Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable Et des estrans préservés - Colloque national du Réseau Littorea - Pêche à ...
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Colloque national du Réseau Littorea Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable Et des estrans préservés ACTES DU COLLOQUE 14 & 15 novembre 2019 Erquy
INTERLUDE : « Un jour de grande marée en Nouvelle-Aquitaine » Sommaire 4 | Les mesures de gestion possibles pour le maintien de la ressource et de la biodiversité littorale : retours d’expérience…………………...…………………40 Introduction du colloque et mots d’accueil…………………………..…………03 – Récolte d’algues de rive : acquisition de connaissances et gestion de la ressource par les professionnels | André BERTHOU 1 | Un tour de France de la pêche à pied…………………………........................06 – La gestion du gisement de coques de La Baule | Marie FOUCART et Laurence DUPONT – Présentation du Réseau Littorea et de l’Observatoire pêche à pied Manche- – L’huitre plate : un patrimoine naturel à préserver | Stéphane POUVREAU mer du Nord | Stéphanie TACHOIRES – Suivis participatifs des gisements de palourdes | Annick DANIS – La surveillance de la pêche à pied au titre de la Directive Cadre Stratégie pour – Suivi du gisement de palourdes de l’étang de Berre | Mathilde MAHE le Milieu Marin | Jérôme BAUDRIER – Point sur la dernière étude nationale de la pêche à pied de loisir en France INTERLUDE « Un jour de pêche à pied en Méditerranée » métropolitaine parue en décembre 2018 | Florian THOMAS – Le phénomène des marées : un autre regard | Odile GUERIN INTERLUDE : « Un jour de grande marée dans les Hauts de France » INTERLUDE « Un jour de pêche à pied en Outre-Mer » 2 | La pêche à pied et les usages de l’estran : entre préhistoire et ethnologie…………………………………………………………………………………15 5 | Pour une pêche à pied en toute sécurité et sans risque pour sa santé………………………………………………………………………………………58 – Les plus anciens indices de pêche à pied laissés par les derniers chasseurs cueilleurs maritimes | Catherine DUPONT – Le réseau de surveillance de pêche à pied de loisir en région Pays de la Loire | – La civilisation des coquillages au Paléolithique et au Néolithique sur les côtes Rodrigue LETORT bretonnes | Guy PRIGENT – Suivis sanitaires et pêche à pied récréative en Bretagne : Le projet RESP²ONsable | Julien CHEVE INTERLUDE : « Un jour de grande marée en Normandie » – Les outils d’information sur les zones de production de coquillages : site web, applications mobiles | Emmanuel ROBE INTERLUDE : « Un jour de grande marée en Bretagne » – Les risques encourus en pêche à pied : accidentologie, appels à vigilance des Préfectures | Kristenn LE BOURHIS 3 | Les effets de la pêche à pied sur les milieux littoraux et la – Présentation d’un kit sécurité en mer et des mesures de sensibilisation en ressource…………………………………………………………………………………24 rivière de Pont l’Abbé | Yves TEURTROY – Avis aux pêcheurs de crabes et d’ormeaux : pourquoi remettre une pierre 6 | Conclusions et perspectives : comment la pêche à pied et le Réseau retournée dans sa position initiale ? | Maud BERNARD Littorea vont-ils évoluer en France ?................................................................... 63 – Quels sont les effets de la pêche à pied sur les herbiers de zostères ? | Pauline POISSON – Fédération Nationale de la Plaisance et des Pêches en mer | Jean KIFFER – Quels sont les effets des prélèvements sur les populations d’arénicoles du – Communauté de communes de l’Ile de Ré | Anaïs BARBARIN littoral des Hauts de France ? | Lola DE CUBBER – Observatoire Pêche à pied de loisir Manche – mer du Nord | Léa BRIEAU – Le suivi des populations d’étrilles soumises à des pressions de pêche | Richard COZ 7 | Films pédagogiques LIFE+ « Pêche à pied de loisir » : – L’hermelle : un étrange vers marin qui sculpte nos côtes | Stanislas DUBOIS - Quelques bonnes pratiques de pêche à pied : la palourde INTERLUDE « Un jour de grande marée en Pays de la Loire » - Quelques bonnes pratiques de pêche à pied : la moule - Quelques bonnes pratiques de pêche à pied : la crevette – L’estran n’est pas qu’un garde-manger |Sarah OLIVIER et Franck DELISLE - Quelques bonnes pratiques de pêche à pied : l'étrille Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 2
Introduction du colloque et mot d’accueil o Introduction du colloque par Jérémy Allain, VivArmor Nature : « Bienvenue au colloque national du Réseau Littorea. Voilà de nombreuses années maintenant que certains d’entre nous s’intéressent à la pêche à pied Cette question de la pêche à pied ça fait pas mal d'années que certains d'entre nous la suivent, presque 10 ans, il faut se rappeler que le premier colloque sur la pêche à pied avait été organisé en 2008 par l'association IODDE à Oléron. Cette année les organisateurs, notamment Franck, Sarah, Jean-Baptiste et Stéphanie, ont voulu placer le colloque sur le thème “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés”. J’invite maintenant Madame le Maire à nous rejoindre pour le mot d'accueil et j'en profite pour remercier la mairie d'Erquy pour le prêt de cet équipement et vous remercier pour cet accueil toujours chaleureux à Erquy. » o Mot d’accueil par Mme Christiane Guervilly, Maire de Erquy : « Bonjour à tous. Je vous souhaite d’agréables travaux à Erquy et j'accueille tout