PRINCIPALES MALADIES DES CAMÉLIDÉS ET ÉLEVAGE DES CAMÉLIDÉS
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Conf. OIE 2011, El Harrak et al. PRINCIPALES MALADIES DES CAMÉLIDÉS ET ÉLEVAGE DES CAMÉLIDÉS : CONTRAINTES, AVANTAGES ET PERSPECTIVES M. El Harrak1, B. Faye2, M. Bengoumi3 Original : anglais Résumé : Le dromadaire (Camelus dromedarius ou chameau à une bosse) est une espèce d’élevage importante qui est bien adaptée à un environnement chaud et aride. Il est surtout présent dans les plaines arides d’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie occidentale. L’importance économique de cet animal polyvalent est évidente, ne serait-ce que pour les nombreux avantages découlant des produits qui en sont dérivés (viande, lait et laine). De plus, il est utilisé en tant que bête de somme et bête de trait dans les secteurs de l’agriculture et du transport. On pensait auparavant que les camélidés étaient résistants à la plupart des maladies touchant habituellement les animaux d’élevage. Toutefois, de nouvelles données ont confirmé leur sensibilité à de nombreux agents pathogènes et il semblerait également que ces animaux jouent un rôle de porteur ou de réservoir dans la transmission de plusieurs maladies animales transfrontalières et zoonoses. En 2008, le Groupe ad hoc de l’OIE sur les maladies des camélidés a classé celles-ci en « maladies importantes » ou « maladies pour lesquelles les camélidés sont des porteurs potentiels ». Toutefois, à ce jour, on a très peu d’informations sur les divers micro- organismes associés aux infections développées par les camélidés. De fait, on ne connaît pas l’étiologie finale de certaines maladies multifactorielles. La sensibilité des camélidés à certains agents pathogènes doit être étudiée. En ce qui concerne les méthodes de diagnostic, de nombreux tests utilisés pour détecter les agents pathogènes ou les anticorps ont été décrits. Cependant, ces tests n’ont été ni standardisés ni validés et très peu d’études ont été menées sur le contrôle et la prévention des maladies des camélidés. Compte tenu de la demande croissante en camélidés vivants et leurs produits dérivés, il devient urgent de mettre en œuvre un programme de contrôle des maladies afin d’améliorer les conditions socio-économiques des communautés d’éleveurs de camélidés. La promotion du développement d’un réseau dans le secteur des camélidés et la promotion des activités de recherche appliquée sur les maladies des camélidés, notamment la conduite d’études épidémiologiques et la mise en place de systèmes de surveillance, permettront de renforcer les capacités dans le domaine du contrôle des maladies des camélidés. L’industrie de l’exportation doit également être encouragée et il est vivement recommandé de formuler des lignes directrices spécifiques pour le commerce international des camélidés et de leurs produits dérivés. Mots clés : Afrique – camélidés – Camelus dromedarius – dromadaire – élevage des camélidés – maladie des camélidés 1 Dr Medhi El Harrak, Secrétaire général de la Commission des normes biologiques de l’OIE, BP 4569, Avenue Hassan II, km2, Rabat-Akkari (Maroc) 2 Dr Bernard Faye, Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) 3 Pr. Mohammed Bengoumi, Institut agronomique et Vétérinaire Hassan II (Maroc) –1–
Conf. OIE 2011, El Harrak et al. 1. Introduction Les effets du changement climatique sont de plus en plus visibles. Ils peuvent être dévastateurs pour certains pays, à l’instar de l’Afrique subsaharienne où l’on prévoit une hausse du taux de pauvreté dans les économies les plus vulnérables et les plus faibles. Dans un tel contexte, il devient donc essentiel de donner la priorité à la préservation des ressources naturelles. L’une des ressources naturelles les plus importantes en Afrique est le dromadaire ( Camelus dromedarius, chameau à une bosse ou chameau d’Arabie). On trouve le dromadaire principalement dans les plaines arides d’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie occidentale. À ce jour, près de 15 millions de dromadaires sont officiellement déclarés. Ce chiffre est très certainement en dessous de la réalité. Les camélidés représentent 12 % de la biomasse des herbivores domestiques dans les pays arides de l’Afrique et 2 % en Asie. Toutefois, ils ne représentent que 0,4 % de la production mondiale de viande d’herbivores ; un pourcentage infime à l’échelle mondiale mais un rôle crucial dans les pays arides. Les camélidés sont, en effet, une espèce d’élevage polyvalente qui revêt une grande importance économique en raison des nombreux produits qui en sont dérivés (viande, lait et laine). Les camélidés sont indispensables dans les terres