Once Upon a Time... in Hollywood - LE MENSUEL - de Quentin Tarantino - Les Fiches du Cinéma
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LE MENSUEL Once Upon a Time... in Hollywood AOÛT 2019 de Quentin Tarantino Une grande fille de Kantemir Balagov Roubaix, une lumière de Arnaud Desplechin • Une fille facile de Rebecca Zlotowski #8 rencontre avec Maxime Giroux pour Le Déserteur
SOMMAIRE FILMS DU 7 AOÛT 2019 Fast & Furious : Hobbs & Shaw de David Leitch HH Never Grow Old de Ivan Kavanagh HH Nomades de Olivier Coussemacq H Playmobil de Lino DiSalvo H Thomas Pesquet : L’Étoffe d’un héros de Jürgen Hansen et Pierre-Emmanuel Le Goff HHH Une grande fille de Kantemir Balagov HHH FILMS DU 14 AOÛT 2019 Le Gangster, le flic & l’assassin de Lee Won-tae HH L’Intouchable de Ursula Macfarlane H Je promets d’être sage de Ronan Le Page H Le Mystère des pingouins de Hiroyasu Ishida HH Nuits magiques de Paolo Virzì HHH Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino HHH Perdrix de Erwan Le Duc HHH
FILMS DU 21 AOÛT 2019 L’Affaire Pasolini de David Grieco H Le Déserteur de Maxime Giroux HH Rencontre avec Maxime Giroux Good Boys de Gene Stupnitsky H Haut perchés de Olivier Ducastel et Jacques Martineau HH Late Night de Nisha Ganatra HH Ma famille et le loup de Adrià Garcia HH Mes autres vies de chien de Gail Mancuso HH Reza de Alireza Motamedi HH Roubaix, une lumière de Arnaud Desplechin HH Thalasso de Guillaume Nicloux HHH FILMS DU 28 AOÛT 2019 Frankie de Ira Sachs HH L’Œuf dure de Rémi Lange HH Une fille facile de Rebecca Zlotowski HHH La Vie scolaire de Grand Corps Malade et Mehdi Idir H Vif-argent de Stéphane Batut HHH
ÉDITO Kurtz toujours Une troisième version d’Apocalypse Now sort en salles le 21 août. La der des der a dit Francis. Le premier montage souffrait selon lui de la peur de faire trop long. D’où de larges coupes qu’il regretta plus tard. En 2001, le cinéaste rajoutait tout ce qu’il avait enlevé, ou LES FICHES DU CINÉMA presque, et nous proposait une roborative version Redux plus longue 26, rue Pradier de 50 minutes. Si le long métrage originel demeure sans conteste 75019 Paris un des plus grands films de l’Histoire, les scènes supplémentaires Administration & Rédaction : avec Brando, en particulier, justifiaient pleinement cette nouvelle 01.42.36.20.70 Fax : 09.55.63.49.46 remontée de la Nung River. À l’occasion de la restauration de .............................................................. ces deux premières versions de son film, Coppola a décidé de RÉDACTEUR EN CHEF procéder à un tout dernier montage, afin de présenter au public Nicolas Marcadé le film enfin totalement conforme à sa vision. Plus long qu’en 1979, redaction@fichesducinema.com RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT plus court qu’en 2001, cette troisième Apocalypse a quoiqu’il Michael Ghennam en soit une allure folle. On n’a sans doute jamais aussi bien profité michael@fichesducinema.com de l’obscurité du génial chef-op’ Vittorio Storaro. On voit tout : les SECRÉTAIRE DE RÉDACTION nuances nocturnes de noir, de brun, de vert... Chaque image Thomas Fouet thomas@fichesducinema.com vibre, vit, chaque détail existe. Un régal pour les yeux. Ne serait-ce .............................................................. que pour ce prodige de photographie, ce Final Cut mérite ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO le déplacement. Le nouveau montage quant à lui pourra laisser Isabelle Boudet, Jef Costello, dubitatif. Coppola supprime une scène avec Brando où Kurtz parle Thomas Fouet, Venceslas Fouineteau, Margherita Gera, Michael Ghennam, d’un article du Time, mais conserve par contre la longue séquence Roland Hélié, Simon Hoareau, de la plantation française, verbeuse, explicative et pour le moins Aude Jouanne, Amélie Leray, dispensable. Bon, pas de quoi crier au scandale, le film n’en est pas Nicolas Marcadé, Keiko Masuda, défiguré pour autant. Au-delà de la furieuse beauté plastique de Marine Quinchon, Gaël Reyre, Gilles Tourman, Valentine Verhague. l’œuvre, on reste aujourd’hui encore impressionné par la profondeur Les commentaires des «Fiches» des questionnements qu’elle soulève. Le premier étant : qu’est-ce reflètent l’avis général du comité qu’on reproche à Kurtz ? Et c’est bien cela qui rend absurde toute .............................................................. la quête de Willard. Kurtz a tué, certes, et beaucoup, mais n’est-ce PRÉSIDENT François Barge-Prieur pas le travail qu’on lui demandait ? Les supérieurs de Willard ADMINISTRATION évoquent ses méthodes “malsaines”... Willard lui-même se demande administration@fichesducinema.com durant son voyage ce qu’elles ont de si différentes de celles TRÉSORIER de l’armée américaine. Comme dans le roman de Conrad, Kurtz Guillaume de Lagasnerie Conception Graphique représente l’aboutissement limite d’une logique. Il va au bout de 5h55 l’horreur, ce qui finit par gêner ses supérieurs, à l’origine même www.5h55.net de celle-ci. Plus le bateau de Willard avance, plus la civilisation IMPRESSION s’éloigne, laissant place à une sorte d’enfer humide, putride, Compédit Beauregard 61600 La Ferté-Macé où tout sens commun a fui depuis longtemps, où la folie règne et Tél : 02.33.37.08.33 où l’on rejoint les mythes premiers. Difficile de dire quelque chose .............................................................. de nouveau à propos de ce film-monstre mille fois commenté. «Les Fiches du Cinéma». On aimerait juste que les jeunes amateurs de cinéma qui n’ont Tous droits réservés. Toute reproduction même partielle des pas encore vu Apocalypse Now profitent de cette occasion pour textes est soumise à autorisation. découvrir ce chef-d’œuvre dans les meilleures conditions possibles. Photo de couverture : Et s’émerveillent comme nous de la suprême intelligence de Once Upon a Time... in Hollywood la mise en scène, de l’invraisemblable photo, du génie des acteurs... (Sony Pictures) © Andrew Cooper / CTMG Si votre petit neveu ne l’a pas encore vu, c’est le moment de passer WWW.FICHESDUCINEMA.COM le flambeau. GAËL REYRE
