Ouverture Economique Étude de cas Royaume du Maroc 2020 - Legatum Institute

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Ouverture Economique Étude de cas Royaume du Maroc 2020 - Legatum Institute
INDICE MONDIAL
  GLOBAL
    D’OUVERTURE
         INDEX OF
ECONOMIC
   ÉCONOMIQUE
          OPENNESS

        Ouverture Economique
           Étude de cas Royaume du Maroc

                       2020
Ouverture Economique Étude de cas Royaume du Maroc 2020 - Legatum Institute
CRÉER LES VOIES DE LA PAUVRETÉ À LA PROSPÉRITÉ

A PROPOS DE L’INSTITUT LEGATUM
L’Institut Legatum est un groupe de réflexion basé à Londres avec la vision audacieuse de créer un mouvement
citoyen mondial dédié à la création de mécanismes favorisant le passage de la pauvreté à la prospérité et à la
transformation des sociétés.
Nous aspirons à cet objectif en promouvant des dirigeants de bon caractère, en rétablissant une vitalité éthique à
tous les secteurs de la société et en développant des solutions pratiques et des outils de données qui contribueront
à créer des sociétés pacifiques et solidaires avec des économies ouvertes et des peuples émancipés.
•    Notre Centre des Statistiques crée des index et des bases de données pour mesurer et expliquer comment la
     pauvreté et la prospérité changent.
•    Nos Programmes de Recherche analysent les nombreux facteurs complexes de pauvreté et de prospérité au
     niveau local, national et mondial.
•    Nos Programmes de Mise en Pratique identifient les actions nécessaires aux changements et aux
     transformations.

LES AUTEURS
Dr. Stephen Brien est le Directeur des Politiques à l’Institut Legatum.
Daniel Herring est Analyste Principal à l’Institut Legatum.
Ed King est Chargé d’Etudes à l’Institut Legatum.
James Edgar est Economiste en chef à WPI Economics.

REMERCIEMENTS
Les auteurs aimeraient remercier les personnes suivantes pour leur contribution au rapport : Abdelkhalek Touhami
(Institut National de Statistiques et d’Economie Appliquée), Fouad Abdelmoumni (Transparency Maroc), Rachid
Aouine (Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations), Manal Bernoussi
(Casablanca Finance City), Farid Boussaid (Université d’Amsterdam), Imane Chaara (Université d’Oxford),
Mohamed Daadaoui (Université d’Oklahoma City), Ismail Douiri (Attijariwafa Bank), Youness El Hachimi
(Consultant international), Brahim El Jai (AfricInvest), Khalid El Massnaoui (Banque Mondiale), Mourad Fathallah
(Casablanca Finance City), Sarah Feuer (Institut des Service de Sécurité Nationale), Jorge Galvez-Mendez (OCDE),
Fianna Jurdant (OCDE), Anne-Lucie Lefebvre (Banque Mondiale), Merouan Mekouar (Université d’York), Philippe
Miquel (ENGIE Afrique), Carlos Montes (chercheur indépendant), Safaa Nhairy (entrepreneur), Diane Pallez-
Guillevic (OCDE), Marco Rensma (MEYS Emerging Markets Research), Youssef Sbai (Groupe Altus), Michael Willis
(Université d’Oxford) and Ann Wyman (AfricInvest).

                          Cette publication fut rendue possible par le soutien financier de la Fondation Caritative
                          Templeton World, Inc. Les opinions exprimées dans cette publication sont celles des
                          auteurs et ne reflète pas nécessairement les vues de la Fondation Caritative Templeton
                          World, Inc.

L’Institut Legatum voudrait remercier la Fondation Legatum pour son soutien. Pour en savoir plus sur la Fondation
Legatum, visitez www.legatum.org.

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font l’objet d’enregistrements de marques de Legatum Limited. Bien que tous les soins aient été apportés à la préparation de ce
rapport, aucune responsabilité ne peut être prise pour toute erreur ou omission contenue dans ce rapport.

L’Institut Legatum est le nom de travail de la Legatum Institute Foundation, un organisme de bienfaisance enregistré (numéro 1140719)
et une entreprise limitée par garantie et constituée en Angleterre et au Pays de Galles (numéro d’entreprise 7430903)

L‘image de couverture: Shutterstock.comm
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CONTENU

Avant-Propos............................................................................................................................. 2

Résumé analytique................................................................................................................... 5

Introduction..............................................................................................................................11

Accès aux marchés et infrastructure.................................................................................. 19

Environnement d’Investissement........................................................................................35

Conditions d’Entreprise.........................................................................................................49

Administration........................................................................................................................ 61

Conclusions.............................................................................................................................70

Annexe (en Anglais)............................................................................................................... 74

