En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins

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En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
médecins                           n° 63 | sept. – oct. 2019
                        Le bulletin de l’Ordre national des médecins
                                                                        Dossier

                                                                        Loi santé :
                                                                        feu vert
                                                                        pour la mise
                                                                        en œuvre

     Sur le terrain
   Un trait d’union Vi’Tal
  entre la ville et l’hôpital

   Trombinoscope
      Conseil national
 de l’Ordre des médecins
        2019-2022

www.conseil-national.medecin.fr
En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
sommaire
                                                           Retrouvez le bulletin, le webzine
                                                           et la newsletter de l’Ordre en ligne sur
                                                           www.conseil-national.medecin.fr

 04. focus
 Démographie médicale : plus de médecins
 spécialistes et salariés

 06. en bref
 - Le Réseau pathologies respiratoires
    agricoles national
 - Indemnisation des victimes de l’amiante :
    informez vos patients

 08. e-santé
 Une délégation générale pour
 faciliter la transformation numérique

 09. ailleurs
 Médecins à diplôme hors UE : entre pénurie
 de médecins et sécurité des soins

 10. sur le terrain
 Un trait d’union « Vi’Tal » entre la ville
 et l’hôpital

                                                18
 spécial élections
 12. le Conseil national de l’Ordre                         Loi santé : feu vert pour la mise
 des médecins 2019-2022                                     en oeuvre
 - Le Bureau du Cnom
 - Le trombinoscope du Cnom
                                                La loi relative à l’organisation et à la transformation
                                                du système de santé est promulguée. Un texte,
                                                réclamé par le Cnom depuis plus de quatre ans,
 le guide juridique                             indispensable pour réformer le système de santé.
                                                Tour d’horizon des principales mesures et des
                                                positions que l’Ordre continuera à défendre.
 26. élections
 - Résultats des élections départementales
 - Résultats des élections des chambres
    disciplinaires de première instance

 28. décryptage
 L’exercice en multisite simplifié

 30. vos questions, nos réponses
 - Le congé de maternité des praticiennes
     libérales
                                                restons connectés!
                                                Sur le Web : www.conseil-national.medecin.fr
 31. culture médicale                           Sur Twitter : suivez-nous sur @ordre_medecins
                                                Par mail : conseil-national@cn.medecin.fr
 32. rencontre                                  Nous écrire : Conseil national de l’Ordre des médecins,
 Dr Nicolas Rainteau, psychiatre,
 responsable du C2R Jean-Minvielle,             4, rue Léon Jost, 75855 Paris cedex 17
 unité psychiatrique du CHU de Montpellier

 médecins n° 63 septembre-octobre 2019
En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
édito                            3

                                                                                                                                                                      DR
           Nous, médecins
           L’Ordre n’a cessé depuis 2015, date de la #GrandeConsultation, d’anticiper
           et de construire, à partir de vos attentes professionnelles clairement
           exprimées, un ensemble de propositions pour changer structurellement
           le système de santé et promouvoir le rôle sociétal majeur des médecins.

           Face aux lois successives – loi de santé en 2019, les LFSS 2018 et 2019, le PLFSS
           2020 – et afin de rester maîtres de ces évolutions, les médecins, et leur Ordre,
           doivent demeurer vigilants et en concertation permanente avec l’ensemble
           des partenaires du système de santé.

                                                 Reste aujourd’hui que nos craintes, maintes fois exprimées,
« Nous serons                                    se trouvent justifiées à la fois par la situation particulière
pugnaces, résolus                                vécue et subie par l’hôpital et les services d’urgences,
et innovants »                                   et par la complexité de l’environnement des professionnels
                                                 de terrain dans chaque territoire.

           Nous le réaffirmons, il n’y aura pas de stabilisation de notre système sans
           que les lois, plans et rapports ne répondent aux attentes et demandes
           des hommes et femmes qui en sont les acteurs incontournables et en assument,
           au quotidien, le fonctionnement.

           La fin d’année 2019 nous permettra de poursuivre cette action au nom
           de nous tous… médecins.

           Dr Patrick Bouet
           Président du Conseil national de l’Ordre des médecins

Directeur de la publication : D r François Arnault - Ordre des Médecins, 4, rue Léon Jost, 75855 Paris Cedex 17. Tél. : 01 53 89 32 00.
E-mail : conseil-national@cn.medecin.fr – Rédacteur en chef : P r Stéphane Oustric – Coordination : Isabelle Marinier
Conception et réalisation :                – 49, rue du Faubourg-Poissonnière, 75009 Paris – Responsable d’édition : Sarah Berrier
Direction artistique : David Corvaisier – Maquette : Nathalie Wegener – Secrétariat de rédaction : Christine Ferreri,
Alexandra Roy – Fabrication : Sylvie Esquer – Couverture : iStock – Impression : Imprimerie Vincent – Dépôt légal : à parution –          Ce document a été réalisé
                                                                                                                                          selon des procédés
n° 16758 ISSN : 1967-2845. Tous les articles sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs.                                        respectueux
                                                                                                                                          de l’environnement.

                                                                                                                 médecins n° 63 septembre-octobre 2019
En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
4
    focus
    Texte : Émilie Tran-Phong

    Démographie médicale
    Plus de médecins spécialistes
    et salariés
    Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) s’apprête à publier
    l’édition 2019 de son Atlas de la démographie médicale en France, et
    invite à ne pas s’arrêter au premier chiffre de son étude...
    Il n’y a jamais eu autant de médecins       généralistes de premier recours            devrait par ailleurs contribuer à
    inscrits au tableau de l’Ordre : 301 842    continue de décroître (-4,7%). Cela        mettre fin à une culture élitiste, qui
    au 1er janvier 2019. « Mais il ne faut      questionne sur la disponibilité des        donne à penser aux étudiants que
    pas se fier à ce seul chiffre, prévient     ressources et explique la persis-          la médecine générale est un choix
    le Dr Jean-François Gérard-Varet, pré-      tance des « zones déficitaires », où       par défaut, car moins demandé par
    sident du service Études et recherches      la population peine à accéder à des        les premiers de la classe. Plutôt que
    statistiques du Cnom. Il augmente           soins de premier recours.                  sur concours, les futurs internes
    régulièrement depuis quelques années,                                                  seront évalués sur dossier. Ils seront
    mais il est trompeur : parmi les méde-      Des changements en cours                   orientés en fonction de leurs désirs
    cins cotisant au Cnom, donc inscrits        Partant du constat que les étu-            mais aussi de la demande de soins
    à son tableau, seuls 65 % sont en acti-     diants ne s’orientent pas vers ce          et des compétences particulières
    vité. Les autres sont à la retraite ou      qu’ils connaissent peu, de plus en         qu’ils auront montrées pendant
    n’exercent plus de façon régulière. »       plus de facultés les incitent à faire      leurs études. Reste à opérer un
    Et si les nouveaux inscrits sont trois      des stages auprès de médecins              changement culturel, pour que les
    fois plus nombreux aujourd’hui qu’il        généralistes. La fin des épreuves          enseignants valorisent davantage la
    y a vingt ans, cela ne suffit pas à com-    classantes nationales (ECN), actée         médecine générale au moment des
    penser les départs massifs à la retraite.   par la loi de santé de juillet dernier,    choix de filières…

