PROGRAMME DE COURS SUR LA CONTRE-INSURRECTION
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I. OBJECTIF DE CE DOCUMENT incapacité à résoudre les problèmes. Les opportunistes exploitent toute vacance du pouvoir. Cette situation ne Ce programme de cours sur la contre-insurrection est le débouche pas nécessairement sur une insurrection, mais fruit des efforts d’une équipe multinationale d’universitaires elle peut conduire à d’autres formes de conflit interne, civils et militaires issus de six pays (voir pages 78-80 dans notamment des contestations civiles. Si le gouvernement le programme pour la liste des universitaires). Son objectif n’est pas capable d’assurer la sécurité interne, les groupes est modeste. Il ne prétend ni être exhaustif, ni faire autorité d’opposition ont tendance à recourir à la force et à cher- en la matière. Il se veut plutôt une référence, un point de cher le soutien de la population civile, tout en discréditant départ pour les individus ou les organisations des pays l’autorité et la légitimité du gouvernement. Dans un tel cas, partenaires et des États membres de l’OTAN souhaitant le gouvernement n’est plus en mesure de prévenir ou de développer et/ou compléter leur programme d’éducation résoudre les conflits sociaux. La fragilité de ces États peut militaire professionnelle (EMP) dans le domaine de la alors déstabiliser des régions entières et affecter les intérêts contre-insurrection (COIN). mondiaux d’autres États, surtout lorsque des terroristes transnationaux sont impliqués. Ce document vise à amorcer un dialogue dans les acadé- mies/écoles de défense au sujet du type de formation qu’ils L’insurrection et la contre-insurrection contemporaines souhaitent afin de préparer leurs forces armées aux opé- constituent une mosaïque complexe faisant intervenir de rations de contre-insurrection. Il ne doit pas être adopté nombreux acteurs. Il s’agit souvent d’une « guerre de colo- au pied de la lettre, mais plutôt adapté pour répondre aux nels », dans la mesure où ce sont les commandants de bri- aspirations et besoins nationaux particuliers. Utilisé comme gades et les chefs de bataillons qui appréhendent le mieux document de référence, ce programme peut renforcer l’in- la situation locale. Une insurrection est rarement monoli- teropérabilité intellectuelle et professionnelle dans et entre thique : le plus souvent, elle prend la forme d’une coalition les pays partenaires et les États membres de l’OTAN. peu structurée de divers groupes, y compris des organisa- tions criminelles, qui poursuivent souvent des stratégies et objectifs différents. Le soutien d’acteurs étrangers, sous la II. CONTRE-INSURRECTION forme de matériel, de fonds ou de sanctuaires, est essentiel pour entretenir l’insurrection ; c’est donc ce soutien que La doctrine de l’OTAN définit la contre-insurrection les contre-insurgés doivent chercher à rendre inopérant. comme l’ensemble des mesures civiles et militaires prises pour Les forces contre-insurrectionnelles sont également variées faire échouer une insurrection et répondre aux principaux puisqu’elles intègrent généralement des agences civiles et motifs d’insatisfaction. Les insurgés cherchent à imposer militaires, autochtones et internationales. Compte tenu de ou provoquer un changement politique du pouvoir en la diversité des acteurs, la création et le maintien d’une unité place, souvent par la menace ou l’emploi de la force par dans l’effort sont difficiles mais essentiels, et exigent un des forces, des groupes ou des individus irréguliers. Les degré élevé de coopération et de coordination civilo-mili- contre-insurgés doivent non seulement mettre au point taires. Résoudre de tels conflits est une entreprise de longue des solutions à court terme pour assurer la sécurité de la haleine, qui implique souvent une forme quelconque de population concernée et modifier les comportements règlement politique. Les contre-insurgés doivent combattre perturbateurs, mais également identifier les sources d’ins- les activités insurrectionnelles et garantir la sécurité de la tabilité et d’insatisfaction alimentant l’insurrection. Les population. Parallèlement, ils doivent soutenir les autorités contre-insurgés mènent des opérations à long terme pour mises en cause en répondant aux motifs d’insatisfaction de éliminer ces sources de troubles. Leurs initiatives peuvent la population et en renforçant la légitimité du gouverne- concerner des domaines aussi divers que l’amélioration de ment contesté. La contre-insurrection est donc une forme la gouvernance, le développement de l’économie ou le réta- complexe d’opérations de sécurité visant à stabiliser une blissement de services essentiels. Elles exigent par ailleurs la région ou un pays à l’aide de tous les instruments de pou- participation des agences civiles concernées, tant autoch- voir disponibles, dans le but de créer un environnement tones qu’internationales. sûr, tout en défendant la gouvernance légitime et l’état de Dans l’environnement international actuel, les menaces droit. Il arrive souvent que de tels conflits se réduisent à et les risques de violence et d’instabilité internes émanent une lutte de légitimation, les insurgés et les contre-insurgés souvent d’États fragiles, incapables de fournir les services cherchant tous deux à gagner le soutien de la population. de base attendus par la population. Ces États sont particu- lièrement vulnérables aux actions coercitives des groupes III. STRUCTURE DU PROGRAMME armés. Cette fragilité entraîne souvent une dégradation de la sécurité et de la stabilité, résultant de l’indifférence Un programme d’études est un plan d’apprentissage spé- du gouvernement vis-à-vis de griefs spécifiques ou de son cifique, une série de cours ou de thèmes décrivant collec- 3
