Les productions de LA - MEZZANINE À LA MARGE 2019 - 2020 CAHIER - 2020 les productions de LA MEZZANINEÀ LA MARGE

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Les productions de LA - MEZZANINE À LA MARGE 2019 - 2020 CAHIER - 2020 les productions de LA MEZZANINEÀ LA MARGE
CAHIER
     2019 - 2020

                    © Denis Chabroullet / Kinga Sagi

les productions de LA
MEZZANINE À LA MARGE
Les productions de LA - MEZZANINE À LA MARGE 2019 - 2020 CAHIER - 2020 les productions de LA MEZZANINEÀ LA MARGE
SOMMAIRE
  EDITO       NOTE D’INTENTION ORPHÉE ET EURYDICE P 6
  P3»5
                Orphée et Eurydice, un opéra pour l’âge de la sérénité ?
             INTERVIEW CROISÉS       P 7 » 11
             PORTRAITS chefs d’orchestre & CHANTEURS         P 12 » 17
             NOTRE HISTOIRE AVEC VISEU        P18-19
             PORTRAITS CHORÉGRAPHES & DANSEUSES P 19-21
             PORTRAITS ÉQUIPE TECHNIQUE       P 21 » 24
             DISTRIBUTION P 25

             OUVERTURE DE SAISON P 26 -27
             les RECYCLES DU 7ème CONTINENT P 28-29

PROCHAINE CREATION DE CECILE MAQUET : CONQUêTE DES NEIGES P 31

             Les Décintrés ( en costumes ) : UN AN APRÈS... P 32-33
« LE NèGRE VOLANT » EN TOURNÉE DANS LES LYCÉES ALENTOUR P 34-35
             NOS AVENTURES AVEC LES PUBLICS P 36-37
             Seconde théâtre du lycée de la Mare Carrée P 38
                                            PRATIQUES AMATEURS P 39
                         PAMS P 40                    TÉMOIGNAGES P 41 » 43
                                                      DATES À VENIR P 44-45
À NOS CÔTÉS... P 46                              POUR VENIR À LA MARGE P 47
   Les Productions de la Mezzanine sont subventionnées par la région Ile-de-
France, le Conseil Départemental de Seine-et-Marne, le GPS (Grand Paris Sud) et
                             la ville de Lieusaint
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edito carnet de saison

    « Quand le poète peint l’enfer, il peint sa vie. »
					                                    Victor Hugo

         A
                     nnée des changements, les citoyens votent,
                     les élus partent au front. Encore une année
                     grand-guignolesque où nous allons assister à
                     des débats houleux, médiocres et sans grand
         espoir - pour que les vainqueurs gravissent les marches
         du pouvoir et des privilèges- . Où sont les débats d’idées
         d’antan ?
         N’y-a-t-il pas mieux à imaginer que d’élire des courtisans,
         des rois comme avant la Révolution Française. Tous
         jureront par tous les dieux de respecter les Droits de
         l’Homme, tout en les bafouant, et d’être au service du
         peuple et la République…
         Ainsi, pour cette nouvelle saison respectable et électorale,
         les Productions de la Mezzanine se plongeront dans
         l’univers d’Orphée et Eurydice où l’amour meurt…
         L’intérêt de cette œuvre n’est pas la renaissance de
         l’amour ; l’amour ne disparaîtra jamais, l’amour n’a pas
         besoin de cerveau, il est fusionnel.
         Hadès (dieu de l’enfer) séduit par la musique et les
         mélopées d’Orphée accepte le retour d’Eurydice chez
         les vivants, mais à une condition, malheureusement
         fatale au couple... La traversée de l’enfer au théâtre ou à
         l’opéra est un défi ! Comment ne pas user des stéréotypes
         conventionnels pour déambuler dans l’enfer où sont
         englués nos deux amants : ombres géantes, hurlements
         fracassants, passages souterrains engorgés d’eau et de
         feux gardés par le célèbre Cerbère… L’enfer n’est-il pas
         sur terre ? L’imaginer est exaltant ! Mais le parti-pris ne
         peut pas m’échapper : l’enfer est bien sur terre et non dans
         les affres d’un monde inventé et irréel… L’enfer, alors
         devient une délivrance.
         La « Marge » de la Mezzanine continue ses aventures en
         compagnie de Christoph William Gluck, des élèves de
         Lieusaint et alentour ainsi que tous les artistes, techniciens
         et enseignants prêts pour de nouvelles aventures...
         Orphée et Eurydice marqueront notre saison avec sept
         représentations en janvier, une tournée suivra….
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« Des acteurs dans un Magic-Mirror » © 14.02.1923
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edito carnet de saison

Les Décintrés, compagnie qui nous vient de la région
lyonnaise, nous proposerons « Paule », une création très
attendue. La troupe était venue en résidence la saison
dernière ; la subtilité et la délicatesse de son travail
nous emmèneront dans un monde que nous connaissons
de mieux en mieux ; celui de la dégénérescence de nos
glaciers, de notre planète. Spectacle tendre mais sans
concession.
Dans ce contexte dégénérescent, les « Recyclés du 7e
continent tombent à point pour une reprise exceptionnelle
les 12-13 et 15 mars dans le mois de l’écologie à la Marge.
N’oublions pas que notre beau théâtre est né d’un éco-
quartier ; nous restons fidèles à cette belle idée.
L’année des changements continue sa route, Roseline
Bonnet des Tuves et moi-même quitterons la Marge à la
fin de l’année 2020. Nous emmènerons les Productions
de la Mezzanine dans d’autres univers, d’autres régions.
Une nouvelle équipe dirigée par Cécile Maquet œuvre
déjà pour un nouveau projet ; une nouvelle compagnie
peut-être ? Pour fêter toutes ces bonnes nouvelles nous
vous proposerons un dernier stage « Bal populaire » dans
le Magic Mirror en septembre 2020. Une ouverture de
saison bien particulière !

