En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
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médecins n° 63 | sept. – oct. 2019 Le bulletin de l’Ordre national des médecins Dossier Loi santé : feu vert pour la mise en œuvre Sur le terrain Un trait d’union Vi’Tal entre la ville et l’hôpital Trombinoscope Conseil national de l’Ordre des médecins 2019-2022 www.conseil-national.medecin.fr
sommaire Retrouvez le bulletin, le webzine et la newsletter de l’Ordre en ligne sur www.conseil-national.medecin.fr 04. focus Démographie médicale : plus de médecins spécialistes et salariés 06. en bref - Le Réseau pathologies respiratoires agricoles national - Indemnisation des victimes de l’amiante : informez vos patients 08. e-santé Une délégation générale pour faciliter la transformation numérique 09. ailleurs Médecins à diplôme hors UE : entre pénurie de médecins et sécurité des soins 10. sur le terrain Un trait d’union « Vi’Tal » entre la ville et l’hôpital 18 spécial élections 12. le Conseil national de l’Ordre Loi santé : feu vert pour la mise des médecins 2019-2022 en oeuvre - Le Bureau du Cnom - Le trombinoscope du Cnom La loi relative à l’organisation et à la transformation du système de santé est promulguée. Un texte, réclamé par le Cnom depuis plus de quatre ans, le guide juridique indispensable pour réformer le système de santé. Tour d’horizon des principales mesures et des positions que l’Ordre continuera à défendre. 26. élections - Résultats des élections départementales - Résultats des élections des chambres disciplinaires de première instance 28. décryptage L’exercice en multisite simplifié 30. vos questions, nos réponses - Le congé de maternité des praticiennes libérales restons connectés! Sur le Web : www.conseil-national.medecin.fr 31. culture médicale Sur Twitter : suivez-nous sur @ordre_medecins Par mail : conseil-national@cn.medecin.fr 32. rencontre Nous écrire : Conseil national de l’Ordre des médecins, Dr Nicolas Rainteau, psychiatre, responsable du C2R Jean-Minvielle, 4, rue Léon Jost, 75855 Paris cedex 17 unité psychiatrique du CHU de Montpellier médecins n° 63 septembre-octobre 2019
édito 3 DR Nous, médecins L’Ordre n’a cessé depuis 2015, date de la #GrandeConsultation, d’anticiper et de construire, à partir de vos attentes professionnelles clairement exprimées, un ensemble de propositions pour changer structurellement le système de santé et promouvoir le rôle sociétal majeur des médecins. Face aux lois successives – loi de santé en 2019, les LFSS 2018 et 2019, le PLFSS 2020 – et afin de rester maîtres de ces évolutions, les médecins, et leur Ordre, doivent demeurer vigilants et en concertation permanente avec l’ensemble des partenaires du système de santé. Reste aujourd’hui que nos craintes, maintes fois exprimées, « Nous serons se trouvent justifiées à la fois par la situation particulière pugnaces, résolus vécue et subie par l’hôpital et les services d’urgences, et innovants » et par la complexité de l’environnement des professionnels de terrain dans chaque territoire. Nous le réaffirmons, il n’y aura pas de stabilisation de notre système sans que les lois, plans et rapports ne répondent aux attentes et demandes des hommes et femmes qui en sont les acteurs incontournables et en assument, au quotidien, le fonctionnement. La fin d’année 2019 nous permettra de poursuivre cette action au nom de nous tous… médecins. Dr Patrick Bouet Président du Conseil national de l’Ordre des médecins Directeur de la publication : D r François Arnault - Ordre des Médecins, 4, rue Léon Jost, 75855 Paris Cedex 17. Tél. : 01 53 89 32 00. E-mail : conseil-national@cn.medecin.fr – Rédacteur en chef : P r Stéphane Oustric – Coordination : Isabelle Marinier Conception et réalisation : – 49, rue du Faubourg-Poissonnière, 75009 Paris – Responsable d’édition : Sarah Berrier Direction artistique : David Corvaisier – Maquette : Nathalie Wegener – Secrétariat de rédaction : Christine Ferreri, Alexandra Roy – Fabrication : Sylvie Esquer – Couverture : iStock – Impression : Imprimerie Vincent – Dépôt légal : à parution – Ce document a été réalisé selon des procédés n° 16758 ISSN : 1967-2845. Tous les articles sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs. respectueux de l’environnement. médecins n° 63 septembre-octobre 2019
4 focus Texte : Émilie Tran-Phong Démographie médicale Plus de médecins spécialistes et salariés Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) s’apprête à publier l’édition 2019 de son Atlas de la démographie médicale en France, et invite à ne pas s’arrêter au premier chiffre de son étude... Il n’y a jamais eu autant de médecins généralistes de premier recours devrait par ailleurs contribuer à inscrits au tableau de l’Ordre : 301 842 continue de décroître (-4,7%). Cela mettre fin à une culture élitiste, qui au 1er janvier 2019. « Mais il ne faut questionne sur la disponibilité des donne à penser aux étudiants que pas se fier à ce seul chiffre, prévient ressources et explique la persis- la médecine générale est un choix le Dr Jean-François Gérard-Varet, pré- tance des « zones déficitaires », où par défaut, car moins demandé par sident du service Études et recherches la population peine à accéder à des les premiers de la classe. Plutôt que statistiques du Cnom. Il augmente soins de premier recours. sur concours, les futurs internes régulièrement depuis quelques années, seront évalués sur dossier. Ils seront mais il est