tivement l’enseignement, l’apprentissage et les supports IV. UTILISATION DU PROGRAMME d’évaluation disponibles pour un cursus donné. Il implique notamment de procurer aux apprenants une feuille de route Ce programme repose sur certaines hypothèses implicites. précisant les matières abordées et de leur donner une idée précise de la manière dont leur apprentissage sera organisé Premièrement, il s’inspire délibérément de la doctrine de et structuré. En règle générale, un programme comporte contre-insurrection de l’OTAN. Ceux qui adoptent ce une structure imbriquée, ce qui signifie qu’il existe un plan cadre peuvent souhaiter y inclure d’autres perspectives ; d’ensemble divisé en parties interconnectées. Certains pro- toutefois, les auteurs ont volontairement décidé d’adhérer à grammes de référence antérieurs comportaient plusieurs la doctrine OTAN puisqu’elle représente l’approche la plus phases de développement et thèmes, ce qui n’est pas le cas probable pour les utilisateurs de ce programme d’études. ici1. Ensuite, il est supposé que les institutions adoptant ce pro- Ce programme de référence général sur la contre-insur- gramme de référence feront appel à une équipe spécialisée rection est organisé et structuré suivant un objectif précis. dans la contre-insurrection et y consacreront le temps et Il a été conçu pour servir de modèle à une formation les ressources nécessaires pour développer un appren- unique sur le thème de la contre-insurrection. Il est pos- tissage adapté au public cible. Il est possible d’adapter le sible d’organiser plusieurs formations distinctes, adaptées programme à différents niveaux d’expérience ou de for- aux besoins d’apprentissage des différents types de public. mation militaire ; il est cependant recommandé de suivre Toutefois, l’objectif principal est d’utiliser ce programme la structure globale, indépendamment du niveau. En ce pour former le personnel aux concepts élémentaires de la qui concerne le développement de stages de formation contre-insurrection. Le programme est organisé en 7 blocs plus spécifiques fondés sur ce programme de référence, il alignés sur la doctrine de contre-insurrection de l’OTAN est suggéré aux auteurs de ces stages locaux de prendre en (voir la table des matières). Ces blocs sont eux-mêmes considération le temps et les ressources disponibles, la for- divisés en modules (leçons), pour tenir compte de la néces- mation et les connaissances préalables des apprenants ainsi sité d’étaler l’apprentissage sur une période plus ou moins que la fonction qu’ils seront supposés remplir à l’issue du longue. Chaque module propose des objectifs d’appren- stage. tissage recommandés, qui sont à leur tour liés aux acquis Enfin, chaque bloc s’accompagne d’une courte recom- généraux du bloc. mandation quant aux méthodes d’apprentissage et d’éva- Le document inclut des vignettes qui illustrent certains luation préconisées. Toutefois, il est important que les concepts clés et font référence à des études de cas précises, auteurs des stages de formation optent pour les méthodes pouvant être utilisées dans le cadre du bloc ou du module. qui conviennent le mieux au public, aux ressources dispo- Le programme contient par ailleurs deux annexes propo- nibles et aux objectifs particuliers du stage. Il est possible sant des informations supplémentaires à l’intention des que des méthodes autres que celles conseillées ici soient enseignants. L’annexe A propose un contenu inédit, déve- mieux adaptées au contexte spécifique de l’apprentissage loppé spécialement par les rédacteurs pour ce programme. ou de l’évaluation. L’annexe B comprend un exemple d’exercice et des ques- tions pouvant servir d’évaluation finale. 4 1 Reportez-vous au document des programmes de référence précédents pour exemple.
TABLE DES MATIÈRES Bloc 1: Insurrection Module 1.1 Définition de l’insurrection Module 1.2 Conditions préalables à une insurrection Module 1.3 Dynamiques de l’insurrection Module 1.4 Stratégies des insurgés Module 1.5 Vulnérabilités des insurgés Module 1.6 Activités entreprises par les insurgés pour atteindre leurs objectifs Bloc 2: Principes et paradoxes de la contre-insurrection Module 2.1 Contre-insurrection centrée sur la population et centrée sur l’ennemi Module 2.2 Principes de la contre-insurrection de l’OTAN Module 2.3 Paradoxes de la contre-insurrection Bloc 3: Environnement des opérations Module 3.1 Éléments d’un État stable Module 3.2 Éléments d’instabilité d’un État Module 3.3 Composants et analyse de l’environnement des opérations Bloc 4: Préparation de l’environnement par le renseignement Module 4.1 Nature unique du renseignement dans la contre-insurrection Module 4.2 Considérations civiles et facteurs socio-culturels Module 4.3 Analyse des réseaux Module 4.4 Évaluation de la menace Module 4.5 Identification et intégration des sources de renseignement Bloc 5: Conception et planification opérationnelles Module 5.1 Conception opérationnelle Module 5.2 Introduction à la planification de la contre-insurrection au niveau opératif Bloc 6: Mise en application complète Module 6.1 L’approche opérationnelle Nettoyer-Tenir-Construire Module 6.2 Considérations concernant l’appui militaire de l’approche Nettoyer-Tenir-Construire Module 6.3 Objectifs militaires Module 6.4 Tâches militaires de la COIN Bloc 7: Évaluation de la contre-insurrection Module 7.1 Définition de l’évaluation Module 7.2 Évaluation des opérations de contre-insurrection : Facteurs militaires Module 7.3 Évaluation des opérations de contre-insurrection : Facteurs non militaires Annexe A – Questions clés d’évaluation de la contre-insurrection Annexe B – Options d’exercices d’évaluation finale Annexe C – Exemple d’exercice d’évaluation d’une étude de cas Abréviations Membres de l’équipe d’élaboration du programme et conseillers 5
