Recommandations pour la vaccination contre la grippe
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Directives et recommandations Recommandations pour la vaccination contre la grippe Septembre 2007 Office fédéral de la santé publique en collaboration avec le Groupe de travail Influenza et la Commission fédérale pour les vaccinations L’essentiel en bref La grippe (grippe saisonnière, Les virus influenza, en particulier le mortalité pendant la saison grippale grippe épidémique ou influenza) est virus de type A, se caractérisent par de 40% à 70%. une maladie infectieuse due aux un changement fréquent de leurs Comme les virus influenza se modi- virus Influenza. Elle présente des antigènes de surface, et de nouvel- fient chaque année, il est néces- symptômes très variables qui peu- les variantes apparaissent en per- saire de répéter annuellement la vent aller d’une légère infection res- manence pendant la saison de la vaccination. Le vaccin n’est efficace piratoire au décès. La grippe peut grippe. Divers mécanismes favori- que pendant six mois environ, aussi entraîner des conséquences et des sent la sélection de souches iné- la meilleure période de vaccination complications dont la portée est dites qui se propagent aisément se situe-t-elle entre mi-octobre et souvent sous-estimée. Elle consti- en raison de l’immunité réduite de mi-novembre. La vaccination est tue, en effet, un important facteur la population. En conséquence, les recommandée en premier lieu aux de morbidité et de mortalité pour épidémies se renouvellent d’année personnes qui sont exposées, en les groupes à risque ou, plus géné- en année. Lorsque les modifications cas d’influenza, à des risques ac- ralement, pour les personnes de de la surface du virus (hémaggluti- crus de complications (sujets souf- Septembre 2007 plus de 65 ans. Le taux d’attaque nine, neuraminidase) sont impor- frant d’une affection cardiaque ou global annuel est estimé entre 5% tantes, un virus nouveau peut émer- pulmonaire chronique, personnes et 10% chez les adultes et entre ger et être l’origine potentielle présentant des troubles chroniques 20% et 30% chez les enfants. En d’une pandémie. du métabolisme, résidents des ins- Suisse, environ 200 000 affections Le moyen le plus efficace de lutter titutions de soins et établissements grippales nécessitent en moyenne contre la grippe est la vaccination. médico-sociaux pour le troisième chaque hiver des consultations mé- La vaccination antigrippale confère âge, personnes immunodéprimées dicales. Pour les catégories à risque, chez l’adulte immunocompétent ou âgées de plus de 65 ans). Afin de une grippe peut entraîner des com- une protection d’environ 70% à réduire au maximum le danger de plications de nature à requérir un 90% contre la maladie clinique, ou transmission aux catégories de la traitement hospitalier. L’influenza pour le moins, contre les complica- population qui présentent des ris- est ainsi à l’origine de cinq mille tions de la grippe, à condition que ques accrus de complications, le vac- hospitalisations par hiver. On es- les antigènes contenus dans le vac- cin contre la grippe est également recommandations time que 400 à 1000 décès sont dus cin correspondent aux virus en cir- conseillé au personnel médical ou à la grippe chaque année, et leur culation. Chez les personnes âgées soignant, ainsi qu’à toutes les per- nombre peut dépasser le millier lors la vaccination est moins efficace sonnes qui entretiennent des con- Directives et d’une épidémie de grande ampleur. mais peut réduire la morbidité et la tacts étroits avec des sujets à risque. Mots-clés: Efficacité, grippe, grossesse, influenza, influenza-like-illness, recommandations de vaccination, vaccination, virus influenza. 1
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe Septembre 2007 Editeur © Office fédéral de la santé publique (OFSP) Version actuelle disponible sur Internet www.bag.admin.ch/infinfo Pour de plus amples informations Office fédéral de la santé publique Unité de direction Santé publique Division Maladies transmissibles 3003 Berne Téléphone 031 323 87 06 epi@bag.admin.ch Auteurs recommandations C. E. Ammon, Advimed Sàrl, Genève. Co-Auteur: M. Witschi, Office fédéral de la santé publique OFSP, Berne. Commission fédérale pour les vaccinations (CFV) Directives et Membres: C. Aebi, Berne; R. Anderau, Neuchâtel; G. Bachmann, St-Gall; H. Binz, Soleure; D. Desgrandchamps, Baar; M. Gallacchi, Melide; U. Heininger, Bâle; A. Marty-Nussbaumer, Lucerne; L. Matter, Bâle; K. Mühlemann, Berne; J. Roffler, Genève; C.-A. Siegrist, Genève; R. Stef- fen, Zurich; B. Vaudaux, Lausanne. Secrétariat de la CFV assuré par l’OFSP, Division maladies transmissibles. Groupe de travail Influenza (AGI) Membres : F. Eynard, Berne (secrétariat); P. Fontana, Zurich; A. Geret, Berne; C. Griot, Mittelhäusern; R. Junker, Ittigen; D. Koch, Berne; J. Kyek, Zug; E. Masserey, Lausanne; H. C. Matter, Berne; T. S. Meister, Ittigen; K. Mühlemann, Berne; S. Müller, Berne; C. Panchaud, Berne; J. Roffler, Genève; C.A. Siegrist, Genève; R. Steffen, Zurich; U. Thurnherr, Bâle; H.-R. Widmer, Berne; A. Witschi, Bâle; Secrétariat de la AGI assuré par l’OFSP, Division maladies transmissibles. Suggestion de citation: Office fédéral de la santé publique, Groupe de travail Influenza, Commission fédérale pour les vaccinations. Recommandations pour la vaccination contre la grippe. Directives et recommandations (précédemment Supplément XIII). Berne: Office fédéral de la santé publique, 2007 Cette publication paraît aussi en allemand. Numéro de publication: BAG OeG 11.06 1500 d 1000 f 20EXT0609/20EXT06010 2 Imprimé sur du papier blanchi sans chlore