				                                      Denis Chabroullet
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note de travail
Denis Chabroullet

              G
                       luck a séduit toute l’Europe, avec cette histoire d’amour : après
                       avoir fait mourir la sublime Eurydice piquée par une vipère, il la
                       tue une seconde fois dans les profondeurs de l’enfer où Orphée,
              grâce à son adoration immodérée, transgresse l’impossible: s’enfoncer
              dans les affres de l’enfer et la ramener. Il lui faudra rencontrer Hadès,
              dieu de l’enfer, et Perséphone son épouse ; Zeus leur a confié le soin de
              garder les ombres des morts sans que jamais une seule ne se faufile et
              ne rejoigne le monde des vivants...
              D’autres versions ont
              vu le jour, comme
              celle de Berlioz qui ne
              ressuscite pas l’héroïne,
              et laisse Orphée dans la
              souffrance.
              Cette histoire nous vient
              de loin. Est-elle vraie ?
              Peu importe, elle nous a
              été restituée.
              Nous       avons     choisi
              la version originale,
              où Eurydice renaît et
              sauve l’amour... Mais
              ce     qui     m’intéresse
              dans cette œuvre fleur
              bleue, ce n’est pas
              l’amour impossible et la
              désolation de ces deux
              amants,       inséparables
              comme les oiseaux
              d’Hitchcock.
              L’amour devient un prétexte pour déambuler en enfer, ce monde
              qui ressemble au train fantôme de mon enfance. La fête foraine sera
              présente comme pis-aller ! L’enfer n’est-il pas sur terre et non au
              centre de la terre ? Les images de misère, de guerres, de religions qui ne
              se supportent pas etc. La liste est longue ! Alors l’enfer mythologique
              est bien tendre face à notre auto-destruction. L’amour demeure, la
              souffrance s’étale comme le 7ème continent.

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Orphée et Eurydice, un opéra pour l’âge de la sérénité ?

Dans le parcours artistique de la compagnie, de multiples pistes d’investigations ont
été défrichées pour tenter de raconter l’état du monde, de peindre les aspérités de nos
troubles et nos peurs face à la violence de l’humanité : « l’Humanité déborde ! » était
le titre d’un texte de Denis Chabroullet pour un des laboratoires de la compagnie.
Alors, voilà que c’est avec le mythe d’Orphée et Eurydice que s’ouvre cette 41ème
année de vie de la compagnie, et raconté sous une forme des plus « conventionnelles
», puisqu’il s’agit de l’opéra de Gluck. Pourquoi ce choix ?

Denis Chabroullet : La musique bien sûr ! Mais on ne peut pas s’arrêter uniquement
à l’odeur de la musique, l’opéra comme le théâtre, c’est raconter une histoire et celle
d’Orphée et Eurydice est très banale, sauf que Gluck nous entraîne dans les affres des
ténèbres ; nous sommes passés de l’autre côté, plongés en enfer où nous fantasmons
avec les ombres, les Champs Elysées, les morts...

Roseline Bonnet des Tuves : L’opéra est une forme totale, qui conjugue tous les arts
vivants, comme d’ailleurs l’avait remis au centre du propos, de son temps, Gluck avec
la création de cette oeuvre. C’est aussi une façon de revenir à l’artisanat du théâtre
avec tous les ressorts de la machinerie de plateau. Dans le parcours de la compagnie,
cela arrive bien aussi pour cela. Mais aussi dans l’accueil du chant, de la danse, de la
manipulation de poupées pour raconter sensiblement cette histoire, c’est peut-être un
hommage à tout ce qui a fait notre histoire.

Cécile Maquet : C’est tout à fait ça, l’opéra nous ressemble, il conjugue toutes les
formes d’expression que nous avons toujours explorées. Nous avons découvert cet
univers avec notre Didon et Enée. Sur « Orphée et Eurydice », nous irons encore plus
loin en travaillant avec les chorégraphes portugais. Ce sera la première fois que des
créateurs extérieurs apporteront leur pâte artistique aux côtés de Denis.

Qu’est ce qui, pour vous, résonne le plus dans ce mythe pour raconter le monde ?

Denis : Quand on suit ce pauvre Orphée dans les méandres, sur l’autre rive du Styx, on
s’aperçoit rapidement que l’enfer n’est pas au centre de la terre mais bien sur terre et là,
l’oeuvre devient fascinante et contemporaine.

Cécile : Les ténèbres bien sûr ! Notre monde est hanté par la mort. Pour l’éviter,
chacun s’invente des religions qui la provoquent encore plus. C’est un véritable pari
de représenter cet autre monde sur scène sans tomber dans les clichés de l’imaginaire
collectif.

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Détail fresque du RAMAKIAN (Grand Palais Royal Bangkok)
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Orphée et Eurydice, un opéra pour l’âge de la sérénité ?

Roseline : Pour moi, il y a dans toute notre mythologie une partie structurante profonde
qui fait qu’elle est intemporelle. On y retrouve les mêmes ressorts tragiques qu’on peut
interpréter en fonction de notre lecture du monde d’aujourd’hui, et c’est sans doute
une nécessité, le travail de l’artiste. Pour moi, ce mythe raconte la violence du monde
d’aujourd’hui.

La compagnie a souvent été attachée à un lieu, un territoire : le choix de faire entrer
l’opéra dans une salle qui n’en a pas les dimensions scéniques, et pour un public
sans doute peu habitué à fréquenter les oeuvres lyriques, est un geste culturel fort.
Comment allez-vous mettre en oeuvre ce choix ?

Denis : Il y a quarante ans, nous avons choisi de nous installer en banlieue et qui plus
est, dans une ville nouvelle...
Evidemment, il y a quarante ans « Melun-Sénart » était un désert culturel, ce qui a
terriblement bougé depuis... Même si le public a changé, nous avons toujours le désir de
continuer notre aventure : notre créativité a évolué, passant d’un théâtre réaliste (comme
celui d’Eduardo Manet ou de Michel de Ghelderode) à un langage écartant les mots au
profit du corps, du son, de la matière (la « Trilogie des Chiens »), des objets, avec des
scénographies imposantes qu’on a rebaptisées rapidement « machines à jouer ». Ce
théâtre nous a offert un outil fabuleux pour écrire, raconter le théâtre à une jeunesse pas
toujours littéraire ; le théâtre est tout d’abord une histoire qu’il faut raconter et le moyen
est toujours à inventer.
Mais le temps nous secoue pour aller plus loin, le théâtre ne se limite pas à des acquis,
des ficelles. Roseline Bonnet des Tuves nous apporte sa passion : le chant lyrique. Notre
première tentative en 2010 avec « Didon et Enée » (Henry Purcell) nous avait plongés
dans un autre monde, celui de la voix, du chant. L’association de nos outils et du chant
fut encore une chance pour partir à la rencontre des collégiens et lycéens de la ville
nouvelle. Aller dans une classe, et, épaulés par un professeur, faire découvrir Henry
Purcell et maintenant Gluck sont des apprentissages essentiels... L’opéra, le chant
ne peuvent plus appartenir à l’élite, il est temps que les arts pénètrent réellement les
établissements scolaires. La création propulse l’humanité vers le haut !

