Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura - Juillet 2007
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Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura Réalisation : LPO Franche-Comté (anciennement GNFC) Rédaction : Philippe LEGAY & Jean-Philippe PAUL Juillet 2007
Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura Etude financée par : Union européenne Etat / DIREN Franche-Comté Maître d’ouvrage : PNR du Haut-Jura Maître d’œuvre : LPO Franche-Comté (anciennement GNFC) Rédaction : Philippe Legay et Jean-Philippe Paul Terrain : Philippe Legay et Jean-Philippe Paul Relecture : Jean-Christophe Weidmann Remerciements aux observateurs ayant transmis des données : C. Clément, C. Colomb, J. David, W. Guillet, D. Michelat, B. Tissot, E. Wolff Photo de couverture : Pie-grièche écorcheur mâle ; Jean-Philippe Paul Référence du document : LEGAY P. & PAUL J.-P. (2007). – Oiseaux d’intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura. GNFC/LPO Franche-Comté, PNR du Haut-Jura, DIREN Franche-Comté & Union européenne : 34 p. + annexes.
Sommaire INTRODUCTION 2 I – ZONE D’ETUDE 2 II – LIMICOLES ET RALLIDES D’INTERET PATRIMONIAL (RALE DES GENETS, BECASSINE DES MARAIS ET MAROUETTE PONCTUEE 3 II.1. - Méthode 3 II.2. – Résultats 5 II.2.1. - Bécassine des marais 5 II.2.2. - Marouette ponctuée 5 II.2.3. - Râle des genêts 5 II.3. – Enjeux de conservation, propositions de gestion et suivi des limicoles et rallidés d’intérêt patrimonial 6 II.3.1. - Bécassine des marais 6 II.3.2. - Marouette ponctuée 6 II.3.3. - Râle des genêts 7 III – PASSEREAUX DES MILIEUX OUVERTS (ALOUETTE LULU, PIE-GRIECHE ECORCHEUR ET TARIER DES PRES) 10 III.1. - Méthode 10 III.2. - Résultats 11 III.2.1. - Résultats généraux 11 III.2.2. - Résultats spécifiques à l’Alouette lulu, à la Pie-grièche écorcheur et au Tarier des prés 14 III.2.3. - Résultats complémentaires aux relevés IPA 17 III.3. – Enjeux de conservation, propositions de gestion et suivi des passereaux d’intérêt patrimonial des milieux ouverts 18 III.3.1. – Alouette lulu 18 III.3.2. – Pie-grièche écorcheur 20 III.3.3. – Tarier des prés 21 IV - LE CIRCAETE JEAN-LE-BLANC 23 IV.1. – Méthode 23 IV.2. – Résultats. 23 IV.2.1. – Historique et données bibliographiques. 23 IV.2.2. – Situation actuelle par secteur et prospections en 2006-2007. 26 IV.3. – Synthèse et discussion. 28 CONCLUSION 30 BIBLIOGRAPHIE CONSULTÉE 31 ANNEXES 34 Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 1 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Introduction L’étude menée au printemps 2006 et 2007 s’est inscrite dans le cadre de la programmation annuelle du Parc Naturel Régional du Haut-Jura dont la réalisation a été confiée au Groupe Naturaliste de Franche-Comté (devenu LPO Franche-Comté le 1er janvier 2007) par la convention n° 2006 – 63. Les objectifs de l’étude étaient d’enrichir la connaissance des espèces d’oiseaux pour lesquels le parc a une responsabilité et enfin de planifier et prioriser des actions de gestion (notamment entretien des zones ouvertes et des zones humides). Les espèces visées par cette étude sont tout d’abord les passereaux d’intérêt patrimonial des milieux ouverts (Alouette lulu, Pie-grièche écorcheur et Tarier des prés) ainsi que sur les limicoles et rallidés des zones humides (Râle des genets, Bécassine des marais et Marouette ponctuée). Enfin, le Circaète Jean le Blanc a fait l’objet d’une attention toute particulière au cours de l’étude qui visait à confirmer ou infirmer la présence de ce rapace patrimonial sur les sites favorables du Parc Naturel Régional du Haut-Jura. I – Zone d’étude La zone d’étude correspond au territoire du Parc Naturel Régional du Haut-Jura. L’étude se concentre essentiellement sur les zones ouvertes et les zones humides du parc. La figure 1 présente l’ensemble des 80 IPA prospectés (37 IPA prospecté en 2006 et 53 en 2007) sur le territoire du PNR du Haut-Jura. Une cartographie précise des 80 IPA est visible en annexe 3. Rappelons qu’en 2006, seule la partie nord-ouest (des environs de Mouthe jusqu’à Dortan) avait fait l’objet d'IPA pour les passereaux (Legay P. et Paul J.-P. 2006). La cartographie précise de l’ensemble des IPA se trouve en annexe 2. Concernant les autres volets de l'expertise (Rallidés, Bécassine des marais et Circaète Jean-le- Blanc), l'ensemble des prospections ont eu lieu en 2006, sur les sites jugés favorables. Les données collectées en 2007 seront également mentionnées dans le présent rapport. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 2 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Fig. 1 : Répartition des 80 IPA sur le territoire du Parc Naturel Régional du Haut-Jura. II – Limicoles et rallidés d’intérêt patrimonial (râle des genêts, bécassine des marais et marouette ponctuée II.1. - Méthode La méthode consiste en une prospection systématique des milieux favorables (zones humides, queues d'étangs, mégaphorbiaies) par points d’écoute fixes. L’analyse bibliographique, les données anciennes d’observateurs et l’étude des habitats potentiellement favorables à la marouette ponctuée, au râle des genêts et à la bécassine des marais, nous ont conduit à prospecter ces espèces uniquement dans la partie nord du parc (figure 2a). Deux passages ont été effectués sur chaque site entre mi-mai et mi-juin (Deceuninck et al. 1999). Le premier passage s’est déroulé entre le 11 et le 16 mai 2006 et le second entre le 11 et le 13 juin 2006 (voir figure 2b). Parallèlement, dans le cadre de sa mission associative de connaissance sur la faune vertébrée régionale, la LPO Franche-Comté anime un réseau de naturalistes et collecte ses informations. Les données relatives au râle des genêts, à la marouette ponctuée et à la bécassine des marais dans le territoire du PNR en 2006 ainsi qu’en 2007 ont donc été intégrées à cette étude. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 3 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Fig. 2a : Localisation des points d'écoute limicoles et rallidés d’intérêt patrimonial dans la partie nord du PNR du Haut-Jura. Numéro Commune Localisation Premier passage Deuxième passage Zone de marais et prairies entre 1 Gellin 11/05/2006 11/06/2006 Gellin et Villedieu-les-Mouthes Villedieu-les-Mouthes, Prés des 2 Les Villedieu 11/05/2006 11/06/2006 Grues 3 Sarrageois Bief Girard 11/05/2006 11/06/2006 4 Mouthe Prairies proches Scirie 11/05/2006 11/06/2006 5 Mouthe Le Moutat 11/05/2006 11/06/2006 6 Petite-Chaux Vuillet 16/05/2006 12/06/2006 7 Chaux-Neuve Vers chez Huguenin 16/05/2006 12/06/2006 8 Châtelblanc 16/05/2006 12/06/2006 9 Foncine-le-Bas Etang à la Dame 16/05/2006 12/06/2006 10 Grande-Rivière Lac de l'Abbaye 16/05/2006 12/06/2006 Nord ouest de l'étang du lieu-dit les 11 Grande-Rivière 16/05/2006 12/06/2006 Pérailles 12 Les Rousses Le Gravier Non effectué 13/06/2006 13 Les Rousses Vivier des Rousses - pont sur l'Orbe 11/05/2006 13/06/2006 14 Bois-d'Amont Vivier de Bois d'Amont bord de l'Orbe 11/05/2006 13/06/2006 15 Bois-d'Amont Les Landes d'Aval - pont sur l'Orbe 11/05/2006 13/06/2006 Fig. 2b : Localisation et dates des points d'écoute pour la prospection du Râle des genêts, de la Marouette ponctuée et de la Bécassine des marais. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 4 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
II.2. – Résultats Se reporter aux figures 2a et 2b du chapitre précédent. II.2.1. - Bécassine des marais Les prospections menées au printemps 2006, n’ont permis d’observer aucun indice de reproduction de bécassine des marais. Celles menées en 2007 par les bénévoles de la LPO n’ont pas permis non plus d’observer quelconque indice de reproduction de l’espèce. II.2.2. - Marouette ponctuée Malgré les recherches qui ont été menées en 2006 et en 2007, aucun chanteur de marouette ponctuée n’a été contacté sur le territoire du PNR du Haut-Jura. II.2.3. - Râle des genêts Aucun râle des genêts n'a été contacté durant la période retenue par le protocole (mi-mai à mi-juin) dans les zones humides du PNR du Haut Jura. Quelques observations ont cependant été obtenues par le réseau de naturalistes bénévoles de la LPO, d'une part dans le cadre de sa mission associative de connaissance sur la faune vertébrée régionale, d'autre part dans le cadre de la coordination régionale de "l'enquête nationale râle des genêts 2006" menée par la LPO. Les résultats obtenus par ce biais sont les suivants : - un chanteur entendu le 25 juin sur la commune des Villedieu (Doubs) dans les prairies situées derrière la station d’épuration (A. Chamouton fide B. Tissot comm. pers.). - un chanteur les 26 et 27 juin à Bois-d’Amont dans la vallée de l’Orbe puis trois courant juillet (incluant celui noté fin juin) sur cette même commune (C. Clément comm. pers.) : deux oiseaux de part et d'autre de la route traversant la vallée au lieu-dit "les Meuniers" en rive droite de l'Orbe, et un oiseau rive gauche de l'Orbe en face du lieu-dit les Gavottes. Ces deux sites avaient été prospectés avant mi-juin dans le cadre du protocole de la présente étude, ce qui suppose une arrivée tardive des râles découverts ultérieurement (cf. Discussion). En 2007, le râle des genêts a été entendu au mois de juin sur la commune des Rousses dans le secteur du terrain de golf (C. Clément comm. pers.). Cette observation n’a donné aucune suite. le râle des genêts a été recherché spécifiquement le 12 juillet dans la vallée de l’Orbe sans aucun contact. L’espèce a par ailleurs été entendue à cette même date mais au lac de l’abbaye à Grande- Rivière (E. Wolff comm. pers.). Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 5 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
II.3. – Enjeux de conservation, propositions de gestion et suivi des limicoles et rallidés d’intérêt patrimonial II.3.1. - Bécassine des marais La bécassine des marais est un nicheur rare en France (Grisser et Rocamora 1999) et la Franche-Comté apparaît comme le principal bastion de l’espèce en période de reproduction (Michelat 2007). Elle abriterai environ 70% de la population nationale (Michelat op. cit.). La quasi-totalité de la population régionale se reproduit dans le Haut Doubs (63 chanteurs en 2004, 70-73 chanteurs en 2006 dans le Drugeon et la présence de 5 à 8 individus (chanteurs et/ ou chevrotant) a été enregistrée dans la réserve naturelle du lac de Remoray et ses environs (Michelat op. cit.) et quelques chanteurs sont notés de façon plus ou moins régulière dans les vallées de la Saône et ses affluents (Haute-Saône). Dans ce contexte, il paraissait intéressant de mener une prospection sur les zones humides du PNR du Haut-Jura compte tenu de la proximité du site par rapport au bastion régional et national qu'est le bassin du Drugeon. Aucun indice de reproduction n’a été découvert lors des différentes visites. La bécassine des marais n’a d’ailleurs jamais fourni d’indices sérieux de reproduction dans le PNR du Haut-Jura que ce soit dans les vastes prairies et marais de la vallée du Doubs aux environs de Mouthe, dans la vallée de l’Orbe ou dans le Grandvaux. Les données bibliographiques reprises dans l'Atlas des oiseaux nicheurs du Jura mentionnent une présence historique dans le Grandvaux et une observation au lac des Rousses en juillet 1988 (Joveniaux 1993). En 2006, l'espèce a été de nouveau observée en période de reproduction dans la