Recommandations pour la vaccination contre la grippe

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Directives et recommandations

Recommandations pour la vaccination contre la grippe
Septembre 2007
Office fédéral de la santé publique en collaboration avec le Groupe de travail Influenza et la Commission fédérale
pour les vaccinations

   L’essentiel en bref
   La grippe (grippe saisonnière,           Les virus influenza, en particulier le   mortalité pendant la saison grippale
   grippe épidémique ou influenza) est      virus de type A, se caractérisent par    de 40% à 70%.
   une maladie infectieuse due aux          un changement fréquent de leurs          Comme les virus influenza se modi-
   virus Influenza. Elle présente des       antigènes de surface, et de nouvel-      fient chaque année, il est néces-
   symptômes très variables qui peu-        les variantes apparaissent en per-       saire de répéter annuellement la
   vent aller d’une légère infection res-   manence pendant la saison de la          vaccination. Le vaccin n’est efficace
   piratoire au décès. La grippe peut       grippe. Divers mécanismes favori-        que pendant six mois environ, aussi
   entraîner des conséquences et des        sent la sélection de souches iné-        la meilleure période de vaccination
   complications dont la portée est         dites qui se propagent aisément          se situe-t-elle entre mi-octobre et
   souvent sous-estimée. Elle consti-       en raison de l’immunité réduite de       mi-novembre. La vaccination est
   tue, en effet, un important facteur      la population. En conséquence, les       recommandée en premier lieu aux
   de morbidité et de mortalité pour        épidémies se renouvellent d’année        personnes qui sont exposées, en
   les groupes à risque ou, plus géné-      en année. Lorsque les modifications      cas d’influenza, à des risques ac-
   ralement, pour les personnes de          de la surface du virus (hémaggluti-      crus de complications (sujets souf-

                                                                                                                                  Septembre 2007
   plus de 65 ans. Le taux d’attaque        nine, neuraminidase) sont impor-         frant d’une affection cardiaque ou
   global annuel est estimé entre 5%        tantes, un virus nouveau peut émer-      pulmonaire chronique, personnes
   et 10% chez les adultes et entre         ger et être l’origine potentielle        présentant des troubles chroniques
   20% et 30% chez les enfants. En          d’une pandémie.                          du métabolisme, résidents des ins-
   Suisse, environ 200 000 affections       Le moyen le plus efficace de lutter      titutions de soins et établissements
   grippales nécessitent en moyenne         contre la grippe est la vaccination.     médico-sociaux pour le troisième
   chaque hiver des consultations mé-       La vaccination antigrippale confère      âge, personnes immunodéprimées
   dicales. Pour les catégories à risque,   chez l’adulte immunocompétent            ou âgées de plus de 65 ans). Afin de
   une grippe peut entraîner des com-       une protection d’environ 70% à           réduire au maximum le danger de
   plications de nature à requérir un       90% contre la maladie clinique, ou       transmission aux catégories de la
   traitement hospitalier. L’influenza      pour le moins, contre les complica-      population qui présentent des ris-
   est ainsi à l’origine de cinq mille      tions de la grippe, à condition que      ques accrus de complications, le vac-
   hospitalisations par hiver. On es-       les antigènes contenus dans le vac-      cin contre la grippe est également

                                                                                                                                  recommandations
   time que 400 à 1000 décès sont dus       cin correspondent aux virus en cir-      conseillé au personnel médical ou
   à la grippe chaque année, et leur        culation. Chez les personnes âgées       soignant, ainsi qu’à toutes les per-
   nombre peut dépasser le millier lors     la vaccination est moins efficace        sonnes qui entretiennent des con-            Directives et
   d’une épidémie de grande ampleur.        mais peut réduire la morbidité et la     tacts étroits avec des sujets à risque.

Mots-clés:
Efficacité, grippe, grossesse, influenza, influenza-like-illness, recommandations de vaccination, vaccination, virus influenza.

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Office fédéral de la santé publique
                         Recommandations pour la vaccination contre la grippe
        Septembre 2007

                         Editeur
                         © Office fédéral de la santé publique (OFSP)

                         Version actuelle disponible sur Internet
                         www.bag.admin.ch/infinfo

                         Pour de plus amples informations
                         Office fédéral de la santé publique
                         Unité de direction Santé publique
                         Division Maladies transmissibles
                         3003 Berne
                         Téléphone 031 323 87 06
                         epi@bag.admin.ch

                         Auteurs
recommandations

                         C. E. Ammon, Advimed Sàrl, Genève. Co-Auteur: M. Witschi, Office fédéral de la santé publique OFSP, Berne.

                         Commission fédérale pour les vaccinations (CFV)
Directives et

                         Membres: C. Aebi, Berne; R. Anderau, Neuchâtel; G. Bachmann, St-Gall; H. Binz, Soleure; D. Desgrandchamps, Baar; M. Gallacchi, Melide;
                         U. Heininger, Bâle; A. Marty-Nussbaumer, Lucerne; L. Matter, Bâle; K. Mühlemann, Berne; J. Roffler, Genève; C.-A. Siegrist, Genève; R. Stef-
                         fen, Zurich; B. Vaudaux, Lausanne. Secrétariat de la CFV assuré par l’OFSP, Division maladies transmissibles.

                         Groupe de travail Influenza (AGI)
                         Membres : F. Eynard, Berne (secrétariat); P. Fontana, Zurich; A. Geret, Berne; C. Griot, Mittelhäusern; R. Junker, Ittigen; D. Koch, Berne; J. Kyek,
                         Zug; E. Masserey, Lausanne; H. C. Matter, Berne; T. S. Meister, Ittigen; K. Mühlemann, Berne; S. Müller, Berne; C. Panchaud, Berne; J. Roffler,
                         Genève; C.A. Siegrist, Genève; R. Steffen, Zurich; U. Thurnherr, Bâle; H.-R. Widmer, Berne; A. Witschi, Bâle; Secrétariat de la AGI assuré par
                         l’OFSP, Division maladies transmissibles.

                         Suggestion de citation:
                         Office fédéral de la santé publique, Groupe de travail Influenza, Commission fédérale pour les vaccinations. Recommandations pour
                         la vaccination contre la grippe. Directives et recommandations (précédemment Supplément XIII). Berne: Office fédéral de la santé
                         publique, 2007

                         Cette publication paraît aussi en allemand.