    Autant de médecins,
    mais qui travaillent moins
    Le nombre de médecins actifs reste
    à peu près stable depuis 5 ans
                                                Point de vue de l’Ordre
    (217 402 en 2019). Mais les jeunes          Dr Jean-François Gérard-Varet, président service Études et
                                                recherches statistiques du Cnom
    générations n’acceptent plus de
    sacrifier leur vie personnelle. 63 %
    choisissent d’être salariés, en struc-      « Nous sommes                             les territoires. Chaque bassin
    tures publiques ou privées. « Nous          actuellement dans                         de population a ses spécificités.
                                                                                          C’est pourquoi nous accueillons
    avons donc autant de médecins,              le creux de la vague »                    favorablement les communautés
    mais qui travaillent moins d’heures                                                   professionnelles territoriales de santé
    par semaine, résume le Dr Gérard-           Il y a aujourd’hui trois fois plus        (CPTS), créées par la nouvelle loi de
    Varet. Résultat : l’offre de soins          d’étudiants admis en faculté              santé adoptée en juillet : si elles sont
    diminue alors que la demande ne             de médecine qu’il y a vingt ans.          mises en place tel que prévu, elles
    cesse d’augmenter, du fait notam-           Le verrou du numerus clausus a été        permettront aux professionnels de
    ment de l’accroissement et du vieil-        desserré ces dernières années,            santé et aux élus de donner leur avis
    lissement de la population. »               mais bien trop tardivement. En 2025,      et de partager leurs expériences du
                                                l’amélioration sera certaine. Mais, en    terrain. Avec l’objectif d’organiser
    Il faut aussi regarder plus en
                                                attendant que les effectifs concernés     des systèmes locaux de santé qui
    détail le profil des médecins en            finissent leurs études et puissent        répondent mieux aux besoins de la
    activité régulière : si on compte           prendre la relève, il faut trouver des    population, mais aussi de créer des
    aujourd’hui plus de spécialistes            idées novatrices car le nombre de         écosystèmes locaux plus favorables
    médicaux (+ 3,5 %) et chirurgicaux          retraités augmente. Il n’y a pas de       à l’installation durable de nouveaux
    (+ 8,9 %) qu’en 2010, le nombre de          solution unique et applicable à tous      médecins dans des zones blanches.

    médecins n° 63 septembre-octobre 2019
En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
focus    5

           LA DÉMOGRAPHIE MÉDICALE EN 2019*

            301 842                                        médecins inscrits
                                                           au tableau de l’Ordre
                                                           au 1er janvier 2019

                     Soit   + 15,5 %                       par rapport à 2010
           Pour la 1re fois, ce nombre a franchi la barre des 300 000.
                       Mais pour autant…                                                     Beaucoup plus de salariés qu’en 2010

Seuls   2 médecins sur 3                   sont   ACTIFS                                     + 3,5 % de médecins
                                                                                              généralistes salariés
                                                                                                                                      - 13,4 %
                                                                                                                                      en libéral

et   17 732 médecins                                                             + 15,4 % de spécialistes                           - 9,4 %
                      sont en cumul       emploi retraire                                 médicaux salariés                         en libéral

           soit +      216 % par rapport à 2010                                 + 16,5 % de spécialistes                      + 3,5 %
                                                                                       chirurgicaux salariés                  en libéral

                              296 755               301 842
                                                                                                Cas particulier des généralistes
 261 378

                   200 045              198 081               197 685
                                                                               55 908                  généralistes en activité
                                                                                                       régulière de premier
                                                                                                       recours
                                                                                                        -4,7 % depuis 2010

            5 612
              2010               2018                   2019
                                                                               -1 000 généralistes par an
                                                                               ---> C’est l’évolution du nombre de généralistes
     Inscrits       Cumul emploi retraite         Activité régulière           sortant des facultés de médecine depuis 2010.

                Un problème d’âge…                                        … et de renouvellement insuffisant des générations

        50,4 ans             en moyenne
                                                               >=65 ans
                                                               60-64 ans      10 714
                                                                                             4 202                1 463
                                                                                                                          5 225
                                                               55-59 ans        9 554                                              8 026
                                                               50-54 ans                    5 298                           5 886
                                                                                                                                                 F
                                                               45-49 ans                     4 060                         5 118
                                                               40-44 ans                        3 364                     4 764                  M
                                                               35-39 ans                    5 063                         5 063
En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
6
    en bref

    Le Réseau pathologies respiratoires
    agricoles national
                                                             10 % de la population agricole peut être touchée
                                                             par des pathologies professionnelles pulmonaires
                                                             agricoles (Pappa). Le diagnostic et la prise en charge
                                                             de ces pathologies respiratoires sont souvent
                                                             complexes et le retentissement social et professionnel
                                                             peut être majeur. Mais trop souvent un diagnostic
                                                             de pneumopathie d’hypersensibilité est associé,
                                                             pour les professionnels de santé, à une nécessaire
                                                             reconversion professionnelle d’un patient travaillant
                                                             dans l’agriculture. C’est pourquoi une prise en charge
                                                             coordonnée entre médecins généralistes,
                                                             pneumologues et les services concernés de la
                                                             Mutualité sociale agricole (MSA) la plus proche ou le
                                                             Réseau pathologies respiratoires agricoles national
                                                             (Repran) peut permettre de trouver d’autres solutions
                                                             (aménagement des conditions de travail, répartition
                                                             des tâches, etc.). Ce réseau a en effet pour objet
                                                             principal d’améliorer le dépistage et l’information sur
                                                             les Pappa, de fluidifier le parcours de soins du patient
                                                             et de répondre aux interrogations des professionnels.

