Perspectives du marché de l'habitation et analyse des aires résidentielles
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Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles Rapport présenté par Pierre Bélanger économiste Expert-conseil en habitation et développement socio-urbain au Service d’urbanisme et du développement durable de la Ville de Gatineau 20 Mars 2009
Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles TABLE DES MATIÈRES 0. Nature du rapport et cadre spatial retenu........................................................................................ 1 1. Les tendances des dernières années ................................................................................................. 3 1.1 L’évolution démo-résidentielle récente .................................................................................... 3 1.2 Emploi et migration régionale ................................................................................................. 7 1.3 Structure urbaine et réseaux de transport.............................................................................. 10 1.4 Satisfaction résidentielle et migrants récents......................................................................... 12 2. Perspectives 2021 selon les tendances ........................................................................................... 15 2.1 La trajectoire démographique................................................................................................ 15 2.2 La nature des besoins à combler............................................................................................ 18 2.3 Inventaire foncier et demande résidentielle ........................................................................... 22 3. Analyse des aires résidentielles..................................................................................................... 25 3.1 Rivière du Lièvre .................................................................................................................... 25 3.2 Parc du Lac Beauchamp ........................................................................................................ 28 3.3 Les Promenades ..................................................................................................................... 31 3.4 Les Rapides ............................................................................................................................ 35 3.5 Le Centre-Ville ....................................................................................................................... 38 3.6 De la Montagne...................................................................................................................... 43 3.7 Parc de la Gatineau ............................................................................................................... 46 3.8 Porte de L’Ouest .................................................................................................................... 50 En guise de conclusion .......................................................................................................................... 54
AIRES RÉSIDENTIELLES ET SECTEURS DE MARCHÉ, VILLE DE GATINEAU Gatineau - Est Gatineau - Ouest Marché Porte de l’Ouest Rivière du Outaouais métropolitain Lièvre urbain Rivière du Lièvre Parc du Lac Beauchamp Les Promenades Des Rapides Centre-Ville De la Montagne Parc de la Gatineau Porte de l’Ouest - Vallée de la Lièvre - Rivière Blanche - La Cité - Des Rapides - Centre-Ville - Mont-Bleu - Du Parc - Lac Deschênes - Bassin de la Lièvre - Du Moulin - Rivière Gatineau - Lac des Fées - Hautes Plaines - Du Plateau - Des Explorateurs - Les Golfs Nota Bene : Les zones indiquées dans ce tableau font référence aux deux (2) pôles géographiques (en orange) de la Ville de Gatineau, aux quatre (4) secteurs de marché (en vert) qu’on y recense et aux huit (8) aires résidentielles (en jaune) dans lesquelles les seize (16) villages urbains gatinois se retrouvent. Source : Regroupement des villages urbains en « aires résidentielles » et « secteurs de marché », Pierre Bélanger économiste.
0. Nature du rapport et cadre spatial retenu Le présent rapport constitue un document pour fins d’analyse et de consultation potentielle sur les courants de développement socio-résidentiel et du marché gatinois de l’habitation à l’intérieur de l’ensemble de la région du Grand Gatineau - Ottawa. Il cherche à fournir un « portrait conjoncturel », mais aussi une « image d’avenir », sur diverses questions d’aménagement de la Ville de Gatineau, des « secteurs de marché » qui la composent et, dans la mesure du possible, des « villages urbains » reconnus au Plan stratégique 2009 – 2014 et au Plan d’urbanisme. Les territoires qui ont été considérés sont illustrés dans le tableau ci-contre, de même que sur la carte ci-après. De façon pratique, ce rapport cherche à faire le point sur quelques sujets précis, comme : la conjoncture démographique et des marchés en habitation locaux depuis le début de la décennie 2000 (2001 – 2008); les perspectives démographiques d’ici 2021 et leur impact autant sur l’offre que la demande résidentielle globale; le genre de ville que Gatineau désire être et la forme urbaine qu’elle pourrait avoir dans 5, 10 ou 15 ans. En parallèle, il constitue dans une certaine mesure une extension des recherches et analyses qui ont été réalisées dans le cadre de l’élaboration et de l’adoption en 2006 de la « politique gatinoise d’habitation ». Celle-ci énonçait certaines orientations, fixait des objectifs et proposait des programmes d’action dans les champs de la mise en valeur des « nouveaux ensembles résidentiels », du redéveloppement des « « premiers quartiers » et de l’amélioration des « conditions d’habitation » de l’ensemble des Gatinois. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 1 Ville de Gatineau, Québec
