ETUDE SUR LE CREDIT AGRICOLE - ET FINANCEMENT DES EXPLOITATIONS FAMILIALES - Rapport provisoire
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01 BP 2978 Ouagadougou 01 Tel/Fax. +226 50 30 18 44 Email : cpf@fasonet.bf ETUDE SUR LE CREDIT AGRICOLE ET FINANCEMENT DES EXPLOITATIONS FAMILIALES Rapport provisoire Octobre 2010
ETUDE SUR LE CREDIT AGRICOLE ET FINANCEMENT DES EXPLOITATIONS FAMILIALES Par Dr Gountiéni D. LANKOANDE & Mahamadou Diarra
Dans ce rapport, les termes utilisés et l’analyse des données qui y figurent n’impliquent aucune prise de position de la Confédération Paysanne du Faso (CPF). La mention des Institutions, les produits et offres diverses n’impliquent aucune approbation ni engagement de la part de la CPF. Dans ce texte, les analyses faites, les opinions émises sont celles des auteur(s) et ne représentent pas nécessairement celles de la CPF et de ses Partenaires techniques et Financiers (CPF). Tous droits réservés. Les données et informations contenues dans ce rapport ne peuvent être reproduites à des fins commerciales sans autorisation préalable du détenteur des droits d’auteur et à condition que la source des informations soit clairement indiquée. © CPF novembre 2010 i
TABLES DES MATIERES LISTE DES TABLEAUX .......................................................................................................................... i AVANT-PROPOS .................................................................................................................................. 1 REMERCIEMENTS ................................................................................................................................ 2 SIGLES ET ABREVIATIONS ................................................................................................................. 3 INTRODUCTION................................................................................................................................... 4 I. CONTEXTES ET JUSTIFICATION DE L’ETUDE ........................................................................ 7 1.1. Situation géographique et implications ...................................................................................... 7 1.2. Caractéristiques sociodémographiques....................................................................................... 7 1.3. Situation agricole ......................................................................................................................... 8 1.4. Caractéristiques du système bancaire ......................................................................................... 9 1.5. Contexte politique ....................................................................................................................... 9 1.6. Situation économique................................................................................................................ 10 II. ETATS DES LIEUX SUR LE FINANCEMENT DE L’AGRICULTURE...................................... 10 2.1. Les structures de financement ............................................................................................. 10 2.1.1 Les banques classiques .................................................................................................. 11 2.1.2 Le système financier décentralisé ................................................................................ 11 2.2. Grands constats sur le financement agricole....................................................................... 15 2.2.1 Principaux constats sur l’offre de financement........................................................... 15 2.2.2 Analyse diagnostic de la demande de financement du secteur .................................. 24 III. SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS ............................................................................... 37 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................................................ 41 ii
LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Liste des banques classiques qui finance l’agriculture ................................................ 11 Tableau 2: Liste des IMF membres de l’APIM-BF à jour au 30 avril 2010 .................................. 12 Tableau 3: Utilisation des crédits déclarés à la centrale des risques............................................. 16 Tableau 4: Part du financement de la BACB dans l’agriculture (millions de FCFA) .................. 17 Tableau 5: Crédits bancaires au secteur agricole selon l’horizon temporel. ................................ 18 i
AVANT-PROPOS A l’instar des autres pays de la sous région, la politique agricole (SDR1) du Burkina vise à garantir la souveraineté alimentaire et à faire du secteur agricole le moteur de l’économie nationale. A l’heure actuelle, elle oscille entre promotion de l’agrobusiness et exploitation familiale comme modèles pour favoriser l’émergence d’un secteur agricole structuré, compétitif, et intégré à l’économie sous-régionale. Mais, pour la réalisation d’un tel objectif, le financement reste une question fondamentale qui a encore du mal à trouver la forme adéquate. Pourtant, le secteur agricole burkinabè est doté d’énormes potentialités non encore mis suffisamment en valeur. La faible rentabilité et les risques élevés relatifs aux filières agricoles rendent l’accès des producteurs agricoles au crédit très difficile de manière générale et celui des petits producteurs en particulier. Au regard de la place de l’agriculture dans l’économie burkinabè et de l’importance de l’activité des petits producteurs dans le secteur, il est capital d’imaginer un dispositif original de financement permettant une véritable promotion de l’exploitation familiale. Une des orientations pourrait être de combiner mécanismes de marché et intervention publique (interventions publiques visant à réduire les taux d’intérêts). Une solution complémentaire pourrait être la constitution d’une base de fonds propres de départ des organisations de producteurs ou l’alimentation de fonds de garantie. Dans cette perspective et dans le cadre du regroupement régional, la constitution d’un fonds régional d’orientation et de financement agricole pourrait être une piste sérieuse. 1 Stratégie de Développement Rural 1
