Partir au vert : les six clichés à déconstruire - Figeacteurs

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Partir au vert : les six clichés à déconstruire - Figeacteurs
03/03/2022 17:16                                                                                  Partir au vert : les six clichés à déconstruire | Les Echos Start

                                                                                                         L’ENQUÊTE

                                          Partir au vert : les six clichés à déconstruire
         ENQUÊTE// Qui ne rêve pas, après des mois confinés, télétravaillés, contraints, masqués, d'une vie
          au grand air, dénuée de béton ? Certains n'osent pas sauter le pas de peur d'avoir des difficultés
           à trouver un emploi, d'être moins bien rémunérés ou encore d'avoir une vie sociale et culturelle
                                                                    moins intense. Mais est-ce seulement vrai ?

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         Plus de 92 % d'entre des Français estiment la campagne agréable à vivre contre 72% en 2018, selon le baromètre IFOP-Familles Rurales (2021). (iStock)

                                      Par Chloé Marriault, Marion Simon-Rainaud, Julia Lemarchand
                                      Publié le 28 févr. 2022 à 6:55          Mis à jour le 1 mars 2022 à 12:14

                                      Une campagne présidentielle sans déclarer sa flamme aux campagnes ne serait pas une
                                      vraie campagne. Valérie Pécresse (LR) l'a fait lors d'un récent déplacement dans l'Indre,
                                      tandis que Yannick Jadot (EELV), en visite dans le centre de la France, a dit vouloir
                                      interdire la chasse le week-end pour protéger « les personnes qui vivent dans la ruralité et
                                      n'osent pas aller se promener le dimanche quand il y a des tirs de fusil », assurant au
                                      passage que les chasseurs sont majoritairement issus de la ville. Emmanuel Macron a
                                      quant à lui rappelé « les forces formidables » des territoires. Aucun d'entre eux ne
                                      manquera d'ailleurs d'aller au Salon international de l'agriculture, qui vient d'ouvrir ses
                                      portes. Mais les campagnes ont-elles vraiment besoin de VRP ?

                                      Sept Français sur dix disent que le monde rural « a connu un renouveau » et qu'il est
                                      désormais « attractif », selon la dernière étude menée par l'Ifop pour Familles rurales

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                                      (mars 2021). Plus significatif encore : plus de 92 % d'entre eux l'estiment « agréable à
                                      vivre », contre 72 % en 2018. Est-ce le signe d'un exode massif des Parisiens en zone
                                      rurale ? L'Insee travaille actuellement sur la question. Ses travaux pourraient faire l'objet
                                      d'une publication en 2022. Un indice en attendant : à la rentrée scolaire de septembre, la
                                      capitale avait perdu 6.000 élèves dans le premier degré en un an. Une baisse record
                                      depuis dix ans. « Les logiques historiques s'inversent progressivement avec une
                                      augmentation du nombre de nouveaux élèves dans beaucoup de communes rurales et une
                                      dynamique renforcée sur le plan de l'immobilier des petites et moyennes villes », affirmait
                                      Joël Giraud, secrétaire d'Etat chargé de la Ruralité, dans une tribune publiée dans « Le
                                      Figaro », le 22 février.

                                      Attention à ne pas s'emballer. Après leur déménagement, neuf Parisiens sur dix restent en
                                      milieu urbain, d'après les derniers chiffres de l'Insee datant de 2018. Plus d'un quart des
                                      Parisiens quittant la capitale s'installent à moins de 10 km de Paris. Quant à ceux qui vont
                                      en régions, ils privilégient les métropoles comme Lyon, Bordeaux, Marseille et Nantes.

