Porcelain On Porcelain - Piet Stockmans - Spazio Nobile
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Piet Stockmans photo by Studio Stockmans Born in Leopoldsburg (Belgium) in 1940, Piet Stockmans this year celebrates the 30th anniversary of his studio. Living on the site of Genk’s C-Mine, his career fluctuates between art, the applied arts and industrial design. For nearly 30 years, he taught product design at KHLim in Genk and the Design Academy Eindhoven, and collaborated with industry – notably 25 years with Royal Mosa. New ideas and experiments continue to nourish his work as an artist-ceramicist, ranging from unique or multiple pieces of applied art, to integrations of his porcelain works, to architecture. Cultural ambassador for Flanders in 1995, winner of the Henry Van de Velde Career Award (Flanders Design) in 1998, his works have been included in major exhibitions (solo or group) and have been the subject of memorable installations. Stockmans has seen his creations take their place in the largest Belgian and international collections: PMMK Oostende, Designmuseum Gent, Stedelijk Museum Amsterdam, MAD New York, Met New York, Mint Museum of Craft and Design, Musée national / Cité de la Céramique de Sèvres, V&A London, etc. He has also led many workshops and conferences in major art and design schools, and has participated in important biennials of ceramics. Spazio Nobile represents Stockmans since 2017 and celebrates in 2020 his 80th anniversary. 2 3 PIET STOCKMANS
Exhibition & Events Chicago (US) Luminaire Seoul (KR) Tong-in Gallery Selb (DE) Europ. Industriemuseum für Porzellan Torino (IT) Palazzo Bricherasio Toronto (CA) Gardiner Museum Charlotte (US) Mc Coll Center Chicago (US) Luminaire Seoul (KR) Tong-in Gallery Brussels (BE) Spazio Nobile Brussels (BE) Kanal Centre Pompidou Amsterdam (NLD) Stedelijk Museum Amsterdam (NLD) Vlaams Cultureel Centrum De Brakke GrondBrussel (BE) V.R.T. television - Brussels (BE) Arnhem (NL) Museum voor Moderne Kunst Metrostation Georges Henri - Brussels (BE) Barcelona (SP) Museu de ceràmica KBC Hoofdkantoor - Leuven (BE) Berlin (DE) Ambtswoning Ambassadeur Cultureel Centrum - Hoofddorp (NL) Brussels (BE) Vlaams Parlement Volvo Car - Gent (BE) Deinze (BE) museum van Deinze en de Leiestreek Ufsia (university of Antwerp) - Antwerpen (BE) Deventer (NL) Bergkerk Lucas kantoormeubelen - Hamont-Achel (BE) Gent (BE) Design Museum Group Gijbels - Opglabbeek (BE) Gera (DE) Haus Schulenburg Henry van de Velde Administratief Centrum – Berendrecht (BE) Hasselt (BE) Stedelijk Museum Stellingwerff- Le Meridien Hotel - Minneapolis (US) Waerdenhof Heerlen (NL) Rai - Amsterdam (NL) Stadsgalerij Helsinki (FL) Museum of Art and Design Aubrey Square 20 - Kensington London (GB) Knokke-Heist (BE) Cultureel Centrum University of Hasselt - Diepenbeek (BE) London (GB) Crafts Council Luminaire - Chicago (US) London (GB) Sotheby’s Kantoren Belgische Delegatie Europese Unie – Brussel London (GB), Phillips de Pury & Company (BE) Maastricht (NL) Bonnefanten De Rijp (NL) Oostend (BE) Provinciaal Museum voor Moderne Luminare Miami (US) Kunst Sabic – Sittard (NL) Oostend (BE) Venetiaanse Gaanderijen Crossover Crosswalk – Grote Markt Hasselt (BE) Paris (FR) La Maison Rouge Reumacentrum Genk (BE) Rome (IT) Academia Belgica Ter Heide - Genk (BE) Selb (DE) Europ. Industriemuseum für Porzellan Tourmalien - Genk (BE) Torino (IT) Palazzo Bricherasio Collection Belfius, Brussels (BE) Toronto (CA) Gardiner Museum Spazio Nobile, Brussels (BE) Charlotte (US) Mc Coll Center 4 PIET STOCKMANS 5 PIET STOCKMANS
Collections Awards PMMK - Oostende (BE) Ion Award, Good industrial design, Maastricht (NL), Designmuseum - Gent (BE) 1987 Museum De Stadsmus - Hasselt (BE) Official Prize from the Flemish Community in 1988 for Museo Internazionale delle Ceramiche - Faenza (ITA) Visual Arts (BE) Stedelijk Museum - Amsterdam (NL) Award “Art and smell”, perfume packaging, 1993 (NL) Haags Gemeentemuseum - Den Haag (NL) Cultural Ambassador of Flanders 1995 (BE) Boymans-van Beuningen - Rotterdam (NL) Award “Auszeichnung RED DOT für Höchste Stedelijk Museum - Schiedam (NL) Designqualität”, Nordrhein Westfalen (DE), 1996 Museum Het Princessehof - Leeuwarden (NL) Henri van de Velde price for a career, Design Gemeentemuseum - Arnhem (NL) Vlaanderen, 1998 (BE) Stadskantoor Zwolle - Zwolle (NL) Museum of Arts and Design – New York City, NY (US) Los Angeles County Museum of Art - Los Angeles, CA (US) Metropolitan Museum - New York City, NY (US) Long Beach Art Museum – Long Beach, CA (US) Racine Art Museum – Racine, WI (US) Carnegie Institute – Pittsburg, Pennsylvania (US) Mint Museum of Craft and Design – Charlotte, NC (US) Ceramic Res. Center – Arizona State Univ, Tempe, AZ (US) Newark Museum of Art – Newark, NJ (US) George R. Gardiner Museum - Toronto (CA) Musée National de Sèvres – Sèvres (FR) Icheon Ceramic Center – Icheon (KR) Victoria & Albert Museum – London (GB) Several private collections 6 PIET STOCKMANS 7 PIET STOCKMANS
