Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura - Juillet 2007

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Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura - Juillet 2007
Oiseaux d'intérêt patrimonial
                               dans le
                 Parc Naturel Régional du Haut-Jura

Réalisation : LPO Franche-Comté (anciennement GNFC)

Rédaction : Philippe LEGAY & Jean-Philippe PAUL

                                                      Juillet 2007
Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura - Juillet 2007
Oiseaux d'intérêt patrimonial
                                   dans le
                     Parc Naturel Régional du Haut-Jura

Etude financée par :

Union européenne

Etat / DIREN Franche-Comté

Maître d’ouvrage :

PNR du Haut-Jura

Maître d’œuvre :

LPO Franche-Comté (anciennement GNFC)

Rédaction : Philippe Legay et Jean-Philippe Paul

Terrain : Philippe Legay et Jean-Philippe Paul

Relecture : Jean-Christophe Weidmann

Remerciements aux observateurs ayant transmis des données : C. Clément, C. Colomb, J.
David, W. Guillet, D. Michelat, B. Tissot, E. Wolff

Photo de couverture : Pie-grièche écorcheur mâle ; Jean-Philippe Paul

Référence du document :

LEGAY P. & PAUL J.-P. (2007). – Oiseaux d’intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional
du Haut-Jura. GNFC/LPO Franche-Comté, PNR du Haut-Jura, DIREN Franche-Comté & Union
européenne : 34 p. + annexes.
Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura - Juillet 2007
Sommaire

INTRODUCTION                                                                                               2

I – ZONE D’ETUDE                                                                                           2

II – LIMICOLES ET RALLIDES D’INTERET PATRIMONIAL (RALE DES GENETS, BECASSINE DES
MARAIS ET MAROUETTE PONCTUEE                                                    3

II.1. - Méthode                                                                                            3

II.2. – Résultats                                                                                          5
     II.2.1. - Bécassine des marais                                                                        5
     II.2.2. - Marouette ponctuée                                                                          5
     II.2.3. - Râle des genêts                                                                             5

II.3. – Enjeux de conservation, propositions de gestion et suivi des limicoles et rallidés
d’intérêt patrimonial                                                                    6
     II.3.1. - Bécassine des marais                                                      6
     II.3.2. - Marouette ponctuée                                                        6
     II.3.3. - Râle des genêts                                                           7

III – PASSEREAUX DES MILIEUX OUVERTS (ALOUETTE LULU, PIE-GRIECHE ECORCHEUR ET
TARIER DES PRES)                                                            10

III.1. - Méthode                                                                                          10

III.2. - Résultats                                                                                         11
      III.2.1. - Résultats généraux                                                                        11
      III.2.2. - Résultats spécifiques à l’Alouette lulu, à la Pie-grièche écorcheur et au Tarier des prés 14
      III.2.3. - Résultats complémentaires aux relevés IPA                                                 17

III.3. – Enjeux de conservation, propositions de gestion et suivi des passereaux
d’intérêt patrimonial des milieux ouverts                                                                 18
      III.3.1. – Alouette lulu                                                                            18
      III.3.2. – Pie-grièche écorcheur                                                                    20
      III.3.3. – Tarier des prés                                                                          21

IV - LE CIRCAETE JEAN-LE-BLANC                                                                            23

IV.1. – Méthode                                                                                           23

IV.2. – Résultats.                                                                                        23
    IV.2.1. – Historique et données bibliographiques.                                                     23
    IV.2.2. – Situation actuelle par secteur et prospections en 2006-2007.                                26

IV.3. – Synthèse et discussion.                                                                           28

CONCLUSION                                                                                                30

BIBLIOGRAPHIE CONSULTÉE                                                                                   31

ANNEXES                                                                                                   34

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                               LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                     Legay & Paul – juillet 2007
Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura - Juillet 2007
Introduction

L’étude menée au printemps 2006 et 2007 s’est inscrite dans le cadre de la
programmation annuelle du Parc Naturel Régional du Haut-Jura dont la réalisation
a été confiée au Groupe Naturaliste de Franche-Comté (devenu LPO Franche-Comté
le 1er janvier 2007) par la convention n° 2006 – 63.

Les objectifs de l’étude étaient d’enrichir la connaissance des espèces d’oiseaux
pour lesquels le parc a une responsabilité et enfin de planifier et prioriser des
actions de gestion (notamment entretien des zones ouvertes et des zones
humides).

Les espèces visées par cette étude sont tout d’abord les passereaux d’intérêt
patrimonial des milieux ouverts (Alouette lulu, Pie-grièche écorcheur et Tarier des
prés) ainsi que sur les limicoles et rallidés des zones humides (Râle des genets,
Bécassine des marais et Marouette ponctuée). Enfin, le Circaète Jean le Blanc a
fait l’objet d’une attention toute particulière au cours de l’étude qui visait à
confirmer ou infirmer la présence de ce rapace patrimonial sur les sites favorables
du Parc Naturel Régional du Haut-Jura.

I – Zone d’étude

La zone d’étude correspond au territoire du Parc Naturel Régional du Haut-Jura.
L’étude se concentre essentiellement sur les zones ouvertes et les zones humides
du parc. La figure 1 présente l’ensemble des 80 IPA prospectés (37 IPA prospecté
en 2006 et 53 en 2007) sur le territoire du PNR du Haut-Jura. Une cartographie
précise des 80 IPA est visible en annexe 3.

Rappelons qu’en 2006, seule la partie nord-ouest (des environs de Mouthe jusqu’à
Dortan) avait fait l’objet d'IPA pour les passereaux (Legay P. et Paul J.-P. 2006). La
cartographie précise de l’ensemble des IPA se trouve en annexe 2. Concernant les
autres volets de l'expertise (Rallidés, Bécassine des marais et Circaète Jean-le-
Blanc), l'ensemble des prospections ont eu lieu en 2006, sur les sites jugés
favorables. Les données collectées en 2007 seront également mentionnées dans le
présent rapport.

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                            LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                  Legay & Paul – juillet 2007
Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura - Juillet 2007
Fig. 1 : Répartition des 80 IPA sur le territoire du Parc Naturel Régional du Haut-Jura.

