Hyperthyroïdie: diagnostic et traitement - Semantic Scholar
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CURRICULUM Hyperthyroïdie: diagnostic et traitement Ina Krull, Michael Brändle Departement Innere Medizin, Fachbereich Endokrinologie, Diabetologie, Osteologie, Kantonsspital St. Gallen est chez quelles personnes un examen ad hoc est judi- cieux. Les patients ayant un risque d’hyperthyroïdie Quintessence primaire peuvent être identifiés par un case-finding. • Bien que l’hyperthyroïdie primaire soit fréquente, un dépistage général L’anamnèse familiale, le traitement, l’administration de n’est pas recommandé; un tel examen doit se faire en cas de suspicion produits de contraste, d’autres diagnostics tels que ma- clinique ou de certaines constellations à risque. ladies auto-immunes, cardiopathies ou problèmes de fertilité entrent en considération (tab. 1 ). Les symp- • Le diagnostic d’hyperthyroïdie primaire est posé par le dosage d’un taux de TSH bas ou à zéro. Le taux des hormones thyroïdiennes périphé- tômes et signes cliniques les plus importants sont pré- riques libres fT4 et fT3 reflète la gravité de l’hyperthyroïdie (subclinique sentés dans le tableau 2 . En plus des anomalies cli- contre manifeste). niques de la thyroïde elle-même, il est important de rechercher des manifestations extrathyroïdiennes telles • En plus de l’anamnèse médicamenteuse et de la recherche des manifes- qu’une orbitopathie ou une acropachie endocrinienne, tations cliniques extrathyroïdiennes, il y a pour le diagnostic différentiel les qui peuvent donner l’étiologie précise de l’hyperthyroï- anticorps antithyroïdiens, de même que l’échographie et la scintigraphie. die primaire. • Le traitement de l’hyperthyroïdie de Basedow consiste d’abord à donner des médicaments thyréostatiques pendant 12–18 mois. En cas de résis- tance et de récidive, c’est le traitement définitif (opération ou iode radio- Diagnostic de laboratoire actif) qui est recommandé. Le dosage de la TSH est LE diagnostic de laboratoire de • S’il s’agit d’une autonomie fonctionnelle, un traitement définitif est né- base d’une hyperthyroïdie primaire. Avec les dosages cessaire pour obtenir une guérison, les thyréostatiques pouvant être uti- hypersensibles de la TSH actuellement à disposition, le lisés dans l’intervalle. test à la TRH est devenu obsolète. Un taux de TSH dans • Pour une thyroïdite par libération, c’est le traitement symptomatique ses normes exclut catégoriquement une hyperthyroïdie qui est au premier plan. primaire. Il n’y a que dans la rare hyperthyroïdie se- condaire à un adénome de l’hypophyse producteur de • La classification en types I et II est utile pour la stratégie thérapeutique TSH que ce taux est dans les normes ou légèrement su- de l’hyperthyroïdie secondaire à l’amiodarone; le traitement se fait soit périeur, avec des taux d’hormones thyroïdiennes péri- par thyréostatiques soit par glucocorticoïdes, éventuellement associés phériques augmentés. Cet article se limite au diagnostic dans les formes mixtes. et au traitement de l’hyperthyroïdie primaire. Si la TSH est abaissée ou à zéro, il faut doser les hor- mones thyroïdiennes périphériques libres fT4 et fT3, La prévalence de l’hyperthyroïdie primaire (production celle de la fT4 étant suffisante dans la plupart des cas. excessive d’hormones thyroïdiennes par la thyroïde elle- Ce qui permet de faire la distinction entre hyperthyroï- même) est fonction de l’âge, du sexe et de l’apport d’iode, die subclinique (hormones thyroïdiennes périphériques elle est globalement d’env. 1,3–2%, jusqu’à 4–5% chez les dans les normes) et manifeste (fT4/fT3 augmentées). Si femmes âgées [1, 