Perturbation du bilan hépatique et traitement anticancéreux

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Perturbation du bilan hépatique et traitement anticancéreux
POST’U (2021)

Perturbation du bilan hépatique
et traitement anticancéreux
    Eleonora DE MARTIN
    Centre Hépato-Biliaire, Hôpital Paul Brousse - Unité INSERM 1193 - 12-14, av. Paul-Vaillant-Couturier, 94800 Villejuif
    eleonora.demartin@aphp.fr

                                                                                               Si une infection virale est détectée, l’in-
                                               Introduction                                    dication à la mise en place d’un traite-
                                                                                               ment antiviral doit être évaluée (4). En
                                                                                               ce qui concerne le virus de l’hépatite B
                                               Les traitements systémiques anti-               (VHB), la prophylaxie antivirale par

                                                                                                                                             HÉPATOLOGIE
                                               cancéreux sont actuellement de deux             analogue nucleos(t)idique (entecavir
                                               types : la chimiothérapie, incluant les         (ETV) ou tenofovir disoproxil fumarate
                                               thérapies ciblées et l’immunothérapie.          (TDF), est recommandée en cas de pré-
                                               La chimiothérapie vise à détruire la            sence de l’AgHBs indépendamment de
                                               cellule tumorale alors que l’immuno­            la charge virale VHB. L’évaluation du
                                               thérapie a comme objectif de stimuler           patient doit être complétée par une
                                               le système immunitaire contre la cellule        échographie abdominale et une mesure
                                               tumorale et en particulier rompre               de l’élastométrie. Un suivi hépatolo-
                                               l’immunotolérance péri-tumorale.                gique au long cours doit être envisagé.
                                               L’introduction de l’immunothérapie
                                               dans la prise en charge des cancers est         En cas de négativité de l’AgHBs mais
                                               relativement récente. Il s’agit d’utili-        de positivité de l’Ac anti-HBc, l’indica-
 OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES                        ser des anticorps monoclonaux dirigés           tion à une prophylaxie antivirale est
                                               contre les récepteurs de la synapse             évaluée en fonction du traitement
—	Savoir dépister les maladies virales                                                        anticancéreux. Chez les patients à
                                               immunologique entre le lymphocyte T
   et initier un traitement antiviral                                                          haut risque de réactivation (> 10 %)
                                               et la cellule présentatrice d’antigène.
—	Connaître les toxicités hépatiques          Les anticorps monoclonaux bloquent              une prophylaxie par lamivudine ou
   des agents anticancéreux                    la transmission des signaux inhibi-             ETV ou TDF est envisagée. L’ETV et
—	Connaître les indications de la             teurs permettant aux lymphocytes T              le TDV sont à privilégier surtout en
   biopsie hépatique                           de s’activer et de reconnaître la cellule       cas de forte immunosuppression et de
—	Connaître les critères de reprise du        tumorale.                                       traitement prolongé. La prophylaxie
   traitement anticancéreux                                                                    anti-VHB doit être maintenue pendant
                                               Les deux types de traitements sont              les 12 mois qui suivent l’arrêt du trai-
                                               associés à une toxicité hépatique (1,           tement anticancéreux et 18 mois en
 LIEN D’INTÉRÊTS                               2).                                             cas d’utilisation du rituximab. La
                                                                                               charge virale VHB doit être testée tous
Aucun
                                                                                               les 3-6 mois pendant la prophylaxie
                                                                                               et pendant 12 mois après l’arrêt de
 MOTS-CLÉS                                     Quel bilan faire avant                          l’analogue pour ne pas méconnaître
                                                                                               une réactivation virale (4, 5).
Toxicité hépatique, chimiothérapie,            la mise en route d’un
immunothérapie                                 traitement anticancéreux ?                      Par contre chez des patients à risque
                                                                                               modéré (< 10 %) ou faible (< 1 %), une
                                                                                               surveillance de l’AgHBs et de la charge
 ABRÉVIATIONS
                                               Avant la mise en route d’un traite-             virale VHB tous les 1-3 mois est néces-
Anti-CTLA 4 : cytotoxic T lympho-              ment anticancéreux, un bilan hépa-              saire. Un traitement préemptif est
cyte-associated protein 4                      tique exhaustif doit être réalisé (3).          requis aux premiers signes de réac-
Anti-PL1 : programmed cell death               Le bilan vise à exclure une pathologie          tivation. Si l’Ag HBs et/ou la charge
ligands 1                                      hépatique méconnue (Tableau 1). Le              virale se positivent, le traitement anti-
Anti-PD1 : programmed cell death 1             dépistage d’hépatite virale est recom-          viral doit être initié le plus tôt possible
TIPS: transjugular intrahepatic porto-         mandé systématiquement avant mise               indépendamment du taux de transa-
systemic shunt                                 en place d’un traitement anticancé-             minases. Pour les patients ayant des
OMS : organisation mondiale de la              reux même devant un bilan biologique            Ac anti-HBs et Ac anti-HBc positifs,
santé                                          hépatique normal.                               une simple surveillance est suffisante.