1. Les tendances des dernières années Dans la mesure où l’avenir prolonge le passé, il est instructif de souligner les grands traits de l’évolution récente de l’urbanisation dans la Ville de Gatineau et la région de la Capitale Nationale. La population, le logement, l’occupation du sol, le réseau routier, la viabilisation des terrains et la planification du territoire constituent, à ce titre, les grands paramètres qu’il convient d’examiner. 1.1 L’évolution démo-résidentielle récente Lors du dernier lustre quinquennal (2001 – 2006), la Région métropolitaine de recensement (RMR) de Gatineau a enregistré une croissance démographique importante et le rythme des mises en chantier qui y a eu cours depuis le début de la décennie 2000 (2001 – 2008) a été lui aussi majeur. La population totale a progressé de plus de 22 000 personnes et le taux de croissance gatinois (8,5%) a été le plus élevé des six (6) grandes régions urbaines du Québec. Entre janvier 2001 et décembre 2008, il s’est d’autre part érigé au-delà de 21 000 nouvelles unités résidentielles et le rythme annuel moyen (2 675 unités) de mises en chantier a même dépassé le seuil historique des 15 (1 700 unités), voire 25 (2 100 unités) dernières années. En fait, il faut remonter au début de la décennie '70 ou à la période des années 1984 – 1985 à 1993 – 1994 pour recenser une performance comparable à celle de la décennie 2000 pour le marché de l’habitation neuve. ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE 2001 – 2006 ET MISES EN CHANTIER 2001 - 2008 RÉGIONS MÉTROPOLITAINES DU QUÉBEC Région Population 2001 – 2006 Mises en Métropolitaine1 2006 2001 Hausse % chantier2 Montréal 3 635 371 3 426 350 209 221 6,1% 180 138 Québec 715 515 682 757 32 758 4,8% 40 374 Gatineau 281 650 259 610 22 040 8,5% 21 388 Sherbrooke 186 952 176 346 10 636 6,0% 10 712 Saguenay 151 643 154 938 - 3 295 - 2,1% 4 217 Trois-Rivières 141 259 137 507 4 022 2,9% 6 732 1 Selon la définition territoriale 2006 de Statistique Canada. 2 Pour la période 2001 à 2008. Source : Recensement 2006, Statistique Canada et Données de production, SCHL. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 3 Ville de Gatineau, Québec
TOTAL DES MISES EN CHANTIER, RÉGION DE LA CAPITALE NATIONALE, 2001 – 2008 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Ex-municipalités Aylmer 285 401 590 766 579 759 1 105 1 686 Hull 402 823 721 564 153 530 275 150 Gatineau 634 824 936 1 189 883 1 176 929 892 Buckingham 13 31 24 46 28 23 17 81 Masson-Angers 86 142 98 152 71 35 32 80 Ville de Gatineau1 1 420 2 221 2 369 2 717 1 714 2 523 2 358 2 889 Périphérie2 239 332 432 510 409 410 430 415 RMR Gatineau 1 659 2 553 2 801 3 227 2 123 2 933 2 788 3 304 Ville d’Ottawa3 5 747 7 375 5 973 6 879 4 700 5 627 6 218 6 679 RMR Ottawa4 6 251 7 796 6 381 7 238 4 982 5 775 6 506 6 998 Capitale nationale 7 910 10 349 9 182 10 465 7 105 8 708 9 294 10 302 1 Selon les limites actuelles de la Ville de Gatineau. 2 À savoir la MRC Les Collines, sauf la municipalité de Notre-Dame de la Salette. 3 Selon les limites actuelles de la Ville d’Ottawa. 4 La RMR d’Ottawa comprend la Ville d’Ottawa, ainsi que la municipalité de Clarence-Rockland et le Canton de Russel. Source : Données de production, SCHL.
À l’intérieur de la RMR Gatineau – Ottawa, deux facteurs particuliers gagnent de plus à être soulignés. D’une part, la partie québécoise de la région de la Capitale Nationale a capté depuis 2003 un ratio voisin ou supérieur à 30% du total des activités. Des pointes au 1/3 ont par surcroît pris place en 2006 et 2008. Les seuils récents sont également supérieurs au ratio historique moyen qui a plutôt oscillé autour de 25%. D’autre part, les municipalités de la périphérie gatinoise ont occupé, en moyenne, une proportion de 15% des activités du Grand Gatineau pour la période 2001 – 2008. Dans ledit secteur, le volume annuel de mises en chantier n’a toutefois pas tellement varié (± 400 unités par année) et a été associé à toutes fins pratiques qu’à des maisons unifamiliales. PARTS DE MARCHÉ 2001 – 2008 DE LA VILLE DE GATINEAU DANS LA PRODUCTION TOTALE DE LA RMR GATINEAU - OTTAWA RMR Gatineau / Périphérie / Capitale Nationale RMR Gatineau 2001 21,0% 14,4% 2002 24,7% 13,0% 2003 30,5% 15,4% 2004 30,8% 15,8% 2005 29,9% 19,3% 2006 33,7% 14,0% 2007 30,0% 15,4% 2008 32,1% 12,6% 2001 - 2008 29,2% 14,9% Source : Calculs et estimations de Pierre Bélanger économiste à partir des données de la SCHL. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 4 Ville de Gatineau, Québec
Des mutations notables ont aussi eu cours au niveau de la nature des produits mis en marché. Du côté des « appartements », ils ont globalement capté 35% de la production totale et les divers segments qui caractérisent ce marché ont tous connu une bonne performance. Pour 2005 – 2008, près de 1 100 unités de logements locatifs, 1 250 appartements pour personnes âgées et quelques 1 500 condominiums ont été mis en chantier. Sur le marché « unifamilial », les maisons urbaines (jumelée et en rangée) ont quant à elles accaparé une part croissante des activités. Lors des trois (3) dernières années (2006-2008), 2 unités unifamiliales sur 5 ont en pratique été de cette nature. RÉPARTITION DES MISES EN CHANTIER SELON LE MARCHÉ VISÉ, RMR DE GATINEAU, 2005 À 2008 2005 2006 2007 2008 2005 - 2008 Appartement Logement privé 146 308 370 259 1 083 (9,7%)* Personnes âgées 173 412 256 409 1 250 (11,2%) Condominiums 295 340 354 505 1 494 (13,4%) Coopératif 59 12 22 77 170 (1,5%) Total 695 1 122 1 002 1 250 4 069 (35,5%) Unifamilial Maison isolée 1 192 1 171 1 037 1 120 4 520 (40,5%) Maison jumelée 236 524 446 698 1 904 (17,1%) Maison en rangée -- 116 303 236 655 (5,9%) Total 1 428 1 811 1 786 2 054 7 079 (63,5%) Tous produits 2 123 2 933 2 788 3 304 11 148 (100%) * Répartition en pourcentage (%) de la production totale selon le segment de marché visé. Source : Données de production, SCHL. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 5 Ville de Gatineau, Québec
