilières. riode, celle où ils seront à la retraite. PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 7
Malcolm Hamilton arrive à la conclusion que même sans L’effet capital de l’impôt aucune épargne, ils toucheront à la retraite 39 732 $ par année (régimes publics, crédits d’impôt, etc.) D’où l’importance de tenir compte également de la fiscalité. « En effet, les 10 000 $ provenant d’un REER Cela représente plus de 78 % des revenus discré- ou d’intérêts d’un CPG correspondent peut-être à tionnaires (revenus bruts moins impôts, cotisations di- une rentrée nette de 6 000 $, tandis que les 10 000 $ verses, paiements hypothécaires, dépenses liées aux du CELI ne seront pas imputés par l’impôt », souligne enfants, etc.) de 50 487 $ dont ils disposaient au cours Robert Laniel. de la première période de leur vie adulte, où ils devaient s’acquitter Selon les conseillers Éric B rassard de nombreuses dépenses incom- et R obin Lévesque, « une plani- pressibles (données de 2015). Cependant, fication de retraite effectuée à l’aide d’un chiffre avant impôt Toutefois, ce montant correspond pour la majorité est une mission impossible. » à 46 % de leurs revenus discré- C’est sans compter tous les pro- tionnaires tout juste avant leur re- des Canadiens, grammes sociaux qui, selon le traite, période durant laquelle ils la règle du 70 % cas, sont imposables ou non, et n’avaient plus de responsabilités les clauses de récupération si les familiales. On peut donc consta- surestime à la revenus excèdent certains seuils, ter le côté arbitraire de la règle du comme pour le S upplément de 70 %. fois le revenu de revenu garanti. remplacement à Selon M alcolm H amilton, « la règle Les deux conseillers de B rassard traditionnelle du 70 % convient aux la retraite et le Goulet Yargeau citent l’exemple jeunes familles prêtes à faire d’im- des prestations du Régime de ren- portants sacrifices durant 20 ans taux d’épargne tes du Québec (RRQ). « Il est par- dans le but, une fois à la retraite, de requis. fois préférable de les demander maintenir le niveau de vie supérieur plus tard, par exemple d’attendre dont ils auront bénéficié tout juste à 67 ans au lieu de 60 ans. Est-ce avant la retraite. Elle convient éga- que cela signifie que le client lement à ceux qui n’ont pas d’enfants et qui n’achète- devra dépenser moins à 60 ans et plus à 67 ans ? » ront pas de maison ». demandent-ils. « Cependant, pour la majorité des C anadiens, la règle « En réalité, pas du tout, répondent-ils. À 60 ans, il du 70 % surestime à la fois le revenu de remplacement devra simplement utiliser des ressources différen- à la retraite et le taux d’épargne requis », ajoute-t-il. tes de son patrimoine afin de stabiliser le coût de vie au niveau souhaité. Il paiera peut-être plus d’impôt à De plus, Éric B rassard et R obin Lévesque soulèvent 67 ans et moins à 60 ans, mais le coût de vie ne sera que la règle omet complètement tout le capital détenu pas modifié. » par le retraité. « La règle tient pour acquis que le coût de vie dépendra à 100 % des revenus », font-ils remarquer. Ils poursuivent leur raisonnement avec un autre exemple : « Les retraits du REER deviennent par- En effet, le retraité qui, par exemple, vendrait son fois plus élevés à partir de 72 ans et il faut prévoir chalet ou effectuerait des retraits de son CELI, pourrait plus d’impôt. Le coût de la vie changera-t-il pour au- encaisser des sommes supplémentaires et maintenir tant ? Probablement pas. Seule la ponction fiscale un train de vie supérieur à celui qu’indique son seul sera différente », illustrent Éric Brassard et Robin revenu imposable. Lévesque. PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 8