Piet Stockmans Pendant ses six décennies dans la discipline, Piet Stockmans s’est ingénié à confronter l’ordre et la Mesures extrêmes turbulence, la solidité et la fragilité, suivant cet instinct dialectique où qu’il le conduise. Entre ses mains, la céramique devient une forme artistique aux courbes Essai par Glenn Adamson, TLmag 33 moins terrestres qu’océaniques ou célestes, un champ qui s’étend à l’infini et recèle des forces qui nous dépassent. Comme l’illustre largement ce nouvel ouvrage, Piet Stockmans n’a jamais été tenté par la facilité. « Tout au long de ma vie, explique-t-il, j’ai souvent choisi de tout reprendre à zéro. » Son travail n’en présente pas moins des « Toute sa vie, on tourne autour du point où l’on s’efforce de constantes, comme sa fidélité à la porcelaine et ce qu’on saisir et de matérialiser l’essence de sa propre personnalité. appelle désormais le « Stockmansblauw » (« le bleu- On ne peut pas rester indéfiniment auprès de ce centre. En Stockmans »), qui évoque le bleu de la vaisselle chinoise, ce qui me concerne, du moins, j’ai toujours éprouvé le besoin mais lui sert avant tout de signe distinctif, comme le bleu de me réfugier à la marge pour reprendre mon souffle. » Piet marine déposé par Yves Klein. La porcelaine dure et le Stockmans, 2020 bleu cobalt sont en eux-mêmes des matériaux extrêmes : ils résistent aux plus hautes températures de cuisson La céramique est tout naturellement un art des contours. (autour de 1 400 degrés Celsius), dont ils émergent dans Chaque récipient tourné manifeste un périmètre, leur forme la plus pure. L’attachement de Piet Stockmans gravite autour de lui-même ; chaque sculpture est une à cette palette ne signifie pas pour autant qu’il y soit masse construite dont les énergies circulent à la surface. enchaîné. Il a en effet obtenu d’excellents résultats en La céramique est entachée d’une réputation d’art travaillant sur d’autres couleurs et déclare au sujet de la domestique, voire décoratif, qui relève d’un profond porcelaine : « Si je m’étais trouvé dans une usine de papier malentendu : il peut s’agir de la forme artistique la plus en 1963, j’aurais produit des œuvres similaires et accroché des extrême, toujours en équilibre sur un fil, tentée par livres aux murs. » En d’autres termes, Piet Stockmans est l’extérieur et prompte à tester ses propres limites. avant tout un artiste conceptuel, bien qu’il produise des Tel est le regard que porte Piet Stockmans sur pièces résolument tactiles dont on peut pressentir les sa propre discipline. Il a passé toute sa carrière reliefs avant même de les toucher. à sonder l’abîme, au sens propre comme figuré. En témoigne la constance de son langage matériel, qui Parmi ses compositions les plus reconnaissables figurent ne fait qu’exalter les spectaculaires changements de cap de nombreux récipients en porcelaine et fragments qu’il a osé entreprendre au fil des décennies. Le goût de imparfaits aux rebords délimités par un lavis bleu. Malgré l’extrême est en effet la vraie constante de sa trajectoire. leur apparente sérénité, ses installations peuvent aussi Au début de sa carrière, Piet Stockmans s’intéressait déjà être interprétées comme des champs d’énergie défiant au moment précis où la forme menace de chavirer, au leurs propres limites. point de rupture entre l’ordre et le désordre. Au milieu Les variations individuelles de chaque rebord laissent des années 1970, alors designer pour Royal Mosa, une deviner une marée à peine contrôlée, un chaotique usine de production en série à Maastricht, aux Pays- bouillonnement en contrebas. Bas, il a créé une série de poteries « défonctionnalisée », autant de cafetières et autres ustensiles dont l’utilité s’est trouvée annulée du même coup. 10 PIET STOCKMANS 11 PIET STOCKMANS
