Prise en charge nutritionnelle de l'anorexie mentale
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DIU européen de Nutrition clinique et métabolisme Lyon 23 mars 2011 Prise en charge nutritionnelle de l’anorexie mentale Pr. Jean-Claude Melchior, MD, PhD Unité de Nutrition Clinique - Pathologies Infectieuses Département de médecine aiguë spécialisée U.V.S.Q
Plan de l’exposé: 1. Préambule 2. Gravité, risques vitaux 3. Complications somatiques, troubles métaboliques 4. La prise en charge: place de la nutrition artificielle 5. Le syndrome de renutrition inappropriée 6. Le Réseau-TCA-Francilien 7. Conclusion
1. Préambule… • Le traitement de l’anorexie mentale n’est pas nutritionnel, il est psychiatrique. • La démarche thérapeutique doit toujours être en premier lieu analytique, comportementale, et doit définir un objectif pondéral minimum raisonnable qui doit être exigé par le psychiatre ou le psychothérapeute. • Cet objectif thérapeutique nutritionnel est l’obtention à terme d’un poids minimal qui est celui du retour des règles ou d’un IMC > 18, sans lequel aucune guérison n’est possible, ni aucune approche psychothérapeutique efficace. • Mais dans une pathologie ou déni des troubles et refus de soins se côtoient… la dénutrition et/ou les troubles métaboliques, voir des complications somatiques peuvent être au premier plan d’une situation engageant le pronostic vital • Le médecin somaticien (nutritionniste) ne peut fuir ses responsabilités, prétextant les droits du malade au refus de soins et à disposer de son corps
Mais au final Après 50 % ne une prise en charge consulteront jamais spécifique 50% Évolution 25% Intermédiaires 25% Évolution (persistance difficultés psychologiques) favorable défavorable
HAS: Repérage et Diagnostic • Enfant et adolescent: • Adulte: – Poids, alimentation, anorexie – Perte de poids > 15 % – Retard pubertaire – IMC < 18,5 – Aménorrhée primaire ou – Refus de prendre du poids secondaire > 2 ans malgré un IMC faible – Hyperactivité physique – Aménorrhée secondaire – Hyper investissement – Baisse de la libido et de intellectuel l’érection – Hyperactivité physique – Hyper investissement intellectuel – infertilité
• Maladie à fort déterminant psychologique… • Mais pronostic conditionné par le retentissement somatique.
Les risques vitaux des TCA 3 causes de décès principaux dans les TCA : Troubles métaboliques, dénutrition et suicide Suicide, complication de tout TCA qui évolue vers la chronicité. Les troubles métaboliques peuvent survenir à n’importe quel moment de l’évolution et de façon imprévisible Dénutrition et/ou ses conséquences infectieuses, risque majeur dans les formes chroniques
Anorexie mentale: mortalité Nombre de cas Durée du suivi (années) Mortalité KAY & al 1954 60 3 6 WILLIAMS 1958 42 3-21 10 DALLY 1959 140 8 12 HALMI & al 1973 79 15 (1-50) 20 MORGAN & al 1975 41 4-10 2 GARFINKEL & aI 1977 42 3 1 CANTWELL & al 1977 26 6,25 0 HSU &aL 1979 102 6 4-8 2 TOLSTRUP & al 1982 151 13 (5-23) 9 JEAMMET & al. 1984 76 >4 6 ISAGER & al 1985 151 12 (4-22) 9 HALMI & al 1990 76 10 5 DETER & al 1990 103 9 16 STROBER & al 1990 70 5-13 0
SUICIDE et TCA
Conséquences et risque vital de la dénutrition 0 TCA Morbidité infectieuse 10 Atteinte fonctionnelle 20 30 Agression jeûne 1/2 jeûne létalité +jeûne IMC ?