Ces derniers mentionnent également le fait que plu- Éric Brassard et Robin Lévesque sont inflexibles : « La sieurs retraités tirent des sommes d’une société de règle de 70 % est mauvaise à tous points de vue, et gestion. la seule option raisonnable est de l’éviter complète- ment ». « Pour eux, il est difficile d’établir le revenu avant impôt avant la retraite, et par conséquent, plus difficile encore Ils déplorent d’ailleurs que Retraite Québec utilise cette d’établir le revenu à la retraite basé sur le revenu avant règle sur son site web. « Cela entretient la désinforma- la retraite. Souvent, le client touche des dividendes tion et évite que les gens n’entreprennent un vrai pro- pour lesquels le traitement fiscal est bien différent de cessus de planification de retraite basé sur des notions celui du salaire. La règle du 70 % est inopérante dans pertinentes », affirment-ils. ce contexte », insistent les deux experts. Sur le blogue de R etraite Québec, on précise qu’il Ils en concluent qu’il est maladroit de tenter d’établir s’agit simplement d’une règle générale. Cette règle se- un coût de vie futur avant impôt, même dans des cas rait particulièrement utile pour les gens qui n’ont pas relativement simples. Allez voir alors pour des cas plus encore établi de plan précis pour la retraite. complexes… « Retraite Québec est consciente du fait qu’il y a un débat à ce sujet au Q uébec depuis toujours. Nous Point de départ ou piège ? croyons que l’idéal est de consulter un planificateur fi- nancier pour obtenir un objectif personnalisé », indique Si de nombreux experts déboulonnent la règle, l’ardeur la porte-parole de l’organisme, Shanie Lévesque-Baker. avec laquelle ils le font diffère. Ainsi, dans « Le point sur les pensions », Claude astonguay reconnaît qu’« il n’existe aucun fondement C Initialement publié dans scientifique » à l’appui du ratio de 70 %. Mais il choisit Finance et Investissement, sans autre explication une cible de 60 %, jugée « plus à la mi-novembre 2016 réaliste et atteignable ». Quant à R obert L aniel et D avid Truong, ils considèrent qu’il s’agit d’un point de départ pour aborder la ques- tion de l’épargne-retraite avec les clients. « On peut s’asseoir avec eux et leur dire : « Voici : 10 % de vos re- venus seront remplacés par la pension de la Sécurité de la vieillesse, 25 % par le R RQ et 30 % par votre caisse de retraite. Cela donne une idée du portrait d’ensemble et on peut partir de cela », explique D avid T ruong. PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 9
Pour savoir si le client aura assez d’argent Sophie STIVAL Après avoir estimé la longévité en années du porte- Moshe A. Milevsky cite l’exemple d’un client qui a ac- feuille de retraite et l’avoir comparée à l’espérance de cumulé 750 000 $ et qui souhaite retirer 65 000 $ par an vie du client, le conseiller peut entamer avec celui-ci (en dollars constants) jusqu’à son décès. Le taux de re- des conversations franches et s’assurer de bien se trait (w/M) est donc de 8,6 %. Si on estime que le por- faire comprendre, explique Moshe A. Milevsky dans la tefeuille pourra générer un rendement réel net de 2,5 % parution printanière du journal du en moyenne, la longévité estimée CFA Institute. Selon le professeur du portefeuille sera de 13,6 ans. de finance de l’Université York, les conseillers accordent trop d’impor- Les conseillers Est-ce bon ou mauvais ? C’est là tance aux probabilités de survivre où le dialogue avec le client prend à l’actif. Beaucoup de scénarios accordent trop tout son sens. basés sur des simulations de type d’importance Monte C arlo reposent sur des hy- Si votre client estime qu’il pourrait pothèses que de nombreux conseil- aux probabilités vivre encore une bonne vingtaine lers méconnaissent. d’années (espérance de vie), le dé- de survivre à calage est alors évident et il faudra Bien qu’il soit utile, ce genre d’ana- l’actif. prendre des mesures. lyse devrait passer en second lieu, croit Moshe A. Milevsky. Cette équation permet au conseil- ler de faire prendre conscience Comment estimer le nombre d’années que durera le à son client qu’il dépense trop, qu’il prend sa retraite pécule de vos clients ? Voici l’équation proposée par trop hâtivement ou qu’il n’a pas assez épargné, par Moshe A. Milevsky. exemple. Dans la pratique EL= 1 g ln ( w/M (w/M)-g ) Daniel Laverdière, directeur principal, planification fi- nancière et services-conseils, de Banque Nationale Gestion privée 1859, a décortiqué cette équation pour (EL : longévité estimée du portefeuille en années) Finance et Investissement. Il a comparé