Dans un projet similaire, le coulage de formes utilitaires Fondées sur un moulage de son propre visage, ses deux dans des blocs de béton lui a permis de les retirer de la premières pièces proposaient une claire métaphore circulation de façon encore plus explicite et brutale. En de l’introspection, tout en prenant leurs distances par témoigne la constance de son langage matériel, qui ne rapport au genre de l’autoportrait via la répétition en fait qu’exalter les spectaculaires changements de cap série. Ces sculptures s’apparentent davantage à des qu’il a osé entreprendre au fil des décennies. Le goût de médiations sur la condition humaine, d’un point de vue l’extrême est en effet la vraie constante de sa trajectoire. à la fois physique et psychologique : « D’un seul coup, Au début de sa carrière, Piet Stockmans s’intéressait déjà l’homme devient complètement fragile, littéralement au moment précis où la forme menace de chavirer, au et symboliquement, et sa peau complètement tactile », point de rupture entre l’ordre et le désordre. Au milieu explique-t-il au sujet de son travail. des années 1970, alors designer pour Royal Mosa, une Ce nouveau cap a permis à Piet Stockmans de traverser usine de production en série à Maastricht, aux Pays- cette sombre période, qui a débouché sur un vaste Bas, il a créé une série de poteries « défonctionnalisée », répertoire de sculptures figuratives et des travaux autant de cafetières et autres ustensiles dont l’utilité s’est thématiques connexes. Malgré leur diversité, ces trouvée annulée du même coup. Dans un projet similaire, projets ont en commun de réconcilier ces oppositions le coulage de formes utilitaires dans des blocs de béton manichéennes : le liquide et le solide, le corps subjectif lui a permis de les retirer de la circulation de façon encore et la matière inerte, le terrestre et le cosmique, et plus explicite et brutale. même la vie et la mort. À cette fin, l’artiste a notamment Ces objets trouvés et altérés (ou « readymades assistés employé de l’argile non cuite pour matérialiser le », pour reprendre les termes de Duchamp), font en principe de transmutation systématique. Il a découvert quelque sorte figure d’exceptions dans la carrière de Piet de nombreux procédés permettant d’en exploiter les Stockmans. À partir de 1974, après avoir quitté l’usine propriétés naturelles, comme sa tendance à réduire, pour ouvrir son propre atelier, il a toujours créé ses onduler et craqueler lorsqu’elle est livrée à elle-même, pièces de bout en bout, avec l’implacable rigueur d’un pour évoquer entre autres choses la mortalité du corps. chercheur de laboratoire ou d’un ingénieur mécanique. Une installation montée en 1999 dans une église de Mais la logique de la « défonctionalisation » ne l’a Deventer, aux Pays-Bas, propose une allégorie du cycle jamais abandonné : ses pièces sont presque toujours de la vie : des moules, des formes finies et des éclats. le théâtre d’un ‘happening’, où la routine prévisible Piet Stockmans a un avis partagé sur la religion, dont il de la production dévie pour s’aventurer en territoire apprécie l’appel à la réflexion, mais rejette le dogmatisme. inconnu. Piet Stockmans met en scène des ‘happenings’ « Tu es poussière et tu redeviendras poussière », peut- matériels plus qu’il ne crée des formes, conférant ainsi on lire dans la Bible ; mais l’argile, une fois cuite, ne une dimension dramatique à ses travaux. Même au plus retrouve jamais son état pré-vitrifié. « J’éprouve une haut degré d’abstraction, ils sont porteurs d’une forme certaine satisfaction à donner tort au Seigneur », confie temporelle. Piet Stockmans. Voilà pourquoi l’argile constitue notre Cette tendance narrative a atteint sa pleine expression plus précieuse ressource archéologique pour mieux à partir de 1992, où Piet Stockmans s’est tourné vers le connaître les cultures préhistoriques. La céramique figuratif. Après deux coups durs – l’échec d’un ambitieux vient de la terre, mais n’y retourne pas, du moins dans son projet d’usine de production et la perte d’un petit- état originel. À cet égard, elle constitue tout à la fois le enfant –, il a réagi en produisant une série de sculptures premier cas et la quintessence du penchant humain pour introspectives consacrées au corps humain. la transformation. 12 PIET STOCKMANS 13 PIET STOCKMANS
J’aimerais clore cet essai sur une œuvre bouleversante qui aborde encore une fois ces questions sous l’angle des limites : dans un élégant renversement de ses premières « défonctionnalisations », Piet Stockmans a commencé à réparer des morceaux de porcelaine brisée en comblant les fêlures et les creux des récipients au moyen d’un bleu d’une grande pureté. Cette série rend un gracieux hommage au « kintsugi » japonais, une technique similaire qui consiste à réparer au moyen de laque et d’or. L’idée n’est pas tant de réparer le récipient que de le faire renaître. Il s’agit autant de produire un objet qu’un événement ou une action. Toute action entraîne une réaction, ce n’est un secret pour personne, mais peu semblent en avoir aussi intimement conscience que Piet Stockmans. Riche d’une longue carrière, ici et maintenant, il mérite de pouvoir regarder en arrière pour apprécier le chemin parcouru. Mais renoncera-t-il pour autant à prendre des risques ? Jamais. 14 PIET STOCKMANS 15