REMERCIEMENTS Nous formulons nos sincères remerciements à tous ceux qui, ont, d’une manière ou d’une autre, apporté leur contribution à la réalisation de la présente étude. Nos remerciements vont particulièrement: Le président de la CPF pour sa disponibilité, Le Secrétaire permanent, Monsieur Sanwidi Maurice, Monsieur Ouandaogo Issiaka pour son appui technique et ses conseils, Tout le personnel de la CPF et leurs partenaires techniques et financiers pour les facilités accordées, Tous les membres de la CPF, pour leur disponibilité à répondre à nos questions et leur participation. 2
SIGLES ET ABREVIATIONS CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest CEDRES Centre d’Etudes, de Documentation et de Recherche Economiques et Sociales CPF Confédération Paysanne du Faso OP Organisation Paysanne OSC Organisation de la Société Civile OXFAM Comité d’Oxford de Lutte Contre la Famine PTF Partenaire Technique et Financier SDR Stratégie de Développement Rural SPONG Secrétariat Permanent des ONG TDR Termes de Référence IMF Institution de Microfinance SFD Système Financier Décentralisé UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine 3
INTRODUCTION Le secteur monétaire et financier est apparu à un moment donné, à l’instar du secteur des infrastructures, comme un secteur prépondérant dans le développement économique (Berthélémy, 1998 ; Dimitri, Germidis, Denis Kessler et Rachel Meghir, 1991). Il s’agissait alors de mobiliser les ressources financières nationales et étrangères nécessaires à l’investissement et d’offrir à toutes les catégories sociales un plus grand accès aux services financiers (ELLSASSER, 1993). L’idée de base repose sur le fait qu’il existe un lien étroit entre développement financier et développement économique (Schumpeter, 1911 ; Zeller M. ; Von Braun J. ; John K. et Puetz D, 1994). Le développement apparaît alors comme une promesse de l’accroissement des financements (Assidon, 1991). Dans cette optique, le Burkina Faso, à l’instar des autres pays de l’UEMOA, a adopté au début des années 90, un certain nombre de mesures et de politiques de libéralisation financière. En mettant en place ces mesures, deux principaux résultats sont attendus : l’accroissement des dépôts effectués auprès des banques et l’augmentation du volume des crédits accordés (McKinon 1973, E.S. Shaw 1973, 1 cité par P. Moreira, Banque Mondiale 1989), l’objectif final étant d’accroître les revenus du plus grand nombre d’agents économiques. Sur la base de ces différents arguments, les réformes financières adoptées ont conduit finalement à la création ou à la délocalisation d’un nombre important de Systèmes Financiers (SF) perçus alors comme des instruments plus adaptés au financement du monde rural en général très pauvre (PNUD, depuis 1997). Aujourd’hui, malgré ce boum du système financier burkinabè, le constat est que l’accès aux services financiers reste une question préoccupante surtout pour le milieu rural. Or, au cœur du développement du pays, ces populations rurales, pour la plupart agriculteurs occupent une place de choix. L’agriculture occupe en effet près de 80% de la population (PNUD, 2001). Avec l’élevage, elle constitue plus du tiers du PIB (environ 35% : INSD, 2008). Compte tenu de l’importance de ce secteur, plusieurs milliards de FCFA sont annuellement injectés dans l’agriculture burkinabè par l’Etat et les partenaires techniques et financiers (PTF). Pour l’année 2008 par exemple, le Ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MARH) à lui seul a absorbé 11,15% du budget national avec 98 030 590 000 FCFA d’investissement (INSD, 2008). Malheureusement, ces efforts combinés aux investissements privés et à l’offre du système financier demeurent encore très insuffisants face aux besoins aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif. En effet, la plupart des exploitants agricoles burkinabè sont exclus du système de financement. Le désengagement de l’Etat des secteurs de production qu’on a observé avec l’avènement des politiques de libéralisation a contribué à accentuer l’exclusion du monde rural du système de financement. Au départ, les IMF ont émergé surtout pour résorber le problème d’accès au crédit des agents à faible capacité financière comme les petits exploitants. Malheureusement, les 4
produits et services proposés par ces Institutions ont tendance à s’écarter de ce premier objectif. Une analyse de la situation montre qu’elles s’intéressent davantage et de plus en plus aux marchés présentant une plus grande rentabilité et des risques dits acceptables. Malgré le nombre important des IMF, la part destinée au financement du secteur de l’agriculture reste très marginale. Par exemple, au niveau de la Caisse Populaire qui est particulièrement la structure de proximité la plus représentative, le porte feuille de crédits allant à l’agriculture est seulement d’environ 8%. Ce qui est paradoxale pour une institution qui se veut proches des petits exploitants. Le retrait progressif de l’État devait être compensé par des financements privés qui tardent à se concrétiser. Face à cette situation, la Confédération Paysanne de Faso (CPF) en relation avec ses partenaires œuvrent activement à trouver des pistes de solution pour l’accroissement des financements alloués au secteur agricole et c’est dans ce contexte