Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management

La page est créée Enzo Olivier
 
CONTINUER À LIRE
Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management
Janvier 2019

                                   RBC GESTION DE PATRIMOINE

 Perspectives                                                             mondiales
 Pe rsp ec t ives du Co m ité des Ser vices-conseils en gestion mondiale de por te fe u ille

    Nous « prenons »
    pour la correction
    Même si la dégringolade du marché
    tient les investisseurs sur le qui-vive,
    nous remarquons que la correction
    donne lieu à une nouvelle reprise
    des cours boursiers.

    Jim Allworth | Page 4

 Article de fond                 Article de fond                Marchés boursiers régionaux    Titres mondiaux à revenu fixe
 Vérifions le niveau de          Ô Canada : un marché           Opinions sur les               La confusion règne
 carburant : les principaux      peu apprécié qui présente      marchés des analystes
 enjeux du marché du             un potentiel de valeur         boursiers régionaux
 pétrole en 2019
Voir les déclarations importantes et obligatoires sur les analystes qui ne sont pas américains à la page 26.
Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management
Perspectives mondiales
            Janvier 2019

                                            Table des matières
                                            4          Nous « prenons » pour la correction
                                            Nous présentons la correction comme le catalyseur d’une nouvelle reprise des
                                            cours boursiers et nous faisons part de certaines de nos réflexions sur la manière
                                            de préparer les portefeuilles en vue des défis qui pourraient accompagner une
                                            expansion économique qui ralentit et tire à sa fin.

                                            8 	Vérifions le niveau de carburant : les principaux enjeux
                                                       du marché du pétrole en 2019
                                            Le stratège en produits de base de RBC Marchés des Capitaux analyse les
                                            sujets chauds sur le marché pétrolier mondial pour 2019, dont les risques et les
                                            catalyseurs qui dicteront l’évolution des marchés, la manière dont le stade avancé
                                            du cycle économique influera sur la demande et en quoi consiste la principale
                                            menace qui plane sur les marchés.

                                            12 	Ô Canada : un marché peu apprécié qui présente un potentiel
                                                       de valeur
                                            Alors que les investisseurs boudent les actions canadiennes, celles-ci ont rarement
                                            été aussi bon marché, ce qui pourrait se traduire par une occasion intéressante.

                                            16 Marchés boursiers régionaux
                                            Nos analystes boursiers régionaux présentent leurs opinions sur les marchés et
                                            font part de leurs réflexions sur les catalyseurs et les risques qui se trouvent sur
                                            les marchés à l’heure actuelle et la manière de structurer les portefeuilles à l’égard
                                            de ceux-ci.

                                            19 Titres mondiaux à revenu fixe : la confusion règne
                                            La Réserve fédérale a tracé la voie pour la politique monétaire mondiale au cours
                                            du présent cycle. Elle semble maintenant prête à prendre une pause (qui pourrait
                                            s’étirer). Qu’est-ce que cela signifie pour la durée des cycles de resserrement des
                                            autres banques centrales ?

                                            Les coulisses des marchés
                                            3          Position de RBC en matière de placements

                                            16         Marchés boursiers régionaux

                                            19         Titres mondiaux à revenu fixe

                                            22         Devises

                                            23         Principales prévisions

                                            24         Feuille de pointage du marché

                                                Toutes les valeurs sont en dollars américains et établies au 31 décembre 2018, à la clôture du marché
                                                (sauf indication contraire).

      2 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management
Aperçu mondial
des catégories d’actif

                                                 Position de RBC
                                                 en matière de placements
                                                 Actions
Opinions sur les                                 • Les marchés boursiers essaient de déterminer si une récession est à nos portes
actifs mondiaux                                    ou si le ralentissement actuel indiqué par certains indices représentatifs de
                                                   l’activité économique n’est rien de plus qu’un « passage à vide ». Même si le
Catégorie Opinion
                                                   cycle économique est résolument avancé, le taux de croissance de l’économie
d’actif
                                                   américaine devrait vraisemblablement terminer sa trajectoire en avoisinant
               —           =          +            sa moyenne sur cinq ans, après avoir connu une année 2018 exceptionnelle.
Actions                                            D’après les indicateurs avancés, l’expansion économique tire à sa fin. Le danger,
                                                   à notre avis, est que la turbulence sur le marché et les risques liés à la politique
                                                   monétaire des deux côtés de l’Atlantique ébranlent la confiance et amènent les
Titres
                                                   consommateurs et les entreprises à réduire leurs dépenses. Cette possibilité
à revenu
                                                   n’est toutefois pas notre scénario de base.
fixe
                                                 • Pour l’instant, les actions ayant connu leur pire mois de décembre depuis 1931,
           Rendement           Rendement           nous sommes d’avis que la récente correction pourrait être exagérée. Nous
           anticipé            anticipé
           inférieur à         supérieur à
                                                   conservons une pondération neutre pour les actions.
           la moyenne          la moyenne

                                                 Titres à revenu fixe
Voir la section « Explication des                • Le contexte des taux d’intérêt a grandement changé au cours des récentes
opinions » pour plus de détails                    semaines, l’incertitude/la confusion sur de nombreux plans (échanges
Source : RBC Gestion de patrimoine
                                                   commerciaux, politiques des banques centrales, croissance économique et
                                                   contexte politique) ayant entraîné une hausse de la volatilité sur les marchés
                                                   financiers. Or, comme ces problématiques risquent de continuer à se poser
                                                   dans un avenir rapproché, une volatilité persistante pourrait devenir la
                                                   « nouvelle norme ». La pression haussière sur les taux des obligations d’État
                                                   devrait diminuer et les courbes des taux pourraient continuer à s’aplatir.
                                                   Les courbes des taux, qui sont des indicateurs de récession, approchent
                                                   d’un niveau que nous estimons « alarmant ».
                                                 • Les pressions de vente et l’élargissement des écarts qui en ont découlé sur
                                                   le marché du crédit ne nous ont pas dissuadés de faire de celui-ci notre secteur
                                                   préféré, mais ils nous ont amenés à insister encore plus sur la qualité. Notre
                                                   sous-pondération actuelle des titres à revenu fixe sous-entend que rester
                                                   sélectif et réduire la duration du portefeuille sont des stratégies prudentes.

                                                 Explication des opinions
                                                 (+/=/–) représente l’opinion du Comité des Services-conseils en gestion mondiale
                                                 de portefeuille pour un horizon de placement de 12 mois.