arides : ils sont bien adaptés à un environnement chaud, au processus de désertification et aux ressources naturelles rares. Ainsi, en Afrique, la présence des dromadaires a suivi la désertification du Sahara. Ce processus se poursuit comme le montre l’expansion actuelle de l’élevage des camélidés en République Centrafricaine, au Nigeria, en Ouganda, en Tanzanie, et jusqu’en Namibie. Les camélidés fournissent aux populations des zones arides une viande et un lait riches en protéines, des services efficaces dans le domaine de l’agriculture, ainsi qu’un moyen de transport respectueux de l’environnement et une source de loisirs. Actuellement, la participation des camélidés au processus d’intensification de l’élevage augmente progressivement dans de nombreuses parties du monde. On pensait auparavant que les camélidés étaient résistants à la plupart des maladies qui touchent habituellement les animaux d’élevage. Cependant, de nouvelles données ont confirmé leur sensibilité à de nombreux agents pathogènes et il semblerait que cette espèce joue un rôle de porteur ou de réservoir pour un certain nombre de maladies animales transfrontalières et de zoonoses. La connaissance que l’on a actuellement des maladies des camélidés est limitée. De nouvelles études seraient nécessaires pour élucider le rôle de certains agents pathogènes impliqués dans l’épidémiologie et la pathogenèse des maladies des camélidés. Il faudrait également étudier la sensibilité des camélidés et leur profil épidémiologique au regard de nombreux agents pathogènes. De plus, les méthodes de diagnostic n’ont pas été standardisées. Enfin, les vaccins existants doivent être testés et validés afin de pouvoir être utilisés chez les camélidés. 2. Élevage des camélidés : contraintes et avantages Les articles publiés dans ce domaine soulignent le caractère utile des camélidés dans l’exploitation des terres arides ainsi que leur capacité, en tant que composant de l’écosystème désertique, à valoriser les régions du monde les moins « productives ». À présent, on sait parfaitement que les camélidés produisent du lait, de la viande, de la laine, des poils et du cuir, et qu’ils servent également de bête de somme et bête de trait dans les secteurs de l’agriculture et du transport. Ils représentent une ressource économique importante pour les populations pastorales dans les zones arides de l’Afrique. N’oublions pas non plus l’attachement culturel des habitants du Sahara à leur environnement et la fierté qu’ils éprouvent à l’égard de leur héritage traditionnel. Des courses de dromadaires sont organisées lors de cérémonies importantes, telles que les mariages et les festivals. Les régions arides et semi-arides couvrent une zone géographique s’étendant de la Mauritanie aux pays du Golfe, à l’Irak, à l’Iran et au Pakistan, en passant par l’Afrique du Nord. L’importance économique de l’élevage des camélidés est évidente, ne serait-ce que pour les nombreux produits qui en sont dérivés ; de surcroît les camélidés représentent un facteur écologique unique en permettant de vivre dans les immenses étendues désertiques de ces régions. –2–
Conf. OIE 2011, El Harrak et al. En Afrique, l’élevage des camélidés a des répercussions socio-économiques positives considérables sur la population nomade. Les camélidés sont très appréciés pour leur productivité et continuent à être la seule espèce capable de supporter les conditions difficiles de ces terres arides. En outre, ils sont une composante essentielle de l’identité culturelle des éleveurs pasteurs et représentent jusqu’à près de 80 % de leur bétail. Les camélidés permettent aux communautés de Bédouins de vivre dans des zones qui, autrement, seraient inhabitées. Grâce à leur lait, les camélidés satisfont les besoins alimentaires quotidiens de ces populations et la vente du surplus d’animaux génère des revenus. Les camélidés offrent, en outre, une certaine sécurité financière grâce au capital cumulable qu’ils représentent. De plus, ils permettent de conserver les liens sociaux et sont le seul moyen de transporter les biens. Lors de grandes sécheresses, les chameliers conduisent les troupeaux vers les zones périurbaines afin de s’installer à proximité des marchés, où ils vendent, notamment, le lait et la viande des bêtes. 