que s’inscrit la présente étude. Son objectif principal est de faire un diagnostic du système du crédit agricole en lien avec les contraintes / modalités d’accès des producteurs et productrices organisés en exploitation familiale telle que vue par la CPF. Elle ambitionne de dresser un état des lieux sur les systèmes de financement existants ou s’adressant « au volet Agricole » (agriculture + élevage). Il s’agit également de cerner les contraintes majeures qui limitent l’accès des petits producteurs au crédit agricole en vue de la réalisation d’actions de plaidoyer et à terme, la mise en place d’un mécanisme de financement adéquat et stable au profit de ce secteur qui constitue la base de l’économie de notre pays. De manière spécifique, l’étude vise à : 1) faire un état des lieux de la demande et de l’offre de crédit agricole aussi bien au niveau du système bancaire classique que des structures de financement décentralisées. 2) réaliser un bilan de toutes les actions déjà menées par la CPF et ses membres en faveur de la facilitation de l’accès aux crédits au profit de ses membres et des producteurs agricoles du Burkina ; 3) faire des propositions concrètes et précises pour des actions de plaidoyer pour un accès accru des producteurs au crédit et/ou pour l’amélioration des conditions générales d’accès au crédit. Rappelons que ce document fait suite au soutien que la Confédération Paysanne du Faso (CPF) a bénéficié de Intermon Oxfam et du Gouvernement de Extramurada en 2010. L’objectif de cette aide est de renforcer les capacités des leaders centraux et locaux (hommes et femmes) des Organisations paysannes membres de la CPF à travers des formations, des ateliers, des accompagnements par des personnes ressources et 5
l’établissement d’alliance stratégique pour leur permettre de pouvoir suivre et évaluer les politiques publiques. Le rapport de l’étude est organisé comme suit : la première section présente le contexte de l’étude. Une analyse diagnostic présentant les principaux constats relatifs au financement du monde rural est abordée dans la deuxième section. Quant à la troisième et dernière section, elle formule quelques recommandations de politiques qui peuvent contribuer à améliorer le financement des exploitants agricoles. 6
I. CONTEXTES ET JUSTIFICATION DE L’ETUDE La politique de développement agricole du Burkina Faso, basée fondamentalement sur la SDR et le PROSDRp a pour objectif principal de faire du secteur agricole le moteur de l’économie nationale. Exprimée à travers le PNSR en cours de finalisation, cette politique devrait s’appuyer sur la promotion et la modernisation de l’agriculture familiale et de l’entreprise agricole en second lieu, pour favoriser l’émergence d’un secteur agricole compétitif. En référence au pacte signé le 22 juillet 2010 à Joly Hôtel (Ouaga 2000), on peut dire que la politique agricole burkinabè est assez claire, en dépit de certains choix très clairs qui doivent être encore exprimés de manière plus forte. Même si les questions de financement y sont mentionnées, les OP doivent elles-mêmes réfléchir sur cette problématique, non seulement en tant que premiers concernés, mais aussi dans l’optique d’apporter leur contribution à la formulation de politiques publiques y relatives. En ce qui concerne cette mission, il s’agit d’identifier les principaux obstacles au financement pour la modernisation de l’exploitation familiale et à proposer des pistes de solutions. 1.1. Situation géographique et implications Pays de transition entre la région sudano-guinéenne et le Sahel, le Burkina Faso couvre environ 274 000 km2. Il connaît un climat marqué par des pluies faibles et irrégulières. Il dispose par ailleurs de peu de terres cultivables. La précarité de ces ressources offre une base fragilisée pour un développement durable de l’agriculture et de l'élevage qui occupent pourtant près de 88 % de la population active. À cela s’ajoute l’enclavement du pays qui constitue non seulement une contrainte majeure pour les échanges extérieurs, mais aussi un élément qui a tendance à renchérir les coûts des facteurs de production. Ainsi, les coûts des importations et des exportations sont majorés du coût du transport depuis les ports d’Abidjan, de Lomé et de Tema essentiellement. Le réseau routier limité et vétuste, engendre des coûts de distribution des marchandises et des services élevés, y compris les services financiers. Dans ce contexte, les technologies qui réduisent l’impact de la distance physique (téléphone portable, ordinateur portable et Internet banking…) présentent un intérêt certain. 1.2. Caractéristiques sociodémographiques Au Burkina Faso, la croissance démographique est forte. Avec un taux de croissance démographique de 3%, la population burkinabè est estimée à 15 millions environ. Cette croissance démographique rapide explique en partie le problème de l’insécurité alimentaire et de la 7
malnutrition des enfants qui persiste. A certaines périodes de l’année, l’exode rural est très important : Ouagadougou reste la ville qui a le taux d’urbanisation le plus élevé. Cette urbanisation rapide génère inévitablement des tensions sociales et l’exclusion des plus vulnérables. La modernisation de l’exploitation familiale qui assure le maintien des jeunes dans leur terroir pourrait aider à résorber voir maîtriser ce phénomène. Sur le plan social, certaines pressions qui occasionnent des dépenses (mariages, fête de la Tabaski, baptêmes, etc.) conjuguées à la faiblesse des revenus des exploitations agricoles familiales font que le remboursement des crédits n’est pas toujours une priorité. Cela explique pourquoi les institutions financières sont extrêmement réticentes à faire du crédit à l’agriculture si les deux conditions : existence d’une caution solidaire entre les membres de la collectivité emprunteuse et maîtrise de la recette ne sont pas garanties. Le taux de bancarisation de la population burkinabè est relativement faible (de l’ordre de 12,39%) et ce taux est encore plus faible si l’on considère le monde rural uniquement. 