En ce qui concerne la distribution spatiale des nouvelles activités résidentielles , les secteurs de services localisés du « côté Ouest de la rivière Gatineau », à savoir ceux de Hull et d’Aylmer, ont vu leur poids relatif s’intensifier d’une manière plus ou moins déterminante. De façon particulière, les villages urbains localisés à la sortie du pont Champlain menant à Ottawa, soit Les Golfs, Du Parc et Du Plateau, ont occupé l’avant-scène gatinoise. Il en a été de même jusqu’à un certain point pour les villages de la « banlieue Ouest » c’est-à-dire Lac Deschênes et Des Explorateurs. Du côté Est de la rivière Gatineau, les villages urbains La Cité et Les Rapides ont été quant à eux dominants. VOLUME TOTAL DE MISES EN CHANTIER, VILLE DE GATINEAU, 2001 - 2008 2001-2004 2005-2008 2001-2008 2007-2008 Ville de Gatineau Total Ville 8 727 (100)* 9 448 (100) 5 111 (100) 18 175 (100) Est et Ouest1 Ouest Rivière 4 552 (52) 5 201 (55) 3 180 (62) 3 180 (62) Est Rivière 4 175 (48) 4 247 (45) 2 031 (38) 2 031 (38) Zones de marché Pont Champlain2 29% 25% 24% 24% Banlieue Ouest3 10% 19% 25% 25% Cité/Rapides4 24% 22% 19% 19% Banlieue Est5 17% 9% 9% 9% * Volume total de mises en chantier (Répartition en % par grand secteur géographique). 1 À savoir pour les secteurs de services de Hull et d’Aylmer (Ouest Rivière) ou ceux de Gatineau, Buckingham et Masson-Angers (Est Rivière). 2 Soit les villages urbains Les Golfs, Du Plateau et Du Parc. 3 Soit les villages urbains Des Explorateurs et Lac Deschênes. 4 Soit les villages urbains La Cité, Rivière Gatineau et Les Rapides. 5 Soit les villages urbains La Blanche, Vallée-de-la-Lièvre et Bassin-de-la-Lièvre. Source : Données de production, SCHL. Permis de bâtir par village urbain et / ou données du rôle d’évaluation, Ville de Gatineau. Calculs et estimations, Pierre Bélanger économiste. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 6 Ville de Gatineau, Québec
MIGRATIONS NETTES INTER-SECTEURS1, RMR GATINEAU - OTTAWA 2001-2 2002-3 2003-4 2004-5 2005-6 2006-7 2001 - 2007 Gatineau - Ottawa 520 1 073 1 189 856 234 141 4 013 Gatineau - Collines - 466 - 435 - 126 - 714 - 708 - 408 - 2 857 Gatineau - Autres MRC 29 - 38 - 110 - 26 - 65 109 - 101 Ottawa - Collines 1 119 - 120 - 286 - 252 - 159 -7 - 943 Ottawa - Autres MRC -7 - 71 - 50 - 31 - 43 45 - 157 1 Migration annuelle en termes du nombre de personnes. Source : Estimation de la migration par territoires, Statistique Canada; Direction de l’urbanisme, Service recherche et prévisions, Ville d’Ottawa.
1.2 Emploi et migration régionale La trajectoire récente des mises en chantier, avec ses « modifications spatiale et typologique », a été influencée par divers courants qui se sont conjugués ou sont entrés en conflit les uns avec les autres. Au plan démographique, les flux migratoires ont eu une influence très déterminante. D’une part, la migration nette1 totale qu’a connu la RMR Gatineau – Ottawa a été positive (moyenne annuelle de 7 200 personnes) lors de la période 2001 – 2006. Néanmoins, la région a continué à être reléguée à ce chapitre au dernier rang des six (6) plus grandes régions métropolitaines du Canada2. D’autre part, les transferts internes à la RMR Gatineau – Ottawa laissent apparaître que la Ville d’Ottawa a constitué un « bassin de clientèle » non négligeable pour la Ville de Gatineau et les MRC québécoises de l’Outaouais. Entre 2001 – 2002 et 2006 – 2007, soit en 6 ans, plus de 16 500 individus y ont migré et Gatineau a capté 80% dudit gain démographique. En contrepartie, la Ville de Gatineau a perdu lors de la même période quelques 10 500 personnes au profit d’Ottawa, près de 1 500 qui ont migré vers la MRC Les Collines et au-delà de 600 au détriment des autres MRC québécoises environnantes (Papineau, Vallée de la Gatineau et Pontiac)3. Globalement, pour la période 2001 – 2007, les deux villes-centres de la RMR Gatineau – Ottawa ont donc perdu sur le plan démographique et ce, au profit des municipalités périphériques. Pour les quatre (4) MRC (Municipalités régionales de compté) québécoises, le solde migratoire net s’est en pratique élevé à plus de 4 000 personnes ou à près de 700 individus sur une base annuelle. La période des années 2002 – 2005 fut particulièrement négative pour la Ville d’Ottawa face à celle de Gatineau et à la MRC Les Collines. Pour 2005 – 2007, les pertes démographiques d’Ottawa se sont cependant inscrites en baisse continue face aux secteurs de l’Outaouais québécois. Au fil des dernières années, on constate aussi que la Ville de Gatineau a enregistré un embellissement de sa situation migratoire face à ses banlieues, même si le solde net est demeuré négatif. 1 Migration totale de nature internationale, interprovinciale et intraprovinciale. 2 Groupe qui inclut Toronto, Vancouver, Montréal, Calgary et Edmonton, plus Gatineau – Ottawa. 3 Vis-à-vis les MRC québécoises qui l’entourent, la Ville de Gatineau a aussi constitué un lieu de destination pour quelques 15 000 personnes, ce qui laisse un déficit migratoire annuel d’environ 500 individus. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 7 Ville de Gatineau, Québec