                                                              + d’infos
                                                             https://www.asept.org/repran.html

       les
       tweets                               Indemnisation des victimes de
       @ordre_medecins – 9 septembre
       Crise des #urgences : « Il n’y a     l’amiante : informez vos patients
       pas un responsable mais des
                                            Dans un rapport publié le 27 juin     Fonds d’indemnisation des
       responsabilités partagées.
                                            2019, Santé publique France           victimes de l’amiante (Fiva).
       Nous devons renforcer la
                                            dresse le bilan de vingt années       Pourtant, toute personne victime
       coopération de tous les
                                            de surveillance des cas de            des effets de l’amiante – ou
       acteurs. » @BouetP
                                            mésothéliome pleural,                 ayant droit d’une personne
       dans @LeGene_hebdo
                                            cancer de la plèvre survenant         décédée – peut être indemnisée.
                                            principalement après une              Le Fiva invite les médecins
       @ordre_medecins – 4 septembre
                                            exposition à l’amiante.               traitants et généralistes à
       #PJLbioethique | À 18 h 30
                                            Si l’étude rapporte que les           davantage informer leurs
       le Pr Serge Uzan, vice-président
                                            mésothéliomes pleuraux                patients, estimant qu’ils ont
       du CNOM, sera auditionné par
       @AssembleeNat sur les
                                            sont toujours plus nombreux, elle     « un rôle prépondérant à
       questions d’intelligence
                                            met aussi en lumière un autre         jouer (...) sur cette possibilité
       artificielle et #bioéthique aux
                                            point : aujourd’hui, près de 50 %     d’indemnisation ».
                                            des personnes atteintes d’un
       côtés de Claude Kirchner (INRIA)
                                            mésothéliome ne sollicitent pas        + d’infos
       et de @GrusonDavid #DirectAN
                                            d’indemnisation auprès du             www.fiva.fr

    médecins n° 63 septembre-octobre 2019
En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
en bref     7

À lire
Le Webzine Santé
consacré au vieillissement
L’Ordre publie son nouveau webzine consacré à la prise en charge du vieillissement et à toutes
les questions qui l’accompagnent : quelles prises en charge proposer ? Quel financement ?
Ce numéro présente réflexions, reportages et témoignages pour faire avancer sur le sujet.

+ d’infos : https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/external-package/
webzine/1qf0bkq/www/index.html#accueil

Violences sexuelles et sexistes :
un portail de signalement
                                                                      Seule une victime sur douze dépose plainte pour des faits
                                                                      de violences sexuelles et sexistes. Pour améliorer ce taux,
                                                                      le gouvernement a mis en place un portail de signalement dédié
                                                                      à ces violences. Ce nouveau service en ligne permet aux
                                                                      victimes de dialoguer en direct 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24
                                                                      avec un policier ou un gendarme spécialement formé. Le but est
                                                                      d’instaurer un échange personnalisé et adapté. Les victimes
                                                                      qui n’osent pas ou qui ne peuvent pas se rendre dans un service
                                                                      de police trouvent ici un moyen simple et discret d’être écoutées.
                                                                      Les victimes ne sont pas dans l’obligation de déclarer leur
                                                                      identité. Les policiers et gendarmes, appuyés par un
                                                                      psychologue, peuvent les conseiller au mieux pour les orienter,
                                                                      les rassurer et les accompagner vers un dépôt de plainte auprès
                                                                      des services compétents les plus proches de leur domicile. Dans
                                                                      l’hypothèse où elles ne seraient pas prêtes à déposer plainte,
                                                                      les agents du portail ont pour mission d’orienter les victimes vers
                                                                      des partenaires institutionnels et faciliter leur prise en charge
                                                                      sociale et psychologique.

                                                                       + d’infos : www.signalement-violences-sexuelles-sexistes.gouv.fr

Erratum sur le secret médical partagé
Dans l’article sur le secret médical           ni le directeur d’établissement
publié dans le Bulletin de l’Ordre             à accéder aux données médicales
des médecins #61, p. 24, il est                concernant un patient. » Or une
indiqué que : « Le secret partagé              assistante sociale peut échanger
s’entend uniquement entre les                  ou partager des informations
personnes chargées d’assurer                   concernant un patient avec
les soins (…). En revanche,                    un médecin dans les conditions
rien n’autorise le personnel                   prévues aux articles L. 1110-4 et
administratif, la secrétaire                   R. 1110-1, et suivants du code
médicale, l’assistante sociale                 de la santé publique.

                                                                                                médecins n° 63 septembre-octobre 2019
En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
8
    e-santé
                             Propos recueillis par Sarah Berrier

    Une délégation générale pour
    faciliter la transformation
    numérique
                                 Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom),
                                 s’est doté d’une nouvelle Délégation générale
                                 aux données de santé et au numérique.

                                 Le Pr Stéphane Oustric qui vient d’être nommé à sa tête,
                                 nous explique son rôle, ses missions, mais aussi les premiers
                                 chantiers qui se profilent pour les mois qui viennent.