l’estimation de Moshe A. Milevsky avec le calcul exact (voir le tableau à la page suivante). Dans cette équation, w = le taux de décaissement me- suré en montant réel annuel, M = le montant accumulé « Il émet une hypothèse qui permet de simplifier les à ce jour, et g = la croissance réelle nette des actifs. calculs, et l’impact sur les résultats est mineur. Cette Le terme ln (logarithme naturel) se trouve sur la plupart formule est donc un bon estimé de la longévité d’un des calculatrices et permet de faciliter les calculs com- portefeuille », indique Daniel L averdière. prenant de nombreuses opérations. Il faut noter que cette équation ne fonctionne que si on dépense plus Malgré la simplicité mathématique de l’équation, plu- que le montant accumulé. sieurs variables restent inconnues, comme le rende- PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 10
Longévité en années d’un portefeuille de 1 M$ Ce tableau présente la longévité en années d’un portefeuille de 1 M$, selon différents taux de rendement réels nets de frais. Les résultats estimés résultent de l’équation de Moshe A. Milevsky. Résultat exact G 60 000 $ 55 000 $ 50 000 $ 45 000 $ 40 000 $ (w) } 0,0 % 16,7 18,2 20,0 22,2 25,0 0,5 % 17,4 19,1 21,1 23,6 26,8 1,0 % 18,3 20,2 22,4 25,3 28,9 1,5 % 19,3 21,4 24,0 27,2 31,6 (L) 2,0 % 20,5 22,8 25,8 29,7 35,0 2,5 % 21,8 24,5 28,1 32,8 39,7 3,0 % 23,4 26,7 31,0 37,2 46,9 Résultat estimé G 60 000 $ 55 000 $ 50 000 $ 45 000 $ 40 000 $ (w) } 0,5 % 17,4 19,1 21,1 23,6 26,7 1,0 % 18,2 20,1 22,3 25,1 28,8 1,5 % 19,2 21,2 23,8 27,0 31,3 (L) 2,0 % 20,3 22,6 25,5 29,4 34,7 2,5 % 21,6 24,2 27,7 32,4 39,2 3,0 % 23,1 26,3 30,5 36,6 46,2 Légende : G = taux de rendement réels nets de frais ; w = montant annuel retiré ; L = longévité exprimée en années Source : Daniel Laverdière, Banque Nationale Gestion privée 1859 Tableau : Finance et Investissement ment réel net des actifs (g). L’espérance de vie en est à un homme de 60 ans qu’il a 50 % de possibilités (pro- une autre et on doit la comparer au résultat obtenu. babilité de survie) de se rendre à 89 ans, par exemple. « N’oublions pas que l’espérance de vie est une « Le planificateur financier suggérera à son client d’en- moyenne, souligne Daniel Laverdière. Si je planifie en visager un âge pour l’épuisement de son actif où la fonction de cette moyenne, quand j’arriverai à cet âge, probabilité de survie n’excède pas 25 %, car on juge soit environ 85 ans, la moitié de mes clients seront en- que 50 % de probabilité de survie ou une possibilité core en vie. On voudra donc prévoir une probabilité de sur deux d’être encore vivant et de manquer d’argent, survie dite raisonnable. » c’est trop risqué. Le décaissement du capital sera ain- si étalé jusqu’à 91 ans plutôt que jusqu’à 85 ans. Le Il suffit de consulter les tables de mortalité qui varieront client verra sur papier son épargne diminuer au fil des selon l’âge du client, son sexe et le fait qu’il soit fumeur ans jusqu’à l’âge où il ne lui restera plus rien », explique ou non. L’Institut québécois de planification financière Nathalie Bachand. (IQPF) publie une mise à jour régulière de ces tables. Le professionnel propose donc un scénario qui fonc- « La notion de probabilité de survie n’est pas si com- tionne. Ensuite, ce sera au client de prendre la décision. pliquée à expliquer aux clients », affirme Nathalie Bachand, planificatrice financière et présidente de « Ce sont bien sûr des projections, et plusieurs varia- Question Retraite. bles sont estimées. On tente de lire l’avenir et rien n’est statique. Mais on n’a pas besoin de montrer des gra- Selon l’âge de la personne, on lui présentera un tableau phiques avec des courbes en forme de cloche pour se qui lui montre qu’en vieillissant, les possibilités qu’elle faire comprendre », précise-t-elle. vive de nombreuses années diminueront. On expliquera PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 11