II – Limicoles et rallidés d’intérêt patrimonial (râle des genêts,
bécassine des marais et marouette ponctuée
II.1. - Méthode

La méthode consiste en une prospection systématique des milieux favorables
(zones humides, queues d'étangs, mégaphorbiaies) par points d’écoute fixes.
L’analyse bibliographique, les données anciennes d’observateurs et l’étude des
habitats potentiellement favorables à la marouette ponctuée, au râle des genêts et
à la bécassine des marais, nous ont conduit à prospecter ces espèces uniquement
dans la partie nord du parc (figure 2a). Deux passages ont été effectués sur chaque
site entre mi-mai et mi-juin (Deceuninck et al. 1999). Le premier passage s’est
déroulé entre le 11 et le 16 mai 2006 et le second entre le 11 et le 13 juin 2006
(voir figure 2b).
Parallèlement, dans le cadre de sa mission associative de connaissance sur la faune
vertébrée régionale, la LPO Franche-Comté anime un réseau de naturalistes et
collecte ses informations. Les données relatives au râle des genêts, à la marouette
ponctuée et à la bécassine des marais dans le territoire du PNR en 2006 ainsi qu’en
2007 ont donc été intégrées à cette étude.

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                              LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
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Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura - Juillet 2007
Fig. 2a : Localisation des points d'écoute limicoles et rallidés d’intérêt patrimonial dans la partie
nord du PNR du Haut-Jura.

Numéro Commune           Localisation                            Premier passage Deuxième passage
                         Zone de marais et prairies entre
   1     Gellin                                                    11/05/2006        11/06/2006
                         Gellin et Villedieu-les-Mouthes
                         Villedieu-les-Mouthes, Prés des
   2     Les Villedieu                                             11/05/2006        11/06/2006
                         Grues
   3     Sarrageois      Bief Girard                               11/05/2006        11/06/2006
   4     Mouthe          Prairies proches Scirie                   11/05/2006        11/06/2006
   5     Mouthe          Le Moutat                                 11/05/2006        11/06/2006
   6     Petite-Chaux    Vuillet                                   16/05/2006        12/06/2006
   7     Chaux-Neuve     Vers chez Huguenin                        16/05/2006        12/06/2006
   8     Châtelblanc                                               16/05/2006        12/06/2006
   9     Foncine-le-Bas Etang à la Dame                            16/05/2006        12/06/2006
   10    Grande-Rivière Lac de l'Abbaye                            16/05/2006        12/06/2006
                        Nord ouest de l'étang du lieu-dit les
   11    Grande-Rivière                                            16/05/2006        12/06/2006
                        Pérailles
   12    Les Rousses    Le Gravier                                Non effectué       13/06/2006
   13    Les Rousses     Vivier des Rousses - pont sur l'Orbe      11/05/2006        13/06/2006
   14    Bois-d'Amont    Vivier de Bois d'Amont bord de l'Orbe     11/05/2006        13/06/2006
   15    Bois-d'Amont    Les Landes d'Aval - pont sur l'Orbe       11/05/2006        13/06/2006

Fig. 2b : Localisation et dates des points d'écoute pour la prospection du Râle des genêts, de la
Marouette ponctuée et de la Bécassine des marais.

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                              LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
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II.2. – Résultats
Se reporter aux figures 2a et 2b du chapitre précédent.

II.2.1. - Bécassine des marais

Les prospections menées au printemps 2006, n’ont permis d’observer aucun indice
de reproduction de bécassine des marais. Celles menées en 2007 par les bénévoles
de la LPO n’ont pas permis non plus d’observer quelconque indice de reproduction
de l’espèce.

II.2.2. - Marouette ponctuée

Malgré les recherches qui ont été menées en 2006 et en 2007, aucun chanteur de
marouette ponctuée n’a été contacté sur le territoire du PNR du Haut-Jura.

II.2.3. - Râle des genêts

Aucun râle des genêts n'a été contacté durant la période retenue par le protocole
(mi-mai à mi-juin) dans les zones humides du PNR du Haut Jura. Quelques
observations ont cependant été obtenues par le réseau de naturalistes bénévoles
de la LPO, d'une part dans le cadre de sa mission associative de connaissance sur la
faune vertébrée régionale, d'autre part dans le cadre de la coordination régionale
de "l'enquête nationale râle des genêts 2006" menée par la LPO. Les résultats
obtenus par ce biais sont les suivants :
   - un chanteur entendu le 25 juin sur la commune des Villedieu (Doubs) dans
       les prairies situées derrière la station d’épuration (A. Chamouton fide B.
       Tissot comm. pers.).
   - un chanteur les 26 et 27 juin à Bois-d’Amont dans la vallée de l’Orbe puis
       trois courant juillet (incluant celui noté fin juin) sur cette même commune
       (C. Clément comm. pers.) : deux oiseaux de part et d'autre de la route
       traversant la vallée au lieu-dit "les Meuniers" en rive droite de l'Orbe, et un
       oiseau rive gauche de l'Orbe en face du lieu-dit les Gavottes.

Ces deux sites avaient été prospectés avant mi-juin dans le cadre du protocole de
la présente étude, ce qui suppose une arrivée tardive des râles découverts
ultérieurement (cf. Discussion).

En 2007, le râle des genêts a été entendu au mois de juin sur la commune des
Rousses dans le secteur du terrain de golf (C. Clément comm. pers.). Cette
observation n’a donné aucune suite. le râle des genêts a été recherché
spécifiquement le 12 juillet dans la vallée de l’Orbe sans aucun contact. L’espèce a
par ailleurs été entendue à cette même date mais au lac de l’abbaye à Grande-
Rivière (E. Wolff comm. pers.).

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                             LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                   Legay & Paul – juillet 2007
II.3. – Enjeux de conservation, propositions de gestion et suivi des limicoles et
rallidés d’intérêt patrimonial

II.3.1. - Bécassine des marais

La bécassine des marais est un nicheur rare en France (Grisser et Rocamora 1999)
et la Franche-Comté apparaît comme le principal bastion de l’espèce en période de
reproduction (Michelat 2007). Elle abriterai environ 70% de la population nationale
(Michelat op. cit.). La quasi-totalité de la population régionale se reproduit dans le
Haut Doubs (63 chanteurs en 2004, 70-73 chanteurs en 2006 dans le Drugeon et la
présence de 5 à 8 individus (chanteurs et/ ou chevrotant) a été enregistrée dans la
réserve naturelle du lac de Remoray et ses environs (Michelat op. cit.) et quelques
chanteurs sont notés de façon plus ou moins régulière dans les vallées de la Saône
et ses affluents (Haute-Saône). Dans ce contexte, il paraissait intéressant de mener
une prospection sur les zones humides du PNR du Haut-Jura compte tenu de la
proximité du site par rapport au bastion régional et national qu'est le bassin du
Drugeon. Aucun indice de reproduction n’a été découvert lors des différentes
visites. La bécassine des marais n’a d’ailleurs jamais fourni d’indices sérieux de
reproduction dans le PNR du Haut-Jura que ce soit dans les vastes prairies et
marais de la vallée du Doubs aux environs de Mouthe, dans la vallée de l’Orbe ou
dans le Grandvaux. Les données bibliographiques reprises dans l'Atlas des oiseaux
nicheurs du Jura mentionnent une présence historique dans le Grandvaux et une
observation au lac des Rousses en juillet 1988 (Joveniaux 1993).
En 2006, l'espèce a été de nouveau observée en période de reproduction dans la
Réserve naturelle de Remoray (Doubs) (Michelat op. cit.). Ce site "satellite" du
bassin du Drugeon offre des potentialités fortes à l'espèce du fait d'une gestion
conservatoire adaptée en contexte préservé. Il est intéressant de noter que cette
petite population est à seulement cinq kilomètres de la limite nord-est du Parc.