Roseline : C’est vrai qu’il faut continuer à donner de la voix : même si tout le monde
ne s’enferme pas dans sa propre culture de classe, quand on a la chance d’être né dans
un endroit où les arts nous ont imbibés, nous en gardons toujours les odeurs. Et c’est
une marque de reconnaissance de classe ! C’est infernal avec la musique classique car
il y a peu d’élus. Alors qu’il n’y a rien de grave à cela : la musique se fraye toujours un
chemin dans nos émotions, d’où qu’elle vienne, et de quelle époque qu’elle soit. Et faire
découvrir cette toute petite évidence quand on rencontre des publics loin des centres

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Les productions de LA - MEZZANINE À LA MARGE 2019 - 2020 CAHIER - 2020 les productions de LA MEZZANINEÀ LA MARGE
Orphée et Eurydice, un opéra pour l’âge de la sérénité ?

villes, c’est super.
Les frontières sont aussi souvent dans les têtes, l’art devrait être là pour décloisonner.

Cécile : Pourquoi un théâtre sans fosse d’orchestre n’aurait pas le droit de s’offrir un
opéra ? Cette proposition n’est pas anodine, elle questionne notre système de classe,
elle lutte pour donner accès à l’inaccessible et pour décomplexer les plus faibles devant
ce que l’on peut trop rapidement juger hors de portée. Cet opéra, dans un espace étroit
comme celui de la Marge, sera un véritable cadeau pour la banlieue, cela donnera
l’impression au spectateur d’accéder à un interdit, de regarder par le trou d’une serrure
ou d’avoir un écran 3D dans son deux pièces cuisine... Un moment intime avec 23
personnes sur scène à un mètre du premier spectateur, ça laissera forcément des traces
aux gamins qui viendront voir un spectacle pour la première fois de leur vie.

Le travail sur la matière a toujours alimenté les univers de la compagnie. Quels sont
les éléments qui vont cette fois nourrir la création ?

Denis : Les poupées viendront bouleverser la réalité qui deviendra fiction, et les corps
des deux danseuses se transformeront en magma pour devenir un terrain d’aventure
pour les protagonistes... La danse est quelque chose de nouveau, j’attends beaucoup
de ce travail avec deux perles de la chorégraphie portugaise (Antonio Cabrita et Sao
Castro )

Roseline : Tu vas aussi beaucoup travailler sur les matières naturelles primitives : la
ficelle, les plumes, l’argile. C’est intéressant de voir comment ces éléments vont créer
des particules de personnage pour les masques, les costumes. Une contrainte qui nous
fait avancer tous dans la même dynamique esthétique.

                           Cécile : Oui, le retour à l’Afrique avec les masques et les
                           corps nus recouverts d’argile, l’appel à la danse dans ce
                           qu’elle a de plus tribal pour tenter de rentrer dans ce monde
                           inconnu des enfers sera une piste d’expérimentation que nous
                           avons hâte de découvrir. Et puis, il y a tout ce que Denis ne
                           nous dit pas, ou ne sait pas encore ! Le travail de plateau
                           ne commence qu’en octobre ! La scénographie nous réserve
                           encore bien des surprises !

                           Comment se passent le travail de préparation et le travail
                           scénique, pour vous assurer la disponibilité d’une équipe
                           aussi nombreuse, et ceci dans les conditions économiques
                           du spectacle vivant.

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Orphée et Eurydice, un opéra pour l’âge de la sérénité ?

Cécile : Monter un spectacle avec 23 personnes est un casse tête organisationnel. Dans
le milieu de l’opéra, les musiciens et chanteurs travaillent beaucoup et partout. Il faut
réussir à les emmener dans notre univers où le temps n’est pas le même, où la recherche
peut déstabiliser certains. Ils sont capables de répéter l’après midi pendant un service
de quatre heures et d’être sur la scène de l’opéra de Paris une heure après pour un
spectacle de trois heures. Leur capacité de travail est ahurissante et il est parfois très
difficile de leur faire comprendre qu’on ne sait pas forcément comment chaque scène va
se dérouler. Nous avons besoin de faire et défaire pour trouver la juste place aux choses.
Un des paris de cette création (et ils sont nombreux) est de réussir à réaliser ce que l’on
imagine sur des répétitions ramassées dans le temps. Mais parfois, l’urgence peut faire
de très belles choses !

Denis : Pour l’équipe de chanteurs, musiciens, techniciens, constructeurs etc, nous
sommes très organisés grâce à Cécile Maquet qui connaît les dangers d’une telle
aventure.
C’est de plus en plus difficile économiquement ! Mais ça l’a toujours été, alors on verra
bien quand on fera le bilan...
Le budget change souvent en fonction des bonnes et mauvaises nouvelles ; se lancer
dans une production comme celle-ci nécessite beaucoup de sérénité et représente aussi
beaucoup de stress ! Nous avons encore la chance d’être co-produits par la Scène
Nationale de Sénart et le Théâtre de Meaux qui suivent nos projets avec intérêt.

Roseline : Nous avons aussi la chance d’être écoutés par les instances territoriales : le
département de Seine-et-Marne, la région Ile-de-France et la ville de Lieusaint nous
font confiance, c’est le bénéfice de l’âge… Et puis, l’ADAMI et la SPEDIDAM sont
aussi des partenaires incontournables, mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, les
commissions d’attributions n’ont pas donné leur verdict, donc     nous croisons les
doigts.
Ce qui est certain, c’est qu’à chaque création, il faut ré-
enfoncer le clou, convaincre et être écouté : ce qui nous sauve,
c’est notre pugnacité.

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Orphée et Eurydice, un opéra pour l’âge de la sérénité ?
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Jean-Marie Puissant (Chef d’orchestre, direction musicale)

                          Notre première collaboration avec Jean-Marie Puissant a été
                          dans les eaux troubles et fumantes de l’opéra « Didon et Enée » :
                          une direction musicale menée avec sensibilité et précision, et très à
                          l’écoute des univers proposés par Denis Chabroullet.
                          À partir de la partition originale (version 1762) transcrite par David
                          Walter pour une formation à 8 musiciens, Jean-Marie Puissant s’est
                          adjoint la collaboration de l’Ensemble « Les Muses Galantes » pour
                          mettre en oeuvre cet opus original.