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Bloc 1 Insurrection Les apprenants doivent être évalués sur la base de leur parti- cipation aux activités en classe, notamment les discussions Description et les débats suivis par des travaux écrits, des exposés sur les études de cas ou des tests de connaissance. Les insurrections sont des conflits politico-militaires com- plexes qui doivent être soigneusement analysés pour être Références bien compris et neutralisés. Sans une parfaite compréhen- sion de ce que représente une insurrection, il est difficile Publication interalliée interarmées 3.4.4 Doctrine alliée inte- pour toute force externe cherchant à apporter son soutien rarmées relative à la Contre-insurrection (COIN), Édition A de concevoir et de mettre en œuvre une stratégie COIN Version 1, juillet 2016. http://nso.nato.int/nso/zPublic/ap/ efficace. Pour bien comprendre une insurrection dans un AJP-3.4.4%20EDA%20V1%20E.pdf contexte opérationnel donné, il est essentiel de pouvoir analyser les conditions, les motivations et les caractéris- Casebook on Insurgency and Revolutionary Warfare, Volume tiques de ce type de conflit politico-militaire. L’analyse doit I Revised Edition, United States Army Special Operations prendre en compte les éléments suivants : la dynamique Command, 2013. https://fas.org/irp/agency/army/ d’une insurrection ; les méthodes et les objectifs stratégiques casebookv1.pdf des insurgés ; les instruments politiques, idéologiques, sociaux et militaires utilisés pour atteindre les objectifs ; Casebook on Insurgency and Revolutionary Warfare, Volume ainsi que les vulnérabilités ou faiblesses potentielles suscep- II, United States Army Special Operations Command, tibles d’être exploitées par les forces cherchant à la contrer. 2013. https://fas.org/irp/agency/army/casebookv2.pdf Cette analyse doit également fournir des informations sur FM 3-24 / MCWP 3-33.5, Insurgencies and Countering les vulnérabilités potentielles de l’insurrection susceptibles Insurgencies, Department of the Army, Washington, D.C., d’être transformées en actions et activités de contre-insur- 2014. https://fas.org/irp/doddir/army/fm3-24.pdf rection par le gouvernement d’un pays hôte et les parte- naires externes qui le soutiennent pour vaincre les insurgés. GALULA David, Contre-insurrection – Théorie et pratique, Pour ce bloc, les auteurs proposent différentes vignettes Economica, Paris, 2008. illustrant l’insurrection malaisienne (1948-1960), égale- ment appelée l’État d’urgence en Malaisie, pour aider à Guide to the Analysis of Insurgencies, U.S. Government, comprendre la nature d’une insurrection. L’État d’urgence 2012. https://www.hsdl.org/?view&did=713599 en Malaisie est abordé plus en détail comme étude de cas de la contre-insurrection dans les annexes B et C. KOMER Robert, The Malayan Emergency in Retros- pect: Organisation of a Successful Counterinsurgency Effort Acquis d’apprentissage (R-957-ARPA), Rand Corporation, 1972. https://www. 1) Définir l’insurrection rand.org/content/dam/rand/pubs/reports/2005/R957.pdf 2) Décrire la nature d’une insurrection O’NEILL Bard, Insurgency and Terrorism: From Revolution 3) Décrire les motifs d’insatisfaction potentiels et les to Apocalypse, 2e édition révisée, Potomac Books, Dulles, conditions préalables d’une insurrection 2005. 4) Fournir des exemples des 9 dynamiques d’une STUBBS Richard, Hearts and Minds in Guerrilla Warfare: insurrection et de leurs sous-composants The Malayan Emergency, 1948-1960, Oxford University 5) Décrire les stratégies des insurgés Press, Londres, 1989. 6) Décrire les principales activités utilisées pour atteindre les objectifs de l’insurrection THOMPSON Robert, Defeating Communist Insurgency: The Lesson of Malaya and Vietnam, F. A. Praeger, New York, 7) Expliquer les vulnérabilités potentielles des mouve- 1966. ments insurrectionnels Méthode d’apprentissage et évaluation Les méthodes d’enseignement/apprentissage peuvent inclure des interventions par des experts, des séminaires, des discussions, des débats, des études de cas, des lectures et des simulations en classe. 7
Module 1.1 Définition de l’insurrection GALULA David, Contre-insurrection - Théorie et pratique, Economica, Paris, 2008, chapitre 1. Description O’NEILL Bard, Insurgency and Terrorism: From Revolution Pour comprendre cette forme de conflit politico-mili- to Apocalypse, 2e édition révisée, Potomac Books, Dulles, taire complexe, la première étape importante consiste à 2005, chapitre 2. connaître les divers éléments qui définissent le concept d’insurrection. Pour déterminer si un conflit est une insur- rection, il est essentiel d’en analyser les éléments. La doc- Un cas d’insurrection classique : trine COIN de l’OTAN définit l’insurrection comme les « la Malaisie (1948-1960) activités d’un groupe ou d’un mouvement organisé, sou- (Cette partie de la vignette illustre la nature, la défi- vent idéologiquement motivé, cherchant à provoquer ou nition et les principaux sous-éléments d’une insur- empêcher le changement politique ou à renverser l’autorité rection.) gouvernant un pays ou une région, et axées sur la persua- sion ou la contrainte envers la population par l’utilisation Au cours de l’été 1948, après trois années pendant les- de la violence et de la subversion ». Selon cette définition, quelles l’activité criminelle et les attaques terroristes de une insurrection doit, au minimum, inclure trois éléments petite envergure se sont intensifiées, le niveau d’activités : (1) les activités ou actions d’un groupe organisé ; (2) l’ob- antigouvernementales et de violence organisée à l’en- jectif d’un changement politique par rapport au pouvoir contre du gouvernement était tel qu’il constituait une en place ; et (3) le recours à la violence ou à des activités révolte contre l’autorité britannique et le plan proposé subversives. Ces trois composants sont indispensables pour de transition vers l’indépendance de la Malaisie, alors pouvoir qualifier un conflit d’insurrection. colonie britannique. Le Parti communiste de Malaisie (PCM), sa branche armée l’Armée de libération des Objectifs d’apprentissage peuples de Malaisie (ALPM) et un réseau de sympathi- sants civils dénommé Min Yuen (« mouvement popu- 1) Définir l’insurrection laire ») se sont unis dans un soulèvement contre l’auto- 2) Analyser les