                         Numéro de publication:
                         BAG OeG 11.06 1500 d 1000 f 20EXT0609/20EXT06010
       2
                         Imprimé sur du papier blanchi sans chlore
Office fédéral de la santé publique
Recommandations pour la vaccination contre la grippe

Sommaire
L’essentiel en bref                                                                                     1
Impressum                                                                                               2
1. Introduction                                                                                         4
2. Propriétés des virus influenza                                                                       4
      2.1 Description générale                                                                          4
      2.2 Multiplication du virus                                                                       4
      2.3 Variabilité génétique                                                                         4
3. Epidémiologie                                                                                        5
      Figure 1: Nombre hebdomadaire de cas de suspicion de grippe 1995–2007 et nombre hebdomadaire de
                décès par Influenza (OFS) 1995–2005                                                     6
      Figure 2: Nombre hebdomadaire de cas de suspicion de grippe par saison épidémique (2000 à 2007)   6
4. Clinique                                                                                             6
5. Vaccination                                                                                          7
      5.1 Vaccins                                                                                       7
      5.2 Efficacité                                                                                    8
      5.3 Effets indésirables                                                                           8
6. Indications de vaccination                                                                           9
      6.1 Recommandations                                                                               9
      6.2 Groupes particuliers                                                                          9

                                                                                                             Septembre 2007
      6.3 Vaccins et posologie                                                                          10
      6.4 Contre-indications                                                                            10
7. Aspects économiques                                                                                  11
8. Prévention et thérapie avec médicaments antiviraux                                                   11
  Réferences                                                                                            12

                                                                                                             recommandations
                                                                                                             Directives et

                                                                                                             3
Office fédéral de la santé publique
                         Recommandations pour la vaccination contre la grippe

                         1. Introduction                              B, le virus influenza C et le Thogoto-      virales adaptées à l’homme [18].
                                                                      virus ne possèdent qu’une glyco-            Néanmoins, d’autres types d’influenza
                                                                      protéine sur leur surface. Outre leurs      A ont été actuellement identifiés com-
                         L’infection par les virus grippaux de        différences structurelles, les trois        me occasionnellement responsables
                         type A ou B provoque la maladie de la        types de virus se distinguent surtout       d’infection humaine, notamment les
                         grippe ou influenza. La vaccination          par leur spécificité pour l’hôte. Les       types H9N2, H7N7, H7N3, H5N1,
                         contre la grippe saisonnière, essentiel-     virus influenza de type B et C se           H10N7, sans oublier H5N1 [19–25].
                         lement provoquée par le virus de type        trouvent principalement chez l’être
                         A, constitue le moyen le plus efficace       humain, tandis que le virus influenza
                         de prévention de la grippe, une mala-        de type A est largement répandu dans        2.3 Variabilité génétique
                         die qui, chaque année, a un impact           le règne animal [7, 9]. Les oiseaux
                         considérable sur la santé publique.          constituent le réservoir le plus impor-     Les cycles épidémiques de la grippe
                         Les personnes âgées ou fragilisées           tant pour les virus influenza A, mais       résultent de la variabilité génétique
                         par des affections chroniques sont les       d’autres animaux comme les porcs,           des virus grippaux. Cette dernière
                         plus touchées par la morbidité et la         les bovins et les animaux marins peu-       permet aux virus influenza d’échapper
                         mortalité de la grippe. La vaccination       vent être colonisés ou infectés par des     à la réponse immunitaire de l’hôte par
                         contre la grippe est donc recomman-          virus influenza [9–12]. Si les virus        la variation antigénique des glycopro-
                         dée pour ces personnes et pour le per-       influenza A et B possèdent une signi-       téines de surface, principales cibles
                         sonnel de santé. Ce document permet          fication clinique importante, les infec-    des anticorps neutralisants [26–28].
                         de connaître les bases concernant les        tions provoquées par le virus influenza     Afin de modifier en permanence leur
                         virus de la grippe, la maladie, les diffé-   C évoluent souvent de manière inaper-       surface, les virus influenza utilisent
                         rentes formes de vaccin disponibles et       çue [13–15].                                deux mécanismes: la dérive et la varia-
                         les recommandations de vaccination.                                                      tion ou cassure.

                                                                      2.2 Multiplication du virus                 2.3.1 Dérive antigénique
                                                                                                                          (“antigenic drift”)
                                                                      Les virus de la grippe sont transmis        Ce terme désigne un changement de
                         2. Propriétés des virus
        Septembre 2007

                                                                      d’homme à homme ou de l’homme à             la structure antigénique virale par
                            influenza                                 l’animal par des microgouttelettes          l’accumulation des mutations ponc-
                                                                      projetées par les personnes infectées       tuelles, en particulier dans les gènes
                                                                      [16]. Ils pénètrent dans l’arbre respira-   codant les deux glycoprotéines. Ces
                         2.1 Description générale                     toire par inhalation et se multiplient      mutations, qui surviennent lors de la
                                                                      aussitôt dans l’épithélium respiratoire     réplication virale et sous la pression
                         Les virus influenza, des virus sphé-         supérieur cilié qui va du nez aux bron-     de sélection exercée par le système
                         riques ou pléomorphes d’environ              chioles. Pour pénétrer dans la cellule      immunitaire de l’hôte, favorisent des
                         100 nm, appartiennent à la famille des       hôte, les virus y adhèrent grâce à une      modifications de la structure tridimen-
                         orthomyxoviridae, au genre influenza-        des glycoprotéines de leur surface,         sionnelle de ces protéines. Les déri-
                         virus. Ils possèdent un génome d’ARN         l’hémagglutinine. Cette dernière se         ves successives provoquent un tel
                         monocaténaire négatif, segmenté en           fixe au récepteur acide N-acétylneura-      éloignement de la structure initiale
                         sept (influenza type C) ou huit frag-        minique, acide sialique de la cellule       que les anticorps existants rencon-
                         ments (influenza type A et B). Chaque        hôte, et traverse ainsi la membrane         trent des difficultés croissantes à iden-
recommandations

                         fragment génomique est composé               cellulaire par endocytose. Suite à la       tifier les nouvelles variantes. Il est
                         d’une séquence des bases, qui code           fusion entre la membrane virale et          donc essentiel que la composition du
Directives et

