PRÉVISIBLE, ÉVITABLE LA VIOLENCE LORS DE CATASTROPHES : PRATIQUES EXEMPLAIRES POUR METTRE FIN À LA VIOLENCE INTERPERSONNELLE ET À LA VIOLENCE ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
La violence lors de catastrophes : PRÉVISIBLE, ÉVITABLE Pratiques exemplaires pour mettre fin à la violence interpersonnelle et à la violence dirigée contre soi-même pendant et après les catastrophes
La violence lors de catastrophes : PRÉVISIBLE, ÉVITABLE 3 La Stratégie 2020 fait valoir la détermination collective de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (la Fédération internationale) à s’attaquer aux grandes difficultés que rencontrera l’humanité au cours de la prochaine décennie. Cette stratégie, qui repose sur les besoins et les vulnérabilités des diverses collectivités avec lesquelles nous travaillons, et sur les droits et libertés fondamentaux qui leur reviennent, cherche à venir en aide à ceux et celles qui se tournent vers la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge pour bâtir un monde plus humain dans la paix et la dignité. Au cours des dix prochaines années, la Fédération internationale concentrera ses efforts sur l’atteinte des objectifs stratégiques suivants : 1. Sauver des vies, protéger les moyens de subsistance et améliorer le rétablissement à la suite de catastrophes et de crises 2. Créer des milieux de vie sains et sécuritaires 3. Promouvoir l’inclusion sociale et une culture de paix et de non-violence ISBN 978-1-55104-541-2 © 2012 Croix-Rouge canadienne hector emanuel, Croix-Rouge américaine Croix-Rouge canadienne Fondée en 1896, constituée en société en 1909 Conformément à la loi, l’usage de l’emblème et du nom de la Croix-Rouge au Canada est réservé exclusivement à la Société canadienne de la Croix-Rouge et aux services sanitaires des forces armées (Loi sur les Conventions de Genève, L.R.C. 1985, chap. G.3). Les programmes de la Société canadienne de la Croix-Rouge sont offerts grâce TABLE DES MATIÈRES à l’action bénévole et à l’appui financier des Canadiens. Préface..........................................................................4 Remerciements Vue d’ensemble............................................................6 Nous tenons à remercier les personnes suivantes pour le temps qu’elles ont consacré à ce rapport ainsi que l’éclairage de leur savoir et de leurs expériences Un problème prévisible............................................8 qu’elles y ont apporté : Collaborateurs : Maria Elisa Alvarado, directrice générale de la Croix-Rouge Pourquoi y a-t-il recrudescence hondurienne, Dre Michaële Amédée Gédéon, présidente de la Croix-Rouge de la violence lors d’une catastrophe ..............10 haïtienne, Ange Sawh, Cindy Fuchs et Louise Geoffrion, Équipe de gestion des sinistres, Croix-Rouge canadienne, Jan Gelfand, directeur des Opérations, Profil : Honduras......................................................12 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Zone Amériques. Profil : Haïti ................................................................16 Auteurs : Gurvinder Singh, avec Melinda Wells et Judi Fairholm Les conséquences de la complaisance .............19 Conception et mise en page : Sharonya Sekhar, édition graphique; Molly Baker, graphisme Obstacles à l’intervention....................................19 Recherchistes : Tan Bokhari; Reem Gigrah Adoption d’une optique de santé publique Examinateurs : pour faire passer la prévention en priorité....20 Croix-Rouge canadienne : Pamela Aung Thin, Jessica Cadesky, Hossam Elsharkawi, Cindy Fuchs, Richard McCabe, Rachel Meagher, Sharonya Sekhar, Profil : Canada...........................................................22 Louis Philippe Vezina, Valerie Whiting, Pamela Davie, Christine Bloch Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : Pratiques exemplaires d’intervention ..............24 Siddharth Chatterjee, Aradhna Duggal Jonathon Gurry, Sandra Gutierrez, Juliet Kerr, Lisa Soderlindh Profil : Fédération internationale, Comité international de la Croix-Rouge : Jose Antonio Delgado, Markus Geisser Zone Amériques.........................................................28 Brookings Institution : Elizabeth Ferris Conclusion.................................................................32 Experte indépendante : Elaine Enarson Couverture : Benoit Matsha-Carpentier, FICR Ressources................................................................33 Couverture arrière : FICR
La violence La violence lors de catastrophes : lors de catastrophes : 4 PRÉVISIBLE, ÉVITABLE PRÉVISIBLE, ÉVITABLE 5 PRéFACE Dans notre monde, les catastrophes ne cessent de perturber et de détruire des paysages et des vies humaines. Souvent, après un sinistre, les gens s’unissent spontanément dans un élan de compassion et de générosité. En dépit de leurs épreuves personnelles, des gens de tous les âges se portent volontaires pour aider les personnes en difficulté, des collectivités unissent leurs efforts, et d’innombrables gestes d’aide humanitaire remar- quables prennent forme. Or, de nombreux obstacles se dressent devant les survivants qui se remettent de leur dure épreuve, se cherchent un abri et un gagne-pain, et essaient de rebâtir. Un exemple d’obstacle que l’on passe souvent sous silence est la dévastation cau- sée par la violence qui peut survenir à la suite d’une catastrophe. La sécurité des gens est compromise non seulement par la catastrophe, mais aussi par la violence sous toutes ses formes : agression, exploitation, harcèlement, discrimination et rejet de la part des autres survivants et des personnes censées être là pour aider. La violence existe aux quatre coins du monde – dans il existe une façon de contenir, de freiner et enfin de les pays à faible revenu, à moyen revenu et à haut prévenir la violence. Il est possible de contrecarrer la revenu, les bidonvilles, les salles de classe, derrière capacité qu’a la violence de se nourrir de l’ignorance, du les portes