Des estimations prudentes Un scénario qui évolue Quant à l’estimation du rendement réel net du porte- Daniel Laverdière rappelle l’importance de revoir la feuille, le fameux g dans l’équation de Moshe A. Mi- projection de retraite du client régulièrement, chaque levsky, elle aura aussi une grande incidence sur le ré- année ou tous les deux ans. sultat de l’équation. « Cette variable doit être au centre des conversations avec le client », souligne d’ailleurs le « On pourra alors s’adapter. Le client pourra éventuelle- chercheur. ment dépenser plus ou, au contraire, il devra se serrer la ceinture à la suite, par exemple, d’une séquence de « Il suffit que le rendement estimé dévie d’un demi-point mauvais rendements, ou si l’inflation est plus impor- de pourcentage pour que les résultats changent de tante que prévu », explique Daniel L averdière. quelques années. On voudra donc estimer pendant combien de temps le capital pourra s’étirer en testant Comme l’épuisement du capital est fonction de la ca- différents scénarios », remarque D aniel Laverdière. dence des retraits (w/M), du rendement réel généré (g) et de l’espérance de vie, « on doit s’attarder aux va- Par ailleurs, « il faut cesser de se fier à des taux de riables que l’on contrôle, soit aux montants retirés à rendements historiques », affirme Hélène Gagné, ges- la retraite, rappelle D aniel L averdière. Une cadence de tionnaire de portefeuille chez G estion privée P eak. retraits élevée, soit 6 % ou plus, risque d’être difficile à soutenir, à moins que le client soit très âgé ou que son « Les taux obligataires baissent depuis 35 ans. On ne rendement soit très élevé. » peut donc plus compter sur les gains en capitaux du passé pour améliorer la performance du portefeuille de Enfin, Moshe A. Milevsky reconnaît lui-même que son retraite », dit-elle. équation n’est pas parfaite. Elle laisse de côté des concepts plus complexes, comme celui des annui- « Et lorsqu’on planifie la retraite, ce n’est pas le mo- tés variables, et elle utilise des rendements fixes et ment de présenter des scénarios trop optimistes, pré- constants, ce qui est peu réaliste. Cependant, cette vient Hélène Gagné. Pour un profil équilibré, composé estimation est un bon moyen, croit-il, d’expliquer le à parts égales d’actions et d’obligations, si on prévoit concept de longévité du portefeuille à une clientèle qui un rendement de 4 % net de frais, en tenant compte est peu familiarisée avec cette notion. d’une inflation de 2,5 à 2 %, on obtiendra un rende- ment réel net d’environ 1,5 % ou 2 %. » Ensuite, on peut pousser plus loin la conversation avec le client en parlant du côté aléatoire des résultats en « Si on obtient un meilleur rendement, tant mieux, il raison de variables qui le sont également. On peut sera alors temps d’actualiser le scénario pour en tenir alors préciser qu’il existe des distributions de résultats compte », ajoute-t-elle. pour la longévité de son portefeuille. Alors que le temps passe, le niveau de dépenses et les besoins financiers Le client doit aussi comprendre que si le scénario le de chaque client varieront également. plus probable ne fonctionne pas, il n’existe pas des centaines de solutions : soit il travaille plus longtemps « Cette équation est un premier pas intéressant, mais ou à temps partiel après 65 ans, soit il dépense moins. on ne s’en sort pas. Il faudra à un moment ou à un « On ne peut pas tabler uniquement sur les rende- autre parler de probabilité de survie avec le client », ments », rappelle Nathalie B achand. croit Daniel Laverdière. Initialement publié dans Finance et Investissement, à la mi-novembre 2016 PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 12
Forme des revenus de retraite Martin DUPRAS Beaucoup de particuliers vont tirer une part de plus en ELI), pour générer, pour la durée de décaissement C plus importante de leurs revenus de retraite de leurs raisonnable, un revenu annuel de 10 000 $. Dans le cas propres actifs. d’un outil tel que le REER, le CRI, le FERR, le FRV ou le RVER, le revenu annuel précité de 10 000 $ sera sou- Qu’il s’agisse d’actifs enregistrés (REER, CELI, RVER, mis à l’imposition. À l’inverse, si l’instrument utilisé est etc.), d’actifs immobilisés (CRI, REER immobilisés, le CELI, ce revenu annuel sera exempt d’impôts. En FRV, etc.), d’actifs immobiliers (résidence principale, raison