En période de reproduction, la bécassine des marais fréquente des formations
végétales basses, plus ou moins denses, marécageuses ou au moins humides
(Grisser et Rocamora 1999). La gestion des prairies et zones humides de façon
extensive ainsi que la préservation de zones de quiétude sont autant de mesures de
gestion pouvant être bénéfiques à cette espèce tant pour la reproduction que pour
l’hivernage ou le transit en période de migration. Les secteurs à privilégier sont
situés dans la vallée de l’Orbe, la vallée du Doubs entre Mouthe et Rochejean et
dans les zones humides de la région de Saint-Laurent-en-Grandvaux. Sur la réserve
naturelle du lac de Remoray la fauche (centrifuge réalisée en août ou septembre)
est combinée au pâturage extensif équin (Tissot & Pépin 2007). Ces deux méthodes
de gestion complémentaires peuvent être pratiquées en alternance et donnent
d’excellents résultats (Tissot & Pépin op. cit.).

II.3.2. - Marouette ponctuée

La répartition de la marouette ponctuée en France est éparse avec des effectifs
fluctuants et faibles pouvant varier de 60 à 200 couples selon les années (Recorbet
1999). En Franche-Comté la marouette ponctuée ne semble plus aussi bien
représentée qu’auparavant. En effet, la région abritait en moyenne 9 chanteurs
annuellement (Recorbet op. cit.) entre 1990 et 1995. L’espèce n’est aujourd'hui
régulièrement nicheuse que sur la Réserve naturelle de Remoray et dans le bassin
du Drugeon (1 chanteur respectivement sur chaque site en 2006).
         Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura   6
                            LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                  Legay & Paul – juillet 2007
Au début des années 90 la marouette ponctuée semblait régulière voire même
abondante dans la vallée de l’Orbe avec 6 chanteurs en 1992 le long de ce cours
d'eau côté français (année exceptionnelle, données GNFC). Les derniers contacts
avec cette espèce discrète ont été établis en 2003 avec l’observation de deux
individus aux Rousses.
Les prospections menées en 2006 n’ont pas permis de contacter la marouette
ponctuée sur la zone d’étude. Les fluctuations caractéristiques de l’espèce
n’excluent pas une nouvelle reproduction dans ce secteur géographique au
contexte favorable notamment dans la vallée de l’Orbe. Dans notre région, la
marouette ponctuée affectionne plus particulièrement les prairies humides et
autres formations végétales à caractère humide (cariçaies avec présence de
roselière).
Toutes mesures visant à préserver ces habitats peuvent s’avérer bénéfiques à la
marouette ponctuée, même de façon occasionnelle ou sporadique. De ce fait, une
attention particulière doit être portée aux zones humides comme la vallée de
l’Orbe ainsi que les cariçaies avec présence de phragmites des lacs, marais et
queues d’étangs du Parc (lac des Rousses, lac de l’Abbaye, lac à la Dame à Fort-du
Plasne). L’intérêt de préserver sur le long terme de tels sites est d’autant plus fort
dans la mesure où ces sites sont susceptibles d’accueillir une espèce
emblématique : le Râle des genêts.

II.3.3. - Râle des genêts

Le déclin généralisé du râle des genêts en Europe comme en France est imputable
à la disparition des ses habitats de reproduction à savoir les prairies (Rocamora
1999). En 1984, la population nationale était estimée à 2000 mâles chanteurs. En
2003, la France ne comptait plus que 600 mâles chanteurs (BirdLife International
2004). En 2006, la population de râle des genêts en France a été estimée entre 490
et 560 mâles chanteurs (Deceuninck et Noel 2007). La population franc-comtoise
quant à elle est très fluctuante variant de 1 à 30 mâles chanteurs depuis 1990 (voir
figure 3) ce qui rend délicat la mise en évidence d’une tendance (Weidmann &
Morin 2002).

                             Râle des genêts en Franche-Comté (1990-2006)
    Nb chanteurs
      35

      30

      25

      20

      15                                                                                                                ?
      10

       5

       0
           0

                 1

                        2

                               3

                                      4

                                             5

                                                    6

                                                           7

                                                                  8

                                                                         9

                                                                                0

                                                                                       1

                                                                                              2

                                                                                                     3

                                                                                                            4

                                                                                                                   5

                                                                                                                            6
          9

                  9

                         9

                                9

                                       9

                                              9

                                                     9

                                                            9

                                                                   9

                                                                          9

                                                                                 0

                                                                                        0

                                                                                               0

                                                                                                      0

                                                                                                             0

                                                                                                                    0

                                                                                                                           0
       19

               19

                      19

                             19

                                    19

                                           19

                                                  19

                                                         19

                                                                19

                                                                       19

                                                                              20

                                                                                     20

                                                                                            20

                                                                                                   20

                                                                                                          20

                                                                                                                 20

                                                                                                                        20

                                                                   Année

Fig. 3: Evolution du nombre de râles des genêts chanteurs en Franche-Comté (GNFC)

               Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura                                         7
                                  LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                        Legay & Paul – juillet 2007
En 2004, une enquête régionale a permis de dénombrer 28 mâles chanteurs,
effectif comparable à 1993 (29 mâles chanteurs), constituant l’une des
« meilleures » années pour la région dans la période récente (Paul coord. 2005).