3. Le commerce international des camélidés et des produits qui en sont dérivés Les produits dérivés des camélidés, surtout le lait et la viande, sont très appréciés des populations locales. Au cours de la dernière décennie, plusieurs pays ont déployé des efforts afin de créer et mettre en place les infrastructures nécessaires pour valoriser les possibilités offertes par l’élevage des camélidés dans les zones concernées, promouvoir l’identité culturelle locale, stimuler le tourisme et mettre en avant le potentiel de ces zones. De plus, la demande en camélidés vivants et leurs produits dérivés est en hausse dans de nombreux pays (Asie du Sud-est, Europe et Moyen-Orient). Le développement de l’industrie de l’exportation dans certaines zones a modifié l’élevage des camélidés et le système de production correspondant (sédentarisation et intensification de l’élevage). Il existe, de fait, un potentiel suffisant pour satisfaire une demande importante. Toutefois, ces changements nécessitent la mise en œuvre de mesures prophylactiques efficaces. La production actuelle n’étant pas suffisante, des milliers de camélidés sont déplacés entre les pays limitrophes et ce, de manière relativement illégale. Les gouvernements essaient de contrôler ce flux en construisant des stations de quarantaine le long des frontières afin de prévenir l’introduction de maladies exotiques dans leur pays. Certains pays (Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis et Maroc) ont mis en place des fermes expérimentales destinées à l’élevage des camélidés afin d’approfondir les connaissances physiologiques et pathologiques sur cet animal. Toutefois, seules quelques études de recherche y ont été menées en vue de valider des protocoles de traitement et de vaccination. Le Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OIE ne contient pas de recommandations sur le commerce des camélidés. Par conséquent, la liste des maladies transmissibles élaborée par l’OIE doit être complétée et des lignes directrices sur le commerce des camélidés et de leurs produits dérivés doivent être formulées. Il faut également encourager la conduite de nouvelles recherches en vue d’améliorer les capacités de diagnostic des maladies des camélidés et faciliter ainsi le commerce des produits dérivés des camélidés. 4. Principales maladies des camélidés Depuis plusieurs décennies, la communauté scientifique s’intéresse aux camélidés pour leurs capacités particulières d’adaptation métabolique aux conditions désertiques (modèle biologique) ainsi que pour leurs caractéristiques pharmacologiques (métabolisme xénobiotique) et immunologiques (structure de l’immunoglobuline) uniques chez les mammifères supérieurs. Les études menées sur les camélidés au cours des dix dernières années ont porté principalement sur la biochimie du sang et du lait. De plus, de nouvelles techniques de reproduction et de production destinées à l’intensification de l’élevage des camélidés ont été expérimentées dans des fermes. Cependant, il est rare que les recherches menées en sciences vétérinaires portent sur les maladies des dromadaires. À ce jour, seuls 800 rapports sur les maladies touchant les dromadaires ont été publiés et ceux-ci s’appuient principalement sur des observations ponctuelles effectuées dans les abattoirs ou par les Services vétérinaires. Divers micro-organismes viraux, fongiques, bactériens et parasitaires ont été associés à l’apparition de foyers de maladies chez les camélidés, mais l’étiologie finale de la majorité de ces maladies n’a pas encore été déterminée. –3–
Conf. OIE 2011, El Harrak et al. Avec le réchauffement climatique, le risque que les camélidés soient épidémiologiquement impliqués dans la propagation ou la transmission de maladies émergentes et réémergentes va très probablement augmenter. Les maladies exotiques associées aux camélidés risquent également de s’accroître suite au contact des camélidés avec d’autres espèces utilisées pour l’élevage autour des quelques points d’eau restants, les sources d’eau se faisant toujours plus rares. À l’heure actuelle, l’intérêt de la communauté scientifique pour la recherche relative aux maladies des camélidés va croissant grâce au développement de nouvelles technologies. Toutefois, la plupart des techniques de laboratoire utilisées pour le diagnostic des maladies des camélidés n’ont pas été standardisées. En outre, les protocoles de traitement ou de vaccination doivent encore être validés. En 2008, l’OIE a créé un Groupe ad hoc sur les maladies des camélidés afin d’identifier les maladies de la Liste de l’OIE qui sont considérées comme importantes chez les camélidés, ainsi que les agents pathogènes à l’origine de maladies touchant d’autres animaux domestiques dont les camélidés peuvent être des porteurs potentiels. Ce Groupe ad hoc de l’OIE s’est réuni deux fois, en juillet 2008 et en mai 2010. Il a classé les maladies en trois groupes : 1) Maladies importantes ; 2) Maladies pour lesquelles les camélidés sont des porteurs potentiels ; 3) Maladies mineures ou sans gravité. Le Groupe a