2]. C’est la plupart du temps le médecin le diagnostic d’hyperthyroïdie a été posé, le dosage des de famille qui pose le diagnostic d’hyperthyroïdie pri- anticorps antithyroïdiens permet de faire la distinction maire, qui prescrit le premier traitement et effectue les entre pathogenèse auto-immune (mal. de Basedow, stade contrôles de son évolution. En plus de la recherche des initial d’une thyroïdite de Hashimoto) et hyperthyroïdie symptômes classiques et des signes cliniques typiques non auto-immunogène (par ex. autonomie fonction- d’une hyperfonction thyroïdienne, qui peut cependant nelle). Les anticorps antirécepteurs de la TSH (ACRT) Ina Krull être oligosymptomatique surtout chez les patients âgés, la sont présents chez 80–97% des mal. de Basedow, en classification étiologique précise joue un rôle déterminant fonction de la méthode de dosage, et leur spécificité est dans le diagnostic, car le traitement en dépend. de 95–100% [3]. Il est en plus possible de doser les an- Les auteurs n’ont ticorps antithyroperoxydase (antiTPO), présents égale- déclaré aucun soutien financier ni ment chez la plupart des patients Basedow et presque d’autre conflit Anamnèse et clinique tous ceux ayant une thyroïdite de Hashimoto [4]. Le do- d’intérêts en sage des anticorps antithyroglobuline (antiTg) est géné- relation avec cet Un dépistage systématique des dysfonctions thyroï- ralement moins utile, du fait qu’ils sont peu sensibles et article. diennes n’est pas indiqué. La question qui se pose donc spécifiques (tab. 3 ). Forum Med Suisse 2013;13(47):954–960 954
CURRICULUM Imagerie diagnostique Tableau 1 Chez quelles personnes la recherche d’une hyperthyroïdie est-elle indiquée? (adapté d‘après [14]) Echographie de la thyroïde L’échographie de la thyroïde fournit d’importantes in- Symptômes/signes cliniques (tab. 2) formations sur le volume de cet organe, l’importance et Anamnèse familiale positive pour dysfonctions thyroïdiennes auto-immunes la morphologie d’éventuels nodules, la vascularisation Traitement médicamenteux par amiodarone, lithium, interféron-α et l’échogenèse du parenchyme. C’est ainsi un examen Contamination à l’iode par produits de contraste central dans la classification étiologique de l’hyper- Autres maladies auto-immunes connues (par ex. diabète de type 1, sprue, thyroïdie primaire, qui contribue à la prise de décision gastrite auto-immune, vitiligo) thérapeutique. Les avantages de l’échographie sont en outre sa large disponibilité et son faible coût. Ce qui fait Fibrillation/flutter auriculaire, tachycardie sinusale que dans une hyperthyroïdie primaire, l’indication à Investigations pour hypertension secondaire ou hypertension artérielle pulmonaire l’échographie est généreusement posée. Dans le cadre des investigations pour formes secondaires d’ostéoporose Investigations pour troubles de la fertilité, menstruels (surtout oligoménorrhée), Scintigraphie de la thyroïde status après fausse-couche précoce, hyperémèse gravidique En présence de nodules thyroïdiens et d’une hyperthy- Investigations pour gynécomastie, troubles de la libido chez l’homme roïdie primaire, la scintigraphie au 99mTc-pertechnétate est indiquée pour confirmer une autonomie uni- ou mul- tifocale, surtout si un traitement à l’iode radioactif est Tableau 2 Symptômes et signes cliniques d’une hyperthyroïdie (adapté d’après [1]). envisagé. Sinon, elle n’est recommandée dans le cadre du diagnostic d’une hyperthyroïdie que si sa classifica- Symptômes Signes cliniques tion étiologique par le laboratoire et l’échographie est SNC/Psychisme Intolérance à l’effort, ner- Hyperactivité, insomnie, insuffisante. Une scintigraphie ne doit être