3. Complications somatiques, troubles métaboliques
Les risques nutritionnels et somatiques des TCA • Mort subite par troubles métaboliques –notamment chez les vomisseuses • Dénutrition chronique et ostéoporose • Infections aiguës rares mais graves ou chroniques dites « opportunistes » secondaires à l’immunodépression de la dénutrition • Décès par dénutrition
Les troubles métaboliques : une réelle urgence • C’est essentiellement l’hypokaliémie: – Secondaire aux vomissements (perte de chlore, de potassium et d’ions H +), entraînant une alcalose métabolique (CO2 total augmenté). – Risque de troubles du rythme cardiaque (torsade de pointe) mortels+++ – Peut être favorisée par l’utilisation de laxatifs et de diurétiques thiazidiques +++ • Ce peut-être l’hyponatrémie: – Secondaire à la potomanie (> 10 l/j), parfois liée aux vomissements – Peut entraîner coma et/ou convulsions • L’hypophosphorémie est grave, souvent ignorée: – Latente pendant le jeûne, elle se démasque à la renutrition +++ – Le phosphore doit toujours être dosé • L’hypoglycémie symptomatique spontanée grave +++
Ostéoporose et tassement vertébral Tassements vertébraux «en cascade» sur 4 mois chez une patiente de 40 ans
Ostéoporose: Examens complémentaires T score – 4,6 Ostéodensitométrie : Z score – 4,4 + BMD 0,37 g/cm2 • La DMO est exprimée en T score : l’écart entre la DMO du sujet et la densité normale d’une population appariée pour le sexe mais âgée de 25 à 30 ans (âge du capital osseux maximal) Z score : l’écart entre la DMO du patient et la valeur moyenne d’un collectif de personnes saines du même sexe et du même âge
Ostéoporose: Traitements Ostéodensitométrie : Chez l’adulte : Ostéoporose : T score < -2.5DS Ostéopénie : -2.5ds < T score < -1ds • Ni l’approche thérapeutique, ni la prévention de l’ostéoporose dans le cadre des TCA ne sont standardisées. Il n’existe pas de consensus sur ces traitements. – correction de la renutrition, Vitamine D + calcium – biphosphonates, forsteo (analogue PTH-like) – O.P. efficacité non prouvée
Les infections aiguës (1) • Rares, on n’y pense pas • Le plus souvent bactériennes. • Infections urinaires, pulmonaires, cutanées (érysipèle), sont les plus fréquentes. • L’évolution peut être dramatiquement brutale (pneumocoque, streptocoques). • L’absence de fièvre ne signe pas l’absence d’infection. • La crp augmentée impose l’hospitalisation +++ • Le diagnostic est difficile car ces infections sont peu fréquentes chez l’anorexique mentale.
Les infections aiguës (2) Thrombophlébite sur perfusion, IMC 10 Septicémie à Stap. doré, endocardite droite, nombreux abcès pulmonaires
Les « infections » aiguës (3) Pneumopathie communautaire hypoxémiante résistante à 3 lignes d’AB, Fibroscopie et LBA: E. Coli et Klebsielle, pas d’efficacité du traitement AB adapté
Les « infections » aiguës (4) Nouveau LBA après 4 semaines: Pneumopathie huileuse et infection à M. fortuitum et kansasii Consommation d’huile de paraffine au long cours, (RGO nocturne + vomissements), Evolution lentement favorable sous corticoïdes et AB anti mycobactéries Séquelles pulmonaires probables (CV 50%), pronostic incertain au long cours
Les infections chroniques (1) • Liées à l’immunodépression (lymphocytes < 1000 /mm3) • Infections chroniques à Mycobactéries. • Rarement tuberculose, plus souvent M. atypiques (Xenopi++, Kansasii, Avium). • Évolution lente, paucisymptomatique, absence de fièvre constante +++ • Crp souvent normale, alb + découverte fortuite ou pneumothorax. • Faire radiographie systématique dans le bilan de perte de poids récente.
Les infections chroniques (2) Avant traitement • Le TDM permet de préciser les lésions et de suivre l’évolution. • Aggravation initiale fréquente en début de traitement (syndrome inflammatoire à la renutrition, crp). • Sensibilité variable aux AB. Après 3 mois de traitement (Sensibilité à l’amiklin) • Deux ans de traitement et renutrition rapide les premiers mois (nut. entérale). • Suivi régulier imposé+++.