déterminé, pour chaque maladie, les méthodes utilisées afin d’identifier les antigènes ainsi que les épreuves sérologiques disponibles, puis il a formulé des recommandations pour le diagnostic et la prévention de ces maladies. Ces listes de maladies ont été dressées pour les dromadaires, les chameaux bactriens et les camélidés du Nouveau Monde (lamas et alpagas). En ce qui concerne les dromadaires, les maladies suivantes ont été classées comme importantes et ayant un impact économique considérable : - Maladies virales : variole cameline, ecthyma contagieux, rage et papillomatose. Il est important de noter que les dromadaires ne sont pas sensibles à la fièvre aphteuse alors que les chameaux bactriens y sont tout aussi sensibles que les bovins. Toutefois, cette assertion doit être vérifiée pour chaque sérotype de fièvre aphteuse concerné et il convient de tenir compte du rôle potentiel du dromadaire comme porteur de la maladie. - Maladies bactériennes : brucellose due à B. melitensis, lymphadénite caséeuse, entérotoxémie, salmonellose et colibacillose. - Maladies fongiques et parasitaires : trypanosomose, gale, dermatophytose, parasite gastro- intestinal et infestation par les tiques. Le Groupe ad hoc a estimé que la connaissance actuelle des maladies affectant les camélidés était limitée et qu’il était par conséquent nécessaire d’approfondir les recherches sur le sujet afin d’élucider le rôle de certains des agents pathogènes impliqués dans l’épidémiologie et la pathogenèse des maladies suivantes chez les camélidés : - Maladies virales : infection de type peste des petits ruminants, fièvre catarrhale du mouton, peste équine, fièvre de la Vallée du Rift, diarrhée virale bovine, fièvre de West Nile et infection à herpèsvirus. - Maladies bactériennes : pasteurellose, leptospirose, fièvre Q et chlamydiose. - Maladies parasitaires : toxoplasmose et sarcocystose. - Maladies multifactorielles : diarrhée néonatale, complexe respiratoire, avortement, syndrome de mort subite et mastite. - Maladies dont l’étiologie est inconnue : par exemple Lahaw-Gaal, Firaanfir, Laaba, Jajabsa et Yudleye. - Maladies émergentes dans des populations des camélidés : cas de décès inexpliqués en Arabie Saoudite, plusieurs cas de maladies inexpliquées accompagnées d’une surmortalité au cours des dix dernières années en Éthiopie, au Mali, au Niger, en Somalie et au Soudan. –4–
Conf. OIE 2011, El Harrak et al. 4.1. Méthodes de diagnostic Les techniques de diagnostic disponibles n’ont pas été standardisées ou validées en vue d’une utilisation chez les camélidés. Le Groupe ad hoc de l’OIE a donc formulé les recommandations suivantes : Des techniques c-ELISA et PCR sont disponibles pour certains agents pathogènes, mais doivent être validées ; des tests spécifiques doivent être élaborés lorsque ces techniques ne sont pas disponibles. Concernant la validation sérologique, il conviendrait de produire des sérums négatifs et positifs de référence pour les camélidés. Concernant les épreuves ELISA directe et indirecte, le conjugué anti-camélidé commercialisé doit être validé pour les dromadaires et être utilisé. Il est indispensable de disposer d’échantillons prélevés sur les camélidés ; le Groupe ad hoc encourage les pays producteurs de camélidés à prélever des échantillons et à les fournir aux laboratoires de diagnostic afin que ceux-ci puissent évaluer la sensibilité et la spécificité des méthodes existantes. Le Groupe ad hoc encourage les représentants et les laboratoires des pays élevant des camélidés à échanger des informations avec les Laboratoires de référence et les Centres collaborateurs de l’OIE sur les points suivants : - l’établissement d’une liste d’épreuves de diagnostic ; - le prélèvement des échantillons ; - la simplification de l’envoi des échantillons ; - la production d’antisérums spécifiques ; - la conception et la validation de nouvelles techniques ; - la réalisation de tests inter-laboratoires ; - l’instauration d’un programme de surveillance ; - le développement d’essais cliniques ; - la mise en commun des résultats initiaux et des publications. 4.2. Traitement et prévention Aucun protocole de traitement médical ou de prévention n’a été développé et validé pour les camélidés si ce n’est pour quelques maladies caractéristiques telles que la trypanosomose et la variole cameline. Les vaccins qui existent pour la fièvre de la Vallée du Rift et la rage doivent être validés et, au besoin, de nouveaux vaccins doivent être développés. Le Groupe ad hoc a encouragé la conduite d’activités de recherche appliquée sur les maladies des camélidés pour : - adapter et développer des médicaments et des vaccins vétérinaires pour les camélidés ; - définir une prescription spécifique : dosage, protocole, contrôle de l’innocuité et de l’action du produit, efficacité sur le terrain, etc. ; - caractériser les essais cliniques et l’aspect pathologique des maladies des camélidés. –5–