Fast & Furious : Hobbs & Shaw (Fast & Furious Presents : Hobbs & Shaw) de David Leitch Deux ex-ennemis contractent leurs muscles et neurones ACTION Adultes / Adolescents pour (encore) sauver la planète d’un virus mortel. Ce n’est qu’en embrassant sa crétinerie régressive u GÉNÉRIQUE et son entreprise de déréalisation que ce nouveau volet Avec : Dwayne Johnson (Luke Palagi Hobbs), Jason Statham (Deckard parvient à fasciner - quand il ne sidère pas. Shaw), Idris Elba (Brixton Lore), Vanessa Kirby (Hattie Shaw), Helen Mirren (Magdalene Shaw), Eiza González (Madame M), Roman Reigns (Mateo Hobbs), Eddie Marsan (le professeur Andreiko), Eliana Su’a (Sam), Cliff Curtis (Jonah), Lori Pelenise Tuisano (Sefina), John Tuisano (Kal), Joshua Mauga (Timo), Joe “Roman Reigns” Anoai (Mateo), Rob Delaney (l’agent Loeb), Alex King (le lieutenant Grapefruit), Tom Wu (Tsoi), John MacDonald, Joshua Coombes, Meesha Garbett. Scénario : Chris Morgan et Drew Pearce d’après une histoire de Chris Morgan Images : Jonathan Sela Scripte : Julie Brown Musique : Tyler Bates Son : John Casali Décors : David Scheunemann Costumes : Sarah Evelyn Bram Effets spéciaux : Alistair Williams et J.D. Schwalm Effets visuels : Dan Glass Dir. artistique : Ho Man Choi Maquillage : Alessandro Bertolazzi Casting : Lucy Bevan, Mary Vernieu et Marisol Roncali Production : Seven Bucks Productions et Chris Morgan Productions Pour : Universal Pictures Producteurs : Chris Morgan, Hiram Garcia, Dwayne Johnson et Jason Statham Producteurs © Universal exécutifs : Dany Garcia, Kelly McCormick, Ainsley Davies, Steven Chasman et Ethan Smith Producteurs associés : Viet Luu et Kathy Chasen-Hay Dir. de production : Cecil O’Connor et David Cain HH Il y a bien longtemps que les protagonistes de Distributeur : Universal Pictures D’après : les personnages créés Fast & Furious ne font plus partie du monde des humains. par Gary Scott Thompson. Mettant à l’honneur deux anciens adversaires - devenus gentils entre-temps -, ce nouveau volet ne déroge pas à 134 minutes. États-Unis - Royaume-Uni, 2019 la règle. En témoigne une nouvelle menace mondiale visant à Sortie France : 7 août 2019 ériger une race de super-hommes au détriment de la survie u RÉSUMÉ des plus faibles. Si les amateurs de culasses en surchauffe Londres. Hattie, la sœur de Deckard, et son commando du MI6 et de pneus vrombissants risquent de rester sur leur faim, mettent la main sur un virus convoité par un groupe de criminels. les autres ne pourront qu’apprécier les muscles et le jeu Ils sont attaqués par Brixton qui, avec ses capacités référentiel de cette fournée. Au mieux, le long métrage est surhumaines, élimine tous les agents. Hattie s’injecte la parfaite synthèse d’une saga aux prises avec ses numéros le virus et prend la fuite. Luke et Deckard sont respectivement super héroïques et ses diatribes familialistes - cristallisés ici missionnés pour retrouver la fugitive, accusée à tort d’être par la séquence finale à Samoa. Aussi risible que désarmant une terroriste. Contraints de collaborer, les deux hommes dans son premier comme dans son second degré, ce nouveau mènent d’abord leur enquête séparément. Luke retrouve la trace de Hattie et l’arrête. Au quartier général de la SIS, volet continue surtout d’offrir un écrin de choix aux mâles Hattie s’apprête à fuir quand le bâtiment est attaqué par alpha d’Hollywood dont le taux de testostérone est au bord Brixton et ses hommes. Deckard est surpris de voir Brixton de l’implosion. Entre deux castagnes, Dwayne Johnson, qu’il avait pourtant tué lors d’une précédente mission. l’Américain bourrin au grand cœur, et Jason Statham, SUITE... Parvenant à prendre la fuite, le trio apprend que Brixton le Britannique snob et revêche, s’adonnent à des joutes verbales œuvre pour Etreon, organisation secrète visant à créer une race dans toute la lourdeur qu’un tel spectacle pouvait promettre. humaine surpuissante. Le virus inoculé par Hattie a quant Si la surenchère de punchlines provoque bien souvent à lui été créé pour éradiquer les plus faibles. Sur les conseils le malaise, la présence de Vanessa Kirby, caution pseudo- du scientifique à l’origine de ce virus, le trio dérobe un extracteur féministe et véritable atout du film, perturbe avec bonheur au sein même du quartier général d’Etreon, en Russie. Mais ce combat de coqs. Face à eux, Idris Elba peine à s’imposer il est désormais recherché par les autorités internationales. dans le rôle d’un antagoniste - ô surprise ! - à peine esquissé. Luke protège ses compagnons en les emmenant chez lui, à Samoa. Malgré leur rancune envers Luke, les Samoans Faute d’hériter des fonctions de l’agent 007, l’acteur aident les héros et se préparent à l’affrontement final. se contente ici d’être le “Superman noir”. Qu’importe, attendre Brixton et ses hommes arrivent à l’aube. Grâce au frère plus de ce spectacle rutilant relèverait de la mauvaise foi. de Luke, Hattie se débarrasse du virus. Deckard et Luke À quoi bon l’exigence tant que les images continuent d’être éliminent Brixton. Le monde est sauvé. Mais, tapie dans rapides et furieuses ? _S.H. l’ombre, Etreon n’a pas dit son dernier mot... Visa d’exploitation : 151214. Format : Scope (2D / 3D) & IMAX - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos. 700 copies (vo / vf). 5 © les Fiches du Cinéma 2019