Piet Stockmans As this volume amply demonstrates, it has never been Stockmans’ way to rest easy. “In the course of my life,” he Extreme Measures says, “I have often opted to start from zero again.” To be sure, there are constants in his work: above all his abiding involvement with porcelain, and what has come to be Essay by Glenn Adamson, TLmag 33 called Stockmans-blue, a shade redolent of the blue in Chinese wares, but also serving for him as an immediate personal identifier, much as Yves Klein used his own brand of ultramarine. These two materials – hard-paste porcelain and cobalt blue – are themselves extreme, in the sense that they survive in pure form at the upper “ All your life you circle around the point where you try to end of kiln-firing temperatures (about 1400 degrees capture and give shape to the core of your personality. You can’t Celsius). Yet even as Stockmans continues to mine this always stay in the middle. In my case at least, I always had to palette, he does not think of himself as restricted by his it. go to the fringes to breathe again. ” Piet Stockmans, 2020 He has worked in other colors with great effectiveness; and as for porcelain, “If I had found myself in a paper Ceramics is, quite naturally, an art of edges. Every thrown factory in 1963,” he says, “I would have made similar vessel is a perimeter manifested, an object in orbit around works, and nailed books to the wall.” itself; every ceramic sculpture a constructed mass whose In other words, even though Stockmans’ work is energies congregate on the surface. Though it has a assertively tactile – you can feel it without touching reputation for being domestic, even decorative, this it – he is first and foremost a conceptual artist. To the is a fundamental misunderstanding: it can be the most extent that he does work in a consistent material idiom, extreme of art forms, poised always to push outward, that only emphasizes the dramatic changes of course he testing its own boundaries. has undertaken as the decades have rolled on. Extremity This is Piet Stockmans’ view of the matter. He has is the one true constant. Even at the outset of his conducted his whole career at the edge, both literally and career, he was interested in form at its precise moment figuratively. Among his most recognizable compositions of disruption – the border where order and disorder feature numerous porcelain vessels and imperfect confront one another. In the mid 1970s, while working fragments, the lips of each marked out in a wash of as a designer in a serial production factory in Maastricht blue. Despite their outward serenity, these installations (Holland), he created a series of “defunctionalized” can also be understood as energy fields, welling up ceramics – coffeepots and the like, whose usefulness against their own limits. The individual variations of was canceled out like postage on an envelope. A related each painterly edge suggest a barely controlled tide, project involved casting utilitarian forms in blocks of a brimming chaos beneath. Over the course of his six concrete, and even more explicit and brutal way of decades in the medium, Stockmans has pursued the withdrawing them from circulation. These altered collision between order and turbulence, strength and found objects (or “assisted readymades,” to use the fragility, following that dialectical instinct wherever Duchampian terminology) are in some ways outliers it leads him. In his hands, ceramic seems not so much within Stockmans’ career; after leaving the factory to a terrestrial art form as an oceanic or celestial one: a start his own studio, a transition that began in 1974, he has domain of infinite amplitude, containing forces beyond always made his work from scratch, with the intense rigor our reckoning. of a laboratory scientist or mechanical engineer. 16 PIET STOCKMANS 17 PIET STOCKMANS