particulièrement les gens qui sont à Erquy pour la première fois À Erquy, nous avons 12 plages, 13 km de côte, et actuellement une démarche qualité sur les eaux de baignade. En effet, depuis 2012, nous sommes en certification de qualité des eaux de baignade, donc c'est un engagement de développement durable, pour tous les usages de la plage et de l'estran. Une économie touristique importante, portée sur le tourisme durable puisque nous avons obtenu le label « Grand site de France Cap d'Erquy et Cap Fréhel » depuis 1 mois. Ce sont 25 ans de travail qui sont récompensés. Travail du département d'abord puisque le site du Cap d'Erquy est départemental, puis travail conjoint aussi avec les communes également. Je vous souhaite d'excellents travaux et j'espère que tous ensemble on arrivera à la bonne qualité de nos eaux de baignade, de nos produits de pêche à pied, que ce soit pour le loisir ou pour le professionnel, et que notre beau pays pourra continuer à accueillir les générations futures comme il se doit. Belle journée à vous.” Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 3
o Mot d’accueil par Stéphanie Tachoires, Agence Française pour la Biodiversité : « Bonjour à tous. Bienvenue à tous au colloque du Réseau Littorea pour une pêche à pied de loisir durable. Un grand merci à Madame le Maire et à toute l'équipe de la commune pour nous permettre l'organisation de ces deux journées sur Erquy et mettre à disposition ses installations qui seront très propices à nos travaux. Merci à tous pour votre présence notamment pour ceux qui sont venus de loin. C’est un plaisir de voir que le réseau s’étend et que certains viennent de loin pour échanger tous ensemble. Je suis chargé de vous faire un petit mot d'introduction au nom de la Direction du département des Milieux Marins de l'Agence Française pour la Biodiversité. La direction de ce département suit avec intérêt et attention les évolutions et les résultats des travaux du Réseau Littorea. En effet, l'Agence Française pour la Biodiversité accompagne depuis plusieurs années la montée en puissance du réseau pour une pêche à pied de loisir durable, et ce qui nous semble important c'est la force du réseau avec un regroupement d'acteurs de différents horizons. Aujourd’hui les politiques de protection de l’environnement marin sont très C’est probablement ce regroupement de compétences qui en fait une richesse. structurées autour de la mise en œuvre des directives européennes stratégie pour le milieu marin et Natura 2000, auxquelles les actions du réseau Si le projet LIFE+ « Pêche à pied de loisir » a vraiment été structurant pour nos contribuent largement. A ce titre, les objectifs environnementaux de la DCSMM travaux et pour la montée en puissance du réseau, on voit que même après ce ont été récemment (entre septembre et novembre) adoptés dans le cadre des LIFE, on a réussi à maintenir cette dynamique et le réseau continue de s'enrichir Documents stratégiques de façade et plusieurs objectifs concernent la pêche à régulièrement avec de nouvelles structures qui s'impliquent dans la pêche à pied pied de loisir : de loisir durable. C'est un point important à souligner. 4 objectifs concernent directement cette activité de par son interaction avec les habitats benthiques Un petit mot particulier pour la coordination du Réseau Littorea, pour les Ex : réduire les perturbations physiques (liées à la fréquentation humaine) associations VivArmor Nature et CPIE Marennes-Oléron qui œuvrent au sur les habitats rocheux intertidaux (champs de blocs, moulières…) / quotidien pour qu’il y ait vraiment du lien qui soit fait entre les différentes réduire les perturbations physiques sur les hermelles / {} les herbiers de structures qui travaillent sur la pêche à pied de loisir. Cette coordination zostères / les substrats meubles nationale en lien avec l'Agence Française pour la Biodiversité travaille également 3 objectifs concernant le dérangement des espèces concernent aussi la étroitement avec la Fédération Nationale de la Plaisance et des Pêches en mer, pêche à pied de loisir (au même titre que d’autres activités maritimes) pour avancer ensemble et faire en sorte que le réseau soit dynamique. Donc (OE-MT-OE01 et OMOE06) : merci à ces différentes associations de faire vivre ce réseau au quotidien. Ex : limiter le dérangement anthropique des mammifères marins / préservation des habitats fonctionnels des oiseaux marins. Certains indicateurs notamment sur les habitats peuvent directement concerner l’activité de pêche à pied. Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 4
Au niveau national, la stratégie nationale de création et de gestion des AMP est en cours de révision (le 4ème colloque national AMP s’est tenu à Biarritz fin octobre 2019). Le travail de structuration et le développement d’outils mis en place pour la pêche à pied peut-être une source d’inspiration pour d’autres thématiques. Cette stratégie 2020-2030 sera présentée par le Ministère au congrès mondial de l’UICN de juin 2020 à Marseille. Toujours au niveau national, les acteurs du réseau ont été sollicités pour se projeter dans une évolution de l’encadrement de la pêche de loisir (pas uniquement pêche à pied). Le sénateur M. Médevielle a été missionné et a rendu son rapport. Celui-ci est en cours d’examen au sein du Ministère de l’agriculture, les conclusions et suites à donner seront probablement annoncés au prochain Comité interministériel de la mer. Par ailleurs, l’AFB deviendra Office Français de la Biodiversité au 1er janvier 2020 en fusionnant avec l’ONCFS. L’office aura des missions d’appui aux acteurs et de développement de l’expertise. A ce titre, son implication dans le soutien et la contribution au Réseau Littorea restera une priorité. Je vous souhaite de très bons travaux à tous. » Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 5