trompeur : parmi les méde- Des changements en cours orientés en fonction de leurs désirs cins cotisant au Cnom, donc inscrits Partant du constat que les étu- mais aussi de la demande de soins à son tableau, seuls 65 % sont en acti- diants ne s’orientent pas vers ce et des compétences particulières vité. Les autres sont à la retraite ou qu’ils connaissent peu, de plus en qu’ils auront montrées pendant n’exercent plus de façon régulière. » plus de facultés les incitent à faire leurs études. Reste à opérer un Et si les nouveaux inscrits sont trois des stages auprès de médecins changement culturel, pour que les fois plus nombreux aujourd’hui qu’il généralistes. La fin des épreuves enseignants valorisent davantage la y a vingt ans, cela ne suffit pas à com- classantes nationales (ECN), actée médecine générale au moment des penser les départs massifs à la retraite. par la loi de santé de juillet dernier, choix de filières… Autant de médecins, mais qui travaillent moins Le nombre de médecins actifs reste à peu près stable depuis 5 ans Point de vue de l’Ordre (217 402 en 2019). Mais les jeunes Dr Jean-François Gérard-Varet, président service Études et recherches statistiques du Cnom générations n’acceptent plus de sacrifier leur vie personnelle. 63 % choisissent d’être salariés, en struc- « Nous sommes les territoires. Chaque bassin tures publiques ou privées. « Nous actuellement dans de population a ses spécificités. C’est pourquoi nous accueillons avons donc autant de médecins, le creux de la vague » favorablement les communautés mais qui travaillent moins d’heures professionnelles territoriales de santé par semaine, résume le Dr Gérard- Il y a aujourd’hui trois fois plus (CPTS), créées par la nouvelle loi de Varet. Résultat : l’offre de soins d’étudiants admis en faculté santé adoptée en juillet : si elles sont diminue alors que la demande ne de médecine qu’il y a vingt ans. mises en place tel que prévu, elles cesse d’augmenter, du fait notam- Le verrou du numerus clausus a été permettront aux professionnels de ment de l’accroissement et du vieil- desserré ces dernières années, santé et aux élus de donner leur avis lissement de la population. » mais bien trop tardivement. En 2025, et de partager leurs expériences du l’amélioration sera certaine. Mais, en terrain. Avec l’objectif d’organiser Il faut aussi regarder plus en attendant que les effectifs concernés des systèmes locaux de santé qui détail le profil des médecins en finissent leurs études et puissent répondent mieux aux besoins de la activité régulière : si on compte prendre la relève, il faut trouver des population, mais aussi de créer des aujourd’hui plus de spécialistes idées novatrices car le nombre de écosystèmes locaux plus favorables médicaux (+ 3,5 %) et chirurgicaux retraités augmente. Il n’y a pas de à l’installation durable de nouveaux (+ 8,9 %) qu’en 2010, le nombre de solution unique et applicable à tous médecins dans des zones blanches. médecins n° 63 septembre-octobre 2019
focus 5 LA DÉMOGRAPHIE MÉDICALE EN 2019* 301 842 médecins inscrits au tableau de l’Ordre au 1er janvier 2019 Soit + 15,5 % par rapport à 2010 Pour la 1re fois, ce nombre a franchi la barre des 300 000. Mais pour autant… Beaucoup plus de salariés qu’en 2010 Seuls 2 médecins sur 3 sont ACTIFS + 3,5 % de médecins généralistes salariés - 13,4 % en libéral et 17 732 médecins + 15,4 % de spécialistes - 9,4 % sont en cumul emploi retraire médicaux salariés en libéral soit + 216 % par rapport à 2010 + 16,5 % de spécialistes + 3,5 % chirurgicaux salariés en libéral 296 755 301 842 Cas particulier des généralistes 261 378 200 045 198 081 197 685 55 908 généralistes en activité régulière de premier recours -4,7 % depuis 2010 5 612 2010 2018 2019 -1 000 généralistes par an ---> C’est l’évolution du nombre de généralistes Inscrits Cumul emploi retraite Activité régulière sortant des facultés de médecine depuis 2010. Un problème d’âge… … et de renouvellement insuffisant des générations 50,4 ans en moyenne >=65 ans 60-64 ans 10 714 4 202 1 463 5 225 55-59 ans 9 554 8 026 50-54 ans 5 298 5 886 F 45-49 ans 4 060 5 118 40-44 ans 3 364 4 764 M 35-39 ans 5 063 5 063
6 en bref Le Réseau pathologies respiratoires agricoles national 10 % de la population agricole peut être touchée par des pathologies professionnelles pulmonaires agricoles (Pappa). Le diagnostic et la prise en charge de ces pathologies respiratoires sont souvent complexes et le retentissement social et professionnel peut être majeur. Mais trop souvent un diagnostic de pneumopathie d’hypersensibilité est associé, pour les professionnels de santé, à une nécessaire reconversion professionnelle d’un patient travaillant dans l’agriculture. C’est pourquoi une prise en charge coordonnée entre médecins généralistes, pneumologues et les services concernés de la Mutualité sociale agricole (MSA) la plus proche ou le Réseau pathologies respiratoires agricoles national (Repran) peut permettre de trouver d’autres solutions (aménagement des conditions de travail, répartition des tâches, etc.). Ce réseau a en effet pour objet principal d’améliorer le dépistage et l’information sur les Pappa, de fluidifier le parcours de soins du patient et de répondre aux interrogations des professionnels. + d’infos https://www.asept.org/repran.html les tweets Indemnisation des victimes de @ordre_medecins – 9 septembre Crise des #urgences : « Il n’y a l’amiante : informez vos patients pas un responsable mais des Dans un rapport publié le 27 juin Fonds d’indemnisation des responsabilités partagées. 