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AVANT-PROPOS

                                Au Legatum Institute, notre mission est de montrer la voie pour passer de la pauvreté à la
                                prospérité en encourageant des économies ouvertes, des sociétés solidaires et des peuples
                                émancipés. Notre travail consiste à comprendre comment la prospérité est créée et pérennisée.
                                La prospérité est bien plus que la simple richesse matérielle, elle comprend aussi la protection
                                sociale, la sécurité, le bien-être, la liberté et les opportunités. Cependant, sans une économie
                                ouverte et compétitive, il est très difficile de créer un bien-être social et économique où les
                                individus, les communautés et les entreprises ont la possibilité de se développer pleinement. C’est
                                pour cela que nous considérons l’Ouverture Economique comme si importante, malgré cette
     Stephen Brien
                                période d’incertitude.
     Directeur des Politiques   Grâce au soutien généreux de la Fondation Caritative Templeton World, nous avons créé un
     à l’Institut Legatum       Index Mondial d’Ouverture Economique afin de classer plus de 150 pays sur leur ouverture
                                commerciale, en évaluant l’environnement qui facilite ou freine leur capacité d’échanges
                                commerciaux, que ce soit au niveau national ou international. Notre ambition est d’en faire un
                                outil apprécié par les dirigeants et conseillers du monde entier, les aidant dans leurs plans de
                                croissance économique et de développement. Dans le cadre de ce programme de travail, nous
                                entreprenons une série d’études de cas détaillées par pays, basées sur notre Index. Dans le présent
                                rapport, nous analysons la performance du Maroc sur les plans de l’ouverture au commerce, les
                                investissements, les idées, la compétition et le talent.
                                Tandis que l’épidémie du coronavirus a stoppé une grande partie de l’activité économique
                                mondiale, le commerce entre pays, régions et communautés sera fondamental pour assurer le
                                progrès dans l’innovation, le transfert des connaissances et la productivité. Ceux-ci stimulent
                                efficacement la croissance économique et la prospérité. La diffusion du libre-échange a permis
                                à de plus en plus de personnes de participer au commerce et de passer d’une subsistance basée
                                sur l’exploitation agricole à une existence plus stable et prospère. Plus récemment, la révolution
                                technologique a permis à des millions de personnes de participer au débat commercial, politique
                                et social grâce à l’accès plus facile et moins coûteux aux nouvelles technologies. Notre recherche
                                montre que les pays ouverts économiquement sont plus productifs et qu’il y a une corrélation
                                claire entre l’augmentation de l’ouverture et la croissance en productivité. En revanche, sur un
                                marché peu compétitif ou qui n’est pas conçu pour favoriser la participation et le bien-être de
                                tous, la croissance stagne, les industries protégées s’enracinent et le capitalisme népotique
                                prolifère.
                                Alors que la plupart des décideurs politiques se concentrent sur les grands outils de politique
                                budgétaire et macroéconomique dont ils disposent, les facteurs microéconomiques sont
                                parfois négligés et leur potentiel à stimuler l’ouverture et la croissance est sous-estimé. Une
                                caractéristique notable de cet indice est l’accent mis sur ces moteurs microéconomiques de
                                la productivité. En rassemblant l’ensemble des choix politiques disparates qui influencent et
                                stimulent l’ouverture et la concurrence dans un seul rapport, nous espérons déplacer l’attention
                                des décideurs, au Maroc et dans le monde, vers les implications plus larges de la politique
                                microéconomique en mettant l’accent sur la relation entre la productivité et ouverture
                                économique.
                                Sur plusieurs mesures, le Maroc a bien progressé socialement et économiquement sur les
                                dernières décennies. Son revenu par habitant a augmenté de 70% en termes réels depuis le début
                                du millénaire et le taux de pauvreté a chuté de 40% sur les 10 dernières années. En 2011, une

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nouvelle Constitution a mis en place les fondations pour davantage de progrès. Le lancement
récent de la Commission du Nouveau Modèle de Développement montre l’engagement soutenu
à de nouvelles réformes.
Cependant, le Maroc fait face à d’importants défis. Comme pour le reste du monde, l’épidémie
de coronavirus signifie moins de commerce et plus de déficits publics pour un certain temps. Cela
pèsera davantage sur le défi de la croissance économique de la nation qui est à la baisse depuis
deux ans. Cela crée de nombreuses tensions, les plus importantes étant l’augmentation des
dépenses publiques, la pression sur le marché du travail et les exigences accrues sur les services
publics.
Malgré ces difficultés, le Maroc est bien placé pour jouer un rôle leader dans l’Ouverture
Economique du Maghreb. Le Maroc continue de libéraliser son commerce international grâce
à un large éventail d’accords commerciaux. Le secteur financier du pays demeure développé et
d’importantes réformes ont été accomplies afin de renforcer les droits de propriété intellectuelle
et la protection des investisseurs.
Cependant, pour tirer parti de tout cela, le Maroc devra trouver le modèle qui permettra aux
moteurs de croissance nationaux de s’épanouir. Ces derniers sont actuellement limités par une
mauvaise contestabilité du marché national et un marché du travail contraignant et restrictif,
comparé aux nations concurrentes. Ceci contribue également à l’expansion de l’économie
informelle dans le pays.
Comme dans beaucoup de pays semblables, la corruption reste un fléau répandu, bien que le
gouvernement ait montré une volonté pour le combattre. Pour évoluer au-delà du statut de
pays à revenu moyen, les problèmes de contestabilité dans l’économie et des liens entre le
gouvernement et les entreprises doivent être reconsidérés.
Au cours de la réalisation de ces études de cas, nous avons compris que l’instauration de
telles réformes n’est pas une mission facile à accomplir, surtout sur le plan politique. C’est
particulièrement vrai pour le Maroc actuel, vu le problème mondial majeur du coronavirus. De
plus, il y aura toujours de puissants groupes d’intérêt qui profitent du statu quo et resteront
réticents à tout changement.
Néanmoins, plusieurs raisons suscitent de l’optimisme. Les accords commerciaux importants
signés par le Maroc, sa stabilité politique et l’amélioration de ses infrastructures fournissent
une base solide. Le gouvernement continue d’identifier un éventail de réformes économiques et
juridiques qui conduiront à des améliorations et nous nous attendons à ce que la Commission du
Nouveau Modèle de Développement donne une nouvelle impulsion au développement.