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Cette première plénière visait à faire un état des lieux des connaissances et des Biodiversité et la Fondation de France. programmes de suivi en cours sur les pratiques de pêche à pied de loisir à Petit retour en arrière… Pourquoi nous sommes-nous intéressés à la pêche à l’échelle nationale. pied de loisir ? Il s’agit d’une activité très présente dans toutes les aires marines protégées de la Manche et de l’Atlantique, mais également sur quelques sites La plénière a bénéficié de la présentation des trois personnalités : méditerranéens et ultra-marins. La pêche à pied peut être en interaction avec des habitats sensibles. Stéphanie Tachoires – Chargée de mission pêche et usages maritimes à En 2009, une dynamique nationale s’est mise en place avec l’ex-Agence des l’Office Français de la Biodiversité, Aires marines protégées, le Conservatoire du Littoral, l’Ifremer, le Comité Jérôme Baudrier – Responsable de surveillance "Espèces commerciales / national des pêches maritimes et des élevages marins, le Comité national de la Poissons-céphalopodes" au titre de la DCSMM à l’Ifremer de Nantes, conchyliculture. L’ensemble de ces acteurs nationaux avaient à cœur de mieux Florian Thomas – Chef de l'unité Pêche et Aquaculture de FranceAgriMer connaître et de l’accompagner la pêche à pied de loisir vers des pratiques durables. En 2012, pour le montage du projet Life « Pêche à pied de loisir » à l’origine du Réseau Littorea, on a capitalisé des initiatives réussies, notamment sur les territoires de Marennes-Oléron et des Côtes d’Armor. Voilà le contexte dans lequel ce projet Life a vu le jour et s’est déroulé entre 2013 et 2017 sur onze territoires pilotes avec des objectifs autour de quatre volets : Gouvernance : dynamiser les relations entre les acteurs locaux et nationaux afin de créer les outils nécessaires à la préservation de la biodiversité des estrans. Diagnostic : mieux comprendre les interactions entre la pêche à pied de loisir, la faune et la flore des milieux littoraux. Sensibilisation : encourager et maintenir les bonnes pratiques de pêche à pied récréative. Gestion : contribuer aux plans de gestion des aires marines protégées. Dans le cadre du Life, plusieurs approches ont pu être expérimentées : enquêtes de terrain, suivis écologiques, la mise en place de comités de concertation locaux et d’un comité de concertation national… Un point important est celui de l’évaluation de l’ensemble de toutes ces actions tout au long du projet qui nous 1. Présentations des intervenants : a permis de progresser et d’améliorer nos protocoles. o Stéphanie Tachoires : « Présentation du Réseau Littorea et de Parmi les résultats obtenus, ceux concernant la sensibilisation des pratiquants l’Observatoire de la pêche à pied de loisir en Manche-mer du Nord » sont encourageants : 550 médiateurs de l’estran formés, 200 panneaux d’information installés, une nette amélioration de la connaissance de la Le Réseau Littorea est né en 2018 dans la continuité du projet Life « Pêche à réglementation, de la qualité des récoltes et des pratiques sur les territoires pied de loisir » 2013-2017. Il est coordonné par le CPIE Marennes-Oléron et pionniers. VivArmor Nature. Il bénéficie du soutien financier de l’Agence Française pour la Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 7
Toutes les informations collectées sont bancarisées dans une base de données nationale ESTAMP administrées par l’Office Français de la Biodiversité. Cela permet de sécuriser, de partager l’ensemble des données et d’effectuer des analyses à des échelles plus larges que celles des territoires. Le réseau organise des actions nationales : un colloque tous les deux ans, un comité de concertation national annuel et un comptage national annuel. Ce dernier a surtout vocation à mobiliser les partenaires, à inciter de nouvelles structures à nous rejoindre, à communiquer sur les bonnes pratiques et sur l’importance socio-économique de la pêche à pied de loisir. Ce comptage permet de fournir quelques informations quantitatives : évaluation des pics de fréquentation sur les sites régulièrement suivis, identification des sites à suivre en priorité… Le Réseau Littorea est en lien avec la Fédération Nationale de la Plaisance et des Pêches en mer (FNPP) avec notamment une double page consacrée au réseau dans la revue fédérale et la poursuite d’actions de science participative et de sensibilisation qui seront évoquées au cours de ce colloque. A la fin du projet Life, afin de maintenir la dynamique nationale, le Réseau Littorea a été créé. Son objectif est d’aider au maintien et au développement des actions engagées sur l’ensemble des territoires. Aujourd’hui, le Réseau Littorea grandit et monte en compétences. Il compte plus de 400 structures engagées. La coordination nationale du Réseau Littorea propose aux acteurs locaux souhaitant œuvrer à une gestion durable de la pêche à pied de loisir : Des formations aux méthodes de diagnostic des pratiques et de sensibilisation des pêcheurs à pied adaptées au besoin locaux, Une veille réglementaire, la diffusion d’actualités régulières, La lettre d’information « L’Echo du Bigorneau » et un site internet : www.pecheapied-loisir.fr , La mise à disposition de l’ensemble des méthodologies et outils pédagogiques existants (réglettes, panneaux, dépliants, films…). Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 8