Yet in another sense, the logic of “defunctionalization” Dust thou art, and unto dust shalt thou return, the Bible has remained with him ever since. Almost always, his verse has it. But clay, once fired, can never return to its works are legible as a site where something has happened, pre-vitrified state. (“It does me good to catch God out,” the predictable routines of ceramic production swerving Stockmans says.) It’s for this reason that it is our most into unprecedented territory. Stockmans doesn’t so valuable archaeological resource for learning about much create forms; he makes material events. This lends prehistoric cultures. Ceramic may come from earth, but his work a dramatic quality. Even at its most abstract, it to earth it does not return – at least not as it began. In this contains within it a shape of time. sense, it is the first instance, and still the quintessence, of This narrative propensity attained its fullest expression the human propensity to transform. after 1992, when Stockmans turned to figuration. He I’d like to end this essay with one last, and extremely had suffered a double blow in his life – an ambitious poignant, expression of these themes – again perched attempt to establish a production factory failed, and he right at the edge of form. In an elegant reversal of his also lost a grandchild – and in response, produced an early “defunctionalizations,” Stockmans has begun to introspective series of sculptures dealing with the human operate on broken pieces of porcelain, filling the cracks body. The first works in this direction were cast from his and voids of the vessels with purest blue. This series own face – a metaphor for introspection, clearly, though nods in a courtly manner to Japanese kintsugi, in which Stockmans’ use of serial repetition established a distance damage is similarly restored using lacquer and gold. As in from the genre of self-portraiture. These sculptures are, that tradition, the pot is not so much repaired or restored instead, meditations on the human condition, on both as it is reborn. It is as much event, or action, as object. the psychological and physical planes: “All at once,” Every action produces a reaction; everyone knows that. he comments of this work, “man became literally and But few seem to feel that truth as deeply as Stockmans. symbolically utterly fragile and the skin utterly tactile.” Here and now, with a long career behind him, he has This new direction sustained Stockmans through a earned this opportunity to look back, and take stock. But dark period, eventually developing not only into a will he stop taking risks? Never. wide repertoire of figural sculptures, and on to other, thematically related works. While diverse, these projects find a commonality in their merging these dualistic oppositions: liquid and solid, the subjective body and inert matter, the earthly and the cosmic, even life and death. One key material he has employed to this end is unfired clay, which he uses to manifest the principle of pervasive transmutation. He has found numerous ways to exploit its natural properties – the way it shrinks, buckles and cracks when left to its own devices. This is, among other things, a way to evoke the body’s mortality. An installation at a church in Deventer, Holland, realized in 1999, is an allegorical life cycle: molds, completed forms, and shattered shards. Stockmans says he has a love/hate relationship with religion – he values its call to reflection, but despises its dogmatism. 18 PIET STOCKMANS 19 PIET STOCKMANS
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Stockmans Blue Wall Installations Gallery View photo by Frederik Vercruysse 62 PIET STOCKMANS 63 PIET STOCKMANS
Gallery View photo by Frederik Vercruysse 64 PIET STOCKMANS 65 PIET STOCKMANS
Postface Piet Stockmans Les trois pièces en enfilade de la galerie étaient ainsi Le Chercheur d’Or blanc habitées par des œuvres uniques et le restent encore aujourd’hui avec les Wilde Strippen qui s’agitent au mur et Brieven ondulant telle une lettre en-volée évoquant les jeux d’ombres ou « kage-e » d’Hiroshige, ou encore les ombres portées dans les perspectives linéaires des estampes japonaises. La sensibilité à fleur de peau de Piet donne corps à l’objet, au paysage, à un espace, et rend vivant ce qui pourrait sembler être une matière inerte. Il fait naître une image, un objet ou un cadre revêtant une âme, c’est un cheminement que l’artiste poursuit Ancré sur son territoire du Limbourg marqué par naturellement, avec joie depuis près de 60 ans. Au reflet l’industrie du charbon (l’or noir) mais aussi par de des artistes investis dans leur pensée et leurs gestes, Piet magnifiques paysages, Piet Stockmans cultive son propre a le don de raviver les arts