                         pour une ou plusieurs protéines et est       la membrane endosomale sous l’in-           vaccin antigrippal soit périodiquement
                         protégé d’une dégradation précoce            fluence de l’acidification de l’endo-       adaptée aux virus actuellement en
                         par une ou plusieurs nucléoprotéines.        some, il y a libération des complexes       circulation. Le phénomène de dérive
                         Chaque segment de génome est                 RNA-nucléoprotéines. La transcription       antigénique explique la réapparition,
                         associé à une ARN-polymérase. Le             de tous les segments du génome pro-         pratiquement chaque hiver, des épidé-
                         matériel génomique est entouré par           prement dite a alors lieu dans le noyau     mies de grippe au sein de la popula-
                         une couche protéique (protéine de            cellulaire. L’assemblage des particules     tion. Leur virulence dépend cependant
                         matrice M1) et par une deuxième              virales nouvellement synthétisées se        de l’ampleur des modifications des
                         membrane, lipidique. Cette enveloppe         produit dans la membrane cellulaire,        virus circulants par rapport aux
                         externe contient les deux glycopro-          et leur libération de la cellule hôte est   souches précédemment recensées.
                         téines majeures, l’hémagglutinine (H)        commandée par la seconde protéine           Ce phénomène s’observe chez les
                         et la neuraminidase (N) [1–3].               de surface, la neuraminidase. Sans          types A, B et C des virus influenza
                         Les virus influenza se répartissent en       neuraminidase, les nouveaux virus           [26–31].
                         quatre genres: influenzavirus A, B, C        resteraient fixés à la surface de la
                         et Thogotovirus [4–6]. La différence         cellule et ne pourraient être libérés       2.3.2 Variation antigénique
                         entre les quatre types de virus pro-         [17]. Il existe 16 types d’hémaggluti-            (“antigenic shift”)
                         vient de la structure de leurs nucléo-       nine et neuf types de neuraminidase,        Ce phénomène n’est observé que
                         protéines et de la taille du génome,         mais jusqu’à récemment seuls trois          chez les virus influenza de type A, il
       4                 en revanche, ils ne peuvent pas être         types d’hémagglutinine (H1, H2, H3)         est beaucoup plus rare que la dérive
                         distingués par leur morphologie [7, 8].      et deux types de neuraminidase (N1,         antigénique. Il s’agit d’une modifi-
                         Contrairement aux virus influenza A et       N2) étaient connus dans les souches         cation fondamentale de l’une ou des
Office fédéral de la santé publique
Recommandations pour la vaccination contre la grippe

deux glycoprotéines de surface. Le           s’étend au niveau mondial, on parle         Depuis 1986, entre 3 000 et 10 000
mécanisme de ce type de modifica-            d’une pandémie, un phénomène dû             cas annuels de suspicion de grippe
tion est déterminé par la structure          à l’apparition de nouveaux virus in-        font l’objet d’une déclaration au sys-
segmentée du génome viral. La colo-          fluenza vis à vis desquels la population    tème Sentinella (environ 220 méde-
nisation simultanée d’un hôte inter-         n’est pas encore immunisée [31, 58–         cins de premier recours) pendant la
médiaire par des virus influenza origi-      61]. Au cours du XXe siècle, quatre         saison de la grippe. L’extrapolation de
naires de différents réservoirs (humain      pandémies de grippe ont été recen-          ces données à la Suisse permet d’esti-
et animal) ainsi que l’irruption dans        sées. La plus sévère était la “grippe       mer un total variant entre 100 000 et
la même cellule des génomes des              espagnole” qui a provoqué plus de           plus de 300 000 cas de grippe par
deux virus différents favorisent, par        50 millions de morts en 1918/1919           année. Entre 30% et 35% des échan-
échange de segments, l’apparition de         [39, 62–64]. En Suisse, 21 500 décès        tillons Sentinella sont confirmés posi-
nouveaux virus qui peuvent être              et 600 000 cas de grippe ont été enre-      tif par culture virale (moyenne 2000-
pathogènes pour l’homme et présen-           gistrés en 1918 pour une population         2005). Toutefois, pendant la durée des
ter des caractéristiques entièrement         d’environ 3 865 000 habitants [65–67].      épidémies, cette proportion atteint
nouvelles. En règle générale, la popu-       D’autres pandémies du XXe siècle            55% à 60%. En moyenne, 10% des
lation ne présente aucune immunité           ont eu lieu en 1957 (grippe asiatique),     patients déclarés sont âgés de 60 ans
ou une immunité très réduite face à          1968 (grippe de Hongkong) et 1977           ou plus, 66% de 10 à 59 ans et 24%
ces nouveaux virus. Sous certaines           (grippe sino-russe) [18, 68–71]. Cette      de moins de dix ans. Ceci ne reflète
conditions, de tels nouveaux virus           dernière s’est caractérisée par une         pas une proportion plus élevée de
peuvent conduire à une pandémie              évolution plutôt modérée et n’a provo-      grippe chez l’adulte, celle-ci étant au
d’influenza [31–34].                         qué, dans notre pays, qu’une épidé-         contraire plus fréquente chez l’enfant,
Selon des travaux récents, il semble         mie d’une ampleur relativement faible       mais la répartition des âges des
possible qu’une mutation dans le             (à influenza B) en 1981. Au cours de        patients des médecins Sentinella.
gène de l’hémagglutinine du virus            cette année, les déclarations volon-        Dans 5,3% des cas de suspicion
influenza A (H5N1) pourrait survenir         taires des médecins ont permis d’en-        d’influenza enregistrés par le système
directement chez l’homme et être             registrer 14 300 cas de grippe et 492       Sentinella, une pneumonie a été diag-
ainsi à l’origine d’une pandémie due à       décès [72, 73].                             nostiquée lors de la première consul-

                                                                                                                                     Septembre 2007
ce virus [35, 36].                           A Hongkong, en 1997, un virus influen-      tation (4,4% pour les personnes de
                                             za A (H5N1), qui ne se propageait jus-      moins de 60 ans, 13,6% pour celles de
                                             qu’alors que parmi les oiseaux, a été à     plus de 60 ans). 0,5% ont été hospita-
                                             l’origine de plusieurs cas mortels pour     lisés (moins de 60 ans: 0,3%; 60 ans
3. Epidémiologie                             des êtres humains [74–78]. Pour une         et plus: 1,9%). La répartition par tran-
                                             situation actualisée depuis la décou-       che d’âge ainsi que l’incidence des
                                             verte de ce virus, le nombre d’infec-       pneumonies et des hospitalisations
La grippe est une maladie infectieuse        tions diagnostiquées et la létalité, voir   n’ont pas varié notablement en fonc-
aiguë, qui survient dans des pays tem-       http://www.who.int/csr/disease/avian_       tion de l’année, du type ou du sous-
pérés sous forme d‘épidémies an-             influenza/en/ [79].                         type du virus influenza dominant. Au
nuelles [19, 37–42]. Les épidémies           Deux ans plus tard, à Hongkong égale-       cours de la saison 2004/2005, durant
peuvent être dues à la dissémination         ment, deux cas de grippe ont été diag-      la phase épidémique,on a relevé 5 276
exclusive ou prédominante d’un seul          nostiqués chez des enfants contami-         visites médicales (premières consulta-
type de virus ou à la dissémination de       nés par un virus influenza A (H9N2),        tions) dues à la grippe. Cela corres-