Pour conclure quelques mots sur l’Observatoire de la pêche à pied de loisir en migrateurs et les élasmobranches, avec une déclinaison différente de ces Manche – Mer du Nord qui fera l’objet d’une présentation plus détaillée au espèces selon les façades maritimes. cours du colloque. Il s’agit d’une des mesures de la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM). L’Observatoire est animé par l’URCPIE de En 2015, la DCSMM a déclenché quatre programmes de surveillance pour Normandie avec le soutien de la DIRM Manche Est - mer du Nord et de chacune des quatre sous-régions marines : Manche – Mer du Nord, Mers l’antenne Manche – Mer du Nord de l’AFB. Son objectif est de pérenniser et celtiques, Golfe de Gascogne et Méditerranée occidentale. d’étendre les initiatives de suivis des activités de pêche à pied. Au sein de ces programmes, il existe treize thématiques de suivi et l’une d’entre elles concerne la surveillance des espèces commerciales avec une action spécifique sur la pêche de loisir. Cette action vise à renforcer les suivis à d’autres espèces que celles citées précédemment. Nota bene : La collecte de données qui est inscrite dans le programme de surveillance des espèces commerciales est uniquement dédiée à des fins d’évaluation des stocks. En 2016, l’Ifremer a conduit un diagnostic (bibliographie, nombreux entretiens) auprès des secrétariats techniques des plans d’action pour le milieu marin, des gestionnaires d’aires marines protégées (ex-AAMP), des associations et fédérations de pêche de loisir, et de scientifiques spécialistes de la pêche de loisir. o Jérôme Baudrier : « La surveillance de la pêche à pied au titre de la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM) » Avant d’évoquer les suivis de la pêche à pied proposés au titre de la DCSMM, un rappel du contexte réglementaire international. La France a une obligation de collecte de données sur les captures de certaines espèces ciblées par la pêche de loisir : le saumon, l’anguille, le bar, le cabillaud, le lieu jaune, les grands Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 9
Ce diagnostic a permis de caractériser la pêche de loisir en France, d’identifier Pour les espèces peu mobiles ou sédentaires, ciblées par la pêche à pied les espèces prioritaires pour chacune des sous-régions marines, les différentes (palourde, oursin, crevette grise, bouquet, ormeau, coque), la méthode de suivi pratiques, etc. Suite à ce diagnostic, les espèces prioritaires à suivre ont été choisie consistera à évaluer les gisements d’intérêts locaux ou nationaux à partir identifiées selon les critères de sélection suivants : type de pratique ciblant de 2020. L’objectif de ces évaluations de gisements est de déterminer leur l’espèce, sa valeur commerciale, son intérêt patrimonial, l’état du stock, la étendue, leur biomasse exploitable, de fournir un appui aux autorités rareté des captures et la comparaison entre la pêche de loisir et la pêche administratives pour la gestion des stocks en fixant les dates professionnelle. d’ouverture/fermeture de la pêche et les conditions d’exploitation. En guise Une distinction a été faite entre les espèces mobiles et sédentaires dont les d’illustration, la gestion du gisement de la baie de La Baule est prise comme méthodologies de suivi diffèrent. exemple : gisement bien géré (fermeture saisonnière, définition de quotas), forte pression de pêche de la part des professionnels et des récréatifs, suivi Pour les espèces mobiles (poissons, céphalopodes), préférentiellement stationnel du gisement avec mesure de toutes les coques échantillonnées impactées par la pêche embarquée, du bord ou en apnée, la proposition retenue permettant ainsi d’évaluer son état chaque année. est la mise en place d’une enquête de cadrage nationale, tous les cinq ans, accompagnée de suivis de l’effort de pêche et des captures via des carnets de Tous les gisements qui feront l’objet de mesures de surveillance DCSMM en pêche renseignés par un panel de pêcheurs volontaires. Cette méthode est France seront listés par arrêté relatif à la définition du bon état écologique des commune à tous les pays qui ne disposent pas d’un système de gestion de la eaux marines et aux normes méthodologiques d'évaluation. pêche de loisir par un permis de pêche en mer ou une déclaration obligatoire Les critères de sélection des gisements d’intérêts à surveiller à l’avenir restent à des captures. définir pour les espèces suivantes : coque, moule, huître creuse, huître plate, palourde, telline, praire, coquille Saint-Jacques, oursin, ormeau, algues et pétoncle. Il faudra pour tous ces suivis DCSMM définir une méthodologie commune basée sur des estimations d’abondance