Présentation d'une démarche d'analyse pour exploiter un film avec les élèves
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Le court-métrage Compte-rendu de la conférence de Véronique Godec (enseignante dans le 1er degré & intervenante de l’association rennaise Clairobscur) Présentation d’une démarche d’analyse pour exploiter un film avec les élèves Plan de la première partie de l’intervention en 3 étapes : 1. préparation avant la séance avec les élèves 2. pistes pour travailler en classe 3. idées de situations à mettre en place pour favoriser l’argumentation. 1ère étape : préparation à faire par l’enseignant avant la séance avec les élèves car il faut s’approprier le film, le comprendre et faire émerger des idées. 1ère possibilité : Peut-on avoir un prévisionnement du film avant de le projeter aux élèves ? Réponse : OUI Si c’est le cas cette première séance autorise une vision naïve du film mais il faut tout de même noter ses émotions négatives & positives puis essayer d’analyser ce qui a provoqué ces émotions , c’est-à-dire faire des hypothèses. Au deuxième visionnement, l’attention est plus soutenue pour infirmer ou confirmer plusieurs impressions . Par exemple ,les remarques initiales peuvent porter sur le décor, les costumes, le son, la musique, les dialogues ... Conseil méthodologique : Pour que ce soit plus simple & rapide : préparer une grille à l’avance. Après ce deuxième visionnement, ilfaut également noter de nouvelles remarques . Si c’est un film sur DVD , il est parfois utile d’arrêter le visionnement , de revoir plusieurs fois un même passage. Par exemple, pour l’accélération d’une 1/ 6
action , ilest très utile de s’arrêter et noter les échelles de plans ( gros plan , plan rapproché poitrine, plan rapproché épaule, plan américain ....). C’est le repérage en finesse quicommence. Il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur nos émotions ressenties . Par exemple : - pourquoi ai-je eu peur à ce moment-là ? à cause de l’obscurité ? des sons ? des cadrages ? - pourquoi suis-je triste à la fin de la séance ou à un moment précis ? - pourquoi ne puis-je m’empêcher de rire aux éclats ? Enfin, il faut s’interroger sur le choix du réalisateur & ce qu’ila voulu faire passer . Toutes ces questions seront intéressantes à reposer aux élèves . Réponse : NON C’est la 2ème possiblité . S’il n’est pas possible de voir le film avant les élèves , ilfaut mémoriser le maximum d’informations au moment de cette seule séance . Donc à chaud, ilfaut recueillir nos émotions , ce que l’on a trouvé beau ou déplaisant c’est-à-dire commencer à dégager la ou les problématiques du réalisateur . Ensuite ,il faudra chercher des articles, des témoignages pour confirmer ou non nos impressions. (Internet apporte des informations précieuses). 2ème étape : l’analyse en classe Il faut amener les élèves à comprendre les problématiques qui se dégagent du film . A -Trouver des situations qui vont aider les élèves à se rappeler du film ou des films. 1ère situation ou méthode Avec une séance du langage en petits groupes ou en groupe classe , les différentes réactions des élèves multiplient les regards . Il faut faire confiance au sens de l’observation des élèves qui ont une mémoire visuelle très importante. Exemple de question toute simple :Qu’est-ce qui vous a marqué ? Noter les remarques positives ou négatives des élèves y compris les 2/ 6
remarques basiques (j’aimais bien, j’aimais pas le dessin) qui peuvent servir même si elles semblent basiques. 2ème méthode Un carnet de bord ou livret mémoire dans lequel les élèves peuvent dessiner, coller des photogrammes . Il faut aider à attirer l’attention sur certaines parties du film : exemples : • dessiner la dernière image du film • dessiner l’ image qui vous a le plus marqué • dessiner ou décrire les personnages • dessiner ou décrire les décors • évoquer le rôle des couleurs ou leur abscence • décrire ses émotions négatives ou positives. Pour un programme de courts-métrages : il faut parler de tous les films ou se centrer sur un seul... ou encore centrer les questions & l’analyse sur le film pour lequel on a le plus de choses à dire (ce qui n’est pas forcément celui que l’on aime le plus). B- Comprendre les ressorts du film. Faire réfléchir sur ce que les élèves ont ressenti. Exemples : • qu’est ce qui est drôle ? Le dessin ? les personnages ? leur allure ? • pourquoi est-ce triste ? à cause des couleurs ? du décor choisi ? du montage ? du rythme lent ? • pourquoi a -t-on peur à ce moment-là ? Quels sont les mécanismes de création de la peur ? Avec quoi le réalisateur nous a -t-il fait peur ? Le cadrage ? l’obscurité ? les bruitages ? • le dessin n’est pas joli : est-ce que le réalisateur sait dessiner ? Si les personnages sont dessinés grossièrement c’est que le graphisme me dit quelque chose sur la personnalité. Il est possible d’utiliser la video sur Internet pour ces séances. Avec cette méthode, on passe donc du langage des impressions à un langage de cinéma plus technique. Si l’enseignant a le temps ou la possibilité, il peut élaborer un 3/ 6