appliqués contemporains en espace-temps. Abstraction, art libre et libéré des clichés, préservant toute leur force spirituelle. Son univers est il a su préserver et sublimer avec la maturité d’un artiste particulier, introspectif, il se détache de la normalité. total, une œuvre complète dans la porcelaine, dont Sa quête est plutôt spirituelle. À l’en croire, l’homme l’archive est précieusement conservée dans son studio renaîtra de ses cendres et deviendra porcelaine. de C-Mine. À cet or blanc qui le caractérise s’adjoint le traitement de la lumière et de la couleur : blancheur L’or blanc comme mine et paysage immaculée, bleu cobalt aux nuances et densités profondes – le Stockmansblauw comme signature. Piet Sans se soucier des frontières entre les disciplines, a le sens de la beauté, de l’élégance, du plissé, du tendu, Piet est un artiste conceptuel en quête de sens. Il a des aplats, des faisceaux de clarté qui viennent filtrer la réussi à renouveler le médium de la porcelaine par matière, jetant leur ombre ou l’illuminant d’une soudaine une connaissance technique et approfondie de ses clarté. composantes qui restent son secret pour en faire une substance artistique, à la fois sensuelle et diaphane. En 2017, il y a trois ans déjà, j’inaugurais dans ma galerie Entre présence et absence, le corps et l’âme à fleur de Spazio Nobile à Bruxelles la très belle exposition de Piet peau, les créations de Piet ont une permanence forte Stockmans en duo avec le photographe belge Frederik et délicate, à la fois lisse et torturée. L’impermanence Vercruysse : « Blauw. Ceci n’est pas une couleur ». Piet dans la permanence du temps qui passe tel un cycle y investit l’espace par le biais d’installations artistiques de vie et de mort s’en ressent tel un inéluctable rituel et d’assemblages tactiles et visuels, des réductions de de passage. Ce bel ouvrage pour lequel je rédige cette matière, l’envol léger d’oiseaux sur les murs, la fragilité postface s’ouvre sur un chapitre qui sera celui de l’âge à de ses contenants. Les images se croisent dans ma tête… la fois spirituel et intuitif, avec l’or blanc comme mine et illuminées par la silhouette de cet artiste passionné paysage, où s’accouplent des corps terrestres et célestes au regard bleu profond arborant toujours son nœud qui apparaissent et disparaissent dans la matière. Dans papillon. son mode de représentation, Piet ne met pas l’accent sur le sujet mais plutôt sur son abstraction par un jeu de lignes, de couleurs et de formes. 66 PIET STOCKMANS 67 PIET STOCKMANS
Dans son mode de représentation, Piet ne met pas Piet nous invite à un voyage dans le visible et l’invisible, l’accent sur le sujet mais plutôt sur son abstraction par à la fois tactile, visuel et poétique. Il joue à remonter le un jeu de lignes, de couleurs et de formes. Proche de temps en réutilisant ses moules pour créer ses Shrinkage, l’art de la Renaissance flamande, le rendu de ses surfaces une rétraction de la porcelaine que l’on pourrait blanches et mates évoque la peinture à la détrempe. Les voir comme de l’« arte povera » avec le Vase blessé, parois de ses porcelaines sont faites de couches fines, les Restes pauvres… Dans cette géologie de l’être, il douces, captant la lumière. Les contours estompés font transmet sa culture de la minéralité et de l’organique, se ressortir la blancheur intrinsèque. L’impact visuel en détournant de l’ornement pour rejoindre une démarche est renforcé par la blancheur du kaolin – l’argile blanche essentielle et existentielle. Le bleu, à la fois pigment, – faisant vibrer le bleu cobalt, non émaillé, accentuant couleur primaire, ombre et lumière nous plonge dans les le caractère tendre et sensible de la porcelaine. Le bleu coulisses de l’histoire de l’art avec sa palette qui oscille de combiné à cette blancheur, tel un biscuit – une porcelaine l’ultramarine au cobalt, du ciel à l’autel, de la terre avec tendre ou dure –, cuite sans glaçure à haute température sa liaison au cosmos. La communion s’installe très vite (de 1200 à 1400 °C), accentue la force visuelle de ses avec la Tour en bleu, la Tour mi-bleue, la Tour de Babel œuvres qui deviennent ainsi sculptures. Il délimite les ainsi que les Exemples de paysage qui sont des variations espaces, crée l’illusion du volume, comme dans ses vases sur le thème de la vie, de la vulnérabilité humaine et de aux cols repliés qui défient l’échelle humaine. Parfois la l’entropie. palette s’élargit au rose, au vert, au gris, voire au noir. Longue vie au Chercheur d’Or blanc. Le négatif d’un corps, une