Jean-Marie Puissant est de ces personnalités musicales incapables de rester en place :
il s’anime à chaque projet comme pour une toute première fois, emmenant avec lui ses
nombreuses formations (le Chœur Nicolas de Grigny de Reims, l’Ensemble Allegri,
le Choeur Variatio) sur des chemins où il s’illustre par l’éclectisme de ses choix. Son
parcours commence par le chant (entre autres, sous la direction de Michel Corboz,
Pierre Boulez, John Eliot Gardiner et William Christie dont il a été l’assistant) et c’est
sans doute pour cette raison que la direction de choeur est au centre de ses activités.
Mais il est aussi chef d’orchestre et a mené à la baguette l’Orchestre National d’Île-de-
France, la Savariat Symphonia de Hongrie, l’Orchestre Lamoureux et l’Orchestre de
l’Opéra de Reims. Diapason d’Or 2007 avec le Choeur Nicolas de Grigny et l’Orchestre
National de Lorraine, il est invité à partager son art partout en France et en Europe.

PERSONNAGES D’ORPHÉE et EURYDICE

   Vision de Denis Chabroullet pour les rôles d’Orphée et Eurydice :
« Orphée est un être souffrant, et en même temps, il s’enivre lui même de son chant, toujours
en contact avec le sublime. Mais ce double aspect n’est pas suffisant pour éradiquer la mort. Il
erre donc sans comprendre, comme un animal blessé à mort, le poil suant, la chair palpitante
et les larmes rentrées.
Eurydice, elle, a été happée en plein vol par la mort : elle est la promesse d’amour, de sensualité
qui jamais ne se construit. Elle apparaît blanche et sanglante dans l’auto-tamponneuse de mon
adolescence.
La rencontre des deux amants, l’un ne pouvant regarder l’autre, l’autre n’imaginant pas ne plus
être regardée, choisie (aimée donc) est pour moi impensable à traiter d’une façon réaliste, sans
friser le ridicule. La possibilité d’un travail symbolique et corporel a été donc essentiel dans le
choix des chanteurs. »

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Orphée et Eurydice, un opéra pour l’âge de la sérénité ?
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Théophile Alexandre, contre-ténor (Orphée)

   Chanteur singulièrement atypique dans le monde très fermé de l’Art Lyrique,
 Théophile Alexandre joue l’équilibre entre le danseur lyrique et le chanteur étoile. Il se
 dit « perle irrégulière », car sa double formation dans l’excellence du chant et de la danse
 contemporaine le fait conjuguer admirablement voix de tête et voies de corps. Emperlé
 toute son enfance par les icônes de Maria Callas, Klaus Nomi et Rudolph Noureev,
 Théophile Alexandre reçoit une double formation au Conservatoire Supérieur de
 Lyon et est révélé par Jean-Claude Magloire et Jean-Claude
 Gallotta. Avec ce bagage prestigieux, il se produit sur les
 grandes scènes internationales, en osant entremêler l’art du
 chant et de la danse dans un mouvement libre et authentique.
 En 2015, il crée sa propre compagnie UPON TO THE MOON
 qui lui permet d’affirmer sa double personnalité artistique.
 A la recherche d’un Orphée idéal pour la vision décalée de
 Denis Chabroullet, nous avons rencontré Théophile sur la
 scène de l’Athénée avec son spectacle « ADN Baroque », puis
 autour d’un café parisien : son adhésion au projet nous a ravis.

Anaïs Frager, soprano (Eurydice)

  Pour incarner Eurydice, il a fallu écouter un grand nombre de chanteuses, toutes
plus merveilleuses les unes que les autres. Nous avons rencontré Anaïs dans le cadre
                         de ces auditions : cette jeune chanteuse d’origine grecque,
                         formée à l’Ecole Normale de Musique de Paris, nous a tout
                         de suite séduits, aussi bien par son timbre rond et lumineux
                         que par sa présence physique : avec Théophile Alexandre,
                         le contact scénique, sensuel et délicat, nerveux et vibrant
                         a immédiatement donné corps et voix au couple mythique.
                         Anaïs est au seuil d’une carrière qui s’annonce passionnante.
                         Elle est lauréate du 6ème concours International de Lied et
                         Mélodie des Saisons de la voix de Gordes, et « Prix Jeune
                         Espoir » du Centre Français de Promotion Lyrique.

                                             13
Orphée et Eurydice, un opéra pour l’âge de la sérénité ?

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amour

   Vision de Denis Chabroullet pour le rôle d’Amour :
Un personnage immense, envahissant l’espace de sa voix envoûtante, vêtue d’une robe
tentaculaire, presque mouvante, écho visuel de son chant et de son rôle dans cet opéra.

Roseline Bonnet des Tuves, soprano (Amour)

  La voix de Roseline a toujours été présente dans les créations de Denis Chabroullet,
telle une sirène de l’inconscient de ce théâtre d’images, elle chante les troubles des
âmes des personnages.
Compositrice de toutes les musiques de la compagnie, la presse dit qu’«elle est au son
ce que Denis Chabroullet est à l’image, une incubatrice de voyages en eaux troubles. ».
Dans « Orphée et Eurydice », elle ne compose pas mais chante le rôle d’Amour,
personnage clé du dénouement de la narration, messagère des Dieux vers Orphée...
Comme une continuité inconsciente de son influence dans
les créations de la compagnie : l’omniprésence discrète et
indispensable pour la fluidité et la lisibilité du récit.
Deuxième Dame dans l’opéra « Didon et Enée » monté par
la compagnie en 2010, elle est également chanteuse dans le
« trio Brecht » et celui des « Eden Sisters »
Elle poursuit par ailleurs ses explorations vocales dans les
ateliers et les cours qu’elle anime dans la Compagnie, tout en
continuant sa formation autour de la respiration, et du corps
au service de l’interprétation, auprès de Ronald Klekamp.