effectuée vosité, anxiété, insomnie, psychose qu’après une latence de 3 mois au moins après admi- difficultés de concentration nistration de produits de contraste iodés. Elle ne doit Thyroïde Tuméfaction cervicale, dys- Goitre diffus/nodulaire, phagie, douleur à la pression crépitement sur la thyroïde pas se faire sous traitement d’amiodarone. Même après du cou son interruption, il faut tenir compte de la longue demi- Yeux (mal. de Basedow) Sensation de corps étranger, Injection conjonctivale, vie de ce médicament iodé et éventuellement doser l’ex- douleur, diplopie, troubles rétraction palpébrale, crétion urinaire d’iode avant une scintigraphie pro- visuels œdème périorbitaire, grammée. La captation thyroïdienne de 99mTc à prévoir exophtalmie, ophtalmo- dans chacune des entités d’hyperthyroïdie est présentée plégie, etc. dans le tableau 4 . La figure 1 présente un algo- Système cardiovasculaire Palpitations, dyspnée d’effort Tachycardie au repos, rithme diagnostique d’une hyperthyroïdie primaire. fibrillation/flutter auriculaire, grande amplitude tension- nelle, high output failure, œdèmes malléolaires Diagnostic différentiel Système gastro-intestinal Augmentation de l‘appétit, Perte pondérale, diarrhée nausée, perte pondérale, La maladie de Basedow (thyréopathie auto-immune à fréquence des selles aug- anticorps antirécepteurs de la TSH stimulants) est mentée, diarrhée l’étiologie la plus fréquente de l’hyperthyroïdie primaire, Peau, cheveux, ongles Intolérance au chaud, suda- Peau chaude, humide suivie par l’autonomie fonctionnelle. Une hyperthyroïdie tion Myxœdème prétibial, acro- Cheveux fins, cassants, pachie (néoformation os- par libération dans le cadre de thyroïdites, par ex. de friabilité unguéale seuse sous-périostée et Hashimoto au stade initial ou subaiguë de De Quervain, épaississement des tissus est moins fréquente. La thyroïdite du postpartum est mous des phalanges termi- lymphocytaire, se manifeste jusqu’à 12 mois après l’ac- nales) couchement et s’accompagne également typiquement Muscles Faiblesse, surtout cuisse Signe du tabouret, atrophie d’une hyperthyroïdie par libération. Des substances musculaire iodées, telles que produits de contraste ou amiodarone, Système nerveux Hyperréflexie, tremor fin peuvent également provoquer une hyperthyroïdie pri- périphérique maire (tab. 4). Organes sexuels Irrégularités des cycles, Oligoménorrhée, polymé- stérilité (femme), baisse de norrhée, baisse de la ferti- la libido (homme) lité (femme), gynécomastie (homme) Tableau 3 Sensibilité et spécificité des anticorps antithyroïdiens [3, 4]. Mal. de Basedow Thyroïdite de Hashimoto Population normale Anticorps antirécepteurs de la TSH (ACRT) 80–97% 0–5% 0% Anticorps antithyroperoxydase (ACTPO) 50–80% 90–100% 8–27% Anticorps antithyroglobuline (ACTg) 12–30% 30–50% 5–20% Forum Med Suisse 2013;13(47):954–960 955
CURRICULUM Tableau 4 Diagnostic différentiel de l’hyperthyroïdie. Mécanisme physiopathologique Captation de radionucléides dans la thyroïde Maladie de Basedow Anticorps stimulant le récepteur de la TSH Diffusément augmentée Autonomie fonctionnelle Mutation activatrice du récepteur de la TSH ou Focale/diffusément augmentée (uni-/multifocale ou disséminée) mutation de la protéine G Thyroïdites Libération d’hormones thyroïdiennes par Diminuée à absente – thyroïdite subaiguë granulomateuse destruction des thyrocytes, facteur déclenchant de De Quervain auto-immun, éventuellement infection virale – phase initiale de la thyroïdite (thyroïdite de De Quervain) de Hashimoto Toxique (iode radioactif) – thyroïdite silencieuse (lymphocytaire chron.) y c. celle du postpartum – phase initiale après iode