                                                 + Surpondération laisse entendre un potentiel de rendement supérieur à la moyenne
                                                 pour la catégorie d’actif ou la région par rapport aux autres catégories d’actif ou régions.

                                                 = Pondération neutre laisse entendre un potentiel de rendement moyen pour la
                                                 catégorie d’actif ou la région par rapport aux autres catégories d’actif ou régions.

                                                 – Sous-pondération laisse entendre un potentiel de rendement inférieur à la moyenne
                                                 pour la catégorie d’actif ou la région par rapport aux autres catégories d’actif ou régions.
       3 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management
Article
            de fond

                                          Nous « prenons »
                                          pour la correction
                                          Même si la dégringolade du marché tient les investisseurs sur
                                          le qui-vive, nous remarquons que la correction donne lieu à une
                                          nouvelle reprise des cours boursiers. D’après plusieurs paramètres,
                                          le présent cycle peut encore durer quelque temps. Nous faisons
                                          part de certaines de nos réflexions sur la manière de préparer les
                                          portefeuilles en vue des défis qui pourraient accompagner une
                    Jim Allworth          expansion économique qui ralentit et tire à sa fin.
              Vancouver, Canada
           jim.allworth@rbc.com           Les marchés boursiers ont malmené les investisseurs, atteignant un sommet à la
                                          fin septembre pour ensuite plonger à la veille de Noël. Ils donnent certains signes
                                          d’amélioration depuis, mais les opinions sont partagées à savoir s’il ne s’agit que d’un
                                          bref répit dans un contexte de marché baissier, qui reviendra d’ici quelques semaines
                                          ou quelques mois. Nous sommes d’avis qu’il s’agit là d’une correction qui donnera lieu
                                          à une nouvelle reprise des cours boursiers.
                                          Au minimum, cette baisse aura fortement amélioré les facteurs « internes » du marché.
                                          Ainsi, c’en est fait de la complaisance qui s’est fait sentir tout l’été, alors qu’une
                                          majorité d’investisseurs et de prévisionnistes ne voyaient aucune fin au marché
                                          boursier haussier. Ce climat d’optimisme inébranlable a fait place à la confusion,
                                          à l’inquiétude et à plusieurs journées/semaines de crainte réelle. À certains égards,
                                          les « pessimistes » ont fini par devenir plus nombreux que les « optimistes » pour la
                                          première fois en plusieurs années.
                                          Les évaluations (ratios cours-bénéfice [C/B]) ont également été fortement ébranlées,
                                          mais sont par le fait même devenues beaucoup plus attrayantes. Ainsi, à son sommet
                                          de septembre, l’indice S&P 500 se négociait presque à 19 fois les bénéfices, mais rendu
                                          à son creux en décembre, ce ratio se chiffrait à 14,5. Par le passé, pour l’indice S&P, le
                                          fait de se négocier dans une fourchette de 14 à 16 fois les bénéfices des 12 derniers mois
                                          était en quelque sorte la conjoncture idéale, puisque le marché partait à la hausse la
                                          plupart du temps au cours des 12 mois suivants, enregistrant généralement par la force
                                          des choses des rendements de plus de 10 %. Au Canada, au Royaume-Uni, en Europe et
                                          au Japon, les ratios C/B ont chuté à des niveaux encore plus bas et plus attrayants.

                                          Les pessimistes se concentrent sur la politique monétaire et la courbe des taux
                                          Les pessimistes ne manquent pas sur les marchés. Ils soulignent le ralentissement du
                                          secteur manufacturier à l’échelle mondiale. Les indices des directeurs d’achats (indices
                                          d’activité) ne sont plus à leur sommet (élevé) en Europe et en Amérique du Nord et
                                          le secteur manufacturier de la Chine est revenu en territoire de contraction suivant
                                          l’imposition des tarifs douaniers. Les pessimistes craignent que la Réserve fédérale ait
                                          déjà trop relevé les taux, rendant la récession inévitable aux États-Unis, qui, d’après
                                          eux, commence déjà à être prise en compte par les marchés boursiers.
                                          Beaucoup d’attention a été accordée à l’aplatissement de la courbe des taux,
                                          c’est‑à‑dire au rétrécissement de l’écart entre les taux des obligations à long terme
                                          et les taux d’intérêt à court terme. Si la courbe des taux devait s’inverser et les taux
                                          d’intérêt à court terme dépasser les taux des obligations du Trésor à 10 ans, on
                                          pourrait alors prévoir, d’après les données historiques, qu’une récession commencera
                                          dans un an. Comme les récessions aux États-Unis sont associées à pratiquement tous
                                          les marchés baissiers, si l’on se fie aux scénarios pessimistes, nous connaîtrons bientôt
                                          un repli, si ce n’est pas déjà fait.

4 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management
Nous « prenons »
pour la correction
                                             La courbe des taux
                                             Écart de taux entre les obligations du Trésor américain à 10 ans et à 1 an

                                              3,50
                                              3,00
                                              2,50                                                                                   Près du point
                                              2,00                                                                                   d’inversion, sans
                                              1,50                                                                                   y être pour l’instant.
                                              1,00
                                              0,50
                                              0,00
                                             -0,50
                                             -1,00
                                             -1,50
                                             -2,00
                                             -2,50
                                             -3,00
                                             -3,50
                                                     1954

                                                            1961

                                                                     1968

                                                                            1975

                                                                                   1982

                                                                                            1989

                                                                                                   1996

                                                                                                           2003

                                                                                                                    2010

                                                                                                                           2017
                                                               La flèche indique les endroits où la courbe des taux s’est inversée

                                             Nota : Les zones bleutées indiquent les récessions.
                                             Sources : RBC Gestion de patrimoine, FRED (base de données économiques
                                                       de la Réserve fédérale de St. Louis) ; données prises en compte
                                                       jusqu’au 8 janvier 2019

                                             Nous ne sommes pas de cet avis. Nous n’observons toujours pas d’inversion de la
                                             courbe des taux (se reporter au graphique) et il ne va pas de soi qu’elle s’inversera
                                             dans un avenir rapproché. La catastrophe a été évitée à quelques reprises par le passé
                                             et, fait à noter, une réelle inversion de la courbe au milieu des années 60 s’est traduite
                                             par un ralentissement économique, mais pas par une récession. Dans ce cas, le marché
                                             boursier connaît une correction difficile, mais ne part pas à la baisse.
                                             Nous ne nous attendons pas à ce qu’un scénario haussier exceptionnel passé se répète.
                                             De même, nous sommes préoccupés de voir à quel point l’écart entre le taux sur 1 an
                                             et le taux sur 10 ans se rapproche du point d’inversion. De fait, notre inquiétude est
                                             telle que notre évaluation de la courbe des taux est passée de « positive », c’est-à-dire
                                             favorable à l’idée que l’économie des États-Unis pourrait avancer pendant encore
                                             une année ou plus, à « neutre » (se reporter au tableau).