Never Grow Old (Never Grow Old) de Ivan Kavanagh Dans un village sur la route pour la Californie WESTERN Adultes / Adolescents pendant la ruée vers l’or, un croque-mort voit sa vie bouleversée par l’arrivée d’une bande de hors-la-loi. u GÉNÉRIQUE Un western souvent prévisible, mais porté par la belle Avec : Emile Hirsch (Patrick Tate), John Cusack (Dutch Albert), Déborah interprétation des protagonistes. François (Audrey Tate), Molly McCann (Emma Tate), Quinn Topper Marcus (Thomas Tate), Sam Louwyck (Dumb-Dumb), Danny Webb (Preacher Pike), Tim Ahern (le shérif Parker), Blake Berris (Fred), Nickel Bösenberg (Jim Emmett), Sean Gormley (Pete), Paul Reid (Ed), Antonia Campbell Hughes (Maria Pike), Steve Karier (Schuster), Anne Cosens , Manon Capelle, Leila Schaus, Paul Ronan, Dick O’Hary, Peter Newington, Liz McMullen, Eloise Kerrin-Wright. Scénario : Ivan Kavanagh Images : Piers McGrail Montage : Dermot Diskin et Bernard Beets Musique : Gast Waltzing Son : Carlo Thoss Décors : John Leslie Costumes : Jackye Fauconnier Effets visuels : Rodrigue Lenain Dir. artistique : Marc Ridremont Maquillage : Véronique Dubray Casting : Emma Gunnery Production : Ripple World Pictures, Iris Productions, Iris Films et Rezo Productions Productions associées : Metro International Entertainment, Quickfire Films et RTÉ Producteurs : Jacqueline Kerrin, Dominic Wright et Nicolas Steil Producteurs exécutifs : Will Machin, Sam Parker et James © Ripple World Pictures - Iris Prod. - Iris Films - Rezo Prod. Atherton, Jan Pace, William V. Bromiley, Shanan Becker et Jonathan Saba Coproducteurs : Marie-Claire Kerrin, Jean-Michel Rey et Marina Festré Producteurs associés : Alice De Sousa, Philippe Logie et HH Avec son sixième long métrage, l’Irlandais Frédéric Fiore Dir. de production : Nadine Chaussonnière Ivan Kavanagh nous entraîne dans un western aux teintes Distributeur : Rezo Films. sombres, qui tourne autour du thème de la cupidité, en mélangeant l’histoire intime des protagonistes à celle 100 minutes. Irlande - Luxembourg - Belgique, 2019 d’une nation en quête de son identité. Le film se déroule Sortie France : 7 août 2019 à Garlow, une petite ville à la frontière avec la Californie u RÉSUMÉ pendant la ruée vers l’or de 1849, et s’envisage comme le récit 1849. Patrick Tate, charpentier et entrepreneur de pompes du quotidien d’un de ses habitants, Patrick Tate, croque-mort funèbres irlandais, vit avec son épouse Audrey et ses enfants irlandais, qui vit à la limite de la pauvreté avec sa femme dans un village sur la route pour la Californie. Un jour, Audrey et leurs enfants. Patrick souhaiterait partir pour faire Dutch Albert et sa bande de hors-la-loi, un homme muet et fortune, tandis qu’Audrey imagine passer le reste de leur vie un Sicilien, arrivent au village pour tuer Bill Crabtree, leur dans cet austère village où des immigrants de différentes ennemi, mais ils apprennent qu’il a disparu depuis un an. nationalités sont réunis sous la dictature religieuse Dans la nuit, ils débarquent chez Patrick et lui demandent d’un prêtre protestant. Mais ce calme apparent est un repas. Ensuite, ils retrouvent Bill et parviennent à le tuer, puis ils obligent Patrick à les aider à l’enterrer. interrompu par l’arrivée d’une bande de hors-la-loi menée Afin de protéger sa famille, Patrick accepte de devenir par le cruel Dutch Albert, et le sang commence à couler dans leur allié et les meurtres provoqués par les trois bandits les rues, ainsi qu’entre les mains de Patrick, lequel, en vertu commencent à faire prospérer ses revenus. de son métier, se retrouve à bénéficier des meurtres qui SUITE... Sur le village, règne un climat de terreur. Dutch se succèdent jour après jour. Les contradictions qui animent Albert s’empare du saloon où se succèdent les conflits liés le protagoniste et son village sont peut-être le seul aspect aux jeux d’argent et à la prostitution. La fille de Bill, Emily, intéressant de cette histoire d’assassinats, où les conflits contrainte à se prostituer à cause des conditions d’extrême se terminent souvent de manière prévisible. Le film est pauvreté de sa famille, est condamnée à mort pour avoir tué porté par la belle interprétation du couple formé par Emile un client. Après l’exécution, le bandit muet se rende jusqu’à Hirsch et Déborah François, mais si John Cusack parvient la maison de Patrick et menace Audrey avec un couteau, à convaincre dans le rôle du méchant, ce n’est pas le cas mais son mari arrive à temps pour la sauver. Entre-temps le prêtre du village, exaspéré par le climat de violence des antagonistes secondaires, dont les personnages ambiante, met le feu au saloon. Alors que le bandit sicilien sont souvent mal exploités. Dans Never Grow Old , cherche à assassiner Audrey, Patrick se rend chez Dutch il y a certainement de bonnes idées, mais elles n’arrivent pas Albert et, après une violente fusillade, parvient à le tuer, à sortir de la boue qui couvre le sol de Garlow, tout comme mais s’en sort gravement blessé. Sur le point de mourir, ses malheureux habitants. _M.G. il parle à son fils pour la dernière fois. Visa d’exploitation : 148133. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 6 © les Fiches du Cinéma 2019
Nomades de Olivier Coussemacq Entre drame familial et quête de liberté, Nomades ne DRAME Adultes / Adolescents sait pas sur quel pied danser et le peu d’originalité que propose le film, en matière d’écriture comme de mise u GÉNÉRIQUE en scène, devient vite convenu. Sans surprise, le résultat, Avec : Jamil Idrissi (Hossein), Jalila Talemsi (Naïma), Assma El quand bien même sincère, s’avère moyen. Hadrami (la tante Zahra), Mohamed Quatib (l’oncle Mokhtar), Saïd El Mokhtari (Farid), Rim Fethi (Najet), Pauline Discry (Delphine), Soufiane Loukrissi (Abdessamad), Fadwa Taleb (Karima), Hossein Senby (Mohamed) et Hamza Kadri (le jeune Belge). Scénario : Olivier Coussemacq Images : Jean-Pierre Renaudat Montage : Julien Cadilhac 1er assistant réal. : Amina Saadi Scripte : Anissa Cherfaoui Musique : Sarah Murcia Son : Nicolas Waschkowski Décors : Abdelmajid Aït Faqih Costumes : Anissa Reggab Effets spéciaux : Nicolas Baas Effets visuels : Hoël Sainleger Maquillage : Amina Lamar Casting : Fouad Chaari Producteurs : Nicolas Brevière et Colette Quesson Coproducteur : Mohamed Nadif Dir. de production : Rachida Saadi Distributeur : Local Films. © Local Films H Prenant comme point de départ le désir d’exil d’une jeunesse marocaine attirée par l’Occident, en ayant cela d’original d’adopter le point de vue de ceux restés au pays et non celui