Autres risques liés aux autres troubles comportementaux Restriction hydrique: Insuffisance rénale Consommation excessive d ’épices Cancer de Consommation de boissons « brûlantes » l’oesophage Stockage alimentaire (syndrome du hamster) Mérycisme et régurgitations Anémies Auto-saignements Infections Auto mutilations chroniques Oublis volontaires d ’insuline chez les DID Ostéoporose
4. La prise en charge: place de la nutrition artificielle
Bilan clinique • État général • Constantes • Poids; Taille, IMC; stade pubertaire • Ex cardio-pulmonaire; ECG • Ex neurologique: motricité • Ex cutané • Ex psy
Bilan biologique • Numération • Ionogramme, glycémie • Urée, créatinine • Phosphore, calcémie • Albumine, CRP • Bilan hépatique, TP • Eventuellement: bilan martial, folates et B12
Autres examens complémentaires • Ostéodensitométrie • Radio de thorax • Échographie abdominale • Sur point d’appel: – Myélogramme – Échographie cardiaque – FOGD
Composition corporelle et dénutrition DEXA: FM 2 kg 8% MM 22 kg 92% Impédance: FM 8 kg VEC/VIC BMD 0,37 g/cm2 (5-100 kHz) 34% 0,81 MM 16 kg H2O totale 66% 27 l T score – 4,6 24 kg, 161 cm IMC 9,2 Z score – 4,4 +
Diagnostic de la dénutrition Index de Masse Corporelle (OMS) < 10 dénutrition grade V 10 à 12,9 dénutrition grade IV 13 à 14,9 dénutrition grade III 15 à 16,9 dénutrition grade II 17 à 18,4 dénutrition grade I 18,5 à 24,9 Normal 25 à 29,9 surpoids 30 à 34,9 obésité grade I 35 à 39,9 obésité grade II > 40 obésité grade III IMC = poids (kg) / taille2 (m)
Les « faux » signes de gravité liés à la dénutrition: Ils signent l’adaptation physiologique: Bradychardie < 60 / min Hypothermie 35-36 °C Lanugo Leucopénie, macrocytose Hypoglycémie asymptomatique Hypotension artérielle < 90 mmHg Abolition ROT Insuffisance rénale fonctionnelle
Crenn P, Melchior JC. Bilan somatique et critères de gravité dans l’anorexie mentale. Nutrition clinique et métabolisme 21 (2007) 155-158
Critères HAS hospitalisation enfants et adolescents IMC < 14 au-delà de 17 ans, ou IMC < 13,2 à 15 et 16 ans, ou IMC < 12,7 à 13 et 14 ans • Syndrome occlusif • Bradycardies extrêmes : pouls < 40/min quel que soit le moment de la journée • Tachycardie • Pression artérielle systolique basse (< 80 mmHg) • PA < 80/50 mmHg, hypotension orthostatique mesurée par une augmentation de la fréquence cardiaque > 20/min ou diminution de la PA > 10-20 mmHg • Ralentissement idéique et verbal, confusion • Hypothermie < 35,5°C • Hyperthermie
Critères HAS hospitalisation adultes Cliniques: Paracliniques: Importance et vitesse de Anomalies de l’ECG en dehors de la l’amaigrissement : perte de 20 % du fréquence cardiaque poids en 3 mois • Hypoglycémie symptomatique < 0,6 g/L ou • Malaises et/ou chutes ou pertes de asymptomatique si < 0,3 g/L connaissance • Cytolyse hépatique > 10 x N • Vomissements incoercibles • Hypokaliémie < 3 mEq/L • Échec de la renutrition ambulatoire • Hypophosphorémie < 0,5 mmol/L • Signes cliniques de déshydratation • Insuffisance rénale : clairance de la • IMC < 14 kg/m2 créatinine < 40 mL/min • Amyotrophie importante avec hypotonie • Natrémie : axiale < 125 mmol/L (potomanie, risque de • Hypothermie < 35 °C convulsions) • Hypotension artérielle < 90/60 mmHg >150 mmol/L (déshydratation) • Fréquence cardiaque : • Leucopénie < 1 000 /mm3 (ou neutrophiles < 500 /mm3) bradycardie sinusale FC < 40/min tachycardie de repos > 60/min si IMC < 13 kg/m2
Que retenir de ce premier regard « physiopathologique » ? • L’IMC est un bon outil en cas de marasme pur (absence d’oedèmes et albumine normale (> 35-40 g/l). • Albumine et crp doivent toujours être dosées pour écarter une pathologie organique associée ou sous jacente. • Albumine et crp normales ne doivent pas suffirent à rassurer pour l’appréciation du risque vital de la dénutrition. • Hypoalbuminémie et oedèmes doivent faire rechercher un comportement végétarien chronique, une affection organique, ou signent la décompensation de la dénutrition. • Hypoalbuminémie et oedèmes avec IMC < 15 impose l’hospitalisation pour bilan.