et de biomasse suivant un échantillonnage stratifié. Ces suivis peuvent être envisagés à pied (ex. : gisement de coques de La Baule) ou/et à l’aide de bennes embarquées (ex. : gisement de palourdes à Arcachon). Il faudra également engager un travail d’identification des acteurs : opérateurs de terrain, financeurs et scientifiques. Dans le cadre de ces travaux préliminaires, le Réseau Littorea pourra être sollicité. o Florian Thomas : « Point sur la dernière étude nationale de la pêche à pied de loisir en France métropolitaine parue en décembre 2018 » Le contexte réglementaire et les objectifs ayant déjà été présentés par le précédent intervenant, il s’agit surtout d’exposer la méthode et les principaux résultats de cette étude. Sur la base des réflexions menées par l’Ifremer et la Direction des Pêches Maritimes et de l'Aquaculture, FranceAgriMer a lancé un appel d’offre en 2017 pour une étude de cadrage sur l’évaluation de la pêche de loisir en France métropolitaine dont les résultats sont disponibles sur le site de FranceAgriMer. Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 10
Quelques chiffres et résultats : 2. Échanges : - 2,7 millions de pêcheurs de loisir dont les ¾ sont des pêcheurs à pied. - 1,5 million de pêcheurs à pied de loisir exclusifs. Comment combiner ces sondages nationaux avec les résultats d’enquête - Pêcheurs de loisir répartis sur toute la métropole. obtenus localement sur les différents territoires du réseau ? De manière formelle, - Les communes du littoral Atlantique et Manche sont les plus fréquentées. - En Méditerranée, prédominance de pêcheurs embarqués. on peut observer localement une évolution des profils avec par exemple sur - Part des femmes plus importante en pêche à pied par rapport aux autres Oléron, une baisse des pêcheurs assidus, locaux, au profit de pêcheurs plus pêches de loisir. occasionnels, vacanciers. - La pêche à pied est une activité saisonnière (surtout l’été) et plus Jérôme Baudrier (Ifremer) : L’enquête de cadrage est nécessaire pour estimer le occasionnelle par comparaison avec la pêche en bateau. nombre total de pêcheurs récréatifs en France à défaut de permis de pêche ou - Espèces ciblées sur la base de 694 pêcheurs à pied enquêtés : coque 36%, de déclaration de capture obligatoire pour les pêcheurs de loisir en mer. Le suivi palourdes 31%, moule 30%, huître 18%, etc. de gisements locaux ne peut se faire à partir de ce type d’enquête nationale. - Quelques différences supérieures à la moyenne des réponses : la pêche Seule un suivi local sur le gisement permettra d’évaluer son état. des coques se pratique à l’aide d’un râteau pour 44% des pratiquants, la pêche des palourdes est davantage pratiquée par des habitués, etc. Stéphanie Tachoires (AFB) : La centralisation de l’ensemble des suivis locaux dans la base de données ESTAMP permettra dans les années à venir d’effectuer A ce propos, l’institut de sondage BVA recherche des panelistes pour remplir des des analyses qui viendront alimenter, comparer, compléter les études carnets de déclaration de captures. Ces carnets s’adressent aux pêcheurs de nationales. loisir à l’exception des pêcheurs à pied exclusifs. L’appel est lancé auprès de l’assemblée. Les mesures présentées concernent le suivi d’espèces pêchées pour évaluer leur préservation, mais on manque d’indicateurs sur les milieux marins. Les hermelles et les zostères sont des espèces indicatrices mais c’est très insuffisant. N’y a-t-il pas un travail de recherche d’indicateurs de milieux à échéance de 10- 15 ans pour pouvoir contribuer aux politiques publiques ? Stéphanie Tachoires (AFB) : Certains programmes de surveillance de la DCSMM, non présentés ici, concernent le suivi d’indicateurs de l’état de conservation de certains habitats marins. Il en sera en partie question dans la prochaine table ronde sur les effets de la pêche à pied. Qu’est que FranceAgriMer ? Florian Thomas (FranceAgriMer) : C’est un établissement public qui dépend du Ministère de l’Agriculture (DPMA). C’est historiquement la fusion des offices agricoles créés en 1980. FranceAgriMer, c’est 1000 agents avec trois missions principales : Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 11
Assurer la concertation au travers des Conseils spécialisés de FranceAgriMer qui rassemblent les représentants de toute la filière concernée (pêche et aquaculture me concernant). Instruire les demandes nationales de fonds européens FEAMP. Eclairer les différentes filières par la collecte, l’analyse des informations économiques et de la prospective. La grande majorité des données étant publiques, elles sont disponibles sur le site de FranceAgriMer. Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 12