En 2006, une enquête nationale programmée par la LPO et coordonnée au niveau
régional par le GNFC a permis de recenser 12 chanteurs de râle des genêts (Paul
coord. 2006). L'année 2006 affiche donc des résultats plus de deux fois inférieurs à
la précédente enquête de 2004, et ce malgré la prospection de sites occupés il y a
deux ans. La répartition des oiseaux en 2006 est en outre très différente de celle
de 2004. Le râle des genêts n’avait à notre connaissance pas été contacté sur le
territoire du PNR du Haut-Jura depuis 2001 (un chanteur du 22 juin au 4 juillet à la
Rixouse "sous les montées"). La vallée de l'Orbe entre les Rousses et Bois-d'Amont a
également accueilli deux chanteurs en juillet 2001 où l’espèce semblait régulière
auparavant avec notamment dix chanteurs en 1982. A Chapelle-des-Bois un
chanteur est noté en juillet 1998 et un oiseau est observé en juillet 2001. Enfin, un
chanteur est contacté en 2000 au Lac-des-Rouges-Truites. La plupart des données
récentes, comme celles de 2006 et 2007, sont de juillet, ce qui ne plaide pas en
faveur d'une reproduction locale. En effet, les mâles reproducteurs diminuent ou
cessent leur activité de chant pendant la nidification (Peake & McGregor 2001).

La figure 4 permet de localiser à l’échelle de la commune les données anciennes
de râle des genêts et les données collectées en 2006 et 2007 au cours
d’investigation de la part de bénévoles.

         Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura   8
                            LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                  Legay & Paul – juillet 2007
Fig. 4 : localisation des données anciennes et récentes de râle des genêts sur le territoire du PNR du
Haut-Jura

Les oiseaux contactés en 2006 ou en 2007 sur la zone d’étude correspondent de
toute évidence à des délocalisations habituelles de râles des genêts dues aux
fauches dans d’autres régions. Seule l’observation effectuée en juin est
intéressante et permet une reproduction possible. La conservation des populations
de râle des genêts passe par la mise en place de mesures de gestion favorables
(adaptation de la fauche, maintien de bandes non fauchées etc.) et la préservation
des habitats qu’il fréquente (prairies de fauches, mégaphorbiaies).

Ainsi, il convient de limiter l’impact sur ces milieux sensibles (urbanisme, activités
de loisirs). La mise en œuvre de mesures plus compatibles avec le cycle de
reproduction telle que la fauche tardive au 15 juillet sont à préconiser car
indispensables pour l’avenir de l’espèce.

La sensibilisation et la mise en place de mesures contractuelles avec les
agriculteurs de la vallée de l’Orbe (côté français) et du Doubs (entre Mouthe et
Rochejean) peut s’avérer également un outil intéressant. En vallée de l'Orbe une
coopération franco-suisse serait cohérente pour une approche de la problématique
à l'échelle de la vallée.
           Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura                 9
                              LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                    Legay & Paul – juillet 2007
Un recensement annuel incluant trois passages entre la mi-mai et la mi-juillet est
souhaitable dans ces deux secteurs géographiques. En raison du réel risque
d’extinction de l’espèce dans les années à venir Deceuninck et Noel préconisent un
recensement annuel de la population dans les secteurs encore occupés par l’espèce
ainsi que la mise en place d’urgence de mesure agri-environnementales incitatives
qui prendraient en compte convenablement la biologie de l’espèce. De telles
mesures mériteraient d’être en place sur l’ensemble des sites occupés et
anciennement occupés du PNR du Haut-Jura afin d’y restaurer des conditions
permettant à nouveau l’accueil de populations nicheuses. Enfin, toute découverte
d’oiseau chanteur doit faire l’objet d’une information auprès de(s) l’agriculteur(s)
concerné(s) par la ou les parcelles occupées afin de mettre en place les mesures
adéquates contractuelles (fauche tardive et centrifuge, maintien de bandes non
fauchées, etc.).

III – Passereaux des milieux ouverts (alouette lulu, pie-grièche
écorcheur et tarier des prés)
III.1. - Méthode

La méthode mise en œuvre pour inventorier les passereaux patrimoniaux des
milieux ouverts est celle des Indices Ponctuels d’Abondance (IPA). Cette méthode a
nécessité au préalable un travail de positionnement des points IPA en milieu ouvert
à l’aide de fonds de cartes IGN au 25 000ème. 80 IPA ont ainsi été positionnés de
façon à couvrir l’ensemble du PNR du Haut-Jura ou tout au moins les ¾ nords
comportant des habitats ouverts avec les trois espèces visées (cf. figure 1). En
2006, 37 IPA ont été réalisés (Legay et Paul 2006) et 43 en 2007. Malgré la
réalisation d’une étude spécifique en 2004 dans la vallée de l’Orbe (GOJ et EPA
2004), une série de 5 IPA a été effectuée sur la vallée côté français. Les points ont
été placés en zone ouverte humide (38 IPA) ou en zone ouverte non humide (42
IPA) (cf. annexe 2).

Nous avons effectué sur chaque point IPA deux passages de 20 minutes durant
lesquelles toutes les espèces (même si 3 espèces seulement sont visées par l'étude
à savoir l’alouette lulu, la pie-grièche écorcheur et le tarier des prés) ont été
notées, à toute distance, sur une fiche standar (voir modèle en annexe 1). Cette
méthode permet d’obtenir des abondances d’espèces exprimées en "couples".

Chaque fiche, en plus de la notation des espèces, faisait mention de la date, du
nom de l’observateur, du numéro du point et du passage, des conditions de
réalisation de l’IPA (météo, bruit etc.) et enfin de la localisation du point
(Comune, lieu-dit, coordonnées GPS).

En 2006, le premier passage s’est déroulé entre le 12 et le 24 mai et le second
entre le 12 et le 28 juin. Cette même année, le printemps a été tardif avec des
chutes de neige tout début juin. En 2007, le premier passage s’est concentré du 22
mais au 25 mai et le second du 29 juin au 14 juillet avec un début d’été qui a été
humide.

         Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura   10
                            LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                  Legay & Paul – juillet 2007
III.2. - Résultats

III.2.1. - Résultats généraux

NB : Les résultats bruts des 80 IPA effectués en 2006 et 2007 sont disponibles sous forme
d’une base de données Microsoft Access.