                                      Les jeunes ne sont pas tout à fait convaincus non plus par la vie au vert. Une minorité
                                      (39 % tout de même) des 18-24 souhaite vivre dans un village ou à la campagne, d'après le
                                      rapport sur la jeunesse publié par l'Institut Montaigne début février. A contrario,
                                      l'agglomération parisienne, qui peut être encore perçue comme un passage obligé pour
                                      étudier ou lancer sa carrière, attire très peu (7 %). Mais quand il s'agit de choisir d'en
                                      (re)partir, les freins demeurent. A tort ?

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                                      1 - Trouver un travail est une galère
                                      Pendant des années, Cécile Guéret et son compagnon, Mallory Grolleau, se sont imaginé
                                      quitter l'Ile-de-France. Un projet qu'ils ont repoussé « de peur de se retrouver dans une
                                      situation précaire ». Ils décident finalement de sauter le pas en 2018 et disent adieu à
                                      Vitry-sur-Seine, commune au sud de Paris, pour s'installer à Tours. « Avec le recul, on
                                      regrette de ne pas être partis plus tôt, glisse Cécile, 40 ans. Ça a été beaucoup plus facile
                                      que ce qu'on imaginait sur le plan professionnel. »

                                      Journaliste à Paris, elle exerce désormais en tant que psychopraticienne à Tours. « Dès
                                      mon arrivée, des thérapeutes de la ville, très accueillants et bienveillants, m'ont
                                      recommandée et envoyé des patients. » Son mari, réalisateur, est lui toujours aussi occupé.
                                      Il fait moins de tournages mais davantage d'éducation à l'image, dans les écoles par
                                      exemple. Il continue, en parallèle, à enseigner au Cours Florent, à Paris. « J'ai découvert a
                                      posteriori toute l'énergie que je mettais en Île-de-France pour essayer d'être visible,
                                      d'exister. En région, il y a plus d'espace. Les gens se connaissent mieux. Une fois qu'on est
                                      identifié, on vient nous chercher », raconte-t-il.

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                                      Et certains territoires et employeurs se démènent pour attirer les talents, notamment en
                                      offrant des services dignes de grandes villes. Exemple à Figeac, une commune de moins
                                      de 10.000 habitants dans le Lot, située à une heure d'Aurillac et de Rodez, et à deux heures
                                      de Toulouse. Là-bas, des boîtes ont créé une crèche interentreprises et une conciergerie
                                      partagée. Deux d'entre elles expérimentent la mise à disposition gratuite de voitures
                                      électriques pour les trajets domicile-travail de salariés qui font du covoiturage. Enfin,
                                      Figeacteurs, un réseau d'acteurs locaux (chefs d'entreprise, militants associatifs,
                                      salariés…) se mobilise pour aider les conjoints à trouver un emploi.

                                      Certes, les emplois de certains secteurs sont encore concentrés à Paris : « C'est le cas pour
                                      les cadres dans la banque, la finance ou les ressources humaines, observe Alexandre Judes,
                                      économiste chez Indeed France. Mais certains territoires sont devenus réputés pour leur
                                      expertise : Montpellier pour les jeux vidéo, Rennes pour la cybersécurité, Sophia Antipolis
                                      pour la R&D… » Et certaines entreprises parisiennes de la tech ouvrent des bureaux en
                                      régions : c'est le cas des licornes Doctolib à Nantes ou de Mirakl à Bordeaux.

                                            Lire aussi :
                                            Joies et misères d'entreprendre en régions

                                      La crise sanitaire a aussi changé la donne : « Le développement du télétravail a simplifié
                                      beaucoup de projets de départs », souligne Aurore Thibaud, cofondatrice de Laou, une
                                      start-up qui aide les Franciliens à s'installer en régions. Certains font désormais la navette

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                                      avec leur ancienne ville quelques jours par semaine ou par mois. D'autres sont en total
                                      télétravail. Mais elle nuance : « Une grande partie des emplois ne sont pas
                                      télétravaillables. »

                                      2- On gagne forcément moins en régions
                                      A Paris, 39 % des salariés sont cadres, contre 19 % au niveau national : « La structure des
                                      emplois explique à elle seule des salaires supérieurs de 13 % à la moyenne nationale »,
                                      affirme l'Insee dans son rapport 2021 sur « La France et ses territoires ». Les déterminants
                                      principaux des disparités territoriales en la matière sont le niveau de qualification des
                                      postes occupés et la densité de population, mais la composition du tissu productif et les
                                      secteurs d'activité comptent aussi beaucoup.