Prise en charge • Principes généraux: – Importance d’un médecin référent: rôle coordinateur au sein d’un réseau de soins. – Pluridisciplinaire +++ • PEC nutritionnelle • PEC psychothérapeutique • PEC comportementale: sociale et familiale…
• L’hypokaliémie chronique: Représente un vrai danger vital +++ Pas de parallélisme entre kaliémie et kalicytie (ECG) Doit être traitée même si les vomissements ne sont pas contrôlables • Supplémenter en potassium: Jusqu’à 12 g / jour (Chlorure de potassium) Petites doses d’IPP Dans les formes sévères 12,5 à 25 mg d’aldactone / j
Traitement nutritionnel ambulatoire « d’attente » • Limiter l’aggravation de la dénutrition • Gagner du temps pour construire « l’alliance thérapeutique » ou trouver une sortie… • Vitaminothérapie: vitamines du groupe B ou polyviyamines (Bevitine, benerva, alvityl) • Apport de phosphore (phosphoneuros) • Complémentation orale (proten +, clinutren HP énergie etc…) 20g protéines, 250-300 kcal
Les traitements nutritionnels dans les TCA • Repas thérapeutiques: c’est en fait une approche psycho- comportementale • Traitement des troubles métaboliques: le plus souvent IV, c’est fréquemment une urgence • Traitement de la dénutrition: l’assistance nutritionnelle • Traitement de l’ostéoporose (complication chronique la plus grave)
L’assistance nutritionnelle dans l’anorexie restrictive La nutrition parentérale n’a aucune place même en cas de vomissements. (malgré Diamanti et al., 2008) La complémentation orale n’a qu’une place limitée, le plus souvent en situation d’attente d’une hospitalisation. La nutrition entérale est la seule approche qui présente un intérêt. La nutrition entérale doit être réalisée en milieu hospitalier, la place éventuel du domicile est encore confidentielle et expérimentale.
Voie entérale vs voie orale Avantages de la Nutrition entérale: • Gain de poids • Gain de masse maigre • Durée d’hospitalisation • Dépression • Amélioration des troubles de la motricité intestinale • Amélioration de la fonction musculaire • Bénéfice sur les complications infectieuses • Non prouvé: rechutes, survie
Nutrition orale vs nutrition entérale Robb AS, et al. Supplemental noctural nasogastric refeeding for better short-term outcome in hospitalized adolescent girl with anorexia nervosa. Am J Psychiatry 2002; 159: 1347-53.
Place et indications de la nutrition entérale dans les TCA • Dans l’anorexie restrictive: – En cas de stagnation du poids malgré une prise en charge ambulatoire psychothérapeutique adaptée de plusieurs mois – Après échec d’une réalimentation orale en psychiatrie – En cas de dénutrition grave mettant en jeu le pronostic vital • Dans l’anorexie boulimie: – Programme de déconditionnement des vomissements par la nutrition entérale exclusive.