trois éléments subordonnés décrits dans la rité coloniale en place. Le PCM et sa branche armée, définition de l’insurrection essentiellement soutenus par la population d’origine chinoise, avaient acquis une précieuse expérience lors 3) Décrire la nature de l’insurrection en tant que forme des opérations de guérilla menées par les combattants particulière de guerre malaisiens contre les forces d’occupation japonaises au Pistes à explorer cours de la Seconde Guerre mondiale. Après 1945, cette minorité s’est sentie de plus en plus marginalisée alors a) Quels sont les sous-éléments clés dans la définition que la Malaisie progressait vers la souveraineté promise. de l’insurrection ? Le plus fort de la lutte armée conduite par des bataillons b) Outre celle établie par l’OTAN (ci-dessus), existe- ou régiments de la guérilla a eu lieu en 1952 et 1953, t-il d’autres définitions de l’insurrection ? Ces défi- lorsque des unités du Royaume-Uni et des pays du Com- nitions comportent-elles des éléments supplémen- monwealth britannique ont été déployés en Malaisie taires ou différents ? pour réprimer la montée de la violence et soutenir les c) Comparez un conflit conventionnel à une insur- unités militaires et paramilitaires malaisiennes locales dans leurs actions de contre-insurrection. rection. Quelles en sont les différences et les simili- tudes ? En 1957, l’insurrection était sous contrôle et une Fédé- ration de Malaisie indé- Références/lectures pendante était en place. Par contre, les idéologues Publication interalliée interarmées 3.4.4 Doctrine alliée inte- communistes ont continué rarmées relative à la Contre-insurrection (COIN), Édition A à mener, à une échelle plus Version 1, juillet 2016. http://nso.nato.int/nso/zPublic/ap/ limitée, des activités insur- AJP-3.4.4%20EDA%20V1%20E.pdf. rectionnelles et des attaques Casebook on Insurgency and Revolutionary Warfare, Volume I terroristes jusqu’en 1960. Revised Edition, Section I Southeast Asia « The Revolution Policiers malaisiens en in Malaya, 1948-1957 », United States Army Special Ope- patrouille dans une rivière de la jungle de Temenggor rations Command, 2013. https://fas.org/irp/agency/army/ en Malaisie du Nord. casebookv1.pdf 8
Module 1.2 Conditions préalables à une insurrection O’NEILL Bard, Insurgency and Terrorism: From Revolution to Apocalypse, 2e édition révisée, Potomac Books, Dulles, Description 2005, chapitre 2. Un État fonctionnel a le monopole de l’emploi légitime de la force sur son territoire. La remise en cause de cette prérogative par d’autres forces au sein du pays constitue Conditions préalables à l’insurrection donc une situation exceptionnelle. Par conséquent, il est en Malaisie nécessaire d’examiner certains facteurs communs suscep- (Cette partie de la vignette illustre les trois éléments tibles d’entraîner la montée d’une opposition organisée d’une insurrection.) et violente contre l’autorité en place. Il existe plusieurs Des griefs et le terrain propice à une insurrection étaient motifs d’insatisfaction importants, dont ceux de nature clairement présents en Malaisie à la fin des années 1940. identitaire, religieuse et économique (pour n’en nommer Bien que représentant 40 % de la population du pays, que trois), capables de donner naissance à un mouvement l’ethnie chinoise se voyait systématiquement privée d’une insurrectionnel. Toutefois, ces griefs seuls ne suffisent pas voix politique dans le gouvernement national émergent à provoquer un soulèvement. Trois prérequis sont indis- par les élites malaises, ethnie majoritaire, en dépit des pensables à la création et au maintien d’une insurrection tentatives de l’administration britannique de former un : (1) une population vulnérable, (2) l’orientation du com- gouvernement plus représentatif. Les fractures sociales mandement et (3) le manque de contrôle gouvernemental. et culturelles entre les communautés chinoise et malaise Une perception partagée des motifs d’insatisfaction alliée étaient encore aggravées par leurs différences religieuses à l’existence des autres trois prérequis peuvent créer les (l’islam contre les traditions bouddhistes, taoïstes et conditions nécessaires à l’émergence et à la montée en puis- confucianistes des Chinois), mais aussi par la mainmise sance d’une insurrection. chinoise sur des secteurs clés de l’économie intérieure. Les Chinois eux-mêmes étaient divisés idéologiquement dans Objectifs d’apprentissage leur soutien respectif au gouvernement nationaliste et au 1) Examiner les motifs d’insatisfaction communs au sein gouvernement communiste établis en 1949 en Chine d’une population ou d’une société, de nature à favo- continentale et à Taïwan. La discrimination envers les riser l’émergence d’une insurrection Chinois par la majorité malaise, qui détenait un pou- voir politique plus grand en vertu des conditions de l’in- 2) Décrire les trois prérequis d’une insurrection dépendance fixée par la Grande-Bretagne, a contribué à l’émergence de motifs d’insatisfaction spécifiques au sein Pistes à explorer d’une population vulnérable, peu intégrée à la société a) Quels motifs d’insatisfaction ont contribué au déclen- malaisienne et menacée d’expulsion vers la Chine. chement d’insurrections récentes ou actuelles ? Le PCM et l’Armée Anti-japonaise des Peuples Malais b) Identifiez les caractéristiques d’une population vulné- (MPAJA), dirigée par des communistes, avaient colla- rable dans une insurrection récente ou actuelle. boré avec les Britanniques au cours de la Seconde Guerre mondiale et mis en place une organisation politique c) Évoquez divers chefs d’insurrections passées ou pré- viable, avec un cadre de commandement fort. Cette sentes et expliquez pourquoi ils ont été efficaces. organisation politique a favorisé la montée du mouve- d) Identifiez les caractéristiques d’un gouvernement ment insurrectionnel d’après-guerre parmi la population faible ou inefficace. chinoise dans la période de troubles sociaux et politiques qui a accompagné l’émancipation du pouvoir colonial. Références/lectures Publication interalliée interarmées 3.4.4 Doctrine alliée inte- rarmées relative à la Contre-insurrection (COIN), Édition A Version 1, juillet 2016. http://nso.nato.int/nso/zPublic/ap/ AJP-3.4.4%20EDA%20V1%20E.pdf. Casebook on Insurgency and Revolutionary Warfare, Volume I Revised Edition, Section I Southeast Asia « The Revolution in Malaya, 1948-1957 », United States Army Special Ope- Transport de travailleurs vers une plantation d’hévéas rations Command, 2013. https://fas.org/irp/agency/army/ sous la garde de policiers spéciaux en Malaisie. casebookv1.pdf 9