                                             Feuille de pointage des indicateurs économiques américains
                                             de RBC Gestion de patrimoine

                                                                   Indicateur                                     État
                                                                                                                                     Léger recul. La
                                               Courbe des taux (12 mois à 10 ans)                     ‒                     ‒       courbe des taux
                                               Demandes de prestations de chômage                                ‒          ‒       impose la prudence.
                                                                                                                                     Les autres indices
                                               Taux de chômage                                                   ‒          ‒       font toujours état
                                               Indice avancé du Conference Board                                 ‒          ‒       d’une expansion.

                                               Indice ISM nouvelles commandes moins stocks                       ‒          ‒
                                               Fonds fédéraux et croissance du PIB nominal                       ‒          ‒
                                                    Expansion                      Neutre                   En récession

                                             Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg, FRED (base de données
                                                       économiques de la Réserve fédérale de St. Louis)

   5 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management
Nous « prenons »
pour la correction
                                             Nous soulignons que ce n’est pas la hausse des taux de 25 points de base (p.b.) par la
                                             Réserve fédérale en décembre qui est en majeure partie responsable du rétrécissement
                                             récent de l’écart entre les taux à court terme et à long terme, mais bien la chute des
                                             taux des obligations du Trésor à 10 ans de 3,22 % à 2,56 % entre le début de novembre
                                             et la fin de l’année. Cette baisse est essentiellement imputable aux investisseurs
                                             qui ont cherché à se protéger en fuyant vers les « valeurs refuges » représentées par
                                             les obligations du Trésor, alors que le débat faisait rage sur le bien-fondé de la politique
                                             de la Réserve fédérale et que le marché boursier était en chute libre. À mesure que
                                             ces craintes ont commencé à se dissiper, le taux des obligations à 10 ans est reparti
                                             à la hausse, se chiffrant pour l’instant à 17 p.b. Nous estimons qu’à ce niveau, les taux
                                             à 10 ans pourraient encore partir à la hausse, entraînant la courbe des rendements loin
                                             de l’inversion qui semblait si imminente il n’y a que quelques jours.

                                             La Réserve fédérale est prête à faire preuve de patience
                                             Les taux d’intérêt à court terme semblent être de plus en plus maintenus par la
                                             Réserve fédérale, qui a récemment tout mis en œuvre pour rassurer les marchés
                                             financiers qu’elle n’avait pas mis sa politique sur le « pilote automatique » et qu’un
                                             ralentissement économique et une inflation modeste pourraient faire en sorte
                                             qu’elle n’apporte pas certaines des hausses de taux prévues cette année et l’année
                                             suivante. Les marchés des contrats à terme ne prévoient aucune hausse en 2019.
                                             L’autre paramètre des conditions de crédit est la disposition des banques à octroyer
                                             des prêts. Le plus récent sondage réalisé auprès des premiers agents des prêts par la
                                             Réserve fédérale indique qu’en moyenne, les banques continuent de baisser leurs
                                             normes en matière de prêts d’entreprises et pour la plupart des autres catégories
                                             de prêts. Le même sondage fait état d’une baisse de demande de crédit chez les
                                             entreprises. Les entreprises produisent davantage de flux de trésorerie à l’interne
                                             ou arrivent à combler leurs besoins en matière de crédit ailleurs. Parmi les petites et
                                             moyennes entreprises qui ont été sondées par la National Federation of Independent
                                             Business, seuls 4 % affirment qu’elles n’arrivent pas à obtenir le crédit dont elles ont
                                             besoin et un retentissant 50 % d’entre elles disent ne pas avoir besoin de crédit.

                                             L’expansion de l’économie et des marchés n’est pas terminée
                                             Bien entendu, tout répit est susceptible d’être temporaire. Ainsi, il est important de
                                             ne pas oublier que les inversions de courbe des taux sont généralement suivies d’un
                                             début de récession 11 à 14 mois plus tard et d’un sommet des marchés boursiers 3 à
                                             6 mois plus tard. Nos deux autres indicateurs avancés à long terme, soit les inscriptions
                                             hebdomadaires au chômage et l’indicateur avancé du Conference Board, suggèrent
                                             tous deux que l’économie des États-Unis continuera à croître pendant encore au
                                             moins 9 à 12 mois, si ce n’est pas plus.
   Si l’économie des
   États-Unis continue                       Nos propres prévisions tablent sur un taux de croissance plus modeste pour le PIB,
                                             à 2,5 % en 2020, qui prendra la forme d’une progression de 2,0 % à 2,3 % au cours de
   de progresser, il est                     la plupart des trimestres. Effectivement, si, comme le pense le marché des contrats
   fort probable que les                     à terme, la Réserve fédérale a fini d’intervenir, il n’est pas déraisonnable de s’attendre
   bénéfices et la valeur                    à ce que l’économie continue de croître jusqu’en 2020 et peut-être par la suite.
   des entreprises (soit les                 Si l’économie des États-Unis continue de progresser, il est fort probable, selon nous,
   cours boursiers) partent                  que les bénéfices et la valeur des entreprises (soit les cours boursiers) partent à la
                                             hausse eux aussi. Même si nous ne pouvons pas exclure la possibilité d’un retour aux
   à la hausse eux aussi.                    creux récents, nous ne pouvons pas non plus exclure la perspective que le marché
                                             reparte à la hausse vers les sommets inégalés de septembre, voire qu’il les dépasse.