des exilés, Nomades décide de confronter l’ensemble avec 87 minutes. France, 2018 un autre voyage - du Nord au Sud - dans les terres reculées Sortie France : 7 août 2019 du Maroc. Il est donc question d’un voyage initiatique mais, u RÉSUMÉ surtout, d’un choc inter-générationnel, d’autant plus fort et Tanger, Maroc, à quelques kilomètres des côtes espagnoles. clivant qu’il confronte une fougueuse jeunesse urbaine, bercée Hossein vit avec sa mère, Naïma, et son grand frère, par les promesses de la mondialisation et avide de liberté, Abdessamad. Il sèche les cours et rêve de partir pour à une autre génération, rurale et bien plus conservatrice. l’Europe, comme son autre grand frère, Mohamed. Si ce portrait du Maroc contemporain a probablement quelque Une nuit, Abdessamad tente de rejoindre l’Espagne en chose de juste - on peut cela dit regretter d’adopter trop bateau, mais le lendemain, il est repêché sur la côte. souvent le point de vue de Hussein, et trop peu depuis celui SUITE... Naïma vit dans la peur qu’il arrive la même chose de sa mère - il n’en reste pas moins, cinématographiquement à Hossein. Elle apprend que Mohamed est en réalité dans parlant, classique à souhait. Trop classique à vrai dire. D’autant une prison française. Elle décide de descendre au sud avec plus que le film préfère suivre les déboires adolescents son fils, chez sa sœur. Hossein est réticent à l’idée d’aller d’Hussein - ce qui ne serait pas une si mauvaise idée si cela vivre à la campagne, même temporairement, mais se plie tout de même aux exigences de sa mère lorsqu’elle lui dit n’était pas aussi convenu, mais se révèle insuffisant du côté que Mohamed viendra les rejoindre. En chemin, Hossein du drame familial. L’amour mère-fils, pourtant évident, aurait rencontre Delphine, une Française qui lui plaît tout de mérité d’être davantage creusé. Toutefois, si Nomades baigne suite. Ils discutent, puis chacun repart de son côté. Arrivé dans une écriture conventionnelle, il parvient à frapper juste à la ferme, Hossein se met à y travailler. Il s’éprend de dans son épilogue, particulièrement touchant. La mise en sa cousine, Najet, qu’il oublie très vite lorsqu’il recroise scène suit l’écriture : très classique, malgré quelques bonnes Delphine. Il lui donne rendez-vous. Ils s’embrassent. trouvailles. Seule la musique arrive à donner un semblant Le lendemain, il retourne à l’hôtel, mais Delphine est partie. de personnalité au film, sans être pour autant des plus Hossein apprend alors que son frère est en prison. Najet décide de se marier à un homme plus vieux qu’elle, mais marquantes Nomades est donc empli de bonnes intentions riche. Hossein la confronte, mais son oncle les surprend mais il lui manque un éclair d’originalité pour rester dans et le frappe. La nuit, il vole de l’argent à son oncle et plie les mémoires. On pourra toutefois saluer la prestation des bagage. Naïma décide de partir elle aussi et croise son fils acteurs (notamment ceux don c’est la première apparition en chemin. Ils retournent chez eux et tentent de reprendre à l’écran), tout à fait convaincants. _V.F. le cours de leur vie. Un soir, Mohamed revient à la maison. Visa d’exploitation : 120953. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies. 7 © les Fiches du Cinéma 2019
Playmobil Le Film (Playmobyl : The Movie) de Lino DiSalvo Il manque à ce road movie qui suit les pérégrinations AVENTURES Famille d’enfants transportés dans l’univers des Playmobil un grain de folie, du rythme et une réflexion sur l’animation u GÉNÉRIQUE des jouets. Une déception, très en-dessous, dans Avec les voix originales : Jim Gaffigan (Del), Daniel Radcliffe (Rex un registre comparable, de La Grande aventure Lego. Dasher), Adam Lambert (Maximus), Meghan Trainor (la bonne fée), Anya Taylor-Joy (Marla), Kenan Thompson (Bloodbones), Lino DiSalvo (Robotiron), Wendi McLendon-Covey, Wendi McLendon- Covey. Et les voix françaises de : Kad Merad (Del), Franck Dubosc (Rex Dasher), Jérôme Commandeur (Maximus), Jenifer (la bonne fée). Scénario : Blaise Hemingway, Greg Erb et Jason Oremland d’après une histoire de Lino DiSalvo Montage : Maurissa Horwitz Animation : Julien Bocabeille 1ère assistante réal. : Anne Sirois Musique : Heitor Pereira Son : Jon Goc Décors : Jean-André Carrière et Rémi Salmon Effets spéciaux : Mario Dumont Effets visuels : Étienne Salançon Dir. artistique : Julien Rossire Casting : Mary Vernieu et Randi Wells Production : On Entertainment Producteurs : Aton Soumache, Dimitri Rassam, Alexis Vonarb et Moritz Borman Producteurs exécutifs : Lino DiSalvo, Emmanuel Jacomet, Stephan Franck, Bahman Naraghi, Robert Simonds, © 2.9 Film Holding - Morgen Prod. - M6 Films Tito Ortiz et Greg Erb Coproducteurs : Timothy Burrill et Axel Von Maydell Dir. de production : Ginette Guillard Distributeur : Pathé. H Après les Lego, et alors que Toy Story 4 continue sa flamboyante carrière sur le grand écran, c’est au tour des Playmobils, concurrents directs de la petite brique danoise, de s’offrir un long métrage, en 100 minutes. France - Allemagne - Royaume-Uni, 2018 animation toujours. Quiconque a déjà joué avec les petites Sortie France : 7 août 2019 figurines allemandes sait que les histoires qui en résultent u RÉSUMÉ sont souvent assez absurdes, puisque peuvent se croiser À 17 ans, Marla rêve de voyager, mais ses parents meurent dans la même partie pirates et pompiers, cow-boys et et elle doit élever seule son petit frère, Charlie. Quatre ans campeurs, médecins, soldats romains... Il semble que plus tard, il échappe à sa surveillance et elle le poursuit Lino Di Salvo, aux manettes de l’énorme succès de jusque dans un magasin de jouets où ils sont transformés Disney La Reine des neiges et à qui on a confié sur le tard en Playmobil. Ils assistent au débarquement des vikings. la réalisation et le scénario de cette adaptation n’ait, lui, Charlie est à l’honneur, mais il est catapulté très loin par jamais vraiment joué avec. Les personnages ressemblent erreur