LE CHOEUR traité en quatuor de solistes

   Vision de Denis Chabroullet sur le rôle du quatuor
« Club des 4 » est incontournable. Il agit bien évidemment comme un choeur antique, mais
pour moi, il est omniprésent dans la manipulation des objets des sentiments, des sensations :
les chanvres, les masques, les plumes seront leur seconde peau »

                                             14
Orphée et Eurydice, un opéra pour l’âge de la sérénité ?

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Cécile Côte, Soprano (quatuor vocal)

                           Cécile Côte a étudié l’art dramatique, le violoncelle moderne
                           et baroque et l’art lyrique avec Marie-Claire Cottin à l’École
                           de musique de L’Haÿ-les-Roses, où elle a obtenu une médaille
                           d’or.
                           Elle s’est produite dans de nombreux récitals et performances
                           musicales et a été l’une des chanteuses de l’Antic Choir dans le
                           film « les Sentiments » de Noémie Lvovsky.
                           Elle a participé au spectacle « Ma vie avec Mozart » d’Eric-
                           Emmanuel Schmitt au Théâtre Montparnasse à Paris. En 2005,
                           elle a rejoint la société CCDM pour le spectacle « Trumpet,
                           Cello and Witch ».
En tant que soliste, elle a enregistré deux CD avec le chef d’orchestre et joueur de cornet
français Jean Tubéry : « Carrissimi’s Mass » (pour le label Cyprès) et « Un certain J.S
». Cantates de Bach (pour Ricercar). C’est sa toute première fois avec la compagnie.

Mayuko Karasawa, Mezzo-soprano (quatuor vocal)

                          Mayuko Karasawa a sauté à pieds joints dans l’univers de
                          Denis Chabroullet en chantant Belinda dans « Didon et Enée
                          », puis dans le cycle infernal de notre création-déambulation
                          « Eden Palace », où elle a chanté la folle journée de Marie-
                          Antoinette plus de 50 fois. Une magnifique voix doublée d’un
                          beau tempérament scénique.
                          Née à Osaka, au Japon, Mayuko Karasawa se perfectionne
                          au CNSM de Paris. Très vite remarquée, elle interprète aussi
                          librement le répertoire baroque, romantique et contemporain
                          sur des scènes prestigieuses à travers l’Europe. Elle se produit
                          aussi en récitals lors de créations de spectacles en France
 comme au Japon.
 Depuis 2015, elle travaille également dans le chœur de l’Opéra National de Paris.

                                            15
Orphée et Eurydice, un opéra pour l’âge de la sérénité ?

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Dominique Ploteau, Ténor (quatuor vocal)

                           Dominique Ploteau développe sa carrière de chanteur sur
                           tous les fronts : il commence ses études musicales à l’Ecole de
                           Musique Hector Berlioz de Grenoble. Il obtient le Diplôme
                           de Fin d’Etudes de Piano à la Maison des Conservatoires
                           de la ville de Paris. Il étudie le chant auprès de différents
                           professeurs, d’abord en contre-ténor, et commence une
                           carrière dans cette tessiture avec la musique sacrée (B.
                           Britten, Haendel et Bernstein), puis continue en ténor avec
                           la musique ancienne et romantique.
                           Dominique développe aussi son parcours dans divers
                           choeurs (Arts Florissants, La Chapelle Royale, le Concert
Spirituel, chœur de Radio France, Choeur de l’Opéra de Paris etc) mais aussi à l’Opéra
en interprétant les grands rôles dans les oeuvres de Mozart, Offenbach, mais excelle
aussi dans les rôles d’opérette et de comédie musicale.
Et puis… très régulièrement, on le retrouve dans le rôle de Pelléas du « Pelléas et
Mélisande » de Debussy !
Voilà donc un chanteur qui aime faire le grand écart !

Thill Mantero, Baryton (quatuor vocal)

                          Thill saute lui aussi dans l’univers de Chabroullet en
                          incarnant le rôle titre de l’opéra « Didon et Enée » : dès lors,
                          le chanteur à la voix chatoyante revient régulièrement faire
                          un bout de chemin avec nous (“Don Quichotte” et les Cafés
                          Lyriques). Le baryton aime aussi les expériences scéniques
                          singulières et la manipulation de marionnettes (Il a participé
                          à la masterclass de Neville Tranter au Stuffed Puppet
                          Theater.) et se promène dans tous les répertoires musicaux,
                          du baroque au contemporain.
                          Franco-italien de naissance, il effectue une grande partie
                          de sa scolarité en Angleterre, (Trinity College of Music de
Londres et Knack du Baylis Programme de l’English National Opera) où il approfondit
ses connaissances musicales tout en suivant différents cours d’art dramatique. À 23
ans, il passe une année aux Etats-Unis à travailler au Castillo Theatre de New York où
il découvre les mécanismes de la production théâtrale.
 Nous le retrouvons tout naturellement sur cette production.

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Audition A. Albert © Cécile Maquet
NOTRE HISTOIRE AVEC VISEU (portugal)

N
          otre hiastoire avec Viseu a débuté il y a 21 ans avec notre spectacle « La
          Transhumance des Riens ».
          Le Teatro Viriato, magnifique théâtre à l’italienne, venait de renaître de ses
cendres après de longues années de fermeture, grâce au projet artistique mis en place
par Paulo Ribeiro, danseur, chorégraphe et nouvellement directeur du Teatro Viriato.
C’était un honneur pour nous de faire partie de cette première année de programmation.
Et c’était également une grande aventure...
Deux jours et demi de camion aller avec une pause dans la Creuse, notre lieu de création
d’été, puis une autre dans un hôtel à Burgos en Espagne. Les oliviers et les eucalyptus
nous guidaient dans notre périple jusqu’à cette magnifique ville de Viseu.
Nous n’étions pas encore européens avec nos amis portugais, les routes et les rues étaient
abîmées, la vie était bon marché. Les ruelles regorgeaient de petites échoppes faites de
bric et de broc, on y trouvait tout ce dont une compagnie de théâtre bidouilleuse comme
la nôtre pouvait rêver...
Deux jours de montage, deux représentations devant une salle pleine et chaleureuse
chaque soir, puis démontage, chargement du camion et deux jours de route pour rentrer...
Nos têtes étaient encore pleines d’oliviers et de cigales... Là bas, nous avions rencontré
des gens accueillants et généreux : dans les rues, à l’hôtel, au théâtre...
Cinq ans plus tard, nous sommes revenus pour présenter notre spectacle « Les Champs
d’amour » avec tout un travail de stages en amont auprès des publics de Viseu, de
Tondela et de Porto.
Nous étions devenus européens avec les Portugais, les routes étaient impeccables, les
péages faisaient payer et les ruelles perdaient leurs échoppes... Mêmes produits, mêmes
magasins, mêmes prix... Qu’en était-il des salaires ? Le moule européen s’ agrandissait
peu à peu...
Nos liens se consolidaient avec l’équipe du théâtre , Paulo appréciait notre travail et
nous le sien. Paula, son bras droit administratif, nous soutenait les yeux fermés. Nos
points étaient communs dans la façon de créer et de sensibiliser les publics sur nos
territoires respectifs.
Six années passent… Paulo et Paula, devenue directrice adjointe, font des pieds et
des mains pour accueillir notre opéra « Didon et Enée ». Ils s’associent avec le Teatro
de Guimares et nous invitent, une nouvelle fois… Pari fou... 28 personnes, un décor
immense recouvert d’eau sur toute la surface du sol. Nous rentrons au chausse pied,
mais nous y arrivons ! Nous reconnaissons des visages fidèles dans la salle, le public est
de plus en plus chaleureux et nombreux ! Les « au revoir » plus émouvants...
Et toujours, sur le chemin du retour, cet hôtel de Burgos suivi d’une petite fondue en
Creuse...
Puis c’est au tour de « La Tragédie est le meilleur morceau de la bête ».
En 2014, pour le centenaire de la guerre 14/18, nos poilus prennent la route pour faire
connaissance avec nos amis portugais. Le théâtre n’a plus de secret pour nous, nous
faisons un bon repas d’adieu le dernier jour pour marquer la fin d’un démontage fait de
terre, de sueur et d’eau, mémoire des tranchées oblige !