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe Sommaire L’essentiel en bref 1 Impressum 2 1. Introduction 4 2. Propriétés des virus influenza 4 2.1 Description générale 4 2.2 Multiplication du virus 4 2.3 Variabilité génétique 4 3. Epidémiologie 5 Figure 1: Nombre hebdomadaire de cas de suspicion de grippe 1995–2007 et nombre hebdomadaire de décès par Influenza (OFS) 1995–2005 6 Figure 2: Nombre hebdomadaire de cas de suspicion de grippe par saison épidémique (2000 à 2007) 6 4. Clinique 6 5. Vaccination 7 5.1 Vaccins 7 5.2 Efficacité 8 5.3 Effets indésirables 8 6. Indications de vaccination 9 6.1 Recommandations 9 6.2 Groupes particuliers 9 Septembre 2007 6.3 Vaccins et posologie 10 6.4 Contre-indications 10 7. Aspects économiques 11 8. Prévention et thérapie avec médicaments antiviraux 11 Réferences 12 recommandations Directives et 3
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe 1. Introduction B, le virus influenza C et le Thogoto- virales adaptées à l’homme [18]. virus ne possèdent qu’une glyco- Néanmoins, d’autres types d’influenza protéine sur leur surface. Outre leurs A ont été actuellement identifiés com- L’infection par les virus grippaux de différences structurelles, les trois me occasionnellement responsables type A ou B provoque la maladie de la types de virus se distinguent surtout d’infection humaine, notamment les grippe ou influenza. La vaccination par leur spécificité pour l’hôte. Les types H9N2, H7N7, H7N3, H5N1, contre la grippe saisonnière, essentiel- virus influenza de type B et C se H10N7, sans oublier H5N1 [19–25]. lement provoquée par le virus de type trouvent principalement chez l’être A, constitue le moyen le plus efficace humain, tandis que le virus influenza de prévention de la grippe, une mala- de type A est largement répandu dans 2.3 Variabilité génétique die qui, chaque année, a un impact le règne animal [7, 9]. Les oiseaux considérable sur la santé publique. constituent le réservoir le plus impor- Les cycles épidémiques de la grippe Les personnes âgées ou fragilisées tant pour les virus influenza A, mais résultent de la variabilité génétique par des affections chroniques sont les d’autres animaux comme les porcs, des virus grippaux. Cette dernière plus touchées par la morbidité et la les bovins et les animaux marins peu- permet aux virus influenza d’échapper mortalité de la grippe. La vaccination vent être colonisés ou infectés par des à la réponse immunitaire de l’hôte par contre la grippe est donc recomman- virus influenza [9–12]. Si les virus la variation antigénique des glycopro- dée pour ces personnes et pour le per- influenza A et B possèdent une signi- téines de surface, principales cibles sonnel de santé. Ce document permet fication clinique importante, les infec- des anticorps neutralisants [26–28]. de connaître les bases concernant les tions provoquées par le virus influenza Afin de modifier en permanence leur virus de la grippe, la maladie, les diffé- C évoluent souvent de manière inaper- surface, les virus influenza utilisent rentes formes de vaccin disponibles et çue [13–15]. deux mécanismes: la dérive et la varia- les recommandations de vaccination. tion ou cassure. 2.2 Multiplication du virus 2.3.1 Dérive antigénique (“antigenic drift”) Les virus de la grippe sont transmis Ce terme désigne un changement de 2. Propriétés des virus Septembre 2007 d’homme à homme ou de l’homme à la structure antigénique virale par influenza l’animal par des microgouttelettes l’accumulation des mutations ponc- projetées par les personnes infectées tuelles, en particulier dans les gènes [16]. Ils pénètrent dans l’arbre respira- codant les deux glycoprotéines. Ces 2.1 Description générale toire par inhalation et se multiplient mutations, qui surviennent lors de la aussitôt dans l’épithélium respiratoire réplication virale et sous la pression Les virus influenza, des virus sphé- supérieur cilié qui va du nez aux bron- de sélection exercée par le système riques ou pléomorphes d’environ chioles. Pour pénétrer dans la cellule immunitaire de l’hôte, favorisent des 100 nm, appartiennent à la famille des hôte, les virus y adhèrent grâce à une modifications de la structure tridimen- orthomyxoviridae, au genre influenza- des glycoprotéines de leur surface, sionnelle de ces protéines. Les déri- virus. Ils possèdent un génome d’ARN l’hémagglutinine. Cette dernière se ves successives provoquent un tel monocaténaire négatif, segmenté en fixe au récepteur acide N-acétylneura- éloignement de la structure initiale sept (influenza type C) ou huit frag- minique, acide sialique de la cellule que les anticorps existants rencon- ments (influenza type A et B). Chaque hôte, et traverse ainsi la membrane trent des difficultés croissantes à iden- recommandations fragment génomique est composé cellulaire par endocytose. Suite à la tifier les nouvelles variantes. Il est d’une séquence des bases, qui code fusion entre la membrane virale et donc essentiel que la composition du Directives et pour une ou plusieurs protéines et est la membrane endosomale sous l’in- vaccin antigrippal soit périodiquement protégé d’une dégradation précoce fluence de l’acidification de l’endo- adaptée aux virus actuellement en par une ou plusieurs nucléoprotéines. some, il y a libération des complexes circulation. Le phénomène de dérive Chaque segment de génome est RNA-nucléoprotéines. La transcription antigénique explique la réapparition, associé à une ARN-polymérase. Le de tous les segments du génome pro- pratiquement chaque hiver, des épidé- matériel génomique est entouré par prement dite a alors lieu dans le noyau mies de grippe au sein de la popula- une couche protéique (protéine de cellulaire. L’assemblage des particules tion. Leur virulence dépend cependant matrice M1) et par une deuxième virales nouvellement synthétisées se de l’ampleur des modifications des