de l’imposition annuelle des rendements sur les secondaire, etc.), d’actifs corporatifs (sommes dé- actifs non enregistrés (hors les outils déjà cités), le ta- tenues dans une société par actions) ou autre, leur dé- bleau s’applique difficilement à ces actifs. caissement optimal entraînera son lot de défis. L’arri- mage des retraits de ces actifs aux sources de revenus Les calculs ont été effectués en utilisant les Normes récurrentes (régimes de retraite publics, régimes de d’hypothèses de projection de l’IQPF de 2017. On y retraite à prestations déterminées, etc.), dont certaines spécifie la durée de décaissement raisonnable, le ni- sont indexées, nécessitera également une planifica- veau d’inflation annuel de 2,00 % et un rendement tion. Au-delà des considérations fiscales, d’immobili- net de 4,00 %, ce qui correspond, toujours selon ces sation ou autres, quelle devrait être la forme globale Normes, au rendement à long terme d’un portefeuille des revenus de retraite du particulier ? équilibré dans un environnement de frais annuels ap- proximatifs de 1,00 %. La durée de décaissement raisonnable, qui apparaît au tableau, représente le Revenus stables ou indexés nombre d’années au-delà duquel le particulier n’a sta- tistiquement que 25 % de probabilités de survivre. Viser un revenu global indexé coutera cher, très cher. Le tableau suivant présente le capital nécessaire, dans En utilisant ce tableau, on peut estimer qu’un homme un instrument enregistré (REER, CRI, FERR, FRV ou âgé de 65 ans qui désire tirer de son REER un revenu Capital nécessaire dans un véhicule enregistré pour générer un revenu annuel de 10 000 $ Homme Femme Épargne requise Épargne requise Âge Durée Revenus Revenus Durée Revenus Revenus atteint décaissement non-indexés indexés décaissement non-indexés indexés 60 34 184 112 $ 246 462 $ 36 189 083 $ 256 501 $ 65 29 169 837 $ 219 592 $ 31 175 885 $ 230 654 $ 70 24 152 470 $ 189 982 $ 26 159 828 $ 202 172 $ PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 13
annuel non indexé de 40 000 $ aura Tout dépendant du niveau global besoin de quatre fois le solde pré- Viser un revenu de revenus, serait-il imprudent de senté à ce tableau, soit un montant constant tabler sur une baisse importante de 679 348 $. Ce même homme qui des revenus à un âge avancé ? La vise un revenu de 40 000 $, mais implique définition de la qualité de vie du cette fois indexé à l’inflation, donc particulier va forcément changer un pouvoir d’achat constant, aura littéralement un entre les deux périodes précitées, besoin d’un montant de 878 368 $. appauvrissement mais pourquoi la qualité de vie de Ce dernier montant est supérieur de la seconde période serait-elle in- 29 % au montant nécessaire pour fi- annuel du férieure à celle de la première pé- nancer le même revenu non indexé. riode ? Viser un revenu indexé nécessitera retraité. donc un effort d’épargne supplé- L’optimisation des revenus de re- mentaire de cet ordre, 29 %, ou, à traite nécessitera évidemment une solde d’épargne égal, impliquera un revenu de départ analyse mathématique très structurée. Ce travail de- moindre. L’alternative, soit viser un revenu constant, vrait toutefois probablement être précédé d’une dis- implique littéralement un appauvrissement annuel du cussion avec le client sur plusieurs éléments, dont les retraité. deux déjà cités. Initialement publié dans la Z one Experts Revenus uniformes ou en escalier de Finance et Investissement, en février 2018 De très nombreux retraités, actuels ou futurs, voient leur retraite comme deux périodes successives. La pé- riode « Vacances » (par exemple de 60 ans à 75 ans) sera celle où ils seront très actifs, feront du sport, voyageront et feront du bénévolat, par exemple. Sui- vra la période « Repos » (après 75 ans dans l’exemple précité) durant laquelle le rythme va forcément ralentir. Quoiqu’il semble assez clair que le style de vie et la na- ture des dépenses seront très différents d’une période à l’autre, est-ce que cela se traduira nécessairement par une baisse des dépenses ? Il est fort probable que les dépenses de loisirs de la première période seront éventuellement remplacées par des dépenses de soins de santé dans la deuxième période. PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 14
