Prise en charge nutritionnelle de l'anorexie mentale

La page est créée Quentin Jacob
 
CONTINUER À LIRE
Prise en charge nutritionnelle de l'anorexie mentale
DIU européen de Nutrition clinique et métabolisme
                     Lyon
                23 mars 2011

  Prise en charge nutritionnelle
      de l’anorexie mentale

             Pr. Jean-Claude Melchior, MD, PhD
    Unité de Nutrition Clinique - Pathologies Infectieuses
         Département de médecine aiguë spécialisée

                                                             U.V.S.Q
Prise en charge nutritionnelle de l'anorexie mentale
Plan de l’exposé:

1. Préambule
2. Gravité, risques vitaux
3. Complications somatiques, troubles
   métaboliques
4. La prise en charge: place de la nutrition
   artificielle
5. Le syndrome de renutrition inappropriée
6. Le Réseau-TCA-Francilien
7. Conclusion
Prise en charge nutritionnelle de l'anorexie mentale
1. Préambule…
• Le traitement de l’anorexie mentale n’est pas nutritionnel, il est
  psychiatrique.
• La démarche thérapeutique doit toujours être en premier lieu analytique,
  comportementale, et doit définir un objectif pondéral minimum raisonnable
  qui doit être exigé par le psychiatre ou le psychothérapeute.
• Cet objectif thérapeutique nutritionnel est l’obtention à terme d’un poids
  minimal qui est celui du retour des règles ou d’un IMC > 18, sans lequel
  aucune guérison n’est possible, ni aucune approche psychothérapeutique
  efficace.
• Mais dans une pathologie ou déni des troubles et refus de soins se
  côtoient… la dénutrition et/ou les troubles métaboliques, voir des
  complications somatiques peuvent être au premier plan d’une situation
  engageant le pronostic vital
• Le médecin somaticien (nutritionniste) ne peut fuir ses responsabilités,
  prétextant les droits du malade au refus de soins et à disposer de son
  corps
Prise en charge nutritionnelle de l'anorexie mentale
Mais au final

                         Après                                  50 % ne
                  une prise en charge                      consulteront jamais
                       spécifique

50% Évolution     25% Intermédiaires                        25% Évolution
                (persistance difficultés psychologiques)
  favorable                                                  défavorable
Prise en charge nutritionnelle de l'anorexie mentale
HAS: Repérage et Diagnostic

• Enfant et adolescent:             • Adulte:

  – Poids, alimentation, anorexie     – Perte de poids > 15 %
  – Retard pubertaire                 – IMC < 18,5
  – Aménorrhée primaire ou            – Refus de prendre du poids
    secondaire > 2 ans                  malgré un IMC faible
  – Hyperactivité physique            – Aménorrhée secondaire
  – Hyper investissement              – Baisse de la libido et de
    intellectuel                        l’érection
                                      – Hyperactivité physique
                                      – Hyper investissement
                                        intellectuel
                                      – infertilité
Prise en charge nutritionnelle de l'anorexie mentale
2. Gravité, risques vitaux
Prise en charge nutritionnelle de l'anorexie mentale
• Maladie à fort déterminant psychologique…

• Mais pronostic conditionné par le
  retentissement somatique.
Les risques vitaux des TCA
        3 causes de décès principaux dans les TCA :
        Troubles métaboliques, dénutrition et suicide

Suicide, complication de tout TCA qui évolue vers la chronicité.