closes des foyers et des établissements, et secret, du déni et du chaos causés par les catastrophes. par des moyens technologiques – et elle peut atteindre Ce rapport propose des pratiques exemplaires des sommets lorsque survient une catastrophe. Le pour mettre fin à la violence pendant et après les risque de violence – où des personnes s’attaquent catastrophes et lance à des intervenants comme nous à d’autres ou à elles-mêmes – s’intensifie toujours le défi de remédier à ce problème au quotidien en dans ces cas puisque les mécanismes de protection posant des gestes rapides et proactifs dans un but de fragiles subissent d’importantes pressions au point santé publique. de s’effondrer, les niveaux de stress montent en flèche et les gens adoptent des comportements dangereux La Fédération internationale mise sur son rôle essentiel ou abusifs. Les populations déjà les plus à risque, et sur ses nombreux atouts pour faire pencher la comme les enfants et les femmes, sont d’autant plus balance en faveur de la sécurité : nos Principes menacées. Une femme subit une attaque au crépuscule fondamentaux, nos bénévoles dédiés qui travaillent sur alors qu’elle se cherche un abri dans un camp place, nos réseaux de partenariats divers, notamment surpeuplé, une jeune fille est forcée de vendre son les auxiliaires du gouvernement, notre rôle reconnu corps pour nourrir sa famille, un gamin se fait tabasser d’intervenant principal en cas de catastrophe, et nos sous le regard des autres qui demeurent muets puis antécédents d’éradication de fléaux troublants pour est abandonné seul dans un milieu terrifiant, un gang l’humanité. Nous devons maintenant reconnaître menace des réfugiés dans un abri et commet un vol, un le problème prévisible et évitable que constitue père sans gagne-pain rejette son sentiment de honte et la violence en cas de catastrophe, accélérer notre de colère sur sa famille. Un vieillard désespéré s’enlève intervention, et inciter les autres à intervenir également. la vie. Voilà des histoires qu’on observe fréquemment Le temps est venu de transformer cette aspiration en lorsqu’une catastrophe survient. Cette situation est une réalité. inacceptable. En dépit de toutes ces difficultés, la Fédération le secrétaire général, le secrétaire général, internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Fédération internationale Société canadienne des Sociétés de la Croix-Rouge de la Croix-Rouge Croissant-Rouge (la Fédération internationale) n’est pas et du Croissant-Rouge sans solution. La violence, bien qu’elle soit complexe et frustrante, n’est pas inévitable. En fait, comme le risque d’autres crises de santé publique, notamment le choléra, les maladies respiratoires, la rougeole, le paludisme et la malnutrition, dont le nombre de cas christopher black, ficr peut croître rapidement à la suite d’une catastrophe, Bekele Geleta Conrad Sauvé
La violence La violence lors de catastrophes : lors de catastrophes : 6 PRÉVISIBLE, ÉVITABLE PRÉVISIBLE, ÉVITABLE 7 VUE D’ENSEMBLE Amériques Ce rapport d’intervention vise à faire en sorte que la prévention de la violence interperson- nelle et de la violence dirigée contre soi-même devienne une priorité dans les interven- Préparation Intervention tions de la Fédération internationale en cas de catastrophe. Le but n’est pas d’éradiquer aux en cas de tous les problèmes sociaux endémiques pendant une intervention, mais de contenir et catastrophes catastrophe de réduire le risque de violence de façon à ce que celle-ci ne gagne pas en intensité et de créer un contexte où il sera plus tard possible de la prévenir. Que ce soit en distribuant des aliments, en bâtissant des abris, en fournissant de l’eau potable, en créant des moyens de subsistance, en offrant des traitements médicaux ou en mobilisant des collectivités sur des problèmes psychosociaux ou de santé, il faut que la prévention de la violence devienne un enjeu transversal qui fait partie de la responsabilité, de la vision et de l’action de tous les intervenants. Nous expliquons ici pourquoi et de lorsqu’elles essaient d’obtenir de locaux prenant part aux interven- quelle façon la violence interperson- l’aide. Il faut mettre fin à la violence tions en cas de catastrophe et les nelle et la violence dirigée contre dans un but de santé publique et en aider à se doter d’une capacité de soi-même pendant et après une faire une priorité. prévention de la violence. Prévention catastrophe forment un problème de la violence Le risque de violence doit être traité Intervention et rétablissement en prévisible et évitable, ainsi que les dans un but de santé publique et cas de catastrophe : La prévention mesures que la Fédération interna- bénéficier d’un statut prioritaire. de la violence doit être élevée au tionale et ses agences partenaires En cas de catastrophe, il faut surveil- rang de priorité, faire l’objet d’une devraient prendre pour consolider ler le risque de violence et intervenir leur rôle dans l’éradication du intervention rapide et faire partie Rétablissement et avec le même sentiment d’urgence, des travaux de surveillance et de développement à la suite problème : la même attention et les mêmes suivi. La connaissance des risques d’une catastrophe Le risque de violence en cas de ressources que les autres urgences de violence doit être communiquée catastrophe augmente en raison de santé publique évitables, comme à grande échelle, tout comme la di d’une combinaison de chocs. les maladies diarrhéiques, les plomatie humanitaire, aux autorités Des chocs comme l’effondrement maladies respiratoires, le palu de haut niveau. Il faut reconnaître des mécanismes de protection, disme, la rougeole et la malnutri- et appuyer les actuelles forces l’augmentation du stress sur les tion. L’ensemble des secteurs et des des collectivités en matière de Les pratiques exemplaires que l’atténuation et l’intervention de la On présente ici un aperçu du particuliers et les collectivités, acteurs d’une équipe