Réserve naturelle de Remoray (Doubs) (Michelat op. cit.). Ce site "satellite" du bassin du Drugeon offre des potentialités fortes à l'espèce du fait d'une gestion conservatoire adaptée en contexte préservé. Il est intéressant de noter que cette petite population est à seulement cinq kilomètres de la limite nord-est du Parc. En période de reproduction, la bécassine des marais fréquente des formations végétales basses, plus ou moins denses, marécageuses ou au moins humides (Grisser et Rocamora 1999). La gestion des prairies et zones humides de façon extensive ainsi que la préservation de zones de quiétude sont autant de mesures de gestion pouvant être bénéfiques à cette espèce tant pour la reproduction que pour l’hivernage ou le transit en période de migration. Les secteurs à privilégier sont situés dans la vallée de l’Orbe, la vallée du Doubs entre Mouthe et Rochejean et dans les zones humides de la région de Saint-Laurent-en-Grandvaux. Sur la réserve naturelle du lac de Remoray la fauche (centrifuge réalisée en août ou septembre) est combinée au pâturage extensif équin (Tissot & Pépin 2007). Ces deux méthodes de gestion complémentaires peuvent être pratiquées en alternance et donnent d’excellents résultats (Tissot & Pépin op. cit.). II.3.2. - Marouette ponctuée La répartition de la marouette ponctuée en France est éparse avec des effectifs fluctuants et faibles pouvant varier de 60 à 200 couples selon les années (Recorbet 1999). En Franche-Comté la marouette ponctuée ne semble plus aussi bien représentée qu’auparavant. En effet, la région abritait en moyenne 9 chanteurs annuellement (Recorbet op. cit.) entre 1990 et 1995. L’espèce n’est aujourd'hui régulièrement nicheuse que sur la Réserve naturelle de Remoray et dans le bassin du Drugeon (1 chanteur respectivement sur chaque site en 2006). Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 6 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Au début des années 90 la marouette ponctuée semblait régulière voire même abondante dans la vallée de l’Orbe avec 6 chanteurs en 1992 le long de ce cours d'eau côté français (année exceptionnelle, données GNFC). Les derniers contacts avec cette espèce discrète ont été établis en 2003 avec l’observation de deux individus aux Rousses. Les prospections menées en 2006 n’ont pas permis de contacter la marouette ponctuée sur la zone d’étude. Les fluctuations caractéristiques de l’espèce n’excluent pas une nouvelle reproduction dans ce secteur géographique au contexte favorable notamment dans la vallée de l’Orbe. Dans notre région, la marouette ponctuée affectionne plus particulièrement les prairies humides et autres formations végétales à caractère humide (cariçaies avec présence de roselière). Toutes mesures visant à préserver ces habitats peuvent s’avérer bénéfiques à la marouette ponctuée, même de façon occasionnelle ou sporadique. De ce fait, une attention particulière doit être portée aux zones humides comme la vallée de l’Orbe ainsi que les cariçaies avec présence de phragmites des lacs, marais et queues d’étangs du Parc (lac des Rousses, lac de l’Abbaye, lac à la Dame à Fort-du Plasne). L’intérêt de préserver sur le long terme de tels sites est d’autant plus fort dans la mesure où ces sites sont susceptibles d’accueillir une espèce emblématique : le Râle des genêts. II.3.3. - Râle des genêts Le déclin généralisé du râle des genêts en Europe comme en France est imputable à la disparition des ses habitats de reproduction à savoir les prairies (Rocamora 1999). En 1984, la population nationale était estimée à 2000 mâles chanteurs. En 2003, la France ne comptait plus que 600 mâles chanteurs (BirdLife International 2004). En 2006, la population de râle des genêts en France a été estimée entre 490 et 560 mâles chanteurs (Deceuninck et Noel 2007). La population franc-comtoise quant à elle est très fluctuante variant de 1 à 30 mâles chanteurs depuis 1990 (voir figure 3) ce qui rend délicat la mise en évidence d’une tendance (Weidmann & Morin 2002). Râle des genêts en Franche-Comté (1990-2006) Nb chanteurs 35 30 25 20 15 ? 10 5 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 0 0 0 0 0 0 0 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 20 20 20 Année Fig. 3: Evolution du nombre de râles des genêts chanteurs en Franche-Comté (GNFC) Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 7 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
En 2004, une enquête régionale a permis de dénombrer 28 mâles chanteurs, effectif comparable à 1993 (29 mâles chanteurs), constituant l’une des « meilleures » années pour la région dans la période récente (Paul coord. 2005). En 2006, une enquête nationale programmée par la LPO et coordonnée au niveau régional par le GNFC a permis de recenser 12 chanteurs de râle des genêts (Paul coord. 2006). L'année 2006 affiche donc des résultats plus de deux fois inférieurs à la précédente enquête de 2004, et ce malgré la prospection de sites occupés il y a deux ans. La répartition des oiseaux en 2006 est en outre très différente de celle de 2004. Le râle des genêts n’avait à notre connaissance pas été contacté sur le territoire du PNR du Haut-Jura depuis 2001 (un chanteur du 22 juin au 4 juillet à la Rixouse "sous les montées"). La vallée de l'Orbe entre les Rousses et Bois-d'Amont a également accueilli deux chanteurs en juillet 2001 où l’espèce semblait régulière auparavant avec notamment dix chanteurs en 1982. A Chapelle-des-Bois un chanteur est noté en juillet 1998 et un oiseau est observé en juillet 2001. Enfin, un chanteur est contacté en 2000 au Lac-des-Rouges-Truites. La plupart des données récentes, comme celles de 2006 et 2007, sont de juillet, ce qui ne plaide pas en faveur d'une reproduction locale. En effet, les mâles reproducteurs diminuent ou cessent leur activité de chant pendant la nidification (Peake & McGregor 2001). La figure 4 permet de localiser à l’échelle de la commune les données anciennes de râle des genêts et les données collectées en 2006 et 2007 au cours d’investigation de la part de bénévoles. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 8 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Fig. 4 : localisation des données anciennes et récentes de râle des genêts sur le territoire du PNR du Haut-Jura Les oiseaux contactés en 2006 ou en 2007 sur la zone d’étude correspondent de toute évidence à des délocalisations habituelles de râles des genêts dues aux fauches dans d’autres régions. Seule l’observation effectuée en juin est intéressante et permet une reproduction possible. La conservation des populations de râle des genêts passe par la mise en place de mesures de gestion favorables (adaptation de la fauche, maintien de bandes non fauchées etc.) et la préservation des habitats qu’il fréquente (prairies de fauches, mégaphorbiaies). Ainsi, il convient de limiter l’impact sur ces milieux sensibles (urbanisme, activités de loisirs). La mise en œuvre de mesures plus compatibles avec le cycle de reproduction telle que la fauche tardive au 15 juillet sont à préconiser car indispensables pour l’avenir de l’espèce. La sensibilisation et la mise en place de mesures contractuelles avec les agriculteurs de la vallée de l’Orbe (côté français) et du Doubs (entre Mouthe et Rochejean) peut s’avérer également un outil intéressant. En vallée de l'Orbe une coopération franco-suisse serait cohérente pour une approche de la problématique à l'échelle de la vallée. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 9 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Un recensement annuel incluant trois passages entre la mi-mai et la mi-juillet est souhaitable dans ces deux secteurs géographiques. En raison du réel risque d’extinction de l’espèce dans les années à venir Deceuninck et Noel préconisent un recensement annuel de la population dans les secteurs encore occupés par l’espèce ainsi que la mise en place d’urgence de mesure agri-environnementales incitatives qui prendraient en compte convenablement la biologie de l’espèce. De telles mesures mériteraient d’être en place sur l’ensemble des sites occupés et anciennement occupés du PNR du Haut-Jura afin d’y restaurer des conditions permettant à nouveau l’accueil de populations nicheuses. Enfin, toute découverte d’oiseau chanteur doit faire l’objet d’une information auprès de(s) l’agriculteur(s) concerné(s) par la ou les parcelles occupées afin de mettre en place les mesures adéquates contractuelles (fauche tardive et centrifuge, maintien de bandes non fauchées, etc.). III – Passereaux des milieux ouverts (alouette lulu, pie-grièche écorcheur et tarier des prés) III.1. - Méthode La méthode mise en œuvre pour inventorier les passereaux patrimoniaux des milieux ouverts est celle des Indices Ponctuels d’Abondance (IPA). Cette méthode a nécessité au préalable un travail de positionnement des points IPA en milieu ouvert à l’aide de fonds de cartes IGN au 25 000ème. 80 IPA ont ainsi été positionnés de façon à couvrir l’ensemble du PNR du Haut-Jura ou tout au moins les ¾ nords comportant des habitats ouverts avec les trois espèces visées (cf. figure 1). En 2006, 37 IPA ont été réalisés (Legay et Paul 2006) et 43 en 2007. Malgré la réalisation d’une étude spécifique en 2004 dans la vallée de l’Orbe (GOJ et EPA 2004), une série de 5 IPA a été effectuée sur la vallée côté français. Les points ont été placés en zone ouverte humide (38 IPA) ou en zone ouverte non humide (42 IPA) (cf. annexe 2). Nous avons effectué sur chaque point IPA deux passages de 20 minutes durant lesquelles toutes les espèces (même si 3 espèces seulement sont visées par l'étude à savoir l’alouette lulu, la pie-grièche écorcheur et le tarier des prés) ont été notées, à toute distance, sur une fiche standar (voir modèle en annexe 1). Cette méthode permet d’obtenir des abondances d’espèces exprimées en "couples". Chaque fiche, en plus de la notation des espèces, faisait mention de la date, du nom de l’observateur, du numéro du point et du passage, des conditions de réalisation de l’IPA (météo, bruit etc.) et enfin de la localisation du point (Comune, lieu-dit, coordonnées GPS). En 2006, le premier passage s’est déroulé entre le 12 et le 24 mai et le second entre le 12 et le 28 juin. Cette même année, le printemps a été tardif avec des chutes de neige tout début juin. En 2007, le premier passage s’est concentré du 22 mais au 25 mai et le second du 29 juin au 14 juillet avec un début d’été qui a été humide. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 10 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