1.3. Situation agricole Malgré toutes les difficultés inhérentes au secteur, le potentiel agricole du Burkina Faso est considérable : terres arables, eau, jeunesse de la population agricole (15 ans). Du point de vue technique, les pratiques agricoles sont restées plutôt traditionnelles. Sur le plan gouvernance, le monde paysan montre une volonté ferme de s’organiser. Malheureusement, on constate qu’il y a plus de structures de représentativité du monde paysan que de structures ayant une véritable activité économique. Un grand nombre d’organismes de développement et d’ONG sont présents au Burkina Faso et ont mené des programmes souvent d’envergure très importante dans le domaine agricole. Cela représente un acquis incommensurable qu’il convient de capitaliser. Au regard de la multitude des programmes d’aide, une meilleure coordination des actions entreprises permettrait d’en améliorer l’efficacité globale. Sur le plan légal, la politique Burkinabè est encore hésitante en ce qui concerne la thèse de l’agriculture familiale comme modèle de développement agricole. D’un autre côté l’émergence des entreprises agro-industrielles est une réalité grandissante à travers tout le pays notamment dans les régions les plus fertiles. Le contraste est grand entre d’une part, ces quelques projets de grandes exploitations (10 à 00 ha) et le monde de l’exploitation familiale traditionnelle (1,5 ha en moyenne). Sur ce point, il est important d’attirer l’attention sur le danger qu’il y aurait à laisser se développer trop rapidement un capitalisme agraire Burkinabè ou international attiré par la 8
bonne rentabilité de la culture irriguée de céréales et/ou de graines oléagineuses, aux côtés de la paysannerie familiale, qui pourrait se sentir ou être réellement et progressivement exclue du système productif. 1.4. Caractéristiques du système bancaire De nos jours, le franc CFA (FCFA) qui a une parité fixe avec l’euro subit toutes les conséquences de la baisse de la valeur du dollar par rapport à l’euro. Le Burkina Faso est doté d’un système bancaire développé et d’un réseau important de SF. En ce qui concerne les banques du pays, une seule était tournée vers le développement agricole, la BACB. Mais l’année dernière (2009), celle-ci a été rachetée par ECOBANK et on ne sait pas encore très bien que sera la nouvelle position cette banque vis-à-vis du financement de l’agriculture. Au total, il existe 13 banques au Burkina Faso, ce qui est beaucoup, mais l’évolution des exigences minimum de fonds propres (5 milliards en 2010 et 10 milliards en 2012) pourrait entraîner une restructuration du secteur. Le capital de ces banques provient de plus en plus d’origine privée ce qui réduit la capacité d’influence du système politique sur le système bancaire. Aujourd’hui, l’activité bancaire est davantage tournée vers le monde urbain que rural, on ne trouve aucune banque ayant une activité directe en termes de financement du monde rural. Le secteur bancaire ne connaît donc très peu ou pas le secteur agricole. Avec les conditions de la BCEAO, les banques se refinancent à des taux élevés (6%). Ce qui fait qu’elles ont des difficultés à trouver des ressources longues pour répondre aux besoins d’investissement de l’agriculture. Comme mentionné plus haut, il existe une centaine de SFD dont certaines sont de taille significative et développent des approches intéressantes dans le domaine du crédit agricole (les CP du RCPB). D’autres, de taille réduite, développent des méthodes très artisanales et se caractérisent globalement par la faiblesse de leurs ressources et ne disposent pratiquement d’aucune ressource longue, ce qui les empêche de répondre au besoin de financement de l’équipement agricole. Les nouvelles exigences règlementaires en matière de fonds propres devraient entraîner un mouvement de restructuration de ce secteur. 1.5. Contexte politique Sur la base des recommandations des institutions de Bretton Woods, le pouvoir politique affiche son attachement au désengagement de l’État de toutes les activités économiques. Dans les discours, on note un grand écart entre les promesses faites au secteur agricole reconnu comme moteur de l’économie burkinabè et les décisions et investissements réels 9
injectés dans le secteur. Cet écart s’observe par exemple entre la volonté affichée par l’Etat d’associer le monde rural dans la définition de la future politique agricole (PNSR) et les faits. Enfin de compte, il existe encore de nombreuses incertitudes quant à la mise en place d’une véritable politique agricole favorable aux petits exploitants qui constituent le pan le plus important du tissu agricole burkinabè. Pourtant une politique fondée sur la modernisation de l’existant (l’exploitation familiale) pourrait permettre d’atteindre très rapidement des taux de croissance élevé dans la production. 