membrane, lipidique. Cette enveloppe produit dans la membrane cellulaire, virus circulants par rapport aux externe contient les deux glycopro- et leur libération de la cellule hôte est souches précédemment recensées. téines majeures, l’hémagglutinine (H) commandée par la seconde protéine Ce phénomène s’observe chez les et la neuraminidase (N) [1–3]. de surface, la neuraminidase. Sans types A, B et C des virus influenza Les virus influenza se répartissent en neuraminidase, les nouveaux virus [26–31]. quatre genres: influenzavirus A, B, C resteraient fixés à la surface de la et Thogotovirus [4–6]. La différence cellule et ne pourraient être libérés 2.3.2 Variation antigénique entre les quatre types de virus pro- [17]. Il existe 16 types d’hémaggluti- (“antigenic shift”) vient de la structure de leurs nucléo- nine et neuf types de neuraminidase, Ce phénomène n’est observé que protéines et de la taille du génome, mais jusqu’à récemment seuls trois chez les virus influenza de type A, il 4 en revanche, ils ne peuvent pas être types d’hémagglutinine (H1, H2, H3) est beaucoup plus rare que la dérive distingués par leur morphologie [7, 8]. et deux types de neuraminidase (N1, antigénique. Il s’agit d’une modifi- Contrairement aux virus influenza A et N2) étaient connus dans les souches cation fondamentale de l’une ou des
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe deux glycoprotéines de surface. Le s’étend au niveau mondial, on parle Depuis 1986, entre 3 000 et 10 000 mécanisme de ce type de modifica- d’une pandémie, un phénomène dû cas annuels de suspicion de grippe tion est déterminé par la structure à l’apparition de nouveaux virus in- font l’objet d’une déclaration au sys- segmentée du génome viral. La colo- fluenza vis à vis desquels la population tème Sentinella (environ 220 méde- nisation simultanée d’un hôte inter- n’est pas encore immunisée [31, 58– cins de premier recours) pendant la médiaire par des virus influenza origi- 61]. Au cours du XXe siècle, quatre saison de la grippe. L’extrapolation de naires de différents réservoirs (humain pandémies de grippe ont été recen- ces données à la Suisse permet d’esti- et animal) ainsi que l’irruption dans sées. La plus sévère était la “grippe mer un total variant entre 100 000 et la même cellule des génomes des espagnole” qui a provoqué plus de plus de 300 000 cas de grippe par deux virus différents favorisent, par 50 millions de morts en 1918/1919 année. Entre 30% et 35% des échan- échange de segments, l’apparition de [39, 62–64]. En Suisse, 21 500 décès tillons Sentinella sont confirmés posi- nouveaux virus qui peuvent être et 600 000 cas de grippe ont été enre- tif par culture virale (moyenne 2000- pathogènes pour l’homme et présen- gistrés en 1918 pour une population 2005). Toutefois, pendant la durée des ter des caractéristiques entièrement d’environ 3 865 000 habitants [65–67]. épidémies, cette proportion atteint nouvelles. En règle générale, la popu- D’autres pandémies du XXe siècle 55% à 60%. En moyenne, 10% des lation ne présente aucune immunité ont eu lieu en 1957 (grippe asiatique), patients déclarés sont âgés de 60 ans ou une immunité très réduite face à 1968 (grippe de Hongkong) et 1977 ou plus, 66% de 10 à 59 ans et 24% ces nouveaux virus. Sous certaines (grippe sino-russe) [18, 68–71]. Cette de moins de dix ans. Ceci ne reflète conditions, de tels nouveaux virus dernière s’est caractérisée par une pas une proportion plus élevée de peuvent conduire à une pandémie évolution plutôt modérée et n’a provo- grippe chez l’adulte, celle-ci étant au d’influenza [31–34]. qué, dans notre pays, qu’une épidé- contraire plus fréquente chez l’enfant, Selon des travaux récents, il semble mie d’une ampleur relativement faible mais la répartition des âges des possible qu’une mutation dans le (à influenza B) en 1981. Au cours de patients des médecins Sentinella. gène de l’hémagglutinine du virus cette année, les déclarations volon- Dans 5,3% des cas de suspicion influenza A (H5N1) pourrait survenir taires des médecins ont permis d’en- d’influenza enregistrés par le système directement chez l’homme et être registrer 14 300 cas de grippe et 492 Sentinella, une pneumonie a été diag- ainsi à l’origine d’une pandémie due à décès [72, 73]. nostiquée lors de la première consul- Septembre 2007 ce virus [35, 36]. A Hongkong, en 1997, un virus influen- tation (4,4% pour les personnes de za A (H5N1), qui ne se propageait jus- moins de 60 ans, 13,6% pour celles de qu’alors que parmi les oiseaux, a été à plus de 60 ans). 0,5% ont été hospita- l’origine de plusieurs cas mortels pour lisés (moins de 60 ans: 0,3%; 60 ans 3. Epidémiologie des êtres humains [74–78]. Pour une et plus: 1,9%). La répartition par tran- situation actualisée depuis la décou- che d’âge ainsi que l’incidence des verte de ce virus, le nombre d’infec- pneumonies et des hospitalisations La grippe est une maladie infectieuse tions diagnostiquées et la létalité, voir n’ont pas varié notablement en fonc- aiguë, qui survient dans des pays tem- http://www.who.int/csr/disease/avian_ tion de l’année, du type ou du sous- pérés sous forme d‘épidémies an- influenza/en/ [79]. type du virus influenza dominant. Au nuelles [19, 37–42]. Les épidémies Deux ans plus tard, à Hongkong égale- cours de la saison 2004/2005, durant peuvent être dues à la dissémination ment, deux cas de grippe ont été diag- la phase épidémique,on a relevé 5 276 exclusive ou prédominante d’un seul nostiqués chez des enfants contami- visites médicales (premières consulta- type de virus ou à la dissémination de nés par un virus influenza A (H9N2), tions) dues à la grippe. Cela corres- recommandations plusieurs virus de type A, voire de commun chez les oiseaux mais in- pond pour toute la Suisse approximati- types