questionnaire : • sélectionner quelques aspects , ce qui contribue à faire du sens • sur le site de l’association rennaise Clairobscur : voir les questionnaires sur les films (questionnaires enseignants /questionnaires élèves) 3ème étape : l’argumentation Les avis donnés à chaud se sont bien comportés , ont bien évolué . Pour favoriser l’argumentation : • chacun donne son avis • 2 groupes adverses sont constitués (1 groupe POUR, 1 groupe CONTRE) • débats : après analyse ,l’élève doit défendre son court-métrage. Dans le cadre du festival Travelling (éléphant d’or, prix collège au cinéma, prix lycéens & apprentis au cinéma) il faut défendre un court -métrage. • rédaction d’articles. Application • Court-métrage “Bisclavret” d’Emile Mercier, d’après le lai de Marie de France A- Quelles sont les premières impressions ? 1. contrastes entre les scènes nocturnes & les scènes diurnes 2. constrastes entre les scènes d’extérieur (forêt) & les scènes d’intérieur (auberge & château ) 3. le graphisme : des cernes noirs comme dans les dessins enfantins 4. la transparence (encre utilisée) 5. les décors font penser à des enluminures (mobiliers ) 6. présence d’une narratrice 7. les dialogues sont en vers 8. les personnages : le loup , sa femme qui le trahit car elle a perdu sa confiance 9. Musiques sacrée , mélancolique ou enjouée. B- Réfléchir sur les ressorts du film 1)Pourquoi avoir marqué les scènes de manière si différente ? La forêt est associée à l’homme, au Bisclavret, à la part animale . L’homme se dénude & tue. 4/ 6
Les scènes de jour se passent au château :les décors sont raffinés ainsi que le mode de vie. Ceci correspond à la fois au soleil & au feu , à la part civilisée des personnages. les époux sont complices , les scènes sont globalement rassurantes. La dualité correspond aussi bien au personnage du Bisclavret qu’à l’homme d’une manière ainsi qu’à l’époque. 2) Le graphisme . le visuel évoque l’art du vitrail . Les cernes noirs cloisonnent les personnages . Au début du film, les images sont fixes comme sur un vitrail . L’atmosphère est médiévale. l’encre transparante & intense donne de la poésie aux scènes nocturnes . Même dans le château le graphisme contribue à la création du mystère. 3) Les différentes musiques créent des ambiances. la musique mélancolique évoquera le Moyen-Âge tandis que la musique devient festive lorsque le roi recueille le loup. 4) La narration Il s’agit d’une adaptation d’un poème du XII ème siècle . d’ailleurs Marie de France est montrée écrivant son lai 5)les dialogues Les tournures de phrases ne sont pas actuelles. 6)les personnages Comment est montré le personnage du loup-garou (Bisclavret) ? Il est victime de sa femme : il est souffrant car celle-ci refuse sa différence. Elle manque de confiance en lui. Pourtant elle n’est pas si méchante que cela puisqu’à la fin de l’histoire elle est montrée en train de s’amuser en famille (l’histoire se termine donc bien pour elle ). C- Comment questionner les élèves pour qu’ils arrivent à ces pistes ? exemples : • Quelles couleurs sont utilisées ? • Quels personnages sont associés aux scènes nocturnes ? le loup solitaire , souffrant de sa différence. Les scènes diurnes de complicité entre époux. • Comment les personnages sont-ils représentés ? y-t-il des méchants ? des gentils ? le loup est inquiétant mais ce n’est pas un monstre. L’homme n’a pas fait confiance dès le départ en sa femme . Il se venge de la trahison 5/ 6
de celle-ci car il en a souffert. La femme est punie de plusieurs façons : par l’exil & la suppression de son nez mais elle refait sa vie & forme une famille unie & heureuse avec son nouveau mari. • Comment adapter un poème du XII èsiècle en film d’animation ? • Pourquoi un poème du XII ème siècle arrive-t-il encore à nous toucher aujourd’hui ? Les thèmes sont intemporels : amour - amitié- confiance- trahison. • Court-métrage “la Peur petit chasseur” de Laurent Achard (8 min.) • Prix collège au cinéma. A- Quelles sont les premières impressions ? • Plan séquence • Abscence de perspective : horizon bouché par la maison • Abscence du père à l’écran • le cadrage fixe enferme & met mal à l’aise. le cadre est dermé & on ne voit qu’une partie de la maison. • la lumière est blafarde , c’est une lumière d’hiver. • La tension monte alors qu’il ne se passe rien. B -Quels sont les moyens utilisés pour montrer la peur ? • l’enfant est exclu , reste dehors • la maison correspond à l’antre de l’ogre . le père casse des choses. • seule la femme sort puis rentre & on se demande si elle va en sortir de nouveau • le bruit du train couvre tout • le chien est attaché • Absence de communication • Ce court-métrage se résume à de l’attente & de la peur 6/ 6
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