1.6. Situation économique L’économie du Burkina se caractérise par le secteur primaire qui représente 31,5% du PIB et fournit en moyenne 38 % de la valeur ajoutée du pays répartie comme suit : 57 % pour l’agriculture, 25 % pour l’élevage et 17 % pour la sylviculture, la pêche et la chasse (MECV, 2007). Le coton baptisé "l’or blanc" était encore récemment le premier produit d’exportation, suivi de loin par l’élevage (bovins, ovins, caprins et volaille), les fruits et légumes (haricot vert et mangue) et les oléagineux (Jeanne Dromatouré, 2008). L’élevage contribue pour 12% au PIB du pays et pour autant aux exportations (Bourdet, Y. Thiombiano, T., 2009). En termes d’emplois, l’agriculture, l’élevage et la foresterie mobilisent près de 85 % de la population. Des données disponibles, il ressort que 60% des revenus des populations dépendent de l’agriculture et de l’élevage (importante source de revenus pour près de 86 % de la population). Ainsi, le PIB provient principalement du secteur primaire. Aujourd’hui, la conjoncture des prix est très favorable au secteur agricole avec une baisse temporaire par rapport au niveau des prix des hydrocarbures connus antérieurement et une bonne tenue du prix du riz. II. ETATS DES LIEUX SUR LE FINANCEMENT DE L’AGRICULTURE 2.1. Les structures de financement A l’image des économies modernes, le système de financement du Burkina Faso est assez diversifié. Il est composé de structures ou organismes qui interviennent dans le financement de l’économie soit par la mobilisation de l’épargne, soit par l’octroi de crédit ou soit par les deux activités à la fois. D’autres organismes interviennent également de façon indirecte dans le financement de l’économie. Les principales composantes du système financier national se présentent comme suit : le Trésor Public et les structures publiques de financement intervenant dans le secteur privé 10
les banques et les établissements financiers ; les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) ; les compagnies d’assurance ; les organismes de retraites (CNSS et CARFO). Au système national de financement s’ajoute des instruments et mécanismes régionaux et internationaux de financement dont peuvent tirer profit les entreprises privées nationales. Il s’agit notamment de : la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) les IDE. Pour le cas spécifique de l’agriculture, trois types de structures participent au financement des secteurs agriculture, élevage, pêche etc. il s’agit des banques classiques, du système financier décentralisé et des associations et ONG. 2.1.1 Les banques classiques Le tableau ci-dessous présente la liste des banques classiques qui interviennent dans le financement de l’agriculture en général. Tableau 1: Liste des banques classiques qui finance l’agriculture Dénomination Observations 1. ECOBANK (Ex Mécanisme de financement aux IMF. Elle a transformé son BACB) programme de microcrédit, Linkage, en une Société de Financement pour les Petites Entreprises (SOFIPE). 2. UBA (BIB) Pas très sûr mais, elle a lancé un programme s’approchant de la MF 3. BOA La BOA refinance les IMF qui remplissent certains critères 4. BCB La banque a lancé en 2003 un produit microfinance en vue de répondre au besoin du secteur informel 5. BRS 2.1.2 Le système financier décentralisé Les institutions de microfinance sont en général regroupées en réseau ou associations. On dénombre une association et un réseau. 11
a) Association Professionnelle des Institutions de Microfinance au Burkina Faso (APIM-BF) L’Association Professionnelle des Institutions de Microfinance au Burkina Faso (APIM- BF) est l’organisation faitière qui fédère un ensemble d’institutions de microfinance. Elle compte cinquante (50) membres sur une soixantaine d’institutions de microfinance au Burkina Faso. Tableau 2: Liste des IMF membres de l’APIM-BF à jour au 30 avril 2010 N° SIGLE LIBELLE SIEGE 1 ABF Association Base Fandiman Fada 2 ACFIME/CREDO Agence Communautaire pour le Financement Ouagadougou de la Micro Entreprise 3 APRG Association d’Appui et de Promotion Rural du Fada Gulmu 4 ASIENA Association Inter Instituts « Ensemble et AVEC Ouagadougou » 5 BTEC Banque Traditionnelle d’Epargne et de Crédit Ouahigouya 6 Caisse Nabonswendé Caisse Nabonswendé Ouagadougou 7 CBM Coopérative Baïtoul Maal Ouagadougou 8 CEC Communauté Epargne et Crédit Ouagadougou 9 CEC/SI Caisse D’Epargne et de Crédit du Secteur Ouagadougou Informel 10 CECT/Tin Tua/ Buayaba Caisses d'Epargne et de Crédit Todiyaba de Tin Fada Tua 11 CODEC-Manga Coopérative Diocésaine d’Epargne et de Crédit Manga de Manga 12 CODEC-Ouaga Coopérative Diocésaine d’Epargne et de Crédit Ouagadougou de Ouagadougou 13 CODEC-Ouahigouya Coopérative Diocésaine d’Epargne et de Crédit Ouahigouya de Ouahigouya 14 COOPEC GALOR Coopérative d’Epargne et de Crédit GALOR Ouagadougou 15 CPB Caisses des Producteurs du Burkina Ouagadougou 16 CRS Catholic Relief Services Ouagadougou 17 CVECA Mouhoun/CIDR Caisses Villageoises d’Epargne et de Crédit Dédougou Autogérées de la boucle du Mouhoun 18 CVECA Soum Caisses Villageoises d’Epargne et de Crédit Djibo Autogérées du Soum 19 ECLA Etre Comme Les Autres Ouahigouya 20 FAARF Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices Ouagadougou des Femmes 21 FCPB Fédération des Caisses Populaires du Burkina Ouagadougou 22 FICOD/CLECA Caisse Locale d’Epargne et de Crédit Autogérée Ouagadougou "Todima-Mani 23 FINANCOM/ODE FINANce COMmunautaire de l' Office de Ouagadougou 12
Développement des Eglises Evangéliques 24 MEC/JOULIMANI Mutuelle d’Epargne et de Credit JOULIMANI Ouagadougou 25 MEC/NESSA Mutuelle d’Epargne et de Crédit de la Nessa Ouagadougou 26 MEC/Toma Mutuelle d’Epargne et de Crédit de Toma Toma 27 MECAD/PO Mutuelle d’Epargne et de Crédit des Eglises des Ouagadougou Assemblées de Dieu de la Patte d’Oie 28 MECAP/Burkina Mutuelle d’Epargne et de Crédit des Artisans et Ouahigouya Producteurs du Burkina 29 MECP Laafi Sira Mutuelle d’Epargne, de Crédit et Prévoyance « Ouagadougou Kwieogo Laafi Sira Kwieogo » 30 MECRA Mutelle d'Epargne et de Crédit de l'ASUDEC Ouagadougou 31 Micro-Finance Plus Micro-Finance Plus Banfora 32 MICRO AID Institut Chrétienne Evangélique de Ouagadougou Microfinance 33 Micro Start/AFD Micro Start Action des Femmes pour le Ouagadougou Developpement 34 Microfi-SA Société Burkinabè de Microfinance Ouagadougou 35 MUFEDE Mutualité Femmes et Développement Ouagadougou 36 PAMF Première Agence de Microfinance du Ouagadougou BurkinaFaso 37 PRODIA-AC Promotion du Développement Industriel, Ouagadougou Artisanal et Agricole 38 SID Société d’Investissement et de Développement Ouagadougou (SID) 39 SOFIPE Société de Financement de la Petite Entreprise Ouagadougou (SOFIPE) 40 SONG-TAABA Mutuelle d’Epargne et de Crédit (SONG Ouagadougou TAABA) 41 UCEC-SAHEL Alliance des Caisses d’Epargne et de Crédit de Gorom-Gorom l’Oudalan 42 UCVEC Union des Caisses Villageoises d’Epargne et de Saponé Crédit 43 URC/Nazinon Union Régionale des Coopératives d'épargne et Manga de crédit du Nazinon 44 URCBAM Union Régionale des Coopératives d'Epargne et Kongoussi de Crédit du Bam 45 URCCOM Union Régionale des Coopératives d’Épargne et Tougan de Crédit du Centre Ouest et du Mouhoun 46 URCPSO Union Régionale des Caisses Populaires du sud Diébougou ouest Source : http://www.apim-burkina.bf, 2010 13