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RESUME ANALYTIQUE

Ce rapport fait partie d’une série d’études de cas qui examinent les liens entre l’Ouverture
Économique et la prospérité d’une Nation, éclairées par les informations générées par notre Index
Mondial d’Ouverture Économique.
Au cours de la dernière décennie, le Maroc a subi des changements importants. Vers la fin 2010, le
Printemps Arabe s’est répandu à travers la région et, au Maroc, cela a conduit le Roi à introduire
une nouvelle Constitution en 2011. Notre Index révèle le portrait d’un Maroc qui a depuis fait des
progrès sur de nombreux fronts, grimpant dans les classements pour trois des quatre piliers.
Les infrastructures ont été améliorées ; quasiment toute la population a maintenant accès
à de l’électricité fiable, et plus de deux-tiers de la population ont accès à internet, grâce au
développement de réseaux de téléphonie mobile compétitifs. Le Maroc a continué d’étendre ses
réseaux commerciaux déjà importants, en poursuivant un éventail d’accords commerciaux et en
construisant et en développant le plus grand port à conteneurs de la Méditerranée et de l’Afrique.
Le gouvernement a également amélioré considérablement l’environnement d’investissement, par
une révision substantielle du code d’insolvabilité en 2018 et par un renforcement de la protection
de la propriété intellectuelle. De plus, une série de réformes a amélioré les conditions de création
d’entreprises en réduisant substantiellement le temps passé à se conformer aux obligations
réglementaires et fiscales.
Par ailleurs, le Maroc a fait un progrès considérable depuis le début du millénaire. Le PIB par
habitant a augmenté de plus de 70% en termes réels. Les taux de pauvreté absolue et relative ont
diminué, en passant respectivement de 7,1% à 1,4% et de 21,4% à 19,7% entre 2012 et 2017.1 Les
finances publiques ont été gérées prudemment.
Cependant, le classement du Maroc pour la gouvernance a chuté. Le pays est mal classé sur
le plan de la responsabilité politique, et l’efficacité du gouvernement a connu une baisse des
contraintes exécutives, l’état de droit et la qualité réglementaire. Une gouvernance trop faible
menace le progrès réalisé ailleurs et met en évidence la mise en place partielle des réformes. Les
problèmes de gouvernance du Maroc sont souvent intimement liés à la concurrence, ou manque
de concurrence ; Au niveau des marchés, les entreprises publiques représentent une grande
partie de l’activité économique. Ceci, combiné aux liens entre le gouvernement et les grandes
entreprises privées, pourrait signifier que les initiatives de réformes administratives auront du mal
à se concrétiser. L’économie est caractérisée par un ensemble de marchés très concentrés, qui
sont souvent le résultat d’interventions gouvernementales qui restreignent l’entrée, facilitent la
domination ou créent des inégalités.
Il y a aussi un Maroc parallèle et plus pauvre, avec une économie informelle assurant jusqu’à 40%
de la totalité des emplois.2 La plupart de cette économie est rurale. En 2017, la pauvreté relative
était estimée à environ 8% dans les zones urbaines, contre 38% dans les zones rurales selon les
chiffres du gouvernement. Les touristes et investisseurs internationaux ne voient probablement
que le Maroc urbain et plus développé, où les intérêts commerciaux et politiques s’alignent pour
favoriser la croissance. Cependant, au-delà de ce centre névralgique, réside une économie moins
développée qui devrait bénéficier davantage de politiques gouvernementales.

1 “Indicateurs De Suivi Du Développement Humain. Niveau & Tendances à l’échelle Nationale Et Régionale. 2012-2017”.
Royaume du Maroc Le Chef du Gouvernement and Observatoire National du Développement Humain.
2 “An Estimation of the Informal Economy in Morocco” Bourhaba Othmane et Hamimida Mama, International Journal of
Economics and Finance; Vol. 8, No. 9; 2016
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En général, ceci n’est pas une solution pour une prospérité bien répartie dans le pays. Même
     avant l’impact économique de la pandémie du coronavirus, le progrès ralentissait : le taux de
     croissance du PIB par habitant pendant 2010-2019 représentait la moitié de celui des dix années
     précédentes. Les grandes entreprises publiques peuvent être en mesure de faire des progrès
     significatifs en matière d’infrastructure. Les compagnies internationales sont attirées à certains
     endroits du Maroc grâce aux incitations gouvernementales. Cependant, le système économique
     bénéficierait d’une plus grande place faite à un secteur privé dynamique et innovant qui pourrait
     permettre aux petites entreprises performantes de s’imposer sur le marché et répartir la
     prospérité.
     Parmi plusieurs problèmes exogènes auxquels le Maroc est maintenant confronté, deux se
     démarquent. À court-terme, l’impact de la pandémie du coronavirus menace deux principaux
     secteurs d’activité dynamiques du Maroc, à savoir le commerce international et le tourisme. L’un
     des principaux défis à long terme est l’impact d’une récente sécheresse sur l’important secteur
     agricole marocain, qui a mis en évidence la vulnérabilité du pays au changement climatique. Bien
     que le Maroc dispose de nombreux atouts pour naviguer dans ces eaux difficiles, ce rapport met
     en évidence les domaines dans lesquels de nouvelles réformes prépareraient le pays à tirer profit
     de ses atouts et à franchir la prochaine étape du développement économique.
     Ce rapport se concentre sur les facteurs structurels de l’Ouverture Économique. Nous évaluons
     dans quelle mesure le Maroc possède les quatre caractéristiques fondamentales des économies
     ouvertes:
     Accès aux Marchés et Infrastructures, assurant que les produits et services puissent être
     facilement produits et livrés aux clients;
     Environnement d’Investissement, assurant que les sources de financement nationales et
     internationales soient largement disponibles;
     Conditions de Création d’Entreprises qui assurent que les marchés soient en compétition et
     sans régulations contraignantes;
     Gouvernance qui est soutenue par l’état de droit ainsi que par l’intégrité et l’efficacité du
     gouvernement.
     Notre analyse indique un lien clair entre le niveau auquel l’économie d’un pays présente ces
     caractéristiques et sa capacité de production.3 Ce lien est corroboré par une longue histoire de
     littérature académique et se retrouve aussi dans les histoires économiques des pays qui ont
     atteint un haut niveau de santé économique.