Décaissement : quatre stratégies pour combattre l’inflation François NORMAND Allouer une partie du portefeuille d’un client dans une La prudence est donc de mise concernant l’inflation, rente viagère indexée n’est pas la seule façon de pro- d’autant plus que son impact peut être très sournois. téger son pouvoir d’achat durant sa retraite. Par exemple, un panier de biens qui coûtait 100 $ en 1992 coûte aujourd’hui 155 $, selon un calculateur de D’autres stratégies peuvent être déployées pour lutter la B anque du C anada, ce qui équivaut à un taux d’infla- contre l’inflation en période de décaissement, selon des tion annualisé de 1,77 % pendant cette période. spécialistes interviewés par Finance et Investissement. Ainsi, l’inflation est un risque important à la retraite Nous avons demandé à quatre spécialistes d’élabo- puisqu’elle peut gruger le pouvoir d’achat des clients. rer des stratégies pour aider un client fictif de 65 ans à protéger son pouvoir d’achat avec un portefeuille La hausse de l’espérance de vie fait que l’inflation de- d’une valeur d’un million de dollars. Les voici. vient un enjeu de plus en plus important, souligne l’Au- torité des marchés financiers (AMF) dans une analyse publiée en 2016 « L’inflation et l’espérance de vie : une 1. Se constituer un coussin et reporter la combinaison dangereuse pour votre retraite ? ». demande de sa RRQ et de sa PSV « La possibilité d’être à la retraite S’il en a les moyens, ce client jeune plus longtemps vous demandera retraité devrait consommer moins plus d’épargne », rappelle l’AMF. que son réel pouvoir d’achat, affirme Plus d’épargne certes, mais encore L’inflation est un Daniel Laverdière, directeur princi- faut-il qu’elle ne soit pas grugée par pal, centre d’expertise, chez Banque l’inflation entre le début de la re- risque important Nationale Gestion privée 1859. traite du client et son décès. à la retraite C’est pourquoi il suggère d’ajuster Au cours des dix dernières années, puisqu’elle peut la consommation du client, comme le taux d’inflation annuel a toujours si l’inflation était supérieure d’un été inférieur à 3 %. À long terme, gruger le pouvoir point de pourcentage à ses pré- les experts prévoient qu’il se si- visions de décaissement. Si les tuera aux alentours de 2 %, selon d’achat des spécialistes anticipent une inflation l’AMF. clients. annuelle de 2 %, il faut planifier en fonction d’un scénario à 3 %. Par contre, des poussées infla- tionnistes sont possibles, comme Daniel Laverdière a fait un calcul par le passé. En 1981, l’inflation a atteint 12,47 % au pour notre retraité fictif, tout en lui donnant une espé- Canada, un record depuis 1950, selon le site Inflation.eu. rance de vie de 90 ans. Cette personne a donc besoin Et en 1991, elle était encore à 5,64 %. de prestations pendant 25 ans. PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 15
Dans cet exemple, un coussin d’un point de pourcen- La multinationale versait récemment un dividende de tage représente une diminution de 10 % du montant 1,96 % par action, selon B loomberg. Or, depuis cinq maximum que notre retraité peut dépenser en théorie ans, le titre s’est apprécié de 91 % (plus la valeur du chaque année. « Si l’inflation augmente, je suis un peu titre augmente, plus la valeur du dividende augmente). protégé », insiste Daniel Laverdière. Le stratège aime bien aussi les Par contre, si l’inflation demeure aux actions de Bank of America (BAC) alentours de 2 %, le retraité pourra Dans la et de Citigroup (C), deux impor- toujours ajuster sa consommation à tantes institutions financières aux la hausse s’il le souhaite. stratégie, États-Unis. l’important Pour réduire le risque de l’inflation, Bank of America offrait récemment Daniel L averdière suggère aussi de c’est qu’on un dividende de 1,87 % par ac- reporter de cinq ans le moment où tion. Depuis cinq ans, la valeur du un client commence à toucher ses s’assure d’avoir titre a bondi de 175 %. Citigroup prestations du R égime de rentes du un