b) Le Réseau des Caisses Populaires du Burkina Le RCPB exerce dans le domaine de la microfinance. Aussi, son activité principale est la collecte de l’épargne et sa rétrocession sous forme de crédits octroyés pour le financement des activités des membres, en vue du développement économique du pays. Dans un esprit de solidarité et de responsabilité individuelle et collective, en vue de l’épanouissement de ses membres et de la communauté tout entière, le RCPB s’est assigné une mission, tout en prônant des valeurs, et a pris des engagements qu’il est résolu à respecter. Le réseau des caisses populaires du Burkina contribue efficacement à l’amélioration des conditions de vie des laborieuses populations du Burkina en collectant l’épargne des adhérents, pour les redistribuer sous forme de crédits. Avec plus de 35 ans d’années d’expérience au service des populations, le RCPB se positionne de nos jours comme le leader incontesté du secteur de la microfinance au Burkina. Le RCPB mène ses activités sous la forme de coopérative. C’est donc une structure mutualiste dont les membres sont copropriétaires ; elle constitue de ce fait un patrimoine collectif dont la pérennité est tributaire de l’application des principes directeurs que sont : la solidarité et la responsabilité individuelle et collective des membres. Produits et services offerts Institution financière de proximité par excellence, les offres du RCPB s’adressent à toute personne physique ou morale résidant en milieu rural ou urbain, ayant difficilement accès aux services financiers des institutions financières conventionnelles, et désireuse de prendre en main la clé de son développement. Il s’agit notamment des commerçants, des agriculteurs, des éleveurs, des artisans, des fonctionnaires et salariés du secteur privé, des entrepreneurs, des groupements et associations, etc. Le Réseau offre une gamme de produits et services financiers accessibles, en constante évolution et adaptés aux besoins des populations. Zones Couvertes Le RCPB est présent dans 43 sur 45 Provinces du Burkina, et compte 103 Caisses Populaires, 31 Point de Services, 4 Unions Régionales, 5 Antennes Techniques et une Fédération. 14
Le RCPB est présent dans plusieurs provinces que compte le Burkina Faso. Cette large couverture nationale est représentée par la carte ci-après (Seules les zones en orange ne sont pas couvertes) : Source : http://www.rcpb.bf 2.2. Analyse diagnostic de l’offre de financement agricole De l’analyse du contexte du Burkina Faso, de son système financier, des caractéristiques du système et des producteurs agricoles, ont met en évidence une multitude de préoccupations relatives à la question du financement du monde agricole. Ici on retiendra les constats les plus marquants. 2.2.1 Principaux constats sur l’offre de financement Présenté comme le moteur de développement de l’économie burkinabé, les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de l’environnement sont les plus mal desservis par l’offre de produits et services du système de financement du privé. En effet, selon les résultats préliminaires du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2006, la population du Burkina Faso est estimée à 14 millions environ. La grande majorité de cette population (79,7%) résident en milieu rural. L’agriculture (y compris le bétail) a contribué 18,9 % du PIB et 70 % (estimation) du montant total des recettes d’exportation (coton 15
principalement) en 2005, alors que plus de 80 % de la population vit d’une agriculture de subsistance2. Ainsi, malgré la contribution importante du secteur agricole dans le PIB et l’importance de la population agricole, le secteur rural demeure l’un des secteurs d’activité qui bénéficient de moins de financement. Le tableau n°1 (Cf. page suivante) présente l’évolution de la répartition des crédits accordés par secteur. Tableau 3: Utilisation des crédits déclarés à la centrale des risques Décembre Décembre Décembre Décembre Secteurs d'activités 2003 2004 2005 2006 Agriculture, sylviculture et pêche, 2% 4% 3% 1% Industries extractives - - - - Industries manufacturières 17% 14% 15% 14% Electricité, gaz et eau 2% 1% 1% 1% Bâtiments, travaux publics 8% 7% 8% 8% Commerces, restaurants, hôtels 52% 45% 51% 53% Transports, entrepôts, communications 6% 11% 7% 9% Assurances, immobilier, services aux 1% 2% 1% 1% entreprises Services divers 12% 16% 14% 13% Total 100% 100% 100% 100% Source : Commission bancaire de l’UMOA, rapport annuel 2006 Il ressort de ce tableau que les concours bancaires sont concentrés. Les banques concentrent principalement leurs efforts sur les grandes entreprises, les fonctionnaires, les salariés et l’Etat. Les concours au secteur rural sont relativement marginaux. Sur la période 2003 à 2006, les crédits au secteur agricole (agriculture, sylviculture et pêche) ont évolué en dents de scie avec une tendance à la baisse entre 2004 et 2006. La part relative des crédits bancaires agricoles est passée de 4% en 2004 à 1% des crédits bancaires en 2006. Par ailleurs, on note que les financements vont majoritairement au secteur du commerce qui se trouve être le secteur qui crée moins de valeur ajoutée. Le secteur rural reste très marginalisé et les exploitations familiales sont en général exclues du système bancaire, de par leur situation informelle, et le risque élevé lié à l’activité agricole. Pire les institutions 2 Profil de pays du Burkina Faso, Economist Intelligence Unit, 2006 16