2019, Santé publique France victimes de l’amiante (Fiva). Nous devons renforcer la dresse le bilan de vingt années Pourtant, toute personne victime coopération de tous les de surveillance des cas de des effets de l’amiante – ou acteurs. » @BouetP mésothéliome pleural, ayant droit d’une personne dans @LeGene_hebdo cancer de la plèvre survenant décédée – peut être indemnisée. principalement après une Le Fiva invite les médecins @ordre_medecins – 4 septembre exposition à l’amiante. traitants et généralistes à #PJLbioethique | À 18 h 30 Si l’étude rapporte que les davantage informer leurs le Pr Serge Uzan, vice-président mésothéliomes pleuraux patients, estimant qu’ils ont du CNOM, sera auditionné par @AssembleeNat sur les sont toujours plus nombreux, elle « un rôle prépondérant à questions d’intelligence met aussi en lumière un autre jouer (...) sur cette possibilité artificielle et #bioéthique aux point : aujourd’hui, près de 50 % d’indemnisation ». des personnes atteintes d’un côtés de Claude Kirchner (INRIA) mésothéliome ne sollicitent pas + d’infos et de @GrusonDavid #DirectAN d’indemnisation auprès du www.fiva.fr médecins n° 63 septembre-octobre 2019
en bref 7 À lire Le Webzine Santé consacré au vieillissement L’Ordre publie son nouveau webzine consacré à la prise en charge du vieillissement et à toutes les questions qui l’accompagnent : quelles prises en charge proposer ? Quel financement ? Ce numéro présente réflexions, reportages et témoignages pour faire avancer sur le sujet. + d’infos : https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/external-package/ webzine/1qf0bkq/www/index.html#accueil Violences sexuelles et sexistes : un portail de signalement Seule une victime sur douze dépose plainte pour des faits de violences sexuelles et sexistes. Pour améliorer ce taux, le gouvernement a mis en place un portail de signalement dédié à ces violences. Ce nouveau service en ligne permet aux victimes de dialoguer en direct 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 avec un policier ou un gendarme spécialement formé. Le but est d’instaurer un échange personnalisé et adapté. Les victimes qui n’osent pas ou qui ne peuvent pas se rendre dans un service de police trouvent ici un moyen simple et discret d’être écoutées. Les victimes ne sont pas dans l’obligation de déclarer leur identité. Les policiers et gendarmes, appuyés par un psychologue, peuvent les conseiller au mieux pour les orienter, les rassurer et les accompagner vers un dépôt de plainte auprès des services compétents les plus proches de leur domicile. Dans l’hypothèse où elles ne seraient pas prêtes à déposer plainte, les agents du portail ont pour mission d’orienter les victimes vers des partenaires institutionnels et faciliter leur prise en charge sociale et psychologique. + d’infos : www.signalement-violences-sexuelles-sexistes.gouv.fr Erratum sur le secret médical partagé Dans l’article sur le secret médical ni le directeur d’établissement publié dans le Bulletin de l’Ordre à accéder aux données médicales des médecins #61, p. 24, il est concernant un patient. » Or une indiqué que : « Le secret partagé assistante sociale peut échanger s’entend uniquement entre les ou partager des informations personnes chargées d’assurer concernant un patient avec les soins (…). En revanche, un médecin dans les conditions rien n’autorise le personnel prévues aux articles L. 1110-4 et administratif, la secrétaire R. 1110-1, et suivants du code médicale, l’assistante sociale de la santé publique. médecins n° 63 septembre-octobre 2019
8 e-santé Propos recueillis par Sarah Berrier Une délégation générale pour faciliter la transformation numérique Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), s’est doté d’une nouvelle Délégation générale aux données de santé et au numérique. Le Pr Stéphane Oustric qui vient d’être nommé à sa tête, nous explique son rôle, ses missions, mais aussi les premiers chantiers qui se profilent pour les mois qui viennent. Pourquoi le Cnom a-t-il créé Quelles sont ses missions ? les acteurs impliqués dans le numé- cette nouvelle délégation ? Elles sont vastes au regard de la rique et les données de santé. Le D r Patrick Bouet, président du thématique du numérique en santé ! Enfin, nous avons un rôle de repré- Cnom, a fait du numérique un des Mais l’une de nos missions princi- sentation de l’Institution ordinale axes majeurs de sa nouvelle man- pales sera de faciliter la compréhen- auprès des services techniques des dature. Et pour cause, le monde de sion et les rapports des médecins ministères, des agences ou orga- la santé est à l’aube d’importants avec le numérique. nismes concernés. bouleversements liés au numérique. Nous devons apporter des réponses Des évolutions qui permettront d’al- à leurs questions liées aux données Et concrètement, dans les mois léger la charge administrative des de santé, aux data, à la e-santé, à la qui viennent ? médecins, d’améliorer la capacité gestion des outils… La délégation À l’invitation du Conseil du numé- de répondre aux besoins du terri- bénéficie en effet de compétences rique en santé, piloté par Dominique toire, de fluidifier les parcours de techniques et juridiques spéciali- Pon et Laura Létourneau, nous allons soins des patients… Sans oublier les sées dans le droit du numérique et travailler sur un code de