d’intervention prévention de la violence. contient ce rapport renforcent la Fédération internationale, en par- problème de la violence pendant les l’utilisation de mécanismes en cas de catastrophe ont un rôle à Stratégie 2020 de la Fédération ticulier l’orientation stratégique catastrophes, des facteurs de risque d’adaptation néfastes comme jouer pour remédier au problème; Rétablissement et développement internationale, en particulier le un : Les enjeux liés à la prévention qui entraînent une recrudescence de l’alcool et la drogue, et des milieux l’intervention est renforcée si tout à long terme : Les programmes de premier et le troisième objectifs de la violence, à l’atténuation et la violence à la suite de catastrophes surpeuplés et non sécuritaires le monde adopte une approche de prévention de la violence devraient stratégiques, qui consistent à sauver à l’intervention sont intégrés aux et des conséquences humanitaires donnent l’occasion aux gens santé publique. reposer sur des approches pragma- des vies, à protéger les moyens de stades de la détermination, de la qui en découlent. On présente aussi d’abuser de leur pouvoir. tiques, détaillées, communautaires subsistance, à améliorer le réta planification, de l’élaboration, de des mesures concrètes à prendre Il est possible de mettre en œuvre et axées sur des données probantes. blissement à la suite de catas la mise en œuvre du suivi et de pour mettre fin à la violence et des Les groupes vulnérables se heurtent des pratiques exemplaires pour trophes et de crises, et à promouvoir l’évaluation des initiatives appro- exemples de défis, d’innovations et à de multiples menaces. mettre fin à la violence tout au Enjeux transversaux : Pour que la des cultures de non-violence et de priées de préparation aux catas de réussites dans l’établissement Bien que ce fait soit souvent caché long du cycle de gestion de la prévention de la violence soit inté- paix qui contribuent à la réduction trophes et aux crises, d’intervention d’un lien entre la prévention de la et gardé secret, les personnes catastrophe. grée avec efficacité, il faut qu’elle des niveaux de violence. Ce rapport et de rétablissement. violence, à titre d’enjeu transver- montrant déjà des vulnérabilités à Préparation aux catastrophes : La englobe la responsabilisation des propose également des options sal, et l’ensemble des programmes la violence, comme les enfants, les prévention de la violence doit être bénéficiaires, le leadership, les per- pratiques pour appliquer la Stratégie d’intervention en cas de catastrophe femmes et les autres personnes intégrée aux mécanismes internes – spectives d’égalité entre les sexes, sur la prévention de la violence, des Sociétés nationales de la Croix- marginalisées, présentent un risque c’est-à-dire aux outils d’intervention la participation des enfants et des Rouge des Amériques. composé : elles subissent la catas- et aux formations – des organismes jeunes et l’intégration aux systèmes trophe et ses conséquences, puis d’intervention en cas de catastrophe. et outils actuels. Il faut aussi qu’elle le risque de violence, et enfin, une Il faut établir la liste des organismes prévoie des budgets de suivi, absence de soins et de protection communautaires et des partenaires d’évaluation et de sécurité.
La violence La violence lors de catastrophes : lors de catastrophes : 8 PRÉVISIBLE, ÉVITABLE PRÉVISIBLE, ÉVITABLE 9 UN PROBLÈME PRÉVISIBLE DONNÉES SUR exacerbée par les conditions précaires et vulnérables. Sur les femmes et les En 1993, lorsque le Missouri a été touché par les inondations, on a Il y a violence interpersonnelle lorsqu’une personne utilise son pouvoir, indépendamment LA VIOLENCE filles qui ont pris part à l’étude, 100 % observé une augmentation de la DANS LES avaient participé directement ou demande de services de protection du contexte, pour agresser physiquement, sexuellement ou psychologiquement une autre assisté à des activités de commerce pour les femmes. Le taux de refus personne ou un groupe de personnes. La violence interpersonnelle englobe la violence faite aux enfants, la violence familiale, la violence fondée sur le sexe, l’intimidation et le CATASTROPHES du sexex. moyen enregistré dans les refuges pour victimes de violence familiale harcèlement, les mauvais traitements envers les aînés et la violence communautaire, comme QUI ONT SECOUÉ Caraïbes Au cours des deux années qui ont dans les régions inondées de l’État la violence des gangs. Dans chaque cas de violence interpersonnelle, il y a une personne qui inflige la violence, une cible, une victime ou un survivant, et souvent, des témoins qui LES AMÉRIQUES suivi les éruptions volcaniques à Montserrat, en 1997, on a observé une a montré une hausse de 111 % par rapport à l’année précédente. Les Services aux femmes ont indiqué observent ou entendent l’acte de violence, ou en sont informés. Il y a violence dirigée contre Haïti augmentation du nombre de visites qu’ils avaient hébergé 400 % plus soi-même lorsqu’une personne se fait elle-même du mal (p. ex., suicide). Après le séisme de 2010, on a pu lire à l’hôpital vraisemblablement liées à de femmes et d’enfants victimes dans des rapports fondés sur les des actes de violencexi. Tous les jours, 4 200 personnes Cependant, on ne remarque pas Dans le Rapport sur les catastrophes de violence que prévuxviii. évaluations de plusieurs agences décèdent à la suite d’actes violents encore le même sentiment d’urgence dans le monde 2007 de la Fédération Après le passage de l’ouragan Noel en haïtiennes et internationales que Après que l’ouragan Hugo a frappé (1,6 million par année); parmi celles dans l’attention, les ressources et le internationale, on peut lire que « d’un République dominicaine en 2007, on la violence interpersonnelle, par- la Caroline du Sud en 1989, les alléga- ci, environ 2 300 se suicident, 1 500 soutien consacrés à la prévention de désastre à l’autre, il devient irréfu a noté une augmentation du nombre