                                             Aucune baisse de l’ampleur des marchés pour l’instant
                                             Il existe une autre mesure interne du rendement des marchés qui appuie ce scénario
                                             optimiste. L’ampleur du marché, qui désigne, parmi les actions qui constituent le
                                             marché, la proportion des titres qui évoluent dans la même direction que les repères
                                             généraux, est mesurée par la ligne des avancées/déclins, qui est déterminée d’après
                                             le nombre d’actions qui affichent une croissance au cours d’un jour donné, moins le
                                             nombre d’émissions à la baisse. Cet indice évolue généralement dans le même sens
                                             que les repères généraux, atteignant des sommets et des creux en même temps que
                                             ces derniers. Or, c’est la trajectoire que la ligne des avancées/déclins a suivie dans

   6 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management
Nous « prenons »
pour la correction
                                             ce dernier exemple, atteignant un nouveau sommet en même temps que l’indice
                                             S&P 500 à la fin septembre et un creux, à l’instar de ce dernier, à la fin décembre.
                                             Toutefois, une analyse sur bon nombre de décennies révèle une exception importante
                                             à cette règle. À l’approche du sommet boursier ultime, juste avant le début d’un
                                             marché baissier, la ligne des avancées/déclins cesse généralement d’évoluer plusieurs
                                             mois, voire trimestres, avant le marché. Autrement dit, le marché, mesuré par un repère
                                             général tel que l’indice S&P 500, continue d’atteindre d’autres sommets, mais de moins
                                             en moins d’actions lui permettent d’y parvenir. Ainsi, au moment où l’indice S&P 500
                                             arrive à son point culminant, un grand nombre d’actions suivent déjà une tendance
                                             baissière bien établie.
                                             La bonne nouvelle est que jusqu’à maintenant, il n’y a toujours pas de telle divergence
                                             négative entre le rendement des repères généraux et la ligne des avancées/déclins.
                                             En fait, la ligne des avancées/déclins s’est beaucoup mieux comportée lors de la
                                             dernière baisse des marchés, reculant d’environ 12 % alors que l’indice S&P 500
                                             a presque perdu 20 %.

                                             Hausse des cours boursiers à prévoir...
                                             Nous sommes convaincus qu’une progression soutenue des cours boursiers
                                             finira par avoir lieu en raison d’un certain nombre de facteurs que l’on constate
                                             à l’heure actuelle :
                                             • L’expansion économique semble se dérouler sans heurts, stimulée par la croissance
                                                de l’emploi, des salaires et de la rentabilité.
                                             • Les prévisions d’une croissance positive, mais modeste du PIB et d’une inflation
                                                faible empêcheront probablement la Réserve fédérale et les autres banques centrales
                                                de resserrer ouvertement le crédit.
                                             • Les actions se négocient à des cours qui, par le passé, ont eu tendance à donner lieu
                                                à de bons rendements prospectifs sur 12 mois.
   Le moment est tout                        • Les indices du pessimisme des marchés ont récemment atteint des niveaux qui vont
                                                de pair avec des creux de correction.
   indiqué pour laisser les
   placements en actions                     … mais ce n’est pas encore le moment d’investir massivement
   existants continuer                       Nous ne voyons aucun inconvénient à une pleine pondération (c’est-à-dire neutre)
                                             des actions au sein d’un portefeuille équilibré. Nous ne sommes toutefois pas
   de contribuer au                          convaincus que le moment est venu d’investir massivement et jugeons qu’il est
   portefeuille, idéalement                  préférable de laisser les placements en actions existants continuer de contribuer
   grâce à une hausse                        au portefeuille, idéalement grâce à une hausse des dividendes et à une capitalisation
                                             de l’avoir des actionnaires à l’interne.
   des dividendes et à
   une capitalisation de                     En cette fin de cycle, du fait des perspectives d’une croissance positive, mais plus lente,
                                             le prix payé pour les bénéfices actuels et la croissance future est important. Les titres
   l’avoir des actionnaires                  dont la valeur nous semble très bonne aujourd’hui pourraient être beaucoup moins
   à l’interne.                              prometteurs six mois plus tard, dans un contexte où l’indice serait, disons, de 12 %
                                             à 15 % plus élevé.
                                             Nous croyons que la meilleure façon de passer les 12 prochains mois sera de préparer
                                             un portefeuille d’actions en vue des défis qui accompagneront vraisemblablement une
                                             expansion économique qui ralentit et tire à sa fin et est susceptible, à un moment ou
                                             un autre, de se transformer en récession. Voici quelques éléments qui devraient figurer
                                             au programme :
                                             • Favoriser la valeur au détriment de la croissance
                                             • Favoriser les actions à grande capitalisation au détriment des actions à
                                               petite capitalisation
                                             • Mettre l’accent sur les dividendes (croissants)
                                             • Réduire les placements dans les sociétés fortement endettées par rapport à la
                                               croissance du PIB
                                             • Mettre l’accent sur la vigueur relative au détriment du rendement des marchés et
                                               des sociétés similaires d’un même secteur
                                             • Se doter d’un plan défensif et savoir d’avance comment le mettre en place

   7 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management
Article
            de fond

                                          Vérifions le niveau
                                          de carburant
                                          Les principaux enjeux du marché du pétrole
                                          en 2019
                                          En ce début de 2019, où les sujets chauds sur le marché pétrolier
                                          mondial ne manquent pas, Michael Tran, premier directeur général
                    Michael Tran          et stratège en produits de base de RBC Marchés des Capitaux, SARL,
           New York, États-Unis           examine ce qui attend l’or noir cette année. Il donne son avis sur
       michael.tran@rbccm.com
                                          les risques et les catalyseurs qui, d’après lui, dicteront l’évolution
         Michael Tran agit à titre de
                                          des marchés, la manière dont le stade avancé du cycle économique
      premier directeur général au        influera sur la demande et en quoi consiste la principale menace
       sein de l’équipe Recherche,        qui plane sur les marchés.
              Énergie stratégique, à
       RBC Marchés des Capitaux,
         qui concentre ses activités      Q. À votre avis, à quoi ressemblera le marché du pétrole mondial
      sur les marchés de l’énergie        au cours de la prochaine année ?
            à l’échelle mondiale, en
          analysant notamment les         R. Cette année, nous nous attendons à un équilibre délicat entre l’offre et la demande
            données fondamentales         mondiales et à ce que le marché fluctue en fonction de l’un ou l’autre de ces deux
        macroéconomiques liées à          pôles. Cela tranche avec la période de volatilité extrême des dernières années lorsque
        l’offre et à la demande. Les      le marché devait composer avec des épisodes de surabondance et d’offre insuffisante.
          opinions de M. Tran sur le      Même si plusieurs éléments sont en jeu, la décision de l’OPEP, en dépit d’une
           secteur de l’énergie sont      pression politique sans précédent, devrait renforcer la confiance des investisseurs,
          fréquemment citées dans
                                          du fait de son engagement à rétablir l’équilibre sur le marché. Si cet objectif suffit
           les médias et il conseille
                                          à raviver la confiance des investisseurs craintifs demeure le sujet du jour. Du fait de
          plusieurs gouvernements
          en matière de politique et
                                          Scénarios optimiste, pessimiste et de base pour le prix
           de budget énergétiques.
                                          du baril de WTI
                                          Prix par baril
                                          85 $
                                                                           Scénario optimiste : 69 $ (25 %)              Nous prévoyons
                                          75 $                                                                           des cours favorables,
                                                      Antécédents du WTI
                                                                                                                         très loin cependant,
                                                                                                                         d’une envolée hors
                                          65 $                                                                           de contrôle, le prix du
                                                                                                                         baril de WTI se chiffrant
                                          55 $                                       Scénario de base : 60 $             en moyenne à 60 $
                                                                                       (probabilité de 50 %)             pour 2019.
                                          45 $