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La situation migratoire récente laisse à penser que la clientèle résidentielle s’est déplacée en plus ou moins grand nombre d’une zone géographique à l’autre en fonction de la disponibilité et des coûts de l’habitation, neuve mais aussi existante, qui existe à un moment donné dans les divers territoires de la RMR Gatineau – Ottawa. Il va sans dire que la quantité de terrains aptes à accueillir de nouvelles maisons dans la banlieue plus ou moins éloignée de Gatineau, comme du côté d’Ottawa, a aussi joué un rôle non négligeable dans les mouvements de population intersecteurs et, par ricochet, sur l’ampleur des mises en chantier dans les deux villes-centre ou leur périphérie respective. Au niveau de l’emploi, quoique la rive ontarienne demeure la plus dominante (75% du total métropolitain) et largement influencée par le poids relatif du secteur tertiaire (incluant les gouvernements et la haute technologie), la partie québécoise a bien performée depuis le début de la décennie. De 2002 à 2007, la RMR Gatineau a connu une hausse de 26 000 emplois et ce seuil a représenté le 1/3 de la croissance métropolitaine du bassin global d’emploi1. Dans une perspective parallèle, il convient de souligner que la forte croissance démographique dans le Grand Gatineau et la tertiairisation sans cesse accrue de l’économie régionale ont historiquement agi comme de puissants agents catalyseurs du processus d’urbanisation dans la RMR Gatineau – Ottawa. À ce titre, l’arrivée récente et celle escomptée de nouvelles installations du gouvernement fédéral à Gatineau ne peut certes être sous-estimée. ÉVOLUTION DE L’EMPLOI (PAR MILLIERS) DE 2002 À 2007 PAR GRANDS TERRITOIRES DE LA RMR GATINEAU - OTTAWA 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2002-2007 Gatineau - Ottawa 576,0 606,6 609,1 618,5 643,3 651,5 75,5 RMR Gatineau 137,1 145,1 147,6 154,2 160,2 162,8 25,7 RMR Ottawa 438,9 461,5 461,5 464,3 383,1 488,7 49,8 Source : Enquête sur la population active, Statistique Canada; calculs de Pierre Bélanger économiste. 1 Comparativement à un poids démographique voisin de seulement 25%. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 9 Ville de Gatineau, Québec
1.3 Structure urbaine et réseaux de transport La forme du réseau routier qui existe dans la RMR Gatineau – Ottawa a eu et continuera à avoir une incidence non négligeable sur l’urbanisation de la Ville de Gatineau. Au niveau du réseau supérieur, les liens autoroutiers d’Ottawa avec Montréal et Toronto dépassent de beaucoup celui reliant Gatineau à Montréal. Le prolongement récent de la 50 jusqu’à Thurso et le raccordement ultime avec Lachute – Mirabel atténuera certes l’écart à court ou moyen terme. Les discussions qui refont surface à intervalles réguliers pour la construction d’un nouveau pont entre les deux (2) rives, particulièrement dans la partie Est de la métropole outaouaise, s’inscrit dans la même ligne de pensée. L’autoroute 5 qui, vers le Nord, pénètre dans la MRC Les Collines constitue une autre voirie de niveau supérieur qui a eu et continuera à influencer la forme urbaine du Grand Gatineau. Les grandes artères urbaines qui prennent place à Ottawa comme à Gatineau, tout comme la desserte par le transport en commun, influencent aussi l’image urbaine sur les deux rives. Le réseau en place à Ottawa et les améliorations qui viennent d’être annoncées pour le transport collectif démontrent que la qualité de « l’accessibilité » aux divers points d’intérêt (empois, culture – loisirs, commerces – services) ont un impact non négligeable sur la forme urbaine et la densité résidentielle. Le projet de Rapi-bus qui devrait être mis en place à compter de 2011 – 2012 constitue certes un atout positif pour Gatineau, particulièrement si « l’interface » avec le Centre-Ville d’Ottawa est amélioré, voire adéquatement établi. Néanmoins, le réseau de la STO demeure globalement limité et fragmentaire en regard du caractère tentaculaire de celui en place sur la rive ontarienne. Le concept de « village urbain » intégré dans le récent plan d’urbanisme de la Ville de Gatineau est un autre élément de nature à contribuer à modifier l’image des milieux de vie en place sur le territoire municipal. La consolidation des noyaux urbains déjà existants, la création de « centres de village » dans des nouveaux espaces résidentiels comme ceux Du Plateau, Les Golfs ou Les Rapides, de même que le redéveloppement des « premiers quartiers », sont tous des exemples d’interventions porteuses d’un changement du visage urbain actuel. De façon singulière, le projet de Programme particulier d’urbanisme (PPU) proposé en juin 2008 pour le centre-ville de Gatineau et qui vise à redonner audit territoire un poids démographique (ajout de 6 000 personnes d’ici 2025) et résidentiel (construction de 4 000 logements sur 20 ans) constitue une intervention structurante et majeure, si elle est menée à bien. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 10 Ville de Gatineau, Québec
En pratique, quoique l’urbanisation de la partie centrale de la Ville de Gatineau offre des potentiels intéressants de redéveloppement, voire même de développement dans certains cas, la mise en valeur de territoires plus périphériques de la municipalité a fait l’objet de pressions élevées lors des dernières années. D’une part, quoique la fusion du début des années 2000 a contribué à donner un caractère « régional » à la planification municipale, le boom immobilier récent a contribué à favoriser un « étalement interne » des activités neuves de construction résidentielle. D’autre part, les modifications que la Ville a introduites sur la « façon de faire » et les coûts de mise en valeur des nouveaux espaces résidentiels ont certes aussi contribué, d’une façon non marginale, à augmenter les demandes d’ouverture de rues, voire de nouveaux quartiers un peu partout dans la municipalité. Par conséquent, le territoire urbanisé de la Ville de Gatineau n’a cessé de s’agrandir et les forces qui se sont exercées pour mettre en valeur les aires de « planification différée » et / ou les « zones sensibles » au plan de l’environnement se sont accentuées. L’urbanisation historique des anciennes municipalités qui composent le Gatineau d’aujourd’hui