A et B [43–48]. Parfois deux habituel chez l’homme [21, 80, 81]. vement à 262 000 premières consul- Directives et vagues de dissémination virale, une Ces derniers cas illustrent le fait que, tations médicales [83]. première par un virus de type A suivie dans certaines circonstances, le virus Au cours des 30 dernières années, les d’une seconde par un virus de type B, influenza peut franchir la barrière de statistiques de mortalité font appa- peuvent être observées de manière l’espèce et infecter l’être humain. Une raître un nombre moyen de 420 décès concomitante [43]. surveillance rigoureuse et une mise par an enregistrés avec cause princi- La mobilité des populations, l’augmen- en œuvre immédiate des mesures pale “grippe” (extrêmes: 126 à 1 052 tation et la rapidité croissante des requises sont donc essentielles pour décès). Nonante-deux pour cent moyens de transport joue un rôle et éviter, autant que possible, la circula- d’entre eux étaient âgés de 60 ans ou rend l’observation attentive de l’acti- tion et la propagation de ces virus au plus, 7% de cinq à 59 ans et 1% de vité des virus influenza [49, 50]. sein de la population. La Suisse est moins de cinq ans. Cependant, ces La proportion de la population atteinte membre du réseau mondial de sur- chiffres ne reflètent que partiellement par l’infection et la sévérité de la mala- veillance de l’influenza [82]. Dans la mortalité totale due à l’influenza, en die varient considérablement d’année notre pays, les observations reposent particulier chez le jeune enfant. A par- en année. Le taux d’infection peut sur le recensement de la fréquence tir d’une analyse temporelle des décès atteindre 5% à 20% pendant une des cas de maladies par le système de enregistrés entre 1969 et 1985, il y épidémie saisonnière et dépasser déclaration Sentinella, sur l’isolement aurait eu 12 200 décès supplémen- 50% dans les établissements collec- des virus par le Centre National de taires en Suisse pendant les onze tifs où les résidents vivent en contact l’influenza (CNI) ainsi que sur les épidémies de grippe par rapport aux étroit, comme les institutions pour statistiques des causes de décès et données qui auraient normalement 5 personnes âgées [42, 51–57]. Lors- des hospitalisations établies par l’Of- été obtenues sans épidémie [84]. Une que l’épidémie saisonnière de grippe fice fédéral de la statistique (OFS). étude plus récente auprès de la popu-
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe Figure 1 Nombre hebdomadaire de cas de suspicion de grippe (déclaration dans le cadre du système Sentinella) 1995– 2007 (moyenne pondérée par cinq semaines) et nombre hebdomadaire de décès par Influenza (OFS) 1995–2005 (moyenne pondérée par cinq semaines). Cas de suspicion de grippe par Nombre de décès de la grippe 1’000 consultations Septembre 2007 lation suisse de plus de 60 ans régénération des cellules épithéliales avec une telle soudaineté que la montre que le nombre de décès attri- détruites débute vers le cinquième personne peut souvent se rappeler buables à l’influenza entre 1969 et jour et est achevée au bout d’un mois le moment exact où la grippe s’est 1999 atteint 24 800 décès [73]. Un environ [90]. déclarée. Les premiers symptômes in- excès de mortalité d’une ampleur Le temps d’incubation varie de un à cluent notamment une sensation de comparable a également été observé quatre jours, les symptômes apparais- malaise général, une asthénie, une en ex-RDA (1969–1990), aux Etats- sant le plus souvent le deuxième jour brusque poussée de fièvre, des fris- Unis (1972–1985, 1972–1997 et 1979– 2001) en Angleterre et au Pays de Galles (1975–1990) ainsi qu’en France Figure 2: (1972–1997) [85–89]. Nombre hebdomadaire de cas de suspicion de grippe (déclaration dans le cadre du système Sentinella, moyenne pondérée par cinq semaines) par saison épidémique (semaines 47 à 17; 2000/2001 à 2006/2007). recommandations 4. Clinique Directives et Cas de suspicion de grippe par 1’000 consultations L’infection par le virus de la grippe chez l’homme peut être complètement asymptomatique ou provoquer des symptômes cliniques plus ou moins graves. Ceci dépend des caractéris- tiques intrinsèques du virus en cause et d’une grande variété de facteurs, dont l’âge du patient, son statut immu- nitaire, ou la présence d’une patholo- gie sous-jacente. Chez l’adulte, les signes cliniques de la grippe sont liés à la multiplication virale dans l’orga- nisme. Cette multiplication atteint son sommet en 48 heures et reste détec- table pendant six à huit jours. Le virus infecte les cellules de l’épithélium res- piratoire, induit une inflammation des 6 muqueuses et un œdème des struc- tures respiratoires allant du larynx et semaine Sentinella de la trachée jusqu’aux bronches. La
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe sons, des céphalées, des douleurs virale primaire ou bactérienne secon- contiennent que les deux antigènes musculaires et articulaires, générale- daire. Cependant, d’autres affections de surface, la neuraminidase et ment suivis d’une perte d’appétit et de potentiellement mortelles peuvent l’hémagglutinine (Influvac® Solvay vertiges. Fréquemment, les patients apparaître telles que pleurésie, myo- Pharma). C’est également le cas des font état de gêne oculaire, notamment site, myocardite ou péricardite suivie vaccins de type “virosome” (Inflexal lors de mouvements latéraux, de d’une cardiopathie dilatative, cardio- V® Berna Biotech, Influvac Plus® Sol- photophobie, de larmoiements et de myopathie, infarctus du myocarde ou vay Pharma), dans lesquels les anti- sensations de brûlure [90–92]. La choc toxique. La méningite, l’encépha- gènes de surface sont présents sous deuxième phase se caractérise par lite, la myélite ainsi que la polyradicu- la