L'échantillonnage de 80 points IPA, répartis en milieu ouvert (humide ou non) sur
l'ensemble du Parc Naturel Régional du Haut-Jura, a permis de contacter 89
espèces d'oiseaux "locaux" nichant dans le périmètre du parc. Parmi celles-ci, il
convient de séparer les espèces à grand territoire difficiles à localiser, des espèces
a priori cantonnées dans le rayon de détection des points IPA. Treize espèces
peuvent ainsi être écartées de l'analyse fine des points IPA : Autour des palombes,
Bondrée apivore, Buse variable, Canard colvert, Cassenoix moucheté, Chouette
hulotte, Corneille noire, Fuligule morillon, Grand Corbeau, Grèbe huppé, Héron
cendré, Milan noir, Milan royal.
Au final, la richesse globale des 80 IPA compte 76 espèces d'oiseaux à petit
territoire (passereaux, petits picidés, petits rapaces, colombidés, gallinacés…).
La richesse moyenne par point IPA est de 25,57 espèces à petit territoire (écart-
type 5,77), l'abondance moyenne par point correspondante est de 36,20 "couples"
(écart-type 10,37) – voir figure 5 ci-dessous.

  100
               89
   90

   80                  76
                                      Toute espèce nicheuse
   70

   60                                 Passereaux et espèces à
                                      petit territoire
   50
                                                                   38,86
   40                                                                      36,2

                                        27,93
   30                                           25,57

   20

   10

    0
             Richesse totale       Richesse moyenne/point     Abondance moyenne/point

Fig. 5 : Résultats généraux (richesse et abondance) de la campagne de points IPA de 2006 et 2007.

La richesse du PNR du Haut-Jura est relativement élevée si on la compare à
quelques études régionales (voir figure 6). L'étude la plus comparable a eu lieu
dans le Jura en 2006 sur la ZPS "Petite Montagne du Jura" (FR 4312013), frontalière
du PNR du Haut-Jura, où Paul (2007) a échantillonné par la même méthode, et
avec un objectif similaire, 80 points IPA en milieu ouvert.

           Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura             11
                              LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                    Legay & Paul – juillet 2007
Les résultats globaux sont comparables mais très légèrement inférieurs (richesse
totale de 75 espèces à petit territoire, richesse moyenne de 21 espèces et
abondance moyenne de 33 couples) comme le montre le tableau ci-dessous.
Apparaîssent également dans ce tableau, les données issues de l’étude réalisée
dans la vallée de l’Orbe (GOJ-EPA 2004) incluse dans le périmètre d’étude.

                              Richesse                                                            Abondance
                                                                 Richesse
Site/milieux                  (esp. à petit                                                       moyenne/point   Source
                                                                 moyenne/point
                              territoire)                                                         ("couples")
PNR Haut-Jura/                                                                                                    Legay & Paul
                              76                                 25,57                            36,2
milieux ouverts                                                                                                   2007
Petite Montagne/
                              75                                 21,11                            33,62           Paul 2007
milieux ouverts
Loue-Lison/                                                                                                       Morin & Paul
                              68                                 20                               30
milieux ouverts                                                                                                   2006
Crêt Monniot/                                                                                                     Morin &
                              39                                 16,5                             23,3
tous milieux                                                                                                      Tissot 2002
Vallée de l'Orbe/                                                                                                 GOJ-EPA
                              40                                 11,1                             16,8
tous milieux                                                                                                      2004

Fig. 6 : Tableau comparatif des résultats globaux de quelques études régionales par la méthode des
IPA.

La figure 7 présente la liste des 10 espèces à petit territoire (sur les 76 recensées
en 2006 et 2007) les plus fréquentes sur le territoire du PNR du Haut-Jura dans les
milieux ouverts qu’ils soient humides ou non. La pie-grièche écorcheur apparaît
parmi les 10 espèces les plus fréquentes, au 7ème rang dans l’ordre décroissant de
fréquence, la première étant le pinson des arbres. Le tarier des prés quant à lui est
placé au 16ème rang alors que l’alouette lulu, peu fréquente, est placée au 30ème
rang.

                    0,99
      100%
       90%                 0,80      0,79
       80%                                     0,75
                                                         0,71
       70%                                                        0,65     0,64
                                                                                     0,59
       60%                                                                                   0,55
                                                                                                       0,51
       50%
       40%
       30%
       20%
       10%
        0%
                 es

                                                                                              s
                                               s

                                                                 ne
                                   ir

                                                                                             e

                                                                                           iti
                                            re
                                 no

                                                                                          op
               br

                                                               au

                                                                                         tf
                                           b

                                                                                 r
               ar

                                        ar
                             le

                                                                                     llo
                                                                              Eu
                                                             tj
                            er

                                                        an
           s

                                                                                  ui
                                    s

                                                                           d'
          de

                                  de
                           M

                                                                                Po
                                                         u

                                                                         er
                                                      Br
      on

                                 t

                                                                      di
                              pi

                                                                     r
     ns

                            Pi

                                                                  Ve
   Pi

Fig. 7 : Classement d’apparition des 10 espèces à petit teritoire les plus fréquentes dans les milieux
ouverts du PNR du Haut-Jura : espèces triées par ordre décroissant de fréquence.

               Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura                                    12
                                  LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                        Legay & Paul – juillet 2007
Par ailleurs, si l’on s’intéresse à l’abondance des espèces à petit territoire (cf.
figure 8), quelques changement sont visibles. Ainsi, la pie-grièche écorcheur qui
est une espèce fréquente n’est pas une espèce abondante et n’apparaît pas parmi
les 10 espèces les plus abondantes (13ème rang). A l’inverse le tarier des près, bien
qu’il ne figure pas parmi les 10 espèces les plus fréquentes, est une espèce
abondante dans le PNR du Haut-Jura et à ce titre est positionné au 6ème rang dans
l’ordre décroissant d’abondance. Dans ce classement l’alouette lulu le 35ème rang.

                             Abondance sur les
                              milieux ouverts
                              échantillonnés
Espèce
                               (N = 80 IPA)
                               exprimés en
                                 "couples"
Pinson des arbres                   204
Pipit des arbres                   127,5
Fauvette à tête noire              123,5
Martinet noir                         119
Merle noir                            91
Tarier des prés                      82,5
Bruant jaune                         82,5
Mésange charbonnière                  82
Pouillot fitis                       70,5
Fauvette des jardins                   64

Fig. 8 : Tableau des 10 espèces les plus abondantes dans les milieux ouverts du PNR du Haut-Jura :
espèces triées par ordre décroissant d’abondance.

Signalons que l’IPA le plus riche est celui du lac à la Dame à Fort-du-Plasne (IPA
n°38) avec 46 espèces à petit territoire observées ; l’IPA le moins riche est celui de
Ravilloles au lieu-dit les Rochettes (IPA n°62) avec seulement 12 espèces à petit
territoire. Si l’on s’intéresse aux abondances d’espèces à petit territoire, on
constate que l’IPA n°17 (Grande-Rivière, Les Chauvins) est celui où le nombre de
"couples" observé (61 "couples") était le plus important et l’IPA n°62 là où le
nombre de "couples" observé était le plus faible (12,5 "couples").