Module 1.3 Dynamiques de l’insurrection g) Examinez et commentez les divers types de soutiens externes auxquels pourraient avoir accès un groupe Description d’insurgés. Chaque insurrection est unique. Cela étant, les insurrec- h) Étudiez les différentes sources de soutiens externes tions partagent certaines caractéristiques communes, appe- dont peut disposer une insurrection. lées « dynamiques » dans la doctrine COIN de l’OTAN. Il i) Définissez des phases d’une insurrection et expliquez est essentiel de comprendre et de pouvoir évaluer ces dyna- pourquoi il est essentiel de comprendre son déroule- miques particulières pour créer une stratégie de contre- ment et son ancrage dans le temps pour organiser la insurrection. Pour la plupart, ces dynamiques ne relèvent contre-insurrection du gouvernement. pas des variables militaires classiques, qui seraient analysées dans le cadre d’un ordre de bataille ennemi. Elles sont plutôt j) Quels sont les six types d’éléments qui déterminent de nature sociale, économique, politique, idéologique et l’appartenance à un groupe insurrectionnel ? imprévisible. La liste ci-dessous, sans être exhaustive, relève k) Identifiez les cinq domaines fonctionnels essentiels aux les principales caractéristiques d’une insurrection : activités opérationnelles d’un groupe d’insurgés. 1) Idéologie Références/lectures 2) Cause et message des insurgés Publication interalliée interarmées 3.4.4 Doctrine alliée inte- 3) Soutien interne rarmées relative à la Contre-insurrection (COIN), Édition A 4) Objectif Version 1, juillet 2016. http://nso.nato.int/nso/zPublic/ap/ AJP-3.4.4%20EDA%20V1%20E.pdf. 5) Commandement 6) Environnement et géographie Casebook on Insurgency and Revolutionary Warfare, Volume I Revised Edition, Section I Southeast Asia « The Revolution 7) Soutien externe in Malaya, 1948-1957 », United States Army Special Ope- 8) Déroulement et ancrage dans le temps rations Command, 2013. https://fas.org/irp/agency/army/ casebookv1.pdf 9) Dispositifs organisationnels et opérationnels O’NEILL Bard, Insurgency and Terrorism: From Revolution Objectifs d’apprentissage to Apocalypse, 2e édition révisée, Potomac Books, Dulles, 2005, chapitres 2 et 3. 1) Décrire les neuf dynamiques d’une insurrection 2) Expliquer l’importance cruciale de ces dynamiques dans l’émergence d’une insurrection 3) Analyser l’influence de ces dynamiques sur le succès ou l’échec de l’insurrection Pistes à explorer a) Quel est le rôle joué par l’idéologie dans une insurrec- tion ? b) Quelle est l’importance de la cause dans une insurrec- tion ? c) Discutez des différents niveaux et types de soutien populaire interne. d) Quel rôle jouent les objectifs dans une insurrection ? e) Qu’est-ce qui fait le charisme du chef d’une insurrec- tion ? Citez quelques chefs d’insurrection célèbres. f ) Quelles caractéristiques géographiques et environne- mentales jouent en faveur des insurgés, de manière générale ? 10
Dynamiques de l’insurrection en Malaisie limitées, notamment en termes de financement, d’armes et d’équipements militaires ; elle leur a néanmoins apporté un (Cette analyse de « l’État d’urgence » en Malaisie pro- soutien idéologique, moral et psychologique important lors pose des exemples des principales dynamiques d’une de cette « guerre de libération nationale ». L’insurrection insurrection.) devait se dérouler en trois phases : (1) affaiblir les forces bri- Le facteur idéologique déterminant associé aux insurgés tanniques et leurs alliés ; (2) repousser les forces de contre- en Malaisie était le communisme. La première cause de insurrection dans les zones urbaines ; et (3) étendre les bases mobilisation des insurgés, en majorité issus de l’ethnie de la guérilla et multiplier le recrutement d’insurgés pour chinoise, était l’affranchissement d’une puissance coloniale faciliter la prise de contrôle totale de la Malaisie. Le modèle et l’attente d’un rôle plus important dans le nouveau gou- d’organisation et d’opérations reposait sur des actions de vernement. La majorité des Chinois et le réseau de sympa- guérilla menées par des unités dont les rangs ne cessaient thisants civils, le Min Yuen, étaient partisans de cette cause. de grossir. Au fil du temps, ces unités ont bénéficié d’effectifs Le mouvement insurrectionnel incluait aussi une partie toujours plus importants. Elles ont ainsi pu mener des opé- de la minorité indienne. Son objectif était l’établissement rations telles que des raids et des actes de sabotage de petite d’une forme de gouvernement non dominée par les élites envergure, des destruction d’entreprises (dont des planta- de l’ethnie majoritaire malaise, à laquelle ils pourraient tions d’hévéas), des actes de terrorisme pour effrayer les tra- pleinement participer. Les chefs de l’insurrection ont émergé vailleurs ou encore des attaques contre des unités militaires dans les années 1930 lorsque les Chinois établis en Malaisie britanniques et malaisiennes. ont organisé des factions politiques et des mouvements syn- dicalistes. Ce mouvement a pris de l’ampleur et est devenu plus organisé lors de la guerre avec le Japon, paradoxale- ment avec l’aide du gouvernement et de l’armée britan- niques. La jungle malaisienne offrait un sanctuaire naturel aux groupes de guérilla du pays. La frontière commune avec la Thaïlande a permis aux insurgés de bénéficier d’un sanctuaire externe jusqu’à ce que les forces thaïlandaises et malaisiennes commencent à coopérer dans le cadre d’opé- rations de contre-guérilla. La nouvelle République popu- Policiers interrogeant un vieux Malaisien susceptible de détenir laire de Chine leur fournissait des ressources externes très des informations sur les bandits communistes dans la région. 11