         Les troubles métaboliques peuvent survenir
à n’importe quel moment de l’évolution et de façon imprévisible

      Dénutrition et/ou ses conséquences infectieuses,
         risque majeur dans les formes chroniques
Anorexie mentale: mortalité
                      Nombre de cas         Durée du suivi (années)   Mortalité
KAY & al 1954             60                         3                    6
WILLIAMS 1958             42                         3-21                 10
DALLY 1959                140                        8                  12
HALMI & al 1973           79                         15 (1-50)            20
MORGAN & al 1975          41                         4-10                 2
GARFINKEL & aI 1977       42                         3                    1
CANTWELL & al 1977        26                         6,25                 0
HSU &aL 1979              102                        6 4-8                2
TOLSTRUP & al 1982        151                        13 (5-23)            9
JEAMMET & al. 1984        76                          >4                  6
ISAGER & al 1985          151                        12 (4-22)            9
HALMI & al 1990           76                          10                  5
DETER & al 1990                       103                        9
                 16
STROBER & al 1990         70                         5-13                 0
SUICIDE et TCA
Conséquences et risque vital de la
                dénutrition

0              TCA
                                     Morbidité infectieuse
10
                                     Atteinte fonctionnelle
20

30 Agression     jeûne   1/2 jeûne     létalité
    +jeûne                                           IMC ?
3. Complications somatiques,
   troubles métaboliques
Les risques nutritionnels et
            somatiques des TCA
• Mort subite par troubles métaboliques –notamment chez les
  vomisseuses

• Dénutrition chronique et ostéoporose

• Infections aiguës rares mais graves
  ou chroniques dites « opportunistes »
  secondaires à l’immunodépression
  de la dénutrition

• Décès par dénutrition
Les troubles métaboliques :
               une réelle urgence

• C’est essentiellement l’hypokaliémie:
   – Secondaire aux vomissements (perte de chlore, de potassium et d’ions H
     +), entraînant une alcalose métabolique (CO2 total augmenté).

   – Risque de troubles du rythme cardiaque (torsade de pointe) mortels+++
   – Peut être favorisée par l’utilisation de laxatifs et de diurétiques
     thiazidiques +++
• Ce peut-être l’hyponatrémie:
   – Secondaire à la potomanie (> 10 l/j), parfois liée aux vomissements
   – Peut entraîner coma et/ou convulsions
• L’hypophosphorémie est grave, souvent ignorée:
   – Latente pendant le jeûne, elle se démasque à la renutrition +++
   – Le phosphore doit toujours être dosé
• L’hypoglycémie symptomatique spontanée grave +++
Ostéoporose et tassement vertébral

Tassements vertébraux «en cascade» sur 4 mois chez une patiente de 40 ans
Ostéoporose: Examens complémentaires

                                                       T score – 4,6

Ostéodensitométrie :
                                                       Z score – 4,4

                                                   +
                                  BMD 0,37 g/cm2

• La DMO est exprimée en
       T score : l’écart entre la DMO du sujet et la
 densité normale d’une population appariée pour le sexe
 mais âgée de 25 à 30 ans (âge du capital osseux maximal)

      Z score : l’écart entre la DMO du patient et la
 valeur moyenne d’un collectif de personnes saines du
 même sexe et du même âge
Ostéoporose: Traitements

Ostéodensitométrie :
Chez l’adulte :

   Ostéoporose : T score < -2.5DS
   Ostéopénie : -2.5ds < T score < -1ds

• Ni l’approche thérapeutique, ni la prévention de
  l’ostéoporose dans le cadre des TCA ne sont
  standardisées. Il n’existe pas de consensus sur ces
  traitements.
   – correction de la renutrition, Vitamine D + calcium
   – biphosphonates, forsteo (analogue PTH-like)
   – O.P. efficacité non prouvée
Les infections aiguës (1)

• Rares, on n’y pense pas
• Le plus souvent bactériennes.
• Infections urinaires, pulmonaires, cutanées (érysipèle),
  sont les plus fréquentes.
• L’évolution peut être dramatiquement brutale
  (pneumocoque, streptocoques).
• L’absence de fièvre ne signe pas l’absence d’infection.
• La crp augmentée impose l’hospitalisation +++
• Le diagnostic est difficile car ces infections sont peu
  fréquentes chez l’anorexique mentale.
Les infections aiguës (2)

                Thrombophlébite sur perfusion, IMC 10
Septicémie à Stap. doré, endocardite droite, nombreux abcès pulmonaires
Les « infections » aiguës (3)