ticulièrement la violence sexuelle, tions de violence envers les enfants sont victimes de violence inter- la violence que pour d’autres pri- table que le déplacement – qu’il soit de déclarations de violence sexuelle à l’intérieur des camps bâtis pour ont augmenté 3, 6 et 11 mois après personnelle, et 400 de violence col- orités de santé publique. Ce phéno- attribuable à un désastre naturel ou envers les femmes et les filles qui les personnes déplacées à Port- le passage de l’ouragan par rapport lective (p. ex., guerre)i. Chaque année, mène est particulièrement fréquent à un conflit – fait augmenter consi- vivaient dans un abri anti-tempêtexii. au-Prince, présentait une menace à l’année précédente. Au cours des 16 millions de cas de blessures en situation de catastrophe, où les dérablement les risques de violence attribuables à la violence sont assez personnes qui survivent au trauma- physique envers les femmes et humanitaire extrême. Les personnes Nicaragua trois premiers mois, l’augmentation les plus menacées étaient les enfants Après le passage de l’ouragan Mitch en des allégations de violence envers les graves pour justifier l’intervention tisme initial deviennent souvent les filles »vi. Bien qu’il soit difficile (filles et garçons) et les femmes, et 1998, on aurait remarqué une recru- enfants a atteint près de 300 %xix. d’un médecin à l’hôpitalii. Pour victimes de violence par la suite. de recueillir, dans n’importe quel le risque était toujours présent un descence de la violence familiale.xiii chaque jeune personne tuée à la contexte, des données solides sur En Californie, l’équipe de prévention Lorsqu’on mesure l’ampleur de an et demi après le séisme. Dans un suite d’un acte violent, on estime l’ampleur de la violence interperson- En tout, 27 % des survivantes et 21 % des agressions sexuelles de Santa la violence, les taux de mortalité sondage, 14 % des femmes réfugiées qu’entre 20 et 40 subissent des bles- nelle et que la production de rap- des survivants ont déclaré que la Cruz a déclaré que le nombre de dressent un portrait important mais dansdes camps pour personnes sures nécessitant un traitement à ports soit compliquée par la honte, violence envers les femmes dans les cas d’agressions sexuelles après le incomplet du problème. Il n’y a pas déplacées ont déclaré une ou plu- l’hôpitaliii. Le nombre de personnes la stigmatisation et la nature secrète familles et les collectivités avait aug- séisme de Loma Prieta de 1989 avait que les pertes de vies humaines qui sieurs expériences de violence ayant subi des actes de violence de la violence sexuelle, physique et menté après le passage de Mitchxiv. augmenté de 300 % et qu’il y avait eu constituent les effets de la violence. sexuelle depuis la catastropheviii. interpersonnelle ou de violence psychologique, certaines tendances augmentation de 600 % des déclara- dirigée contre soi-même au cours Ceux-ci se présentent également sont claires. Bon nombre de sources Une autre étude a révélé que 60 % États-Unis d’Amérique tions d’actes de violence familiale au sous forme de dommages perma- En 2005, après que l’ouragan Katrina de leur vie atteint des centaines de confirment qu’à la suite d’une catas- des femmes et des filles interrogées cours des quatre premiers mois qui nents attribuables à une blessure, a frappé les États de la Louisiane millionsiv. trophe, on remarque une augmenta- craignaient d’être victimes de vio- ont suivi le séismexx. un handicap, un traumatisme ou une et du Mississippi, les allégations de tion des taux de violence divulguée lence sexuelle ou que les membres Sous ses diverses formes, la vio- maladie, et de manière moins visible, violence conjugale dans les régions Les conclusions de ces recherches dans les sondages, déclarée aux de leur ménage le soient; selon cette lence est l’une des causes les plus comme une perte d’espoir, de con- dévastées ont augmenté au point de présentent des exemples spéci- autorités et aux organismes non même étude, 70 % des répondants notables de mortalité dans le monde, fiance ou d’estime de soi. tripler le taux nationalxv. On a égale- fiques d’endroits où le problème a été gouvernementaux, et signalée aux craignaient désormais davantage la devant la tuberculose, les accidents ment observé une augmentation des examiné. Cependant, il reste que, dans lignes de crisevii. Considérées dans violence sexuelle qu’avant le séismeix. de la route ou le paludismev. allégations de violence physique et l’ensemble, les intervenants en cas leur ensemble, les preuves sont Une étude du Haut Commissariat psychologique en Louisianexvi. de catastrophe réagissent aux actes claires : le risque de violence des Nations Unies pour les réfugiés de violence par des mesures limi est prévisible. En 1999, six mois après le passage de (HCR) a révélé que la participation tées, inégales, de qualité douteuse, l’ouragan Floyd en Caroline du Nord, des femmes et des adolescentes au et réactives plutôt que stratégiques les traumatismes crâniens étaient commerce du sexe – qui consiste à et proactives. Dans bien des situa- près de cinq fois plus fréquents dans échanger des faveurs sexuelles contre tions catastrophiques, on continue de les régions le plus durement touchées l’accès à un logement, à des aliments, négliger les risques prévisibles et les par la catastrophe. Les chercheurs à des soins de santé ou à d’autres mesures à prendre pour mettre fin à la ont conclu que cette recrudescence services de base – dans les camps de violence. s’expliquait par un niveau de stress personnes déplacées à Port-au-Prince élevé chez les parents, qui a fini par était encore répandue plus d’un an entraîner un taux de violence plus après le séisme, même qu’elle était élevé envers leurs enfantsxvii. FICR