                                                                                                                                     recommandations
plusieurs virus de type A, voire de          commun chez les oiseaux mais in-            pond pour toute la Suisse approximati-
types A et B [43–48]. Parfois deux           habituel chez l’homme [21, 80, 81].         vement à 262 000 premières consul-          Directives et
vagues de dissémination virale, une          Ces derniers cas illustrent le fait que,    tations médicales [83].
première par un virus de type A suivie       dans certaines circonstances, le virus      Au cours des 30 dernières années, les
d’une seconde par un virus de type B,        influenza peut franchir la barrière de      statistiques de mortalité font appa-
peuvent être observées de manière            l’espèce et infecter l’être humain. Une     raître un nombre moyen de 420 décès
concomitante [43].                           surveillance rigoureuse et une mise         par an enregistrés avec cause princi-
La mobilité des populations, l’augmen-       en œuvre immédiate des mesures              pale “grippe” (extrêmes: 126 à 1 052
tation et la rapidité croissante des         requises sont donc essentielles pour        décès). Nonante-deux pour cent
moyens de transport joue un rôle et          éviter, autant que possible, la circula-    d’entre eux étaient âgés de 60 ans ou
rend l’observation attentive de l’acti-      tion et la propagation de ces virus au      plus, 7% de cinq à 59 ans et 1% de
vité des virus influenza [49, 50].           sein de la population. La Suisse est        moins de cinq ans. Cependant, ces
La proportion de la population atteinte      membre du réseau mondial de sur-            chiffres ne reflètent que partiellement
par l’infection et la sévérité de la mala-   veillance de l’influenza [82]. Dans         la mortalité totale due à l’influenza, en
die varient considérablement d’année         notre pays, les observations reposent       particulier chez le jeune enfant. A par-
en année. Le taux d’infection peut           sur le recensement de la fréquence          tir d’une analyse temporelle des décès
atteindre 5% à 20% pendant une               des cas de maladies par le système de       enregistrés entre 1969 et 1985, il y
épidémie saisonnière et dépasser             déclaration Sentinella, sur l’isolement     aurait eu 12 200 décès supplémen-
50% dans les établissements collec-          des virus par le Centre National de         taires en Suisse pendant les onze
tifs où les résidents vivent en contact      l’influenza (CNI) ainsi que sur les         épidémies de grippe par rapport aux
étroit, comme les institutions pour          statistiques des causes de décès et         données qui auraient normalement            5
personnes âgées [42, 51–57]. Lors-           des hospitalisations établies par l’Of-     été obtenues sans épidémie [84]. Une
que l’épidémie saisonnière de grippe         fice fédéral de la statistique (OFS).       étude plus récente auprès de la popu-
Office fédéral de la santé publique
                         Recommandations pour la vaccination contre la grippe

                         Figure 1
                         Nombre hebdomadaire de cas de suspicion de grippe (déclaration dans le cadre du système Sentinella) 1995–
                         2007 (moyenne pondérée par cinq semaines) et nombre hebdomadaire de décès par Influenza (OFS) 1995–2005
                         (moyenne pondérée par cinq semaines).
                            Cas de suspicion de grippe par

                                                                                                                                                                     Nombre de décès de la grippe
                                 1’000 consultations
        Septembre 2007

                         lation suisse de plus de 60 ans              régénération des cellules épithéliales                          avec une telle soudaineté que la
                         montre que le nombre de décès attri-         détruites débute vers le cinquième                              personne peut souvent se rappeler
                         buables à l’influenza entre 1969 et          jour et est achevée au bout d’un mois                           le moment exact où la grippe s’est
                         1999 atteint 24 800 décès [73]. Un           environ [90].                                                   déclarée. Les premiers symptômes in-
                         excès de mortalité d’une ampleur             Le temps d’incubation varie de un à                             cluent notamment une sensation de
                         comparable a également été observé           quatre jours, les symptômes apparais-                           malaise général, une asthénie, une
                         en ex-RDA (1969–1990), aux Etats-            sant le plus souvent le deuxième jour                           brusque poussée de fièvre, des fris-
                         Unis (1972–1985, 1972–1997 et 1979–
                         2001) en Angleterre et au Pays de
                         Galles (1975–1990) ainsi qu’en France        Figure 2:
                         (1972–1997) [85–89].                         Nombre hebdomadaire de cas de suspicion de grippe (déclaration dans le
                                                                      cadre du système Sentinella, moyenne pondérée par cinq semaines) par
                                                                      saison épidémique (semaines 47 à 17; 2000/2001 à 2006/2007).
recommandations

                         4. Clinique
Directives et

                                                                       Cas de suspicion de grippe par 1’000 consultations

                         L’infection par le virus de la grippe chez
                         l’homme peut être complètement
                         asymptomatique ou provoquer des
                         symptômes cliniques plus ou moins
                         graves. Ceci dépend des caractéris-
                         tiques intrinsèques du virus en cause
                         et d’une grande variété de facteurs,
                         dont l’âge du patient, son statut immu-
                         nitaire, ou la présence d’une patholo-
                         gie sous-jacente. Chez l’adulte, les
                         signes cliniques de la grippe sont liés à
                         la multiplication virale dans l’orga-
                         nisme. Cette multiplication atteint son
                         sommet en 48 heures et reste détec-
                         table pendant six à huit jours. Le virus
                         infecte les cellules de l’épithélium res-
                         piratoire, induit une inflammation des
       6                 muqueuses et un œdème des struc-
                         tures respiratoires allant du larynx et                                                            semaine Sentinella
                         de la trachée jusqu’aux bronches. La
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Recommandations pour la vaccination contre la grippe