Pour clore les généralités sur les IPA, la figure 9 permet de déterminer la valeur
patrimoniale des 80 IPA en zone ouverte réalisés en 2006 et 2007 sur le territoire
du PNR du Haut-Jura. On constate que 41% des IPA (33 IPA) sélectionnés
contiennent une seule espèce patrimoniale, 36% (29 IPA) en contiennent deux et 5%
(4 IPA) des IPA contiennent les trois espèces recherchées. Seulement 18% (14 IPA)
des IPA n’ont pas permis d’observer les espèces ciblées par l’étude.

           Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura            13
                              LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                    Legay & Paul – juillet 2007
5%
             18%

                                                    36%

                                                        3 sp. pat.
                                                        2 sp. pat.
         41%                                            1 sp. pat.
                                                        0 sp. pat.

Fig. 9 : Répartition du nombre d’espèces patrimoniales observées/point.

III.2.2. - Résultats spécifiques à l’Alouette lulu, à la Pie-grièche écorcheur et au
Tarier des prés

Selon la convention établie avec le maître d’ouvrage, il a été convenu d’étudier
spécifiquement trois espèces patrimoniales des milieux ouverts : l’alouette lulu, la
pie-grièche écorcheur et le tarier des prés. Le tableau de la figure 10 fait part des
résultats globaux obtenus pour chacune de ces trois espèces par la méthode des
IPA. La cartographie en annexe 4 permet de localiser précisément chacune des
trois espèces de passereaux patrimoniaux des milieux ouverts. Afin d’apporter des
précisions sur les habitats occupés par ces espèces dans le parc, une analyse de
l’abondance et de la fréquence a été réalisée en fonction du caractère humide ou
non du milieu ouvert inventorié.

                                                     Abondance
                                 Abondance                         Fréquence
Espèce                                              moyenne/point
                                 ("couples")                      moyenne/point
                                                     ("couples")
Alouette lulu                        21,5               0,27          0,23
Pie-grièche écorcheur                56,5                 0,71              0,64
Tarier des prés                      82,5                 1,03              0,43

Fig. 10 : Résultats globaux des IPA pour trois espèces patrimoniales.

           Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura    14
                              LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                    Legay & Paul – juillet 2007
Résultats spécifiques pour l’Alouette lulu
Liste des IPA concernés : 17, 29, 30, 32, 35, 48-50, 55-59, 63, 65, 68, 72 & 74.

Statut : Annexe I de la Directive Oiseaux, catégorie SPEC 2, espèce protégée au niveau national,
espèce à enjeu de conservation inscrite au groupe III des ORGFH, à surveiller en France

L’Alouette lulu est une espèce qui occupe dans le Parc Naturel Régional du Haut-
Jura les pâturages boisés maigres d’altitude très ouverts (pré-bois) ainsi que les
systèmes de pelouse.

                                                                 Abondance
Type de milieu                                Abondance                        Fréquence
               Echantillon N=                                   moyenne/point
ouvert                                        ("couples")                     moyenne/point
                                                                 ("couples")
Zone humide                    38                   2                  0,05                 0,05

Zone non humide                42                 19,5                 0,46                 0,38

Fig. 11 : Résultats des IPA par type de milieu ouvert échantillonné pour l’Alouette lulu.

Il ressort du tableau de la figure 11 une différence notable en fonction des milieux
ouverts échantillonnés accueillant l’Alouette lulu. En effet c’est sans surprise que
l’on constate que l’Alouette lulu n’a pas de prédilection pour les zones humides.
Les contacts d’Alouette lulu sur les points IPA définis comme étant humide ont de
toute évidence été établis en marge dans des milieux plus sec. Cela s’explique en
partie par le fait qu’elle peut être entendue de très loin et de fait a pu être notée
en zone humide.
Par ailleurs, il ressort que l’espèce est présente dans le Haut-Jura dans 38% des IPA
réalisés dans les milieux ouverts non humides pourtant favorables. A titre
d’exemple, l’Alouette lulu en Petite Montagne du Jura (Paul 2007) montre une
fréquence moyenne de 0,488 (près d’un IPA sur deux est occupé par l’espèce)
contre 0,38 dans le PNR du Haut-Jura (1 IPA sur 4). Ce résultat est à nuancer par le
fait que l’échantillonnage en Petite montagne visait spécifiquement l’alouette lulu
dans les systèmes de pelouses. A travers l’échantillonnage réalisé dans le PNR du
Haut-Jura, on peut dire que c’est une espèce assez rare et localisée.

        Résultats spécifiques pour la Pie-grièche écorcheur
Liste des IPA concernés : 2, 5, 9, 16-23, 25-30, 32, 33, 35, 37, 40-42, 46, 49, 51-61, 63, 64, 66-69,
71-74 & 76-79.
Statut : Annexe I de la Directive Oiseaux, catégorie SPEC 3, espèce protégée au niveau national,
espèce à enjeu de conservation inscrite au groupe III des ORGFH, en déclin en France

Les habitats occupés par la Pie-grièche écorcheur sont bien souvent équivalent à
ceux occupés par l’Alouette lulu. On note par contre sa présence régulière dans les
zones humides ouvertes comme par exemple dans la vallée de l’Orbe. La Pie-
grièche écorcheur est une espèce directement associée aux prairies et pâturages
ponctués d’éléments buissonneux.

           Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura                15
                              LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                    Legay & Paul – juillet 2007
Abondance
Type de milieu                                Abondance                        Fréquence
               Echantillon N=                                   moyenne/point
ouvert                                        ("couples")                     moyenne/point
                                                                 ("couples")
Zone humide                    38                 26,5                 0,70                 0,58

Zone non humide                42                  30                  0,71                 0,69

Fig. 12 : Résultats des IPA par type de milieu ouvert échantillonné pour la Pie-grièche écorcheur.