    Pourquoi le Cnom a-t-il créé              Quelles sont ses missions ?                les acteurs impliqués dans le numé-
    cette nouvelle délégation ?               Elles sont vastes au regard de la          rique et les données de santé.
    Le D r Patrick Bouet, président du        thématique du numérique en santé !         Enfin, nous avons un rôle de repré-
    Cnom, a fait du numérique un des          Mais l’une de nos missions princi-         sentation de l’Institution ordinale
    axes majeurs de sa nouvelle man-          pales sera de faciliter la compréhen-      auprès des services techniques des
    dature. Et pour cause, le monde de        sion et les rapports des médecins          ministères, des agences ou orga-
    la santé est à l’aube d’importants        avec le numérique.                         nismes concernés.
    bouleversements liés au numérique.        Nous devons apporter des réponses
    Des évolutions qui permettront d’al-      à leurs questions liées aux données        Et concrètement, dans les mois
    léger la charge administrative des        de santé, aux data, à la e-santé, à la     qui viennent ?
    médecins, d’améliorer la capacité         gestion des outils… La délégation          À l’invitation du Conseil du numé-
    de répondre aux besoins du terri-         bénéficie en effet de compétences          rique en santé, piloté par Dominique
    toire, de fluidifier les parcours de      techniques et juridiques spéciali-         Pon et Laura Létourneau, nous allons
    soins des patients… Sans oublier les      sées dans le droit du numérique et         travailler sur un code de e-déontolo-
    nombreuses opportunités en termes         du traitement des datas.                   gie. Les nouveaux usages du numé-
    d’innovations technologiques.             Nous avons aussi un rôle d’obser-          rique imposent une réflexion sur le
    D’ailleurs, la nouvelle loi « Ma santé    vation, de réflexion et de prospective     pendant numérique du code de déon-
    2022 » prévoit un important chapitre      sur des sujets tels que le déploiement     tologie médicale. Cette démarche
    sur le numérique (cf. Dossier). Mais le   de la e-santé ou de l’intelligence arti-   s’inscrit dans la volonté de créer une
    développement du numérique ouvre          ficielle. Pour cela, au sein du Conseil    éthique du numérique en santé. La
    également la porte à des risques en       national, nous travaillerons en            publication de ce code de e-déonto-
    termes de sécurité des données, de        étroite coopération avec l’ensemble        logie est prévue en juin 2020.
    traçabilité, de confidentialité et de     des sections dans une logique de           Et enfin, durant la mandature à
    e-réputation…                             transversalité. Les sujets abordés         venir, nous allons moderniser l’en-
    Il était donc indispensable de créer      sont divers et requièrent des avis         semble des outils et services numé-
    une délégation dédiée au sein du          partagés sur certains dossiers.            riques institutionnels pour faciliter
    Conseil national. C’est une suite         J’aurai également à cœur d’établir         et aider chaque médecin dans son
    logique au magnifique travail pré-        une réflexion soutenue et privilégiée      exercice et ses démarches auprès
    cédemment piloté par le Dr Jacques        avec les représentants de patients,        de l’Ordre.
    Lucas.                                    les responsables institutionnels et

    médecins n° 63 septembre-octobre 2019
En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
ailleurs               9

                                                                           DR Jean-François
                                                                                     RAULT
                                                                             délégué général aux
                                                                          affaires européennes et
                                                                                   internationales

        FRANCE

MÉDECINS À DIPLÔME HORS UE : ENTRE PÉNURIE
DE MÉDECINS ET SÉCURITÉ DES SOINS
Sur la majeure partie du territoire français,                Situations d’urgence
les médecins à diplôme hors Union européenne (UE)            Mais aujourd’hui l’Ordre des médecins est
doivent recourir à une procédure d’autorisation              inquiet. « Face à la pénurie de médecins dans
d’exercice, incluant la réussite d’épreuves,                 les Antilles, la mise en place d’un système
un exercice encadré, puis un examen des                      similaire est prévue par la nouvelle loi dans ces
compétences par une commission nationale                     territoires », explique le Dr Jean-François Rault,
déclinée selon la spécialité. Si nécessaire,                 délégué général aux Affaires européennes
le médecin candidat peut se voir proposer                    et internationales (DAEI) au Cnom. Jusqu’au
un complément de formation.                                  31 décembre 2025, les directeurs généraux des
Ce n’est qu’à l’issue de cette procédure que                 ARS de la Guadeloupe, de la Guyane et de la
le médecin peut prétendre à une autorisation                 Martinique ainsi que le représentant de l’État à
ministérielle d’exercice et entamer une inscription          Saint-Pierre-et-Miquelon peuvent autoriser un
au Tableau de l’Ordre.                                       médecin, titulaire d’un diplôme de médecine,
En Guyane, le processus est plus souple. Depuis              quel que soit le pays dans lequel ce diplôme
2005, pour faire face à la pénurie de médecins,              a été obtenu, à exercer dans une structure de
l’article L. 4131-5 du code de la santé publique             santé dans leurs territoires respectifs. Cette
permet au représentant de l’État en Guyane                   autorisation est délivrée par arrêté, pour une
d’autoriser l’exercice d’un médecin à diplôme hors           durée déterminée, après avis d’une commission
UE par arrêté. Cette autorisation est accordée à             territoriale d’autorisation d’exercice, constituée
titre dérogatoire pour la Guyane. L’Ordre a obtenu           par spécialité. « Face à l’urgence de la situation
récemment via l’article 71 de la loi du 24 juillet 2019      en termes de démographie médicale, la
relative à l’organisation et à la transformation du          tentation de lever les procédures destinées à
système de santé, qu’un contrôle des compétences             vérifier les compétences des médecins ne doit
soit réalisé. Il reviendra à l’ARS de donner                 pas être une solution envisageable. Il en va
une autorisation temporaire après avis d’une                 de la sécurité des soins et de la population »,
commission territoriale par spécialité.                      ajoute le Dr Rault.

        GRANDE-BRETAGNE

BREXIT : QUELLES CONSÉQUENCES
POUR LES MÉDECINS ?
Si la question du Brexit tient en         bénéficieront d’un statu quo           en session qu’il était hors de
haleine les Européens depuis              pendant 5 ans, sous réserve qu’il y    question, pour nous, que les
plusieurs mois, ses retombées             ait une réciprocité outre-Manche.      Britanniques soient exclus
pour les médecins vont finalement         Sans quoi une négociation              notamment du Comité
être limitées. Deux possibilités :        bilatérale serait nécessaire pour      permanent des médecins
soit un accord est signé, soit il n’y a   mettre au point un accord. La          européen (CPME), rapporte le
pas d’accord. Dans ce dernier cas,        question de la représentation de       Dr Rault. Quoi qu’il arrive, nous
les médecins britanniques                 la Grande-Bretagne dans les            resterons en lien avec les
exerçant en France et la                  instances médicales européennes        organismes médicaux
reconnaissance des qualifications         se pose également. « Il a été défini   britanniques. »

                                                                                     médecins n° 63 septembre-octobre 2019
En oeuvre Dossier - Conseil National de l'Ordre des Médecins
10
     sur le terrain
     Texte : Éric Allermoz | Photos : Julian Renard

     Un trait d’union « Vi’Tal »
     entre la ville et l’hôpital
     À l’hôpital de Nanterre, le centre Vi’Tal accueille des patients adressés
     directement par leur médecin traitant pour un diagnostic complémentaire
     et rapide. Un dispositif avant-gardiste qui rapproche la médecine de ville
     et hospitalière.