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Perturbation du bilan hépatique et traitement anticancéreux
Tableau 1 : Bilan initial chez les patients candidats à un traitement anti-cancéreux

 Examen Clinique                       - IMC
                                       - Signes d’une hépatopathie chronique/insuffisance hépatocellulaire

 Antécédents                           - Traitement en cours
 et mode de vie                        - Consommation d’alcool
                                       -	Facteurs de risque pour une NASH (diabète, hypertension artérielle, dyslipidémie)
                                       - Maladies auto-immunes

 Imagerie                              -	Echodoppler hépatique +/- scanner pour vérifier l’absence de métastases hépatique, thrombose
                                          de la veine porte ou des veines sus-hépatiques, dilatation de voies biliaires, dysmorphie hépatique

 Biologie                              -	ASAT, ALAT, GGT, PAL, Bilirubine totale et conjuguée, TP, INR, NFS, albumine, cholestérol
                                          et triglycérides

 Virologie                             -	Sérologie VHB (AgHBs, AcHBs, AcHBc), VHC (AcVHC),VIH

NASH : non alcoholic steatohepatitis

En présence d’une hépatite virale C                                                                    symptômes liés à la toxicité touchant
(VHC), avec anticorps VHC et charge                   Que faire en cas de                              d’autres organes comme colite, hypo-
virale C positive (PCR ARN VHC), il                   perturbation du bilan                            physite ou pneumopathie peuvent
n’y a pas d’indication à la mise en                                                                    être présents. Ni l’âge, ni le sexe ne
place d’un traitement antiviral et la                 hépatique durant le                              semble favoriser leur survenue.
guérison virale C avant un traitement                 traitement anticancéreux ?
anticancéreux n’est pas nécessaire.                                                                    Le délai entre l’administration de la
                                                                                                       chimiothérapie ou de l’immunothé-
La présence des anticorps anti-tissus                 Devant la présence d’une perturba-               rapie et la survenue de la toxicité
positifs n’est pas une contre-indica-                 tion du bilan hépatique pendant un               hépatique est variable.
tion à la mise en place d’un traite-                  traitement anticancéreux, trois ques-
ment anticancéreux. Si la positivité                  tions doivent se poser : quel diagnos-           En ce qui concerne l’immunothérapie
est associée à une élévation du dosage                tic de maladie hépatique explique ce             selon les données de l’OMS (VigiBase,
des IgG, la présence d’une hépatite                   tableau ? Quelle en est la sévérité ? et         http://www.vigiacces.org), le délai
auto-immune doit être exclue avec                     y-a-t-il une indication à un traitement ?        entre l’administration du traitement
un examen histologique. Les mêmes                                                                      et l’apparition de la toxicité hépa-
recommandations sont appliquées                       Diagnostic                                       tique est plus court chez les patients
pour les patients candidats à un trai-                Le diagnostic de toxicité hépatique              ayant reçu un anti-CTLA 4 par rapport
tement par chimiothérapie ou immu-                    est parfois difficile en raison de l’hé-         au patient ayant reçu un anti-PD 1/
nothérapie.                                           térogénéité de sa présentation. Dans             anti-PL-1 (34 [25-46.5] jours versus
                                                      la plupart des cas, le mécanisme de              48 [27-118] jours (p=0,04). Ces
                                                      la toxicité est idiosyncratique, c’est           données ont été confirmées par
                                                      à dire non lié à la dose, ni à la voie           plusieurs études (25).
                                                      d’administration.
                                                                                                       Le diagnostic de la toxicité hépatique
                                                      Les patients sont majoritairement                d’un traitement anticancéreux est
                                                      asymptomatiques ou présentent des                d’abord un diagnostic d’exclusion (6).
                                                      symptômes aspécifiques comme par                 Toute cause d’hépatite aigue doit être
                                                      exemple fièvre, éruption cutanée et              éliminée. Le bilan à réaliser face à une
                                                      dans des rares cas, un ictère. En parti-         perturbation du bilan hépatique est
                                                      culier pour l’immunothérapie, d’autres           résumé dans le tableau 2.

             Tableau 2 : Bilan à réaliser en cas de perturbation du bilan hépatique sous traitement anticancéreux

 Imagerie                              -	Echodoppler hépatique +/- TDM abdominal ou IRM hépatique avec injection pour vérifier l’absence de
                                          métastases hépatique, de thrombose de la veine porte ou des veines sus-hépatiques, de dilatation de
                                          voies biliaires, de dysmorphie hépatique. En cas de cholestase prédominante, discuter cholangioIRM

 Virologie                             -	Serologie VHA (AcVHA), VHB (AgHBs, AcHBs, AcHBc), VHC (AcVHC), PCR CMV, EBV, HSV, HHV6,
                                          HHV8, VHE, VHB, VHC

 Immunologie                           - Anticorps anti-tissu (anti-nucleaires, anti-mitochondries, anti-muscles lisses)
                                       - Dosage IgG, IgA, IgM

 Infection bactériologique             - ECBU, radiographie du thorax, hémoculture

 Toxiques                              -	Histoire médicale détaillée des traitements, prise de complément alimentaire, herbes, plantes…
                                       - Consommation d’alcool
                                       - Recherche des toxiques dans les urines