Pneumopathie communautaire hypoxémiante résistante à 3 lignes d’AB,
Fibroscopie et LBA: E. Coli et Klebsielle, pas d’efficacité du traitement AB adapté
Les « infections » aiguës (4)

Nouveau LBA après 4 semaines: Pneumopathie huileuse et infection à M. fortuitum et kansasii
Consommation d’huile de paraffine au long cours, (RGO nocturne + vomissements),
Evolution lentement favorable sous corticoïdes et AB anti mycobactéries
Séquelles pulmonaires probables (CV 50%), pronostic incertain au long cours
Les infections chroniques (1)

• Liées à l’immunodépression
  (lymphocytes < 1000 /mm3)
• Infections chroniques à
  Mycobactéries.
• Rarement tuberculose, plus souvent
  M. atypiques (Xenopi++, Kansasii,
  Avium).
• Évolution lente, paucisymptomatique,
  absence de fièvre constante +++
• Crp souvent normale, alb +
  découverte fortuite ou
  pneumothorax.
• Faire radiographie systématique
  dans le bilan de perte de poids
  récente.
Les infections chroniques (2)
                                        Avant traitement

• Le TDM permet de préciser les
  lésions et de suivre l’évolution.
• Aggravation initiale fréquente
  en début de traitement
  (syndrome inflammatoire à la
  renutrition, crp).
• Sensibilité variable aux AB.        Après 3 mois de traitement

  (Sensibilité à l’amiklin)
• Deux ans de traitement et
  renutrition rapide les premiers
  mois (nut. entérale).
• Suivi régulier imposé+++.
Autres risques liés aux autres troubles
              comportementaux

Restriction hydrique: Insuffisance rénale
Consommation excessive d ’épices              Cancer de
Consommation de boissons « brûlantes »        l’oesophage
Stockage alimentaire (syndrome du hamster)
Mérycisme et régurgitations                   Anémies
Auto-saignements                              Infections
Auto mutilations                              chroniques
Oublis volontaires d ’insuline chez les DID
Ostéoporose
4. La prise en charge:
place de la nutrition artificielle
Bilan clinique

•   État général
•   Constantes
•   Poids; Taille, IMC; stade pubertaire
•   Ex cardio-pulmonaire; ECG
•   Ex neurologique: motricité
•   Ex cutané
•   Ex psy
Bilan biologique

•   Numération
•   Ionogramme, glycémie
•   Urée, créatinine
•   Phosphore, calcémie
•   Albumine, CRP
•   Bilan hépatique, TP
•   Eventuellement: bilan martial, folates et B12
Autres examens complémentaires

• Ostéodensitométrie
• Radio de thorax
• Échographie abdominale

• Sur point d’appel:
  – Myélogramme
  – Échographie cardiaque
  – FOGD
Composition corporelle et dénutrition
                   DEXA:            FM 2 kg
                                      8%
                                   MM 22 kg
                                     92%
                   Impédance:       FM 8 kg    VEC/VIC
BMD 0,37 g/cm2     (5-100 kHz)       34%         0,81
                                   MM 16 kg   H2O totale
                                     66%        27 l

   T score – 4,6            24 kg, 161 cm         IMC 9,2
   Z score – 4,4

     +
Diagnostic de la dénutrition
  Index de Masse Corporelle (OMS)
< 10                            dénutrition grade V
10 à 12,9                       dénutrition grade IV
13 à 14,9                       dénutrition grade III
15 à 16,9                       dénutrition grade II
17 à 18,4                       dénutrition grade I
18,5 à 24,9                           Normal
25 à 29,9                       surpoids
30 à 34,9                       obésité grade I
35 à 39,9                       obésité grade II
> 40                            obésité grade III

              IMC = poids (kg) / taille2 (m)
Les « faux » signes de gravité liés à la
              dénutrition:

 Ils signent l’adaptation physiologique:

 Bradychardie < 60 / min
 Hypothermie 35-36 °C
 Lanugo
 Leucopénie, macrocytose
 Hypoglycémie asymptomatique
 Hypotension artérielle < 90 mmHg
 Abolition ROT
 Insuffisance rénale fonctionnelle
Crenn P, Melchior JC. Bilan somatique et critères de gravité dans l’anorexie mentale. Nutrition
clinique et métabolisme 21 (2007) 155-158
Critères HAS hospitalisation enfants et
             adolescents

 IMC < 14 au-delà de 17 ans, ou IMC < 13,2 à 15 et 16 ans, ou
 IMC < 12,7 à 13 et 14 ans
 • Syndrome occlusif
 • Bradycardies extrêmes : pouls < 40/min quel que soit le moment de
 la journée
 • Tachycardie
 • Pression artérielle systolique basse (< 80 mmHg)
 • PA < 80/50 mmHg, hypotension orthostatique mesurée par une
 augmentation de la fréquence cardiaque > 20/min ou diminution de la
 PA > 10-20 mmHg
 • Ralentissement idéique et verbal, confusion
 • Hypothermie < 35,5°C
 • Hyperthermie
Critères HAS hospitalisation adultes
Cliniques:                                Paracliniques:

Importance et vitesse de                  Anomalies de l’ECG en dehors de la
   l’amaigrissement : perte de 20 % du        fréquence cardiaque
   poids en 3 mois                        • Hypoglycémie symptomatique < 0,6 g/L ou
• Malaises et/ou chutes ou pertes de          asymptomatique si < 0,3 g/L
   connaissance                           • Cytolyse hépatique > 10 x N
• Vomissements incoercibles               • Hypokaliémie < 3 mEq/L
• Échec de la renutrition ambulatoire     • Hypophosphorémie < 0,5 mmol/L
• Signes cliniques de déshydratation      • Insuffisance rénale : clairance de la
• IMC < 14 kg/m2                              créatinine < 40 mL/min
• Amyotrophie importante avec hypotonie   • Natrémie :
   axiale                                  < 125 mmol/L (potomanie, risque de
• Hypothermie < 35 °C                         convulsions)
• Hypotension artérielle < 90/60 mmHg      >150 mmol/L (déshydratation)
• Fréquence cardiaque :                   • Leucopénie < 1 000 /mm3 (ou neutrophiles
                                              < 500 /mm3)
 bradycardie sinusale FC < 40/min
 tachycardie de repos > 60/min si IMC <
   13 kg/m2
Que retenir de ce premier regard
         « physiopathologique » ?
• L’IMC est un bon outil en cas de marasme pur (absence
  d’oedèmes et albumine normale (> 35-40 g/l).
• Albumine et crp doivent toujours être dosées pour écarter
  une pathologie organique associée ou sous jacente.
• Albumine et crp normales ne doivent pas suffirent à rassurer
  pour l’appréciation du risque vital de la dénutrition.
• Hypoalbuminémie et oedèmes doivent faire rechercher un
  comportement végétarien chronique, une affection
  organique, ou signent la décompensation de la dénutrition.
• Hypoalbuminémie et oedèmes avec IMC < 15 impose
  l’hospitalisation pour bilan.
Prise en charge

• Principes généraux:
  – Importance d’un médecin référent: rôle
    coordinateur au sein d’un réseau de soins.
  – Pluridisciplinaire +++
    • PEC nutritionnelle
    • PEC psychothérapeutique
    • PEC comportementale: sociale et familiale…
• L’hypokaliémie chronique:
Représente un vrai danger vital +++
Pas de parallélisme entre kaliémie et kalicytie (ECG)
Doit être traitée même si les vomissements ne sont pas
   contrôlables

• Supplémenter en potassium:
Jusqu’à 12 g / jour (Chlorure de potassium)
Petites doses d’IPP
Dans les formes sévères 12,5 à 25 mg d’aldactone / j
Traitement nutritionnel
        ambulatoire « d’attente »