     En octobre 2016, les Drs Anne Gras-
       land, rhumatologue, et Emmanuel
       Mortier, interniste, inauguraient
       le centre Vi’Tal au sein du Centre
       d’accueil et de soins hospitaliers
       Max-Fourestier de Nanterre. Leur
     ambition ? « Proposer aux généra-
       listes une porte d’entrée directe à
     ­l’hôpital de jour et un diagnostic
      rapide, complémentaire et appro-
      fondi pour les cas complexes, les
      patients poly­pathologiques chro-
       niques, les patients vulnérables,
      isolés, difficiles à gérer en ville »,
       répondent les deux praticiens
      ­hospitaliers.
       Trois ans plus tard, l’objectif est
       atteint. Le centre Vi’Tal (contraction
       de ville et hôpital) accueille une tren-
       taine de nouveaux patients chaque
       mois. Tous sont directement adres-
       sés, par simple mail, par leur méde-
       cin traitant. Ils sont ensuite reçus
                                                    Ouvert les lundis et vendredis uniquement (et bientôt un troisième jour par semaine),
       en moins de sept jours. Sur place, ils       le centre Vi’Tal de Nanterre reçoit une trentaine de nouveaux patients par mois.
       peuvent enchaîner tous types d’exa-
       mens médicaux grâce aux équipe-
       ments diversifiés du plateau tech-
       nique de l’hôpital. Et dans la foulée,     tous les examens nécessaires sur une          reçoivent un premier bilan entre 24 et
       ils peuvent consulter un ou plusieurs      seule journée, au lieu de courir après        48 heures après la prise en charge. Le
       spécialistes de l’établissement (neu-      les rendez-vous chez les praticiens           centre Vi’Tal évite enfin les passages
       rologues, cardiologues, gastro-enté-       libéraux en ville pendant plusieurs           injustifiés par la case « Urgences »,
       rologues, diabétologues, psychiatres,      semaines. « Le parcours de soins est          ainsi que les hospitalisations com-
       addictologues, dentistes, etc.). Avant     plus fluide, rapide, rassurant pour           plètes, perturbantes pour le patient.
       de rentrer chez eux le soir.               le patient dans un département
                                                  marqué par une forte pénurie de               La demande augmente
     Éviter les urgences et les                   médecins généralistes comme de                rapidement
     hospitalisations injustifiées                spécialistes. Le centre Vi’Tal diminue        En trois ans, plus de 300 patients
     Les avantages de ce dispositif               également les inégalités d’accès aux          ont été orientés vers le centre Vi’Tal
     avant-gardiste sont nombreux. Pour           soins », résume le Dr Anne Grasland.          par 132 médecins généralistes des
     les patients d’abord, qui réalisent          Pour les médecins, ensuite, qui               Hauts-de-Seine (et quelques spé-

     médecins n° 63 septembre-octobre 2019
sur le terrain        11

 La prise en charge au centre Vi’Tal débute par un mail du
 médecin traitant. Le patient est reçu en moins de sept jours.
 Un premier bilan est adressé à son médecin entre 24 et
 48 heures après la prise en charge.

  Cette structure originale permet de renouer des liens entre          Les patients sont adressés ici en cas d’amaigrissement inexpliqué, de
  médecine de ville et hôpital et ainsi de fluidifier le parcours de   fièvre persistante, d’altération de l’état général, ou pour un traitement
  soins des patients.                                                  uniquement disponible à l’hôpital (transfusion, par exemple).

cialistes, aussi). Le centre répond
également aux demandes de plus en                  Témoignage
plus fréquentes des urgentistes, en                Dr Emmanuel Mortier, médecin interniste au Centre d’accueil
alternative à l’hospitalisation. « La              et de soins hospitaliers Max-Fourestier, Nanterre.
demande augmente rapidement »,
confirment les Drs Grasland et Mor-
tier, qui ont décidé d’ouvrir le centre            « Une passerelle avec
un troisième jour par semaine à par-               la médecine de ville »
tir d’octobre prochain. « Une enquête
réalisée dans le cadre d’une thèse                 Le centre Vi’Tal représente une              nous sommes le lien avec les
montre que cette structure répond,                 nouvelle offre de santé. Une                 professionnels de ville. Mais ces
du moins en partie, aux difficultés                passerelle avec la médecine de ville.        derniers restent les coordonnateurs
rencontrées par les médecins de ville              Quand les médecins généralistes              de l’hospitalisation de jour de
qui exercent en zone de désertifica-               manquent de temps ou qu’ils sont             leur patient. C’est essentiel. À l’avenir,
                                                   face à un diagnostic complexe                nous souhaiterions accueillir des
tion médicale. Ils trouvent cette prise
                                                   qui exige des investigations                 internes de l’hôpital, pour les former
en charge utile pour le patient », se              complémentaires, nous leur proposons         à coopérer avec la médecine de ville.
félicite le Dr Emmanuel Mortier.                   l’expertise pluridisciplinaire de            C’est seulement ainsi que la médecine
                                                   l’hôpital. Nous répondons également          ambulatoire à l’hôpital à un avenir :
                                                   à leurs sentiments de solitude et            en travaillant main dans la main
+ d’infos : www.sportetcancer.com                  d’isolement. En tant qu’internistes,         avec la ville !

                                                                                                    médecins n° 63 septembre-octobre 2019
12
     rubrique

      Conseil national de l’Ordre
      des médecins 2019-2022
     Photos : Philippe du Pont, DR

     Le mois de juin 2019 a vu le renouvellement par moitié des conseillers
     nationaux, pour la première fois sur le mode paritaire (binômes homme-
     femme) et en tenant compte des nouvelles Régions. À cette occasion,
     le Dr Patrick Bouet, président sortant, a été renouvelé pour un troisième
     mandat. Présentation des conseillers nationaux et du nouveau Bureau.