et la concurrence souvent féroce qui a eu cours entre elles par le passé se sont donc en partie poursuivies ces dernières années. Le caractère « linéaire » de la Ville de Gatineau, entre les limites Est et Ouest, se doit cependant d’être souligné ici comme un des éléments additionnels qui contribuent à favoriser l’extension du périmètre urbanisé. Dans le futur, les perspectives démographiques à moyen (2008 – 2016) et plus long terme (2008 – 2021) laissent aussi entrevoir un certain « étalement » des logements et de la population sur le territoire gatinois. Dans une perspective parallèle, il convient d’ajouter que le genre d’urbanisation qui a caractérisé la « nouvelle ville » de Gatineau a créé au fil du temps un ensemble de « milieux de vie » plus ou moins distincts les uns des autres. Les attributs du parc résidentiel qui a historiquement trouvé racines dans chaque « quartier » et le profil des ménages qui y résident, de même que la nature et la répartition des grands équipements et services communautaires accessibles ça et là sur le territoire (commerces, espaces verts, institutions d’enseignement, centres hospitaliers…), influencent certes la « qualité de vie » relative qui est accessible aux Gatinois selon leur lieu de résidence. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 11 Ville de Gatineau, Québec
1.4 Satisfaction résidentielle et migrants récents À partir d’un sondage téléphonique récent1 réalisé auprès d’un peu plus de 1 100 personnes qui demeuraient dans les divers secteurs de la Ville de Gatineau, il ressort que la satisfaction résidentielle des Gatinois était généralement élevée. En pratique, près de 60% des Gatinois semblent « très satisfaits » de leur situation résidentielle courante et un tiers additionnel la considèrent « assez satisfaisante ». Il semble de plus que la durée de résidence n’influence pas en profondeur la satisfaction « globale » des Gatinois, les migrants récents (5 ans ou moins) enregistrant un seuil semblable à celui des résidants plus anciens. Il en va de même pour les anciens propriétaires vis-à-vis les anciens locataires et ce, quelque soit leur provenance géographique antérieure. Géographiquement, les résidants de la « partie Ouest » (au-delà du parc de la Gatineau) apparaissent plus satisfaits que ceux habitant la « partie Est », à savoir les villages urbains La Blanche et de la Rivière-du-Lièvre (Bassin et Vallée-de-la-Lièvre). Le secteur « Gatineau Centre » se retrouve au 2ième rang des territoires les plus appréciés par la population alors que ceux du « Lac Beauchamp » et de « Hull Centre » ferment la marche. Ce dernier secteur2 est de plus celui qui enregistre le ratio (5%) le plus élevé de personnes ayant indiqué « pas du tout satisfait ». NIVEAU DE SATISFACTION DES GATINOIS FACE À LEUR LIEU DE RÉSIDENCE Niveau de satisfaction Nombre de Très Assez Peu Pas du tout répondants Partie Est 58,5% 29,7% 10,2% 1,7% 118 Lac Beauchamp 52,0% 32,8% 8,5% 1,6% 246 Gatineau Centre 60,3% 31,3% 6,5% 1,9% 114 Hull Centre 54,9% 33,7% 6,8% 4,5% 264 Partie Ouest 66,7% 29,6% 2,6% 1,1% 270 Ville Gatineau 58,5% 32,7% 6,5% 2,2% 1 112 Migrants récents 53,5% 34,7% 8,2% 3,6% 476 Propriétaires 58,7% 33,5% 6,4% 1,4% 620 Source : Enquête téléphonique, Géocom Recherche inc., Avril 2007. 1 Ledit sondage a été effectué par la firme Géocom Recherche au printemps 2007. 2 Qui englobe les villages urbains Centre-Ville, Lac-des-Fées, Mont-Bleu et Hautes-Plaines. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 12 Ville de Gatineau, Québec
PROFIL SOCIO-RÉSIDENTIEL SELON LE STATUT ET LA PÉRIODE DE MIGRATION, GATINEAU Propriétaires1 Locataires1 1 à 5 ans Plus de 5 ans 1 à 5 ans Plus de 5 ans Nombre de répondants 220 400 286 280 Classes d’âge 18 – 24 ans 2,7% 0,5% 9,6% 8,9% 25 – 34 ans 20,0% 2,8% 43,3% 13,4% 35 – 44 ans 30,1% 16,8% 24,0% 24,3% 45 – 54 ans 22,3% 30,7% 12,4% 22,8% 55 – 64 ans 11,0% 26,4% 6,4% 19,2% 65 ans et plus 13,7% 22,9% 4,3% 13,4% Taille ménage 1 personne 17,0% 20,3% 24,1% 20,4% 2 personnes 36,7% 47,9% 35,3% 32,2% 3 personnes 27,7% 21,2% 19,9% 20,4% 4 personnes 21,8% 22,4% 14,3% 21,1% 5 personnes 9,6% 7,0% 4,5% 5,4% 65 ans et plus 4,3% 1,5% 1,7% 0,4% Revenu ménage Moins de 20 000$ 4,7% 5,5% 20,4% 15,6% 20 000$ - 30 000$ 4,1% 4,8% 7,8% 8,3% 30 000$ - 40 000$ 12,2% 8,7% 11,5% 14,2% 40 000$ - 60 000$ 18,6% 24,1% 24,7% 19,7% 60 000$ - 80 000$ 18,0% 16,7% 13,2% 11,9% Plus de 80 000$ 42,4% 40,1% 20,4% 30,3% Ancien statut Propriétaire 92,7% 95,8% -- -- Condominium 7,3% 4,2% -- -- Locataire -- -- 91,9% 92,5% Chez parents -- -- 8,1% 7,5% 1 Ancien statut des répondants et ce, selon leur durée de vie à l’adresse où ils habitent actuellement. Source : Enquête téléphonique, Géocom Recherche inc., Avril 2007
La conjugaison des tendances démo-urbaines ci-avant gagne finalement à être mise en perspective vis-à-vis le profil socio-résidentiel des ménages qui habitent Gatineau aujourd’hui. Sur ce plan, on constate en premier lieu que les ménages qui résident depuis plus de 5 ans dans la municipalité possèdent des attributs différents des migrants récents (1 à 5 ans). Les jeunes de 25 – 44 ans, les familles de 3 personnes ou plus et les ménages ayant des revenus supérieurs sont entre autres davantage présents chez les « nouveaux » résidants que les « vieux ». Selon qu’ils étaient auparavant propriétaires ou locataires, certaines variances existent toutefois et ce, tout particulièrement quant à l’âge et aux revenus des personnes qui composent les ménages. En regard des migrants récents, selon le lieu où ils ont décidé de vivre lors des 5 dernières années1, des écarts socio-économiques existent également. Pour ceux qui ont « emménagé » dans le secteur « Hull Centre » ils étaient majoritairement d’anciens locataires (3 cas sur 4) alors que, dans les autres secteurs, les anciens propriétaires captaient la moitié des migrants récents. En termes d’âge, de taille des ménages et de la richesse de ces derniers, il convient d’indiquer que pour : Hull Centre les 25 – 34 ans comptent pour 40% et les petits ménages (1 ou 2 personnes) pour 65%; plus de 25% ont un revenu inférieur à 20 000$ et seulement 15% au-delà de 80 000$. Gatineau Centre les 35 – 44 ans dominent avec 35% des cas et le 1/3 des ménages ont 4 – 5 personnes; plus du 1/3 gagnent 60 000$ ou plus et un 40% additionnel de 30 000$ à 60 000$; Partie Est 3 ménages sur 4 ont accès à un revenu de 40 000$ ou plus; le 1/3 des ménages ont 4 personnes ou plus et se situent chez les 25 – 34 ans; Partie Ouest les 2/3 des ménages ont entre 25 et 44 ans et près de 75% ont de 2 à 4 personnes; les ménages de 80 000$ ou plus y sont plus dominants qu’ailleurs (à 40% p/r 30%). 