Portfolio 2019 Antonin Detemple
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Bio Après un diplôme à l’institut supérieur des arts de Toulouse (isdaT) en 2016 avec les félicitations du jury, et avoir exposé pour le Printemps de Septembre de Toulouse en 2016, j’ai intégré un programme de résidence à la Cité internatio- nale des arts de Paris en 2017 pour une durée d’un an. Suite à un temps de reflexion et de positionnement, j’élabore aujourd’hui un tra- vail protéiforme mêlant volume, installation, images fixes et animées, éditions. Mes dispositifs interrogent l’impact de l’humanité sur son environnement à travers la transformation de formes, l’usage de techniques et de savoirs faire, ou l’instauration / destitutions de gestes propres à une société (rites). J’observe la société contemporaine occidentale en la mettant en regard avec des cultures an- cestrales, proches ou lointaines dans l’espace et dans le temps. Quels en sont les mimétismes et les déplacements ? Comment agissent les métissages et qu’est ce qui forge la notion d’identité culturelle ? Depuis plusieurs mois, mon travail se voit prendre un tournant autour de for- mats plus complexes. L’objet devient sujet d’étude, et la manipulation de celui-ci révèle des caracteristiques qui lui sont propre, en relation avec son environne- ment. La recherche est au coeur de mon projet et c’est par des stratégies d’ana- logie que les formes deviennent sujets, dans leur contextes spatiaux, temporels et culturels. A travers le filtre du déplacement, de l’entropie, de la semiotique, les formes sont décortiquées et soulignent un état culturel qui nous est propre à l’aube au XXI° siècle. Ci-contre : extrait du projet Anémochorie
Fragments 2018 En collaboration avec : Dans l’objet archéologique réside l’espoir de considérer, par étude comparative Lauren Sanchez et scientifique, l’époque et la civilisation à laquelle il appartient, à ses coutumes et ses rites, ses usages. Mais durant son voyage à travers le temps, l’érosion fait son œuvre et souvent, des fragments manquent, des surfaces sont altérées, des morceaux sont détruits. Ces fragments qui nous manquent nous apparaissent, dans leur lecture, comme un trou de mémoire, un paragraphe effacé. C’est pour- tant à cet endroit-là que naissent l’imagination, le fantasme et les mythes. Ce qui échappe à la compréhension tombe dans la fiction. Grâce à la photogrammétrie, il est possible de reconstituer une image en 3D à partir d’un certain nombre d’images. Lorsque je donne au logiciel un nombre insuffisant d’images, celui-ci interprète et construit ses propres mythes, matérialisés par des structures sup- posées, comblant les informations inexistantes.
Anémochorie (en cours) En collaboration avec : « Le projet émerge du postulat que les fleurs coupées que nous trouvons chez Fiona Vilmer les commerçants sont en très grande majorité cultivées dans des zones géogra- Officeabc phiques telles que la Colombie, le Kenya, le Chili, … Cela m’a marqué pour plu- (Catherine Guiral sieurs raisons : & Brice Domingues) 1. Les pays producteurs de fleurs à destinations de l’Europe sont toutes d’an- ciennes colonies ; les pays importateurs sont d’anciens colonisateurs. 2. Cela m’amène à considérer des questions autour de la diversité du vivant, de la notion d’allochtone, d’aire de répartition du vivant. 3. Cela m’amène à considérer des questions autour de notre représentation occidentale de la nature à travers la fleur coupée. Depuis le désir de création de jardins, en passant par les tapis perses représentant le Chahar Bagh, Et com- ment cette fleur, au delà de sa symbolique du don et du romantisme, représente un idéale biaisé de la nature et de nos campagnes. 4. Comment l’uniformisation et l’optimisation des formes, dans ce cas précis, impact une, voir des cultures ? 