et capturé par des pirates. vaguement aux figurines, mais le film n’exploite jamais SUITE... Marla se lance à sa poursuite et piste la trace le potentiel guignolesque de leur physique : ces personnages des pirates jusqu’à une autoroute où elle “emprunte” se déplacent comme vous et moi, plient les bras, les jambes... le camion de Del, livreur de foin. Mais elle perd la trace et sont même capables de changer de tenue. Les décors de Charlie, et erre seule dans le désert jusqu’à un village de cow-boys. Elle promet de l’argent à qui l’aidera, ne ressemblent pas à ceux des boîtes de jouets, c’est encore mais tous veulent la voler. Elle est sauvée par Del, qui moins le cas des animaux. Surtout, les héros passent la conduit auprès de Rex Dasher. Ce dernier, agent d’un monde à l’autre mais ceux-ci ne se croisent jamais secret de profession, les aide à pénétrer le siège du vraiment, si ce n’est dans l’arène du cruel empereur romain Crane, où sont recueillies les vidéos de surveillance. qui a capturé les plus grands guerriers de chaque univers. Marla est repérée et Rex reste en arrière pour s’occuper Et quand La Grande aventure Lego fourmillait de gags, des méchants, tandis que Del et Marla rejoignent la Cité c’est loin d’être le cas ici. Le film s’ouvre carrément sur du futur où ils comprennent que Charlie a été capturé la mort des parents ! On en vient à plaindre les acteurs par l’empereur Maximus, mais ils sont emprisonnés. Marla, qui s’est disputée avec Del, rencontre une bonne fée qui essaient tant bien que mal de défendre les personnages dans la forêt, qui lui permet de rejoindre la Cité romaine. qu’ils doublent : Kad Merad, Jenifer ou encore Frank Ils retrouvent Charlie dans l’arène aux prises avec Dubosc qui reprend le personnage doublé en VO par... un T-Rex. Marla lui donne du foin, il se calme et Daniel Radcliffe, l’acteur de Harry Potter. Mais ici, la magie ils fuient sur son dos puis rejoignent le portail vers le monde n’opère pas. _M.Q. réel. Visa d’exploitation : 150718. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 500 copies (vo / vf). 8 © les Fiches du Cinéma 2019
Thomas Pesquet : L’Étoffe d’un héros de Jürgen Hansen et Pierre-Emmanuel Le Goff Comment se prépare-t-on à l’exploration spatiale ? DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents Le documentaire Thomas Pesquet : L’Étoffe d’un héros aborde cette question par le biais d’un récit au pluriel, u GÉNÉRIQUE qui donne à voir des facettes plus méconnues et Avec : Thomas Pesquet, Guillaume Néry, Peggy Whitson, Peggy humaines de l’entraînement des spationautes. Whitson. Images : Matthias Bolliger Montage : Emmanuelle Jay, Françoise Tubaud et Loïc Amiand Musique : Guillaume Perret et Emmanuel Guirguis Son : Géraud Bec Production : La Vingt-Cinquième Heure et Prospect TV Producteurs : Jürgen Hansen, Pierre-Emmanuel Le Goff et Natacha Delmon Casanova Distributeur : La Vingt- Cinquième Heure. © La Vingt-Cinquième Heure 72 minutes. France - Allemagne, 2018 HHH Long entretien de 72 minutes, Thomas Pesquet : Sortie France : 7 août 2019 L’Étoffe d’un héros a pour vocation initiale de clore une série de courts épisodes documentaires réalisés en 2016. plongée en apnée avec le champion français Guillaume Le spationaute y racontait, face caméra, la genèse de ses Néry, qui donne lieu au passage à une séquence envies d’espace et sa vie à bord de l’ISS. Dans Thomas très intime et délicate, et qui apporte une dimension Pesquet... le face-à-face a laissé place à une voix off et humaine à un entraînement quasi-militaire. Tout est la genèse, au récit de l’entraînement qui a précédé finalement affaire de transdisciplinarité, et l’exercice le décollage de Baïkonour vers la Station Spatiale le plus éloigné de l’espace peut se révéler crucial pour, Internationale, en novembre 2016. Thomas Pesquet n’en est d’une part, en apprendre plus sur soi, et d’autre part, pas à son premier documentaire, et Pierre-Emmanuel arriver à une meilleure maîtrise de ses émotions face Le Goff, coréalisteur de ce nouveau film, est aussi à l’origine aux dangers d’une telle mission. Et le collectif est aussi de 16 levers de soleil, qui se concentrait sur la vie à bord de un levier crucial de cette maîtrise. Thomas Pesquet... l’ISS, en tissant un dialogue entre l’expérience vécue par insiste beaucoup sur son importance, la nécessité de le spationaute et l’œuvre de Saint-Exupéry. On retrouve ainsi tisser des liens étroits, de connaître intimement ceux un certain nombre de similitudes entre ces deux versions avec qui on embarque vers l’immensité de l’espace, de d’une même histoire, notamment l’art du storytelling et de manière à ne former qu’un seul corps à trois têtes pour la communication de l’habile Pesquet. Dès l’ouverture du faire face aux problèmes rencontrés dans l’ISS. Dans documentaire, le spationaute est présenté en héritier des ce processus, une facette plus méconnue du héros héros de la conquête spatiale d’hier. Une trame volontiers français apparaît, celle de l’élève, humble et avide nourrie d’anecdotes sur son enfance, entre autres celle de de l’expérience de ses aînés. Plus jeune spationaute son premier souvenir lié à l’espace, lorsqu’il jouait dans français à être sélectionné pour une mission dans un cockpit de fusée en carton fabriqué par son père. Le récit l’ISS, l’“inexpérience” de Pesquet est rafraîchissante, n’est pas nouveau, ni très spontané, mais semble être en comparaison des multiples documentaires et un passage obligé vers la partie la plus stimulante de ce reportages qui lui ont été consacrés et qui l’ont documentaire : l’entraînement du spationaute français et de présenté quasiment comme un être humain infaillible. ses camarades de cordée, Peggy Whitson et Oleg Novitskiy. D’ailleurs, au fil du documentaire, la personnalité Contrairement aux images connues des tests réalisés au médiatique de Thomas Pesquet s’efface au profit centre de la Nasa, Thomas Pesquet... a l’originalité de mettre de son équipe. On découvre alors les ingénieurs et en avant les activités “extra-scolaires” de ses candidats à techniciens qui forment les rouages d’une énorme l’exploration spatiale : immersion dans des grottes, cours de machine, celle qui fabrique les héros. _A.Jo. Visa d’exploitation : 150639. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR. 9 © les Fiches du Cinéma 2019