rendement verse pour sa part un dividende de Québec, de la Sécurité de la vieil- 1,73 % par action. En cinq ans, le lesse (PSV) et du S upplément de supérieur à titre de l’institution a plus que dou- revenu garanti. Ces trois sources blé (112 %). de revenus sont entièrement in- l’inflation afin dexées à l’inflation. de prolonger 3. Investir dans les Les sommes auxquelles le client re- la durée du obligations à rendement traité a droit peuvent être majorées, patrimoine du réel selon le régime, d’un facteur variant de 0,6 % à 0,7 % par mois, entre le client. Jocelyn B issonnette, gestionnaire moment où le client atteint 65 ans de portefeuille chez D esjardins et le moment où il atteint 70 ans. En Gestion internationale d’actifs, reportant le moment où il touche sa propose de réduire le risque infla- rente, le client verra qu’une part plus importante de son tionniste en investissant dans les obligations à rende- revenu de retraite est donc « protégée » contre l’infla- ment réel telles que les obligations du gouvernement tion. canadien. Ces titres à revenu fixe sont conçus pour suivre le 2. Acheter des actions privilégiées rythme de l’inflation. Ainsi, deux fois par année, l’inves- tisseur reçoit des paiements d’intérêt ajustés à l’indice Stéphane Rochon, vice-président et directeur général, des prix à la consommation. chef de la recherche pour la clientèle privée chez B MO Nesbitt B urns, suggère d’investir dans des actions qui De plus, lorsqu’une obligation à rendement réel arrive versent un dividende pour réduire le risque d’inflation. à échéance, le montant que l’investisseur récupère (la « Le dividende compense l’inflation », d it-il. valeur nominale) est également ajusté en fonction de l’inflation. Le stratège conseille de rechercher les entreprises dont les actions versant un dividende sont en forte Par ailleurs, le retraité peut investir dans les obligations croissance. C’est pourquoi il recommande le titre d’Ac- aussi bien à long terme qu’à court terme afin de proté- centure (ACN), un consultant américain dans le secteur ger son pouvoir d’achat, précise J ocelyn B issonnette. des technologies. « La mécanique des obligations à rendement réel fait PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 16
en sorte qu’elles s’ajustent automatiquement chaque être utilisés (le CELI, par exemple) ou l’ordre de décais- mois en fonction de l’inflation observée le mois pré- sement des comptes. cédent. » « Tous ces facteurs peuvent faire Les clients peuvent aussi investir une différence majeure dans la si- dans l’éventail de fonds d’obliga- tuation financière d’une personne tions à rendement réel, qui com- Le retraité peut qui décaisse ses actifs. Souvent, la prennent notamment des obliga- investir dans les différence réside justement dans le tions de sociétés. fait de pouvoir se permettre des re- obligations aussi venus indexés ou non à l’inflation », souligne Guylaine Dufresne. 4. Avoir trois années de bien à long terme flux monétaire dans des qu’à court terme Elle cite l’exemple d’un client qui placements liquides a des actifs importants dans un afin de protéger REER, un CELI et un compte non Guylaine D ufresne, directrice princi- enregistré. À sa retraite vers 60 ans, pale, investissement et planification son pouvoir ce client décide de retirer des ac- financière chez Valeurs Mobilières d’achat. tifs uniquement de son CELI, car Banque Laurentienne, préconise les retraits sont non imposables et de réserver une somme représen- reportent les retraits du REER au tant trois années de flux monétaire moment où il est obligé de le faire, dans un portefeuille de placements dits sûrs, comme c’est-à-dire à 72 ans. des certificats de placement garanti (CPG), des obliga- tions à court terme ou des fonds de marché monétaire. Si le solde de son REER fait que le minimum qu’il est tenu de retirer de son FERR (provenant de son REER) En même temps, le client peut investir le reste de est relativement élevé, le client pourrait perdre cer- son capital dans un portefeuille plus dynamique (tout tains crédits sociofiscaux ou même devoir rembour- en respectant bien entendu sa tolérance au