financières manquent d’expertise en matière de financement des exploitations familiales. En effet, dans les banques, l’activité agricole ne constitue pas un marché séparé et ne dispose pas d’un département distinct. En outre, si les banques s’intéressent au secteur agricole, elles ne sont actives que dans le secteur cotonnier, alors qu’il existe de nombreuses filières porteuses telles que les fruits et légumes, le sésame, les céréales, etc. Toutefois, seule la BACB finance la production de coton, bien qu’elle soit devenue une banque commerciale à part entière. Le tableau ci- dessous présente la part des financements de la BACB destinés à l’agriculture. Les crédits à l’agriculture constituaient 74 % de son portefeuille en 2005. Cependant, dans la mesure où la BACB prévoit de diversifier ses activités, il est probable que la part de l’agriculture dans son portefeuille diminuera. Du reste, le fait que la BACB soit phagocytée par le groupe UBA pourrait diminuer sa propension à financer l’activité agricole. Tableau 4: Part du financement de la BACB dans l’agriculture (millions de FCFA) Secteur 2003 2004 2005 Agriculture 33 182 68 % 35 277 67 % 39 761 74 % Elevage 1 469 3% 1 099 2% 969 2% Agro-industrie 1 000 2% 3 210 6% 100 0% Secteur manufacturier 500 1% 0 0% 9 0% Artisanat 31 0% 20 0% 3 0% Commerce et services 4 640 10 % 3 667 7% 4 457 8% Autres 7 693 16 % 9 352 18 % 8 691 16 % Total 48 515 52 624 53 990 Source : Banque Mondiale, revue du secteur financier du Burkina Faso, 2007 Les autres banques commerciales ne financent que la commercialisation du coton (c’est-à- dire la SOFITEX, Faso Coton et la SOCOMA). Pour la récolte 2005/2006 par exemple, 9 banques commerciales ont participé au consortium local de banques, pour un montant total de 80 milliards de FCFA reparti comme suit : La BIB, la BACB et la BICIAB ont fourni chacune 16 % du financement ; la SGBB, la BOA et Ecobank 12 % chacune ; la BCB et la BSIC 6 % chacune ; la Banque Atlantique, 4 %. Quant aux Institutions de microfinance, elles assurent surtout le financement des activités génératrices de revenus en zone rurale et de quelques activités agricoles (achats d’intrants 17
agricoles). Dans ce domaine, le Réseau des Caisses Populaires du Burkina est le plus représentatif. S’agissant de la structure des crédits au secteur agricole, les crédits à court terme représentent en moyenne 94,5% des crédits bancaires déclarés à la centrale des risques. Tableau 5: Crédits bancaires au secteur agricole selon l’horizon temporel. Secteurs d'activités 2002 2003 2004 2005 2006 CREDITS A COURT TERME Agriculture, sylviculture et pêche 9 342 5 100 11 156 11 841 3 641 Agriculture, chasse 9 342 5 100 11 156 11 841 3 448 Sylviculture, exploitation forestière, - - - - 193 pêche CREDITS A MOYEN ET LONG TERMES Agriculture, sylviculture et pêche 775 84 520 909 249 Agriculture, chasse 775 84 520 909 249 Sylviculture, exploitation forestière, - - - - - pêche TOTAL 10 117 5 184 11 676 12 750 3 890 Source: BCEAO Ici encore, il s’agit de crédits de campagne destinés essentiellement au financement du coton, principale récolte d’exportation (70% des recettes d’exportations). Pourtant, il existe d’autres filières porteuses pour le pays comme nous l’avons déjà mentionné plus haut. L’intérêt croissant pour le financement du secteur coton résulte de la bonne structuration de la filière. En effet, Les agriculteurs du coton se sont regroupés en associations d’agriculteurs, en Groupements Villageois. Ces associations reçoivent de la SOFITEX une assistance concernant les techniques de culture du coton, par le biais, entre autres, des « correspondants coton ». De toutes ces données, il apparaît que l’accès limité du secteur agricole voire rural au crédit bancaire peut être expliqué par : la faiblesse ou l’inexistence de services financiers en milieu rural comme l’attestent le taux de bancarisation de 5,6% ; La spécificité de l’agriculture : un degré de risques élevé. En effet, des risques divers sont associés à l’agriculture. Il s’agit essentiellement des risques météorologiques (le Burkina Faso est particulièrement vulnérable à la sécheresse), des risques sanitaires (qui comprennent les maladies des végétaux ou les animaux nuisibles) et des risques économiques (fluctuations de prix ou difficulté de vente de la production). En outre, les risques agricoles se caractérisent souvent par leur covariance : ils 18
frappent souvent tous les agriculteurs d’une région spécifique au même moment. En raison de ces risques, et d’autres facteurs (état du sol, capacité technique), la profitabilité des activités agricoles est variable et imprévisible ; La faiblesse voire le manque d’organisation des filières autres que celle du coton constitue un obstacle considérable ; Le coût élevé de l’information et des transactions dû au mauvais état des infrastructures (routes, télécommunications) et du manque de renseignements disponibles au sujet de la clientèle (absence d’identification personnelle et de registres d’actifs) ; Le manque de biens pouvant être offerts en sûreté dû à la mauvaise définition des droits de propriété et d’utilisation des terres, au coût ou aux délais caractérisant les procédures administratives d’inscription aux registres et au mauvais fonctionnement du système judiciaire. NB : Le secteur céréalier reçoit