                                           18
E   t nous voici avec « Orphée et Eurydice » en construction, et l’envie de travailler
    avec la compagnie Paulo Ribeiro. Entre temps, Paulo, nommé à la direction de la
compagnie nationale de Bai Lado, a confie sa compagnie aux chorégraphes Antonio
Cabrita et Sao Castro. Paula Garcia, elle, prend la direction de la programmation du
Teatro Viriato.
Ainsi commence une nouvelle aventure ! C’est le jeune couple de chorégraphes
qui prendra en charge la partie dansée du spectacle et nous constituerons un couple
de danseuses franco-portugais, avec une artiste de leur compagnie et une danseuse
française nous aurons à choisir conjointement.

                                                                                   PORTRAITS

LES CHOREGRAPHES

António Cabrita et São Castro

   Comme convenu, Antonio est venu avec Ester, la danseuse portugaise pour choisir son
alter ego française. Sans nous consulter, nous avons posé notre dévolu sur la même danseuse.
Début prometteur... Les prochaines aventures commenceront en octobre pour les premières
répétitions avec l’équipe au complet.

Antonio et Sao représentent une nouvelle génération de créateurs portugais qui s’affirment
dans le panorama de la danse. Ils ont tous les deux une solide formation en danse classique et
contemporaine. À la question pourquoi dansez-vous, ils répondent :

                    António                                        São
                    « La danse est                               « Je n’ai jamais été une
                    un langage de la                             personne de beaucoup
                    matière, une façon                           de mots, mais j’ai
                    de     communiquer                           découvert très tôt que
                    en jouant avec la                            mon corps voulait
perception de l’autre. C’est le langage du    beaucoup parler. Donc, danser pour moi,
mystère. Je danse parce que j’ai envie de     c’est communiquer avant tout. C’est la
découvrir, d’être influencé par l’émotion     façon que j’ai trouvée pour parler de moi,
que je trouve dans l’abstraction, le lien     de nous, de la vie, du monde, de faire du
avec la nature humaine et la condition        corps lui-même un territoire social, culturel
du corps. J’aime chorégraphier parce          et politique. Faire du corps le réceptacle
que la danse me ralentit de la réalité,       naturel des émotions et des sentiments,
et me permet de créer des poèmes sans         c’est un mystère avec une complexité
mots. »                                       inépuisable, danser est un véritable défi. »

                                             19
LES DANSEUSES
   Vision de Denis Chabroullet pour ces deux rôles :
« Les danseuses au torse nu enrobé d’argile blanc, le visage dissimulé par un masque enfantin,
lui aussi craquelé, rappelant l’art primitif africain, le bas du corps est recouvert d’un tutu
retombant jusqu’aux chevilles »

E    ster Gonçalves et Alexane Albert se sont « trouvées » à l’audition organisée pour
     la construction du duo de danseuses. Denis cherchait deux femmes éthérées,
immatérielles qui incarneraient sa vision de la mort. Leur ressemblance nous a tout de
suite frappé : imaginez deux élastiques qui se tendent, se distendent, s’entremêlent pour
se retrouver face à face, comme si nous venions d’être victimes d’une hallucination...
Incroyable, fascinant... Avec leurs masques, impossible de les distinguer l’une de
l’autre. Parfois, la vie sait être magique ...
Ester Gonçalves

                   Antonio Cabrita et Sao Castro étaient chargés de venir avec une
                   danseuse : à l’aéroport, j’avais rendez-vous avec un blouson rouge
                   et des longs cheveux bruns. De son côté, elle devait chercher un
                   manteau vert avec des lunettes... Je ne m’attendais pas à ce visage
                   juvénile, timide et souriant : une gamine !
                   Quatre heures plus tard, la voilà sur scène : métamorphose totale !
                   Transportée par la musique, cette « gamine » se transforme en femme
                   avec son lot de souffrances, de sensualité et de détermination. Un
 mot, une image de Denis et son corps nous entraîne dans le monde des ténèbres. Le
 barrage de la langue n’est pas un frein, le trio Denis / Antonio/ Ester fonctionne... La
 magie de la danse fait son travail...
 Ester a débuté la danse à 14 ans, ce qui, dit-elle, est très tard pour une danseuse. Elle travaille jour
 et nuit et à 21 ans, elle fait de son corps ce qu’elle veut.
 Elle a déjà travaillé avec un certain nombre de chorégraphes, dont Xie Xin, Jacome Filipe, Ines
 Godinho, a tourné dans le monde entier avec la compagnie Quorum Ballet classes, et participé aux
 « Metamorphosis International Residency » avec Iratxe Ansa et Igor Bacovish. Elle sera dans la
 prochaine création d’Antonio Cabrita et Sao Castro.