     Le Bureau du Cnom

                     DR Patrick BOUET                 DR François                     DR Walter
                     Président                        ARNAULT                         VORHAUER
                                                      Secrétaire général              Trésorier

     DR Marie-Pierre                 DR Jean-Marcel                  DR Gilles MUNIER             PR Serge UZAN
     GLAVIANO-                       MOURGUES                        Vice-président               Vice-président
     CECCALDI                        Vice-président
     Vice-présidente

     médecins n° 63 septembre-octobre 2019
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DR Anne-Marie                  DR François SIMON              PR Robert                     DR Bruno BOYER
TRARIEUX                       Président de la section        NICODÈME                      Président de la section
Présidente de la section       Exercice professionnel         Président de la section       Santé publique
Éthique et déontologie                                        Formation et compétences
                                                              médicales

               DR Jacques MORALI               DR Jean-François             PR Stéphane
               Délégué général                 RAULT                        OUSTRIC
               aux relations internes          Délégué général              Délégué général
                                               aux affaires européennes     aux données de santé
                                               et internationales           et au numérique

               PR Bernard                      DR Gérard ICHTERTZ           DR Pierre MAURICE
               GUERRIER                        Secrétaire général adjoint   Secrétaire général adjoint
               Secrétaire général adjoint

                                                                                    médecins n° 63 septembre-octobre 2019
14
     trombinoscope

     Trombinoscope du Cnom

       ANTILLES-GUYANE

     DR Paul-Émile            DR Élie             DR Raymond           DR Émile ELANA      DR Yvane
     BAPTE                    CHOW-CHINE          DORAIL               Médecine générale   PREVOT
     Ophtalmologie            Ophtalmologie       Médecine générale                        Médecine générale

       AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

     DR Jean-Louis            DR Marie-Pierre     DR Élisabeth         DR Pascal           DR René-Pierre
     BLANC                    GLAVIANO-           GORMAND              JALLON              LABARRIERE
     Anesthésie-              CECCALDI            Radiodiagnostic et   Médecine générale   Médecine générale
     réanimation              Médecine générale   imagerie médicale

       AUVERGNE-                 BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ                 BRETAGNE
       RH.-ALPES

     DR Leila                 DR Jean-            DR Frédérique        DR Jacques          DR François
     OURACI                   François            NASSOY-              MORALI              SIMON
     Médecine générale        GÉRARD-VARET        STEHLIN              Médecine générale   Médecine générale
                              Médecine générale   Médecine générale

     médecins n° 63 septembre-octobre 2019
15

  CENTRE-VAL DE LOIRE                         CORSE                                          GRAND EST

DR Odile            DR Piernick             DR Jean               DR Dominica-     DR Bruno
CONTY-              CRESSARD                CANARELLI             Jeanne MARTELLI- BOYER
HENRION             Neuropsychiatrie        Biologie médicale     LUCIANI          Radiodiagnostic et
Médecine générale                                                 Gynécologie médicale     imagerie médicale
                                                                  et obstétrique

  GRAND EST                                                          HAUTS-DE-FRANCE

DR Jean-François    DR Gérard               DR Gilles              DR Henri                DR Jean-
CERFON              ICHTERTZ                MUNIER                 FOULQUES                François RAULT
Anesthésie          Médecine générale       Médecine générale      Chirurgie générale      Médecine générale
réanimation

  HAUTS-DE-FRANCE                             ÎLE-DE-FRANCE

DR Françoise        DR Walter               PR Dominique           DR Hervé                DR Patrick
STOVEN              VORHAUER                BERTRAND               BOISSIN                 BOUET
Médecine générale   Anatomie et cytologie   Santé publique         Médecine générale       Médecine générale
                    pathologiques           et médecine sociale
                    humaines

                                                                             médecins n° 63 septembre-octobre 2019
16
     trombinoscope

       ÎLE-DE-FRANCE

     PR Claude-               DR Dominique        DR Patricia         DR Michel            DR Pierre
     François DEGOS           DREUX               ESCOBEDO            LEGMANN              MAURICE
     Neuropsychiatrie         Médecine générale   Médecine générale   Electro-radiologie   Médecine générale

       ÎLE-DE-FRANCE                                                                         LA RÉUNION –
                                                                                             MAYOTTE

     DR Frédéric              DR Claire SIRET     DR Patrick          PR Serge UZAN        DR Jean-Michel
     PRUDHOMME                Médecine générale   THERON              Gynécologie          BERAL
     Gastro-entérologie                           Médecine générale   obstétrique          Médecine générale
     et hépatologie

       LA RÉUNION –              NORMANDIE                              NOUVELLE-AQUITAINE
       MAYOTTE

     DR Anne-Marie            DR Jean-Marc        DR Jean-Yves        DR François          DR Valérie
     DE MONTERA               BRASSEUR            BUREAU              ARNAULT              LACROIX
     Médecine générale        Médecine générale   Médecine générale   Oto-rhino-           Médecine générale
                                                                      laryngologie

     médecins n° 63 septembre-octobre 2019
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  NOUVELLE-AQUITAINE                       OCCITANIE

DR Jean-Marcel       DR Anne-Marie       PR Bernard          DR Bruno                 PR Robert
MOURGUES             TRARIEUX            GUERRIER            KEZACHIAN                NICODÈME
Médecine générale    Psychiatre          Oto-rhino-          Endocrinologie,          Médecine générale
                                         laryngologie        diabète, maladies
                                                             métaboliques

  OCCITANIE            PAYS DE LA LOIRE                        PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR

PR Stéphane          DR Frédéric         DR Élisabeth        DR Pierre                PR Georges
OUSTRIC              JOLY                MAICHE              JOUAN                    LEONETTI
Médecine générale    Médecine générale   Médecine générale   Médecine générale        Médecine légale

  PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR               ACADÉMIE            CONSEIL
                                           DE MÉDECINE         D’ÉTAT

DR Jean-Claude       DR Jacqueline       PR Jean-Pierre      M. Marcel
REGI                 ROSSANT-            OLIÉ                POCHARD
Gastro-entérologie   LUMBROSO            Psychiatrie         Conseiller d’État
et hépatologie       Médecine générale                       honoraire

                                                                        médecins n° 63 septembre-octobre 2019
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        dossier
         Textes : Sarah Berrier, Éva Jednak | Photos : iStock, Phanie, DR

          Loi de santé
          Feu vert pour
          la mise en œuvre
          La loi relative à l’organisation et à la transformation
          du système de santé est promulguée. Un texte,
          réclamé par le Cnom depuis plus de quatre ans,
          indispensable pour réformer le système de santé.
          Tour d’horizon des principales mesures et des positions
          que l’Ordre continuera à défendre.

     médecins n° 63 septembre-octobre 2019
Dossier – Loi de santé : feu vert pour la mise en œuvre         19

Dr Patrick Bouet
président du Conseil national
de l’Ordre des médecins (Cnom)