     ACCES AU MARCHE ET INFRASTRUCTURES
     (RANG DU MAROC: 64ÈME)
     Le Maroc se classe 64ème en Accès aux Marchés et Infrastructures, gagnant quatre places sur
     la dernière décennie. Les infrastructures ont été considérablement améliorées dans certains
     secteurs. Le marché compétitif de la téléphonie mobile a favorisé un accès à internet de haute
     qualité. le secteur maritime s’est également développé grâce à la forte croissance de la capacité
     et de la qualité des ports maritimes, notamment le port Tanger-Med qui est maintenant le port
     ayant la plus grande capacité de conteneurs maritimes en Méditerranée et Afrique. Le Maroc
     a aussi continué à libéraliser le commerce international grâce à un large éventail d’accords
     commerciaux. Cependant, le Maroc est confronté à un sérieux problème dû aux pressions
     environnementales sur ses ressources en eau. De plus, un marché du haut-débit non compétitif
     limite le développement économique du pays.

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     3   Voir “Global Index of Economic Openness”, Legatum Institute, mai 2019.
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ENVIRONNEMENT D’INVESTISSEMENT (RANG DU MAROC:
68ÈME)
Le Maroc se classe 68ème pour l’Environnement d’Investissement, réalisant un progrès de 13
places sur la dernière décennie. Le pays a progressé dans les classements pour chaque élément
de ce pilier. Des réformes importantes ont été conduites pour renforcer les droits de propriété
intellectuelle et la protection des investisseurs, instaurant ainsi un climat de confiance propice
à l’investissement et l’innovation. L’écosystème de financement est un point particulièrement
fort au Maroc. La solidité des banques du Royaume et le nombre de succursales de banques
commerciales ont connu des améliorations notables, même si le financement pour les petites
et moyennes entreprises et l’accès aux financements alternatifs pourraient permettre un
développement plus poussé. Le Maroc a encore certaines restrictions sur l’investissement
international qui pourraient entraver le développement dans ce domaine, avec certains contrôles
de capitaux, des restrictions sur la participation étrangère dans les entreprises de certains secteurs
et des obstacles à l’obtention de visas de travail.

CONDITIONS D’ENTREPRISE (RANG DU MAROC: 70ÈME)
Le Maroc se classe 70ème pour les Conditions d’Entreprise, gagnant 23 places depuis 10 ans.
Ce progrès est dû principalement à la réduction considérable du fardeau de la règlementation,
survenue suite aux réformes ayant réduit le temps passé à se conformer aux obligations
règlementaires et fiscales. L’environnement de création d’entreprises s’est légèrement amélioré,
avec des réformes focalisées sur la facilité de création d’entreprise, partant toutefois d’une base
assez basse. Un déclin substantiel des subventions énergétiques a entraîné une grande réduction
des distorsions de prix.
Cependant, deux problèmes majeurs entravent le développement économique du Maroc.
Le premier est que la contestabilité des marchés intérieurs est faible et s’aggrave. Certains
secteurs importants sont hautement concentrés. Il existe un haut degré de participation de
l’État à l’économie, avec des règles de marché qui servent à restreindre l’entrée, à faciliter la
domination ou à créer des conditions de concurrence inégales. La deuxième contrainte majeure
sur les conditions de création d’entreprises est le marché du travail assez restrictif, avec une
réglementation lourde. Dans ce sens, le Maroc se classe 96ème en termes de flexibilité du marché
du travail, avec une gamme de réglementations restrictives du marché du travail, causant ainsi un
taux de chômage élevé et répandant davantage l’économie parallèle.

GOUVERNANCE (RANG DU MAROC: 98ÈME)
Le Maroc se classe 98ème pour le pilier de la Gouvernance, enregistrant une chute de 16 places
au cours de la dernière décennie. Ceci est causé par le déclin qu’ont connu les critères de la
Gouvernance pris en considération dans notre Index. Le Maroc est classé beaucoup plus bas que
les pays comparables comme le Ghana (55ème), l’Indonésie (62ème), le Rwanda (64ème) et la Tunisie
(65ème). Une nouvelle Constitution a été introduite en 2011. Bien que ses changements n’aient
pas encore conduit à une amélioration du classement du Maroc sur le plan de la Gouvernance, ils
ont créé une voie potentielle vers une nouvelle ère qui pourrait – sur le long terme – voir les fruits
de ces changements systémiques. Il y a le sentiment que les contraintes exécutives contenues
dans la Constitution ne sont pas suffisamment fortes en pratique. L’efficacité du gouvernement
pourrait bénéficier d’une meilleure responsabilité et d’une administration plus solide, ce qui
pourrait à son tour diminuer la corruption. De plus, le système judiciaire connait certains
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problèmes et la perception des experts vis-à-vis de l’application des règlements dans le pays
       s’est détériorée au cours des dernières années. Concernant les dernières élections parlementaires
       de 2016, elles ont réduit la fragmentation du Parlement. Certaines réformes récentes semblent
       prometteuses pour s’attaquer à la corruption, telles que celles visant à rendre les marchés publics
       plus équitables et plus sûrs et celles visant la mise en application de la nouvelle loi pour la
       protection des lanceurs d’alertes.

       PERSPECTIVES D’AVENIR
       Le futur du Maroc sera défini non seulement par les choix nationaux mais aussi par sa réaction
       aux grands défis extérieurs, tels que les pressions environnementales et l’évolution de la
       pandémie. Ses vastes accords commerciaux, sa stabilité politique et ses infrastructures qui
       continuent de s’améliorer constituent une base solide. Le gouvernement continue d’identifier
       des réformes économiques et juridiques qui conduiront à des améliorations. Cependant, le Maroc
       pourrait rester au niveau des pays à revenu intermédiaire si la détérioration de la qualité de
       l’administration et le problème intriqué des entreprises publiques ne sont pas abordés.
       Le problème double de la pandémie et du changement climatique est susceptible de créer la
       tentation de recourir à plus d’intervention et de contrôle de l’État. Cependant, ces problèmes
       exigent aussi le recours à l’innovation, au changement et à la flexibilité, qui ne peuvent provenir
       que d’une plus grande ouverture économique dans les secteurs actuellement dominés par des
       entreprises dans lesquelles l’État a un intérêt. Le progrès pour la majorité de la population au
       Maroc n’est vraisemblablement possible que par des réformes qui permettront au plus grand
       nombre de contribuer à l’économie formelle.