 Autres                                - Antécédents récents d’état de choc

                                                                          126
Perturbation du bilan hépatique et traitement anticancéreux
Les sérologies virales VHA, VHB, VHC,      de réaliser d’abord une écho-doppler                   capillaires sinusoïdes, entraînant
VHE sont recommandées ainsi que les        hépatique et en présence d’anoma-                      une nécrose hémorragique centro-
PCR VHE, CMV, EBV, HSV, VHB et VHC,        lies d’effectuer une TDM abdominale                    lobulaire puis une fibrose évolutive.
si anticorps négatifs, car les patients    ou une IRM hépatique injectées. En                     (Figure 1) L’endothélite veinulaire
doivent être considérés immunodépri-       cas de cholestase, une cholangioIRM                    et sinusoïdale initiale est à l’origine
més même sous immunothérapie. En           peut être utile.                                       d’un état d’hypercoagulabilité locale
cas de découverte du VHB (absence de                                                              avec hyperagrégabilité plaquettaire
dépistage avant traitement ou réacti-      Si la toxicité du traitement anti-can-                 et vasoconstriction. L’atteinte vascu-
vation), un traitement par analogue        céreux reste l’hypothèse principale,                   laire présente des lésions intriquées
nucleo(t)sidique (entecavir ou tenofo-     il est important de distinguer entre                   de type péliose et d’hyperplasie nodu-
vir) doit être commencé au plus tôt. En    une atteinte cholestatique, cytoly-                    laire régénérative (HNR) (9). Elle peut
cas d’infection par VHA, VHC et EBV        tique ou mixte. Le profil est défini                   être associée au développement d’une
une simple surveillance est recomman-      par une augmentation des ALAT ou                       hypertension portale avec ses compli-
dée. Devant à une primo infection par      PAL seuls au-dessus d’un certain seuil                 cations en particulier la survenue
HSV, on proposera un traitement par        ou du rapport [ALAT/limite supé-                       d’une ascite et de varices œsopha-
acyclovir, devant une infection à CMV,     rieur de la norme (LSN)]/[PAL/LSN]                     giennes.
un traitement pourra être proposé.         (R). L’atteinte est cytolytique si les
L’infection par le VHE confirmé par        ALAT ≥ 5-fois la limite normale ou R                   Le SOS est associé aux chimiothérapie
PCR nécessite une étroite collabora-       > 5, cholestatique si les PAL ≥ 2-fois                 par mitomycine C, carmustine, vincris-
tion entre hépatologue et oncologue        au-dessus la norme ou R < 2. Il existe                 tine, adriamycine et oxaliplatine. En
car une réduction ou un arrêt du           des outils tels que le RUCAM (pour                     ce qui concerne l’immunothérapie, la
traitement immunosuppresseur est           Roussel-UCLAF Causality Assessment                     présence d’endothélite centrale a été
                                           Methods) permettant d’évaluer la                       décrite mais un seul cas d’HNR a été

                                                                                                                                            HÉPATOLOGIE
recommandée ainsi qu’un traitement
anti viral par ribavirine.                 probabilité d’imputabilité du traite-                  rapporté après utilisation du pembro-
                                           ment à la toxicité hépatique (https://                 lizumab (anti-PD 1) (10).
Le bilan auto-immun doit être réalisé.     w w w. n c b i . n l m . n i h . g o v / b o o k s /
Les anticorps anti-tissus sont positifs    NBK548272/).                                           La stéatose hépatique parfois associée
chez environ 30 % à 50 % des patients                                                             à des lésions de stéato-hépatite est
mais souvent avec un titre bas et un       Connaître le risque de toxicité hépa-                  une autre lésion hépatique secon-
profil non spécifique. Les IgG sont        tique associé à un traitement anti-                    daire aux traitements anti-tumoraux
généralement normales. En cas de           cancéreux est important (3, 8). Le                     (11) (Figure 2). Le tamoxifène a été
suspicion d’hépatite auto-immune,          site internet « LiverTox » https://www.                associé au développement d’une stéa-
une biopsie est nécessaire pour            ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK547852/                      tohépatite aussi bien que l’irinotecan
confirmer ou infirmer le diagnostic.       résume les caractéristiques des                        et le fluorouracil. La stéatose a été
                                           médicaments et des substances hépa­                    aussi rapportée dans des cas de trai-
L’exclusion de tout traitement hépa-       totoxiques, leur mécanisme de toxicité                 tement par immunothérapie.
totoxique à l’interrogatoire est essen-    et les références bibliographiques.
tielle. Le risque de toxicité hépatique                                                           Pour l’immunothérapie, l’atteinte
est d’autant plus important que les        La biopsie hépatique permet de                         histologique est hétérogène en inten-
traitements anti-cancéreux sont            confirmer le diagnostic et évaluer                     sité et en type lésionnel, avec une
utilisés en association ou qu’ils sont     la sévérité de l’atteinte hépatique.                   atteinte majoritairement hépatocel-
complétés par une radiothérapie. De        Elle est indiquée en cas de toxicité                   lulaire mais parfois biliaire (12).
plus, en dehors des antinéoplasiques,      de grade ≥ 3 en absence d’infection                    Le tableau le plus fréquent est une
les cancérologues prescrivent quoti-       virale (Tableau 3). Les anticancéreux                  hépatite aiguë avec nécrose ponctuée
diennement une multitude de médica-        sont associés à des tableaux histo-                    à prédominance centrolobulaire avec
ments qui possèdent aussi un risque        logiques particuliers. Le syndrome                     dans les cas les plus sévères, une
hépatique (antiémétiques, antibio-         d’obstruction sinusoïdale (SOS)                        nécrose confluente centrolobulaire
tiques, antalgiques), en particulier le    (anciennement nommé maladie                            parfois en ponts. L’utilisation d’un
paracétamol. Il est par ailleurs impé-     veino-occlusive) est lié à une obstruc-                anti-CTLA4 seul ou en association
ratif de rechercher la prise de complé-    tion fibreuse non thrombotique des                     avec un anti-PD1 a été associée à
ments alimentaires, herboristerie, ou
autre substance pouvant avoir une
toxicité directe ou modifier le méta-
bolisme des anti cancéreux.