III.2. - Résultats III.2.1. - Résultats généraux NB : Les résultats bruts des 80 IPA effectués en 2006 et 2007 sont disponibles sous forme d’une base de données Microsoft Access. L'échantillonnage de 80 points IPA, répartis en milieu ouvert (humide ou non) sur l'ensemble du Parc Naturel Régional du Haut-Jura, a permis de contacter 89 espèces d'oiseaux "locaux" nichant dans le périmètre du parc. Parmi celles-ci, il convient de séparer les espèces à grand territoire difficiles à localiser, des espèces a priori cantonnées dans le rayon de détection des points IPA. Treize espèces peuvent ainsi être écartées de l'analyse fine des points IPA : Autour des palombes, Bondrée apivore, Buse variable, Canard colvert, Cassenoix moucheté, Chouette hulotte, Corneille noire, Fuligule morillon, Grand Corbeau, Grèbe huppé, Héron cendré, Milan noir, Milan royal. Au final, la richesse globale des 80 IPA compte 76 espèces d'oiseaux à petit territoire (passereaux, petits picidés, petits rapaces, colombidés, gallinacés…). La richesse moyenne par point IPA est de 25,57 espèces à petit territoire (écart- type 5,77), l'abondance moyenne par point correspondante est de 36,20 "couples" (écart-type 10,37) – voir figure 5 ci-dessous. 100 89 90 80 76 Toute espèce nicheuse 70 60 Passereaux et espèces à petit territoire 50 38,86 40 36,2 27,93 30 25,57 20 10 0 Richesse totale Richesse moyenne/point Abondance moyenne/point Fig. 5 : Résultats généraux (richesse et abondance) de la campagne de points IPA de 2006 et 2007. La richesse du PNR du Haut-Jura est relativement élevée si on la compare à quelques études régionales (voir figure 6). L'étude la plus comparable a eu lieu dans le Jura en 2006 sur la ZPS "Petite Montagne du Jura" (FR 4312013), frontalière du PNR du Haut-Jura, où Paul (2007) a échantillonné par la même méthode, et avec un objectif similaire, 80 points IPA en milieu ouvert. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 11 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Les résultats globaux sont comparables mais très légèrement inférieurs (richesse totale de 75 espèces à petit territoire, richesse moyenne de 21 espèces et abondance moyenne de 33 couples) comme le montre le tableau ci-dessous. Apparaîssent également dans ce tableau, les données issues de l’étude réalisée dans la vallée de l’Orbe (GOJ-EPA 2004) incluse dans le périmètre d’étude. Richesse Abondance Richesse Site/milieux (esp. à petit moyenne/point Source moyenne/point territoire) ("couples") PNR Haut-Jura/ Legay & Paul 76 25,57 36,2 milieux ouverts 2007 Petite Montagne/ 75 21,11 33,62 Paul 2007 milieux ouverts Loue-Lison/ Morin & Paul 68 20 30 milieux ouverts 2006 Crêt Monniot/ Morin & 39 16,5 23,3 tous milieux Tissot 2002 Vallée de l'Orbe/ GOJ-EPA 40 11,1 16,8 tous milieux 2004 Fig. 6 : Tableau comparatif des résultats globaux de quelques études régionales par la méthode des IPA. La figure 7 présente la liste des 10 espèces à petit territoire (sur les 76 recensées en 2006 et 2007) les plus fréquentes sur le territoire du PNR du Haut-Jura dans les milieux ouverts qu’ils soient humides ou non. La pie-grièche écorcheur apparaît parmi les 10 espèces les plus fréquentes, au 7ème rang dans l’ordre décroissant de fréquence, la première étant le pinson des arbres. Le tarier des prés quant à lui est placé au 16ème rang alors que l’alouette lulu, peu fréquente, est placée au 30ème rang. 0,99 100% 90% 0,80 0,79 80% 0,75 0,71 70% 0,65 0,64 0,59 60% 0,55 0,51 50% 40% 30% 20% 10% 0% es s s ne ir e iti re no op br au tf b r ar ar le llo Eu tj er an s ui s d' de de M Po u er Br on t di pi r ns Pi Ve Pi Fig. 7 : Classement d’apparition des 10 espèces à petit teritoire les plus fréquentes dans les milieux ouverts du PNR du Haut-Jura : espèces triées par ordre décroissant de fréquence. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 12 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Par ailleurs, si l’on s’intéresse à l’abondance des espèces à petit territoire (cf. figure 8), quelques changement sont visibles. Ainsi, la pie-grièche écorcheur qui est une espèce fréquente n’est pas une espèce abondante et n’apparaît pas parmi les 10 espèces les plus abondantes (13ème rang). A l’inverse le tarier des près, bien qu’il ne figure pas parmi les 10 espèces les plus fréquentes, est une espèce abondante dans le PNR du Haut-Jura et à ce titre est positionné au 6ème rang dans l’ordre décroissant d’abondance. Dans ce classement l’alouette lulu le 35ème rang. Abondance sur les milieux ouverts échantillonnés Espèce (N = 80 IPA) exprimés en "couples" Pinson des arbres 204 Pipit des arbres 127,5 Fauvette à tête noire 123,5 Martinet noir 119 Merle noir 91 Tarier des prés 82,5 Bruant jaune 82,5 Mésange charbonnière 82 Pouillot fitis 70,5 Fauvette des jardins 64 Fig. 8 : Tableau des 10 espèces les plus abondantes dans les milieux ouverts du PNR du Haut-Jura : espèces triées par ordre décroissant d’abondance. Signalons que l’IPA le plus riche est celui du lac à la Dame à Fort-du-Plasne (IPA n°38) avec 46 espèces à petit territoire observées ; l’IPA le moins riche est celui de Ravilloles au lieu-dit les Rochettes (IPA n°62) avec seulement 12 espèces à petit territoire. Si l’on s’intéresse aux abondances d’espèces à petit territoire, on constate que l’IPA n°17 (Grande-Rivière, Les Chauvins) est celui où le nombre de "couples" observé (61 "couples") était le plus important et l’IPA n°62 là où le nombre de "couples" observé était le plus faible (12,5 "couples"). Pour clore les généralités sur les IPA, la figure 9 permet de déterminer la valeur patrimoniale des 80 IPA en zone ouverte réalisés en 2006 et 2007 sur le territoire du PNR du Haut-Jura. On constate que 41% des IPA (33 IPA) sélectionnés contiennent une seule espèce patrimoniale, 36% (29 IPA) en contiennent deux et 5% (4 IPA) des IPA contiennent les trois espèces recherchées. Seulement 18% (14 IPA) des IPA n’ont pas permis d’observer les espèces ciblées par l’étude. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 13 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