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                                                                                   Credit (Shutterstock.com)
Résumé des recommandations

Le Maroc pourrait continuer d’investir dans les infrastructures, avec un accent particulier sur les infrastructures de
technologie de pointe et les ressources en eau
•    Investir dans le développement de son réseau haut-débit et continuer d’investir dans l’amélioration de la densité des
     infrastructures routières et ferroviaires
•    Le Maroc a d’importantes opportunités pour atténuer l’impact des problèmes liés à la baisse des précipitations,
     notamment en:
     •      Poursuivant les programmes d’investissement dans les infrastructures d’irrigation durables
     •      Continuant d’appliquer des mesures visant l’amélioration de l’efficacité d’utilisation de l’eau
     •      Accroissant les efforts pour recycler les eaux usées et en renforçant la capacité de dessalement

Le Maroc pourrait renforcer progressivement le rôle du secteur privé dans les secteurs clés de l’économie et ouvrir ses
marchés agricoles
•    Les opportunités pour les entreprises publiques de bénéficier d’un accès privilégié aux marchés devraient être réduites.
•    En ce qui concerne la contestabilité du marché national, le Maroc devrait:
     •      Intégrer les principes de concurrence dans les secteurs porteurs tels que l’énergie et les télécommunications, en
            levant les barrières à l’entrée qui protègent les titulaires et en renforçant le rôle des régulateurs du secteur.4
     •      Assurer la neutralité concurrentielle, afin que toutes les organisations, qu’elles soient privées ou publiques, soient
            soumises au même ensemble de règles.5
     •      Renforcer les marchés publics grâce à une stratégie claire et à un financement adéquat pour la Commission
            Nationale des Marchés Publics
•    Ouvrir progressivement les marchés agricoles car l’agriculture constitue un des moteurs de l’économie marocaine.
     Une stratégie agricole devrait offrir de meilleures opportunités pour permettre aux petites et grandes exploitations
     de transformer le secteur agroalimentaire en une source stable de croissance, de concurrence, et de développement
     économique dans les zones rurales.

Le marché du travail pourrait être rendu plus flexible pour réduire le niveau élevé d’économie parallèle et pour fournir
des compétences mieux adaptées aux emplois disponibles
•    Ralentir l’augmentation du salaire minimum.
•    Réduire les coûts de licenciement et faciliter le recours au licenciement pour les petites entreprises.
•    Étendre la flexibilité des contrats à durée limitée
•    Considérer l’introduction d’une forme d’assurance chômage plus complète, en échange de l’assouplissement des
     pratiques de résiliation des contrats de travail.
•    Poursuivre et élargir les programmes de formation professionnelle

En renforçant sa gouvernance, le Maroc pourrait soutenir plus de croissance
•    Mettre en place des régulateurs juridiquement indépendants dans tous les secteurs de services publics, capables
     de définir et d’appliquer efficacement les réglementations existantes. Ces régulateurs pourraient bénéficier d’une
     orientation stratégique de la part du gouvernement, mais ne devraient avoir aucune représentation de la haute
     direction au sein de leur conseil d’administration.
•    Continuer, par le biais du projet de loi 46-19 (et d’autres mesures si nécessaires), à renforcer le rôle de l’organe
     anticorruption, à savoir l’Instance Nationale de la Probité, de la prévention et de Lutte contre la Corruption (INPPLC),
     en renforçant son indépendance et ses ressources.
•    Poursuivre les réformes du système judiciaire, en investissant, à titre d’exemple, davantage dans les tribunaux et dans
     la formation des juges.

4 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills Upgrading” World Bank Group. 2019,
p.8.                                                                                                                                                         | 11
5   Ibid, p.38.
12 |
  Credit (Shutterstock.com)
INTRODUCTION