« Nous devons être un
partenaire et un réel appui
pour les médecins dans
la mise en œuvre de la loi »
Cette nouvelle loi, votée en        travaillé aux côtés du
juillet par l’Assemblée             gouvernement et de
nationale et le Sénat, reprend      l’ensemble des acteurs de
un bon nombre d’orientations        santé à l’élaboration de ce
défendues par l’Ordre depuis        texte. Aujourd’hui, nous
des années ; nous la saluons.       sommes prêts au dialogue,
Nous notons de manière              pour l’enrichir dans le cadre
positive le changement              de la préparation des
d’approche opéré par le             ordonnances. Et demain, nous
gouvernement : c’est la             serons vigilants à l’application
première fois qu’une réforme        effective des mesures de cette
du système de santé se tourne       loi dans les territoires. Nous
autant vers les territoires. Les    devons être un partenaire et
fondations nécessaires à la         un réel appui pour les
transformation du système de        médecins dans la mise en
santé sont posées. Cependant,       œuvre de la loi. Il s’agit de
le texte en reste encore            faire preuve de pédagogie
au stade de l’intention sur         pour les aider à faire face aux
de nombreux points                  évolutions qu’elle contient, que
fondamentaux, dans l’attente        ce soit au sujet de la formation
d’ordonnances à venir.              ou de l’organisation des soins
Nous regrettons également           sur le territoire. Mais aussi de
l’absence d’un choix clair entre    faciliter la création des CPTS,
centralisation, administration      et accompagner leur
et initiatives dans les             articulation avec l’hôpital. Les
territoires, qui pourrait mettre    médecins peuvent compter sur
en péril la réussite de la          nous pour continuer à porter
réforme, pourtant souhaitée         sans relâche la voix de notre
par tous. Hier, nous avons          profession.

                                        médecins n° 63 septembre-octobre 2019
20   Dossier – Loi de santé : feu vert pour la mise en œuvre

     Promulguée en un temps record – un
     peu plus de cinq mois après sa présen-
     tation en conseil des ministres par la
     ministre de la Santé Agnès Buzyn –, la
     nouvelle loi relative à l’organisation
     et à la transformation du système de
     santé reprend une bonne partie des
     mesures du plan « Ma santé 2022 ».
     Elle s’organise en trois chapitres : for-
     mations et carrières, organisation des
     soins à l’échelle territoriale, et numé-
     rique en santé. Le quatrième volet de
     la loi regroupe des mesures diverses,
     de simplification et de sécurisation.
     Comme de nombreux acteurs de santé,
     le Conseil national de l’Ordre des
     médecins (Cnom) a salué l’adoption de
     ce texte, en émettant une réserve prin-
     cipale. S’il donne les grandes orienta-
     tions d’un nouveau système de santé,
     il reste très généraliste. Une cinquan-
     taire de décrets sont attendus dans les
     prochains mois.

     Repenser la formation                          La suppression du numerus clausus vise à augmenter de 20 % le nombre de médecins
     des professionnels de santé                    formés par an et à diversifier le recrutement.
     « Décloisonner les parcours de forma-
     tion et les carrières des profession-
     nels de santé », le premier volet de la      de la demande », approuve le Pr Robert        médecine générale – et d’autres
     loi est ambitieux.                           Nicodème, président de la section For-        spécialités désignées par décret –
                                                  mation et compétences médicales au            devront effectuer un stage en autono-
     En tête des mesures : la suppres-            Cnom. Si l’orientation est donnée, le         mie supervisée d’au moins six mois,
     sion du numerus clausus, en vigueur          processus de sélection des étudiants          en ambulatoire, en priorité dans les
     depuis 1971 et qualifié « d’énorme           reste consitionné par la publication de       zones sous-denses. Chez les princi-
     gâchis » par la ministre de la Santé         décrets en Conseil d’État.                    paux intéressés, la mesure ne fait
     lors de la présentation du plan « Ma                                                       pas l’unanimité. « C’est totalement
     santé 2022 ». Son objectif : augmenter       Autre mesure phare : la suppression           dépourvu de sens, réagit Antoine
     de 20 % le nombre de médecins formés         des épreuves classantes nationales            Reydellet, président de l’Intersyn-
     par an et diversifier le recrutement en      (ECN). Il y aura toujours une épreuve         dicale nationale des internes (Isni).
     instaurant de nouvelles voies d’accès        nationale pour passer en 3e cycle, mais       Il n’y a pas assez de maîtres de stage
     aux études médicales. À partir de la ren-    elle sera intégrée avec le parcours de        sur le territoire pour encadrer plus
     trée 2020, les effectifs d’étudiants en 2e   formation antérieur et le projet pro-         de 3 000 internes. » La philosophie de
     et 3e années de 1er cycle seront déter-      fessionnel de l’étudiant, permettant          ce stage est également bien éloignée
     minés par les universités, en lien avec      de tenir compte des motivations et            de celle défendue par le Cnom. « Nous
     les agences régionales de santé (ARS),       de l’adaptation de l’étudiant dans ses        souhaitions une vraie 4e année pour
     selon leurs capacités de formation et        études. Une note éliminatoire pourra          le diplôme d’études spécialisées
     les besoins du territoire. « Cette mesure    interrompre le parcours d’un étudiant         (DES) de médecine générale, expose
     contribue à lier la formation aux            jugé trop faible pour intégrer le 3e cycle.   le P r Nicodème. Cela aurait permis
     besoins des territoires, ce que réclame                                                    de l’harmoniser avec le cursus des
     l’Ordre depuis des années. L’organisa-       Introduit par les sénateurs, le               autres spécialités en trois phases
     tion des formations doit favoriser la        stage obligatoire en ambula-                  (socle approfondissement, consoli-
     répartition équilibrée des futurs pro-       toire pour certains étudiants de              dation). » Les modalités de mise en
     fessionnels sur le territoire au regard      3e année de 3e cycle figure finale-           œuvre et les conditions de la super-
     des besoins de santé et de l’évolution       ment dans la loi. Les internes en             vision seront déterminées par décret.

     médecins n° 63 septembre-octobre 2019
Dossier – Loi de santé : feu vert pour la mise en œuvre                   21