Une grande fille (Dylda) de Kantemir Balagov Après le très remarqué et remarquable Tesnota, DRAME Adultes / Adolescents Kantemir Balagov, cinéaste russe de 27 ans, paraphe avec Une grande fille une partition cruelle et trouble u GÉNÉRIQUE entre celle qui voulait un enfant et celle qui n’en voulait Avec : Viktoria Miroshnichenko (Iya), Vasilisa Perelygina (Masha), pas. Brillant, tranchant, bouleversant. Timofey Glazkov (Pashka), Andrey Bykov (Nikolay Ivanovich), Igor Shirokov (Sasha), Konstantin Balakirev (Stepan), Ksenia Kutepova (Lyubov Petrovna), Olga Dragunova (la voisine couturière). Scénario : Kantemir Balagov et Alexander Terekhov Images : Ksenia Sereda Montage : Igor Litoninskiy Musique : Evgueni Galperine Son : Rostislav Alimov Décors : Sergey Ivanov Costumes : Olga Smirnova Production : Non-Stop Production et AR Content Producteurs : Alexander Rodnyansky et Sergey Melkumov Producteurs associés : Ellen Rodnianski et Michel Merkt Distributeur : ARP Sélection. © Non-Stop Prod. HHH Si Une grande fille de Kantemir Balagov, pour n’être plus tout à fait dopé de la même énergie, se montre un peu moins percutant que l’était Tesnota, son précédent film, il n’en est pas moins remarquable. Grande, Iya, l’une 137 minutes. Russie, 2019 des deux protagonistes, l’est assurément, si grande qu’à Sortie France : 7 août 2019 l’hôpital où elle travaille, ses collègues l’appellent “la girafe”. u RÉSUMÉ Sa tête est si haut perchée qu’on pourrait la croire dans la Léningrad, 1945. Infirmière, Iya souffre d’absences suite à lune. Il n’en est rien. Sujette à des crises de catalepsie, que une blessure de guerre. Elle s’occupe d’un soldat, Stepan, précède le surgissement d’acouphènes - dont la bande-son totalement paralysé. Iya a un enfant de 3 ans : Pashka. se fait fidèlement l’écho - elle s’absente en effet pour se Un soir, alors qu’elle tient Pashka dans ses bras, elle est murer temporairement dans un monde totalement étanche prise d’une crise et l’étouffe. Plus tard. Masha, sa meilleure à ce qui l’entoure. Absences que ses collègues imputent au amie, revient du front. Iya lui ment sur la mort de Pashka, qui siège de Leningrad qu’Iya a vécu et qui, on l’imagine, sont était en réalité son fils. Un soir, les deux femmes sortent et la réponse qu’a trouvée son corps aux atrocités de la guerre rencontrent deux hommes. Masha couche avec l’un d’eux : le jeune Alexander, qu’Iya chasse. et qui lui ont peut-être permis d’y survivre. Lointainement inspiré de La Guerre n’a pas un visage de femme de Svetlana SUITE... Masha est engagée par le médecin-chef, Nicolaï Aleksievitch, lequel compilait les témoignages de centaines Ivanovich. Elle croise Alexander, qui est le fils d’une notable, Lioubov Petrovna. Masha s’évanouit et est examinée par de résistantes soviétiques de la Seconde Guerre mondiale Nicolaï : elle explique sa cicatrice au bas-ventre et sa stérilité pour mettre fin à l’omerta qui pesait sur le rôle que celles- par un éclat d’obus. Stepan réclame à Nicolaï d’être euthanasié. ci y avaient joué, Une grande fille s’apparente à un drame Masha demande à Iya de faire un enfant pour elle. Nicolaï déchirant aussi tranchant que le fil du rasoir. Guerre dont fournit une injection mortelle à Iya pour Stepan. Masha la voit le cinéaste s’abstient de nous montrer la moindre image la lui administrer. Masha, courtisée par Alexander, fait chanter au demeurant, l’intrigue se déployant la paix revenue. Nicolaï : elle le contraint à faire un enfant à Iya. Celle-ci D’une grande beauté plastique, conçu par un merveilleux ne tombe pas enceinte. Un soir, elle embrasse Masha et s’enfuit. architecte du cadre - cadre pensé comme un volume où Le lendemain, Alexander présente Masha à ses parents et leur annonce son intention de l’épouser. Petrovna la prend l’air se raréfie peu à peu - ce deuxième film hisse Kantemir de haut. Masha raconte alors son quotidien d’épouse de Balagov, qui s’est formé auprès d’Alexandre Sokourov, sinon combattant, et comment les avortements l’ont rendue du côté des très grands cinéastes russes, des cinéastes stérile. Au retour, son tramway s’arrête : une “grande fille” auxquels il convient de se cramponner avec le fier entêtement serait passée sous un wagon... Masha rentre et trouve Iya. d’une tique. _R.H. Elles tombent dans les bras l’une de l’autre. Visa d’exploitation : 151250. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 10 © les Fiches du Cinéma 2019
Le Gangster, le flic & l’assassin (Akinjeon) de Lee Won-tae Un policier incorruptible aux méthodes musclées et THRILLER Adultes / Adolescents un parrain mafieux débonnaire se découvrent un objectif commun : coincer un redoutable u GÉNÉRIQUE serial killer. Un polar qui manque clairement de Avec : Lee Don (Jang Dong-su), Kim Moo-yeol (Jung Tae-seok), subtilité, mais efficace et très divertissant. Kim Seong-gyu (Kang Kyung-ho), Heo Dong-won (Choi Moon-sik). Scénario : Lee Won-tae Images : Park Se Seung Montage : Heo Sun Mi et Kim Young-kyu Musique : Cho Young Wuk Décors : Cho Hwa Sung et Jeong Yi Jin Costumes : Nam Ji Soo Production : B.A. Entertainment Producteur : Jang Won-seok Distributeur : Metropolitan Filmexport. © Metropolitan HH Deux hommes, de chaque côté de la loi, vont affronter un troisième, incarnation du Mal. Cette collaboration impromptue était propice à une étude psychologique sombre et poisseuse. Il n’en est rien : 110 minutes. Corée du Sud, 2019 ce deuxième long métrage de Lee Won-tae (après l’inédit Sortie France : 14 août 2019 Daejang Kimchangsoo en 2017) joue la carte du thriller u RÉSUMÉ urbain décomplexé, s’aventurant en terrain connu Un homme, Kang, tue un