Cette étude de cas sur le Maroc fait partie d’une série d’études examinant les liens entre
l’Ouverture Economique et la prospérité d’une nation, éclairée pas les informations générées par
notre Index Mondial d’Ouverture Économique qui compare la performance de plus de 150 pays.
Le but de ce rapport est de fournir une évaluation globale et systématique de l’environnement
politique sous-tendant l’économie marocaine et, ce faisant, d’aider à identifier des actions
spécifiques qui amélioreraient l’Ouverture Économique au Maroc.
Définir l’Ouverture Économique et mesurer ses effets positifs sur la prospérité est désormais une
tâche cruciale. Les avantages de la mondialisation et de l’Ouverture Économique ont été remis
en question à la suite de la crise financière mondiale. Nous continuons à voir l’impact de la crise
sur le débat public 10 ans plus tard, dans la montée du nationalisme et des politiques populistes à
travers le monde occidental - encore plus exacerbées par l’épidémie de coronavirus.
Pourtant, la mondialisation a continué à un rythme soutenu. Le degré de connectivité, l’échange
d’idées et le niveau des échanges et du commerce transfrontaliers se sont redressés au cours de
la décennie qui a suivi la crise, avant le choc le plus récent. Le commerce entre les communautés,
les pays et les régions a continué de diffuser les innovations et le transfert de connaissance, de
stimuler la productivité et de favoriser, à terme, la croissance économique.
L’épidémie de coronavirus a montré à la fois la fragilité du système de commerce international,
mais aussi son importance fondamentale pour la prospérité mondiale. Par conséquent, à la
sortie de la crise mondiale actuelle, l’un des choix pour les décideurs qui cherchent à assurer
une prospérité durable est de résister au protectionnisme, et de redynamiser le programme de
libéralisation du commerce. Lorsque les flux commerciaux mondiaux se sont considérablement
ralentis suite à la crise financière, de nombreux gouvernements des pays développés et en voie
de développement ont envisagé une série de mesures pour protéger leurs industries et leurs
producteurs nationaux de la concurrence internationale.
Il y a un risque que les mesures prises à court terme pour atténuer les effets économiques
immédiats du coronavirus, comme le soutien financier fourni à l’industrie, soient difficiles à
inverser. Cependant, nous espérons que les gouvernements du monde entier reconnaîtront
que des économies ouvertes et dynamiques sont la meilleure voie pour la prospérité de leurs
populations.
Les réformes pour relever ces défis ne sont ni évidentes ni faciles politiquement. Pour
pratiquement tous les angles d’une réforme, y compris ceux qui bénéficieraient à la majorité
de la population, il existe des groupes d’intérêts qui profitent des avantages du statu quo et
souhaitent le maintenir, par exemple par le biais d’accès aux contrats publics de façon injuste et
non transparente. L’adoption de ces réformes demande du courage et de la détermination pour
combattre ces intérêts particuliers. De plus, cela requiert la mise en place d’un accord centré sur
des politiques qui conduisent à une économie ouverte et prospère.
Cette étude de cas passe en revue les performances de l’économie marocaine, puis examine
l’environnement politique dans lequel elle opère pour identifier les forces et les faiblesses sous-
jacentes, ainsi que les opportunités d’amélioration.
Contexte
Nous avons choisi le Maroc comme exemple d’un pays marqué par un lien fort entre ses
grandes entreprises et le pouvoir politique et d’un pays ayant réalisé beaucoup de progrès.
Le Maroc illustre le type de progrès et de problèmes qu’un tel système engendre. Les grandes
infrastructures se sont améliorées ainsi que l’environnement pour les petites entreprises. Mais,
                                                                                                      | 13
une bonne Gouvernance, et les avantages qui en découlent, sont constamment entravés par une
       élite politique qui est aussi puissante économiquement. Cela aggrave le potentiel de corruption,
       entrave la croissance des revenus et renforce la présence du secteur informel. Les avantages d’un
       tel système ont également tendance à profiter aux politiquement puissants, ce qui au Maroc
       tend à désigner les zones urbaines et métropolitaines. Les règlementations et les réformes ont
       tendance à ne pas aider les zones rurales pauvres à se développer. Dans ce sens, Les dirigeants
       marocains ont reconnu qu’il y avait place pour de nouvelles réformes du modèle économique
       du pays, en créant la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) en 2019.1
       Nous espérons que ce rapport fournira des informations utiles, en adoptant une perspective
       comparative internationale, visant à identifier les domaines où résident les plus grandes
       opportunités de réformes bénéfiques.
       Rétrospectivement, sur les deux dernières décennies, l’économie du Maroc a été stable
       globalement et un progrès considérable a été accompli. Le PIB par habitant a augmenté de plus
       de 70% en termes réels depuis le début du millénaire et les chiffres publiés par le gouvernement
       marocain indiquent que la pauvreté absolue est tombée de 7,1% à 1,4% entre 2012 et 2017, tandis
       que la pauvreté relative a aussi reculé de 21,4% à 19,7% sur la même période.2
       Le pays a bénéficié d’une gestion macro-économique relativement solide durant la dernière
       décennie. Grâce à une politique monétaire prudente et une baisse des prix à l’importation,
       l’inflation est restée basse et contrôlée en-dessous de 2%.3 Il y a eu cinq ans d’efforts continus
       de consolidation fiscale, de 2014 à 2019, pour améliorer les finances publiques, mais le déficit
       budgétaire s’est de nouveau agrandi en 2019, atteignant un taux estimé A 4,1% du PIB. Ceci est
       dû principalement à des recettes fiscales et des subventions du Conseil de Coopération du Golfe
       (CCG) inférieures aux prévisions, et à une augmentation des dépenses en biens et services et en
       capital.4
       Cependant, le progrès avait ralenti même avant l’impact de l’épidémie. Tout comme dans d’autres
       pays du Maghreb, il y a eu un pic de progrès rapide depuis 2000 jusqu’au crash financier de 2008
       et un progrès considérablement ralenti avant et après le Printemps Arabe de 2010.5 Le taux de
       croissance du PIB par habitant au Maroc dans la période 2010-2019 représente la moitié du
       taux des dix années précédentes.6 Plus récemment, la tendance est à la baisse pour la croissance
       économique du Maroc, en raison principalement d’une chute de la production agricole causée
       par un manque d’eau associé à la sécheresse récente.7 Cela souligne que le Maroc demeure
       sensible à l’impact du changement climatique, en raison de l’importance du secteur agricole
       dans l’économie. En outre, les impacts économiques négatifs de la pandémie de coronavirus
       sur les recettes publiques et les besoins de dépenses signifient que le déficit budgétaire devrait
       maintenant se détériorer à plus de 6% du PIB en 2020.8
       L’économie marocaine présente une productivité faible comparée à la moyenne MENA (région