5. En outre, il est inévitable de considérer les conséquences écologiques, so- ciales et économiques de la culture en masse de fleurs coupées. J’ai donc le désir de traiter d’un certain nombre de choses à partir de la fleur en scindant le travail en deux partie : une installation et un objet éditorial. L’installation sera quelque chose de très simple et radical, à savoir un déploie- ment dans l’espace d’un certain nombre de compositions florales (fleurs ache- tées chez Ringis). Chaque bouquet sera le fac-similé d’un tableau de nature morte choisit parmi des artistes Européens (pays ayant anciennement bâti un empire colonial), et dont la date de réalisation se situe dans la période coloniale. Les bouquets seront certainement présentés dans des vases cylindrique que l’on trouve chez IKEA (standard du design par excellence). À travers le geste de ne montrer que les bouquets, je cherche à considérer la fleur comme objet sémio- logique. La partie éditoriale consiste quant à elle à mettre en relation tout un contenu iconographique et textuel. Il s’agit d’ouvrir le sujet et de disséquer la fleur de sorte à faire des vas-et-viens entre l’installation et l’histoire que raconte les fleurs coupées. Au delà du catalogue d’exposition, il s’agirait d’exposer la re- cherche de sorte à offrir des clefs de lectures, de manières simples ou plus com- plexes, et, en marge d’une explication autoritaire sur l’origine des fleurs, ouvrir sur un imaginaire. » Extrait d’un échange d’e-mail avec Officeabc dans le cadre de la réalisation du projet. Page suivante : extrait de recherches effectuées dans le cadre de la conception de l’édition
Orpaillage (en cours) En collaboration avec : L’orpaillage est l’action de trier les sédiments d’une rivière, grace à une batée par Pierre Frulloni exemple, en vue de récolter de l’or. À la fin du XIX° siècle, le Klondike a généré une importante exode de travailleurs Américains vers le Yukon où des gisements ont été repéré. Ce geste pourrait se résumer en son essence par la formule : tout le monde peut faire fortune grâce à la force de son travaille. Il est bien évident que ça n’a pas été le cas, mais cette exode est caractéristique de la mutation d’un capitalisme gérée par le patronnat vers un capitalisme libéral, qui souligne l’American Dream, et de manière plus général, une manière de penser propre au XX° siècle. Le projet se construit conceptuellement et plastiquement en collaboration avec l’artiste Pierre Frulloni. Nous partirons chercher de l’or durant 2 à 3 semaines dans les Cevennes, région réputée aurifère. Coupé de la technologie et de la civilisation, ce temps que nous considérons comme une résidence est l’occasion de se poser la question : Que signifie chercher de l’or en 2019, en regard avec le Klondike et la porté mystique que genère l’or ?. Bien loin de chercher à faire fortune par la force de notre travail, il s’agit de fuir la routine du travail dans les grandes villes, un retour à la nature. Un film, des objets et des écrits ressortiront probablement de cette expérience, tout autant que la possibilité d’un simple apprentissage personnel. Ci-dessus : Planification des itineraires de recherche d’or Ci-contre : Extrait de Mon musée de la cocaïne, Michael Taussig, ed B42, 2018.
Strate 2016 Dans les caves des écoles des beaux-arts résident, depuis les années 1970, un certain nombre de moulages en plâtre représentant des modèles canoniques religieux ou antiques. Sculptés par les étudiants eux-mêmes, ils représentent une manière de concevoir l’art avant les réformes d’enseignement dans les écoles d’arts en France. La méthode consistant à copier les techniques du passé, à se trouver dans une continuité avec le passé, le prendre pour modèle, n’est plus. Lorsque les réformes eurent lieu et que l’enseignement artistique prôna la rupture avec cette époque - questionner le passé pour imaginer le futur, ces archives se retrouvèrent stockées en cave. C’est avec la volonté de donner à ces sculptures une seconde vie que je les soumets au regard, dans leur situation de stockage. Le mur blanc, qui n’est pas sans rappeler le white cube, vient exhumer les moulages en soulignant leurs contours, tel un fac-similé de strate géologique.
Palette 2019 Inspiré des dispositifs techniques du déplacement de marchandise sur palettes notamment, les installations qui prennent place ici annulent toute possibilité d’un eventuelle mouvement. L’équilibre précaire des formes construites joue à la fois sur une fragilité de la sculpture tout autant que sur la fragilité d’un éventuel acheminement.
Font : Faune, Alice Savoie & CNAP
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