Module 1.4 Stratégies des insurgés Références/lectures Description Publication interalliée interarmées 3.4.4 Doctrine alliée inte- rarmées relative à la Contre-insurrection (COIN), Édition A Les groupes d’insurgés peuvent recourir à diverses approches Version 1, juillet 2016. http://nso.nato.int/nso/zPublic/ap/ pour s’adapter aux circonstances fluctuantes de l’environ- AJP-3.4.4%20EDA%20V1%20E.pdf nement des opérations ou aux changements dans la stra- tégie de contre-insurrection du gouvernement. Plusieurs de Casebook on Insurgency and Revolutionary Warfare, Volume I ces stratégies ou modèles observés par le passé sont toujours Revised Edition, Section I Southeast Asia « The Revolution utilisés par les groupes insurrectionnels à l’heure actuelle. in Malaya, 1948-1957 », United States Army Special Ope- Bard O’Neill définit la stratégie comme l’utilisation sys- rations Command, 2013. https://fas.org/irp/agency/army/ tématique, intégrée et orchestrée de divers instruments casebookv1.pdf de pouvoir (diplomatique, informationnel, économique et militaire) pour atteindre les objectifs fixés. L’emploi de O’NEILL Bard, Insurgency and Terrorism: From Revolution ces stratégies, aussi imparfaites et improvisées soient-elles, to Apocalypse, 2e édition révisée, Potomac Books, Dulles, offre au commandement du mouvement insurrectionnel 2005, chapitre 3. un modèle global que ses membres peuvent suivre. Il s’agit des six modèles stratégiques suivants : 1) Subversif 2) Axé sur les actions militaires Stratégies insurrectionnelle en Malaisie 3) Urbain (Cet exemple illustre l’une des stratégies, en l’occur- 4) Populaire de longue durée rence la stratégie populaire de longue durée employée 5) Identitaire en Malaisie.) 6) Mixte Ce conflit politico-militaire est un exemple classique de lutte communiste prolongée, emmenée par le PCM et Objectif d’apprentissage organisée en plusieurs phases sur une longue période. La stratégie insurrectionnelle consistait à miner les forces 1) Décrire les six modèles stratégiques d’insurrection ennemies (l’armée britannique et ses alliés), en les ren- 2) Expliquer les principaux facteurs définissant ces diffé- dant vulnérables à une défaite militaire ou en les affai- rents modèles blissant suffisamment pour les pousser à abandonner leurs alliés malaisiens ou à négocier un règlement du 3) Comparer et souligner les différences majeures entre conflit. Dans ce cas précis, même après plus de dix ans, ces modèles les forces de la guérilla ont été incapables de mener les forces de contre-insurrection à la défaite ou de gagner Pistes à explorer une légitimité politique. Le mouvement insurrectionnel a) Décrivez l’approche utilisée dans une stratégie insur- n’a pas pu surmonter ses faiblesses et ses vulnérabilités. rectionnelle subversive. b) Quel rôle les forces armées conventionnelles jouent- elles dans la mise en œuvre d’une approche militaire ? c) Quel rôle joue le terrorisme dans le modèle urbain ? d) Discutez des trois phases du modèle de guerre popu- laire de longue durée ? e) Pourquoi l’approche identitaire est-elle plus courante dans l’environnement de sécurité actuel ? f ) Discutez des raisons pour lesquelles les chefs du mou- Gardes indigènes de la tribu Senoi au Fort Kemar, chargés de vement insurrectionnel peuvent changer de stratégie protéger la population locale contre les raids des guérilleros ou adopter plusieurs types de stratégies au fil du temps. communistes. 12
Module 1.5 Vulnérabilités des insurgés Casebook on Insurgency and Revolutionary Warfare, Volume I Revised Edition, Section I Southeast Asia « The Revolution Description in Malaya, 1948-1957 », United States Army Special Ope- Les succès passés des insurrections et les exemples actuels rations Command, 2013. https://fas.org/irp/agency/army/ attestent de la difficulté de contrer ce type de conflit. Cer- casebookv1.pdf taines insurrections sont vaincues, tandis que d’autres GALULA David, Contre-insurrection - Théorie et pratique, aboutissent à des négociations internationales lorsque les Economica, Paris, 2008, chapitre 7. groupes insurrectionnels deviennent partie intégrante du processus politique normal. Dans les cas où les insurrec- O’NEILL Bard, Insurgency and Terrorism: From Revolution tions ont échoué, les forces de contre-insurrection ont été to Apocalypse, 2e édition révisée, Potomac Books, Dulles, capables d’exploiter une partie ou l’ensemble des vulnéra- 2005, chapitre 8. bilités communes aux insurrections : 1) Sécurité et clandestinité 2) Décentralisation Vulnérabilités des insurgés en Malaisie 3) Incohérence du message insurrectionnel (Cette vignette illustre certaines vulnérabilités de 4) Propagande insurrectionnelle l’insurrection.) 5) Nécessité d’établir une base d’opérations (sanctuaire) L’insurrection en Malaisie a été menée ou soutenue par environ un tiers de la minorité chinoise. La popula- 6) Dépendance vis-à-vis d’un soutien interne et externe tion d’origine chinoise restée loyale au gouvernement ou 7) Vulnérabilité économique ou financière convaincue de changer de camp était suffisamment nom- 8) Division interne ou commandement divisé en factions breuse pour permettre une infiltration relativement aisée du mouvement insurrectionnel par les forces de contre- Objectif d’apprentissage insurrection. Le PCM ne bénéficiait pratiquement d’aucun soutien externe et les sources internes étaient 1) Décrire les vulnérabilités des insurgés isolées. Cet isolement fut particulièrement marqué 2) Expliquer les difficultés pour les contre-insurgés de lorsque le programme des « nouveaux villages » a été mis s’attaquer à ces vulnérabilités