forme de virosomes influenza l’intensification des symptômes respi- lite de Guillain-Barré figurent au reconstitués (liposomes) [113, 114]. ratoires, tels que toux sèche, maux de nombre des autres complications sé- Tous ces vaccins sont administrés de gorge, enrouement et écoulement vères [100, 101]. Les complications manière intramusculaire ou sous-cuta- nasal. Les enfants présentent souvent gastro-intestinales, plus rares, comme née profonde. Certains vaccins, non des symptômes gastro-intestinaux l’appendicite ou la cholécystite, se disponibles en Suisse ou actuellement importants, tels que nausées, vomis- manifestent avec un certain retard et en phase de développement, pour- sements, maux de ventre et diar- sont davantage imputables à un affai- raient être introduits dans l’organisme rhées. La fièvre, symptôme primor- blissement immunitaire provoqué par par voie intranasale ou transcutanée. dial, augmente rapidement au cours la grippe. Il semble que la rare mani- La voie intranasale présente l’avan- des douze premières heures pour festation du syndrome de Reye soit tage de faciliter des actions de vacci- atteindre des valeurs supérieures à associée à des infections virales, en nation de masse. Un grand nombre de 38° C, avec des pics à 41° C. Bien particulier l’influenza et la varicelle personnes, et aussi les enfants, peut qu’elle ait tendance à diminuer avec [102–104]. être vacciné en peu de temps, ce qui l’âge, la température corporelle des pourrait être utile en cas de pandémie. personnes âgées peut également se Les deux formes de vaccins, inactivés maintenir à des niveaux élevés pen- ou vivants atténués, ont été testées dant plusieurs jours. La fièvre dure en 5. Vaccination par voie nasale, et les vaccins vivants général trois jours, parfois avec une atténués ont démontré une efficacité Septembre 2007 évolution intermittente en cas d’admi- particulièrement élevée, y compris nistration d’antipyrétiques, mais elle 5.1 Vaccins contre les souches distinctes de celles peut persister jusqu’à huit jours. L’exa- inclues dans la formulation vaccinale, men clinique révèle souvent une bour- Il existe deux grands groupes de vac- attribuée en particulier à la meilleure souflure du visage autour des cavités cins contre la grippe, les vaccins inac- induction de réponses cellulaires [106, oculaires, des yeux brillants et une tivés et les vaccins vivants atténués. 115]. Il s’agit du vaccin vivant atténué conjonctivite. Le pharynx arbore fré- Conformément aux recommandations adapté au froid, enregistré aux Etats- quemment une teinte rouge pâle. Une émises par l’Organisation mondiale de Unis pour les personnes en bonne bradycardie relative est souvent obser- la santé (OMS), les vaccins contre la santé âgées de 5 à 49 ans. Il a aussi vée, à l’instar d’une hypotension. Les grippe sont trivalents, ils contiennent fait la preuve de son efficacité chez le ganglions cervicaux sont proémi- deux souches de virus influenza A et nourrisson et le jeune enfant [116]. nents, en particulier chez les enfants une souche de virus influenza B [110]. Des adjuvants augmentant l’immuno- [15, 47, 93–99]. Une commission d’experts de l’OMS génicité ont été ajoutés aux formula- En général, les adultes infectés excrè- édite chaque année une recommanda- tions vaccinales sous-unitaires pour recommandations tent le virus influenza 24 heures avant tion précise sur la composition des l’administration intranasale, permet- et jusqu’à trois à cinq jours après le vaccins, en février pour l’hémisphère tant d’induire une immunité compa- Directives et début des symptômes [17]. Cette Nord et en septembre pour l’hémi- rable à l’administration parentérale durée s’allonge souvent notablement sphère Sud [111, 112]. A cette fin, les [117–124]. Malheureusement, des pa- chez les enfants. La convalescence experts se fondent sur les données ralysies faciales sont survenues chez dure en moyenne une à deux semai- relatives aux souches virales en circu- les sujets vaccinés par un tel vaccin nes, mais peut s’étendre sur quelques lation recueillies par le système mon- influenza adjuvanté, administré par semaines supplémentaires. Si toute dial de surveillance de l’influenza [82]. voie nasale (Nasalflu® Berna Biotech), personne peut présenter des compli- Lorsque la composition est détermi- conduisant à son retrait en 2002 [125]. cations dues à la grippe, le risque née, les souches correspondantes Une autre voie d’application du vaccin, augmente notablement pour certaines sont cultivées dans des œufs de poule la voie transcutanée, est actuellement catégories de la population (personnes embryonnés, avant d’être inactivées à l’essai. A nouveau, il semble que âgées de plus de 65 ans; personnes et purifiées jusqu’à l’obtention du pro- l’immunité induite par cette voie de exposées à des risques accrus de duit final. vaccination soit comparable à celle complication en raison de maladies Les vaccins trivalents enregistrés en de la vaccination classique, ce qui graves; résidents d’une maison de Suisse ces dernières années contien- constitue une perspective promet- soins). Le taux d’hospitalisation et de nent des particules entières du virus teuse pour une dispensation plus complications est 2 à 5 fois plus élevé influenza (Inflexal® Berna Biotech) ou facile qu’actuellement du vaccin contre que pour les personnes en bonne des particules fragmentées pour les la grippe [126–128]. santé. Les complications les plus vaccins de type fractionné (“split”) courantes sont la sinusite, l’otite (Fluarix® GlaxoSmithKline, Mutagrip® 7 moyenne, la bronchite, la pneumonie Sanofi Pasteur MSD). Les vaccins ou la laryngite striduleuse d’origine formés de sous-unités (“subunit”) ne