• Limiter l’aggravation de la dénutrition
• Gagner du temps pour construire « l’alliance
  thérapeutique » ou trouver une sortie…
• Vitaminothérapie: vitamines du groupe B ou
  polyviyamines (Bevitine, benerva, alvityl)
• Apport de phosphore (phosphoneuros)
• Complémentation orale (proten +, clinutren HP
  énergie etc…) 20g protéines, 250-300 kcal
Les traitements nutritionnels
                  dans les TCA

• Repas thérapeutiques: c’est en fait une approche psycho-
  comportementale

• Traitement des troubles métaboliques: le plus souvent IV,
  c’est fréquemment une urgence

• Traitement de la dénutrition: l’assistance nutritionnelle

• Traitement de l’ostéoporose (complication chronique la plus
  grave)
L’assistance nutritionnelle
            dans l’anorexie restrictive
La nutrition parentérale n’a aucune place même en cas de
 vomissements. (malgré Diamanti et al., 2008)

La complémentation orale n’a qu’une place limitée, le plus souvent
 en situation d’attente d’une hospitalisation.

La nutrition entérale est la seule approche qui présente un
 intérêt.

La nutrition entérale doit être réalisée en milieu hospitalier, la
 place éventuel du domicile est encore confidentielle et
 expérimentale.
Voie entérale vs voie orale

Avantages de la Nutrition entérale:
• Gain de poids
• Gain de masse maigre
• Durée d’hospitalisation
• Dépression
• Amélioration des troubles de la motricité intestinale
• Amélioration de la fonction musculaire
• Bénéfice sur les complications infectieuses

• Non prouvé: rechutes, survie
Nutrition orale vs nutrition entérale

Robb AS, et al. Supplemental noctural nasogastric refeeding for better short-term outcome in hospitalized adolescent girl with
anorexia nervosa. Am J Psychiatry 2002; 159: 1347-53.
Place et indications de la nutrition
            entérale dans les TCA

• Dans l’anorexie restrictive:
   – En cas de stagnation du poids malgré une prise en charge ambulatoire
     psychothérapeutique adaptée de plusieurs mois
   – Après échec d’une réalimentation orale en psychiatrie
   – En cas de dénutrition grave mettant en jeu le pronostic vital

• Dans l’anorexie boulimie:
   – Programme de déconditionnement des vomissements par la nutrition
     entérale exclusive.
Indications de la NE dans l’anorexie

• IMC < 11: Dénutrition extrême
• 11 < IMC < 13 +:
  –   Hypoalbuminémie  13 si stagnation pondérale
Voie d’abord:
             la Sonde naso gastrique

 Acte infirmier effectué sur
  prescription médicale.
 Sondes de petit calibre (n°6 ou n°8
  French),    en    silicone  ou   en
  polyuréthane non lestée
 Contrôle radio initial
 Sonde fixée avec un Opsite
  transparent sur la joue et au cou.
  Pas de fixation au niveau de la
  narine
 Mise en place, région antrale.
 Pas de contrôle radiologique si
  nouvelle pose (sonde bouchée etc…)
Efficacité de la nutrition artificielle
            dans l’anorexie mentale
Auteur,      Age    Poids     IMC     Prise de   Prise de   A.E.T.     Apports       Durée
 Année,     (ans)   initial             poids     poids     (kcal/j)   Nut. Art.   traitement
Nombre               (kg)              totale    par jour               (kcal/j)       (j)
de sujets                                (kg)      (g/j)
 Robb,       15      42       15,5   NA 5,4      NA 240     NA 3255      747         22,2
 2002                                C 2,4        C 110      C 2508
 NA 48
  C 52

 Silber     14,9    44,5      16     NA 10,9     NA 300     NA 4350      1100        37,9
  2004                               C3           C 80       C 3400
  NA 6
   C8

 Rigaud,     21     34,2      12,5   NA 11,4     NA 194     NA 2750      750          60
  2007                               C8           C 126      C 1903
 NA 97
  C 98