sons, des céphalées, des douleurs           virale primaire ou bactérienne secon-       contiennent que les deux antigènes
musculaires et articulaires, générale-      daire. Cependant, d’autres affections       de surface, la neuraminidase et
ment suivis d’une perte d’appétit et de     potentiellement mortelles peuvent           l’hémagglutinine (Influvac® Solvay
vertiges. Fréquemment, les patients         apparaître telles que pleurésie, myo-       Pharma). C’est également le cas des
font état de gêne oculaire, notamment       site, myocardite ou péricardite suivie      vaccins de type “virosome” (Inflexal
lors de mouvements latéraux, de             d’une cardiopathie dilatative, cardio-      V® Berna Biotech, Influvac Plus® Sol-
photophobie, de larmoiements et de          myopathie, infarctus du myocarde ou         vay Pharma), dans lesquels les anti-
sensations de brûlure [90–92]. La           choc toxique. La méningite, l’encépha-      gènes de surface sont présents sous
deuxième phase se caractérise par           lite, la myélite ainsi que la polyradicu-   la forme de virosomes influenza
l’intensification des symptômes respi-      lite de Guillain-Barré figurent au          reconstitués (liposomes) [113, 114].
ratoires, tels que toux sèche, maux de      nombre des autres complications sé-         Tous ces vaccins sont administrés de
gorge, enrouement et écoulement             vères [100, 101]. Les complications         manière intramusculaire ou sous-cuta-
nasal. Les enfants présentent souvent       gastro-intestinales, plus rares, comme      née profonde. Certains vaccins, non
des symptômes gastro-intestinaux            l’appendicite ou la cholécystite, se        disponibles en Suisse ou actuellement
importants, tels que nausées, vomis-        manifestent avec un certain retard et       en phase de développement, pour-
sements, maux de ventre et diar-            sont davantage imputables à un affai-       raient être introduits dans l’organisme
rhées. La fièvre, symptôme primor-          blissement immunitaire provoqué par         par voie intranasale ou transcutanée.
dial, augmente rapidement au cours          la grippe. Il semble que la rare mani-      La voie intranasale présente l’avan-
des douze premières heures pour             festation du syndrome de Reye soit          tage de faciliter des actions de vacci-
atteindre des valeurs supérieures à         associée à des infections virales, en       nation de masse. Un grand nombre de
38° C, avec des pics à 41° C. Bien          particulier l’influenza et la varicelle     personnes, et aussi les enfants, peut
qu’elle ait tendance à diminuer avec        [102–104].                                  être vacciné en peu de temps, ce qui
l’âge, la température corporelle des                                                    pourrait être utile en cas de pandémie.
personnes âgées peut également se                                                       Les deux formes de vaccins, inactivés
maintenir à des niveaux élevés pen-                                                     ou vivants atténués, ont été testées
dant plusieurs jours. La fièvre dure en     5. Vaccination                              par voie nasale, et les vaccins vivants
général trois jours, parfois avec une                                                   atténués ont démontré une efficacité

                                                                                                                                   Septembre 2007
évolution intermittente en cas d’admi-                                                  particulièrement élevée, y compris
nistration d’antipyrétiques, mais elle      5.1 Vaccins                                 contre les souches distinctes de celles
peut persister jusqu’à huit jours. L’exa-                                               inclues dans la formulation vaccinale,
men clinique révèle souvent une bour-       Il existe deux grands groupes de vac-       attribuée en particulier à la meilleure
souflure du visage autour des cavités       cins contre la grippe, les vaccins inac-    induction de réponses cellulaires [106,
oculaires, des yeux brillants et une        tivés et les vaccins vivants atténués.      115]. Il s’agit du vaccin vivant atténué
conjonctivite. Le pharynx arbore fré-       Conformément aux recommandations            adapté au froid, enregistré aux Etats-
quemment une teinte rouge pâle. Une         émises par l’Organisation mondiale de       Unis pour les personnes en bonne
bradycardie relative est souvent obser-     la santé (OMS), les vaccins contre la       santé âgées de 5 à 49 ans. Il a aussi
vée, à l’instar d’une hypotension. Les      grippe sont trivalents, ils contiennent     fait la preuve de son efficacité chez le
ganglions cervicaux sont proémi-            deux souches de virus influenza A et        nourrisson et le jeune enfant [116].
nents, en particulier chez les enfants      une souche de virus influenza B [110].      Des adjuvants augmentant l’immuno-
[15, 47, 93–99].                            Une commission d’experts de l’OMS           génicité ont été ajoutés aux formula-
En général, les adultes infectés excrè-     édite chaque année une recommanda-          tions vaccinales sous-unitaires pour

                                                                                                                                   recommandations
tent le virus influenza 24 heures avant     tion précise sur la composition des         l’administration intranasale, permet-
et jusqu’à trois à cinq jours après le      vaccins, en février pour l’hémisphère       tant d’induire une immunité compa-         Directives et
début des symptômes [17]. Cette             Nord et en septembre pour l’hémi-           rable à l’administration parentérale
durée s’allonge souvent notablement         sphère Sud [111, 112]. A cette fin, les     [117–124]. Malheureusement, des pa-
chez les enfants. La convalescence          experts se fondent sur les données          ralysies faciales sont survenues chez
dure en moyenne une à deux semai-           relatives aux souches virales en circu-     les sujets vaccinés par un tel vaccin
nes, mais peut s’étendre sur quelques       lation recueillies par le système mon-      influenza adjuvanté, administré par
semaines supplémentaires. Si toute          dial de surveillance de l’influenza [82].   voie nasale (Nasalflu® Berna Biotech),
personne peut présenter des compli-         Lorsque la composition est détermi-         conduisant à son retrait en 2002 [125].
cations dues à la grippe, le risque         née, les souches correspondantes            Une autre voie d’application du vaccin,
augmente notablement pour certaines         sont cultivées dans des œufs de poule       la voie transcutanée, est actuellement
catégories de la population (personnes      embryonnés, avant d’être inactivées         à l’essai. A nouveau, il semble que
âgées de plus de 65 ans; personnes          et purifiées jusqu’à l’obtention du pro-    l’immunité induite par cette voie de
exposées à des risques accrus de            duit final.                                 vaccination soit comparable à celle
complication en raison de maladies          Les vaccins trivalents enregistrés en       de la vaccination classique, ce qui
graves; résidents d’une maison de           Suisse ces dernières années contien-        constitue une perspective promet-
soins). Le taux d’hospitalisation et de     nent des particules entières du virus       teuse pour une dispensation plus
complications est 2 à 5 fois plus élevé     influenza (Inflexal® Berna Biotech) ou      facile qu’actuellement du vaccin contre
que pour les personnes en bonne             des particules fragmentées pour les         la grippe [126–128].
santé. Les complications les plus           vaccins de type fractionné (“split”)
courantes sont la sinusite, l’otite         (Fluarix® GlaxoSmithKline, Mutagrip®                                                   7
moyenne, la bronchite, la pneumonie         Sanofi Pasteur MSD). Les vaccins
ou la laryngite striduleuse d’origine       formés de sous-unités (“subunit”) ne
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                         Recommandations pour la vaccination contre la grippe