                                      Certaines petites aires avec de fortes spécialisations industrielles peuvent tout à fait se
                                      distinguer. C'est le cas de Belfort, un bassin d'emploi historiquement tourné vers la
                                      production automobile et ferroviaire. Martin, qui terminait son master 2 à Clermont-
                                      Ferrand, n'imaginait pas démarrer sa vie professionnelle à Montceau-les-Mines, une ville
                                      bourguignonne de 18.000 habitants où il n'avait jamais mis les pieds. Avant l'obtention de
                                      son diplôme en 2017, il est débauché par Michelin en tant que technicien garantie qualité.
                                      « J'avais peur d'être seul et de m'ennuyer, mais je me suis vite laissé convaincre par
                                      l'opportunité », confie-t-il aujourd'hui.

                                      A l'entrée, Martin négocie 35.000 euros bruts annuels. Lorsque son chef part à la retraite, il
                                      prend sa place de manager avec un salaire annuel de 48.000 euros bruts. Une négociation
                                      qu'il doit à la rareté de son profil : « Personne ne veut venir ici. Personnellement, je suis sur

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                                      un poste assez technique et spécifique, donc ça me donne plus de force. » Et le coût de la vie
                                      incomparable avec les métropoles, concrètement ? « Ça m'a permis de devenir propriétaire
                                      beaucoup plus tôt que prévu, en achetant un trois-pièces à 60.000 euros. »

                                      3 - L'immobilier n'y est pas cher

                                      Si certains décident de fuir la capitale, c'est aussi parce que s'y loger est un casse-tête :
                                      prix exorbitants, surfaces riquiquis, files d'attente pour visiter un bien à louer, vendeurs
                                      toujours plus gourmands… Est-ce forcément plus facile en régions ? Parlons d'abord
                                      budget. « Beaucoup pensent que Paris est le territoire le plus cher en France, mais en réalité,
                                      la capitale n'est même pas dans le top 5 des communes les plus chères au mètre carré »,
                                      éclaire Barbara Castillo Rico, responsable des études économiques chez Meilleurs Agents.

                                      La palme de la commune la plus coûteuse de France revient à Saint-Jean-Cap-Ferrat, sur
                                      la Côte d'Azur, avec ses 15.012 euros du mètre carré en moyenne, d'après les chiffres de
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                                      Meilleurs Agents au 1er février 2022. Sur la deuxième marche du podium : Ramatuelle, un
                                      village également situé sur la Côte d'Azur, suivi de Saint-Tropez. Vient ensuite Val-d'Isère,
                                      en Savoie. Puis, Neuilly-sur-Seine et Saint-Mandé, deux communes limitrophes de Paris.
                                      La capitale est en septième position, avec 10.208 euros le mètre carré.

                                      Si ce n'est pas le prix qui pose problème, ce peut être la pénurie de biens. « Certains
                                      territoires connaissent désormais une tension équivalente à ce que peut connaître la région
                                      parisienne depuis plus longtemps, analyse Séverine Amate,porte-parole du groupe
                                      SeLoger. La demande a dépassé l'offre, entraînant une augmentation des prix, un
                                      resserrement des délais de vente et des marges de négociation. » Elle cite l'exemple de
                                      Tours ou du Mans.