conducteur après avoir percuté en toute franchise. L’ensemble est (diablement) efficace sa voiture. Rêvant d’être promu, Jung Tae-sok, chargé de et divertissant, les fausses pistes succédant aux l’enquête, sème la pagaille dans le casino clandestin du chef machinations des différents personnages. Mais la mise de gang Jang Dong-su, lequel veut convaincre son rival, en scène de Lee Won-tae reste trop conventionnelle pour Hur Jong-do, de se montrer moins gourmand. Corrompu, surprendre, et la narration faiblit dans son dernier tiers le supérieur de Tae-sok rejette son hypothèse, selon - malgré quelques fulgurances réjouissantes - pour laquelle le meurtre serait l’œuvre d’un tueur en série. Par devenir monotone. Le cinéaste a cependant un joli sens du hasard, Kang attaque Dong-su, qui s’en sort et le blesse avant qu’il ne s’échappe. Ses hommes récupèrent sa voiture. casting : si Kim Sung-kyu se révèle inquiétant à souhait Tae-sok fait le lien entre le meurtre et l’agression, malgré dans le rôle de l’assassin et Kim Moo-yul survolté le silence de Dong-su. comme il faut dans celui du flic, c’est Ma Dong-seok SUITE... Jong-do jure à Dong-su n’y être pour rien et le met au qui emporte le morceau et tire l’ensemble du film défi d’attraper son agresseur pour laver son honneur. Kang perd vers le haut. Acteur ultra prolifique, vu dans Le Bon, son couteau lors d’un nouveau meurtre. Oh-sung, bras droit de la Brute, le Cinglé de Kim Jee-woon (2008) et plus Dong-su, retrouve le couteau. Dong-su fait tuer Jong-do avec récemment dans Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho l’arme, avant de révéler la vérité à Tae-sok. L’un et l’autre (2016), le comédien s’approprie son rôle de parrain conviennent de s’entraider. Kang fait savoir à Joon-ho, ex-bras mafieux débonnaire et charismatique avec ferveur. À tel droit de Jong-do, qu’il ne l’a pas tué. S’ensuivent des représailles point qu’il cannibalise le film, et prend au dépourvu dont Dong-su et Tae-sok triomphent. La crim’ héritant de le cinéaste, qui abandonne toute subtilité et néglige l’enquête, le duo redouble d’efforts : grâce à divers indices et à de l’ADN laissés par Kang, Tae-sok l’identifie et le localise. Il le cœur de son récit : la contamination par le mal prévient Kang. Kang est capturé après une poursuite durant d ’ u n p e rs o n n a g e m o n t ré i n i t i a le m e n t co m m e laquelle Ho-sung meurt. Prudemment disparu, Dong-su incorruptible et inflexible. Quant à la morale qui sous-tend témoigne au procès pour faire condamner Kang. Il a négocié sa la conclusion certes ironique, elle se révèle inutilement reddition avec Tae-sok, qui a été promu, contre l’assurance douteuse. _Mi.G. d’être incarcéré dans la même prison que Kang... Visa d’exploitation : 151249. Interdit aux moins de 12 ans. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 11 © les Fiches du Cinéma 2019
L’Intouchable Harvey Weinstein (Untouchable) de Ursula Macfarlane Tandis que le nom de Harvey Weinstein était sur toutes DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents les lèvres, les producteurs de L’Intouchable sont partis à la recherche de témoins. À la limite de l’opportunisme, u GÉNÉRIQUE le film manque son objectif, tant par son absence Avec : Erika Rosenbaum, Ken Auletta, Ronan Farrow, Hope d’écriture que par le classicisme de sa forme. d’Amore, Mickey Osterreicher, Deborah Slater, Jack Lechner, John Scmidt, Kathy Declesis, Mark Gill, Zelda Perkins, Dave Channon, A.J. Benza, Rebecca Traister, Rosanna Arquette, Caitlin Dulany, Nannette Klatt, Louise Godbold, Paz de la Huerta, Lauren O’Connor, Abby Ex, Andrew Goldman, Kim Masters, Megan Twohey, Jodi Kantor. Images : Patrick Smith et Neil Harvey Montage : Andy R. Worboys Musique : Anne Nikitin Son : Nicolas Dalban et Greg Gettens Maquillage : Mable Pang Production : Lightbox Productions associées : BBC, Samuel Marshall Films et Embankment Films Producteurs : Simon Chinn et Jonathan Chinn Producteurs délégués : Charles Dorfman, David Gilbery, Tom McDonald, Simon Young, Hugo Grumbar et Tim Haslam Productrice exécutive : Jessica Ross Coproductrice : Vanessa Tovell Dir. de production : Helena Lewis Distributeur : Le Pacte. © Lightbox 99 minutes. Royaume-Uni, 2019 H Dès novembre 2017, autrement dit un mois Sortie France : 14 août 2019 après que le raz-de-marée médiatique se soit abattu sur Harvey Weinstein, les producteurs Simon et Jonathan leur empire, raflant Palmes d’or (Sexe, mensonges Chinn réfléchirent à un documentaire qui retracerait son et vidéo, Pulp Fiction, Fahrenheit 9/11) et Oscars ascension, son règne, et sa chute ; une fois que la réalisatrice (Le Patient anglais, Shakespeare in Love, Chicago). Ursula Macfarlane fut aux commandes, ils contactèrent pas Et, s’il y a la volonté - légitime- de donner la parole moins de 400 personnes liées de près ou de loin au magnat aux victimes, de montrer les ambivalences inhérentes hollywoodien (actrices, ex-collaborateurs, journalistes), dont à la société américaine (comment un modèle de vingt-neuf furent interviewées sur une période de neuf mois. réussite et de fascination se voit frapper d’anathème, C’est dire s’ils n’ont pas perdu de temps et, quoiqu’il s’agisse si et seulement si les remparts de l’omerta s’effondrent peut-être là d’une donnée anecdotique, elle mérite qu’on publiquement, comme en témoigne ce journaliste, s’y arrête : d’une part, on peut se demander si ce talonnage Ken Auletta, qui aurait pu révéler les frasques ne serait pas dû à un désir, tout aussi compréhensible sexuelles du producteur américain dès 2002) et, qu’insuffisant, de figurer parmi les premiers détenteurs de partant, les zones troubles de la psyché humaine témoignages filmés ; d’autre part, il semblerait justement et de la notion de consentement, qu’est-ce que ce que le documentaire pâtisse de ce manque de recul à l’égard documentaire, in fine, ambitionne de nous apprendre ? des événements, lequel aurait pourtant été nécessaire à Quitte à être accusés de