Indications de la NE dans l’anorexie • IMC < 11: Dénutrition extrême • 11 < IMC < 13 +: – Hypoalbuminémie 13 si stagnation pondérale
Voie d’abord: la Sonde naso gastrique Acte infirmier effectué sur prescription médicale. Sondes de petit calibre (n°6 ou n°8 French), en silicone ou en polyuréthane non lestée Contrôle radio initial Sonde fixée avec un Opsite transparent sur la joue et au cou. Pas de fixation au niveau de la narine Mise en place, région antrale. Pas de contrôle radiologique si nouvelle pose (sonde bouchée etc…)
Efficacité de la nutrition artificielle dans l’anorexie mentale Auteur, Age Poids IMC Prise de Prise de A.E.T. Apports Durée Année, (ans) initial poids poids (kcal/j) Nut. Art. traitement Nombre (kg) totale par jour (kcal/j) (j) de sujets (kg) (g/j) Robb, 15 42 15,5 NA 5,4 NA 240 NA 3255 747 22,2 2002 C 2,4 C 110 C 2508 NA 48 C 52 Silber 14,9 44,5 16 NA 10,9 NA 300 NA 4350 1100 37,9 2004 C3 C 80 C 3400 NA 6 C8 Rigaud, 21 34,2 12,5 NA 11,4 NA 194 NA 2750 750 60 2007 C8 C 126 C 1903 NA 97 C 98 Diamanti, 15 38,5 15 NA 3,1 NA 102 NA ? N.P.T. 30 2008 C 1,18 C 75 C 2078 ? NA 104 C 94
Coût énergétique de la renutrition auteurs année Sujets étudiés Caloric requirments for weight gain Passmore 1955 adultes 8,7 kcal / g Strong 1967 Adultes + surpoids 1,1 à 10 kcal / g 74 % à 225 % IBW Key & Brozek 1953 Après jeûne 6 kcal / g Ashworth 1969 Enfants dénutris 5,3 à 8 kcal / g Jackson 1977 Enfants dénutris 2,3 à 9,4 kcal /g Russel 1962 Anorexie mentale 7,5 kcal / g Walker 1979 Anorexie mentale 5 à 7,4 kcal / g Forbes 1984 Anorexie mentale 5,3 kcal / g
Modalités de la nutrition entérale dans l’anorexie mentale • Toujours dans le cadre d’un contrat d’objectifs et de moyens, préalablement défini avec la patiente. • Diète polymérique standard doit être préférée à tout autre formule, supplémentation initiale en vitamines, O.E., phosphore. • Début très progressif, d’autant que la dénutrition est sévère, après normalisation de la phosphorémie. • La nutrition entérale peut être continue ou discontinue selon les modalités négociées avec la patiente. • En association après quelques jours avec l’alimentation orale qui doit toujours être encouragée.
La renutrition en quelques mots (maux) • Première semaine: perfusion garde veine type B 26 + polyvitaminothérapie, O.E. Supplémentation en phosphore (2 ampoules de phocytan/jour) Suppression nutrition orale Nutrition entérale continue 10 à 15 kcal/kg/jour (meilleur tolérance métabolique, limite les risques d’hypoglycémie, diminue la thermogénèse alimentaire). A débuter après 24 à 48 H de perfusion Surveillance clinico-biologique tous les jours, puis tous les 2 jours • Semaines suivantes: Augmentation progressive jusqu’à 30-35 kcal/kg/jour voir plus Réintroduction de l’alimentation orale désodée jusqu’à IMC 14 Surveillance bi-hebdomadaire
L’atteinte de la fonction rénale incite à limiter les apports protéiques (à 35 kg, la clairance de la créatinine est de 40 à 50 ml / min, Boag J. 1985) Chez l’enfant en croissance, l’anabolisme protéique est maximum en NPT pour des apports de 2,5 g/kgMM/j. Dans l’anorexie mentale, des apports protéiques à 10 ou 20 % de l’apport énergétique total (Forbes 1984) ne modifie pas le rendement de la renutrition (rétention azoté entre 2,5 et 3 g/jour et 2/3 FFM vs 1/3 FM). Il paraît raisonnable de fixer les apports protéiques totaux entre 1 g et 2 g / jour sans dépasser 2,5 g /jour. Cela peut conduire à utiliser des solutés pédiatriques à faible apports azotés (Nutrini® ou autres à 8-12 % d’apports protéiques)
5. Le syndrome de renutrition inapproprié
Des dangers de la dénutrition aux risques de la renutrition La renutrition peut être dangereuse car elle rompt l’homéostasie de l’adaptation physiologique du jeûne. Les troubles métaboliques qui en résultent peuvent réaliser un syndrome de défaillance multiviscérale et conduire au décès.