Alexane Albert

                      Alexane s’est imposée comme une évidence à Ester tant
                      l’harmonie de leurs deux corps était fluide et naturelle. Brune aux
                      cheveux longs, grande, la gestuelle cassée, la réponse immédiate
                      aux propositions musicales, aux consignes du metteur en scène et
                      du chorégraphe. Une rencontre choc.
                      « Je danse depuis que j’ai l’âge de 3 ans, j’ai donc presque su danser

                                                   20
avant de parler... La danse est pour moi un langage, un moyen d’expression, de
 partage mais aussi un mode de vie. Danser me permet d’être au plus proche de moi
 même, d’aller à la recherche de sensations et d’états corporels profonds et intenses.
 La danse est pour moi par essence sociale et libératrice.
 J’aime l’art en général, je chante, je joue, je danse, je pratique l’aérien. Je suis une
 passionnée. »
 Voilà une belle rencontre prometteuse !
 Alexane a travaillé avec la compagnie Alice Delva, avec les chorégraphes Geisha Fontaine, Pierre
 Cottereau, Philippe Découflé, Frédéric Lescure et Jean-Claude Gallotta.

                                                                   PORTRAITS DE L’ÉQUIPE TECHNIQUE
LE SCENOGRAPHE
Michel Lagarde (photographe, scénographe et plein de choses encore)

                   Michel, Denis et Roseline ont fait un bout de chemin ensemble,
                   dans leur vie antérieure de théâtre. Et se sont quittés….
                   Et puis l’histoire s’est rejouée, quand ils se sont revus, fouinant
                   ensemble dans une brocante de la région, et se reconnaissant
                   soudainement du même regard.
                   Nous l’avions connu décorateur, acteur, chanteur, photographe…
                   Nous le retrouvons photographe, scénographe et décorateur pour
 l’opéra, le cinéma, le théâtre, la mode, le spectacle vivant.

 Aujourd’hui, Michel Lagarde est salué comme un photographe à l’oeuvre unique, reconnaissable au
 premier coup d’oeil. Dans ses « dramaturgies », la photographie, le théâtre, le cinéma, la peinture
 se rejoignent pour créer une image épique. Il raconte des histoires, illustre et photographie son
 inconscient, et à l’intérieur, se projette à l’infini, comme un acteur jouerait un rôle : « Je ne raconte
 pas ma vie, mais je m’amuse à l’interpréter » dit-il.
 Denis a évidemment des grandes fraternités artistiques avec Michel.

LE CONSTRUCTEUR
Thierry Grasset

                      Thierry a rejoint la route du Théâtre de la Mezzanine lors de son
                      objection de conscience en 1994. Adepte du travail manuel et de la
                      réalisation d’objets et volumes de tous genres, le défi de matérialiser
                      les univers scénographiques de Denis Chabroullet l’a tout de suite
                      passionné. Il a ainsi participé aux constructions des décors des

                                                    21
Dans le cadre des journées du Patrimoine, venez découvrir le décor d’Orphée et Eurydice
en construction à « La Marge ». Visite du chantier en compagnie des artistes de la compagnie,
                                                       dimanche 22 septembre à 16h et 19h.
                         Premier Montage décor en construction Orphée et Eurydice © Mezzanine
« Chiens de faïence » (immense cadre avec un espace de jeu en perspective), de
« La Transhumance des Riens » (superbe machine à jouer en forme de roue tournant
sur elle même à l’horizontale) de « Trésor Public » (des rails, une grue, un poilu
occupant tout l’espace, un coffre-fort perché dans les airs…), d’ « Eden Palace »( une
reconstitution d’un cinéma avec 8 décors différents à l’intérieur...) Thierry est ensuite
devenu le chef constructeur des décors de « Didon et Enée » : un port sur pilotis, les
pieds dans l’eau, de « La Tragédie est le meilleur morceau de la bête » : une tranchée
en plan de coupe, grandeur nature bien sûr... de « Don Quichotte » avec ses vélos
en cage, son immense robe en fer, ses « bagnards marionnettes », et enfin, « Les
Recyclés du 7ème continent » constitué d’anciens éléments récupérés des décors de
la Mezzanine pour la réalisation d’ une machine à recycler...
Et maintenant : « Orphée et Eurydice »...
Alors qu’il est suspendu à une guinde en chanvre pour tester un nouvel effet sur la
scène des enfers d’Orphée, à la question : pourquoi fais-tu ce métier, il me répond :
pour voir si ça tient ! Normalement c’est bon !
Voilà qui peut rassurer les futurs protagonistes de ce spectacle !

LA PLASTICIENNE

Aline Bordereau

                  Nous avons rencontré Aline lors de la construction de notre
                  spectacle « Don Quichotte ». Elle avait pour mission de réaliser les
                  marionnettes, personnages d’un cirque en hommage à Calder. Un
                  lion, une danseuse du ventre et un Don Quichotte en tissu de 40 cm
                  de haut. L’émotion dégagée par ces personnages nous a tout de suite
                  conquis. Nous avons donc continué l’aventure avec elle sur « les
                  Recyclés du 7ème continent » où elle s’est amusée à transformer les
objets plastiques récupérés dans nos poubelles jaunes en personnages mutants d’un
nouveau monde marin.
Pour “Orphée et Eurydice”, sa mission est de construire les personnages d’Orphée et
Eurydice en poupées, prêtes à entrer dans le monde des enfers.
A sa sortie des Beaux-Arts, Aline commence à travailler pour le théâtre (création en volumes
mannequins), et développe des projets personnels étonnants, dont un bestiaire en papier et matières
végétales. Elle expose au Musée Bourdelle, à la Grande Halle de la
Villette, et obtient le Prix de sculpture au Musée d’Histoire Naturelle. Elle collabore avec plusieurs
compagnies de marionnettes.Son travail sur le corps humain et les poupées est singulier.

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L’ECLAIRAGISTE / VIDEASTE
Franck Rondepierre, Éclairagiste

                  Franck a été notre éclairagiste de 1997 à 2004, et a, à son actif les
                  lumières du très étonnant « La Transhumance des Riens », création
                  qui a été l’une des plus marquantes de la compagnie.
                  Egalement artificier, ce qui nous convient bien, il nous a accompagné
                  dans des situations extrêmes, où, sans se départir de son irréductible
                  humour, il a sauvé quelques uns de nos spectacles de situations
                  périlleuses (ouragan en Corée, tempête au Danemark, défaillance
 technique au Trianon de Paris) : sa devise serait « The show must go one ! ».
 Nous le retrouvons avec grand plaisir pour cette création lumière.
 Franck Rondepierre a été l’éclairagiste du Théâtre du Chaudron (cartoucherie de Vincennes)
 du Groupe fictif, Fox Cie Nuits Blanches, Ligue d’Improvisation, Ricard Live Musi. Il a été
 directeur photo dans la mode (Clair-Obscur, Dior, Armani, Gaultier, etc)

Morgane Viroli, vidéaste

                    Morgane s’est jointe à nous pour reprendre la tournée de “Don
                    Quichotte” suite à la disparition tragique de notre éclairagiste
                    Jérôme Buet. Elle a su intégrer l’équipe avec douceur et efficacité
                    dans un contexte délicat. Nous partons pour la première fois dans
                    une aventure de création avec elle sur “Orphée et Eurydice”. Elle
                    réalisera également toute la partie vidéo du spectacle.
                     Morgane est diplômée régisseuse vidéo de spectacle du CFPTS, elle a
 travaillé en tant qu’éclairagiste pour de nombreuses compagnies de marionnettes.