e-déontolo- nombreuses opportunités en termes du traitement des datas. gie. Les nouveaux usages du numé- d’innovations technologiques. Nous avons aussi un rôle d’obser- rique imposent une réflexion sur le D’ailleurs, la nouvelle loi « Ma santé vation, de réflexion et de prospective pendant numérique du code de déon- 2022 » prévoit un important chapitre sur des sujets tels que le déploiement tologie médicale. Cette démarche sur le numérique (cf. Dossier). Mais le de la e-santé ou de l’intelligence arti- s’inscrit dans la volonté de créer une développement du numérique ouvre ficielle. Pour cela, au sein du Conseil éthique du numérique en santé. La également la porte à des risques en national, nous travaillerons en publication de ce code de e-déonto- termes de sécurité des données, de étroite coopération avec l’ensemble logie est prévue en juin 2020. traçabilité, de confidentialité et de des sections dans une logique de Et enfin, durant la mandature à e-réputation… transversalité. Les sujets abordés venir, nous allons moderniser l’en- Il était donc indispensable de créer sont divers et requièrent des avis semble des outils et services numé- une délégation dédiée au sein du partagés sur certains dossiers. riques institutionnels pour faciliter Conseil national. C’est une suite J’aurai également à cœur d’établir et aider chaque médecin dans son logique au magnifique travail pré- une réflexion soutenue et privilégiée exercice et ses démarches auprès cédemment piloté par le Dr Jacques avec les représentants de patients, de l’Ordre. Lucas. les responsables institutionnels et médecins n° 63 septembre-octobre 2019
ailleurs 9 DR Jean-François RAULT délégué général aux affaires européennes et internationales FRANCE MÉDECINS À DIPLÔME HORS UE : ENTRE PÉNURIE DE MÉDECINS ET SÉCURITÉ DES SOINS Sur la majeure partie du territoire français, Situations d’urgence les médecins à diplôme hors Union européenne (UE) Mais aujourd’hui l’Ordre des médecins est doivent recourir à une procédure d’autorisation inquiet. « Face à la pénurie de médecins dans d’exercice, incluant la réussite d’épreuves, les Antilles, la mise en place d’un système un exercice encadré, puis un examen des similaire est prévue par la nouvelle loi dans ces compétences par une commission nationale territoires », explique le Dr Jean-François Rault, déclinée selon la spécialité. Si nécessaire, délégué général aux Affaires européennes le médecin candidat peut se voir proposer et internationales (DAEI) au Cnom. Jusqu’au un complément de formation. 31 décembre 2025, les directeurs généraux des Ce n’est qu’à l’issue de cette procédure que ARS de la Guadeloupe, de la Guyane et de la le médecin peut prétendre à une autorisation Martinique ainsi que le représentant de l’État à ministérielle d’exercice et entamer une inscription Saint-Pierre-et-Miquelon peuvent autoriser un au Tableau de l’Ordre. médecin, titulaire d’un diplôme de médecine, En Guyane, le processus est plus souple. Depuis quel que soit le pays dans lequel ce diplôme 2005, pour faire face à la pénurie de médecins, a été obtenu, à exercer dans une structure de l’article L. 4131-5 du code de la santé publique santé dans leurs territoires respectifs. Cette permet au représentant de l’État en Guyane autorisation est délivrée par arrêté, pour une d’autoriser l’exercice d’un médecin à diplôme hors durée déterminée, après avis d’une commission UE par arrêté. Cette autorisation est accordée à territoriale d’autorisation d’exercice, constituée titre dérogatoire pour la Guyane. L’Ordre a obtenu par spécialité. « Face à l’urgence de la situation récemment via l’article 71 de la loi du 24 juillet 2019 en termes de démographie médicale, la relative à l’organisation et à la transformation du tentation de lever les procédures destinées à système de santé, qu’un contrôle des compétences vérifier les compétences des médecins ne doit soit réalisé. Il reviendra à l’ARS de donner pas être une solution envisageable. Il en va une autorisation temporaire après avis d’une de la sécurité des soins et de la population », commission territoriale par spécialité. ajoute le Dr Rault. GRANDE-BRETAGNE BREXIT : QUELLES CONSÉQUENCES POUR LES MÉDECINS ? Si la question du Brexit tient en bénéficieront d’un statu quo en session qu’il était hors de haleine les Européens depuis pendant 5 ans, sous réserve qu’il y question, pour nous, que les plusieurs mois, ses retombées ait une réciprocité outre-Manche. Britanniques soient exclus pour les médecins vont finalement Sans quoi une négociation notamment du Comité être limitées. Deux possibilités : bilatérale serait nécessaire pour permanent des médecins soit un accord est signé, soit il n’y a mettre au point un accord. La européen (CPME), rapporte le pas d’accord. Dans ce dernier cas, question de la représentation de Dr Rault. Quoi qu’il arrive, nous les médecins britanniques la Grande-Bretagne dans les resterons en lien avec les exerçant en France et la instances médicales européennes organismes médicaux reconnaissance des qualifications se pose également. « Il a été défini britanniques. » médecins n° 63 septembre-octobre 2019