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Cette table-ronde visait à échanger sur les usages anciens de la pêche à pied et fouille mené sur le site de Beg-er-Vil sur la presqu'île de Quiberon ; dont le de l’estran. propriétaire est le Conservatoire du littoral. C'est un site qui avait été décrit dans les années 1970 par un prospecteur et des La plénière a bénéficié de la présentation de deux personnalités : fouilles ont été réalisées dans les années 1980. Suite à des grandes tempêtes, le site commençait à partir à la mer, donc le service régional d'archéologie a Catherine Dupont – Chargée de recherche au CNRS sur les coquillages et demandé à fouiller le secteur. Tout a été tamisé puis trié avec l'aide de crustacés découverts sur des sites archéologiques nombreux bénévoles. Tous les déchets de la vie quotidienne étaient présents, Guy Prigent – Ethnologue, spécialiste des patrimoines littoraux notamment des coquillages marins, des oiseaux marins, des oiseaux terrestres qui peuvent être chassés, des mammifères marins et terrestres, des poissons et également du silex. L'objectif de ce travail de recherche est donc de faire parler les coquillages pour décrire des usages. Une fois le tri effectué, il faut compter les coquillages. Parmi les coquillages trouvés sur le site, certains sont des aliments, d'autres sont utilisés pour des parures. Sur le site de Beg-er-Vil, des coquillages ramassés en pêche à pied ont été trouvés, comme des moules, des patelles, des bigorneaux, ou encore des coques. Face à ces observations, on peut en déduire que ce sont des hommes qui vivaient grâce à la nature et qui utilisaient tout un panel d'espèces qu’ils pouvaient attraper dans un rayon de 5 km. Ce que l’on voit également c'est que ces populations sont totalement dépendantes de l'environnement marin et ils en exploitent une grande diversité ; ce qui reflète un caractère assez opportuniste. Le pourpre est un autre coquillage consommé très régulièrement jusqu'à l’Antiquité. Des milliers de fragments de crabes ont également été découverts sur ces sites archéologiques avec une grande diversité d’espèces. Le tourteau est le crabe le plus consommé. On ne peut pas vraiment parler de pêche à pied de loisir pour ces hommes préhistoriques car c'est une activité qui par le passé n'a pas du tout été décrite 1. Présentations des intervenants : par les archéologues. Au mésolithique, c’était essentiellement des chasseurs cueilleurs. o Catherine Dupont : « Les plus anciens indices de pêche à pied laissés par les derniers chasseurs cueilleurs » Sur les sites archéologiques en milieu côtier, l’activité de pêche a une grande importance. Le travail mené en parallèle sur la sclérochronologie de la palourde La présentation porte sur un volet du programme de recherche mené permet d’avoir des informations sur des palourdes, où l'on peut voir un cerne de actuellement à l’Université de Rennes 1, sur les plus anciens amas coquillers croissance pour chaque marée et donc lire la vie d'une palourde sur une coquille présents sur le littoral atlantique français, et correspondant aux derniers qui a 8000 ans. chasseurs cueilleurs maritimes. Les résultats présentés sont issus du travail de Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 16
Exemple de la pêcherie de la Pauvrette : elle comporte des fascines et est très sophistiquée pour l’époque. Il en existe encore 2 ou 3 en usage. Les pêcheries sont indéniablement un signe de sédentarisation en milieu littoral car elles nécessitent un besoin d’entretien régulier. Évocation des travaux de Le Masson du Parc sur la pêche et la pêche à pied en Aquitaine au XVIIIème siècle (ouvrage de 1727) : dresse un inventaire des espèces et des outils des pêcheurs à pied. o Guy Prigent : « La civilisation des coquillages au paléolithique et au Néolithique sur les côtes Bretonnes » M. Prigent est revenu sur l’historique des traces d’activités de pêche dans la Préhistoire : Présentation du « Bâton de Montgardier » daté d’environ – 10 000 ans où un phoque, une anguille et des cétacés sont gravés. Ces indications marquent déjà 2. Echanges : une culture de la pêche. Évidences d’un « boom halieutique » au Mésolithique et Néolithique, mais les Actuellement, on ne se nourrit plus de pourpre, pourtant au sud de produits de la mer ne sont plus seulement une source de nourriture. Ils l’Espagne il s’en consomme encore. Au niveau des crabes, tous sont consommés prennent une place importante dans les sépultures et les ornements sauf le Xanthe. Alors êtes-vous sûr que ces espèces étaient consommées (coquillages polis, os de poissons etc.). autrefois ? Découverte de matériel de pêche embarquée durant la période de l’Holocène : hameçons notamment. Catherine Dupont (CNRS) : La monodonte aussi appelée « faux bigorneau » était Vestiges de pêcheries à l’Age du Fer en Bretagne nord (écluse, goret) et à l’Age très consommée auparavant (jusqu’au XVIIème siècle) et suite à des épisodes très de Bronze dans la Baie du Mont-Saint-Michel. froids, a disparu. Il est vrai qu’aujourd’hui elle n’est plus consommée, alors que Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 17
le goût n’est pas si désagréable. Plusieurs espèces ne sont plus consommées, l’impression que l’œil humain s’arrête à deux centimètres. Ce sont des juste pour une question de goût qui a évolué au fil du temps. observations régulières, même si le bigorneau et la monodonte sont des exceptions, lorsque les gibbules sont trouvées, ce sont des ramassages de On s’intéresse beaucoup à la répartition des espèces en lien avec le coquilles mortes et qui vont être utilisées dans des décors. réchauffement climatique et notamment pour certaines espèces (exemple du Xanthe) on observe un déplacement plus au nord. Est-ce qu’une comparaison a Toutes vos études concernent la Bretagne, mais avez-vous étudié des sites été faite entre des espèces présentes il y a 8000 ans sur les sites étudiés et la plus au sud ? réalité actuelle ? Catherine Dupont (CNRS) : non le laboratoire est basé en Bretagne. Plus au sud Catherine Dupont (CNRS) : il existe une base de données qui recense tous les il y a eu un travail sur l’ile d’Oléron. Encore plus au sud, on est bloqué par les amas coquilliers du Mésolithique (derniers chasseurs cueilleurs) pour la problèmes de dunes qui ne donnent plus accès à l’estran et au milieu côtier. Il y monodonte, du nord de la Norvège jusqu’au sud de l’Espagne, et on voit qu’au a quelques sites archéologiques en Méditerranée mais c’est encore une Mésolithique la monodonte est située un peu plus au nord ; ce qui aurait discipline qui n’a pas été trop développée sur cette façade. Il y a aussi des tendance à montrer un réchauffement et des températures plus chaudes à cette fouilles du côté de la Dune du Pyla, quelques sites antiques sont sortis l’année période-là. L’idée serait également de pouvoir conserver les coquillages récoltés dernière au niveau des fouilles. sur les sites de fouille, car ce sont des mines d’information pour la biodiversité passée. Un site Internet est en cours de réflexion afin de voir l’évolution de la Vous nous avez indiqué que vous arriviez à lire les lignes de croissance sur répartition des espèces en fonction du climat. les coquilles de palourdes ; est-ce que vous avez pu comparer avec la croissance des palourdes actuelles ? Au mésolithique, les huitres étaient vraisemblablement situées plus haut Catherine Dupont (CNRS) : c’est un gros travail, à l’échelle de plusieurs sur l’estran. A quel niveau d’estran les huîtres plates étaient-elles recherchées au disciplines. Pour l’instant, la comparaison effectuée montre qu’on a le même mésolithique ? nombre de stries de croissance. Les palourdes actuelles « marquent » les marées Catherine Dupont (CNRS) : il y a un travail également sur tous les parasites qui (donc deux croissances par jour), et sur les palourdes archéologiques c’est attaquent l’huître, en quantifiant tout ce qui est attaque de parasites et pour identique. Là où il y a une différence c’est sur le rythme de croissance : il y a eu l’instant il y a un seul site où la pêche d’huitres aurait été située en subtidale qui des analyses isotopiques de l’oxygène et du carbone, qui montrent des date de l’antiquité (IVème siècle après J.C) avec une consommation qui a été variations de température. Tout le modèle de présence de chasseurs cueilleurs réalisée à Paris et où il y a 98% des huitres qui sont attaquées par la Clione. Des est basé sur les climats actuels et une des questions qui se posent c’est : pêches en zone intertidale sont observées au moins jusqu’au Moyen-Age, même « avaient-ils vraiment le même climat ? ». Le travail est en cours mais nécessite jusqu’au XVIIème siècle, et elles n’ont pas d’indices montrant qu’elles auraient été beaucoup de temps et de financements. pêchées en zone subtidale. Donc oui les informations obtenues semblent montrer que les huîtres étaient situées plus haut sur l’estran. Vous avez indiqué dans votre présentation qu’il y avait un changement à un moment où l’on passait à une activité dite « commerciale » et j’aimerais Concernant les bigorneaux, les gibbules n’ont pas été signalées dans la savoir comment vous avez réussi à analyser cela ? Est-ce que c’est sur la taille présentation ? des coquillages ? Le volume des coquillages exploités ? Catherine Dupont (CNRS) : les gibbules ne sont pas consommées. Quand on regarde en diachronie, à chaque fois que l’on a une pêche à pied, on a Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 18
Catherine Dupont (CNRS) : c’est en effet sur les volumes. Pour l’exemple du pourpre, en Pays de La Loire, des fouilles ont été réalisées sur l’équivalent de 8 maisons et le sol était jonché de pourpres. Quand on analyse un peu plus, on voit qu’il n’y a pas de sélection de tailles ; tout ce qui peut être ramassé est pris. Les coquillages qui ne sont pas exploités ne sont pas remis à la mer. Ils meurent à terre dans les fossés. On connait des cas de décoquillages massifs d’huîtres, où la chair est enlevée pour la préparer. On observe également un ramassage de blocs d’huîtres (mortes, petites), où les grandes sont exploitées et les autres sont laissées sur le sol. On voit apparaître au XVIIIème siècle des textes mentionnant une disparition des stocks et où l’on demande aux pêcheurs de remettre ces coquillages dans l’eau. Ces observations n’ont été faites que sur l’huître et le pourpre car derrière il y a une donnée commerciale. Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 19