Tous les facteurs de risque d’une patho-
logie hépatique chronique sont aussi
à rechercher : consommation d’alcool,
syndrome métabolique, antécédents
d’hospitalisation en réanimation avec
choc septique ou hémorragique.

L’imagerie est aussi importante pour
exclure : une localisation tumorale
au niveau hépatique, métastases,
obstruction biliaire, thrombose
vasculaire (7). Il est donc conseillé                                     Figure 1. Lésions HNR (HES x 300)

                                                                  127
une hépatite granulomateuse avec
                                                                             parfois la présence des granulomes
                                                                             centrés par une vacuole lipidique et
                                                                             associés à des dépôts de fibrine en
                                                                             anneau (Figure 3). Une atteinte des
                                                                             petites voies biliaires intrahépatiques
                                                                             a également été rapportée, parfois
                                                                             associée à l’atteinte hépatocellulaire
                                                                             (Figure 4) : soit sous la forme de
                                                                             cholangite aiguë au sein d’un infil-
                                                                             trat mixte riche en polynucléaires
                                                                             neutrophiles, associée ou non à une
                                                                             prolifération cholangiolaire, soit sous
                                                                             la forme de lésions de cholangite
                                                                             lymphocytaire avec exocytose lym-
                                                                             phocytaire et dystrophie des canaux
                                                                             biliaires.
           Figure 2. Stéatose avec steatohepatite (HES x 300)                Il est important de souligner le fait
                                                                             que ces hépatites n’ont pas les carac-
                                                                             téristiques morphologiques classiques
                                                                             d’une hépatite auto-immune et ne
                                                                             comportent pas, en particulier, d’infil-
                                                                             trat plasmocytaire (13). Donc le terme
                                                                             hépatite auto-immune est impropre et
                                                                             le terme hépatite immuno-médiée est
                                                                             préférable.
                                                                             Le passage d’une hépatite aiguë
                                                                             toxique à la chronicité est incertaine.
                                                                             Kleiner et al. ont décrit un certain
                                                                             stade de fibrose chez 2 patients sur
                                                                             5 traités (14). Dans notre série de
                                                                             16 patients traités par immunothé-
                                                                             rapie, une patiente, affectée par une
                                                                             hépatite de grade 4, a eu 3 biopsies
                                                                             hépatiques montrant la progression
                                                                             d’une fibrose (15). Malgré ces cas
                                                                             rapportés, aucune conclusion défini-
                                                                             tive ne peut être tirée.
Figure 3. Granulomes : cellules épithélioïdes sans cellule géante, centrés
                                                                             Évaluation de la sévérité
par une vacuole lipidique et des dépôts annulaires de fibrine (HES x 350)
                                                                             L’évaluation de la sévérité est réalisée
                                                                             selon le Common Terminology
                                                                             Criteria for Adverse Events (CTCAE)
                                                                             développé par le National Cancer
                                                                             Institute (Tableau 3). Cependant,
                                                                             cette classification semble sures-
                                                                             timer la gravité de l’hépatite. Nous
                                                                             pouvons comparer cette classification
                                                                             avec celle utilisée couramment pour
                                                                             l’évaluation de la toxicité hépatique :
                                                                             Drug Induced Liver Injury Network
                                                                             (Tableau 4). À titre d’exemple,
                                                                             l’augmentation des transaminases à
                                                                             20 fois la norme correspond selon la
                                                                             CTCAE à une hépatite de grade 4 qui
                                                                             signifie fatale.
                                                                             Pour rappel, une hépatite est définie
                                                                             sévère si le TP est inférieur à 50 % et
                                                                             fulminante si associée à de l’encépha-
                                                                             lopathie hépatique. De ce fait, il est
                                                                             important d’évaluer la sévérité selon
                                                                             l’expertise de l’hépatologue et que la
                                                                             prise en charge doit être multidisci-
      Figure 4. Lésion de cholangite aiguë destructrice (HES x 400)          plinaire.

                                                        128
Tableau 3 : Classification de sévérité de l’atteinte hépatique en cas de toxicité d’un traitement
               anticancéreux selon la classification Common Terminology Criteria for Adverse Events (CTCAE)
                                     développée par le National Cancer Institute Version 5.0

                                            Grade 1                      Grade 2                    Grade 3                    Grade 4

 ASAT/ALAT                              > LSN – 3 x LSN                >3- 5 x LSN                >5– 20 x LSN                >20 x LSN
 si normale à baseline

 ASAT/ALAT                                  1,5 – 3 x                   >3 - 5 x               >5 – 20 x baseline               >20 x
 si perturbé à baseline                     baseline                    baseline                                               baseline

 PAL                                   > LSN – 2,5 x LSN             > 2,5 - 5 x LSN              >5 - 20 x LSN               >20 x LSN
 si normale à baseline

 Bilirubine                            >LSN – 1,5 x LSN              >1,5 – 3 x LSN               >3 – 10 x LSN               >10 x LSN
 si normale à baseline

 Bilirubine                           >1,0 – 1,5 x baseline        >1,5 – 3 x baseline              >3 – 10 x                   >10 x
 si perturbé à baseline                                                                             baseline                   baseline