Diamanti,    15     38,5      15     NA 3,1      NA 102      NA ?      N.P.T.         30
  2008                               C 1,18       C 75      C 2078        ?
 NA 104
  C 94
Coût énergétique de la renutrition
  auteurs      année    Sujets étudiés      Caloric requirments
                                              for weight gain

 Passmore      1955         adultes             8,7 kcal / g

  Strong       1967    Adultes + surpoids     1,1 à 10 kcal / g
                       74 % à 225 % IBW
Key & Brozek   1953       Après jeûne            6 kcal / g

 Ashworth      1969     Enfants dénutris      5,3 à 8 kcal / g

  Jackson      1977     Enfants dénutris     2,3 à 9,4 kcal /g

   Russel      1962    Anorexie mentale        7,5 kcal / g

  Walker       1979    Anorexie mentale      5 à 7,4 kcal / g

  Forbes       1984    Anorexie mentale        5,3 kcal / g
Modalités de la nutrition entérale
           dans l’anorexie mentale

• Toujours dans le cadre d’un contrat d’objectifs et de moyens,
  préalablement défini avec la patiente.
• Diète polymérique standard doit être préférée à tout autre
  formule, supplémentation initiale en vitamines, O.E., phosphore.
• Début très progressif, d’autant que la dénutrition est sévère,
  après normalisation de la phosphorémie.
• La nutrition entérale peut être continue ou discontinue selon
  les modalités négociées avec la patiente.
• En association après quelques jours avec l’alimentation orale qui
  doit toujours être encouragée.
La renutrition en quelques
                  mots (maux)
• Première semaine:
perfusion garde veine type B 26 + polyvitaminothérapie, O.E.
Supplémentation en phosphore (2 ampoules de phocytan/jour)
Suppression nutrition orale
Nutrition entérale continue 10 à 15 kcal/kg/jour (meilleur tolérance
   métabolique, limite les risques d’hypoglycémie, diminue la
   thermogénèse alimentaire). A débuter après 24 à 48 H de
   perfusion
Surveillance clinico-biologique tous les jours, puis tous les 2 jours

• Semaines suivantes:
Augmentation progressive jusqu’à 30-35 kcal/kg/jour voir plus
Réintroduction de l’alimentation orale désodée jusqu’à IMC 14
Surveillance bi-hebdomadaire
L’atteinte de la fonction rénale incite à limiter les apports protéiques (à
 35 kg, la clairance de la créatinine est de 40 à 50 ml / min, Boag J. 1985)
Chez l’enfant en croissance, l’anabolisme protéique est maximum en NPT
 pour des apports de 2,5 g/kgMM/j.

Dans l’anorexie mentale, des apports protéiques à 10 ou 20 % de
 l’apport énergétique total (Forbes 1984) ne modifie pas le rendement
 de la renutrition (rétention azoté entre 2,5 et 3 g/jour et 2/3 FFM vs
 1/3 FM).

Il paraît raisonnable de fixer les apports protéiques totaux entre 1 g et
 2 g / jour sans dépasser 2,5 g /jour.

Cela peut conduire à utiliser des solutés pédiatriques à faible apports
azotés (Nutrini® ou autres à 8-12 % d’apports protéiques)
5. Le syndrome de renutrition
         inapproprié
Des dangers de la dénutrition aux
          risques de la renutrition

La renutrition peut être dangereuse car elle rompt
 l’homéostasie de l’adaptation physiologique du jeûne.

Les troubles métaboliques qui en résultent peuvent
 réaliser un syndrome de défaillance multiviscérale et
 conduire au décès.
Risque vital: dénutrition ou renutrition ?