radioactif Hyperthyroïdie induite par l’amiodarone Production d’hormones thyroïdiennes Diminuée à absente de type I non contrôlée par excès d’iode Produit de contraste iodé Hyperthyroïdie induite par l’amiodarone Thyroïdite destructrice, effet toxique direct Diminuée à absente de type II Interféron-alpha, lithium Hyperthyroïdie gravidique, Effet thyréotrope de l’HCG Diffusément augmentée tumeur à cellules germinales productrice d’HCG TSHome Adénome hypophysaire producteur de TSH Diffusément augmentée Thyrotoxicose factice Prise inadéquate d’hormones thyroïdiennes Diminuée à absente Mutation activatrice du récepteur de la TSH Mutation du récepteur Augmentée des hormones thyroïdiennes Goitre ovarien Adénome toxique dans tumeur dermoïde Diminuée à absente, captation ecto- de l’ovaire pique de radionucléides Carcinome thyroïdien folliculaire Foyers avec autonomie fonctionnelle Focalement augmentée métastatique Maladie de Basedow Marine-Lenhart, env. 1% des patients ayant une mal. La mal. de Basedow, une thyréopathie auto-immune, de Basedow) [6]. touche nettement plus souvent les femmes que les hommes (5–7:1), son pic d’incidence se situe entre 30 Autonomie fonctionnelle et 50 ans. Les patients se présentent souvent avec le ta- La cause supposée d’une autonomie focale est une mu- bleau clinique classique de la triade de Merseburg tation activatrice du récepteur de la TSH ou de la pro- (goitre 75–90%, exophtalmie ou orbitopathie endocri- téine G. L’incidence des lésions thyroïdiennes nodu- nienne env. 50%, tachycardie >50%) [5]. En plus de ces laires augmente avec l’âge. Chez les patients âgés, la symptômes typiques, il peut y avoir de rares manifesta- très grande majorité des hyperthyroïdies primaires tions extrathyroïdiennes, telles que myxœdème préti- résulte d’une autonomie fonctionnelle. La présentation bial (1–2%, par réaction immunitaire du derme) et acro- clinique est souvent peu spécifique, souvent même pachie (
CURRICULUM Figure 1 Algorithme diagnostique dans l’hyperthyroïdie primaire. qui sont scintigraphiquement froids et les contrôler par passagère, généralement suivie d’une euthyroïdie. Une échographie. hypothyroïdie reste cependant permanente dans quelque 10–15% des cas [7]. Thyroïdites Dans une AIT de type II, il s’agit également d’une thy- Une thyroïdite de Hashimoto au stade initial, une thyroï- roïdite destructrice par effet toxique direct de l’amioda- dite subaiguë de De Quervain, une thyroïdite lymphocy- rone sur le follicule thyroïdien. Pour des raisons encore taire du postpartum ou une hyperthyroïdie induite par inexpliquées, cet effet toxique ne peut se manifester que l’amiodarone (AIT) de type II peuvent entraîner une 2–3 ans après la mise en route du traitement. A l’écho- libération d’hormones préformées et stockées dans la graphie, la thyroïde est sans particularité, elle ne thyroïde par destruction de cellules thyroïdiennes. Cette contient notamment pas de nodules et sa vascularisa- phase d’hyperthyroïdie transitoire dure généralement tion est aussi diminuée. Le taux sérique d’interleu- de quelques semaines à 3 mois et est autolimitée. Pour kine-6 peut éventuellement être augmenté. Dans le le diagnostic différentiel entre thyroïdite de Hashimoto monde entier, en fonction de l’apport d’iode, une hyper- et mal. de Basedow, l’absence de symptômes extra- thyroïdie est décrite chez 1–23% des patients sous thyroïdiens, les ACRT négatifs et l’échographie (hypo- amiodarone [8]. Là où l’apport d’iode est suffisant, l’AIT vascularisation) sont utiles. de type II est plus fréquente que celle de type I, et inver- Le diagnostic de thyroïdite de De Quervain peut être sement dans les régions