10 sur le terrain Texte : Éric Allermoz | Photos : Julian Renard Un trait d’union « Vi’Tal » entre la ville et l’hôpital À l’hôpital de Nanterre, le centre Vi’Tal accueille des patients adressés directement par leur médecin traitant pour un diagnostic complémentaire et rapide. Un dispositif avant-gardiste qui rapproche la médecine de ville et hospitalière. En octobre 2016, les Drs Anne Gras- land, rhumatologue, et Emmanuel Mortier, interniste, inauguraient le centre Vi’Tal au sein du Centre d’accueil et de soins hospitaliers Max-Fourestier de Nanterre. Leur ambition ? « Proposer aux généra- listes une porte d’entrée directe à l’hôpital de jour et un diagnostic rapide, complémentaire et appro- fondi pour les cas complexes, les patients polypathologiques chro- niques, les patients vulnérables, isolés, difficiles à gérer en ville », répondent les deux praticiens hospitaliers. Trois ans plus tard, l’objectif est atteint. Le centre Vi’Tal (contraction de ville et hôpital) accueille une tren- taine de nouveaux patients chaque mois. Tous sont directement adres- sés, par simple mail, par leur méde- cin traitant. Ils sont ensuite reçus Ouvert les lundis et vendredis uniquement (et bientôt un troisième jour par semaine), en moins de sept jours. Sur place, ils le centre Vi’Tal de Nanterre reçoit une trentaine de nouveaux patients par mois. peuvent enchaîner tous types d’exa- mens médicaux grâce aux équipe- ments diversifiés du plateau tech- nique de l’hôpital. Et dans la foulée, tous les examens nécessaires sur une reçoivent un premier bilan entre 24 et ils peuvent consulter un ou plusieurs seule journée, au lieu de courir après 48 heures après la prise en charge. Le spécialistes de l’établissement (neu- les rendez-vous chez les praticiens centre Vi’Tal évite enfin les passages rologues, cardiologues, gastro-enté- libéraux en ville pendant plusieurs injustifiés par la case « Urgences », rologues, diabétologues, psychiatres, semaines. « Le parcours de soins est ainsi que les hospitalisations com- addictologues, dentistes, etc.). Avant plus fluide, rapide, rassurant pour plètes, perturbantes pour le patient. de rentrer chez eux le soir. le patient dans un département marqué par une forte pénurie de La demande augmente Éviter les urgences et les médecins généralistes comme de rapidement hospitalisations injustifiées spécialistes. Le centre Vi’Tal diminue En trois ans, plus de 300 patients Les avantages de ce dispositif également les inégalités d’accès aux ont été orientés vers le centre Vi’Tal avant-gardiste sont nombreux. Pour soins », résume le Dr Anne Grasland. par 132 médecins généralistes des les patients d’abord, qui réalisent Pour les médecins, ensuite, qui Hauts-de-Seine (et quelques spé- médecins n° 63 septembre-octobre 2019
sur le terrain 11 La prise en charge au centre Vi’Tal débute par un mail du médecin traitant. Le patient est reçu en moins de sept jours. Un premier bilan est adressé à son médecin entre 24 et 48 heures après la prise en charge. Cette structure originale permet de renouer des liens entre Les patients sont adressés ici en cas d’amaigrissement inexpliqué, de médecine de ville et hôpital et ainsi de fluidifier le parcours de fièvre persistante, d’altération de l’état général, ou pour un traitement soins des patients. uniquement disponible à l’hôpital (transfusion, par exemple). cialistes, aussi). Le centre répond également aux demandes de plus en Témoignage plus fréquentes des urgentistes, en Dr Emmanuel Mortier, médecin interniste au Centre d’accueil alternative à l’hospitalisation. « La et de soins hospitaliers Max-Fourestier, Nanterre. demande augmente rapidement », confirment les Drs Grasland et Mor- tier, qui ont décidé d’ouvrir le centre « Une passerelle avec un troisième jour par semaine à par- la médecine de ville » tir d’octobre prochain. « Une enquête réalisée dans le cadre d’une thèse Le centre Vi’Tal représente une nous sommes le lien avec les montre que cette structure répond, nouvelle offre de santé. Une professionnels de ville. Mais ces du moins en partie, aux difficultés passerelle avec la médecine de ville. derniers restent les coordonnateurs rencontrées par les médecins de ville Quand les médecins généralistes de l’hospitalisation de jour de qui exercent en zone de désertifica- manquent de temps ou qu’ils sont leur patient. C’est essentiel. À l’avenir, face à un diagnostic complexe nous souhaiterions accueillir des tion médicale. Ils trouvent cette prise qui exige des investigations internes de l’hôpital, pour les former en charge utile pour le patient », se complémentaires, nous leur proposons à coopérer avec la médecine de ville. félicite le Dr Emmanuel Mortier. l’expertise pluridisciplinaire de C’est seulement ainsi que la médecine l’hôpital. Nous répondons également ambulatoire à l’hôpital à un avenir : à leurs sentiments de solitude et en travaillant main dans la main + d’infos : www.sportetcancer.com d’isolement. En tant qu’internistes, avec la ville ! médecins n° 63 septembre-octobre 2019
12 rubrique Conseil national de l’Ordre des médecins 2019-2022 Photos : Philippe du Pont, DR Le mois de juin 2019 a vu le renouvellement par moitié des conseillers nationaux, pour la première fois sur le mode paritaire (binômes homme- femme) et en tenant compte des nouvelles Régions. À cette occasion, le Dr Patrick Bouet, président sortant, a été renouvelé pour un troisième mandat. Présentation des conseillers nationaux et du nouveau Bureau. Le Bureau du Cnom DR Patrick BOUET DR François DR Walter Président ARNAULT VORHAUER Secrétaire général Trésorier DR Marie-Pierre DR Jean-Marcel DR Gilles MUNIER PR Serge UZAN GLAVIANO- MOURGUES Vice-président Vice-président CECCALDI Vice-président Vice-présidente médecins n° 63 septembre-octobre 2019