LSN : Limite supérieure de la norme

               Tableau 4 : Classification de sévérité de l’atteinte hépatique en cas de toxicité médicamenteuse
                              selon la classification Drug-Induced Liver Injury Network (DILI-N)

                                                                                                                                                  HÉPATOLOGIE
          Grade 1                          Grade 2                   Grade 3                        Grade 4                    Grade 5
           Faible                          Modéré                 Modère à sévère                   Sévère                     Mortel

 Augmentation ASAT/            Augmentation ASAT/              Augmentation ASAT/         Augementation ASAT/           Décès ou
 ALAT ou PAL ou les            ALAT ou PAL ou les              ALAT ou PAL ou les         ALAT ou PAL ou les deux       transplantation
 deux mais bilirubine          deux et bilirubine              deux et bilirubine         et bilirubine totale ≥2,5     hépatique à cause de
 totale < 2,5 mg/dL et         totale ≥2,5 mg/dL               totale ≥2,5 mg/dL et       mg/dL et au moins un des      la toxicité hépatique
 INR < 1,5                     ou INR ≥1,5 sans                hospitalisation à cause    suivant :
                               hyperbilirubinemie              de la toxicité hépatique   1) ictère pendant > 3 mois
                                                                                          2) décompensation
                                                                                              hépatiques (INR≥1,5,
                                                                                              ascite, encéphalopathie
                                                                                              hépatique)
                                                                                          3) une autre défaillance
                                                                                              d’organe à cause de la
                                                                                              toxicité

Dans la majorité des cas, la perturba-                  Il est intéressant de noter qu’aucun           être discutés dans un centre expert. La
tion du bilan hépatique sous traite-                    cas d’hépatite fulminante n’a été              transplantation hépatique est malheu-
ment anticancéreux n’est pas sévère                     décrit dans les études sur le traite-          reusement souvent contre-indiquée
mais des cas d’hépatite fulminante                      ment par immunothérapie chez les               pour des raisons d’ordre oncologique.
ont été rapportés.                                      patients cirrhotiques à ce jour.
                                                                                                       En ce qui concerne l’immunothéra-
Pour l’immunothérapie selon les                         La biopsie nous donne aussi des infor-         pie, les recommandations de diffé-
données de l’OMS VigiBase (http://                      mations sur la sévérité de l’atteinte          rentes sociétés savantes telles que la
www.vigiacces.org), une incidence                       hépatique, le pourcentage de nécrose,          Society for Immunotherapy of Cancer
d’hépatite fulminante de 0,4 % a                        le degré de l’infiltrat inflammatoire, la      (SITC), l’European Society of Medical
été rapportée. Les résultats d’une                      présence d’endothélite et cholangite.          Oncology (ESMO) et l’American
étude multicentrique ayant inclus                                                                      Society of Clinical Oncology (ASCO)
3 545 patients sont également                           Le traitement                                  envisagent la suspension de l’immu-
rapportés et une hépatite fulminante                    Devant une perturbation du bilan               nothérapie et l’introduction d’une
affectait 0,14 % des patients (16).                     hépatique de grade ≥ 2, la thérapie            corticothérapie à partir du grade 2
                                                        anticancéreuse doit être suspendue.            de toxicité à la dose de 0,5 mg/kg/j
Dans le cadre des patients cirrhoti­                                                                   (Tableau 5) (18). Les doses augmen-
ques qui développent une toxicité                       En cas de toxicité hépatique de la             tent de façon progressive en fonction
hépatique pendant un traitement par                     chimiothérapie, aucun traitement               du degré de la toxicité jusqu’à attendre
immunothérapie pour le carcinome                        spécifique ne peut être proposé. Si les        le 2 mg/kg/j. Le délai de résolution des
hépatocellulaire (CHC), le bilan hépa-                  lésions de SOS sont accompagnées               toxicités non hépatiques de l’immu-
tique est souvent perturbé avant le                     d’une hypertension portale compli-             nothérapie est d’environ 2 semaines
début de l’immunothérapie. L’éva­                       quée d’ascite réfractaire ou d’hémorra-        cependant l’intervalle de résolution de
luation de la sévérité se base sur des                  gie digestive (par rupture des varices         la toxicité hépatique est très variable
seuils différents. Encore une fois la                   œsophagiennes ou gastropathie d’hy-            comprise entre 3 et 104 jours selon
prise en charge doit tenir compte de                    pertension portale) un traitement par          les séries. De façon surprenante, une
l’expertise de l’hépatologue (15).                      défibrotide ainsi qu’un TIPS doivent           étude a rapporté un temps plus long de

                                                                          129
Tableau 5 : Recommandations de prise en charge de la toxicité hépatique de l’immunothérapie
                               selon l’European Society of Medical Oncology (ESMO).
    Adapté de Haanen JBAG, Carbonnel F, Robert C, Kerr KM, Peters S, Larkin J, et al. Management of toxicities from immunotherapy:
               ESMO Clinical Practice Guidelines for diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol 2017;28:iv119–iv142

          Sévérité                                        Traitement                                        Immunotherapie

         Grade 1
                                                       Pas de traitement                              Continuer l’immunothérapie
 ASAT ou ALAT >LSN-3xLSN

          Grade 2                          Si ASAT/ALAT élevés au deuxième contrôle                   Suspendre l’immunothérapie
   ASAT ou ALAT >3-5xLSN                      Introduire prednisolone 1mg/kg/jour                         Reprise si grade ≤ 1

                                    ASAT/ALAT < 400 et bilirubine totale/INR/diminution
                                                                                                     Suspendre l’immunothérapie
          Grade 3                    de l’albumine introduire prednisolone 1mg/kg/jour
  ASAT ou ALAT >5-20xLSN                                                                            Reprise si grade ≤ 1 avec accord
                                   ASAT/ALAT > 400 ou augmentation de la bilirubine/INR/
                                                                                                           de l’hépatologue
                               diminution de l’albumine : (methyl)prednisolone 2mg/kg/jour i.v.