                         5.2 Efficacité                              méta-analyse incluant 64 études me-         pe par la vaccination des individus infec-
                                                                     nées entre 1996 et 2006, auprès des         tés par le virus de l’immunodéficience
                         Les vaccins contre la grippe confèrent      personnes âgées vivant en établisse-        humaine (VIH) a montré une efficacité
                         une protection d’environ 70% à 90%          ments de long séjour que la protection      de 27% à 78% sur 646 personnes
                         contre la maladie clinique confirmée        contre les affections grippales s’élevait   avec une réduction significative de
                         par laboratoire chez un adulte immu-        à 23% (95% IC: 6–36%). Par contre,          l’incidence de la grippe (risk difference
                         nocompétent, à condition que le vac-        une protection importante de 46%            RD –0.27; 95% IC: –0.42– –0.11) [155].
                         cin corresponde aux virus en circula-       (95% IC: 30%–58%) a été trouvée             La durée de la protection vaccinale
                         tion. Chez les personnes âgées, la          contre la pneumonie, les hospitalisa-       n’est pas connue avec exactitude.
                         vaccination est moins efficace mais         tions étaient réduites de 45% (95% IC:      Après quatre mois environ, la concen-
                         peut réduire le nombre d’hospitalisa-       16–64%) et le nombre de décès pour          tration en anticorps peut diminuer, de
                         tions de 25% à 45% et la mortalité de       grippe ou pneumonie de 42% (95%             sorte que la protection optimale ne
                         40% à 75% pendant la saison grippale        IC: 17–59%) [137]. Dans plusieurs           serait que de quatre à six mois. Aussi
                         [99, 105–109].                              études le même résultat a été observé,      importe-t-il de ne pas procéder à une
                         De nombreuses études ont été me-            à savoir que la vaccination contre la       vaccination trop précoce. Comme les
                         nées pour déterminer l’efficacité des       grippe chez les personnes âgées, bien       épidémies de grippe apparaissent
                         vaccins antigrippaux inactivés admi-        que non significativement efficace pour     généralement entre décembre et
                         nistrés par voie parentérale. Leurs         la protection contre les affections         mars, il est conseillé de vacciner entre
                         conclusions divergent considérable-         grippales ou pseudogrippales, permet        mi-octobre et mi-novembre [156, 157].
                         ment et les données relatives à l’effi-     néanmoins de réduire le risque d’affec-
                         cacité varient entre 0% et 100%. Les        tions graves comme les complications
                         facteurs les plus importants pouvant        pulmonaires et le nombre d’hospitalisa-     5.3 Effets indésirables
                         expliquer ces différences sont l’âge et     tions [88, 145–147].
                         l’état de santé de la population consi-     La tendance des résultats pour des          Il est important d’insister sur le fait
                         dérée, l’étendue de l’activité des virus    personnes âgées vivant à domicile est       que les vaccins actuellement utilisés
                         influenza étudiés, le dosage du vaccin,     similaire: la vaccination ne protège        en Suisse sont des vaccins inactivés
                         le temps écoulé entre la vaccination et     efficacement ni contre la grippe confir-    qui contiennent des virus non infec-
        Septembre 2007

                         l’exposition, la concordance entre les      mée en laboratoire (RR 0.19; 95% IC:        tieux et qu’ils ne peuvent pas induire
                         virus contenus dans le vaccin et les        0.02–2.01), ni contre les affections        d’affections grippales. Des effets indé-
                         virus en circulation, ainsi que l’in-       grippales (RR 1.05; 95% IC: 0.58–           sirables qui sont les plus souvent lé-
                         fluence d’autres affections respira-        1.89), ni contre la pneumonie (RR 0.88;     gers et locaux peuvent être observés
                         toires [129]. Les résultats varient aussi   95% IC: 0.64–1.20), mais elle permet        chez 10% à 64% des personnes vacci-
                         selon qu’on les exprime en proportion       une réduction des hospitalisations pour     nées [159, 160].
                         de personnes fabricant des anticorps        grippe ou pneumonie (EV 26%; 12–            – Réactions locales
                         à un taux supérieur à un certain seuil,     38%) ainsi qu’une réduction du                 Le signe le plus fréquemment ob-
                         en proportion d’augmentation du titre       nombre de décès quelles qu’en soient           servé est une légère réaction locale
                         d'anticorps, en protection contre des       les causes (EV 42%; 24–55%) [88,               autour du point d’injection qui dispa-
                         symptômes évocateur de grippe,              137, 146, 148–151].                            raît en 48 heures. Erythème, dou-
                         contre l’infection confirmée en labora-     Quant à la protection des personnes            leurs et prurit peuvent l’accompa-
                         toire, contre les complications, contre     ayant un diabète, la vaccination contre        gner [159, 161].
                         l’hospitalisation ou contre le décès.       la grippe a montré une efficacité avec      – Réactions systémiques
recommandations