       1   “La Commission Spéciale Sur Le Modèle De Développement” Disponible en ligne : https://www.csmd.ma/
       2 Mesuré en utilisant les taux de parité de pouvoir d’achat; “GDP per capita, PPP (constant 2017 international $) – Morocco”.
       World Bank Data. Disponible en ligne : https://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.PP.KD?end=2019&locations=MA&sta
       rt=2000 (Consulté le 6 août 2020); “Indicateurs De Suivi Du Développement Humain. Niveau & Tendances à l’échelle Nationale
       Et Régionale. 2012-2017”. Royaume du Maroc Le Chef du Gouvernement and Observatoire National du Développement.
       3 Morocco Overview (1 May 2020)”. World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/country/morocco/
       overview (Consulté le 28 juillet 2020).
       4   Ibid.
       5   Konrad Adenauer Stiftung (2017) Smart Development Strategy for the Maghreb.
       6 “GDP per capita, PPP (constant 2017 international $) – Morocco”. World Bank Data. Disponible en ligne : https://data.
       worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.PP.KD?end=2019&locations=MA&start=2000 (Consulté le 6 août 2020).
       7 Morocco Overview (1 May 2020). World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/country/morocco/
       overview (Consulté le 28 juillet 2020); “African Economic Outlook 2020”. African Development Bank Group, 2020.
       8 “COVID-19 Crisis in North Africa: The Impact and Mitigation Responses”, United Nations Economic Commission for Africa,
       2020.
14 |
Moyen-Orient et Afrique du Nord). Les données les plus récentes de la Banque Mondiale
montrent que la valeur ajoutée par actif dans les principaux secteurs économiques sont comme
suit (tous les chiffres sont aux prix de 2010):
•     Agriculture, exploitation forestière et pêche : 4 000$ au Maroc comparé à 7 000$ en
      moyenne dans la région MENA,
•     Industrie : 13 000$ comparé à 46 000$ dans la région MENA. Ce chiffre inclut l’industrie
      pétrolière de la région MENA. Des chiffres comparables pour le secteur industriel seul ne sont
      pas publiés par la Banque Mondiale. Cependant, la valeur ajoutée par l’industrie représente
      17% du PIB du Maroc comparé à 14% en moyenne dans la région MENA,
•     Services : 13 000$ comparé à 21 000$ dans la région MENA.9
Le taux d’entreprenariat est aussi relativement bas. Le Maroc a seulement 5,6% de sa population
adulte qui est soit en train de démarrer une entreprise, soit qui a récemment démarré une
entreprise, comparé à une moyenne MENA de 10,8%.10
Globalement, la diversité économique de l’export du Maroc est comparable à celle des autres
pays du même niveau de revenu ; son plus grand volume d’exportation étant les produits de
complexité basse ou moyenne – agricoles et textiles respectivement.11
Le marché du travail représente un autre défi pour le Maroc. Bien que le pays ait amélioré son
classement pour la Flexibilité du Marché du Travail dans notre Index, il reste classé 96ème pour
cet élément. La Banque Mondiale affirme que le marché du travail du Maroc fait face à trois défis
cruciaux:12
i.    Manque d’inclusion : les jeunes et les femmes sont moins bien intégrés au marché du
      travail. La participation des femmes est particulièrement faible (23%). Les changements
      démographiques signifient que la Maroc va faire face à une augmentation de l’âge de la
      population active, puisque 46% de la population avait moins de 25 ans en 2017.13
ii.   Faible croissance de l’emploi : la création d’emploi n’est pas suffisante pour absorber le flux
      de population en âge de travailler. Les emplois officiels sont concentrés dans les entreprises
      plus grandes et mieux établies, tandis que les petites et moyennes entreprises font face à de
      multiples contraintes pour fonctionner et se développer.
iii. Faible qualité des emplois : l’économie parallèle domine le marché du travail. La croissance
     des emplois en dehors de l’agriculture est faible et les emplois dans le secteur des services
     sont essentiellement dans les services peu qualifiés.
Avant l’épidémie de coronavirus, le taux de chômage s’élevait déjà à 9,2% et le taux d’activité
voyait un déclin prolongé jusqu’à moins de 46%.14 Cela retarde le progrès pour certains groupes
au Maroc, et pour le Maroc dans son ensemble.
A présent, le Maroc fait face à deux défis extérieurs considérables et distincts. L’apparition de
l’épidémie de coronavirus et les effets d’une sécheresse sévère vont vraisemblablement conduire

9 “Value Added Per Worker (constant 2010 US$). World Bank Data. Disponible en ligne : https://data.worldbank.org/country/
morocco. Consulté le 11 août 2020.
10 “Middle East and North Africa Report 2017”, Global Entrepreneurship Monitor.
11 “Atlas of Economic Complexity: Morocco”. Havard Growth Lab. https://atlas.cid.harvard.edu/countries/134. Consulté le 11
août 2020.
12 “Labor Market in Morocco: Challenges and Opportunities” World Bank, 2018.
13 “Le marché du travail au Maroc : défis et opportunités” (2017) Haut-Commissariat au Plan et la Banque mondiale, 2017.
14 Morocco Overview (1 May 2020)”. World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/country/morocco/
overview (Consulté le 28 juillet 2020).
                                                                                                                             | 15
à une récession cette année, avec une baisse projetée du PIB réel de 4%. 15 La reprise économique
       suite à l’épidémie est prévue d’être longue: la croissance retournant à son niveau pré-épidémie
       d’ici 2022, avec des conséquences sévères, voire incertaines, pour le secteur du tourisme du
       pays.16
       On anticipe que l’impact économique du coronavirus conduira à une augmentation du taux
       de pauvreté d’au moins 1%, voire plus; ce qui représente 300 000 Marocains supplémentaires
       tombant en dessous du seuil de pauvreté et un total de presque 10 millions de Marocains courant
       le risque de tomber en dessous du seuil de pauvreté, même à la suite d’un faible choc économique
       négatif.17
       Cela pourrait détériorer un autre point important de l’économie du Maroc: le fossé entre les
       zones urbaines et rurales. Le gouvernement marocain estime que la pauvreté relative a diminué
       de 10,3% à 8,2% dans les régions urbaines entre 2012 et 2017, mais que ce taux a augmenté d’un
       niveau déjà haut de 37,3% à 38,2% dans les régions rurales durant la même période.18
       L’avenir du Maroc sera déterminé à la fois par ses choix et réformes internes et par sa réaction
       aux facteurs extérieurs telles les pressions environnementales et l’évolution de l’épidémie. Ses
       nombreux accords commerciaux, sa stabilité politique et l’amélioration des infrastructures
       fournissent une base solide. Le gouvernement continue d’identifier un éventail de réformes
       économiques et légales qui conduiront à des améliorations. Cependant, le Maroc pourrait rester
       au niveau des pays à revenu intermédiaire si le déclin de la qualité de l’administration et la
       distorsion économique engendrée par les grandes entreprises publiques ne sont pas traités.
       Le double défi de l’épidémie et du changement climatique sont susceptibles de créer la tentation
       de recourir à davantage d’intervention et de contrôle de l’État. Cependant, ces problèmes exigent
       aussi le recours à l’innovation, au changement et à la flexibilité qui ne peuvent provenir que d’une
       plus grande ouverture économique dans les secteurs actuellement dominés par des entreprises
       dans lesquelles l’État a un intérêt. Le progrès pour la majorité de la population au Maroc n’est
       vraisemblablement possible que par des réformes qui permettront au plus grand nombre de
       contribuer à l’économie formelle.