risque), ser une partie de sa P SV. « Des retraits de montants comme des actions privilégiées. Le retraité s’assure moins importants de son FERR avant 72 ans auraient ainsi que cette partie du patrimoine obtient un rende- possiblement pu éviter une telle situation », précise ment supérieur à l’inflation. Guylaine Dufresne. « Dans la stratégie, l’important c’est qu’on s’assure d’avoir un rendement supérieur à l’inflation afin de prolonger la durée du patrimoine du client. Le por- Initialement publié dans tefeuille plus dynamique servira à alimenter le por- Finance et Investissement, tefeuille de flux monétaire au fil des ans », explique en novembre 2017 Guylaine Dufresne. Selon elle, la gestion du portefeuille est tout aussi im- portante pendant la période de décaissement que pen- dant la période d’accumulation. Pour réduire le risque d’inflation, Guylaine Dufresne af- firme qu’un conseiller peut aussi tenir compte de fac- teurs importants, comme l’imposition des différentes formes de revenus, les types de comptes qui peuvent PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 17
Miser sur les rentes différées Sophie STIVAL L’augmentation de l’espérance de vie fait en sorte que sa PSV, c’est une autre histoire. Si on est en bonne de plus en plus d’épargnants s’inquiètent de ne pas santé et que notre espérance de vie est élevée, on avoir suffisamment d’argent pour vivre décemment voudra profiter de ces bonifications qu’on pourra dif- jusqu’à un âge avancé. Reporter certaines rentes gou- ficilement générer avec notre REER. Chaque cas est vernementales ou acheter une unique. » rente différée peut se révéler une solution intéressante pour apaiser Daniel L averdière, directeur prin- leurs craintes. Pour l’investisseur cipal, planification financière et services-conseils, de Banque Dans une telle situation, la pre- qui a un profil Nationale G estion privée 1859, mière stratégie à envisager sera le prudent, le coût juge lui aussi que « l’idée de dif- report de la pension de la Sécurité férer une rente à partir de 80 ans, de la vieillesse (PSV) et de la rente d’une rente par exemple, est pertinente ». Le du R égime de rentes du Québec client s’assure ainsi d’avoir des (RRQ). « La possibilité de reporter viagère ou différée revenus à une date ultérieure, au de 65 à 70 ans la P SV et la R RQ n’est peut-être pas moment où son plan financier est une excellente idée sur le plan pourrait connaître des ratés. financier », affirme Hélène Gagné, si élevé. gestionnaire de portefeuille chez Et comme le souligne l’expert Gestion privée P eak. dans le numéro de mai du ma- gazine La Cible, de l’Institut qué- N’oublions pas que ces deux allocations sont pleine- bécois de planification financière (IQPF), seulement ment indexées, ce qui n’est pas le cas de bien des ré- 10 % de la population en général décède entre 60 et gimes de retraite. 70 ans. En attendant après 70 ans pour prendre une rente viagère, le client évite de payer des frais adminis- tratifs à l’assureur, puisque ce dernier sait qu’il est peu Situations à considérer probable que le client décède avant cet âge, explique Daniel Laverdière. Il ne faut toutefois pas perdre de vue les objectifs suc- cessoraux du client. « Si une personne diffère sa rente Ainsi, ceux qui meurent tôt et qui ont choisi d’acheter de cinq ans, elle va utiliser davantage de capital et cela une rente à un plus jeune âge contribueront à financer risque d’en laisser moins pour le conjoint survivant ou ceux qui vivent longtemps. la succession », rappelle Hélène Gagné. Il faut donc discuter de tous ces aspects avec le client. Préfinancer la rente « Dans le cas où l’état de santé d’une personne pose un risque, je ne recommande pas de reporter Afin d’éviter des frais inutiles, le conseiller peut préfi- les rentes, ajoute-t-elle. Par contre, si une personne nancer la rente de son client en mettant de côté une travaille encore à 65 ans et qu’elle risque de perdre partie de son actif. Il se renseignera également au- PLANIFICATION DE LA RETRAITE : Petit guide à consulter avant de rencontrer votre client 18
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