                                      Celles et ceux qui souhaitent s'installer à la campagne peuvent rencontrer un autre
                                      obstacle : l'inadéquation entre leurs envies et les biens disponibles sur le marché. « Les
                                      citadins cherchent souvent l'opposé de ce qu'ils ont connu en ville : un bien au calme, isolé,
                                      pour ne pas être embêté par le voisin, et qui a du cachet : un moulin, un terrain avec un
                                      étang… » observe Michel Fournier, président de l'Association des maires ruraux de France.
                                      Problème : ces biens sont assez rares, « et ils sont aussi prisés des locaux ! »

                                      4 - On vit en ermite
                                      Si on quitte la grande ville, c'est qu'on cherche généralement la tranquillité (adieu
                                      pollution sonore, visuelle, pollution tout court). Mais pas trop tranquille non plus. On
                                      redoute l'isolement, la fin des courses à pas d'heure à la supérette d'en bas, des derniers
                                      verres tard le soir et du fourmillement urbain et humain.

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                                      Contrairement aux idées reçues, la sociabilité dans les zones rurales est « intense et
                                      vitale », écrit le sociologue Benoît Coquard dans son livre « Ceux qui restent » (Editions La
                                      Découverte, 2021). Ce chercheur à l'Inrae a étudié en particulier les campagnes précaires
                                      du Grand Est, où il a observé que « les réseaux sont moindres en nombre mais plus denses
                                      en rapports humains ». Selon lui, « la campagne force la socialisation », ce qui produit un
                                      esprit d'entraide et de solidarité plus développé que dans les grandes villes.

                                      Schématiquement, moins il y a de monde, plus on se voit. C'est ce qu'a expérimenté Brian
                                      Ejarque, auteur du livre « Osez quitter la ville ! » (Editions Ulmer, 2021) et vidéaste. « Je
                                      sortais beaucoup à Paris, je connaissais plein de monde, et la nuit tout le monde est sympa
                                      avec tout le monde… Mais depuis que je me suis installé au fin fond du Tarn, à une heure de
                                      voiture de Toulouse, loin de tout et en autonomie… je n'ai jamais fait autant de barbecues
                                      ! » (Rires.)

                                      Même constat en Lozère - département le moins densément peuplé de France
                                      métropolitaine avec 15 habitants au kilomètre carré. « Il y a effectivement moins de gens,
                                      mais tout le monde se connaît », assure Pauline Favre, responsable de la mission accueil et
                                      attractivité au département. Quand les candidats à l'installation dans ce territoire de
                                      moyenne montagne la questionnent sur cet aspect, elle répond : « On peut être isolé en
                                      Lozère, si on le décide ! Mais moi qui habite à Mende, la préfecture du département [11. 641
                                      habitants, NDLR], je fais tout à pied : aller au travail, amener les enfants à l'école, faire mes
                                      courses, etc. » Une vraie citadine (rurale).

                                            Lire aussi :
https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/vie-entreprise/partir-au-vert-les-six-cliches-a-deconstruire-1390028                                                       9/14
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                                            Ils ont choisi de s'installer dans une campagne isolée

                                      Selon les territoires, les liens sociaux peuvent se faire plus mixtes. Servanne Régent a
                                      quitté la périphérie toulousaine, où elle avait le même type de maison, de boulot et de
                                      voiture que ses voisins, pour un village à vingt minutes (motorisées) de Dijon. Loin de
                                      l'image d'un entre-soi replié sur lui-même, elle raconte avoir découvert une véritable
                                      « mixité sociale ». Au quotidien, cela peut aussi dérouter, prévient Lumir Lapray, candidate
                                      citoyenne aux futures élections législatives dans l'Ain (voir page 6). « Quand on s'installe à
                                      la campagne, on découvre des parcours de vie très éloignés de ce que l'on connaît. » A Paris,
                                      81 % des jeunes de 25 à 34 ans détiennent un diplôme de l'enseignement supérieur,
                                      contre une moyenne à 45 % en France (Insee, 2021).