Enfin, l’article 3 de la loi prévoit un
système de recertification des com-           Point de vue de l’Ordre
pétences des médecins. Une mesure             Pr Robert Nicodème, président de la section
attendue, et vivement soutenue par le         Formation et compétences médicales au Cnom
Cnom mais qui reste à construire. La
loi habilite le gouvernement à prendre
des ordonnances pour en définir les
                                               « La formation des internes doit aussi se faire
conditions. « Renforcer la formation           en dehors des hôpitaux »
continue, accompagner le médecin              Nous appelons depuis           clausus ne peut résoudre       en compte que
tout au long de sa vie professionnelle        des années à réformer          les problèmes de               les capacités de
et valoriser les parcours, c’est une prio-    la formation universitaire     démographie médicale.          formation des
rité ordinale, assure le Pr Nicodème.         des futurs médecins.           Il faut l’accompagner          hôpitaux universitaires,
Mais la recertification doit être gérée       Cette loi ouvre la voie.       avec de nouvelles              l’augmentation des
par la profession. Par son expertise          Cependant, même si             propositions, en               effectifs aura pour
dans le domaine de la formation et            l’orientation est bonne,       organisant notamment           conséquence la
                                              nous ne connaissons            des formation en dehors        saturation des postes
des compétences professionnelles,
                                              pas les nouvelles              de l’hôpital, position         hospitaliers. Les stages
le Cnom est légitime à prendre plei-          modalités d’accès aux          que nous défendons             hors hôpital permettront
nement part à ce processus.                   études médicales. La           depuis des années.             la réussite de cette
Nous militerons dans ce sens. »               suppression numerus            Si nous ne prenons             réforme.

  Les internes en médecine générale – et d’autres spécialités désignées par décret – devront effectuer un stage en autonomie supervisée
  d’au moins six mois, en ambulatoire, en priorité dans les zones sous-denses.

                                                                                                médecins n° 63 septembre-octobre 2019
22   Dossier – Loi de santé : feu vert pour la mise en œuvre

           Mieux structurer l’offre                                          TÉMOIGNAGES
           de soins dans les territoires                                    Lucie Garcin, présidente de l’Intersyndicale nationale
     La loi s’intéresse aussi à l’organisation                              autonome représentative des internes de médecine
     des soins. Le deuxième grand volet vise                                générale (Isnar-IMG)
     ainsi à « créer un collectif de soins au
     service des patients et mieux structu-                                 « S’il n’y a pas de MSU, il n’y aura pas
     rer l’offre de soins dans les territoires ».                           de stagiaires en zone sous-dense »
     En ville, le gouvernement s’est                                         Nous soulignons plusieurs éléments positifs dans
     fixé pour objectif la création                                          les aspects de la réforme liés aux études : une
     de 1 000 communautés profes-                   formation plus humaine, moins centrée sur le bachotage, qui devrait
     sionnelles territoriales de santé              diminuer la pression imposée aux étudiants. En revanche, en ce qui
     (CPTS) d’ici à 2022, pour faciliter            concerne le stage d’un semestre imposé en 3e année de 3e cycle, nous
     l’accès aux soins, fluidifier les prises       allons rester vigilants. Il n’y a pas assez de maîtres de stage. L’enjeu va
     en charge et le suivi des patients. À          donc être d’en recruter largement. Par ailleurs, la loi mentionne
     plusieurs reprises, l’Ordre a exprimé          « en priorité en zone sous-dense », elle est donc rédigée de manière
     son inquiétude à ce sujet et réclamé
                                                    non restrictive. Pour nous, c’est la valeur pédagogique qui doit
     une clarification du contour des
                                                    l’emporter sur la localisation. S’il n’y a pas de MSU, il n’y aura pas
     CPTS. « Nous sommes convaincus
                                                    d’étudiants en stage dans une zone sous-dense.
     qu’elles doivent être élaborées à
     partir des plans locaux de santé,
     définis avec des professionnels de
     santé et du secteur médico-social,
                                                                            Dr Thierry Godeau, président de la Conférence
     les usagers et les élus locaux, expose
                                                                            des commissions médicales d’établissement de CH
     le Dr François Simon, président de
     la section Exercice professionnel du                                   « Nous espérons beaucoup
     Cnom. C’est la condition pour qu’elles                                 de la création des CPTS »
     soient organisées en adéquation
     avec les besoins et les objectifs de                                     La loi est pleine de grandes intentions mais elle
     santé du territoire. » Plus inquiétant,                                  apporte peu de concret. Nous sommes dans
     la loi prévoyait que chaque projet de                                    l’attente des ordonnances. Le texte affiche
     santé lié à une CPTS, une fois éla-
                                                                              l’ambition d’arriver au décloisonnement entre
     boré par ses membres, soit validé
                                                    la ville et l’hôpital, ce que l’on réclame tous. Nous allons découvrir
     par l’ARS. « Nous avons déposé plu-
                                                    peu à peu comment va se concrétiser l’articulation entre l’hôpital et
     sieurs propositions d’amendements
                                                    les CPTS, nous en espérons beaucoup. Nous avons du mal aujourd’hui,
     parce que soumettre à approbation
     administrative une organisation de             lorsque l’on veut raisonner en parcours de santé, à entrer en connexion
     soins ambulatoires démontre une                avec tous les acteurs du territoire. Les CPTS devraient créer ce lien et
     volonté d’hyper-administration                 faciliter les relations avec l’hôpital, dans l’intérêt du patient et des
     peu cohérente avec d’autres dispo-             professionnels de santé. À condition que les ARS soient facilitantes et
     sitions de la loi, réagit le Dr Simon.         laissent l’initiative aux projets professionnels.
     Heureusement, les parlementaires
     ont assoupli le texte. Il est désormais
     question d’un projet réputé validé
     par l’ARS sauf opposition. »                   soins de qualité, expose le Dr Thierry

                                                                                              81 ARTICLES
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     À l’hôpital, la loi prévoit la label-          des CME des CH. Aujourd’hui, dans
     lisation de 500 à 600 « hôpitaux de            certains centres hospitaliers, des
     proximité » d’ici à 2022, centrés sur          chirurgiens font peu d’actes. Or
     la médecine générale, la gériatrie et          on ne fait bien que ce que l’on fait      Initialement composé de
     les soins de suite et de réadaptation          souvent. Mieux vaut faire venir des       23 articles, le texte de loi s’est
     (SSR). Certains pourront proposer              praticiens d’une équipe expérimen-        enrichi après passage devant
     de la chirurgie à titre dérogatoire.           tée ponctuellement. Ce nouveau            la commission mixte paritaire.
     « Cela suit la logique de proposer des         modèle, s’il est fait intelligemment,

     médecins n° 63 septembre-octobre 2019
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