en œuvre pour améliorer la vie de la population rurale chinoise. Une autre vulnérabilité de l’insurrection rési- Pistes à explorer dait dans l’incohérence de son message. En effet, une fois a) Expliquez pourquoi il est difficile pour un mouvement que la Malaisie a acquis son indépendance, la rhéto- insurrectionnel de rester secret et de mener des acti- rique anticolonialiste des communistes a perdu de son vités de soutien et de recrutement majeures. efficacité. Du point de vue militaire, les insurgés ont b) Identifiez certaines méthodes visant à isoler les insurgés éprouvé des difficultés à recruter des partisans et à éta- de la population. blir des sanctuaires dans la jungle en raison de la diffi- culté d’approvisionnement et des attaques aériennes et c) Décrivez les problèmes potentiels de commandement terrestres dont ils étaient la cible. Par ailleurs, le mou- et contrôle des insurgés. vement a connu très tôt des problèmes de leadership, au d) Qu’est-ce qu’un message ? (parfois appelé « narratif ») moment du remplacement de Laï Tek, en réalité un agent e) Quel est le rôle joué par la propagande dans une insur- infiltré, par Chin Peng. Laï Tek a fui en emportant avec rection ? lui avec les fonds du PCM, f ) Quelle est l’importance d’un sanctuaire sécurisé et sûr ce qui a encore aggravé les pour les opérations insurrectionnelles ? difficultés financières du mouvement. En dépit de ces g) Discutez de l’importance d’un soutien externe. vulnérabilités, le PCM a pu h) Comment les insurrections sont-elles financées ? continuer la lutte insurrec- i) L’élimination des cadres dirigeants d’une insurrection tionnelle pendant plus d’une est-elle une stratégie COIN viable ? décennie. Références/lectures Publication interalliée interarmées 3.4.4 Doctrine alliée inte- Deux terroristes communistes présumés, après leur capture rarmées relative à la Contre-insurrection (COIN), Édition A par une patrouille de police Version 1, juillet 2016. http://nso.nato.int/nso/zPublic/ap/ malaisienne dans la jungle. AJP-3.4.4%20EDA%20V1%20E.pdf 13
Module 1.6 Activités entreprises par les insurgés e) Décrivez comment les groupes d’insurgés peuvent pour atteindre leurs objectifs s’internationaliser. Description Références/lectures Même si les insurrections peuvent paraître difficiles à com- Publication interalliée interarmées 3.4.4 Doctrine alliée inte- battre et à juguler, l’utilisation des stratégies appropriées, la rarmées relative à la Contre-insurrection (COIN), Édition A détermination et les réformes locales permettent d’en venir Version 1, juillet 2016. http://nso.nato.int/nso/zPublic/ap/ à bout. Le mouvement contre-insurrectionnel doit neu- AJP-3.4.4%20EDA%20V1%20E.pdf traliser les principales activités employées par les insurgés. En règle générale, les insurgés ont recours à plusieurs types Casebook on Insurgency and Revolutionary Warfare, Volume I d’activités principales : celles-ci doivent être au centre de Revised Edition, Section I Southeast Asia « The Revolution toute stratégie contre-insurrectionnel. Parmi ces activités, in Malaya, 1948-1957 », United States Army Special Ope- citons : rations Command, 2013. https://fas.org/irp/agency/army/ casebookv1.pdf 1) les activités non violentes (boycotts, manifesta- tions, occupation de bâtiments officiels) ; Casebook on Insurgency and Revolutionary Warfare, Volume II, United States Army Special Operations Command, 2) les activités violentes (actions des branches armées, 2013. https://fas.org/irp/agency/army/casebookv2.pdf terrorisme et kidnappings) ; (Bibliographie de l’étude de cas sur la Malaisie) 3) la propagande à l’échelon national et interna- tional; GALULA David, Contre-insurrection - Théorie et pratique, Economica, Paris, 2008, chapitre 7. 4) l’assistance sociale ; KOMER Robert, The Malayan Emergency in Retros- 5) l’activisme politique ; pect: Organisation of a Successful Counterinsurgency Effort 6) les relations avec les groupes insurgés d’autres (R-957-ARPA), Rand Corporation, 1972. https://www. pays. rand.org/content/dam/rand/pubs/reports/2005/R957.pdf Objectif d’apprentissage O’NEILL Bard, Insurgency and Terrorism: From Revolution to Apocalypse, 2e édition révisée, Potomac Books, Dulles, 1) Décrire les principales activités des insurgés pour 2005, chapitre 8. atteindre leurs objectifs STUBBS Richard, Hearts and Minds in Guerrilla Warfare: 2) Expliquer les avantages et les inconvénients des acti- The Malayan Emergency, 1948-1960, Oxford University vités violentes déployées par les insurgés Press, Londres, 1989. 3) Expliquer de quelle façon l’activisme politique et l’as- sistance sociale aident le mouvement insurrectionnel THOMPSON Robert, Defeating Communist Insurgency: The Lesson of Malaya and Vietnam, F. A. Praeger, New York, 4) Décrire de quelle façon la propagande et la coopé- 1966. ration entre les réseaux d’insurgés et les principaux acteurs internationaux aident les insurgés Pistes à explorer a) Comment les groupes d’insurgés emploient-ils la vio- lence pour atteindre leurs objectifs ? b) Quel est le rôle joué par la propagande dans une insur- rection ? c) Identifiez plusieurs formes d’assistance sociale aux- quelles les insurgés peuvent avoir recours pour gagner un soutien. d) Quels types d’activités politiques les insurgés adoptent- ils pour soutenir leurs efforts ? 14