Risque vital: dénutrition ou renutrition ? Marasme extrême chez un patient souffrant d’anorexie mentale Poids 24 kg, Taille 160 cm IMC = 9,5 Multiple lésions cutanées par carence en vitamine C Absence d’œdèmes
Nutrition entérale débutée le premier jour à 500 kcal/j en continu avec un mélange polymérique normoprotéique (15%) J 1 T 161 cm, poids 24 kg, IMC 9.2 PA 90/60, pouls 70/min, temp. 35.5°C Pas d’ OMI, purpura membres inf. ROT abolis, R. idio-musculaires + à J3 tétraplégie progressive: ne soulève plus la main, ne tient plus une cuillère se plaint de troubles sensitifs diffus mal définis polypnée superficielle rétention d’urine
Insuffisance cardiaque: - PA 70 / 50, OMI++ - pouls 110, galop G, RHJ - hypophosphorémie 0,06 mmol E.C.G.: QT=0,52, PR 0,14, QRS nl., ondes T plates ou - Tétraplégie progressive: et rétention d’urine++
Le syndrome de renutrition inapproprié (SRI) ou Refeeding syndrome: Les conséquences métaboliques et physiopathologiques de la déplétion, réplétion et transferts hydro-électrolytiques entre les compartiments suivants: Solomon SM, Kirby DF (1990) The refeeding syndrome: a review. JPEN J Parenter Enteral Nutr 14: 90-7
Manifestations cliniques du Syndrome de renutrition inapproprié - insuffisance cardiaque aiguë insuffisance respiratoire aiguë atteinte neuromusculaire: paralysie aiguë aréfléxique, perte de sensibilité diffuse, paralysie des nerfs crâniens, paresthésie, faiblesse musculaire, convulsions, rhabdomyolyse, pseudo syndrome de Guillain et Barré atteinte neurologique centrale jusqu’au coma cytolyse hépatique et/ou insuffisance hépato-cellulaire ileus intestinal - oedèmes périphériques, intolérance au remplissage vasculaire, états hyperosmolaires
Corriger l’hypophosphorémie avant la renutrition: • C’est une urgence vitale qui impose l’hospitalisation +++ Hypophosphorémie modérée: entre 0,8 et 0,32 mmol/l Hypophosphorémie sévère: < 0,32 mmol/l – Arrêt de la nutrition jusqu’à la correction des troubles – Si hypophosphorémie modérée: 0,08 mmol/kg IVSE en 6 heures (1 ampoule de phocytan) et contrôle 2 h. après – Si hypophosphorémie sévère: 0,16 mmol/kg IVSE à renouveler en fonction de la phosphorémie jusqu’à 0,5 mmol/kg
5. Le Réseau-TCA-Francilien
En Île de France • Population de 12 millions d’habitants: – AM Femmes: 180 000 cas – AM Hommes: 19 000 cas – Formes subsyndromiques: 600 000 cas • Pronostic: – 7 à 10 % (jusqu’à 15 %) de décès après 20 ans – 0,5 % de décès / année d’évolution – Mortalité 12 fois plus élevée que la moyenne de la population du même âge
Dénis des troubles et refus de soins: (patients et/ou soignants?) •Face au déni de la gravité des patientes et au refus de prise en charge par un système de plus en plus contraint (TAA…) •Face à une offre de soins insuffisante en IdF, dispersée et mal coordonnée: - Mauvaise articulation pédiatrie-médecine adulte - Difficultés pour prendre en charge les urgences somatiques (et psychiatrique) •Face au nomadisme médical des patientes…
Avec le soutien de la Statuts déposés à la Préfecture le 24 avril 2008
Association loi 1901 Réseau-TCA-Francilien Objectifs • 1) Coordonner les structures de soins et de prise en charge des patients souffrant de TCA, et en particulier, favoriser l’articulation entre la prise en charge pédiatrique et celle de l’adulte (dans tous les aspects : somatique, psychiatrique et psycho-social). • 2) Apporter une aide aux patients, à leurs familles, aux médecins et à l’ensemble des professionnels travaillant dans le domaine des TCA.