                                      En termes de relations amoureuses et amicales, il est difficile « d'être sélectif », explique
                                      Benoît Coquard, qui rappelle que « précarité économique rime souvent avec précarité dans
                                      les couples ». Et le sociologue de pointer un regard social plus prégnant, une « bonne
                                      réputation » à tenir, d'autant plus pour les femmes. « Il n'y a pas de droit à l'anonymat »,
                                      résume-t-il.

                                      5 - Une vie moins stressante
                                      OK, le stress à Paris (et en général dans les métropoles) émane des transports, de la
                                      pollution, du bruit, de l'amplitude horaire, des incivilités parfois. Mais en partir ne veut
                                      pas dire se couper du stress. Vivre loin de la capitale ou d'une grande métropole, c'est se
                                      découvrir dépendant de la voiture (et ponctuellement de la météo), des temps de
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                                      transports rallongés pour aller travailler, avoir accès aux médecins, hôpitaux, écoles… Le
                                      déficit de services publics est le principal frein identifié pour s'installer en zone rurale
                                      (64 %), selon le baromètre Familles rurales-Ifop (2021).

                                      Servanne Régent, ex-directrice régionale Sud-Ouest pour une boîte de conseil, a tout
                                      quitté pour devenir indépendante dans la campagne dijonnaise. Elle pointe, de son côté,
                                      une autre source de stress : « J'ai lancé ma boîte avec mon mari. Je suis plus anxieuse
                                      d'échouer ici que je ne l'aurais été dans une grande ville. » Echouer dans son projet, perdre
                                      son job ne prend pas la même tournure pour celles et ceux qui ont tout quitté dans un
                                      contexte rural où le spectre des opportunités est plus réduit. « Mais dans ma vie pro, j'ai
                                      désormais un cadre de vie hyperprivilégié ! », insiste celle qui est à la tête d'espaces de
                                      coworking baptisés « La réussite est dans le pré ».

                                      Un an après son déménagement, elle déclare ne pas travailler moins, mais mieux
                                      maîtriser son temps. La cheffe d'entreprise goûte la qualité de vie à la campagne, prisée
                                      par six Français de moins de 35 ans sur dix dans le baromètre Familles rurales-Ifop pour
                                      motiver leur volonté d'aller vivre à la campagne.

                                      6- Culturellement, il ne se passe rien
                                      Venons-en à la question qui fâche : peut-on parler de « désert culturel » en dehors de la
                                      capitale ? La question fait tantôt bondir nos interlocuteurs, tantôt rire. Mais les réponses
                                      sont unanimes et sans appel : « Non ! »

                                      Rappelons qu'il existe 65 scènes « nationales » sur le territoire hexagonal, selon la carte
                                      interactive du ministère de la Culture (contre 9 en Ile-de-France). A Lens, le musée du
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                                      Louvre a vu passer depuis 2013 plus de 4 millions de visiteurs. La petite cousine du Louvre
                                      parisien revendique un public « fidèle et régional ». Même constat à Metz au Centre
                                      Pompidou de l'Est : la fréquentation post-Covid a augmenté par exemple de 17 % pour les
                                      mois d'été de l'année 2020 par rapport à l'année d'avant.

                                      Plus ponctuels, les festivals drainent des milliers de personnes dans les coins les plus
                                      reculés de France. Dans la Manche, le festival Papillons de nuit a rassemblé 75.000
                                      personnes sur trois jours pour la dernière édition (normale) en 2019, alors que le village
                                      de Saint-Laurent-de-Cuves ne compte que 480 âmes. En tête d'affiche cet été, le chanteur
                                      Julien Doré ou encore la Belge Angèle. Cette dernière sera aussi au festival landais de
                                      Luxey, Musicalarue (54.000 participants pour 670 habitants). Sans parler du Festival
                                      international de la bande dessinée à Angoulême ou encore du Salon du livre à Tulles.