       ANALYSE DE L’OUVERTURE ECONOMIQUE DU MAROC
       Pour analyser l’Ouverture Economique du Maroc, nous examinons les performances du passé, les
       conditions actuelles, et identifions dans quelle mesure le gouvernement pourrait renforcer les
       opportunités et contrer les menaces potentielles à l’avancement du pays. Le Maroc se classe 72ème
       mondialement en termes d’Ouverture Economique et 9ème dans la région du Moyen-Orient et
       d’Afrique du Nord (voir Figure 1).
       Notre évaluation de l’Ouverture Economique du Maroc est basée sur son classement dans des
       bases de données mondiales comme la Banque Mondiale, le Forum Economique Mondial et le
       Fonds Monétaire International.19 L’analyse de la performance du Maroc dans ce rapport se focalise
       sur ce que nous considérons comme les facteurs clés de la santé économique à travers le monde.
       Ils sont organisés en quatre piliers:

       15 “Middle East and North Africa Report 2017”, Global Entrepreneurship Monitor.
       16 “Morocco Overview (1 May 2020)”. World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/country/morocco/
       overview (Consulté le 28 juillet 2020).
       17 En utilisant un seuil de pauvreté de 3,2 USD en termes de parité de pouvoir d’achat; “Social and Economic Impact of the Covid
       19 Crisis on Morocco” UNDP, UNECA and World Bank, March 2020.
       18 “Indicateurs De Suivi Du Développement Humain. Niveau & Tendances à l’échelle Nationale Et Régionale. 2012-2017”.
16 |   Royaume du Maroc Le Chef du Gouvernement and Observatoire National du Développement Humain.
       19 (Pour une liste complète des sources de données, voir l’annexe).
Figure 1: Score d'Ouverture Economique

                        56
                                                                                                                            72ème
                        54

                        52
     Score de l’Index

                        50   77ème

                        48

                        46

                        44

                        42
                             2009    2010      2011      2012     2013      2014      2015     2016        2017   2018      2019

                                                          Maroc          Moyen-Orient et Afrique du Nord

                                     Accès aux Marchés et Infrastructures: cela mesure la qualité des infrastructures qui favorisent
                                     le commerce (comprenant les Communications, le Transport et les Ressources), et les facteurs qui
                                     inhibent le flux de biens et services entre le pays et ses partenaires commerciaux. Quand les mar-
                                     chés possèdent suffisamment d’infrastructures et ont peu d’obstacles au commerce et un passage
                                     aux frontières souple, le commerce peut s’épanouir. Ce genre de commerce crée des marchés plus
                                     compétitifs et efficaces, permettant de tester, financer et commercialiser de nouveaux produits et
                                     de nouvelles idées, ce qui bénéficie aux consommateurs au final, à travers une plus grande variété
                                     de biens et des prix plus compétitifs.

                                     Le Maroc se classe 64ème pour l’Accès aux marchés et Infrastructures, grimpant de quatre places
                                     sur la dernière décennie. L’accès à internet (grâce aux téléphones portables) et les infrastructures
                                     de transport se sont considérablement améliorés. Le Maroc continue de libéraliser le commerce
                                     international à travers une large gamme d’accords commerciaux. Cependant, le Maroc fait face au
                                     défi sérieux des pressions environnementales sur ses ressources en eau, et un marché du haut-dé-
                                     bit peu compétitif qui limite le développement économique du Maroc

                                     Environnement d’Investissement: cela mesure à quel point les investissements sont protégés de
                                     façon adéquate à travers des Droits de Propriété, des Protections d’Investisseurs et l’Exécution des
                                     Contrats. La disponibilté pour investir les capitaux nationaux et internationaux (dette et capital
                                     propre) est également mesurée. Plus un système légal protège les investissements, par exemple
                                     grâce aux Droits de Propriété, plus cet investissement peut stimuler la croissance économique.

                                     Le Maroc se classe 68ème pour son Environnement d’Investissement, gagnant 13 places sur la der-
                                     nière décennie, et grimpant dans les classements de chaque élément de ce pilier. Il y a eu d’impor-
                                     tantes réformes pour renforcer les droits de propriété intellectuelle et la protection des investis-
                                     seurs. L’écosystème de financement demeure un atout particulier du Maroc. Cependant, le Maroc
                                     impose toujours certaines restrictions sur les investissements internationaux, chose qui limite le
                                     développement dans ce domaine.

                                                                                                                                        | 17
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