5% 18% 36% 3 sp. pat. 2 sp. pat. 41% 1 sp. pat. 0 sp. pat. Fig. 9 : Répartition du nombre d’espèces patrimoniales observées/point. III.2.2. - Résultats spécifiques à l’Alouette lulu, à la Pie-grièche écorcheur et au Tarier des prés Selon la convention établie avec le maître d’ouvrage, il a été convenu d’étudier spécifiquement trois espèces patrimoniales des milieux ouverts : l’alouette lulu, la pie-grièche écorcheur et le tarier des prés. Le tableau de la figure 10 fait part des résultats globaux obtenus pour chacune de ces trois espèces par la méthode des IPA. La cartographie en annexe 4 permet de localiser précisément chacune des trois espèces de passereaux patrimoniaux des milieux ouverts. Afin d’apporter des précisions sur les habitats occupés par ces espèces dans le parc, une analyse de l’abondance et de la fréquence a été réalisée en fonction du caractère humide ou non du milieu ouvert inventorié. Abondance Abondance Fréquence Espèce moyenne/point ("couples") moyenne/point ("couples") Alouette lulu 21,5 0,27 0,23 Pie-grièche écorcheur 56,5 0,71 0,64 Tarier des prés 82,5 1,03 0,43 Fig. 10 : Résultats globaux des IPA pour trois espèces patrimoniales. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 14 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Résultats spécifiques pour l’Alouette lulu Liste des IPA concernés : 17, 29, 30, 32, 35, 48-50, 55-59, 63, 65, 68, 72 & 74. Statut : Annexe I de la Directive Oiseaux, catégorie SPEC 2, espèce protégée au niveau national, espèce à enjeu de conservation inscrite au groupe III des ORGFH, à surveiller en France L’Alouette lulu est une espèce qui occupe dans le Parc Naturel Régional du Haut- Jura les pâturages boisés maigres d’altitude très ouverts (pré-bois) ainsi que les systèmes de pelouse. Abondance Type de milieu Abondance Fréquence Echantillon N= moyenne/point ouvert ("couples") moyenne/point ("couples") Zone humide 38 2 0,05 0,05 Zone non humide 42 19,5 0,46 0,38 Fig. 11 : Résultats des IPA par type de milieu ouvert échantillonné pour l’Alouette lulu. Il ressort du tableau de la figure 11 une différence notable en fonction des milieux ouverts échantillonnés accueillant l’Alouette lulu. En effet c’est sans surprise que l’on constate que l’Alouette lulu n’a pas de prédilection pour les zones humides. Les contacts d’Alouette lulu sur les points IPA définis comme étant humide ont de toute évidence été établis en marge dans des milieux plus sec. Cela s’explique en partie par le fait qu’elle peut être entendue de très loin et de fait a pu être notée en zone humide. Par ailleurs, il ressort que l’espèce est présente dans le Haut-Jura dans 38% des IPA réalisés dans les milieux ouverts non humides pourtant favorables. A titre d’exemple, l’Alouette lulu en Petite Montagne du Jura (Paul 2007) montre une fréquence moyenne de 0,488 (près d’un IPA sur deux est occupé par l’espèce) contre 0,38 dans le PNR du Haut-Jura (1 IPA sur 4). Ce résultat est à nuancer par le fait que l’échantillonnage en Petite montagne visait spécifiquement l’alouette lulu dans les systèmes de pelouses. A travers l’échantillonnage réalisé dans le PNR du Haut-Jura, on peut dire que c’est une espèce assez rare et localisée. Résultats spécifiques pour la Pie-grièche écorcheur Liste des IPA concernés : 2, 5, 9, 16-23, 25-30, 32, 33, 35, 37, 40-42, 46, 49, 51-61, 63, 64, 66-69, 71-74 & 76-79. Statut : Annexe I de la Directive Oiseaux, catégorie SPEC 3, espèce protégée au niveau national, espèce à enjeu de conservation inscrite au groupe III des ORGFH, en déclin en France Les habitats occupés par la Pie-grièche écorcheur sont bien souvent équivalent à ceux occupés par l’Alouette lulu. On note par contre sa présence régulière dans les zones humides ouvertes comme par exemple dans la vallée de l’Orbe. La Pie- grièche écorcheur est une espèce directement associée aux prairies et pâturages ponctués d’éléments buissonneux. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 15 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Abondance Type de milieu Abondance Fréquence Echantillon N= moyenne/point ouvert ("couples") moyenne/point ("couples") Zone humide 38 26,5 0,70 0,58 Zone non humide 42 30 0,71 0,69 Fig. 12 : Résultats des IPA par type de milieu ouvert échantillonné pour la Pie-grièche écorcheur. Pour comparer avec l’étude menée sur 80 IPA en milieux ouvert en Petite Montagne, la Pie-grièche écorcheur a montré une abondance moyenne de 0,44 "couple"/point et une fréquence moyenne de 0,49 (49% des points inventoriés sont occupés par l’espèce). Le tableau de la figure 10 montre une abondance et une fréquence moyenne dans les milieux ouverts du PNR du Haut-Jura supérieures à celles de Petite Montagne. Le tableau de la figure 12 ne met pas en avant de différence notable en fonction du caractère humide ou non des milieux ouverts qu’elle occupe. Toutefois, on observe une très légère différence à la faveur des milieux ouverts non humide où l’espèce paraît plus fréquente. La Pie-grièche écorcheur semble tout aussi abondante dans les zones humides que dans les zones non humides. C’est probablement la structure du milieu et la richesse en proies qui sélectionne l’habitat de cette espèce. Cette dernière est l’espèce la plus fréquente des trois retenues dans le cadre de cette étude. Par conséquent la Pie-grièche écorcheur peut être qualifiée d’espèce commune et peu abondante dans le PNR du Haut-Jura. Résultats spécifiques pour le Tarier des prés Liste des IPA concernés : 1, 3-7, 15, 18-22, 25, 36, 38, 42-44, 46, 47, 49, 54, 61, 64, 68-72, 74 & 76- 79 Statut : Espèce protégée au niveau national, espèce à enjeu de conservation inscrite au groupe IV des ORGFH, en déclin en France Le Tarier des prés est indéniablement une espèce phare du Parc Naturel Régional du Haut-Jura comme en témoignent les résultats obtenus dans le tableau de la figure 13. Il occupe dans le parc tout type de milieux humides, tourbières et marais, friches humides, prairies grasses humides et vastes prairies de fauche. Abondance Type de milieu Abondance Fréquence Echantillon N= moyenne/point ouvert ("couples") moyenne/point ("couples") Zone humide 38 73,5 1,93 0,68 Zone non humide 42 9 0,21 0,19 Fig. 13 : Résultats des IPA par type de milieu ouvert échantillonné pour le Tarier des prés. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 16 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Au vu de l’habitat occupé par l’espèce, il n’est pas étonnant de constater que le Tarier des près est beaucoup plus fréquent dans les zones humides (68% de l’échantillon de points IPA en zone humide est occupé par l’espèce) que dans les milieux ouverts non humides. Signalons que le Tarier des prés était l’espèce la plus fréquente de la vallée de l’Orbe en 2004 (GOJ-EPA 2004). Selon cette même étude, il était également le plus abondant du cortège de passereaux de la vallée de l’Orbe. Des trois espèces retenues le Tarier des prés est l’espèce la plus abondante. Il s’avère qu’il est commun et répandue dans le PNR du Haut-Jura. III.2.3. - Résultats complémentaires aux relevés IPA Lors des investigations de terrain, des données complémentaires obtenues en dehors du cadre strict des relevés IPA ont été relevé par les observateurs de la LPO Franche-Comté. Ces observations, à l’instar de celles obtenues par le biais des IPA, ont été cartographiées précisément (annexe 4). Le tableau de l’annexe 5 recense l’ensemble des localités supplémentaires pour chacune des trois espèces patrimoniales visées par l’étude. Nous obtenons ainsi, 1 site à Alouette lulu, 13 sites à Pie-grièche écorcheur et 19 sites à Tarier des prés. Les cartes des figure 14a, 14b et 14c permettent de visualiser la répartition globale de l’Alouette lulu, de la Pie-grièche écorcheur et du Tarier des prés dans le PNR du Haut-Jura. Fig. 14a : Alouette lulu Fig. 14b : Pie-grièche écorcheur Fig. 14c : Tarier des prés Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 17 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
III.3. – Enjeux de conservation, propositions de gestion et suivi des passereaux d’intérêt patrimonial des milieux ouverts Parmi les trois espèces de passereaux patrimoniaux étudiés dans le cadre de cette étude, il ressort un intérêt particulièrement important pour la conservation du Tarier des prés en se référant aux résultats mis en évidence par la méthode des IPA. Globalement, le Parc Naturel Régional du Haut-Jura a une responsabilité majeure pour la conservation de l’Alouette lulu, de la Pie-grièche écorcheur et du Tarier des prés compte tenu de leur statut régional et national (cf. chapitre III.2.2.). Par ailleurs, ces trois espèces ont pour point commun le fait qu’elles sont considérées par le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) comme indicateur de biodiversité des milieux agricoles en France. Or, grâce aux indicateurs générés dans le cadre du programme Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC), il apparaît que les abondances d’oiseaux des milieux agricoles sont en diminution de 29% sur la période 1989-2006 (http://www.mnhn.fr/vigie- nature/STOC_indicateurs.htm). III.3.1. – Alouette lulu En Franche-Comté, les populations d’Alouette lulu se concentrent sur trois principales grandes zones : plateaux de Haute-Saône, bordure jurassienne et Haut Doubs (Paul 2007 ; Weidmann & Morin 2002). Les résultats concernant le PNR du Haut-Jura montrent une relative rareté de l’Alouette lulu dans les milieux ouverts non humides. Par conséquent, il convient de mettre en place rapidement des mesures visant à préserver et suivre cette population. La responsabilité du PNR du Haut-Jura est d’autant plus évidente que l’espèce a presque complètement disparu en dessous de 1100m d’altitude sur le versant suisse du Jura (Gerber et al. 2006). Même si les causes de diminution de l’espèce dans le Jura Suisse ne sont pas certaines, Gerber et al. avancent quelques pistes de réflexion pouvant concerner également le Jura français et le PNR du Haut-Jura. Il en ressort que la régression de l’Alouette lulu pourrait être attribuée avant tout aux modifications de l’habitat par l’homme et notamment à l’intensification de l’exploitation des herbages maigres, à la destruction de milieux (construction, mise en culture, succession forestière liée à la déprise agricole) et à l’élimination des postes de chants essentiels durant la période de reproduction. L’étude de l’Alouette lulu dans le Jura suisse fait état d’au moins 113 territoires sur 220km2 (Gerber et al. 2006). Un tel résultat ne peut être avancé pour comparaison côté français. La méthode mise en œuvre en 2006 et 2007 ne permet pas d’obtenir de densité sur le territoire du PNR du Haut-Jura. Au niveau régional, les effectifs sont méconnus mais ont peut craindre des déclins locaux suite à la fermeture des milieux ouverts et à l’intensification des pratiques agricoles (Paul 2007). Propositions de mesures dans un objectif de gestion L’enjeu principal pour la protection de l’alouette lulu dans le PNR du Haut-Jura, dont la présence est liée à quelques sites, est le maintien d’une agriculture extensive des pâturages boisés maigres d’altitude très ouverts (secteur de Lac-des- Rouges-Truites, Lajoux etc.) ainsi que des systèmes de pelouse (Grès de Septmoncel, Mont la Chèvre à Foncine). Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 18 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