L’ACCESSOIRISTE
Kinga Sagi

                    Kinga a fait son service civique dans la compagnie la saison
                    dernière Ses nombreuses qualités en arts plastiques ont donné envie
                    à Denis Chabroullet de lui confier la réalisation des masques et
                    coiffes du quatuor. À la question : « pourquoi veux-tu faire ce métier
                    ? elle répond : - parce que j’aime la bidouille ! » Nous lui souhaitons
                    bonne route pour découvrir les chemins de cet univers passionnant.
                    Kinga a obtenu son diplôme national d’Arts aux Beaux Arts de Lorient et va
 intégrer l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre à Lyon dès la rentrée
 prochaine.

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ORPHEE ET EURYDICE
                      Opéra de Christophe Willibald Gluck (Version italienne de Vienne -1762-)
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                                                  Distribution
Mise en scène, Denis                              Orphée, Théophile ALEXANDRE
CHABROULLET - Direction musicale,                 Eurydice, Anaïs FRAGER
Jean-Marie PUISSANT - Assistante                  Amour, Roseline BONNET DES
à la mise en scène, Cécile MAQUET                 TUVES
- Chorégraphie, Antonio CABRITA
et Sao CASTRO - Scénographie,
Michel LAGARDE et Denis
                                                  Quatuor vocal
CHABROULLET - Décors, Thierry
GRASSET - Accessoires, Kinga SAGI
                                                  Soprano, Cécile CÔTE - Mezzo-
Poupées, Aline BORDEREAU -
                                                  soprano, Mayuko KARASAWA
Lumière et vidéo, Morgane VIROLI
                                                  - Ténor, Dominique PLOTEAU
Costumes, Roseline BONNET DES
                                                  - Baryton, Thill MANTERO -
TUVES, Marie-Christine SANCHEZ
                                                  Danseuses, Ester GONÇALVES et
et Monique DUFAY
                                                  Alexane ALBERT - Manipulations,
                                                  Thierry GRASSET et Cécile
                                                  MAQUET - Direction d’orchestre,
                                                  Jean-Marie PUISSANT - Ensemble
   Une production des Productions de la           « Les Muses Galantes », Aurélie
Mezzanine                                         GALLOIS (violon), Sophie
Co-production : Théâtre Sénart (Lieusaint)        DUTOIT (alto), Louise AUDUBERT
et Théâtre Luxembourg Meaux (Seine-et-            (violoncelle), Baptiste REBOUL
Marne)                                            (contrebasse), Céline LANGLET
Co-réalisation : Teatro Viriato de Viseu
                                                  (flûte traversière), Timothée
(Portugal)
                                                  OUDINOT (hautbois), Nina
Avec le soutien de :
Aide à la création du Conseil                     DAIGREMONT (cor), et François
Départemental de Seine-et-Marne                   de Maubus (harpe) - Orchestration,
Aide à la création de la Région Ile-de-           David WALTER
France
ADAMI et SPEDIDAM

              EN JANVIER 2020 : 7 représentations à « La Marge »
                   En co-réalisation avec le Théâtre-Sénart

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2019-2020,
troisième saison des Productions de la Mezzanine à « La Marge » !

         P
                   our débuter cette troisième saison des Productions de la
                   Mezzanine à « La Marge », nous renouons avec notre
                   grand banquet partagé avec le public, comme jadis à
                   « La Serre » : nous serons en compagnie des artistes
         de la compagnie et artistes associés pour converser avec vous
         autour de cette saison : année d’Orphée, des mondes infernaux,
         fantasmés et réels, et de l’amour ! Denis fait exploser les frontières
         de l’enfer dantesque, Cécile lance des recherches sur la dernière
         neige qu’on croyait éternelle, et Roseline chante l’Amour : cette
         ouverture de saison sera bien évidemment faite de tout cela.
         Pour accompagner en musique cette soirée, nous avons invité
         trois excellents musiciens à inventer autour des grands thèmes
         musicaux d’Orphée et Eurydice. Ils vont s’enfermer pendant
         quelques jours sous le Magic Mirror, pour triturer, dévisser,
         swinguer, et nous offrir un petit concert aux p’tits oignons !
         Cette saison, tous ces mondes à parcourir, à réfléchir, à savourer,
         à faire rêver ont été visités aussi par Claire Le Palaire, directrice
         du service culturel de Lieusaint, avec qui, parfois nous faisons
         le chemin, chacun avec ses outils, ses questionnements, ses
         propositions pour aller vers les publics du territoire et d’ailleurs.
         Vous retrouverez donc, entre autres, dans la programmation
         de Claire, « Opéra Camérà » par la compagnie E il piano va,
         petite merveille de poche autour de Don Giovanni de Mozart,
         pour poupées, cantatrice, mime et pianiste qui viendront sous le
         Magic Mirror, en octobre, pour éveiller l’appétence du public
         à l’opéra (et c’est à voir en famille !) Et puis nous avons fait
         cause commune autour des questions environnementales au mois
         de mars, avec notre partenariat autour de l’accueil de « Paule »
         (Cie Les Décintrés). Claire a invité par ailleurs une relecture
         surprenante de « l’Avare » de Molière, où l’or est remplacé par
         l’eau et où les personnages sont « incarnés » par des robinets…
         Oui, c’est bien là, le parti pris de la compagnie Tabola Rassa.
         Et de notre côté, nous retrouverons « Les Recyclés du 7ème
         continent » dans leur périple plastico-océanique, où les bouteilles
         de lait ressemblent à des marins d’eau douce, et les boîtes de
         sucre glace, à des Marilyn. Quand la poésie rattrape la réalité,
         nos nuits sont plus douces !
         Tout un programme : « La Marge » est bien le lieu pour l’échappée
         belle, mais en restant éveillé.

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