                     Marasme extrême chez un
                     patient souffrant d’anorexie mentale

                     Poids 24 kg, Taille 160 cm
                     IMC = 9,5

                     Multiple lésions cutanées
                     par carence en vitamine C
                     Absence d’œdèmes
Nutrition entérale débutée le premier jour
 à 500 kcal/j en continu avec un mélange
     polymérique normoprotéique (15%)
J 1
      T 161 cm, poids 24 kg, IMC 9.2
      PA 90/60, pouls 70/min, temp. 35.5°C
      Pas d’ OMI, purpura membres inf.
       ROT abolis, R. idio-musculaires +
à J3
      tétraplégie progressive: ne soulève plus la main, ne
      tient plus une cuillère
      se plaint de troubles sensitifs diffus mal définis
      polypnée superficielle
      rétention d’urine
Insuffisance cardiaque:

- PA 70 / 50, OMI++
- pouls 110, galop G, RHJ
- hypophosphorémie 0,06 mmol

E.C.G.: QT=0,52, PR 0,14,
QRS nl., ondes T plates ou -

Tétraplégie progressive:
et rétention d’urine++
Le syndrome de renutrition inapproprié (SRI) ou
              Refeeding syndrome:

Les conséquences métaboliques et physiopathologiques de la
  déplétion, réplétion et transferts hydro-électrolytiques
              entre les compartiments suivants:

       Solomon SM, Kirby DF (1990) The refeeding syndrome: a review. JPEN J Parenter Enteral Nutr 14: 90-7
Manifestations cliniques du Syndrome de
          renutrition inapproprié

- insuffisance cardiaque aiguë
 insuffisance respiratoire aiguë
 atteinte neuromusculaire: paralysie aiguë aréfléxique, perte de
 sensibilité diffuse, paralysie des nerfs crâniens, paresthésie,
 faiblesse musculaire, convulsions, rhabdomyolyse, pseudo
 syndrome de Guillain et Barré
 atteinte neurologique centrale jusqu’au coma
 cytolyse hépatique et/ou insuffisance hépato-cellulaire
 ileus intestinal
- oedèmes périphériques, intolérance au remplissage vasculaire,
 états hyperosmolaires
Corriger l’hypophosphorémie
            avant la renutrition:

• C’est une urgence vitale qui impose l’hospitalisation +++

Hypophosphorémie modérée: entre 0,8 et 0,32 mmol/l
Hypophosphorémie sévère: < 0,32 mmol/l

   – Arrêt de la nutrition jusqu’à la correction des troubles
   – Si hypophosphorémie modérée: 0,08 mmol/kg IVSE en 6 heures
   (1 ampoule de phocytan) et contrôle 2 h. après
   – Si hypophosphorémie sévère: 0,16 mmol/kg IVSE à renouveler en
   fonction de la phosphorémie jusqu’à 0,5 mmol/kg
5. Le Réseau-TCA-Francilien
En Île de France

• Population de 12 millions d’habitants:
   – AM Femmes: 180 000 cas
   – AM Hommes: 19 000 cas
   – Formes subsyndromiques: 600 000 cas
• Pronostic:
   – 7 à 10 % (jusqu’à 15 %) de décès après 20 ans
   – 0,5 % de décès / année d’évolution
   – Mortalité 12 fois plus élevée que la moyenne de la population du
     même âge
Dénis des troubles et refus de soins:
      (patients et/ou soignants?)
•Face au déni de la gravité des patientes et au refus de prise
en charge par un système de plus en plus contraint (TAA…)

•Face à une offre de soins insuffisante en IdF, dispersée et
mal coordonnée:
   - Mauvaise articulation pédiatrie-médecine adulte
   - Difficultés pour prendre en charge les urgences somatiques (et
   psychiatrique)

•Face au nomadisme médical des patientes…
Avec le soutien de la

Statuts déposés à la Préfecture le 24 avril 2008
Association loi 1901
           Réseau-TCA-Francilien
                 Objectifs
• 1) Coordonner les structures de soins et de prise en
  charge des patients souffrant de TCA, et en particulier,
  favoriser l’articulation entre la prise en charge
  pédiatrique et celle de l’adulte (dans tous les aspects :
  somatique, psychiatrique et psycho-social).

• 2) Apporter une aide aux patients, à leurs familles, aux
  médecins et à l’ensemble des professionnels travaillant
  dans le domaine des TCA.
Association loi 1901
           Réseau-TCA-Francilien
                 Objectifs
• 3) Promouvoir les travaux de recherche dans les domaines
  de l’épidémiologie, de la physiopathologie, du diagnostic,
  du traitement et de la prévention des TCA.