Les pâturages boisés ou pré-bois sont importants pour la préservation de la biodiversité (Gallandat et al. 1995 ; Gallandat et Gillet 1999). Ces milieux menacés font l’objet d’une collaboration franco-suisse dont l’objectif est de mener des actions transfrontalières en faveur d’une gestion intégrée des paysages sylvo- pastoraux de l’Arc jurassien (projet Interreg). Il apparaît que l’Alouette lulu est une espèce emblématique de ces milieux. Les mesures de conservation de ce passereau dans la montagne jurassienne sont intimement liés à la problématique des pré-bois et donc au programme Interreg sus-cité. Une étude sur la sélection de l’habitat par l’Alouette lulu en fonction de la typologie des différents prés-bois (degré d’ouverture nature du sol, altitude etc.) du massif du jura serait à mener pour optimiser les démarches de conservation. Pour assurer le maintien de l’Alouette lulu dans le PNR du Haut-Jura, il convient d’éviter : - l’intensification des herbages par apport de substances nutritives (fumure, angrais) qui densifie le couvert végétal (contraire aux exigences de l’espèce qui a besoin de zones rases et nues), - la conversion de pâturages ou prairies maigres en prairies de fauche ou culture, - la disparition de structures verticales tels que buissons, arbres fruitiers, arbres isolé ou haies qui servent de poste de chant, - la fermeture du milieux par la progression des ligneux dans les zones de transition entre pâtures ou prairies et forêt, - étudier les paramètres de densité. Afin d’insister sur l’importance de la qualité de la strate herbacée, l’exemple d’une étude menée dans l’extrême nord-est du Jura dans des zones agricoles situées aux environs de 900m d’altitude mérite d’être citée. En effet, l’implantation de nombreuses jachères fleuries à permis une reconstitution rapide d’une petite population sur le point de s’éteindre (Widner 2002). Suivi Afin d’obtenir des tendances d’évolution de l’Alouette lulu dans le PNR du Haut- Jura il est important d’assurer un suivi notamment en reconduisant tous les 5ans une opération de contrôle des sites occupés par la technique des IPA. Dans un souci d’obtenir des renseignements sur ses densités, il est possible d’envisager la réalisation de quadrats visant à qualifier les différents habitats qu’occupent l’Alouette lulu dans le PNR du Haut-Jura. Des carrés d’un kilomètre de côté pourraient ainsi être prospectés tous les 5 ans à raison de 5 passages par campagne pour cartographier les territoires. La pie-grièche écorcheur pourraient bénéficier par la même occasion d’un tel suivi. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 19 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
III.3.2. – Pie-grièche écorcheur La pie-grièche écorcheur est largement répandue en Franche-Comté mais elle évite cependant les grands massifs forestiers (Paul 2007 ; Weidmann & Morin 2002). Jiguet & Juillard (2007) ont publié une carte de répartition de l’espèce en fonction de son abondance qui permet de montrer l’importance de la population régionale au niveau national et au niveau de l’Europe de l’Ouest. Les résultats obtenus dans le PNR du Haut Jura ont permis de mettre en avant une fréquence importante dans tous le milieux ouverts avec 64% des IPA échantillonnés occupés par l’espèce. La Pie-grièche écorcheur est répandue dans le PNR du Haut-Jura et se reproduit aussi bien dans les zones humides que dans les zones non humides (cf. figure 12). Ce qu’elle recherche avant toute chose c’est une zone ouverte avec les éléments indispensables qui structurent sont habitat à savoir des buissons, des haies, des prairies, des pâtures ou même tourbières et autres marais lui offrant la possibilité d’installer son nid et de trouver toutes les ressources nécessaires en insectes. Outre les conditions climatiques printanières et estivales qui influent sur la quantité de nourriture et sur le succès de reproduction (Lefranc 1999) les principales menaces qui pèsent sur les populations de Pie-grièche écorcheur sont liées aux pratiques agricoles ainsi qu’à la destruction, la dégradation et la dévalorisations de sites sur les sites de reproduction (Zollinger 2006). Propositions de mesures dans un objectif de gestion Afin de participer au maintien de la Pie-grièche écorcheur dans le périmètre du PNR du Haut-Jura et avec une telle couverture géographique, on préconise de : - favoriser une agriculture extensive et la non conversion de pâtures ou prairies en culture (visiblement limité actuellement dans le PNR du Haut- Jura), - sensibiliser les agriculteurs sur l’intérêt des haies, talus et autres éléments fixes du paysage en donnant des éléments liés à la valeur patrimoniale de certaines espèces et à la nidification (période d’action, pratiques à éviter etc.), - maintien d’un maillage bocager important comme dans les environs de Lac- des-Rouges-Truites et Fort-du-Plasne qui sont également favorables à la Pie- grièche grise potentiellement présente dans le PNR du Haut-Jura, - veiller au maintien des zones ouvertes, le reboisement du à la déprise pouvant être un facteur de diminution, - organiser des soirées conférence à thème visant à sensibiliser les agriculteurs sur le thème des oiseaux liés à une agriculture respectueuse de l’environnement, - mettre en place des mesures contractuelles dans les secteurs les plus sensibles à des changements éminents dans les pratiques agricoles, - étudier les paramètres de densité. Suivi A l’instar de l’Alouette lulu, la Pie-grièche écorcheur doit bénéficier d’une veille qui peut se traduire par la reconduction du même échantillon d’IPA tous les 5 ans et par la réalisation de quadrats visant à cartographier les territoires et obtenir des densités. Ces quadrats pourraient être reconduits tous les 5 ans afin de suivre son évolution. Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura 20 LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura Legay & Paul – juillet 2007
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