Association loi 1901 Réseau-TCA-Francilien Objectifs • 3) Promouvoir les travaux de recherche dans les domaines de l’épidémiologie, de la physiopathologie, du diagnostic, du traitement et de la prévention des TCA. • 4) Favoriser la communication en Ile de France et au delà, des actions de l’Association au bénéfice des patients, de leurs familles, et des équipes soignantes.
Mise à jour 27 janvier 2010
Actions de communication colloques • Le réseau TCA Francilien organise une journée de réflexion éthique le 2 décembre 2010 à Paris • Renseignements et inscriptions: www.reseautca-idf.org Programme: • Le matin : " Les chirurgies de l'obésité : quels enjeux ? " • L'après-midi : " Troubles des conduites alimentaires et grossesse (PMA) : quels enjeux ? "
6. Conclusion
Gestion de la renutrition: l’articulation entre prise en charge somatique et psychiatrique • Une alliance thérapeutique est nécessaire pour faire accepter le projet de renutrition. • En cas de danger vital imminent et de refus d’hospitalisation, l’hospitalisation en HDT peut se discuter. • La renutrition est longue et pose le problème de la durée de l’hospitalisation en service de médecine aiguë (absence d’ergothérapie, dimension psychologique des troubles refoulée et déniée) TAA, codage, activité etc.…. • Le relais en psychiatrie doit se préparer dés le début ou mieux en amont de la prise en charge somatique. • Une unité médicale somatique spécialisée dans les grandes dénutritions a sa place dans le « réseau » de soins pour la prise en charge des TCA. • Il est souhaitable de formaliser les collaborations.
Conclusion: approche nutritionnelle selon l’IMC IMC Quelle approche Où ? 17 à 19 Travail sur le déni des Ambulatoire: Méd. troubles, l’élaboration d’une Généraliste et alliance thérapeutique Psychothérapeute (analytique) 15 à 17 Prise en charge psychiatrique Ambulatoire avec élaboration et nutritionnelle d’un projet thérapeutique structuré 13 à 15 Réalimentation orale encadrée Hospitalisation souhaitable, avec objectifs d’étape à très plutôt en psychiatrie court terme spécialisée 11 à 13 Renutrition très prudente Hospitalisation, plutôt en milieu (risque de R.S.) M.C.O. + 10 Nutrition entérale exclusive Hospitalisation en prudente réanimation nutritionnelle HDT si besoin spécialisée
En post scriptum… • En milieu psychiatrique: • Dans le contexte de la La reprise pondérale peut renutrition par voie entérale: être lente parce que Le rythme de la prise de poids dépendante des progrès doit être suffisant pour ne pas de l’alimentation orale et prolonger au delà de l’utile de l’évolution cette thérapeutique qui éloigne psychologique du comportement alimentaire normal S’il faut atteindre un poids normal pour guérir, on ne guérit pas des T.C.A. pour peser un poids normal mais pour ouvrir d’autres portes sur la vie…
Bibliographie Les indomptables : figures de l’anorexie. Ginette Raimbault et Caroline Eliacheff. Poche Odile Jacob Ed. Fasting Girls : the history of anorexia nervosa. Brinberg. Edition Plume Penser, parler, représenter: émergences chez l’enfant: B. Golse et C. Bursztejn. Masson Ed. Les vilains petits canards. B. Cyrulnik. O. Jacob Ed. Les fils d’Oreste ou la question du père. Christiane Olivier. Flammarion Ed. Les filles d’Eve : questions sur la sexualité féminine. Christiane Olivier. Denoël Ed. Les conduits alimentaires. B. Samuel-Lajeunesse et C. Foulon. Masson Ed.
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