          Grade 4
                                             (methyl)prednisolone 2mg/kg/jour i.v.                       Arrêter définitivement
   ASAT ou ALAT >20xLSN

résolution chez les patients traités par      pas besoin d’une corticothérapie et les        avaient pas eu, malgré l’utilisation des
corticoïdes par rapport aux patients          patients ayant une hépatite de grade           corticoïdes (21). D’autres études ont
non traités (8,6 versus 4,7 jours) pro-       ≥ 3 peuvent aussi s’améliorer avec             confirmé l’absence des conséquences
bablement car les patients traités été        l’arrêt de l’immunothérapie dans 50 %          oncologiques chez les patients traités
les plus sévères (26).                        des cas. Seuls des critères de sévérité        par corticoïdes. Néanmoins, une étude
                                              « hépatologiques » comme une biliru-           a décrit des résultats moins bons chez
Pour les patients cirrhotiques, un
                                              bine > à 2,5 mg/dl, une insuffisance           les patients traités par immunothéra-
algorithme a été proposé récemment
                                              hépatocellulaire ou une constante              pie et ayant reçu plus de 10/mg/j de
(17). Même en cas de cirrhose, le
                                              aggravation du bilan hépatique repré-          corticoïdes (22). De nouvelles études
traitement par corticoïdes n’est pas
                                              sentent les indications à la mise en           sont nécessaires pour mieux répondre
toujours nécessaire.
                                              place d’une corticothérapie. Cela              à cette question.
S’il n’y a pas d’amélioration malgré          permet d’éviter de fortes doses des cor-
la dose maximale des corticoïdes,             ticoïdes, souvent non nécessaires, avec
la toxicité hépatique est considérée          leurs nombreux effets indésirables. Si
comme corticorésistante, et dans ce           le patient ne répond pas à la forte dose       Est-ce qu’un traitement
                                              des corticoïdes, l’ajout du mycopheno-
cas l’ajout d’un deuxième immunosup-
                                              late mofetil nous semble le traitement
                                                                                             anticancéreux peut être
presseur doit être envisagé. Le plus
fréquemment utilisé est le mycophe-           de choix. Dans le cadre d’une élévation        réintroduit après une
nolate mofetil. L’azathioprine a été          de GGT et PAL isolée un traitement             toxicité hépatique ?
aussi utilisé avec succès, ainsi que les      par acide ursodésoxycholique doit
inhibiteurs de la calcineurine (tacro-        être débuté. En cas de cholestase qui
                                              accompagne la cytolyse, l’acide ursodé-        La réintroduction d’un traitement
limus, ciclosporine), même s’il s’agit
                                              soxycholique peut aussi être ajouté au         anticancéreux doit toujours mettre en
uniquement de cas cliniques. Enfin,
                                              traitement immunosuppresseur.                  balance le bénéfice oncologique avec
pour les formes sévères, la thymoglo-
                                                                                             le risque de récidive de l’hépatite qui
buline a été employé, avec la metylpre-       La prise en charge de la toxicité hépa-        peut être plus sévère que la première
dnisolone et le mycophenolate mofetil         tiques des antinéoplasique doit être           fois. La reprise d’un traitement anti-
de façon efficace mais cela reste             menée par un groupe multidiscipli-             cancéreux doit être faite après la
anecdotique (19). L’infliximab a été          naire qui inclut un hépatologue.               résolution de l’hépatite, soit un grade
administré à deux patients ayant une
                                                                                             ≤ 1 de sévérité. En particulier pour
hépatite immune-médiée avec réso-
                                                                                             l’immunothérapie cette reprise doit
lution des symptômes, mais il n’est
                                                                                             être décidée de façon collégiale et le
pas la meilleure option thérapeutique
compte tenu de sa possible toxicité
                                              Est-ce que le traitement                       dossier doit être discuté en réunion
hépatique, elle aussi immuno-médiée.          immunosuppresseur a un                         multidisciplinaire. Pour la chimiothé-
                                                                                             rapie, il est conseillé de choisir une
Un cas clinique rapporte la survenue          impact sur la réponse à                        nouvelle classe de molécules.
d’une hépatite fulminante, traitée            l’immunothérapie ?                             Pour l’immunothérapie, la récidive
par des échanges plasmatiques avec
                                                                                             de la toxicité hépatique a été
réversibilité de l’encéphalopathie
                                              Il ne semble pas que les corticoïdes ou        rapportée entre 0 % et 66 % des cas
hépatique (20).
                                              un traitement immunosuppresseur de             en fonction du traitement administré.
Nous avons récemment publié une               deuxième ligne ait un impact sur la            Si l'on regarde tous les cas cliniques
proposition de prise en charge qui            survie globale des patients. Une étude         décrits dans la littérature, parmi les
diffère des recommandations compte            a rapporté une meilleure réponse onco-         58 patients re-traités, 11 (19 %) ont
tenu de notre expérience, confirmée           logique chez les patients qui avaient          développé une récidive de l’hépatite et
par d’autres équipes (2). Les patients        développé une toxicité d’organe de             dans une forme non sévère. Toutefois
avec une hépatite de grade 2 n’ont            grade ≥ 3 par rapport à ceux qui n’en          si nous ne regardons que les patients