                                      Bien sûr, l'offre culturelle est plus itinérante et plus modeste, pour autant, elle existe. Et
                                      les associations participent largement au dynamisme culturel. Sur 1,5 million de
                                      structures créées (dont 30 % dédiées à la culture, aux loisirs et au sport), 75 % ont été
                                      ouvertes en régions.

                                      Par définition, le choix est plus limité, l'offre plus concentrée. Une même salle
                                      communale, dont le qualificatif « polyvalente », souvent apposé, prend tout son sens,
                                      peut faire à la fois cinéma, bar-restaurant, salle de spectacle et d'exposition. Quand ça se
                                      passe dans la commune d'à côté, on s'organise et on se déplace. Ce qui ne fait finalement
                                      pas une grande différence en temps pour qui vit dans une métropole…

                                      Là où il y a de l'espace, une tendance émerge ces dernières années : l'ouverture de
                                      nouveaux types de lieux dits « tiers » qui rassemblent des activités à la fois économiques,
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                                      artistiques et culturelles. Le rapport gouvernemental de 2018 en répertorie au moins
                                      1.400 partout en France (hors Ile-de-France et à dominante « coworking »), mais estime
                                      qu'il y en aurait 20 % supplémentaires non recensés.

                                      Parmi eux, la Karrière et ses 3 hectares au fin fond de la Bourgogne, dédiée au street-art,
                                      aux skateboards, qui fait aussi office de salle de spectacle à ciel ouvert. Autre exemple : la
                                      Filerie, un écolieu perdu en Sologne qui accueille minimarchés, conférences et ateliers sur
                                      les nouveaux modes de consommation, performances de cirque et d'art de rue, concerts
                                      et autres « moments poétiques ». Des projets similaires il en existe pléthore - ce n'est pas
                                      l'espace qui manque.

                                      « Quand on habite à Paris, on se rassure en se disant 'je peux tout faire si je veux et le décider
                                      au dernier moment', mais il faut arrêter ! Même si l'offre culturelle est gigantesque, ça finit
                                      toujours pareil : à la fin de la journée, on a qu'une seule envie, regarder un film sur Netflix ! »
                                      ironise Nicolas Hazard, auteur du livre « Le bonheur est dans le village - 30 solutions qui
                                      viennent de nos campagnes » (Editions Flammarion, 2021). Et de rappeler que, pour la
                                      culture comme pour le reste, « les ruralités sont un espace d'innovation comme on ne peut
                                      plus en faire en ville ».

                                            Récits
                                            - A écouter : « Ciao Paris », un podcast de celles et ceux qui ont quitté la capitale et
                                            « En Campagne », un podcast mensuel qui donne la parole à de jeunes ruraux.
                                            - A lire : « Paris, je te quitte », un site qui publie le récit de ceux qui sont partis.
https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/vie-entreprise/partir-au-vert-les-six-cliches-a-deconstruire-1390028                                                       13/14
03/03/2022 17:16                                                                                  Partir au vert : les six clichés à déconstruire | Les Echos Start

                                            - A voir : « L'ArchiPelle », une chaîne YouTube créée et animée par Brian Ejarque
                                            pour ceux qui veulent vivre en autonomie.

                                            ET LA CONNEXION NUMÉRIQUE ?
                                            Près d'un tiers des ruraux (28 %) ont connu des problèmes de connexion Internet durant le
                                            confinement (contre 22 % du reste des Français), selon le baromètre Famille rurales - Ifop.
                                            Raccorder de manière homogène tout le territoire français fait l'objet d'un plan gouvernemental
                                            « New Deal mobile », fruit d'un accord à 3 milliards d'euros passé entre le gouvernement et les
                                            opérateurs télécoms passé en 2018. Le déploiement de la fibre est aussi un enjeu crucial.

                                                         Julia Lemarchand, Chloé Marriault, Lucile Meunier, Marion Simon-Rainaud

https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/vie-entreprise/partir-au-vert-les-six-cliches-a-deconstruire-1390028                                                       14/14
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