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Cette table-ronde visait à faire un état des lieux des connaissances des effets marées à des coefficients supérieurs à 90 (ceinture à Fucus serratus et algues connus de la pêche à pied de loisir sur les habitats et espèces du bord de mer. rouges). Il s’agit d’un habitat complexe, dynamique, abritant une grande biodiversité : jusqu’à 1300 individus/m2 hors faune encroûtante et coloniale et La table-ronde a bénéficié de la présentation de cinq personnalités : avec plus de 300 espèces sur un champ de blocs. Les communautés faunistiques et floristiques sont très différentes sur les faces supérieures (recouvertes Maud Bernard – Ingénieure de recherche, spécialiste des estrans rocheux, d’algues) et inférieures (recouvertes d’éponges, de bryozoaires, etc.) des blocs. Il Pauline Poisson – Coordinatrice du programme « Plages Vivantes » à la existe différents types de champs de blocs : blocs sur sable, blocs sur blocs ou station marine de Concarneau (MNHN), blocs sur roche. Lola De Cubber – ex-doctorante au Laboratoire d’Océanologie et de Géosciences de Wimereux, Ce milieu est particulièrement prisé par les pêcheurs de crabes et d’ormeaux. Richard Coz – Chargé de mission Life MarHa "cultures marines" à l’Agence L’évaluation de l’effet du retournement des blocs sur cet habitat s’effectue à Française pour la Biodiversité, l’aide de deux indicateurs de perturbation simples et diffusables : un indicateur Stanislas Dubois – Chercheur en écologie marine au laboratoire Ecologie visuel de retournement (IVR) et un indicateur de la qualité écologique du champ Benthique Côtière de l’Ifremer de Brest. de blocs (QECB). L’objectif étant de pouvoir évaluer la part du facteur « pêche à pied de loisir » dans l’action de retournement des blocs mobiles en comparaison de la part des facteurs environnementaux locaux (exposition à la houle, fréquence et durée d’émersion de l’habitat, taille et mobilité des blocs, nature de la roche...). Champ de blocs peu fréquenté, majoritairement couvert d’algues brunes. 1- Présentations des intervenants : o Maud Bernard : « Avis aux pêcheurs de crabes et d'ormeaux : pourquoi remettre une pierre retournée dans sa position initiale ? » Un champ de blocs est un habitat de bas d’estran qui découvre lors des grandes Champ de blocs très fréquenté, avec une importante couverture d’algues vertes. Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 25
Au cours du projet Life Pêche à pied 2013-2017, 19 stations de champs de blocs o Pauline Poisson : « Quels sont les effets de la pêche à pied sur les herbiers ont été suivies : des comptages réguliers pour l’étude de la fréquentation, des de zostères ? » suivis comportementaux 4 fois/an et des suivis écologiques 2 fois/an. La zostère est une phanérogame (plante à fleur) marine qui se développe sur Une autre approche expérimentale antérieure, a consisté à suivre une dizaine de des fonds meubles intertidaux et infralittoraux, formant des herbiers blocs retournés non remis en place sur un champ de blocs non pêché dans comparables aux prairies terrestres. Ces herbiers ont un rôle écologique l’archipel des Sept-Îles, en partenariat avec VivArmor Nature. Ce suivi s’est important : captation et fixation du sédiment, habitat riche en biodiversité, zone déroulé de septembre 2010 à septembre 2013 et a permis de suivre les de reproduction et de nurserie pour les mollusques et poissons, ressource séquences de successions écologiques : un an après avoir été retournée, une alimentaire pour certains oiseaux. Deux espèces sont majoritairement pierre est entièrement recouverte d’algues vertes sur sa face supérieure. Sur sa rencontrées sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique : la zostère marine face inférieure, la décomposition lente des algues brunes initialement en place Zostera marina et la zostère naine Zostera noltei. ne favorise pas la présence de crabes ou d’ormeaux sous la pierre. Il faut Les herbiers abritent quelques espèces ciblées par les pêcheurs à pied : compter 3 années après le retournement pour un retour à l’état initial des palourdes, coque, vernis, vers marins… communautés faunistiques et floristiques. Une étude réalisée par le laboratoire LIENSs de La Rochelle a permis de mesurer Par ailleurs, les suivis comportementaux réalisés sur l’îlot Saint-Michel à Erquy l’effet de la pêche à pied professionnelle à la palourde sur les herbiers de ont montré qu’un seul pêcheur à pied pouvait causer d’importants dégâts avec zostère naine (Sauriau et al., 2015 et 2016) en comparant différentes techniques jusqu’à 50% des pierres prospectées non remises en place. de collecte : le grattage à l’aide d’un râteau ou d’une griffe, la pêche au trou à la main ou à l’aide d’une cuillère et le piétinement induit. Les résultats de cette étude ont mis en évidence que les effets négatifs de la pêche des palourdes dépendent de la saison et de la densité de l’herbier. Plus l’herbier sera dense, plus sa croissance sera avancée dans la saison et plus l’impact de la pêche à pied sera visible. La technique la plus impactante est le grattage répété en été. Dans une moindre mesure, le piétinement répété. La fouille manuelle (pêche au trou), à elle seule, ne semble pas avoir d’impact significatif sur l’herbier. La conclusion de cette étude indique que c’est le nombre de pêcheurs à pied en période estivale qui est le facteur principal explicatif de l’état écologique des herbiers. Dans le cadre du Life « Pêche à pied de loisir », cinq herbiers à zostère naine et trois herbiers à zostère marine répartis sur le littoral de la Manche et de l’Atlantique ont fait l’objet de suivis écologiques couplés avec des comptages réguliers des pêcheurs à pied de loisir. A titre d’exemple, sur Oléron, deux stations proches d’herbier à zostère naine présentent une pression de pêche très contrastée illustrée par les photos ci-dessous. Colloque “Pêche à pied de loisir : pour une pratique durable et des estrans préservés” - 14 & 15 novembre 2019 - Erquy 26
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