                                                                 130
qui ont une toxicité de grade ≥ 3, le           4.	EASL 2017 Clinical Practice Guide-                   18.	Haanen JBAG, Carbonnel F, Robert C,
risque s’élève à 40 % (2).                          lines on the management of hepatitis                    Kerr KM, Peters S, Larkin J, et al.
                                                    B virus infection J Hepatol. 2017                       Management of toxicities from immuno-
La réintroduction d’une immunothéra-                Aug;67(2):370-398                                       therapy: ESMO Clinical Practice Guide-
                                                                                                            lines for diagnosis, treatment and
pie combinée (par exemple anti-CTLA4            5.	Lombardi A, Mondelli MU. Review article:                follow-up. Ann Oncol 2017;28:iv119–iv142.
+ anti-PD1) est associée avec un risque             immune checkpoint inhibitors and the liver,
                                                    from therapeutic efficacy to side effects.           19.	McGuire HM, Shklovskaya E, Edwards J,
élevé de récidive de la toxicité. Il est
                                                    Aliment Phar- macol Ther 2019;50:872–884.               T r e v i l l i a n P R , M c C a u g h a n G W,
donc conseillé d’introduire un seul                                                                         Bertolino P, et al. Anti-PD-1-induced
anticorps monoclonal si le patient a            6.	Navarro VJ., Senior JR. Drug-related                    high-grade hepatitis associated with
                                                    hepatotoxicity N Engl J Med. 2006 Feb                   corticosteroid-resistant T cells: a case
reçu une thérapie combinée. Les anti-               16;354(7):731-9                                         report. Cancer Immunol Immunother
CTLA4 doivent être évités car il a été
                                                7.	Alessandrino F, Tirumani SH, Krajewski KM,              2018;67:563–573.
rapporté des cas de récidive d’hépatites
                                                    S h i n a g a r e A B , J a g a n n a t h a n J P,   20.	Riveiro-Barciela M, Muñoz-Couselo E,
plus sévères chez les patients ayant                Ramaiya NH et al. Imaging of hepatic                    Fernandez-Sojo J, Diaz-Mejia N, Parra-
reçu un anti-CTLA4 après un premier                 toxicity of systemic therapy in a tertiary              López R, Buti M. Acute liver failure due
traitement par anti-PD1 par rapport                 cancer centre: chemotherapy, haema-                     to immune-mediated hepatitis success-
aux patients qui ont reçu un traite-                topoietic stem cell transplantation,                    fully managed with plasma exchange:
                                                    molecular targeted therapies, and                       new settings call for new treatment strat-
ment par anti-PD1 après un traite-                  immune checkpoint inhibitors Clin Radiol.               egies? J Hepatol 2019;70:564–566.
ment par anti-CTLA4. Une explication                2017 Jul;72(7):521-533.
possible de cette différence est l’acti-                                                                 21.	Fujii T, Colen RR, Bilen MA, Hess KR,
                                                8.	Field KM, Michael M. Part II: Liver                     Hajjar J, Suarez-Almazor ME, et al.
vité prolongée de l’anti-PD1 après son              function in oncology: towards safer                     Incidence of immune-related adverse
arrêt et au moment de l’introduction                chemotherapy use. Lancet Oncol. 2008                    events and its association with treatment
de l’anti-CTLA4. Bien que la demi-vie               Dec;9(12):1181-90.                                      outcomes: the MD Anderson Cancer
de l’anti-PD1 soit entre 17 et 25 jours,                                                                    Center experience. Invest New Drugs