13 DR Anne-Marie DR François SIMON PR Robert DR Bruno BOYER TRARIEUX Président de la section NICODÈME Président de la section Présidente de la section Exercice professionnel Président de la section Santé publique Éthique et déontologie Formation et compétences médicales DR Jacques MORALI DR Jean-François PR Stéphane Délégué général RAULT OUSTRIC aux relations internes Délégué général Délégué général aux affaires européennes aux données de santé et internationales et au numérique PR Bernard DR Gérard ICHTERTZ DR Pierre MAURICE GUERRIER Secrétaire général adjoint Secrétaire général adjoint Secrétaire général adjoint médecins n° 63 septembre-octobre 2019
14 trombinoscope Trombinoscope du Cnom ANTILLES-GUYANE DR Paul-Émile DR Élie DR Raymond DR Émile ELANA DR Yvane BAPTE CHOW-CHINE DORAIL Médecine générale PREVOT Ophtalmologie Ophtalmologie Médecine générale Médecine générale AUVERGNE-RHÔNE-ALPES DR Jean-Louis DR Marie-Pierre DR Élisabeth DR Pascal DR René-Pierre BLANC GLAVIANO- GORMAND JALLON LABARRIERE Anesthésie- CECCALDI Radiodiagnostic et Médecine générale Médecine générale réanimation Médecine générale imagerie médicale AUVERGNE- BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ BRETAGNE RH.-ALPES DR Leila DR Jean- DR Frédérique DR Jacques DR François OURACI François NASSOY- MORALI SIMON Médecine générale GÉRARD-VARET STEHLIN Médecine générale Médecine générale Médecine générale Médecine générale médecins n° 63 septembre-octobre 2019
15 CENTRE-VAL DE LOIRE CORSE GRAND EST DR Odile DR Piernick DR Jean DR Dominica- DR Bruno CONTY- CRESSARD CANARELLI Jeanne MARTELLI- BOYER HENRION Neuropsychiatrie Biologie médicale LUCIANI Radiodiagnostic et Médecine générale Gynécologie médicale imagerie médicale et obstétrique GRAND EST HAUTS-DE-FRANCE DR Jean-François DR Gérard DR Gilles DR Henri DR Jean- CERFON ICHTERTZ MUNIER FOULQUES François RAULT Anesthésie Médecine générale Médecine générale Chirurgie générale Médecine générale réanimation HAUTS-DE-FRANCE ÎLE-DE-FRANCE DR Françoise DR Walter PR Dominique DR Hervé DR Patrick STOVEN VORHAUER BERTRAND BOISSIN BOUET Médecine générale Anatomie et cytologie Santé publique Médecine générale Médecine générale pathologiques et médecine sociale humaines médecins n° 63 septembre-octobre 2019
16 trombinoscope ÎLE-DE-FRANCE PR Claude- DR Dominique DR Patricia DR Michel DR Pierre François DEGOS DREUX ESCOBEDO LEGMANN MAURICE Neuropsychiatrie Médecine générale Médecine générale Electro-radiologie Médecine générale ÎLE-DE-FRANCE LA RÉUNION – MAYOTTE DR Frédéric DR Claire SIRET DR Patrick PR Serge UZAN DR Jean-Michel PRUDHOMME Médecine générale THERON Gynécologie BERAL Gastro-entérologie Médecine générale obstétrique Médecine générale et hépatologie LA RÉUNION – NORMANDIE NOUVELLE-AQUITAINE MAYOTTE DR Anne-Marie DR Jean-Marc DR Jean-Yves DR François DR Valérie DE MONTERA BRASSEUR BUREAU ARNAULT LACROIX Médecine générale Médecine générale Médecine générale Oto-rhino- Médecine générale laryngologie médecins n° 63 septembre-octobre 2019
17 NOUVELLE-AQUITAINE OCCITANIE DR Jean-Marcel DR Anne-Marie PR Bernard DR Bruno PR Robert MOURGUES TRARIEUX GUERRIER KEZACHIAN NICODÈME Médecine générale Psychiatre Oto-rhino- Endocrinologie, Médecine générale laryngologie diabète, maladies métaboliques OCCITANIE PAYS DE LA LOIRE PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR PR Stéphane DR Frédéric DR Élisabeth DR Pierre PR Georges OUSTRIC JOLY MAICHE JOUAN LEONETTI Médecine générale Médecine générale Médecine générale Médecine générale Médecine légale PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR ACADÉMIE CONSEIL DE MÉDECINE D’ÉTAT DR Jean-Claude DR Jacqueline PR Jean-Pierre M. Marcel REGI ROSSANT- OLIÉ POCHARD Gastro-entérologie LUMBROSO Psychiatrie Conseiller d’État et hépatologie Médecine générale honoraire médecins n° 63 septembre-octobre 2019
18 dossier Textes : Sarah Berrier, Éva Jednak | Photos : iStock, Phanie, DR Loi de santé Feu vert pour la mise en œuvre La loi relative à l’organisation et à la transformation du système de santé est promulguée. Un texte, réclamé par le Cnom depuis plus de quatre ans, indispensable pour réformer le système de santé. Tour d’horizon des principales mesures et des positions que l’Ordre continuera à défendre. médecins n° 63 septembre-octobre 2019
Dossier – Loi de santé : feu vert pour la mise en œuvre 19 Dr Patrick Bouet président du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) « Nous devons être un partenaire et un réel appui pour les médecins dans la mise en œuvre de la loi » Cette nouvelle loi, votée en travaillé aux côtés du juillet par l’Assemblée gouvernement et de nationale et le Sénat, reprend l’ensemble des acteurs de un bon nombre d’orientations santé à l’élaboration de ce défendues par l’Ordre depuis texte. Aujourd’hui, nous des années ; nous la saluons. sommes prêts au dialogue, Nous notons de manière pour l’enrichir dans le cadre positive le changement de la préparation des d’approche opéré par le ordonnances. Et demain, nous gouvernement : c’est la serons vigilants à l’application première fois qu’une réforme effective des mesures de cette du système de santé se tourne loi dans les territoires. Nous autant vers les territoires. Les devons être un partenaire et fondations nécessaires à la un réel appui pour les transformation du système de médecins dans la mise en santé sont posées. Cependant, œuvre de la loi. Il s’agit de le texte en reste encore faire preuve de pédagogie au stade de l’intention sur pour les aider à faire face aux de nombreux points évolutions qu’elle contient, que fondamentaux, dans l’attente ce soit au sujet de la formation d’ordonnances à venir. ou de l’organisation des soins Nous regrettons également sur le territoire. Mais aussi de l’absence d’un choix clair entre faciliter la création des CPTS, centralisation, administration et accompagner leur et initiatives dans les articulation avec l’hôpital. Les territoires, qui pourrait mettre médecins peuvent compter sur en péril la réussite de la nous pour continuer à porter réforme, pourtant souhaitée sans relâche la voix de notre par tous. Hier, nous avons profession. médecins n° 63 septembre-octobre 2019