Pour comparer avec l’étude menée sur 80 IPA en milieux ouvert en Petite
Montagne, la Pie-grièche écorcheur a montré une abondance moyenne de 0,44
"couple"/point et une fréquence moyenne de 0,49 (49% des points inventoriés sont
occupés par l’espèce). Le tableau de la figure 10 montre une abondance et une
fréquence moyenne dans les milieux ouverts du PNR du Haut-Jura supérieures à
celles de Petite Montagne.
Le tableau de la figure 12 ne met pas en avant de différence notable en fonction
du caractère humide ou non des milieux ouverts qu’elle occupe. Toutefois, on
observe une très légère différence à la faveur des milieux ouverts non humide où
l’espèce paraît plus fréquente. La Pie-grièche écorcheur semble tout aussi
abondante dans les zones humides que dans les zones non humides. C’est
probablement la structure du milieu et la richesse en proies qui sélectionne
l’habitat de cette espèce. Cette dernière est l’espèce la plus fréquente des trois
retenues dans le cadre de cette étude. Par conséquent la Pie-grièche écorcheur
peut être qualifiée d’espèce commune et peu abondante dans le PNR du Haut-Jura.

        Résultats spécifiques pour le Tarier des prés
Liste des IPA concernés : 1, 3-7, 15, 18-22, 25, 36, 38, 42-44, 46, 47, 49, 54, 61, 64, 68-72, 74 & 76-
79
Statut : Espèce protégée au niveau national, espèce à enjeu de conservation inscrite au groupe IV
des ORGFH, en déclin en France

Le Tarier des prés est indéniablement une espèce phare du Parc Naturel Régional
du Haut-Jura comme en témoignent les résultats obtenus dans le tableau de la
figure 13. Il occupe dans le parc tout type de milieux humides, tourbières et
marais, friches humides, prairies grasses humides et vastes prairies de fauche.

                                                                 Abondance
Type de milieu                                Abondance                        Fréquence
               Echantillon N=                                   moyenne/point
ouvert                                        ("couples")                     moyenne/point
                                                                 ("couples")
Zone humide                    38                 73,5                 1,93                 0,68

Zone non humide                42                   9                  0,21                 0,19

Fig. 13 : Résultats des IPA par type de milieu ouvert échantillonné pour le Tarier des prés.

           Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura                  16
                              LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                    Legay & Paul – juillet 2007
Au vu de l’habitat occupé par l’espèce, il n’est pas étonnant de constater que le
Tarier des près est beaucoup plus fréquent dans les zones humides (68% de
l’échantillon de points IPA en zone humide est occupé par l’espèce) que dans les
milieux ouverts non humides. Signalons que le Tarier des prés était l’espèce la plus
fréquente de la vallée de l’Orbe en 2004 (GOJ-EPA 2004).
Selon cette même étude, il était également le plus abondant du cortège de
passereaux de la vallée de l’Orbe. Des trois espèces retenues le Tarier des prés est
l’espèce la plus abondante. Il s’avère qu’il est commun et répandue dans le PNR du
Haut-Jura.

III.2.3. - Résultats complémentaires aux relevés IPA

Lors des investigations de terrain, des données complémentaires obtenues en
dehors du cadre strict des relevés IPA ont été relevé par les observateurs de la LPO
Franche-Comté. Ces observations, à l’instar de celles obtenues par le biais des IPA,
ont été cartographiées précisément (annexe 4). Le tableau de l’annexe 5 recense
l’ensemble des localités supplémentaires pour chacune des trois espèces
patrimoniales visées par l’étude. Nous obtenons ainsi, 1 site à Alouette lulu, 13
sites à Pie-grièche écorcheur et 19 sites à Tarier des prés. Les cartes des figure
14a, 14b et 14c permettent de visualiser la répartition globale de l’Alouette lulu,
de la Pie-grièche écorcheur et du Tarier des prés dans le PNR du Haut-Jura.

Fig. 14a : Alouette lulu         Fig. 14b : Pie-grièche écorcheur Fig. 14c : Tarier des prés

           Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura            17
                              LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                    Legay & Paul – juillet 2007
III.3. – Enjeux de conservation, propositions de gestion et suivi des passereaux
d’intérêt patrimonial des milieux ouverts

Parmi les trois espèces de passereaux patrimoniaux étudiés dans le cadre de cette
étude, il ressort un intérêt particulièrement important pour la conservation du
Tarier des prés en se référant aux résultats mis en évidence par la méthode des
IPA. Globalement, le Parc Naturel Régional du Haut-Jura a une responsabilité
majeure pour la conservation de l’Alouette lulu, de la Pie-grièche écorcheur et du
Tarier des prés compte tenu de leur statut régional et national (cf. chapitre
III.2.2.). Par ailleurs, ces trois espèces ont pour point commun le fait qu’elles sont
considérées par le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) comme indicateur
de biodiversité des milieux agricoles en France. Or, grâce aux indicateurs générés
dans le cadre du programme Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC), il
apparaît que les abondances d’oiseaux des milieux agricoles sont en diminution de
29%        sur       la      période       1989-2006      (http://www.mnhn.fr/vigie-
nature/STOC_indicateurs.htm).

III.3.1. – Alouette lulu

En Franche-Comté, les populations d’Alouette lulu se concentrent sur trois
principales grandes zones : plateaux de Haute-Saône, bordure jurassienne et Haut
Doubs (Paul 2007 ; Weidmann & Morin 2002).
Les résultats concernant le PNR du Haut-Jura montrent une relative rareté de
l’Alouette lulu dans les milieux ouverts non humides. Par conséquent, il convient
de mettre en place rapidement des mesures visant à préserver et suivre cette
population. La responsabilité du PNR du Haut-Jura est d’autant plus évidente que
l’espèce a presque complètement disparu en dessous de 1100m d’altitude sur le
versant suisse du Jura (Gerber et al. 2006). Même si les causes de diminution de
l’espèce dans le Jura Suisse ne sont pas certaines, Gerber et al. avancent quelques
pistes de réflexion pouvant concerner également le Jura français et le PNR du
Haut-Jura. Il en ressort que la régression de l’Alouette lulu pourrait être attribuée
avant tout aux modifications de l’habitat par l’homme et notamment à
l’intensification de l’exploitation des herbages maigres, à la destruction de milieux
(construction, mise en culture, succession forestière liée à la déprise agricole) et à
l’élimination des postes de chants essentiels durant la période de reproduction.
L’étude de l’Alouette lulu dans le Jura suisse fait état d’au moins 113 territoires
sur 220km2 (Gerber et al. 2006). Un tel résultat ne peut être avancé pour
comparaison côté français. La méthode mise en œuvre en 2006 et 2007 ne permet
pas d’obtenir de densité sur le territoire du PNR du Haut-Jura. Au niveau régional,
les effectifs sont méconnus mais ont peut craindre des déclins locaux suite à la
fermeture des milieux ouverts et à l’intensification des pratiques agricoles (Paul
2007).