Activités des insurgés en Malaisie (Cet exemple illustre plusieurs activités menées par les insurgés en Malaisie.) Au départ, le PCM a utilisé les conflits sociaux et les émeutes urbaines dans sa lutte contre le gouvernement, et ce dès 1946. Ces activités ont connu un pic en 1948 lorsque les Britanniques ont déclaré « l’État d’urgence ». L’ALPM a ensuite lancé un programme d’embus- cades, d’assassinats, de sabotages, d’attentats terroristes et de raids contre les postes de police. Les attaques se sont intensifiées et ont conduit à des attentats contre les forces britanniques présentes sur le terrain. Outre les actions violentes, le PCM a poursuivi ses opérations de propa- gande pour renforcer son soutien logistique et faciliter le recrutement de la population chinoise. En parallèle, des éléments procommunistes ont bénéficié d’un appui au sein des partis politiques et des syndicats. Leur par- ticipation au sein d’organisations représentatives a ainsi augmenté. Au début du mouvement à la fin des années 1940, la Chine et l’Union soviétique soutenaient acti- vement les guerres de libération nationales et les orga- nisations communistes du monde entier. Par ailleurs, il existait des insurrections actives, soutenues par les com- munistes en Corée, en Indonésie, au Viet Nam, au Laos et au Cambodge. Le soutien idéologique et moral s’est encore accru avec l’instauration de la République popu- laire de Chine en 1949. Il existait un important soutien international aux mouvements anticolonialistes, surtout en Asie. Feuillet distribué aux forces communistes malaisiennes en 1953. Le texte chinois dit ceci : « Si un membre du Parti communiste de Malaisie parvient à quitter la jungle et à rapporter un fusil-mitrailleur Bren, ou peut mener les forces de maintien de la paix à un fusil-mitrailleur Bren caché dont il a connaissance, il aura droit à une récompense de 1 000 dollars. Profitez de la récompense de 1 000 dollars pour commencer une nouvelle vie ! » 15
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Bloc 2 Principes et paradoxes de la contre-insurrec- 4) Identifier et concilier les contradictions entre les tion principes généralement acceptés de la guerre et ceux propres à la contre-insurrection Description Méthode d’apprentissage et évaluation Les insurrections et les contre-insurrections étant des « guerres de population », il n’est pas possible de distinguer Les méthodes d’enseignement/apprentissage peuvent aussi clairement leurs aspects politique et militaire que lors inclure des interventions par des experts, des séminaires, d’une guerre conventionnelle. Chaque décision politique des discussions, des débats, des études de cas, des lectures influencera la planification et la conduite des opérations et et des simulations en classe. affectera le comportement des forces de sécurité. Chaque opération militaire, qu’elle soit un succès ou non, aura des Les apprenants doivent être évalués sur la base de leur parti- conséquences politiques majeures sur l’environnement cipation aux activités en classe, notamment les discussions politique et juridique. et les débats suivis par des travaux écrits, des exposés sur les études de cas ou des tests de connaissance. Les puissances étrangères peuvent soit aider un pays hôte à concentrer efficacement ses ressources et ses capacités Références pour conduire une contre-insurrection, soit déployer leurs forces pour combattre directement l’insurrection. Dans les Publication interalliée interarmées 3.4.4 Doctrine alliée inte- deux cas, les opérations seront soumises à certains principes rarmées relative à la Contre-insurrection (COIN), Édition A COIN. Ces principes complètent, mais ne remplacent pas Version 1, juillet 2016. http://nso.nato.int/nso/zPublic/ap/ les principes applicables aux opérations multinationales et AJP-3.4.4%20EDA%20V1%20E.pdf interalliées interarmées. La contre-insurrection présente Army Code 71876, Countering Insurgency, Ministry of aussi quelques paradoxes. En effet, des procédures généra- Defense, Londres, 2009. http://news.bbc.co.uk/2/shared/ lement acceptées et appliquées depuis des siècles dans les bsp/hi/pdfs/16_11_09_army_manual.pdf conflits conventionnels peuvent être contre-productives dans le cas d’une contre-insurrection. Au lieu de produire BRIDGEWATER L., « Philippine Information Operations des résultats positifs, leur application peut nuire à la cause During the Hukbalahap Counterinsurgency Campaign du gouvernement du pays hôte et des forces contre-insur- » in IO Sphere Spring, 2006, pages 37 à 41. http://www. rectionnelles. au.af.mil/au/awc/info-ops/iosphere/iosphere_spring06_ bridgewater.pdf Il est important de savoir dès le départ que ni les principes, ni les paradoxes ne constituent des éléments distincts et EDWARDS B., Fighting the Huks: Lessons Learned from isolés. Ils sont interdépendants : ils s’appuient et se ren- a Successful Counter-Insurgency Campaign, Air University, forcent mutuellement, et par moment sont contradictoires. 2006. Toute action entreprise par le gouvernement fera probable- ment intervenir plusieurs principes et paradoxes en même FM 3-24 / MCWP 3-33.5, Counterinsurgency, Washington temps. Ni les uns ni les autres ne constituent des règles D.C., Department of the Army, 2006. http://usacac.army. rigides qui doivent être appliquées de façon normative à mil/cac2/Repository/Materials/COIN-FM3-24.pdf une opération. Ils représentent plutôt des orientations générales que les planificateurs vont prendre en compte à FM 3-24 / MCWP 3-33.5, Insurgencies and Countering l’heure de planifier et d’exécuter des opérations de contre- Insurgencies, Department of the Army, Washington D.C., insurrection. Cette section examine ces principes et para- 2014. https://fas.org/irp/doddir/army/fm3-24.pdf doxes ainsi que les deux approches fondamentales de la contre-insurrection. GREENBERG Lawrence, The Hukbalahap Insurrection: A Case Study of a Successful Anti-Insurgency Operation in Acquis d’apprentissage the Philippines – 1946-1955, US Army Center of Military History, Washington D.C., 2005. www.history.army.mil/ 1) Décrire les principes et paradoxes de la contre-insur- html/books/093/93-8/CMH_Pub_93-8-1.pdf rection identifiés dans la doctrine de l’OTAN JAMESON John G. Jr., The Philippine Constabulary as a 2) Décrire les deux approches fondamentales de la contre- Counterinsurgency Force, 1948-1954, United States Army insurrection War College, Carlisle Barracks, 1971. http://www.dtic.mil/ 3) Appliquer les principes en fonction des facteurs de dtic/tr/fulltext/u2/772685.pdf l’environnement des opérations 17
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