                                                                     Scénario pessimiste : 43,50 $ (25 %)
                                          35 $
                                           janv. 2018 juill.
                                                      juil. 2018
                                                             2018 janv. 2019 juill.
                                                                              juil. 2019
                                                                                    2019 janv. 2020
                                          Sources : RBC Marchés des Capitaux, Bloomberg ; données au 13 décembre 2018

8 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management
Vérifions le niveau
      de carburant
                                              la combinaison d’une gestion active du marché, d’une offre hors OPEP convenable, de
                                              préoccupations macroéconomiques générales et d’une baisse de la confiance chez les
                                              investisseurs, nous prévoyons des cours favorables, très loin cependant d’une envolée
                                              hors de contrôle. Nous nous attendons à ce que les barils de WTI et de Brent se chiffrent
                                              en moyenne à 60 $ et à 68 $, respectivement, cette année. Même s’il ne manque pas de
                                              sujets chauds, ces derniers allant de la politique de l’OPEP par rapport à la politique de
                                              l’Organisation maritime internationale (OMI) en passant par le rôle des exportations
                                              du pétrole des États-Unis quant à la réorientation du commerce mondial, cette année
                                              pourrait être celle où les cours évolueront en dents de scie pendant de courtes périodes
                                              sans donner d’indications pertinentes quant à leur direction à long terme.

                                              Q. Entre l’OPEP, les guerres commerciales, la négociation
                                              technique et les craintes d’une récession imminente, il y a une
                                              foule de facteurs de risque sur le marché. Y a-t-il d’autres facteurs
                                              de risque globaux qui méritent d’être surveillés ?
                                              R. Le positionnement des investisseurs est important ! Nous plaçons la récente baisse
                                              des prix du pétrole sous le signe de la survente et définissons nos perspectives pour 2019
                                              comme étant modérément optimistes, dépendantes de l’OPEP et fortement axées
                                              sur le risque de baisse. Cependant, le défilé des arbitragistes axés sur les paramètres
                                              fondamentaux se consacrant au secteur de l’énergie qui ont quitté le marché soulève
                                              une problématique structurelle qui nuit à l’interprétation que font les investisseurs
                                              de l’information qui leur est transmise. Comme nous l’avons mentionné, l’OPEP+
                                              a indiqué qu’elle défendrait un prix plancher. Cependant, la récente baisse des prix
                                              est un excellent rappel que la confiance des investisseurs, la politique énergétique
                                              du gouvernement et les données fondamentales du marché peuvent toutes subir des
                                              bouleversements importants pendant des périodes extrêmement brèves. Les positions
                                              acheteur des investisseurs sur le pétrole de référence WTI demeurent à leurs plus bas
                                              niveaux en plusieurs années. Par ailleurs, même si les positions vendeur se multiplient
                                              au cours des récentes semaines, la position vendeur globale est loin des sommets
                                              qu’elle a atteints au cours des années précédentes. Autrement dit, la couverture des
                                              positions à découvert n’aura pas une incidence aussi importante que par le passé et
                                              qu’il reviendra, de ce fait, aux optimistes de faire la majeure partie du travail pour tirer
                                              les prix à la hausse.

                                              Contrats à terme et options gérés sur le WTI
                                              Milliers de contrats

                                                700
                                                               Positions acheteur des investisseurs                          Les positions vendeur
                                                600                                                                          sont en deçà des
                                                               Positions vendeur des investisseurs                           sommets précédents,
                                                500                                                                          ce qui porte à croire
                                                                                                                             que les investisseurs
                                                400                                                                          optimistes sur le
                                                300                                                                          marché du pétrole
                                                                                                                             seront nécessaires
                                                200                                                                          pour tirer les prix
                                                                                                                             du pétrole brut
                                                100                                                                          à la hausse.
                                                  0
                                                 nov. 2012             nov. 2014            nov. 2016            nov. 2018
                                              Sources : RBC Marchés des Capitaux, CFTC, Bloomberg ; données prises en
                                                        compte jusqu’au 18 décembre 2018
    9 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Nous " prenons " pour la correction - RBC Wealth Management
Vérifions le niveau
      de carburant
                                           Q. Quels sont les catalyseurs de mouvement haussier à surveiller ?
                                           R. Les coupures d’approvisionnement dans les zones géopolitiques névralgiques
                                           demeurent un danger manifeste pour un marché qui est devenu complaisant
                                           à l’égard du risque de perturbation. Les futures élections au Nigeria et les récents
                                           bouleversements en Libye sont autant de rappels importants que nous pouvons assister
                                           à des problématiques graves, mais passagères, contrairement aux coupures d’autres
                                           régions comme le Venezuela, qui sont de nature structurelle. Dans le même ordre
                                           d’idées, le marché évolue comme si le pire scénario pour l’Iran avait déjà eu lieu. Or,
                                           il ne faut toutefois pas oublier que même si la production en Iran a déjà baissé d’environ
                                           700 milliers de barils par jour par rapport au printemps, le 4 novembre, loin d’être la fin
                                           des sanctions, a plutôt marqué leur entrée en vigueur.