en manque d’iode. posé par la clinique, les symptômes classiques douleur à la pression, douleur de la loge thyroïdienne irradiant Hyperthyroïdie primaire induite par l’iode dans la mâchoire, fièvre et paramètres inflammatoires Un excès d’iode suite à l’administration de produits de mettant sur la voie. A l’échographie, le parenchyme thy- contrastes iodés ou d’un médicament (amiodarone) peut roïdien est typiquement très inhomogène, hypoechogène faire augmenter la production d’hormones thyroïdiennes. à contours géographiques, avec hypovascularisation à L’hyperthyroïdie induite par l’amiodarone est définie l’échographie Doppler. Par la suite, après l’hyper- comme AIT de type I. Dans une telle situation, il y a la thyroïdie par libération, il se produit une hypothyroïdie plupart du temps des pathologies thyroïdiennes démon- Forum Med Suisse 2013;13(47):954–960 957
CURRICULUM carbimazole et le propylthiouracile (PTU) inhibent la Tableau 5 synthèse des hormones thyroïdiennes (inhibition de Hyperthyroïdie subclinique: quand la traiter? [13–16] l’iodation de la tyrosine induite par la thyroperoxydase) TSH 65 ans avec comorbidités: env. 0,2–0,5% et imposent un changement de traite- – symptômes d’hyperthyroïdie Oui Envisager traitement ment [1]. – cardiopathie Oui Envisager traitement La dose journalière initiale – en fonction du volume de – ostéoporose Oui Non la thyroïde, de la gravité de l’hyperthyroïdie et du poids – est généralement de 15–45 mg pour le carbimazole et de 150–450 mg pour le PTU. La dose est ensuite adaptée surtout à la dynamique de la baisse de la fT4 lors des contrôles à 3–4 semaines d’intervalle. La suppression trables, telles que nodules solitaires ou multiples, ou une de la TSH prend de quelques semaines à 6 mois après mal. de Basedow. Le dosage des ACRT et l’échographie la mise en route de ce traitement, et la TSH n’est donc de la thyroïde ont une importance déterminante pour pas indiquée comme paramètre d’évolution à cette le diagnostic différentiel de ces entités. Au laboratoire, phase. Après normalisation complète des tests thyroï- la constellation d’une inhibition de la conversion de T4 diens, le traitement thyréostatique est poursuivi pendant en T3 est caractéristique d’une AIT. 12 mois à la dose journalière d’entretien de 5–15 mg de carbimazole ou 50–150 mg de PTU, ce qui fait une durée Hyperthyroïdies primaires rares globale moyenne de traitement d’env. 18 mois. Dans cer- Si la classification de l’hyperthyroïdie n’est pas possible tains cas spéciaux, il est possible d’envisager l’adminis- avec les méthodes diagnostiques courantes, ou si les ré- tration parallèle d’un thyréostatique et de lévothyroxine sultats de laboratoire ne sont pas concordants (par ex. (traitement block-replace). symptômes d’hyperthyroïdie avec taux de TSH dans les En attendant la normalisation des hormones thyroï- normes), il faut penser à une forme rare d’hyperthyroïdie diennes périphériques, et en plus du traitement symp- et adresser le patient à un endocrinologue pour la suite tomatique, sont utilisés les bêtabloquants, de préfé- des investigations. rence le propranolol (non cardiosélectif, inhibition de la conversion de la T4 en T3 biologiquement active), à une dose journalière de 40–160 mg. Traitement Dès qu’une euthyroïdie stable est atteinte, le traitement peut être arrêté après la durée mentionnée. Un peu plus En raison de la morbidité et de la mortalité cardiovas- de 50% des patients resteront en rémission durable culaires accrues, de même que du plus grand risque après ce traitement. Le risque de récidive de mal. de d’ostéoporose et de fractures, l’indication au traitement Basedow est accru