La violence La violence lors de catastrophes : lors de catastrophes : 10 PRÉVISIBLE, ÉVITABLE PRÉVISIBLE, ÉVITABLE 11 POURQUOI Y A-T-IL Les efforts de prévention qui ciblent ces facteurs com- muns ont donc la possibilité de réduire l’occurrence Figure: Les déterminants sociaux qui, en cas de catastrophe, augmentent les risques RECRUDESCENCE DE LA d’une multitude de formes de violence. Bien que ces de violence interpersonnelle et de violence dirigée contre soi-mêmexxi VIOLENCE LORS D’UNE facteurs augmentent le risque de violence pendant ou après une catastrophe, il doit être parfaitement clair CATASTROPHE Historique de violence que ce ne sont pas les catastrophes elles-mêmes qui Handicaps à la suite de la causent la violence. catastrophe Historique de violence Déterminants sociaux Lorsqu’une catastrophe se produit, c’est essentielle- Pertes de relations, de Blessures à la suite de la matériel et de gagne- Il n’y a pas un facteur qui, à lui seul, est à l’origine du ment une combinaison de chocs négatifs qui se ren- pain à la suite de la catastrophe risque de violence interpersonnelle ou de violence diri- forcent entre eux. Les mécanismes de soutien social catastrophe Perte de membres de la Traumatisme famille gée contre soi-même pendant et après une catastrophe. et communautaire subissent d’énormes pressions, le psychologique Pratiques parentales Les gens se font mal, tant à eux-mêmes qu’à autrui, par stress sur les familles et les individus commence à nuisibles Niveau de stress élevé suite d’une combinaison nocive de facteurs de risque devenir insupportable, les personnes se tournent vers Trouble psychologique ou Niveau de stress élevé Pauvreté Pauvreté complexes, ou déterminants sociaux, entre les individus de la personnalité pour les membres de la Satisfaction limitée des Disparités économiques des mécanismes d’adaptation malsains comme la famille et au sein même de leur famille, de leur communauté Alcoolisme ou besoins fondamentaux Filets de sécurité toxicomanie, les personnes marginalisées sont de plus Tensions imputables aux et de leur société. Ces facteurs sont présents avant toxicomanie Chômage élevé économique fragiles en plus mises de côté, ce qui ne fait qu’alimenter leur changements de rôles et Séparation de la famille de responsabilités dans Criminalité élevée Inégalité des sexes la catastrophe et s’intensifient lorsqu’elle frappe. La désespoir et leur dépendance, et les mécanismes de Exclusion sociale ou la famille Services de soins aux Inégalité selon l’âge combinaison de déterminants sociaux varie d’un endroit protection sont soit inexistants, débordés ou appliqués marginalisation victimes déficients Absence de lois sur la Alcoolisme et à l’autre, et leur intensité est tributaire de l’évolution de de façon déficiente. C’est pourquoi il arrive plus souvent Accès à des armes et à toxicomanie Camps pour personnes protection la situation. des moyens létaux Absence de mécanismes déplacées non sécurit- Piètre respect du principe que les gens finissent par perdre leur sang-froid ou aires et surpeuplés de la primauté du droit Victime de mauvais de soutien informel de la Bien que les variables qui augmentent le risque de vio- abuser de leur pouvoir pour exploiter les autres. traitements durant part de la famille et des Faibles systèmes de Normes culturelles l’enfance amis protection appuyant la violence lence en cas de catastrophe soient nombreuses, il existe Absence d’information Absence d’information Absence d’information Accès à des armes et à des déterminants sociaux sous-jacents communs, sur la prévention sur la prévention sur la prévention des moyens létaux notamment : →→la discrimination et les inégalités fon- dées sur l’âge ou le sexe, →→l’exclusion et l’isolement sociaux, →→l’usage nocif de l’alcool et d’autres substances, →→l’inégalité des revenus, →→l’absence de mécanismes de protection, →→l’abus de pouvoir. CULTUREL/ INDIVIDUEL relationnel COMMUNAUTAIRE SOCIÉTAL josé manuel JIMeNez, FICR
La violence La violence lors de catastrophes : lors de catastrophes : 12 PRÉVISIBLE, ÉVITABLE PRÉVISIBLE, ÉVITABLE 13 PROFIL : HONDURAS « S’ils ne sont pas bien gérés, Les familles réfugiées provenaient La consultation des résidents s’est les abris aménagés en cas de de différents logements et quartiers fait en partie par la mise en corres- catastrophe risquent d’être à faible revenu, chacune d’elles pondance des besoins et des points non sécuritaires et d’exposer ayant été accablée par la perte de de vue des différents groupes : hom- les familles à une variété de proches et d’effets personnels. Le mes, femmes, jeunes, enfants, et risques. Voilà qui exacerbe le rétablissement y était excessive- aînés. Cette méthode de séparation traumatisme que subissent ment difficile. Dans les abris, la des groupes a permis d’illustrer les familles qui doivent déjà situation était compliquée par le plus en détail les défis que devaient gérer les effets physiques et surpeuplement et le manque de relever chacun d’eux, notamment la psychologiques de la catas- structures communautaires. Ce discrimination fondée sur le sexe, la trophe. » sont les gangs qui ont profité de la pénurie d’emplois, le coût élevé des Maria Elisa Alvarado, directrice générale, situation, et les conséquences ont produits de consommation courante, Croix-Rouge hondurienne été tragiques : on a dénombré 18 l’alcoolisme, la violence familiale, la meurtres à l’intérieur des abris. grossesse chez les adolescentes et Depuis 1998, la Croix-Rouge « La violence était le produit d’une le manque d’instruction. hondurienne a pris part à de nom- absence de possibilités écono breuses interventions à la suite Cette importance accordée à la miques et de ressources organi- d’ouragans, d’une sécheresse et communication et à la participa- sationnelles et scolaires, et d’une d’un séisme en 2009. Elle attribue tion a porté fruit puisqu’elle a aidé sécurité déficiente. » une bonne partie des notions qu’elle les réfugiés à briser l’isolement et a acquises sur la violence à la suite La Croix-Rouge hondurienne a uni à commencer à remédier de façon de catastrophes à l’expérience de la ses efforts à ceux de la Croix-Rouge collective à leurs