                         Des études cliniques ont fait état d’un     56% de réduction de toute compli-              Une minorité de patients vaccinés
                         taux de production d’anticorps de           cation (95% IC: 36–70%), 54% de                (
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une vaccination contre la grippe. Elles          et les patients d’un établisse-         de consultations ambulatoires et
sont probablement dues à une hyper-              ment pour malades chroniques.           conduisent souvent à la prescription
sensibilité aux composants du vaccin,                                                    d’antibiotiques [182, 183]. Aux Etats-
en particulier aux protéines d’œuf de       b) aux personnes susceptibles de             Unis, le taux d’hospitalisation pour des
poule [163, 164, 165].                         transmettre le virus à des per-           affections aiguës des voies respira-
Diverses affections neurologiques,             sonnes avec un risque accru de            toires provoquées par l’influenza chez
telles que névrite optique, névrite bra-       complications (pas de prise en            les enfants de moins de 2 ou de 5 ans
chiale ou paralysie des nerfs crâniens,        charge de la vaccination pour les         en bon état de santé par ailleurs, est
ont été observées en corollaire avec           personnes au-dessous de 65 ans,           presque aussi élevé que celui des
une vaccination, ainsi que de très             toutefois souvent financée par l’ins-     personnes âgées et seuls 15% des
rares manifestations auto-immunes,             titution, p. ex. une clinique):           enfants hospitalisés présentent une
dont le syndrome de Guillain-Barré             – Le personnel soignant et médical        affection à effet prédisposant [184–
(SGB) [99, 166, 167]. Néanmoins, ces              ainsi que toutes les personnes         187]. D’autre part, les enfants jouent
effets indésirables restent exception-            qui sont en contact direct avec        un rôle essentiel dans la propagation
nels. Une récente étude de population             des patients dans les hôpitaux,        des virus de la grippe. Ils sont plus
canadienne a ainsi indiqué une inci-              les cliniques et les cabinets médi-    fréquemment contaminés par le virus
dence relative d’hospitalisation pour             caux, les soins à domicile et/ou       influenza, leur taux d’incidence de
SGB de 1.45 (95% IC: 1.05–1.99) dans              dans les maisons de soins ou           grippe d’environ 40% est nettement
les deux à sept semaines qui suivent              pour personnes âgées, les éta-         supérieur à celui des autres classes
une vaccination contre la grippe, par             blissements thermaux ainsi que         d’âge, et ils l’excrètent en général
rapport aux semaines contrôles [168].             les pharmacies,                        pendant une plus longue période que
Cette observation est concordante              – Les personnes qui sont en con-          les adultes [188, 189]. Depuis 2006,
avec le risque relatif de 1.7 observé             tact étroit avec des personnes         les Etats-Unis recommandent la vacci-
aux Etats-Unis entre 1992 et 1994                 avec un risque accru de complica-      nation de tous les enfants de 6 à 59
[169], tandis que d’autres études                 tions ou vivant avec elles dans le     mois. En Suisse, la vaccination contre
avaient conclu à un risque non aug-               même foyer (enfants y compris).        la grippe n’est recommandée, dès
menté [170–172]. Etant donné la                                                          l’âge de six mois, que pour les enfants

                                                                                                                                     Septembre 2007
faible incidence du SGB (environ 1 par      c) Depuis 2005, aux personnes en             qui font partie de certains groupes à
100 000), une augmentation aussi               contact régulier avec de la volaille      risque accru. Ils comprennent notam-
faible du risque relatif n’a pas d’impact      ou des oiseaux sauvages:                  ment les enfants atteints de maladies
significatif sur l’épidémiologie du SGB,       – Les personnes qui sont en char-         chroniques (maladies du cœur ou des
dont la majorité des cas survient en             ge du contrôle des épizooties,          poumons, troubles du métabolisme,
l’absence de toute vaccination.                – Le personnel des abattoirs en           insuffisance rénale, hémoglobinopa-
                                                 contact avec de la volaille vivante,    thie ou immunosuppression). Les
                                               – Les vétérinaires ainsi que leur         enfants nés prématurément en font
                                                 personnel,                              aussi partie mais ne peuvent être vac-
6. Indications de                              – Les propriétaires de volaille,          cinés avant l’âge de 6 mois, ce qui en
   vaccination                                 – Les personnes qui approchent            limite l’impact.
                                                 fréquemment les oiseaux domes-          La vaccination n’est pas recomman-
                                                 tiques et sauvages (p. ex. les or-      dée pour les enfants de moins de six
6.1 Recommandations                              nithologues, les garde-chasse,          mois, les données étant encore insuf-

                                                                                                                                     recommandations
                                                 les préparateurs d’animaux, les         fisantes dans cette classe d’âge. La
La vaccination contre la grippe est re-          employés des douanes en con-            sécurité des vaccins est bonne chez         Directives et
commandée:                                       tact direct avec la volaille d’impor-   les enfants dès six mois [190]. L’effica-
a) aux personnes avec un haut risque             tation vivante).                        cité des vaccins inactivés chez les
   de complications en cas d’infection                                                   nourrissons de six mois à deux ans a
   (prise en charge de la vaccination       d) Une vaccination contre la grippe sai-     été rapportée comme modérée [191].
   par l’assurance obligatoire des             sonnière peut aussi être prise en         Cependant, des données récentes
   soins, art. 26 LAMal):                      considération pour les personnes          montrent que l’efficacité protectrice
   – Les personnes âgées de plus de            qui veulent généralement limiter          peut atteindre 70% (consultations mé-
      65 ans,                                  leur risque de maladie ou vouloir         dicales) voire 90% (pneumonies) chez
   – Les adultes et les enfants expo-          éviter une longue absence de leur         les nourrissons de six à 23 mois, à
      sés à des risques accrus de com-         lieu de travail.                          condition qu’ils aient reçu deux doses
      plication en raison de maladies                                                    de vaccin [192]. L’âge à partir duquel
      graves (maladies cardiaques ou                                                     l’administration d’une seule dose de
      pulmonaires chroniques, asthme        6.2 Groupes particuliers                     vaccin (lors de la première administra-
      bronchique, malformations car-                                                     tion) est suffisante dépend de l’anam-
      diaques congénitales, mucovisci-      6.2.1 Enfants                                nèse et du risque d’exposition pen-
      dose, troubles métaboliques chro-     Vacciner les enfants contre la grippe        dant      les   saisons     précédentes
      niques, notamment le diabète,         peut se justifier par 2 aspects: les         (“priming”). En Europe, l’administra-
      insuffisance rénale, hémoglobino-     enfants sont plus sensibles à l’infec-       tion d’une seule dose de vaccin est
      pathie ou immunosuppression),         tion par les virus influenza et ses          considérée comme suffisante à partir        9
   – Les résidents d’une maison de          symptômes plus prononcés [173–181].          de 36 mois. Aux Etats-Unis, deux
      soins ou pour personnes âgées         Ils sont à l’origine d’un grand nombre       doses sont recommandées jusqu’à
Office fédéral de la santé publique
                         Recommandations pour la vaccination contre la grippe