en cas de consommation persistante d’une hyperthyroïdie manifeste (mal. de Basedow, auto- de nicotine, d’important volume de la thyroïde (>50 ml) nomie, hyperthyroïdie induite par l’iode) est clairement et de persistance d’AC antirécepteurs de la TSH [18–20]. donnée [1, 9–11]. La question de l’indication à un traite- En cas de récidive, le traitement ablatif définitif est à ment d’une hyperthyroïdie subclinique doit être posée préférer à un nouveau traitement thyréostatique. Les de manière plus différenciée. Avec l’hétérogénéité des options thyroïdectomie contre iode radioactif doivent collectifs de patients pour ce qui est de l’âge, du niveau être discutées avec le patient en fonction de la situation de suppression de la TSH et de la durée de l’hyperthy- initiale (tab. 6 ). roïdie subclinique, les études sur ses conséquences sur le système cardiovasculaire ne sont pas toutes d’accord. Autonomie fonctionnelle Il semble cependant que surtout chez les patients de Le traitement thyréostatique de l’autonomie fonction- plus de 65 ans ayant une TSH
CURRICULUM ment glucocorticoïdes dans les formes graves. Une hy- substance. En raison du traitement à long terme, une perthyroïdie induite par l’amiodarone de type II se traite tentative d’interruption doit être discutée avec un cardio- initialement par glucocorticoïdes à hautes doses (pred- logue. nisone 40–60 mg/j pendant 4 semaines, puis sevrage progressif des stéroïdes au cours des 3 mois suivants). La réponse au traitement est généralement rapide, un Aspects diagnostiques et thérapeutiques contrôle des taux d’hormones périphériques est recom- pendant la grossesse et la période mandé après 2 semaines déjà. Si pendant ce temps les d’allaitement taux d’hormones thyroïdiennes libres ne baissent abso- lument pas, il faut penser à une forme d’AIT mixte, I et Si un traitement thyréostatique d’une hyperthyroïdie II, qui rend une adjonction de thyréostatiques éventuel- manifeste est nécessaire pendant la grossesse ou la lement indispensable. période d’allaitement, les patientes doivent être prises en charge en collaboration avec un endocrinologue. Contamination par l’iode Les substances à disposition, carbimazole et dans une En cas d’hyperthyroïdie subclinique ou manifeste connue moindre mesure PTU, traversent le placenta et se re- et d’exposition à l’iode par produits de contraste, il est trouvent en très faibles concentrations dans le lait indispensable d’ajouter au traitement thyréostatique en maternel. Il faut en principe donner la dose journalière cours du perchlorate de sodium (Irenat®). Irenat® inhibe la plus faible possible. la captation thyroïdienne d’iode par inhibition du sym- Au 1er trimestre, le traitement doit être entrepris avec le porteur sodium-iode, et se donne pendant 7 jours à une PTU car des malformations, par ex. aplasie cutanée, dose journalière de 1000 mg, soit 2× 25 ou 3× 20 gttes/j omphalocèle ou atrésie choanale peuvent se présenter (début le jour précédant l’exposition au produit de sous carbimazole, mais rarement [21, 22]. Du fait que contraste). Dans l’hyperthyroïdie induite par l’amioda- selon de récentes études, le PTU est associé à une hépa- rone de type I, les doses initiales de thyréostatiques totoxicité pour l’enfant à naître, il doit être remplacé doivent être élevées, par ex. carbimazole 45 mg/j. Si la par le carbimazole à la fin du 1er trimestre, selon les re- réponse au traitement est insuffisante, il peut être judi- commandations actuelles. Des contrôles des tests thy- cieux de lui associer Irenat® à la dose précisée ci-dessus roïdiens toutes les 4 semaines et des adaptations des pendant 4 semaines au maximum (risque