1 En date du printemps 2007. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 13 Ville de Gatineau, Québec
PROFIL SOCIO-RÉSIDENTIEL DES MIGRANTS RÉCENTS Partie Gatineau Hull Partie Est1 Total Centre2 Centre3 Ouest4 Ancien statut Propriétaires 49,6% 48,1% 44,8% 22,9% 48,8% Locataires 50,4% 51,9% 55,2% 77,1% 51,2% Classes d’âge 18 – 24 ans 5,8% 5,9% 6,8% 9,8% 2,4% 25 – 34 ans 35,5% 29,6% 22,7% 39,8% 35,7% 35 - 44 ans 18,8% 31,2% 35,2% 19,5% 31,7% 45 – 54 ans 17,4% 16,1% 13,6% 11,4% 21,4% 55 – 64 ans 10,1% 10,2% 11,4% 9,8% 3,2% 65 ans et plus 5,1% 7,0% 10,2% 9,8% 5,6% Taille ménage 1 personne 10,1% 15,5% 22,4% 34,4% 17,5% 2 personnes 34,8% 28,9% 29,2% 32,0% 31,7% 3 personnes 23,2% 21,9% 18,0% 22,1% 23,0% 4 personnes 21,0% 23,0% 21,3% 7,4% 16,7% 5 personnes 7,3% 9,1% 9,0% 2,5% 6,3% 6 personnes et plus 3,6% 1,6% -- 1,6% 4,8% Revenu du ménage Moins de 20 000$ 9,6% 12,9% 18,3% 27,3% 6,6% 20 000$ - 30 000$ 5,3% 4,8% 7,0% 13,1% 2,8% 30 000$ - 40 000$ 9,6% 15,0% 19,7% 12,1% 8,5% 40 000$ - 60 000$ 26,3% 18,4% 18,3% 22,2% 19,8% 60 000$ - 80 000$ 20,1% 15,6% 8,5% 10,1% 20,8% Plus de 80 000$ 28,9% 33,3% 28,2% 15,2% 41,5% Total répondants5 138 187 89 123 126 1 Inclut Buckingham, Masson-Angers et le secteur La Blanche de Gatineau. 2 Excluant le secteur La Blanche de l’ex-ville de Gatineau. 3 Excluant la partie de l’ex-ville de Hull sise à l’Ouest de Lac des Fées / Cité des Jeunes. 4 Incluant les secteurs du Plateau et Des Trembles, soit le code postal J6A. 5 Le nombre total varie en pratique d’une variable à l’autre. Le chiffre indiqué fait référence au maximum recensé dans chaque territoire considéré. Source : Enquête téléphonique, Géocom Recherche inc., Avril 2007.
Sur le plan de la mobilité résidentielle globale des cinq (5) dernières années, une série d’éléments particuliers gagnent à être soulignés. D’abord, il semble que la mobilité « interne » à la Ville de Gatineau compte pour 3 migrants sur 5 et que la partie sise à l’Est de la rivière enregistre un taux de rétention un peu supérieur (65% contre 58%) à celui pour la partie Ouest de la rivière Gatineau. En second lieu, la partie ontarienne de la RMR Gatineau – Ottawa aurait compté pour 1 migrant total sur 12, mais pour 1 sur 8 dans le cas du pôle géographique sis du côté Ouest de la Rivière. Le Grand Montréal avec près de 10% des lieux de provenance, les MRC environnantes (Les Collines, Vallée de la Gatineau et Papineau) avec 6,3% et le reste du Québec (Abitibi et autres régions) avec 8,7% occupent également une place non négligeable. Finalement, les personnes qui habitaient ailleurs au Canada ou dans un autre pays représentaient 13,5% des lieux de provenance de ceux ayant décidé d’habiter dans la partie Ouest de Gatineau et 8,7% chez les anciens propriétaires. MOBILITÉ RÉSIDENTIELLE RÉCENTE, VILLE DE GATINEAU Lieux de Total Rivière Gatineau Ancien statut provenance répondants Est Ouest Possédé Loué Ville de Gatineau Secteur Est1 4,5% 9,8% 0,4% 6,4% 2,8% Gatineau 26,0% 41,8% 11,0% 26,1% 25,9% Hull 23,3% 11,6% 34,1% 21,6% 24,1% Aylmer 6,6% 1,8% 11,8% 8,7% 5,3% Total 60,3% 64,9% 57,3% 62,8% 58,2% Autres zones RMR Ottawa 2,1% 3,1% 12,2% 6,0% 9,6% Outaouais Autres2 6,3% 7,6% 5,7% 6,4% 6,4% Grand Montréal 9,3% 8,4% 10,2% 8,3% 9,9% Autres Québec3 8,7% 9,8% 6,1% 7,8% 9,9% Autres Canada4 5,0% 4,4% 5,7% 7,3% 3,2% Autres pays 2,3% 1,8% 7,8% 1,4% 2,8% Total répondants5 516 225 246 218 282 1 Comprend les secteurs Buckingham et Masson-Angers. 2 Inclut les MRC Papineau, Les Collines et Vallée de la Gatineau. 3 Inclut l’Abitibi et les autres régions administratives du Québec. 4 Inclut le reste de l’Ontario et les autres provinces canadiennes. 5 Nombre de répondants ayant indiqué leur ancien lieu de résidence. Source : Enquête téléphonique, Géocom Recherche inc., Avril 2007. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 14 Ville de Gatineau, Québec
2. Perspectives 2021 selon les tendances Lors des 3 – 5 prochaines années, voire d’ici 2021, la trajectoire résidentielle que peut emprunter la Ville de Gatineau est multiple. Certains courants ont et auront tendance à favoriser la poursuite des tendances historiques alors que d’autres composantes sont susceptibles d’infléchir les comportements du passé, voire même d’hier. Les politiques que la Ville de Gatineau, mais aussi celles des autres paliers de gouvernement, mettront en place, de même que la conjoncture économique générale1 qui prévaudra à court, moyen et plus long terme, constituent d’autres variables importantes. Dans la RMR Gatineau – Ottawa, la situation que les rives ontarienne et québécoise de l’Outaouais urbain vivront représente un autre facteur déterminant, voire singulier à la région face aux autres grandes zones métropolitaines du Québec ou du Canada. 