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe 5.2 Efficacité méta-analyse incluant 64 études me- pe par la vaccination des individus infec- nées entre 1996 et 2006, auprès des tés par le virus de l’immunodéficience Les vaccins contre la grippe confèrent personnes âgées vivant en établisse- humaine (VIH) a montré une efficacité une protection d’environ 70% à 90% ments de long séjour que la protection de 27% à 78% sur 646 personnes contre la maladie clinique confirmée contre les affections grippales s’élevait avec une réduction significative de par laboratoire chez un adulte immu- à 23% (95% IC: 6–36%). Par contre, l’incidence de la grippe (risk difference nocompétent, à condition que le vac- une protection importante de 46% RD –0.27; 95% IC: –0.42– –0.11) [155]. cin corresponde aux virus en circula- (95% IC: 30%–58%) a été trouvée La durée de la protection vaccinale tion. Chez les personnes âgées, la contre la pneumonie, les hospitalisa- n’est pas connue avec exactitude. vaccination est moins efficace mais tions étaient réduites de 45% (95% IC: Après quatre mois environ, la concen- peut réduire le nombre d’hospitalisa- 16–64%) et le nombre de décès pour tration en anticorps peut diminuer, de tions de 25% à 45% et la mortalité de grippe ou pneumonie de 42% (95% sorte que la protection optimale ne 40% à 75% pendant la saison grippale IC: 17–59%) [137]. Dans plusieurs serait que de quatre à six mois. Aussi [99, 105–109]. études le même résultat a été observé, importe-t-il de ne pas procéder à une De nombreuses études ont été me- à savoir que la vaccination contre la vaccination trop précoce. Comme les nées pour déterminer l’efficacité des grippe chez les personnes âgées, bien épidémies de grippe apparaissent vaccins antigrippaux inactivés admi- que non significativement efficace pour généralement entre décembre et nistrés par voie parentérale. Leurs la protection contre les affections mars, il est conseillé de vacciner entre conclusions divergent considérable- grippales ou pseudogrippales, permet mi-octobre et mi-novembre [156, 157]. ment et les données relatives à l’effi- néanmoins de réduire le risque d’affec- cacité varient entre 0% et 100%. Les tions graves comme les complications facteurs les plus importants pouvant pulmonaires et le nombre d’hospitalisa- 5.3 Effets indésirables expliquer ces différences sont l’âge et tions [88, 145–147]. l’état de santé de la population consi- La tendance des résultats pour des Il est important d’insister sur le fait dérée, l’étendue de l’activité des virus personnes âgées vivant à domicile est que les vaccins actuellement utilisés influenza étudiés, le dosage du vaccin, similaire: la vaccination ne protège en Suisse sont des vaccins inactivés le temps écoulé entre la vaccination et efficacement ni contre la grippe confir- qui contiennent des virus non infec- Septembre 2007 l’exposition, la concordance entre les mée en laboratoire (RR 0.19; 95% IC: tieux et qu’ils ne peuvent pas induire virus contenus dans le vaccin et les 0.02–2.01), ni contre les affections d’affections grippales. Des effets indé- virus en circulation, ainsi que l’in- grippales (RR 1.05; 95% IC: 0.58– sirables qui sont les plus souvent lé- fluence d’autres affections respira- 1.89), ni contre la pneumonie (RR 0.88; gers et locaux peuvent être observés toires [129]. Les résultats varient aussi 95% IC: 0.64–1.20), mais elle permet chez 10% à 64% des personnes vacci- selon qu’on les exprime en proportion une réduction des hospitalisations pour nées [159, 160]. de personnes fabricant des anticorps grippe ou pneumonie (EV 26%; 12– – Réactions locales à un taux supérieur à un certain seuil, 38%) ainsi qu’une réduction du Le signe le plus fréquemment ob- en proportion d’augmentation du titre nombre de décès quelles qu’en soient servé est une légère réaction locale d'anticorps, en protection contre des les causes (EV 42%; 24–55%) [88, autour du point d’injection qui dispa- symptômes évocateur de grippe, 137, 146, 148–151]. raît en 48 heures. Erythème, dou- contre l’infection confirmée en labora- Quant à la protection des personnes leurs et prurit peuvent l’accompa- toire, contre les complications, contre ayant un diabète, la vaccination contre gner [159, 161]. l’hospitalisation ou contre le décès. la grippe a montré une efficacité avec – Réactions systémiques recommandations Des études cliniques ont fait état d’un 56% de réduction de toute compli- Une minorité de patients vaccinés taux de production d’anticorps de cation (95% IC: 36–70%), 54% de (
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe une vaccination contre la grippe. Elles et les patients d’un établisse- de consultations ambulatoires et sont probablement dues à une hyper- ment pour malades chroniques. conduisent souvent à la prescription sensibilité aux composants du vaccin, d’antibiotiques [182, 183]. Aux Etats- en particulier aux protéines d’œuf de b) aux personnes susceptibles de Unis, le taux d’hospitalisation pour des poule [163, 164, 165]. transmettre le virus à des per- affections aiguës des voies respira- Diverses affections neurologiques, sonnes avec un risque accru de toires provoquées par l’influenza chez telles que névrite optique, névrite bra- complications (pas de prise en les enfants de moins de 2 ou de 5 ans chiale ou paralysie des nerfs crâniens, charge de la vaccination pour les en bon état de santé par ailleurs, est ont été observées en corollaire avec personnes au-dessous de 65 ans, presque aussi élevé que celui des une vaccination, ainsi que de très toutefois souvent financée par l’ins- personnes âgées et seuls 15% des rares manifestations auto-immunes, titution, p. ex. une clinique): enfants hospitalisés présentent une dont le syndrome de Guillain-Barré – Le personnel soignant et médical affection à effet prédisposant [184– (SGB) [99, 