                                           Q. Compte tenu des préoccupations quant au stade avancé
                                           où nous sommes rendus dans le cycle économique, quelle place
                                           accordez-vous aux questions macroéconomiques générales
                                           dans vos observations sur la demande de pétrole ?
                                           R. Malgré les gros titres faisant état d’un ralentissement de la conjoncture
                                           macroéconomique mondiale, nous anticipons, pour cette année, une croissance de
                                           la consommation de pétrole relativement stable et inchangée de près de 1,2 million
                                           de barils par jour. La croissance de la demande à l’échelle mondiale s’est chiffrée
                                           en moyenne à un solide taux annualisé de 1,5 million de barils par jour depuis
    La consommation des                    l’effondrement des prix du pétrole en 2014. Au cours de cette période, la croissance
    États-Unis étant presque               de la demande de pétrole des pays membres de l’OCDE a représenté un taux annualisé
    au maximum de sa                       de 475 milliers de barils par jour, soit presque le tiers de la croissance mondiale. Au
    capacité et l’Europe                   cours de la dernière année, la demande des pays développés s’est révélée inférieure
    s’apprêtant à connaître                à 270 milliers de barils par jour et nous percevons peu de facteurs qui pourraient
                                           mettre fin à ce ralentissement au cours des années à venir. Trois piliers sous-tendant
    sous peu d’autres replis,
                                           la croissance de la consommation de pétrole sont apparus au cours des années qui ont
    il ne restera bientôt plus             suivi la chute des prix du pétrole, soit les États-Unis, l’Europe et les pays émergents de
    que les pays émergents                 l’Asie. La consommation des États-Unis étant presque au maximum de sa capacité et
    d’Asie comme seuls                     l’Europe s’apprêtant à connaître sous peu d’autres replis, nous pensons qu’il ne restera
    contributeurs                          bientôt plus que les pays émergents d’Asie comme seuls contributeurs d’importance
    d’importance à la                      à la croissance de la demande de pétrole. La vérité est que la demande de pétrole
    croissance de la                       des pays membres de l’OCDE a culminé il y a dix ans, avant la crise financière, et que
                                           les gains en efficacité continueront d’affaiblir la demande de pétrole de ces pays. De
    demande de pétrole.
                                           manière générale, nous sommes d’avis qu’il est possible, au final, de ramener le moteur
                                           de la croissance de la demande de pétrole à l’échelle mondiale à la Chine, à l’Inde et au
                                           reste des pays émergents d’Asie. Ce sous-ensemble de pays représente presque les deux
                                           tiers de la croissance mondiale à ce jour depuis les dix dernières années. Ce risque de
                                           concentration présente un profil de risque asymétrique à la baisse.

                                           Q. À quel point la montée des véhicules électriques est-elle
                                           préoccupante pour le futur de la demande de pétrole ?
                                           R. Prenons l’exemple de la Chine. La Chine représente à la fois le chef de file mondial
                                           de la croissance de la demande de pétrole et le marché automobile à la plus forte
                                           progression au monde, y compris sur le plan des ventes de véhicules électriques.
                                           Les ventes de véhicules électriques sont effectivement à la hausse en Chine et ont tout
                                           récemment constitué environ 6 % des ventes de véhicules totales. Fait à noter, toutefois,
                                           les ventes de véhicules électriques sont à la hausse, mais celles des VUS le sont aussi.

    10 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Vérifions le niveau
      de carburant
                                           De fait, alors que les ventes de VUS représentaient 7 % du total des ventes de véhicules
                                           en Chine en 2010, elles ont depuis augmenté pour se chiffrer à 35 %. Cela signifie que
                                           chaque kilomètre conduit de plus en Chine a une intensité énergétique plus élevée que
                                           jamais auparavant. Simplement dit, les véhicules électriques sont plus nombreux, mais
                                           les véhicules énergivores le sont aussi.

                                           Le passage général à l’énergie électrique est certainement préoccupant pour la
                                           demande de pétrole, mais la portée de cette question va au-delà des automobiles. Par
                                           exemple, il y a certaines grandes villes en Chine, comme Shenzhen, où le parc d’autobus
                                           a été entièrement converti à l’énergie électrique sur une période de quatre ans. À notre
                                           avis, une des plus grandes menaces envers l’évolution actuelle de la croissance de
                                           la demande de pétrole en Chine est l’immigration de masse vers des régions offrant
                                           des options de transport en commun électrique à grande échelle. L’évolution de la
                                           demande de pétrole est redéfinie par la politique du gouvernement chinois.

                                           Q. Quelle est la plus grande menace pour le marché du pétrole
                                           cette année ?
                                           R. À notre avis, le plus grand risque de baisse potentiel pour le marché mondial
                                           du pétrole cette année n’est pas lié au pétrole brut, mais bien à l’essence et le point
                                           de départ de cette problématique se trouve en Chine. Même si, d’après nous, on se
                                           fiera au géant asiatique pour, une fois de plus, soutenir le marché du pétrole cette
                                           année, un paradoxe demeure. D’abord, la production des raffineries en Chine est
                                           supérieure de 8 % d’une année à l’autre, hausse qui a joué un rôle clé dans l’absorption
                                           des réserves mondiales de pétrole brut, qui auraient été autrement difficiles à
                                           écouler sur les marchés. En revanche, la production des raffineries lourdes a donné
                                           lieu à un marché national de l’essence surapprovisionné. Ralentir la production des
                                           raffineries permettrait de se débarrasser de l’excédent d’essence, mais accroîtrait
                                           en contrepartie les réserves déjà trop abondantes de pétrole brut. Sinon, maintenir le
                                           débit actuellement élevé des raffineries ferait augmenter la quantité des réserves de
                                           carburant, qui sont déjà en train de tirer les marchés vers le bas, et pourrait donner lieu
                                           à un effet d’entraînement qui ferait en sorte que la surabondance d’essence que l’on
                                           observe en Orient finirait par se répercuter sur l’Occident et donner lieu à une baisse
                                           sur le marché du pétrole en raison d’une offre excédentaire du produit raffiné.