2.1 La trajectoire démographique La croissance de la population escomptée d’ici 2021 fait appel à l’adoption de certaines hypothèses sur les principaux enjeux démographiques2 qui ont historiquement et continueront à toucher le Grand Gatineau. La migration annuelle nette s’inscrit au cœur des projections qui peuvent être avancées et est influencée par les composantes internationale, intraprovinciale et interprovinciale. Sur les deux (2) premiers éléments, la Ville de Gatineau a habituellement connu un solde positif alors que les mouvements Québec – Ontario ont plutôt été de nature cycliques. Les prix relatifs de l’habitation à Ottawa et Gatineau, la création d’emploi et sa répartition (spatiale, gouvernement fédéral ou autres secteurs…), la séparation potentielle du Québec de l’ensemble canadien, de même que les politiques provinciales en vigueur (impôts sur le revenu, aide aux familles…), ont chacun à leur manière façonner les mouvements transoutaouais de population. La moyenne recensée lors des 15 dernières années pour la migration nette représente un scénario qui apparaît toutefois raisonnable dans le contexte actuel et c’est ce scénario, soit 1 600 personnes par année, qui a été retenu par les « prévisionnistes » des villes d’Ottawa et de Gatineau. 1 La situation de l’emploi et du chômage, la santé financière des ménages et des gouvernements, etc… 2 En regard de la fécondité (naissances), de la mortalité, des migrations de diverses natures, etc… Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 15 Ville de Gatineau, Québec
PERSPECTIVES DÉMOGRAPHIQUES DE LA POPULATION DES MÉNAGES, VILLE DE GATINEAU, 2006 À 2021 2006 2008 2011 2016 2021 Population Ménages Population Ménages Population Ménages Population Ménages Population Ménages Classes d’âge 0-14 ans 43 668 0 41 882 0 40 409 0 40 869 0 42 698 0 15-19 ans 16 866 489 18 011 531 17 722 532 15 076 467 14 493 449 20-24 ans 17 244 4 139 17 532 4 243 18 687 4 560 19 541 4 827 16 902 4 226 25-29 ans 18 861 8 582 19 542 8 931 20 081 9 217 21 523 9 944 22 375 10 382 30-34 ans 18 351 9 561 19 339 10 114 21 057 11 055 22 278 11 718 23 721 12 501 35-39 ans 18 642 10 272 18 522 10 252 19 378 10 716 22 084 12 235 23 305 12 911 40-44 ans 22 373 12 775 21 011 11 446 19 123 10 957 19 864 11 422 22 568 12 977 45-49 ans 22 468 13 234 22 764 13 442 21 960 13 000 18 751 11 157 19 501 11 642 50-54 ans 19 070 11 385 20 182 12 089 21 528 12 938 21 043 12 710 17 892 10 860 55-59 ans 15 491 9 419 16 341 9 976 18 145 11 123 20 583 12 679 20 131 12 461 60-64 ans 11 132 6 835 12 557 7 749 14 465 8 968 17 064 10 665 19 460 12 221 65-69 ans 7 906 5 068 8 610 5 545 10 050 6 502 13 227 8 624 15 733 10 305 70-74 ans 6 453 4 182 6 533 4 260 6 997 4 590 8 973 5 931 11 916 7 912 75 ans + 10 849 6 632 11 737 7 320 12 765 8 119 14 472 9 407 17 328 11 436 Total 249 374 102 570 254 563 105 897 262 637 112 278 275 348 121 785 288 023 130 284 Source : Prévisions démographiques, Service urbanisme, Ville de Gatineau et estimations du nombre de ménages, Pierre Bélanger économiste.
Le second paramètre démographique structurant pour les années à venir concerne le vieillissement de la population comme dans les autres régions du Québec. Celui que la Ville de Gatineau devrait connaître sera graduel. Toutefois, il est appelé à êtres un peu moins prononcé qu’ailleurs, à cause de l’arrivée continue de jeunes ménages attirés dans la région par les emplois dans la fonction publique fédérale, mais aussi ceux du secteur tertiaire1. Les familles de 20 – 34 ans et les jeunes enfants (0 – 9 ans) pourraient, en pratique, voir leur nombre demeurer plus ou moins stable tout au long de la période 2006 – 2021. Le tableau ci-contre trace le portrait démographique qui pourrait prendre place à court (2011), moyen (2016) et plus long (2021) terme pour la Ville de Gatineau. Lorsqu’on jumelle ces projections avec l’évolution des « taux de soutien » de ménages2, on obtient une estimation du nombre de ménages que la Ville de Gatineau devrait compter dans 3, 8 ou 13 ans (à partir de la fin de 2008). Pour les trois (3) périodes de référence, des hausses de 6 350 ménages pour 2008 – 2011, 16 000 pour 2008 – 2016 et un peu moins de 25 000 pour 2008 – 2021 sont prévus. Sur une base annuelle, le rythme de croissance serait donc appelé à s’estomper graduellement d’une période à l’autre, soit de 2 100 à 2 000 et 1 900 ménages. CROISSANCE ESCOMPTÉE DES MÉNAGES PAR PÉRIODE ET CLASSES D’ÂGE, VILLE DE GATINEAU, 2008 - 2021 Classes d’âge 2008 – 2011 2011 – 2016 2016 - 2021 Moins de 20 ans -- 0 -- - 75 (-15)* -25 (-5)* 20 – 29 ans 600 (200)* 1 000 (200) - 165 (-35) 30 – 39 ans 1 405 (470) 2 180 (435) 1 450 (290) 40 – 49 ans - 930 (- 310) - 1 375 (- 275) 2 050 (410) 50 – 59 ans 2 000 (665) 1 325 (265) - 2 075 (- 415) 60 – 69 ans 2 175 (725) 3 825 (765) 3 235 (645) 70 ans et plus 1 125 (375) 2 625 (525) 4 000 (800) Total 6 375 (2 125) 9 500 (1 900) 8 475 (1 700) * Croissance absolue pour la période de référence (croissance sur une base annuelle). Source : Projections et estimations, Pierre Bélanger économiste. 1 Le renouvellement massif et la venue de plusieurs milliers d’emplois chez les fonctionnaires au niveau fédéral, la stabilité des secteurs tertiaire et des services (finances, commerces…) dans un milieu nature gouvernemental, de même qu’un dynamisme économique accru sur la rive québécoise de la RMR Gatineau – Ottawa, sont des exemples concrets à souligner. 2 À savoir le nombre de ménages par 1 000 personnes dans chaque classe d’âge quinquennale et ce, selon les prévisions de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 16 Ville de Gatineau, Québec
IMPORTANCE DES MÉNAGES DE 50 ANS ET PLUS DANS LA CROISSANCE GLOBALE DES MÉNAGES D’ICI 2021, VILLE DE GATINEAU1 2008 – 2011 2011 – 2016 2016 – 2021 50 – 59 ans 665 265 - 415 60 – 69 ans 725 765 645 70 ans ou plus 375 525 800 Totale 2 125 1 900 1 700 50 ans et plus 83% 82% 61% 60 ans et plus 52% 68% 85% 70 ans et plus 18% 28% 47% 1 Sur une base de moyenne annuelle pour chaque période. Source : Projections et estimations, Pierre Bélanger économiste.