166, 167]. Néanmoins, ces ainsi que toutes les personnes 187]. D’autre part, les enfants jouent effets indésirables restent exception- qui sont en contact direct avec un rôle essentiel dans la propagation nels. Une récente étude de population des patients dans les hôpitaux, des virus de la grippe. Ils sont plus canadienne a ainsi indiqué une inci- les cliniques et les cabinets médi- fréquemment contaminés par le virus dence relative d’hospitalisation pour caux, les soins à domicile et/ou influenza, leur taux d’incidence de SGB de 1.45 (95% IC: 1.05–1.99) dans dans les maisons de soins ou grippe d’environ 40% est nettement les deux à sept semaines qui suivent pour personnes âgées, les éta- supérieur à celui des autres classes une vaccination contre la grippe, par blissements thermaux ainsi que d’âge, et ils l’excrètent en général rapport aux semaines contrôles [168]. les pharmacies, pendant une plus longue période que Cette observation est concordante – Les personnes qui sont en con- les adultes [188, 189]. Depuis 2006, avec le risque relatif de 1.7 observé tact étroit avec des personnes les Etats-Unis recommandent la vacci- aux Etats-Unis entre 1992 et 1994 avec un risque accru de complica- nation de tous les enfants de 6 à 59 [169], tandis que d’autres études tions ou vivant avec elles dans le mois. En Suisse, la vaccination contre avaient conclu à un risque non aug- même foyer (enfants y compris). la grippe n’est recommandée, dès menté [170–172]. Etant donné la l’âge de six mois, que pour les enfants Septembre 2007 faible incidence du SGB (environ 1 par c) Depuis 2005, aux personnes en qui font partie de certains groupes à 100 000), une augmentation aussi contact régulier avec de la volaille risque accru. Ils comprennent notam- faible du risque relatif n’a pas d’impact ou des oiseaux sauvages: ment les enfants atteints de maladies significatif sur l’épidémiologie du SGB, – Les personnes qui sont en char- chroniques (maladies du cœur ou des dont la majorité des cas survient en ge du contrôle des épizooties, poumons, troubles du métabolisme, l’absence de toute vaccination. – Le personnel des abattoirs en insuffisance rénale, hémoglobinopa- contact avec de la volaille vivante, thie ou immunosuppression). Les – Les vétérinaires ainsi que leur enfants nés prématurément en font personnel, aussi partie mais ne peuvent être vac- 6. Indications de – Les propriétaires de volaille, cinés avant l’âge de 6 mois, ce qui en vaccination – Les personnes qui approchent limite l’impact. fréquemment les oiseaux domes- La vaccination n’est pas recomman- tiques et sauvages (p. ex. les or- dée pour les enfants de moins de six 6.1 Recommandations nithologues, les garde-chasse, mois, les données étant encore insuf- recommandations les préparateurs d’animaux, les fisantes dans cette classe d’âge. La La vaccination contre la grippe est re- employés des douanes en con- sécurité des vaccins est bonne chez Directives et commandée: tact direct avec la volaille d’impor- les enfants dès six mois [190]. L’effica- a) aux personnes avec un haut risque tation vivante). cité des vaccins inactivés chez les de complications en cas d’infection nourrissons de six mois à deux ans a (prise en charge de la vaccination d) Une vaccination contre la grippe sai- été rapportée comme modérée [191]. par l’assurance obligatoire des sonnière peut aussi être prise en Cependant, des données récentes soins, art. 26 LAMal): considération pour les personnes montrent que l’efficacité protectrice – Les personnes âgées de plus de qui veulent généralement limiter peut atteindre 70% (consultations mé- 65 ans, leur risque de maladie ou vouloir dicales) voire 90% (pneumonies) chez – Les adultes et les enfants expo- éviter une longue absence de leur les nourrissons de six à 23 mois, à sés à des risques accrus de com- lieu de travail. condition qu’ils aient reçu deux doses plication en raison de maladies de vaccin [192]. L’âge à partir duquel graves (maladies cardiaques ou l’administration d’une seule dose de pulmonaires chroniques, asthme 6.2 Groupes particuliers vaccin (lors de la première administra- bronchique, malformations car- tion) est suffisante dépend de l’anam- diaques congénitales, mucovisci- 6.2.1 Enfants nèse et du risque d’exposition pen- dose, troubles métaboliques chro- Vacciner les enfants contre la grippe dant les saisons précédentes niques, notamment le diabète, peut se justifier par 2 aspects: les (“priming”). En Europe, l’administra- insuffisance rénale, hémoglobino- enfants sont plus sensibles à l’infec- tion d’une seule dose de vaccin est pathie ou immunosuppression), tion par les virus influenza et ses considérée comme suffisante à partir 9 – Les résidents d’une maison de symptômes plus prononcés [173–181]. de 36 mois. Aux Etats-Unis, deux soins ou pour personnes âgées Ils sont à l’origine d’un grand nombre doses sont recommandées jusqu’à
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe l’âge de neuf ans et une étude récente connues sur l’allaitement et, inverse- l’évolution des paramètres immunolo- a confirmé qu’une seconde dose de ment, l’allaitement n’exerce pas d’in- giques (CD4) ni sur la maladie [215– vaccin améliore l’immunogénicité vac- fluence sur la réponse immunitaire. En 218]. cinale chez les enfants de ce groupe Suisse, la vaccination des femmes au d’âge [193]. L’administration d’une deuxième ou troisième trimestre de deuxième dose peut donc être utile leur grossesse pendant une épidémie 6.3 Vaccins et posologie chez les enfants à risque accru de de grippe est essentiellement recom- complications, en particulier ceux avec mandée en présence de facteurs de Les types de vaccins actuellement dis- une immunocompétence modérée. risques supplémentaires (affections ponibles en Suisse sont: En raison de la rapide diminution du chroniques cardiaques, pulmonaires, – vaccins avec particules virales frag- taux d’anticorps et de la modification rénales ou troubles métaboliques mentées, appelés vaccins de type des types de virus en circulation, la chroniques). La vaccination des fem- fractionné (“split”) (Fluarix®, Muta- vaccination doit être également répé- mes enceintes est efficace pour les grip®), qui contiennent les glycopro- tée chaque année chez les enfants protéger elles-mêmes et peut confé- téines de surface (hémagglutinine [191, 194]. Par ailleurs, le profil de tolé- rer un bénéfice à leurs nouveau-nés. et neuraminidase) rance des différents vaccins inactivés Les anticorps IgG traversent le pla- – vaccins formés de sous-unités (“sub- conduit à préférer l’utilisation de vac- centa et peuvent ainsi protéger le unit”) (Influvac®), qui contiennent cins “subunit” lors de la première utili- nourrisson de l’influenza pendant les deux antigènes de surface, l’hé- sation pour les jeunes enfants. quelques semaines après l’accouche- magglutinine et la neuraminidase; ment. Le taux des anticorps diminue – vaccins “virosomaux” (Inflexal® V, 6.2.2 Femmes enceintes toutefois rapidement [204]. Influvac Plus®) dans lesquels les Chez les femmes enceintes, la grippe antigènes de surface hémaggluti- peut revêtir des formes sévères, en 6.2.3 Voyageurs nine et neuraminidase des virus particulier pendant le deuxième et La vaccination des personnes à risque sont incorporés dans une mem- troisième trimestre de la grossesse qui se rendent dans les pays tropicaux brane lipidique mieux reconnue par [195–197]. Les risques associés à la est recommandée pendant toute l’an- les cellules immunitaires. grippe reposent sur l’exacerbation née. Elle est également conseillée à En général, la posologie est d’une Septembre 2007 possible d’une maladie latente (dia- titre préventif aux personnes à risque injection intramusculaire ou sous-cuta- bète, insuffisance cardiaque, maladie qui se rendent entre les mois de née profonde. Les enfants de moins rénale ou pulmonaire, immunodépres- juin et septembre dans l’hémisphère de trois ans reçoivent une demi-dose sion, etc.). Au cours des pandémies de Sud [49, 50, 205]. Le vaccin pour de vaccin. Deux doses (ou demi- 1918/1919 et de 1957, une mortalité l’hémis-phère austral est disponible doses, selon l’âge) à quatre semaines excédentaire a été constatée chez les en Suisse dans les centres pour d’intervalle sont recommandées la femmes enceintes [198, 199]. Le virus voyageurs. (Cf. également Directives première année de vaccination (“pri- semble être transmissible de la mère et recommandations [“Vaccinations ming”). Néanmoins, comme les re- à l’enfant, car les avortements, les lors de voyages à l’étranger”] et commandations concernant la vacci- accouchements avant terme et les www.safetravel.ch). nation des nourrissons et des enfants retards de croissance intra-utérins sont différentes selon le vaccin em- surviennent plus fréquemment lors 6.2.4 Personnes séropositives (VIH) ployé, il est fortement conseillé de d’une grippe sévère. Si des cas de Les données relatives à la fréquence consulter le Compendium pour un vac- malformation dues à l’influenza ont et à la sévérité de l’évolution de la cin spécifique (www.compendium.ch). recommandations été rapportés, ils n’ont cependant ja- grippe chez les personnes infectées mais été confirmés [200]. Aucun effet par le VIH sont peu nombreuses. De Directives et indésirable sévère n’a été attribué à récents rapports indiquent que les 6.4 Contre-indications l’administration de vaccins inactivés symptômes grippaux sont prolongés contre la grippe pendant la grossesse et que le risque de complications est Les contre-indications de la vaccina- [200, 201]. L’administration du vaccin vraisemblablement accru pour les tion contre la grippe sont, pour les sera effectuée de préférence à partir personnes infectées par le VIH [206]. vaccins produits sur l’œuf de poule, du deuxième trimestre de la gesta- Une vaccination semblerait donc judi- l’hypersensibilité aiguë aux compo- tion, car il existe au premier trimestre cieuse [207]. Cependant, la réponse sants d’œufs de poule et aux autres un risque de coïncidence entre vacci- humorale peut être faible, en parti- composants du vaccin comme les nation et avortement spontané [202, culier dans les stades avancés de excipients (lécithine, formaldehyde, 203]. Aux Etats-Unis, la vaccination l’immunodéficience et, dans la plupart Triton-X, aminosides). Si la vaccination des femmes enceintes est conseillée des cas, une vaccination de rappel ne est formellement indiquée, une dé- après la 14ème semaine de gestation provoquera pas une meilleure réponse sensibilisation doit être envisagée. et dès le début de la grossesse pour immunitaire [208–214]. La question Souvent la vaccination est ensuite les femmes qui font partie des d’une possible activation de la réplica- possible [165, 219, 220]. groupes à risque. Il n’existe aucun lien tion du VIH par le vaccin antigrippal Les personnes qui présentent une entre la vaccination contre la grippe et auprès des personnes séropositives a affection fébrile ne seront vaccinées d’éventuelles complications mater- été abondamment étudiée. Quelques qu’après la disparition des symp- nelles, périnatales ou infantiles. De la études ont mis en évidence une aug- tômes. En revanche, les affections 10 même manière, aucun effet térato- mentation passagère de la réplication bénignes apyrétiques ou peu fébriles gène n’a été démontré [202, 203]. Il du VIH après une vaccination contre la ne constituent pas une contre-indica- n’y a pas de conséquences nocives grippe, sans influence significative sur tion [160].
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