géologie de l’être —Lise Coirier, Tervuren, le 17 mai 2020 Le moule, d’où émergent les formes qui se rétractent à la cuisson, donne forme à ces surfaces blanches qui seront ou non émaillées. L’argile blanche liquide, ladite ‘Liquid Clay’ reste la matière originelle la plus proche de la virginité. Il la jette parfois tel un ‘dripping’ qui prendra forme en se figeant au sol ou il fait du ‘pouring’ entre les interstices des dalles de béton d’un ancien chevalement, à quelques km de son studio qui occupe un ancien bâtiment des anciens charbonnages Winterslag. D’un geste répétitif et répété sur le papier, Stockmans crée ses œuvres Porcelain On Paper ; dans une boîte en bois, des dizaines de plaques de porcelaine fines sont rangées comme des feuilles d’un manuscrit en devenir ; les livres en porcelaine sont autant d’expressions d’un savoir enfoui, de secrets inavoués, de pensées noires, que des représentations ouvertes sur l’imaginaire, des porcelaines de songe. 68 PIET STOCKMANS 69 PIET STOCKMANS
Piet’s great sensibility provides substance to the object, Postface Piet Stockmans to the landscape, to a space, and gives life to what might The White Gold Miner appear to be inert material. He generates an image, an object or a frame invested with a soul; this is a journey that the artist has followed, naturally, joyfully, for almost 60 years. Reflecting artists invested in their thoughts and gestures, Piet has the gift of reviving contemporary applied arts while preserving all their spiritual strength. His universe is unique, introspective, he distances himself from normality. His quest is more spiritual. Within this view, man will rise from the ashes and become porcelain. With his roots in the region of Limburg, itself marked by the coal industry (black gold) but also by magnificent White gold as re-source and landscape landscapes, Piet Stockmans cultivates his own space- time. Abstraction, free art and beyond clichés, he has Without worrying about the boundaries between been able, with the maturity of a total artist, to preserve disciplines, Piet is a conceptual artist in search of and sublimate a comprehensive work in porcelain, whose meaning. He succeeded in revitalising the medium of archive is carefully preserved in his C-Mine studio. To porcelain through a technical and in-depth knowledge this white gold which characterises it is added light and of its components which remain his secret to making colour: immaculate whiteness, cobalt blue with deep it an artistic substance, both sensual and diaphanous. nuances and densities - Stockmansblauw is his signature. Between presence and absence, body and sensitive soul, Piet has a sense of beauty, elegance, folding, tension, Piet’s creations have a strong and delicate permanence, planes, beams of clarity which filter through the material, at once smooth and tortured. Impermanence in the casting their shadow or illuminating it with sudden light. permanence of time, passing like a cycle of life and death, Three years ago, in 2017, in my Brussels gallery Spazio is felt like an inevitable rite of passage. The beautiful Nobile, I inaugurated the beautiful joint exhibition of “book-object” for which I write this afterword opens Piet Stockmans with Belgian photographer Frederik with a chapter which will be that of the both spiritual Vercruysse: “Blauw. Ceci n’est pas une couleur.” Piet and intuitive age, with white gold as re-source and filled the space with artistic installations and tactile and landscape, where terrestrial and celestial bodies unite, visual assemblages, reductions of material, the gentle appearing and disappearing in the material. In his mode flight of birds on the walls, the fragility of the vessels. of representation, Piet does not focus on the subject The images intersect in my head… illuminated by the but rather on its abstraction, by a play of lines, colours silhouette of this passionate artist with a deep blue gaze, and shapes. Close to the art of the Flemish Renaissance, sporting, always, his bow tie. the rendering of the white and matte surfaces evokes The three adjoining rooms, at the ‘piano nobile’ of the tempera painting. The walls of his porcelain are made gallery, were thus occupied by unique works - and remain of thin, soft layers that capture the light. The blurred so today, with the Wilde Strippen waving along the contours bring out the intrinsic whiteness. The visual walls and Brieven undulating like a flying letter, evoking impact is reinforced by the whiteness of the kaolin - the play of shadows or “kage -e” of Hiroshige, or even the white clay – which makes the unglazed cobalt blue the shadows cast in the linear perspectives of Japanese vibrate, accentuating the smooth and sensitive nature of prints. the porcelain. 70 PIET STOCKMANS 71 PIET STOCKMANS