    Nous nous                              Équilibre entre l’offre et la demande de pétrole à l’échelle mondiale
    attendons à un                         Millions de barils par jour

    équilibre délicat                          2,0          Surapprovisionnement
    entre l’offre et la
                                               1,5
    demande cette
    année et à ce que                          1,0
    le marché fluctue                          0,5
    en fonction de l’un
                                               0,0
    ou l’autre de ces
    deux pôles.                                -0,5
                                                                                                                           Sous-approvisionnement
                                               -1,0
                                                      T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4
                                                         2014              2015              2016              2017              2018              2019

                                           Sources : RBC Marchés des Capitaux, Petro-Logistics SA, Agence internationale de l’énergie, Energy Information
                                                     Administration des États-Unis, initiative commune d’organisations en matière de données, données
                                                     publiées par les sociétés et les gouvernements
    11 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Article
            de fond

                                       Ô Canada : un marché peu
                                       apprécié qui présente un
                                       potentiel de valeur
                                       Les investisseurs boudent les actions du Canada, mais ils ignorent
                                       un facteur déterminant : le marché de ce pays a rarement été aussi
                                       peu cher. Nous reconnaissons que les perspectives de ce marché
                Joseph Wu, CFA
                                       demeurent difficiles, mais nous vous expliquons comment les
                 Toronto, Canada       occasions offertes par les valorisations ont suscité notre intérêt.
             joseph.wu@rbc.com
                                                 Personne ne te connaît quand tu es dans la misère – Jimmy Cox
                                       On ne peut reprocher aux investisseurs en actions canadiennes d’être tentés de jeter
                                       l’éponge et d’acheter davantage d’actions américaines (ou tout autre actif. Comment
                                       le bitcoin se comporte-t-il ?). La confiance des investisseurs à l’égard du Canada est
                                       très faible. Le moment est donc peut-être venu d’adopter une stratégie à contre-
                                       courant. Nous nous pencherons sur les obstacles auxquels est confrontée l’économie
                                       canadienne et examinerons les valorisations de l’indice S&P/TSX, tant absolues
                                       que relatives. Si les perspectives du marché canadien ne suscitent pas beaucoup
                                       d’enthousiasme en ce moment, la compression des ratios de l’indice S&P/TSX au
                                       cours des deux dernières années traduit selon nous un pessimisme excessif. De
                Tim Corney, CFA        toute évidence, un climat d’inquiétude s’est installé. Il suffirait peut-être d’une légère
                Toronto, Canada        amélioration de la situation pour que l’indice torontois retrouve un peu de sa vigueur.
            tim.corney@rbc.com
                                       Peu d’intérêt pour l’indice S&P/TSX
                                       Malgré une croissance des bénéfices comparable à celle de l’indice S&P 500
                                       depuis 2016 (voir le tableau ci-dessous), l’indice S&P/TSX est en baisse de 6 % sur
                                       le plan des cours, comparativement à une augmentation de 13 % en dollars canadiens
                                       pour l’indice S&P 500. Au cours des deux dernières années, le ratio cours-bénéfice
                                       prévisionnel de l’indice canadien a chuté de 23 %, alors que l’indice de référence
                                       américain a subi une baisse moins prononcée de 14 %.

                                       Croissance des bénéfices et ratio C/B prévisionnel de l’indice S&P/TSX de déc. 2016
                                       à janv. 2019
                                                                          BPA actuel                     Niveau de l’indice                     C/B prévisionnel
                                                                30 Dec. 2016 4 Jan. 2019    ∆     30 Dec. 2016   4 Jan. 2019    ∆     30 Dec. 2016 4 Jan. 2019      ∆
                                       Indice composé S&P/TSX    669.04 $     914.06 $     37 %     15,288         14,427      -6 %      16.5            12.8      -23 %
                                       S&P 500                   142.79 $     196.20 $     37 %      3,011         3,393       12 %      17.0            14.7      -14 %

                                       Source : Bloomberg ; données en dollars canadiens ; le symbole « Δ » (delta) indique la variation en pourcentage
                                                au cours de la période visée

                                       Le rendement relatif décevant remonte à encore plus loin. Malgré certains
                                       redressements à contre-courant, l’indice S&P/TSX a nettement tiré de l’arrière par
                                       rapport au marché américain au cours des sept dernières années, comme l’illustre
                                       le graphique de la page suivante. L’économie canadienne et les bénéfices des sociétés
                                       se sont bien remis de l’effondrement causé par le prix du pétrole il y a quatre ans, mais
                                       l’optimisme à l’égard des actions canadiennes est resté exceptionnellement sombre.

                                       Diagnostic à propos du marché canadien
                                       Selon nous, trois problèmes généraux expliquent ce mauvais rendement relatif.

12 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Valeur offerte sur
le marché canadien
                                            Rendements totaux des indices S&P/TSX et S&P 500
                                                400
                                                                                                                      348     Malgré certains
                                                               S&P/TSX
                                                                                                                              redressements
                                                               S&P 500 (CAD)                                                  à contre-courant,
                                                300                                                                   274
                                                               S&P 500 (USD)                                                  l’indice S&P/TSX
                                                                                                                              a nettement tiré de
                                                200                                                                           l’arrière par rapport
                                                                                                                      160     au marché américain
                                                                                                                              au cours des sept
                                                100
                                                                                                                              dernières années.

                                                  0
                                                   2010         2012          2014          2016           2018

                                            Source : Bloomberg ; données du 1er janv. 2010 indexées à 100 ; données prises
                                                     en compte jusqu’au 4 janvier 2019