d’agranulo- doses de thyréostatiques sont indiqués pendant la gros- cytose). Si ce traitement conservateur reste sans succès, sesse [21]. il faut passer à la thyroïdectomie. L’arrêt de l’amio- Du fait qu’une grossesse a un effet inhibiteur sur le sys- darone est sans intérêt dans le traitement de l’hyper- tème immunitaire, il est possible de prévoir une éven- thyroïdie, en raison de la très longue demi-vie de cette tuelle diminution de la dose, voire même une interrup- Tableau 6 Traitement de l’hyperthyroïdie primaire. Traitement médicamenteux Traitement par iode radioactif Opération Indication – Mal. de Basedow: premier traitement – Autonomie uni- ou multifocale – Gros goitre – Dans l’attente d’une euthyroïdie avant – Mal. de Basedow: récidive, surtout – Suspicion de malignité dans traitement définitif chez patients très âgés avec risque nodules scintigraphiquement – Aucun traitement définitif possible périopératoire accru froids ni voulu – Récidive d’une mal. de Basedow, surtout si attente d’un enfant, OE active – Traitement médicamenteux inefficace dans AIT Méthode – Néo-Mercazole – Etude de captation de l’iode –Thyroïdectomie totale dans mal. – Propylthiouracile (1er trimestre radioactif 131I (titration de la dose) de Basedow, AIT, suspicion de d’une grossesse) – Traitement par iode radioactif 131I malignité, goitre multinodulaire – Bêtabloquants – Hémithyroïdectomie si nodule – Stéroïdes dans AIT de type II solitaire avec autonomie – AINS dans thyroïdite de De Quervain unifocale symptomatique (± stéroïdes) Inconvénients/ – Exanthèmes – Hospitalisation 7–14 jours – Hospitalisation 3–4 jours Complications – Hépatopathie – Pas de grossesse 6–12 mois après – Anesthésie générale – Rarement agranulocytose traitement – En fonction de l’expérience – Traitement de longue durée – Evt aggravation d’une OE active du chirurgien, risque minime – Proportion élevée de récidives dans – Entrée en action lente de parésie du récurrent, mal. de Basedow (env. 50%) – Hypothyroïdie (dose-dépendante) d’hypoparathyroïdie – Hypothyroïdie si thyroïdecto- mie totale OE: orbitopathie endocrinienne. Forum Med Suisse 2013;13(47):954–960 959
CURRICULUM tion du traitement thyréostatique dans une mal. de Remerciements Basedow. Mais en postpartum par contre, il se produit Nous remercions très cordialement le Dr Patrick Lehmann, spécialiste FMH Médecine interne générale, Arbon, pour ses critiques et sugges- un rebond de l’activité immunitaire, ce qui fait qu’il faut tions constructives à la lecture du manuscrit. s’attendre à une augmentation des besoins de thyréos- tatiques à cette phase. Si une femme ayant une mal. de Basedow, qu’elle impose un traitement, soit en rémis- Correspondance: sion ou après traitement définitif, est enceinte, il faut te- Dr Ina Krull nir compte du passage transplacentaire des ACRT et Kantonsspital St. Gallen contrôler leurs titres au cours du 2e trimestre. S’ils sont Departement Innere Medizin augmentés à cette phase, il s’agit d’envisager une hyper- Fachbereich Endokrinologie, Diabetologie, Osteologie Rorschacherstrasse thyroïdie fœtale ou néonatale, ce qui fait que dans une CH-9007 St. Gallen telle situation il est indispensable d’assurer une étroite ina.krull[at]kssg.ch collaboration entre endocrinologue, gynécologue, néo- natologue et pédiatre. Tout traitement à l’iode radioac- tif est contre-indiqué pendant la grossesse. Une contra- Références ception sûre doit être entreprise dans les 6–12 mois Vous trouverez la liste complète des références sous après ablation par iode radioactif. www.medicalforum.ch. Forum Med Suisse 2013;13(47):954–960 960
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