Le ralentissement progressif du volume annuel global de croissance d’ici 2021 est principalement associé à des modifications dans la composition des ménages par classes d’âge. Les jeunes ménages de 20 – 39 ans devraient, après une période de relative stabilité d’ici 2016, s’inscrire en baisse lors des années 2016 – 2021. Le même mouvement baissier est anticipé pour les ménages de 50 – 59 ans alors qu’une situation inverse devrait se produire chez les 40 – 49 ans. Pour les ménages de 60 – 69 ans et ceux de 70 ans ou plus, les hausses annuelles sont quant à elles toujours positives d’une période à l’autre et par surcroît les plus importantes de toutes les classes d’âge. En conséquence, la variation annuelle anticipée des ménages pour la Ville de Gatineau d’ici 2021 permet d’entrevoir une réduction graduelle des besoins de construire de nouveaux logements. À court terme, les besoins sont estimés à 2 100 logements par année, mais l’incertitude économique qui prévaut à l’échelle mondiale par les temps qui courent est de nature à réduire plus ou moins fortement cette demande potentielle. Historiquement, une telle conjoncture a déjà été vécue et s’est soldée, en pratique, par un report de la croissance des ménages à une date ultérieure, lorsque l’économie se portait mieux. Facteur à souligner, 30% de la variation globale du nombre de ménages gatinois lors de la période 2008 – 2011 est associée aux 40 ans et moins. Dans le cas des 60 ans ou plus, la moitié de la croissance annuelle à court terme leur est directement reliée et ce groupe là n’est point lui aussi à l’abri de toute récession (c’est-à-dire chute dans la valeur de leurs actifs financiers). À partir de 2011, mais encore plus au milieu de la prochaine décennie, les impacts du vieillissement de la génération des baby-boomers se feront sentir avec une acuité croissante. La façon la plus simple de traduire cette réalité qui est en large partie inéluctable consiste à dire que le poids occupé par les ménages de 60 ans ou plus dans la croissance globale passera vraisemblablement de 50% (2008 – 2011) à près de 70% (2011 – 2016) et 85% (2016 – 2021). À l’intérieur de seulement 10 – 15 ans, le marché gatinois de l’habitation, comme celui des autres municipalités à caractère régional du Québec, devrait donc être envahi par les « seniors ». À la fin de la période de référence, soit au début des années 2020, c’est même près de la moitié de la croissance des ménages qui pourrait être associée aux 70 ans ou plus et cette situation est anticipée en fait jusqu’en 2031. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 17 Ville de Gatineau, Québec
2.2 La nature des besoins à combler Les projections des ménages ci-avant permettent de voir que la demande résidentielle pourrait connaître des transformations plus ou moins déterminantes au plan spatial et typologique. Par exemple, il est reconnu dans le domaine des résidences pour personnes âgées que la proximité des équipements du domaine de la santé (Hôpital, CLSC, cliniques médicales…) et des services de base à la population (petit centre commercial, marchés d’alimentation – dépanneurs…) influencent les choix de la localisation pour plusieurs segments de clientèle. Il en va de même pour la « qualité de vie » des milieux résidentiels déjà existants sis aux alentours (ou non) de leur lieu de résidence actuel. Les concentrations courantes de logements pour les 65, voire 75 ans ou plus et les ajouts au parc de ressources en hébergement depuis le début des années 2000 démontrent assez clairement le poids que ces facteurs ont eu / jouent dans la satisfaction des besoins. À l’autre extrémité de la pyramide des âges, les jeunes ménages (moins de 30 ans) recherchent des localisations souvent différentes, voire singulières. Le centre-ville est souvent pour eux un choix privilégié de localisation car il permet de combiner souvent un coût du logement « acceptable » et un appartement « convenable », le tout à proximité de plusieurs lieux d’éducation, de loisirs et de divertissements. À ce titre, il appert que ces dernières années l’Île de Hull a été / est devenue de plus en plus attrayante pour plusieurs jeunes ménages gatinois, qui vivaient ou auraient opté pour Ottawa et les nouveaux arrivants dans l’Outaouais. Le vieillissement progressif de la population et des ménages qui est prévu d’ici 2016 et 2021 fait pour sa part en sorte que les formules d’habitation à caractère multifamilial seront naturellement en hausse. En fait, plus la population vieillit, plus les structures de taille moyenne ou celles bénéficiant d’une mobilité verticale (c’est-à-dire ascenseur) trouvent un écho favorable chez cette clientèle. Sur le marché de la maison unifamiliale, les formules plus denses (jumelée et en rangée1) quant à elles répondent en partie aux besoins des 55 ans ou plus, mais aussi aux contraintes d’accessibilité financière pour les jeunes ménages que la hausse générale des prix a généré dans son sillage. 1 Incluant la maison contiguë en condominium dans un projet intégré. Perspectives du marché de l’habitation et analyse des aires résidentielles, Page 18 Ville de Gatineau, Québec
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