The blue combined with this whiteness, like a biscuit – a soft or hard porcelain -, baked without glaze at high temperature (from 1200 to 1400 ° C), accentuates the visual force of his artworks, which thereby become sculptures. He delimits the spaces, creating the illusion of volume, as in his vases with folded necks that defy human scale. Sometimes the palette widens to pink, green, grey, even black. The negative of a body, a geology of being The mould, from which the shapes that shrink during firing emerge, gives shape to these white surfaces, which may or may not be enamelled. Liquid Clay remains the original material closest to purity. He sometimes ‘drips’ it, to take shape by solidifying on the ground, or he ‘pours’ it in the crevices between the concrete slabs of an old headframe, a few km from his studio in a 60 Dishes, 2000, installation view at the occasion of Piet Stockmans 60 years, former building of the old Winterslag mines. Using a porcelain, © Studio Stockmans repetitive and repeated gesture on paper, Stockmans creates his Porcelain On Paper works; in a wooden box, dozens of thin porcelain plates are stored like sheets of a future manuscript. These porcelain books are as much expressions of buried knowledge, hidden secrets, dark thoughts, as they are open representations of the imaginary, porcelain dreams. Piet takes us on a journey Spazio Nobile Lise Coirier, into the visible and the invisible, concurrently tactile, by Pro Materia Gallery +32 475 53 19 88, visual and poetic. He plays at turning back time by Contemporary Applied Arts, lc@spazionobile.com reusing his moulds to create his Shrinkage, a shrinking Design & Photography of porcelain that we could see as “arte povera”, with the Vase blessé, les Restes pauvres... In this geology of being, Gian Giuseppe Simeone, Rue Franz Merjay 142 +32 477 27 29 04, he transmits his culture of minerality and the organic, turning away from ornamentation to achieve an essential 1050 Brussels, Belgium ggs@spazionobile.com and existential approach. Blue, simultaneously pigment, +32 2 768 25 10 primary colour, shadow and light, plunges us behind the www.spazionobile.com Press & PR : scenes of art history, with its palette oscillating from Sophie Carrée, ultramarine to cobalt, from sky to altar, from earth to Me - sa / wo - za / Wed - Sat, +32 2 346 05 00 the cosmos. Communion is quickly established with the 11.00-18.00 aurelie@sophiecarree.be, Tower in Blue, the Tower in Half-Blue, the Tower of Babel as well as the Examples of a Landscape, which are & sur rendez-vous / www.sophiecarree.be variations on the theme of life, human vulnerability and op afspraak / by appointment entropy. Long live the White Gold Miner! —Lise Coirier, Tervuren, 17 May 2020 72 73
By opening Spazio Nobile in 2016 in the very lively and cosmopolitan district of place Brugmann in Brussels (Belgium), Lise Coirier and Gian Giuseppe Simeone have united their passions for creation and art history, initiating a dialogue between contemporary applied arts, design and photography. Without putting boundaries between disciplines, the visual arts interact with the fine arts. By commissioning a collection of unique pieces, limited editions and installations both experimental and artistic, with a sensitivity particular to everything related to nature and minerality, the gallery organizes each year five exhibitions and several events in art and heritage venues (Maison Louis Carré, Yvelines, France, arch. Alvar Aalto ; Ancienne Nonciature, Grand Sablon, Brussels; Le Châlet de la Forêt, Soignes forest, Belgium, …). Spazio Nobile also takes part in Belgian and international fairs such as Art Brussels, Luxembourg Art Week, Collectible Design Fair, PAD Paris and PAD London, Design Miami / Basel, Unique Design Shanghai… The gallery represents around twenty emerging and renowned artists and designers on an international scale while promoting high-end craftsmanship and cultures of East and West. Spazio Nobile also curates TLmag_True Living of Art & Design (°2008), the bi-annual art and design magazine, print and online, sharing its selection and its artistic and cultural commitment to collectible art and design. @spazionobilegallery #spazionobile 74
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