Conf. OIE 2011, El Harrak et al. 5. Élevage des camélidés : perspectives La mise en œuvre de mesures sanitaires en vue de contrôler les maladies des camélidés est une condition préalable pour garantir la poursuite de l’exploitation des terres désertiques par les éleveurs de camélidés, ainsi que le maintien du système de production pastoral. Ceci permettrait d’améliorer les moyens d’existence des éleveurs pasteurs, d’éviter qu’ils ne migrent vers les villes et de promouvoir l’exportation des produits dérivés des camélidés. La recherche sur les camélidés doit porter principalement sur l’étude des maladies infectieuses, la standardisation et la validation des épreuves de diagnostic, ainsi que sur le contrôle et la prévention de ces maladies, éléments clés qui sont actuellement limités ou absents des études menées sur les camélidés. La description de chaque maladie doit comprendre des techniques de diagnostic rigoureuses, des protocoles de traitement médical ou de vaccination validés et des références bibliographiques. L’approche stratégique adoptée consiste à développer un réseau national et international de vétérinaires et de chercheurs participant à la recherche sur les camélidés et leur surveillance. Les laboratoires spécialisés des pays éleveurs de camélidés doivent, avec l’aide des Laboratoires de référence de l’OIE, identifier et caractériser les principales maladies virales, parasitaires et bactériennes, et mener des projets de recherche sur la sensibilité des camélidés à certaines maladies ainsi que sur le pouvoir pathogène, le diagnostic et la prévention de ces maladies. Des échantillons biologiques doivent être prélevés et analysés afin de valider les méthodes de diagnostic et de créer une importante banque d’échantillons pour de futures recherches à des fins scientifiques. Il pourra s’agir de sérum, de sang total, de frottis, ainsi que de tout autre prélèvement permettant de déceler la présence d’anticorps ou d’antigènes et de surveiller l’incidence et la répartition géographique des maladies des camélidés. Les recherches doivent également évaluer le risque pour l’homme et les animaux d’élevage de développer des maladies exotiques émergentes pour lesquelles les camélidés peuvent être des vecteurs ou des porteurs potentiels. Avec le réchauffement climatique et la mondialisation, les maladies transmises par les insectes (fièvre de la Vallée du Rift, fièvre catarrhale du mouton, maladie hémorragique épizootique, peste équine, etc.) risquent de se propager vers le nord selon un mécanisme qui n’a pas encore été clairement identifié. Il est donc nécessaire de promouvoir la mise en commun des informations, de l’expérience et des échantillons. Afin d’accroître la place des maladies des camélidés dans la documentation scientifique et de sensibiliser la communauté vétérinaire internationale sur ce sujet, le Groupe ad hoc de l’OIE sur les maladies des camélidés a recommandé l’inclusion des maladies des camélidés dans les programmes d’enseignement et de formation professionnelle vétérinaires. 6. Conclusion Compte tenu de l’importance des dromadaires pour les communautés nomades, de la hausse des déplacements et du commerce des camélidés, des changements survenus dans les systèmes de production et de la demande croissante en produits dérivés de camélidés —autant de facteurs susceptibles d’accroître le risque de transmission des maladies—, il est extrêmement important : de convaincre les organismes de financement et les autorités gouvernementales de soutenir les activités de recherche et de développement sur les camélidés, notamment au vu des défis actuels (changement climatique, nouvelles perspectives commerciales, maladies émergentes, réduction de la pauvreté, etc.) ; de soutenir les producteurs de camélidés dans le cadre de l’intensification de la production des camélidés et inclure dans les programmes de recherche l’étude des répercussions de cette intensification ; d’encourager les études épidémiologiques et les systèmes de surveillance afin de caractériser les maladies des camélidés ; de soutenir les laboratoires nationaux et encourager les activités de recherche appliquée sur le diagnostic et le contrôle des maladies des camélidés ; d’encourager la création d’un réseau dans le secteur des camélidés ainsi que l’échange et la divulgation des informations. _____________ –6–
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