problèmes. D’après gestion des abris après le passage espagnole et d’autres organismes un ancien réfugié qui a joué un rôle de l’ouragan Mitch, une tempête pour remédier aux problèmes dans les comités de représentants dévastatrice qui a balayé l’Amérique observés dans les abris. « Nous des abris, la clé consistait à trouver centrale en 1998 et qui aurait avons choisi de traiter cette situa- la bonne façon d’aider les réfugiés entraîné plus de 10 000 décès et fait tion en priorité et avons accepté à s’aider eux-mêmes : « nous ne plus de 2 millions de sans-abri. un rôle beaucoup plus actif dans le cherchions pas à ce que d’autres succès de l’organisation commu- viennent nous donner à manger, « À la demande du gouvernement, la nautaire, car nous reconnaissions nous avions besoin d’un maximum Croix-Rouge a accepté de gérer les que le succès de n’importe quelle de collaboration pour nous aider à La Croix-Rouge →→Offrir un soutien et une interven- une vie normale dans les plus abris dans lesquels étaient hébergées hondurienne affirme avoir tion améliorés aux personnes brefs délais. autre mesure en dépendait. » Les améliorer nos conditions de vie ». logées dans les abris des collecti 1 372 familles (6 676 personnes) », trois organismes ont commencé par Grâce à une plus grande autonomie tiré les leçons suivantes : →→Investir dans les compétences se souvient Maria Elisa Alvarado, vités hôtes. des équipes d’intervention, pour trouver des leaders positifs dans la et à une meilleure participation, les →→Éviter le plus possible les concen- directrice générale de la Croix- →→Travailler directement avec les col- qu’elles puissent notamment collectivité et les ont encouragés à collectivités sont devenues plus trations massives de personnes en Rouge hondurienne. Une moyenne lectivités et les familles pour ouvrir reconnaître les éléments éven- participer aux comités de projets résilientes et mieux outillées pour un seul endroit. de 600 familles (3 600 personnes) des possibilités de dialogue sur la tuellement déclencheurs de communautaires. On a fait la promo- tolérer leurs pertes, et les gens ont sont demeurées dans les abris de →→Faire participer les collectivités violence, ses facteurs de risque et violence. tion des dialogues et de la cohésion appris à se tolérer dans leurs loge- Tegucigalpa pendant trois ans et à la gestion des abris et à leurs ses solutions. →→Reconnaître le besoin de ren- auprès des leaders des comités. La ments bondés. Maria Elisa Alvarado demi. « Étant donné la nature tran- programmes; la Croix-Rouge joue →→Chercher à faire en sorte que le forcement des capacités, de Croix-Rouge a également fait appel ajoute : « Nous avons véhiculé l’idée sitoire du mode de vie des gens et le un rôle important de modérateur et séjour dans les abris soit le plus sensibilisation et de soutien aux familles des membres de gangs d’autogestion en faisant participer contexte urbain difficile, nous avons d’organisateur de la participation court possible et trouver des solu- psychologique des employés et et consulté des experts sur les les gens à la planification, à la observé plusieurs problèmes sociaux, pour veiller à ce que les tâches et tions avec les autorités pour per- des bénévoles. gangs de jeunes du Honduras pour gestion et à l’animation des pro- notamment des actes de violence les responsabilités soient claires. mettre aux familles de retrouver obtenir conseil. grammes ». familiale et de violence des gangs, qui ont créé une insécurité et ont été exacerbés par le surpeuplement. » Famille dont la maison a été détruite par l’ouragan Mitch et qui vit dans un stade, San Pedro, Honduras. \\ © Sean Sprague \\ spraguephoto.com
La violence La violence lors de catastrophes : lors de catastrophes : 14 PRÉVISIBLE, ÉVITABLE PRÉVISIBLE, ÉVITABLE 15 Principaux facteurs de risque communs en situation de catastrophe Conditions liées au contexte et à la Mécanismes de protection et de Absence de mécanismes de protec- Voici les principaux problèmes Les enfants présentent des risques La violence fondée sur le sexe est situation soutien communautaire débordés tion et d’information sur la préven- d’accès : disproportionnés en période de également une menace pour les En 2009, 42,3 millions de personnes au point de s’effondrer tion de la violence →→Difficulté d’obtenir un gagne-pain catastrophe puisque ce sont les hommes et pour ceux et celles qui ont été forcées d’évacuer leur mai- Lorsque survient une catastro- La mesure dans laquelle les collec- et un revenu membres de la société les plus n’adhèrent pas aux rôles tradition- son en raison d’un conflit, d’actes phe, les mécanismes formels et tivités comprennent les mécanismes →→Distribution inégale de l’aide petits, les plus faibles et les plus nels des sexes dans leur société. Il de violence ou de violations des informels de soutien auxquels de protection et de prévention de la humanitaire et d’urgence à dépendants. Cette vulnérabilité n’y a pas que le sexe qui rend cer- droits de la personnexxii. Bon nombre se fient les gens au quotidien violence avant une catastrophe se l’intérieur des camps et entre est multipliée en cas de catastro- tains groupes plus vulnérables à la d’entre elles se sont retrouvées de pour gérer leur stress et leurs répercutera sur la sécurité des indi- ceux-ci phe. Les enfants qui se retrouvent violence : c’est aussi le cas d’autres force dans des camps pour per- malchances peuvent être débor- vidus et des collectivités pendant →→Pouvoir inégal et normes sociales séparés de leur famille ou orphe- facteurs comme l’ethnicité, le statut sonnes déplacées, des bidonvilles dés, voire s’effondrer. C’est ainsi l’intervention et le rétablissement à limitant l’accès aux services et lins sont les plus à risque : leur d’Autochtone ou l’appartenance à ou des abris temporaires. qu’augmente le risque que le stress la suite d’une c atastrophexxiii. aux mesures de soutien pour les vulnérabilité est multipliée par la une tribu spécifique, la