                                                                                                                                                               HÉPATOLOGIE
                                                9.	Rubbia-Brandt L, Lauwers GY, Wang H,
il semblerait que son activité soit pro-            Majno PE, Tanabe K, Zhu AX, et al.                      2018;36:638–646.
longée jusqu’à 59 jours (23). Donc,                 Sinusoidal obstruction syndrome and                  22.	Scott SC, Pennell NA. Early use of
                                                    nodular regenerative hyperplasia are                    systemic corticosteroids in patients
les patients traités par anti-CTLA4
                                                    frequent oxaliplatin-associated liver lesions           with advanced NSCLC treated with
pendant cette période sont à considé-               and partially prevented by bevacizumab                  nivolumab. J Thorac Oncol 2018;13:1771–
rer comme recevant une bithérapie.                  in patients with hepatic colorectal metas-              1775.
                                                    tasis Histopathology 2010 Mar;56(4):430-9.
Malheureusement, peu de facteurs                                                                         23.	Brahmer JR, Drake CG, Wollner I,
                                                10.	LoPiccolo J, Brener MI, Oshima K,                      Powderly JD, Picus J, Sharfman WH,
de risque de récidive ont été mis en               Lipson EJ, Hamilton JP. Nodular regen-                   et al. Phase I study of single-agent
évidence.                                          erative hyperplasia associated with                      anti-programmed death-1 (MDX- 1106)
                                                   immune checkpoint blockade.                              in refractory solid tumors: safety, clinical
Il a été rapporté que chez les patients            Hepatology 2018;68:2431–2433.                            activity, pharmaco- dynamics, and
qui ont été retraités avec le même                                                                          immunologic correlates. J Clin Oncol
                                                11.	Meunier L, Larrey D. Chemotherapy-as-
traitement (anti-PD1 ou anti-PDL1),                sociated steatohepatitis. Ann Hepatol.                   2010;28: 3167–3175.
l’intervalle entre l’administration                2020 Nov-Dec;19(6):597-601.                           24.	Simonaggio A, Michot JM, Voisin AL,
du traitement et le premier épisode                                                                         Le Pavec J, Collins M, Lallart A, et al.
                                                12.	Papouin B, Mussini C, De Martin E,
de toxicité était plus court pour les              Guettier C. [Hepatic and digestive                       Evaluation of readministration of immune
patients qui ont eu une récidive de la             adverse events of immune checkpoint                      checkpoint inhibitors after immune-re-
                                                   inhibitors (anti-CTLA-4 and, anti-PD-1/                  lated adverse events in patients with
maladie tumorale par rapport à ceux                                                                         cancer. JAMA Oncol 2019;5:1310–1317.
                                                   PD-L1): A clinico-pathological review]
qui n’ont pas eu de récidive (9 versus
                                                   Ann Pathol. 2018 Dec;38(6):338-351.                   25.	Vozy A, De Martin E, Johnson DB, Lebrun-
15 jours, p=0.04) (24). Cette observa-
                                                13.	Zen Y, Yeh MM. Hepatotoxicity of immune                 Vignes B, Moslehi JJ, Salem JE Increased
tion ne se réfère pas spécifiquement                                                                         reporting of fatal hepatitis associated
                                                    checkpoint inhibitors: a histology study
à la toxicité hépatique, et doit être               of seven cases in comparison with                        with immune checkpoint inhibitors Eur J
prise en compte lors de la discussion               autoimmune hepa- titis and idiosyncratic                 Cancer 2019 Dec;123:112-115.
de réintroduction de l’immunothé-                   drug-induced liver injury. Mod Pathol                26. Gauci ML, Baroudjian B, Zeboulon C,
rapie. La nécessité d’une prophylaxie               2018;31:965–973.                                     Pages C, Poté N, Roux O, et al. Immune-re-
par corticoïdes avant la réintroduction         14.	 Kleiner DE, Ber man D. Pathologic                  lated hepatitis with immunotherapy: are
                                                                                                         corticosteroids always needed? J Hepatol
reste controversée.                                 changes in ipilimumab-related hepa- titis
                                                    in patients with metastatic melanoma.                2018;69:548–550.
                                                    Dig Dis Sci 2012;57:2233– 2240.
                                                15.	De Martin E, Michot JM, Papouin B,
                                                   Champiat S, Mateus C, Lambotte O,
Références                                         et al. Characterization of liver injury               Remerciements
                                                   induced by cancer immunotherapy
                                                   using immune checkpoint inhibitors. J
1.	Ramadori G., Cameron S. Effects of             Hepatol 2018;68:1181–1190.
    systemic chemotherapy on the liver.
                                                                                                         Dr Audrey Coilly, Centre Hépato-
    Annals of Hepatology 2010;9:133-143.        16.	
                                                   Wa n g D Y, S a l e m J E , C o h e n J V,            biliaire, Hôpital Paul Brousse, pour la
                                                   Chandra S, Menzer C, Ye F, et al. Fatal               relecture critique.
2.	De Martin E, Michot JM, Rosmorduc O,           toxic effects associated with immune
    Guettier C, Samuel D. Liver toxicity as a      checkpoint inhibitors: a systematic                   Dr Astrid Laurent-Bellue et Prof
    limiting factor to the increasing use of       review and meta-analysis. JAMA Oncol                  Catherine Guettier, Département
    immune checkpoint inhibitors JHEP Rep.         2018;4:1721–1728.
    2020 Aug 11;2(6):100170.
                                                                                                         Anatomie et cytologie pathologiques,
                                                17.	Sangro B, Chan SL, Meyer T, Reig M,                 Hôpital Bicêtre pour les images anato-
3.	Field KM, Dow C, Michael M. Part               El-Khoueiry A, Galle PR. Diagnosis and                mopathologique.
    I: Liver function in oncology: biochem-        management of toxicities of immune
    istry and beyond. Lancet Oncol. 2008           checkpoint inhibitors in he- patocellular
    Nov;9(11):1092-101.                            carcinoma. J Hepatol 2020;72:320–341.

                                                                        131
5
    Les cinq points forts
    ●	Le diagnostic de toxicité hépatique du traitement anticancéreux
       nécessite l’exclusion de toute autre cause d’hépatite aiguë.

    ●	La sévérité de l’atteinte hépatique peut être surestimée par la
       classification de la sévérité des effets indésirables (CTCAE). Une
       expertise hépatologique est souhaitable.

    ●	L’examen histologique confirme le diagnostic et permet d’éva-
       luer la sévérité de l’atteinte hépatique. Une biopsie hépatique est
       conseillée en cas de toxicité hépatique de grade ≥ 3.

    ●	La mise en place d’un traitement par corticoïdes pour la toxicité
       de l’immunothérapie doit être évaluée en fonction de sa sévérité.

    ●	La réintroduction du traitement anticancéreux est possible après
       amélioration du bilan hépatique (toxicité de grade ≤ 1). Elle doit
       être validée par une réunion multidisciplinaire en tenant compte
       du rapport bénéfice-risque.

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