20 Dossier – Loi de santé : feu vert pour la mise en œuvre Promulguée en un temps record – un peu plus de cinq mois après sa présen- tation en conseil des ministres par la ministre de la Santé Agnès Buzyn –, la nouvelle loi relative à l’organisation et à la transformation du système de santé reprend une bonne partie des mesures du plan « Ma santé 2022 ». Elle s’organise en trois chapitres : for- mations et carrières, organisation des soins à l’échelle territoriale, et numé- rique en santé. Le quatrième volet de la loi regroupe des mesures diverses, de simplification et de sécurisation. Comme de nombreux acteurs de santé, le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) a salué l’adoption de ce texte, en émettant une réserve prin- cipale. S’il donne les grandes orienta- tions d’un nouveau système de santé, il reste très généraliste. Une cinquan- taire de décrets sont attendus dans les prochains mois. Repenser la formation La suppression du numerus clausus vise à augmenter de 20 % le nombre de médecins des professionnels de santé formés par an et à diversifier le recrutement. « Décloisonner les parcours de forma- tion et les carrières des profession- nels de santé », le premier volet de la de la demande », approuve le Pr Robert médecine générale – et d’autres loi est ambitieux. Nicodème, président de la section For- spécialités désignées par décret – mation et compétences médicales au devront effectuer un stage en autono- En tête des mesures : la suppres- Cnom. Si l’orientation est donnée, le mie supervisée d’au moins six mois, sion du numerus clausus, en vigueur processus de sélection des étudiants en ambulatoire, en priorité dans les depuis 1971 et qualifié « d’énorme reste consitionné par la publication de zones sous-denses. Chez les princi- gâchis » par la ministre de la Santé décrets en Conseil d’État. paux intéressés, la mesure ne fait lors de la présentation du plan « Ma pas l’unanimité. « C’est totalement santé 2022 ». Son objectif : augmenter Autre mesure phare : la suppression dépourvu de sens, réagit Antoine de 20 % le nombre de médecins formés des épreuves classantes nationales Reydellet, président de l’Intersyn- par an et diversifier le recrutement en (ECN). Il y aura toujours une épreuve dicale nationale des internes (Isni). instaurant de nouvelles voies d’accès nationale pour passer en 3e cycle, mais Il n’y a pas assez de maîtres de stage aux études médicales. À partir de la ren- elle sera intégrée avec le parcours de sur le territoire pour encadrer plus trée 2020, les effectifs d’étudiants en 2e formation antérieur et le projet pro- de 3 000 internes. » La philosophie de et 3e années de 1er cycle seront déter- fessionnel de l’étudiant, permettant ce stage est également bien éloignée minés par les universités, en lien avec de tenir compte des motivations et de celle défendue par le Cnom. « Nous les agences régionales de santé (ARS), de l’adaptation de l’étudiant dans ses souhaitions une vraie 4e année pour selon leurs capacités de formation et études. Une note éliminatoire pourra le diplôme d’études spécialisées les besoins du territoire. « Cette mesure interrompre le parcours d’un étudiant (DES) de médecine générale, expose contribue à lier la formation aux jugé trop faible pour intégrer le 3e cycle. le P r Nicodème. Cela aurait permis besoins des territoires, ce que réclame de l’harmoniser avec le cursus des l’Ordre depuis des années. L’organisa- Introduit par les sénateurs, le autres spécialités en trois phases tion des formations doit favoriser la stage obligatoire en ambula- (socle approfondissement, consoli- répartition équilibrée des futurs pro- toire pour certains étudiants de dation). » Les modalités de mise en fessionnels sur le territoire au regard 3e année de 3e cycle figure finale- œuvre et les conditions de la super- des besoins de santé et de l’évolution ment dans la loi. Les internes en vision seront déterminées par décret. médecins n° 63 septembre-octobre 2019