couleur ou soit géré de façon néfaste. femmes, les enfants, les aînés et perte des personnes qui s’occupent le teint de la peau, l’appartenance Voici des exemples de facteurs Exemples des principales lacunes les personnes handicapées d’eux et l’absence de mécanismes à une classe ou à une caste carac- spécifiques de risque de violence Voici des exemples de facteurs souvent observées : →→Absence de soutien aux personnes de protection fiables en cas de térisée par un statut économique à l’intérieur des camps pour per- pouvant prendre forme lors d’une →→Manque de possibilités souffrant de troubles mentaux qui catastrophe. et social inférieur, les stéréotypes sonnes déplacées : catastrophe : d’autonomisation et d’information souhaitent accéder aux services xénophobes, le statut d’immigrant →→le manque de sécurité et de servi- →→perturbations et diminution de offertes aux bénéficiaires Les femmes ne sont pas foncière- →→Manque de soins de santé et ou le déplacement interne, l’orien ces policiers; l’accessibilité, de la qualité et de →→Volume limité d’information trans- ment vulnérables, mais elles d’accès sécuritaire à des vivres, à tation sexuelle, l’âge, qu’il s’agisse →→la piètre sécurité à l’intérieur du la rapidité du soutien offert par mise aux intervenants en cas de peuvent le devenir en raison de un logement et à du combustible des aînés ou des jeunes, le statut de périmètre; les organismes gouvernementaux, catastrophe dans l’ensemble des facteurs sociaux et culturels comme de cuisson personne handicapée, ou les convic- →→le manque d’éclairage; civils et non gouvernementaux; programmes, notamment sur les la discrimination et les inégalités →→Crainte d’être victime de violence tions et allégeances politiques ou →→les installations inadéquates de →→violation de la loi et de l’ordre catastrophes, la santé, etc. fondées sur le sexe, susceptibles en accédant aux biens, aux servi- religieuses. Tout groupe considéré lavage et de toilettes et latrines à – impunité; →→Sélection non uniforme des inter- de connaître une recrudescence en ces ou aux mesures de soutien « inférieur », « différent » ou « de l’intérieur et dans les environs des →→intervention inadéquate des forces venants en cas de catastrophe situation d’urgence. La majorité des valeur humaine inférieure » aux yeux camps; de l’ordre auprès des victimes, pour veiller à ce qu’ils ne con- Risques préalables de violence personnes qui périssent dans les des autres présente un risque plus →→la difficulté d’utiliser les installa- des survivants et des délinquants stituent pas une menace pour les La violence fait des ravages sur les catastrophes naturelles sont des élevé de violence. tions sanitaires en privé; violents; bénéficiaires êtres humains, quels que soient leur femmes; elles ont tendance à avoir →→les abris inadéquats et non →→rareté des mesures de protection →→Déficience des mécanismes âge, leurs origines, leurs capacités, plus de mal à accéder à des res- sécuritaires; offertes aux survivants d’actes internes des organismes pour leur sexe et leurs convictions. Si sources essentielles de préparation, →→le surpeuplement et la densité de violence, ce qui place les per- créer des contextes sécurit- tout le monde peut en être victime, d’atténuation et de réhabilitationxxiv. élevée; sonnes à risque de revictimisation, aires sans violence, notamment certains groupes de personnes pré- Les femmes peuvent également →→l’absence de mécanismes formels et soutien déficient pour aider à à l’intérieur des procédures sentent des risques plus élevés que être victimes en grand nombre de ou informels de protection; panser les blessures physiques et opérationnelles normales de d’autres. violence sexuelle après une catas- →→le risque d’évictions forcées (sou- psychologiques; préparation, d’intervention et En période de catastrophe, les trophe, et de discrimination dans le vent plus d’une fois); →→absence de mécanismes de reddi- de rétablissement en cas de groupes de personnes préalable- processus d’aidexxv. →→le manque d’analyse et de com- tion de comptes; catastrophe préhension de l’ampleur et des →→information limitée sur le pro- ment vulnérables à la violence sont Par ailleurs, la violence envers les Accès compromis aux biens et les plus menacés, car les facteurs formes que prend la violence cessus de déclaration d’actes femmes peut connaître une recru- services qui les mettent à risque sont ampli- immédiatement après une violents; descence lorsque les hommes se Lors de certaines catastrophes, fiés. Dans la plupart des collectivités catastrophe; →→séparation de familles, enfants sentent menacés par le renverse- l’aide humanitaire peut être pré- et des cultures, ces groupes sont →→le manque de volonté des leaders séparés de leurs parents ou ment des relations de pouvoir causé sente, sauf que l’accès peut y être principalement les enfants et les de faire passer la prévention de la orphelins; par le fait que les femmes s’écartent compromis. En période de catas- femmes. violence en priorité. →→silence des témoins, qui de leurs rôles traditionnels pour trophe, on se demande qui contrôle craignent pour leur sécurité s’ils accepter davantage de responsabili- l’accès, pour qui l’accès est difficile interrompent un acte violent ou tés et saisir de nouvelles possibilités et pourquoi, et qui sont les négligés. le déclarent, ne savent pas quoi dans les initiatives de secours et de Un manque d’accès à l’aide humani- faire ou jugent que la violence est rétablissementxxvi. taire peut créer une dépendance acceptable; envers des personnes aux inten- →→exploitation des vulnérabilités « La violence détruit les familles, les collectivités et les pays; surveillez tions dangereuses, ce qui augmente par les personnes en position de les gens qui vous entourent et protégez votre collectivité. » Campagne de SMS les risques d’abus de pouvoir et de sur la prévention de la violence de la Croix-Rouge, Haïti. \\ Croix-Rouge canadienne pouvoir. violence.