                         l’âge de neuf ans et une étude récente         connues sur l’allaitement et, inverse-     l’évolution des paramètres immunolo-
                         a confirmé qu’une seconde dose de              ment, l’allaitement n’exerce pas d’in-     giques (CD4) ni sur la maladie [215–
                         vaccin améliore l’immunogénicité vac-          fluence sur la réponse immunitaire. En     218].
                         cinale chez les enfants de ce groupe           Suisse, la vaccination des femmes au
                         d’âge [193]. L’administration d’une            deuxième ou troisième trimestre de
                         deuxième dose peut donc être utile             leur grossesse pendant une épidémie        6.3 Vaccins et posologie
                         chez les enfants à risque accru de             de grippe est essentiellement recom-
                         complications, en particulier ceux avec        mandée en présence de facteurs de          Les types de vaccins actuellement dis-
                         une immunocompétence modérée.                  risques supplémentaires (affections        ponibles en Suisse sont:
                         En raison de la rapide diminution du           chroniques cardiaques, pulmonaires,        – vaccins avec particules virales frag-
                         taux d’anticorps et de la modification         rénales ou troubles métaboliques              mentées, appelés vaccins de type
                         des types de virus en circulation, la          chroniques). La vaccination des fem-          fractionné (“split”) (Fluarix®, Muta-
                         vaccination doit être également répé-          mes enceintes est efficace pour les           grip®), qui contiennent les glycopro-
                         tée chaque année chez les enfants              protéger elles-mêmes et peut confé-           téines de surface (hémagglutinine
                         [191, 194]. Par ailleurs, le profil de tolé-   rer un bénéfice à leurs nouveau-nés.          et neuraminidase)
                         rance des différents vaccins inactivés         Les anticorps IgG traversent le pla-       – vaccins formés de sous-unités (“sub-
                         conduit à préférer l’utilisation de vac-       centa et peuvent ainsi protéger le            unit”) (Influvac®), qui contiennent
                         cins “subunit” lors de la première utili-      nourrisson de l’influenza pendant             les deux antigènes de surface, l’hé-
                         sation pour les jeunes enfants.                quelques semaines après l’accouche-           magglutinine et la neuraminidase;
                                                                        ment. Le taux des anticorps diminue        – vaccins “virosomaux” (Inflexal® V,
                         6.2.2 Femmes enceintes                         toutefois rapidement [204].                   Influvac Plus®) dans lesquels les
                         Chez les femmes enceintes, la grippe                                                         antigènes de surface hémaggluti-
                         peut revêtir des formes sévères, en            6.2.3 Voyageurs                               nine et neuraminidase des virus
                         particulier pendant le deuxième et             La vaccination des personnes à risque         sont incorporés dans une mem-
                         troisième trimestre de la grossesse            qui se rendent dans les pays tropicaux        brane lipidique mieux reconnue par
                         [195–197]. Les risques associés à la           est recommandée pendant toute l’an-           les cellules immunitaires.
                         grippe reposent sur l’exacerbation             née. Elle est également conseillée à       En général, la posologie est d’une
        Septembre 2007

                         possible d’une maladie latente (dia-           titre préventif aux personnes à risque     injection intramusculaire ou sous-cuta-
                         bète, insuffisance cardiaque, maladie          qui se rendent entre les mois de           née profonde. Les enfants de moins
                         rénale ou pulmonaire, immunodépres-            juin et septembre dans l’hémisphère        de trois ans reçoivent une demi-dose
                         sion, etc.). Au cours des pandémies de         Sud [49, 50, 205]. Le vaccin pour          de vaccin. Deux doses (ou demi-
                         1918/1919 et de 1957, une mortalité            l’hémis-phère austral est disponible       doses, selon l’âge) à quatre semaines
                         excédentaire a été constatée chez les          en Suisse dans les centres pour            d’intervalle sont recommandées la
                         femmes enceintes [198, 199]. Le virus          voyageurs. (Cf. également Directives       première année de vaccination (“pri-
                         semble être transmissible de la mère           et recommandations [“Vaccinations          ming”). Néanmoins, comme les re-
                         à l’enfant, car les avortements, les           lors de voyages à l’étranger”] et          commandations concernant la vacci-
                         accouchements avant terme et les               www.safetravel.ch).                        nation des nourrissons et des enfants
                         retards de croissance intra-utérins                                                       sont différentes selon le vaccin em-
                         surviennent plus fréquemment lors              6.2.4 Personnes séropositives (VIH)        ployé, il est fortement conseillé de
                         d’une grippe sévère. Si des cas de             Les données relatives à la fréquence       consulter le Compendium pour un vac-
                         malformation dues à l’influenza ont            et à la sévérité de l’évolution de la      cin spécifique (www.compendium.ch).
recommandations

                         été rapportés, ils n’ont cependant ja-         grippe chez les personnes infectées
                         mais été confirmés [200]. Aucun effet          par le VIH sont peu nombreuses. De
Directives et

                         indésirable sévère n’a été attribué à          récents rapports indiquent que les         6.4 Contre-indications
                         l’administration de vaccins inactivés          symptômes grippaux sont prolongés
                         contre la grippe pendant la grossesse          et que le risque de complications est      Les contre-indications de la vaccina-
                         [200, 201]. L’administration du vaccin         vraisemblablement accru pour les           tion contre la grippe sont, pour les
                         sera effectuée de préférence à partir          personnes infectées par le VIH [206].      vaccins produits sur l’œuf de poule,
                         du deuxième trimestre de la gesta-             Une vaccination semblerait donc judi-      l’hypersensibilité aiguë aux compo-
                         tion, car il existe au premier trimestre       cieuse [207]. Cependant, la réponse        sants d’œufs de poule et aux autres
                         un risque de coïncidence entre vacci-          humorale peut être faible, en parti-       composants du vaccin comme les
                         nation et avortement spontané [202,            culier dans les stades avancés de          excipients (lécithine, formaldehyde,
                         203]. Aux Etats-Unis, la vaccination           l’immunodéficience et, dans la plupart     Triton-X, aminosides). Si la vaccination
                         des femmes enceintes est conseillée            des cas, une vaccination de rappel ne      est formellement indiquée, une dé-
                         après la 14ème semaine de gestation            provoquera pas une meilleure réponse       sensibilisation doit être envisagée.
                         et dès le début de la grossesse pour           immunitaire [208–214]. La question         Souvent la vaccination est ensuite
                         les femmes qui font partie des                 d’une possible activation de la réplica-   possible [165, 219, 220].
                         groupes à risque. Il n’existe aucun lien       tion du VIH par le vaccin antigrippal      Les personnes qui présentent une
                         entre la vaccination contre la grippe et       auprès des personnes séropositives a       affection fébrile ne seront vaccinées
                         d’éventuelles complications mater-             été abondamment étudiée. Quelques          qu’après la disparition des symp-
                         nelles, périnatales ou infantiles. De la       études ont mis en évidence une aug-        tômes. En revanche, les affections
 10                      même manière, aucun effet térato-              mentation passagère de la réplication      bénignes apyrétiques ou peu fébriles
                         gène n’a été démontré [202, 203]. Il           du VIH après une vaccination contre la     ne constituent pas une contre-indica-
                         n’y a pas de conséquences nocives              grippe, sans influence significative sur   tion [160].
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