cynisme, c’est effectivement la construction d’un regard un tant soit peu analytique la principale question qui nous taraude devant - ou tout du moins clairement orienté -, ainsi apte à L’Intouchable, lequel hésite entre une impartialité se démarquer de l’avalanche d’articles déjà parus sur le sujet. pusillanime et un sensationnalisme malséant (tandis Aussi, bien que les interviews et les images d’archives soient que les actrices partagent leurs témoignages, organisées selon un souci chronologique (d’abord promoteur on esquisse un semblant de reconstitution - caméra de concerts à Buffalo, Weinstein monta ensuite sa société trouble s’avançant dans un couloir d’hôtel - afin Miramax avec son frère Robert, rachetée en 1993 par The Walt de nous positionner maladroitement dans “leurs” Disney Company, les différends avec cette dernière souvenirs) ; si ses auteurs étaient sans doute les poussant à créer The Weinstein Company en 2005), convaincus du bien-fondé de leur projet, eu égard à on soupçonne également ce dernier d’attentisme, tant son actualité qui, de ce fait, se suffirait à elle-même, on nous renseigne finalement peu sur les tenants et aboutissants ce documentaire prouve au contraire qu’une telle de cette carrière longtemps fulgurante, si ce n’est que le flair entreprise nécessite d’autant plus de rigueur en termes artistique et commercial des deux frères leur permit d’asseoir d’écriture et de dépouillement critique. _V.V. Visa d’exploitation : 151295. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 12 © les Fiches du Cinéma 2019
Je promets d’être sage de Ronan Le Page Ce premier long métrage de Ronan Le Page se COMÉDIE ROMANTIQUE Adultes / Adolescents veut résolument sincère mais son sujet, desservi par une écriture laborieuse et confuse, peine à u GÉNÉRIQUE convaincre et provoque un ennui dont les acteurs Avec : Pio Marmaï (Franck Castang), Léa Drucker (Sibylle ne parviennent pas à nous sauver. Dermaux), Mélodie Richard (Blandine), Gilles Privat (Gigi), Florence Janas (Magalie), François Chattot (Monsieur Leroy), Céline Toutain (Émilie), Philippe Dusseau (le pharmacien), Thomas Drelon (Eddy Mordelet), Xavier Berlioz (Patrick Mordelet). Scénario : Ronan Le Page Images : Brice Pancot Montage : Loïc Lallemand 1er assistant réal. : Victor Baussonnie Scripte : Lou Rech Musique : Florent Marchet Son : Mathieu Descamps, Pierre Bariaud, Charlotte Butrak et Samuel Aïchoun Décors : Marion Burger Costumes : Sophie Bégon Fage Maquillage : Sarah Mescoff Casting : Pierre-François Créancier Production : Easy Tiger Coproduction : Apollo Films Producteur : Marc-Benoît Créancier Dir. de production : Anne-Claire Créancier Distributeur : Apollo Films. © Easy Tiger H Nouveau venu dans le cinéma français, Ronan Le Page s’offre deux têtes d’affiche de choix pour porter son premier long métrage, l’étoile montante Pio Marmaï et Léa Drucker, césarisée en début d’année 92 minutes. France, 2019 pour son rôle dans Jusqu’à la garde. Ils incarnent Franck Sortie France : 14 août 2019 et Sybille, deux agents de surveillance d’un musée qui, u RÉSUMÉ d’abord opposés, vont peu à peu se rapprocher d’une curieuse Alors que la représentation de la pièce de théâtre manière. Le scénario suit le schéma classique du duo qu’il met en scène part en vrille, Franck fait une crise de personnages qui n’ont rien à faire ensemble mais de nerfs car, encore une fois, il n’obtiendra pas de qui finiront tout de même par s’aimer... un choix peu bonne critique. Il fuit Paris et s’installe à Dijon où vit audacieux qui aurait pu donner lieu à une charmante sa sœur, et décroche un contrat de vacation de deux mois (et énième) comédie romantique, si le scénario n’était en tant qu’agent de surveillance au musée des Beaux-Arts. pas aussi laborieux. Rien n’est jamais fluide dans l’écriture Toute l’équipe l’accueille avec bienveillance, sauf Sybille qui ne fait qu’enchaîner des situations improbables qui le prend en grippe car, les effectifs étant au complet, ils vont pouvoir procéder à un inventaire des collections, sans chercher à donner une explication tangible, le tout une procédure obligatoire tous les dix ans. Sybille - et c’est là le plus pénible - sans jamais être drôle. Il aurait et Franck y travaillent en binôme et Sybille trouve été plus intéressant d’explorer la crise de nerfs de différentes excuses pour ralentir l’inventaire, car elle Franck, mais son changement de vie n’est ici que prétexte a vendu des objets à un pharmacien qui refuse de les lui à une invraisemblable histoire de trafiquants amoureux rendre. à laquelle on ne croit pas une seconde. On se demande SUITE... Elle s’introduit chez lui sans succès. Franck comment Léa Drucker, qui s’en sort plutôt bien, et Pio découvre l’affaire et l’aide à récupérer le lot. Sybille Marmaï, toujours trop linéaire dans son jeu comique, lui propose de l’aider à les revendre et, en échange, ont pu se laisser embarquer dans cette galère, hormis lui propose son CDI. Il accepte. Ils parviennent à vendre la perspective de s’amuser un peu. Peu étoffés, le lot à un brocanteur. Ils passent la nuit ensemble. les personnages secondaires ne leur sont d’aucun secours De retour au musée, Sybille propose à Franck de continuer leur business, mais il refuse. Elle démissionne. Franck est et sont à l’image de l’intrigue : ils ne sont pas écrits bientôt victime d’hallucinations, et il s’évanouit. Il se réveille et engendrent un ennui profond chez le spectateur, plusieurs jours plus tard, jour de l’anniversaire de Sybille, endormi par la plate confusion de l’ensemble. Probablement qui lui manque. Il prend la route vers le Portugal car elle sincère, Je promets d’être sage est malheureusement lui avait confié vouloir y aller ce jour-là. Ils s’y retrouvent trop pauvre pour divertir. _A.L. et partent main dans la main. Visa d’exploitation : 149320. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 180 copies. 13 © les Fiches du Cinéma 2019
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