• 4) Favoriser la communication en Ile de France et au delà,
  des actions de l’Association au bénéfice des patients, de
  leurs familles, et des équipes soignantes.
Mise à jour 27 janvier 2010
Actions de communication
                 colloques
• Le réseau TCA Francilien organise une journée de
  réflexion éthique le 2 décembre 2010 à Paris
• Renseignements et inscriptions:
                   www.reseautca-idf.org

Programme:
• Le matin : " Les chirurgies de l'obésité : quels enjeux ? "
• L'après-midi : " Troubles des conduites alimentaires et
  grossesse (PMA) : quels enjeux ? "
6. Conclusion
Gestion de la renutrition:
       l’articulation entre prise en charge
            somatique et psychiatrique
• Une alliance thérapeutique est nécessaire pour faire accepter le projet de
  renutrition.
• En cas de danger vital imminent et de refus d’hospitalisation, l’hospitalisation
  en HDT peut se discuter.
• La renutrition est longue et pose le problème de la durée de l’hospitalisation
  en service de médecine aiguë (absence d’ergothérapie, dimension
  psychologique des troubles refoulée et déniée) TAA, codage, activité etc.….
• Le relais en psychiatrie doit se préparer dés le début ou mieux en amont de
  la prise en charge somatique.
• Une unité médicale somatique spécialisée dans les grandes dénutritions a
  sa place dans le « réseau » de soins pour la prise en charge des TCA.
• Il est souhaitable de formaliser les collaborations.
Conclusion: approche
    nutritionnelle selon l’IMC
 IMC         Quelle approche                           Où ?

17 à 19       Travail sur le déni des           Ambulatoire: Méd.
           troubles, l’élaboration d’une          Généraliste et
              alliance thérapeutique            Psychothérapeute
                                                   (analytique)
15 à 17   Prise en charge psychiatrique     Ambulatoire avec élaboration
                 et nutritionnelle           d’un projet thérapeutique
                                                     structuré

13 à 15   Réalimentation orale encadrée    Hospitalisation souhaitable,
          avec objectifs d’étape à très       plutôt en psychiatrie
                  court terme                       spécialisée
11 à 13     Renutrition très prudente      Hospitalisation, plutôt en milieu
                (risque de R.S.)                        M.C.O.

 + 10      Nutrition entérale exclusive        Hospitalisation en
                     prudente               réanimation nutritionnelle
                  HDT si besoin                    spécialisée
En post scriptum…

 • En milieu psychiatrique:     • Dans le contexte de la
   La reprise pondérale peut      renutrition par voie entérale:
   être lente parce que           Le rythme de la prise de poids
   dépendante des progrès         doit être suffisant pour ne pas
   de l’alimentation orale et     prolonger au delà de l’utile
   de l’évolution                 cette thérapeutique qui éloigne
   psychologique                  du comportement alimentaire
                                  normal

S’il faut atteindre un poids normal pour guérir,
on ne guérit pas des T.C.A. pour peser un poids normal
mais pour ouvrir d’autres portes sur la vie…
Bibliographie
Les indomptables : figures de l’anorexie. Ginette Raimbault et
 Caroline Eliacheff. Poche Odile Jacob Ed.
Fasting Girls : the history of anorexia nervosa. Brinberg.
 Edition Plume
Penser, parler, représenter: émergences chez l’enfant: B.
 Golse et C. Bursztejn. Masson Ed.
Les vilains petits canards. B. Cyrulnik. O. Jacob Ed.
Les fils d’Oreste ou la question du père. Christiane Olivier.
 Flammarion Ed.
Les filles d’Eve : questions sur la sexualité féminine. Christiane
 Olivier. Denoël Ed.
Les conduits alimentaires. B. Samuel-Lajeunesse et C. Foulon.
 Masson Ed.
Vous pouvez aussi lire