       Propositions de mesures dans un objectif de gestion

L’enjeu principal pour la protection de l’alouette lulu dans le PNR du Haut-Jura,
dont la présence est liée à quelques sites, est le maintien d’une agriculture
extensive des pâturages boisés maigres d’altitude très ouverts (secteur de Lac-des-
Rouges-Truites, Lajoux etc.) ainsi que des systèmes de pelouse (Grès de
Septmoncel, Mont la Chèvre à Foncine).

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                             LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                   Legay & Paul – juillet 2007
Les pâturages boisés ou pré-bois sont importants pour la préservation de la
biodiversité (Gallandat et al. 1995 ; Gallandat et Gillet 1999). Ces milieux menacés
font l’objet d’une collaboration franco-suisse dont l’objectif est de mener des
actions transfrontalières en faveur d’une gestion intégrée des paysages sylvo-
pastoraux de l’Arc jurassien (projet Interreg). Il apparaît que l’Alouette lulu est
une espèce emblématique de ces milieux. Les mesures de conservation de ce
passereau dans la montagne jurassienne sont intimement liés à la problématique
des pré-bois et donc au programme Interreg sus-cité. Une étude sur la sélection de
l’habitat par l’Alouette lulu en fonction de la typologie des différents prés-bois
(degré d’ouverture nature du sol, altitude etc.) du massif du jura serait à mener
pour optimiser les démarches de conservation.

Pour assurer le maintien de l’Alouette lulu dans le PNR du Haut-Jura, il convient
d’éviter :

   -   l’intensification des herbages par apport de substances nutritives (fumure,
       angrais) qui densifie le couvert végétal (contraire aux exigences de l’espèce
       qui a besoin de zones rases et nues),
   -   la conversion de pâturages ou prairies maigres en prairies de fauche ou
       culture,
   -   la disparition de structures verticales tels que buissons, arbres fruitiers,
       arbres isolé ou haies qui servent de poste de chant,
   -   la fermeture du milieux par la progression des ligneux dans les zones de
       transition entre pâtures ou prairies et forêt,
   -   étudier les paramètres de densité.

Afin d’insister sur l’importance de la qualité de la strate herbacée, l’exemple
d’une étude menée dans l’extrême nord-est du Jura dans des zones agricoles
situées aux environs de 900m d’altitude mérite d’être citée. En effet,
l’implantation de nombreuses jachères fleuries à permis une reconstitution rapide
d’une petite population sur le point de s’éteindre (Widner 2002).

       Suivi

Afin d’obtenir des tendances d’évolution de l’Alouette lulu dans le PNR du Haut-
Jura il est important d’assurer un suivi notamment en reconduisant tous les 5ans
une opération de contrôle des sites occupés par la technique des IPA. Dans un souci
d’obtenir des renseignements sur ses densités, il est possible d’envisager la
réalisation de quadrats visant à qualifier les différents habitats qu’occupent
l’Alouette lulu dans le PNR du Haut-Jura. Des carrés d’un kilomètre de côté
pourraient ainsi être prospectés tous les 5 ans à raison de 5 passages par campagne
pour cartographier les territoires. La pie-grièche écorcheur pourraient bénéficier
par la même occasion d’un tel suivi.

         Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura   19
                            LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                  Legay & Paul – juillet 2007
III.3.2. – Pie-grièche écorcheur

La pie-grièche écorcheur est largement répandue en Franche-Comté mais elle évite
cependant les grands massifs forestiers (Paul 2007 ; Weidmann & Morin 2002).
Jiguet & Juillard (2007) ont publié une carte de répartition de l’espèce en fonction
de son abondance qui permet de montrer l’importance de la population régionale
au niveau national et au niveau de l’Europe de l’Ouest. Les résultats obtenus dans
le PNR du Haut Jura ont permis de mettre en avant une fréquence importante dans
tous le milieux ouverts avec 64% des IPA échantillonnés occupés par l’espèce. La
Pie-grièche écorcheur est répandue dans le PNR du Haut-Jura et se reproduit aussi
bien dans les zones humides que dans les zones non humides (cf. figure 12). Ce
qu’elle recherche avant toute chose c’est une zone ouverte avec les éléments
indispensables qui structurent sont habitat à savoir des buissons, des haies, des
prairies, des pâtures ou même tourbières et autres marais lui offrant la possibilité
d’installer son nid et de trouver toutes les ressources nécessaires en insectes.
Outre les conditions climatiques printanières et estivales qui influent sur la
quantité de nourriture et sur le succès de reproduction (Lefranc 1999) les
principales menaces qui pèsent sur les populations de Pie-grièche écorcheur sont
liées aux pratiques agricoles ainsi qu’à la destruction, la dégradation et la
dévalorisations de sites sur les sites de reproduction (Zollinger 2006).

       Propositions de mesures dans un objectif de gestion

Afin de participer au maintien de la Pie-grièche écorcheur dans le périmètre du
PNR du Haut-Jura et avec une telle couverture géographique, on préconise de :

   -   favoriser une agriculture extensive et la non conversion de pâtures ou
       prairies en culture (visiblement limité actuellement dans le PNR du Haut-
       Jura),
   -   sensibiliser les agriculteurs sur l’intérêt des haies, talus et autres éléments
       fixes du paysage en donnant des éléments liés à la valeur patrimoniale de
       certaines espèces et à la nidification (période d’action, pratiques à éviter
       etc.),
   -   maintien d’un maillage bocager important comme dans les environs de Lac-
       des-Rouges-Truites et Fort-du-Plasne qui sont également favorables à la Pie-
       grièche grise potentiellement présente dans le PNR du Haut-Jura,
   -   veiller au maintien des zones ouvertes, le reboisement du à la déprise
       pouvant être un facteur de diminution,
   -   organiser des soirées conférence à thème visant à sensibiliser les
       agriculteurs sur le thème des oiseaux liés à une agriculture respectueuse de
       l’environnement,
   -   mettre en place des mesures contractuelles dans les secteurs les plus
       sensibles à des changements éminents dans les pratiques agricoles,
   -   étudier les paramètres de densité.

       Suivi

A l’instar de l’Alouette lulu, la Pie-grièche écorcheur doit bénéficier d’une veille
qui peut se traduire par la reconduction du même échantillon d’IPA tous les 5 ans
et par la réalisation de quadrats visant à cartographier les territoires et obtenir des
densités. Ces quadrats pourraient être reconduits tous les 5 ans afin de suivre son
évolution.
          Oiseaux d'intérêt patrimonial dans le Parc Naturel Régional du Haut-Jura   20
                          LPO Franche—Comté – PNR du Haut-Jura
                                Legay & Paul – juillet 2007
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