un financement limité par le biais du mécanisme de financement du coton. La SOFITEX et les autres intervenants du secteur du coton ont pris conscience du fait que les agriculteurs avaient tendance à garder pour d’autres cultures une partie des intrants qu’ils avaient reçus pour le coton. À la suite de cette constatation, un financement des intrants nécessaires aux céréales est désormais disponible au moyen du mécanisme de financement du coton. Encadré n°1 : Principaux obstacles aux services financiers en zone rurale La dispersion de la demande des services financiers en raison des faibles niveaux d’activité économique et de densité de population Le coût élevé de l’information et des transactions dû au mauvais état des infrastructures (routes, télécommunications) et du manque de renseignements disponibles au sujet de la clientèle (absence d’identification personnelle et de registres d’actifs) La faible capacité institutionnelle des prestataires de services financiers en zone rurale associée au manque de personnel instruit et bien formé dans les agglomérations rurales secondaires L’impact défavorable des crédits subventionnés provenant des projets financés par le Gouvernement ou les partenaires techniques et financiers Le manque de biens pouvant être offerts en sûreté dû à la mauvaise définition des droits de propriété et d’utilisation des terres, au coût ou aux délais caractérisant les procédures administratives d’inscription aux registres et au mauvais fonctionnement du système judiciaire Le caractère saisonnier d’un grand nombre d’activités agricoles et la longueur de la période de maturation de certaines cultures, et donc le caractère variable de la demande d’épargne et de crédit, l’irrégularité des flux de trésorerie et des délais entre le décaissement des prêts et le remboursement Des risques associés spécifiquement à l’agriculture : variations de pluviosité, animaux nuisibles et maladies, fluctuations des prix et accès limité aux intrants, à la formation/animation et aux marchés Source : CGAP, « Financial Services for the Rural Poor », Donor Information Resource Center in Revue du Secteur Financier du Burkina Faso. Banque Mondiale. Novembre 2007 19
Compte tenu de cette situation et de toutes les contraintes et difficultés soulevées, des actions de promotion et/ou de duplication de certaines bonnes pratiques ou expériences locales ou internationales ont été dupliquées dans certains cas afin d’impulser le financement du secteur agricole par le secteur financiers. Au titre des bonnes pratiques, on peut citer les stratégies adoptées par certaines institutions financières qui réussissent à offrir profitablement des prêts agricoles. Au-delà des institutions, on s’intéresse aux stratégies qui réussissent et semblent liées, au regard de la littérature par dix caractéristiques essentielles (Cf. Encadré n°2). Encadré n°2 : Caractéristiques essentielles des prêteurs réussissant à offrir profitablement des prêts dans le secteur de la microfinance agricole Caractéristique 1 : Les remboursements ne sont pas liés à l’utilisation du prêt. Les prêteurs évaluent la capacité de remboursement en examinant toutes les sources de revenus du foyer, et non pas uniquement le revenu (tel que la vente de la récolte) généré par l’investissement des produits du prêt. Les emprunteurs comprennent qu’ils sont dans l’obligation de rembourser, que leur utilisation du prêt connaisse la réussite ou non. Caractéristique 2 : Les prêteurs utilisent aussi bien des techniques de prêt basées sur le caractère que des critères techniques pour sélectionner les emprunteurs, établir les conditions de prêt et garantir le remboursement. Pour diminuer le risque de crédit, les microprêteurs réussissant à opérer profitablement dans le secteur agricole ont mis en place des modèles de crédit associant recours aux mécanismes d’analyse du caractère – tels que la garantie de groupe ou la réaction immédiate en cas de retards de paiement – et connaissance des techniques de production agricole et des marchés de produits fermiers. Caractéristique 3 : Ils fournissent des mécanismes d’épargne. Chaque fois que les institutions financières rurales ont offert des comptes de dépôt aux ménages agricoles, pour les aider à épargner des capitaux pour la période de soudure précédant la récolte, le nombre de ces comptes a rapidement excédé le nombre des prêts. Caractéristique 4 : Leur risque de portefeuille est fortement diversifié. Les institutions de microfinance qui ont réussi leur expansion dans le crédit agricole, d’une manière générale, accordaient des prêts à une gamme diversifiée de ménages agricoles, et notamment à des clients pratiquant plusieurs types de récoltes ou élevant plusieurs sortes de bétails. Ce faisant, ils ont garanti que leur portefeuille de prêts et les portefeuilles de leurs clients sont mieux protégés contre les risques agricoles et naturels échappant à leur contrôle. Caractéristique 5 : L’échéance et les conditions de prêt sont ajustées pour s’adapter aux flux de trésorerie cycliques et aux investissements volumineux. Les flux de trésorerie des populations agricoles sont fortement cycliques. Les microprêteurs réussissant à opérer profitablement dans le secteur agricole ont modifié l’échéance et les conditions de prêt pour s’adapter à ces cycles de trésorerie, sans pour autant abandonner le principe essentiel de l’obligation de remboursement, quel que soit le degré de succès de chaque activité de production, y compris de celle pour laquelle le prêt a été utilisé. Caractéristique 6 : Le cadre contractuel réduit le risque de prix, améliore la qualité de la production et contribue à garantir le remboursement. Lorsque la qualité ou la quantité finale d’une récolte particulière 20
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