Dossier – Loi de santé : feu vert pour la mise en œuvre 21 Enfin, l’article 3 de la loi prévoit un système de recertification des com- Point de vue de l’Ordre pétences des médecins. Une mesure Pr Robert Nicodème, président de la section attendue, et vivement soutenue par le Formation et compétences médicales au Cnom Cnom mais qui reste à construire. La loi habilite le gouvernement à prendre des ordonnances pour en définir les « La formation des internes doit aussi se faire conditions. « Renforcer la formation en dehors des hôpitaux » continue, accompagner le médecin Nous appelons depuis clausus ne peut résoudre en compte que tout au long de sa vie professionnelle des années à réformer les problèmes de les capacités de et valoriser les parcours, c’est une prio- la formation universitaire démographie médicale. formation des rité ordinale, assure le Pr Nicodème. des futurs médecins. Il faut l’accompagner hôpitaux universitaires, Mais la recertification doit être gérée Cette loi ouvre la voie. avec de nouvelles l’augmentation des par la profession. Par son expertise Cependant, même si propositions, en effectifs aura pour dans le domaine de la formation et l’orientation est bonne, organisant notamment conséquence la nous ne connaissons des formation en dehors saturation des postes des compétences professionnelles, pas les nouvelles de l’hôpital, position hospitaliers. Les stages le Cnom est légitime à prendre plei- modalités d’accès aux que nous défendons hors hôpital permettront nement part à ce processus. études médicales. La depuis des années. la réussite de cette Nous militerons dans ce sens. » suppression numerus Si nous ne prenons réforme. Les internes en médecine générale – et d’autres spécialités désignées par décret – devront effectuer un stage en autonomie supervisée d’au moins six mois, en ambulatoire, en priorité dans les zones sous-denses. médecins n° 63 septembre-octobre 2019
22 Dossier – Loi de santé : feu vert pour la mise en œuvre Mieux structurer l’offre TÉMOIGNAGES de soins dans les territoires Lucie Garcin, présidente de l’Intersyndicale nationale La loi s’intéresse aussi à l’organisation autonome représentative des internes de médecine des soins. Le deuxième grand volet vise générale (Isnar-IMG) ainsi à « créer un collectif de soins au service des patients et mieux structu- « S’il n’y a pas de MSU, il n’y aura pas rer l’offre de soins dans les territoires ». de stagiaires en zone sous-dense » En ville, le gouvernement s’est Nous soulignons plusieurs éléments positifs dans fixé pour objectif la création les aspects de la réforme liés aux études : une de 1 000 communautés profes- formation plus humaine, moins centrée sur le bachotage, qui devrait sionnelles territoriales de santé diminuer la pression imposée aux étudiants. En revanche, en ce qui (CPTS) d’ici à 2022, pour faciliter concerne le stage d’un semestre imposé en 3e année de 3e cycle, nous l’accès aux soins, fluidifier les prises allons rester vigilants. Il n’y a pas assez de maîtres de stage. L’enjeu va en charge et le suivi des patients. À donc être d’en recruter largement. Par ailleurs, la loi mentionne plusieurs reprises, l’Ordre a exprimé « en priorité en zone sous-dense », elle est donc rédigée de manière son inquiétude à ce sujet et réclamé non restrictive. Pour nous, c’est la valeur pédagogique qui doit une clarification du contour des l’emporter sur la localisation. S’il n’y a pas de MSU, il n’y aura pas CPTS. « Nous sommes convaincus d’étudiants en stage dans une zone sous-dense. qu’elles doivent être élaborées à partir des plans locaux de santé, définis avec des professionnels de santé et du secteur médico-social, Dr Thierry Godeau, président de la Conférence les usagers et les élus locaux, expose des commissions médicales d’établissement de CH le Dr François Simon, président de la section Exercice professionnel du « Nous espérons beaucoup Cnom. C’est la condition pour qu’elles de la création des CPTS » soient organisées en adéquation avec les besoins et les objectifs de La loi est pleine de grandes intentions mais elle santé du territoire. » Plus inquiétant, apporte peu de concret. Nous sommes dans la loi prévoyait que chaque projet de l’attente des ordonnances. Le texte affiche santé lié à une CPTS, une fois éla- l’ambition d’arriver au décloisonnement entre boré par ses membres, soit validé la ville et l’hôpital, ce que l’on réclame tous. Nous allons découvrir par l’ARS. « Nous avons déposé plu- peu à peu comment va se concrétiser l’articulation entre l’hôpital et sieurs propositions d’amendements les CPTS, nous en espérons beaucoup. Nous avons du mal aujourd’hui, parce que soumettre à approbation administrative une organisation de lorsque l’on veut raisonner en parcours de santé, à entrer en connexion soins ambulatoires démontre une avec tous les acteurs du territoire. Les CPTS devraient créer ce lien et volonté d’hyper-administration faciliter les relations avec l’hôpital, dans l’intérêt du patient et des peu cohérente avec d’autres dispo- professionnels de santé. À condition que les ARS soient facilitantes et sitions de la loi, réagit le Dr Simon. laissent l’initiative aux projets professionnels. Heureusement, les parlementaires ont assoupli le texte. Il est désormais question d’un projet réputé validé par l’ARS sauf opposition. » soins de qualité, expose le Dr Thierry 81 ARTICLES Godeau, président de la Conférence À l’hôpital, la loi prévoit la label- des CME des CH. Aujourd’hui, dans lisation de 500 à 600 « hôpitaux de certains centres hospitaliers, des proximité » d’ici à 2022, centrés sur chirurgiens font peu d’actes. Or la médecine générale, la gériatrie et on ne fait bien que ce que l’on fait Initialement composé de les soins de suite et de réadaptation souvent. Mieux vaut faire venir des 23 articles, le texte de loi s’est (SSR). Certains pourront proposer praticiens d’une équipe expérimen- enrichi après passage devant de la chirurgie à titre dérogatoire. tée ponctuellement. Ce nouveau la commission mixte paritaire. « Cela suit la logique de proposer des modèle, s’il est fait intelligemment, médecins n° 63 septembre-octobre 2019
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