La violence La violence lors de catastrophes : lors de catastrophes : 16 PRÉVISIBLE, ÉVITABLE PRÉVISIBLE, ÉVITABLE 17 PROFIL : HAÏTI talia frenkel, Croix-Rouge américaine « Après le séisme, nous La Croix-Rouge haïtienne avec la Bien que la violence ne soit pas une campagne radio, de SMS et de On a intégré au plan d’action de la Croix- avons observé une grande collaboration de la Croix-Rouge une nouveauté en Haïti, le séisme messages textes téléphoniques Rouge haïtienne des mesures concrètes pour solidarité entre tout le espagnole, travaille depuis en a fait augmenter le risque et la pour transmettre de l’information protéger les bénévoles contre la violence, monde, surtout parmi nos plusieurs années à la réduction vulnérabilité. Selon un bénévole sur la prévention de la violence et notamment en les faisant travailler en équipe bénévoles. Cependant, nous des niveaux de violence dans de la Croix-Rouge haïtienne, sur la façon d’obtenir de l’aide pour de deux et en leur montrant de quelle façon avons aussi constaté que des collectivités comme Bel Air. « catastrophe et violence vont de les victimes. Les dirigeants de la assurer leur sécurité. La formation des les conditions de vie dans Cependant, depuis le séisme pair, étant donné leur lien de cause Croix-Rouge haïtienne ont également bénévoles repose sur des aspects critiques lesquelles les gens se sont dévastateur du 12 janvier 2010, ce à effet ». « Il y a plusieurs facteurs pris part à une formation de trois qui consistent à écouter les victimes de retrouvés après le séisme ont travail jouit d’un nouveau statut qui peuvent aider à promouvoir – ou jours organisée par la Croix-Rouge violence et à leur procurer l’aide dont elles provoqué une recrudescence prioritaire. « Il y a augmentation de à prévenir – la violence, même dans canadienne intitulée « La création ont besoin. de la violence. Nous tâchons, la violence, qu’elle soit physique, des conditions difficiles comme d’environnements sûrs pour l’enfant La prochaine étape pour la Croix-Rouge avec nos partenaires, notre psychologique ou sexuelle… les les nôtres. Un camp éclairé la nuit ou le jeune en dix étapes » pour haïtienne consistera à élargir le travail personnel et nos bénévoles, victimes sont nombreuses, surtout est plus sûr qu’un autre qui ne l’est promouvoir la non-violence au sein de prévention de la violence à l’ensemble d’intégrer la prévention de les jeunes », indique un agent de pas. Certains camps sont sûrs, et de la Croix-Rouge haïtienne et de ses du pays et à poursuivre la formation du la violence à l’ensemble de mobilisation communautaire de d’autres non », ajoute la Dre Gédéon. programmes, et ont élaboré un plan personnel et des bénévoles pour leur montrer nos programmes, ainsi qu’à la la Croix-Rouge haïtienne. « Les d’action. Le travail de prévention de la comment se protéger et protéger les autres. formation que nous offrons à problèmes dans les camps sont violence en Haïti comprend des « La violence se cache et il n’est pas Il est également prioritaire de faire participer nos bénévoles. » nombreux : surpeuplement, latrines mesures pratiques, comme le travail facile d’en parler, indique un membre les collectivités aux efforts de prévention de Dre Michaële Amédée Gédéon, présidente, insuffisantes et nombreux viols. Les avec la Fédération internationale du personnel. Ce travail m’encourage. la violence. Comme l’explique un bénévole Croix-Rouge haïtienne enfants sont laissés à eux-mêmes, pour améliorer l’éclairage dans Il y a trop de violence dans mon pays… de la Croix-Rouge haïtienne, « les adultes et les filles présentent un risque les camps de La Piste et d’Annexe grâce à la Croix-Rouge, je vois qu’il est forment les jeunes, les jeunes forment les particulier », ajoute Ferna Victor, de la Mairie, et dans le quartier possible d’en réduire l’ampleur. » enfants, et les enfants sont notre avenir ». directrice du développement de 30 de Delmas. On a aussi lancé section à la Croix-Rouge haïtienne.
Vous pouvez aussi lire