                                            • L’érosion de la concurrence relative : La compétitivité relative des sociétés
                                              canadiennes a particulièrement souffert de la forte baisse du taux d’imposition
                                              des sociétés américaines. Celui-ci, qui a déjà été beaucoup plus élevé que le taux
                                              en vigueur au Canada, est actuellement quelque peu inférieur à ce dernier. En outre,
                                              l’administration Trump a considérablement allégé la réglementation depuis 2017.
                                              Pendant ce temps, le fardeau réglementaire du Canada s’est alourdi, étant donné
                                              que les engagements en faveur de l’environnement et les lois du travail sont devenus
                                              moins favorables aux entreprises. Par ailleurs, toutes les provinces ont relevé le
                                              salaire minimum.
                                            • L’endettement des ménages : Le taux d’endettement des ménages canadiens
                                              a atteint environ 170 % du revenu annuel au troisième trimestre de 2018, en forte
                                              hausse par rapport à un taux d’environ 130 % au début de l’année 2006. Cette hausse
                                              a été alimentée par des taux d’intérêt extrêmement faibles, qui ont fait baisser les
                                              coûts du service de la dette à des niveaux historiquement bas. Elle résulte aussi
                                              de la hausse des prix immobiliers, qui s’est traduite par des prêts hypothécaires
     En l’absence du coup                     plus élevés ainsi que, dans une moindre mesure, un financement par emprunt de
                                              la consommation. Ce phénomène a soulevé des préoccupations concernant la
     de pouce offert par                      vulnérabilité du système financier à l’avenir (par exemple, les prêts en souffrance) et
     une hausse des prix                      les perspectives de croissance à long terme. Ces préoccupations ont d’importantes
     des marchandises,                        répercussions sur l’économie et le marché boursier, puisque le secteur de la finance
                                              représente plus du tiers de l’indice S&P/TSX et que la consommation personnelle
     l’indice S&P/TSX a du                    explique près de 60 % du PIB du Canada.
     mal à suivre le S&P 500                • La dépendance envers les marchandises : Le secteur des marchandises est
     depuis 2011.                             d’une importance cruciale pour l’indice S&P/TSX. Malgré la correction des prix des
                                              marchandises au cours des dernières années, les actions du secteur des ressources
                                              naturelles constituent toujours près de 30 % de l’indice. En l’absence du coup de
                                              pouce offert par une hausse des prix des marchandises, l’indice S&P/TSX a du
                                              mal à suivre le S&P 500 depuis 2011. Le secteur de l’énergie est aux prises avec
                                              l’insuffisance des capacités des pipelines à transporter le pétrole brut canadien
                                              vers les marchés d’exportation, ce qui contraint les producteurs à acheminer des
                                              volumes fortement réduits par trains et par camions, ce qui coûte plus cher, à des
                                              prix nettement inférieurs. Puisque les contraintes liées aux pipelines ne devraient
                                              pas se résorber dans un proche avenir, le pétrole canadien pourrait continuer d’être
                                              négocié selon une décote plus grande que d’habitude par rapport au pétrole WTI,
                                              et les investisseurs continueront probablement de montrer peu d’intérêt envers
                                              les sociétés énergétiques canadiennes.

                                            Le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ?
                                            La tentation de jeter l’éponge en ce qui concerne les actions canadiennes augmente, et
                                            il semble judicieux d’acheter davantage d’actions américaines. Nous gardons toutefois
                                            à l’esprit les sages paroles du père de la gestion axée sur la valeur, Benjamin Graham :

     13 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Valeur offerte sur
le marché canadien
                                            « À court terme, le marché est une machine à voter faisant ressortir quelles sont
                                            les sociétés qui ont la cote ou pas. Mais à long terme, c’est une machine à peser qui
                                            évalue la substance de chaque société. »
                                            Dans ce cas, presque aucune entreprise canadienne n’a la cote en ce moment.
                                            Malgré tout, au cours de 9 des 10 dernières années, les investisseurs étrangers ont
                                            continué d’injecter des capitaux sur le marché canadien : le montant net cumulatif des
                                            achats étrangers d’actions canadiennes s’est bien maintenu lors des dernières années,
     Au cours de 9 des                      s’établissant à 183 milliards de dollars canadiens depuis 2013.
     10 dernières années,                   Les marchés boursiers sont des mécanismes précurseurs : par conséquent, une grande
                                            partie des obstacles qui se dressent devant le marché canadien est déjà largement
     les investisseurs
                                            prise en compte dans l’évaluation des entreprises canadiennes. La situation peut-elle
     étrangers ont continué                 aller de mal en pis ? C’est toujours possible, mais tout investisseur devrait évaluer les
     d’injecter des capitaux                occasions en fonction d’un éventail raisonnable de scénarios possibles et bien tenir
                                            compte du prix payé pour un panier d’entreprises canadiennes de grande qualité.
     sur le marché canadien.
                                            Du point de vue des valorisations absolues, l’indice S&P/TSX se négocie actuellement
                                            selon un ratio cours-bénéfice prévisionnel de 13, ce qui représente une décote de 11 %
                                            par rapport à sa moyenne à long terme de 14,6, soit près d’un écart-type sous la
                                            moyenne historique. D’un point de vue relatif, si les ratios cours-bénéfice prévisionnels
                                            des indices S&P/TSX et S&P 500 ont historiquement eu tendance à être synchrones, un
                                            grand écart s’est creusé, comme l’illustrent les graphiques suivants. L’indice canadien
                                            se négocie actuellement selon une décote extrêmement élevée de 13 % par rapport
                                            au S&P 500, compte tenu du ratio cours-bénéfice prévisionnel.

                                            Ratios C/B des indices S&P/TSX et                           C/B prévisionnel relatif : S&P/TSX et
                                            S&P 500                                                     S&P 500
                                            Les ratios C/B prévisionnels des indices                    ... mais les évaluations divergent
                                            S&P/TSX et S&P 500 avaient tendance                         considérablement depuis 2016
                                            à évoluer de concert...

                                                25 x                                                 1,25

                                                21 x                                                 1,15

                                                                                                     1,05
                                                17 x
                                                                                                     0,95
                                                13 x
                                                                                                     0,85
                                                 9x                                                  0,75

                                                 5x                                                  0,65
                                                   2001       2006          2011         2016            2001           2006         2011          2016

                                                                                                                 C/B prévisionnel relatif : S&P/TSX et S&P 500
                                                       C/B prévisionnel : indice composé S&P/TSX
                                                                                                                 Moyenne à long terme
                                                       C/B prévisionnel : S&P 500                                Écart-type +/- 1

                                            Source : Bloomberg ; données prises en compte jusqu’au 4 janvier 2019

                                            Les valorisations actuelles indiquent que le marché canadien a rarement été aussi peu
                                            cher. Si l’on fait abstraction de la crise financière mondiale (en raison de son caractère
                                            exceptionnel), la dernière fois que le marché canadien a été si peu cher par rapport au
                                            marché américain remonte au début des années 2000. Cependant, le marché américain
                                            subissait alors toujours le contrecoup de la bulle techno et les valorisations étaient très
                                            élevées. Ainsi, le titre de Walmart se négociait à l’équivalent de 57 fois le bénéfice. Le
                                            problème alors n’était pas que le marché canadien était peu cher, mais que le marché
                                            américain affichait des ratios historiquement élevés.
                                            Les évaluations sont rarement utiles pour prévoir le bon moment pour investir,
                                            mais elles représentent de solides indicateurs du potentiel de rendement à long

     14 Perspectives mondiales | Janvier 2019
Vous pouvez aussi lire