Prospectus rédigé par le premier proviseur Marie Adolphe Dieudonné.

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Prospectus
                          rédigé par le premier proviseur
                            Marie Adolphe Dieudonné.

     « Bonnes et solides études, éducation morale et religieuse, tel est le double but que se propose
l’administration du lycée, et qu’elle espère atteindre par une direction persévérante, à la fois ferme
et paternelle. Dépositaire des droits de la société et de la famille, ainsi que de leurs intérêts les
plus chers, elle a compris quels devoirs essentiels ce titre lui impose, et elle s’efforcera de les
remplir. Philosophie, sciences et arts, belles-lettres, tout se résume pour elle en une science
principale, et pour dire unique : la grande science de la vie, c’est-à-dire l’accomplissement pour
l’homme de ses devoirs envers Dieu, envers lui-même et envers ses semblables ; sa sollicitude
s’attachera constamment à y préparer les jeunes sujets qui seront confiés à ses soins. Elle connaît
les écueils, les impressions dangereuses dont il faut les préserver, les doctrines salutaires dont
leur âme doit être nourrie, et elle mettra tout en œuvre, leçons, exemple, discipline, surveillance
pour s’acquitter dignement de l’importante mission dont elle vient d’être chargée. Sa responsabilité
est grande, mais elle l’accepte avec dévouement ; sa tâche est laborieuse et difficile, mais elle
espère être encouragée par la confiance publique ; elle sera soutenue, d’ailleurs, par la conscience
du bien qu’elle peut opérer et par une véritable affection pour le jeune âge. Aimer ses élèves, c’est
s’assurer leur attention et leur docilité, c’est se rendre le devoir facile, c’est avoir l’art d’enseigner.

                                              Enseignement.

     RELIGION.    — Un aumônier réside dans la maison, il fait régulièrement aux élèves une
conférence en rapport avec les besoins de leur âge. Il les prépare à la première communion, à la
confirmation et à la pratique des devoirs religieux. Dans leurs rapports avec les élèves, les maîtres
trouvent à chaque instant et saisissent avec empressement les occasions de former leur cœur.

     SCIENCES.     — Les cours de sciences embrassent, outre les différentes parties de la
philosophie, les mathématiques élémentaires et supérieures, la physique, la chimie, l’histoire
naturelle et la cosmographie.
      L’étude des mathématiques commence en quatrième ; celle de la physique, de la chimie et de
l’histoire naturelle, en philosophie, et celle de la cosmographie, en rhétorique. Des leçons
particulières de calcul sont régulièrement données aux élèves internes des classes inférieures,
pour qu’ils entrent avec avantage dans les cours où commence l’étude des mathématiques.

     LANGUES      ET LITTÉRATURE. — Depuis la classe de huitième jusqu’à la rhétorique
inclusivement, l’enseignement se partage entre la langue française, la langue latine et la langue
grecque et les littératures qui correspondent à ces trois langues1.
     L’étude de l’anglais et de l’allemand commence en cinquième et se termine en rhétorique par un
cours de littérature comparée.

1
 Un des maîtres élémentaires résidant au lycée, donne chaque jour des répétitions gratuites aux internes
des classes de 6e, 7e et 8e.
HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE. — L’histoire et la géographie sont réparties entre les diverses
classes, de manière qu’à la fin de la rhétorique les élèves puissent connaître l’ensemble de l’histoire
générale et de la géographie ancienne et moderne.
     En résumé les élèves trouvent au lycée tous les éléments de préparation au baccalauréat ès
lettres et au baccalauréat ès sciences, ainsi qu’à l’école navale, à l’école forestière, à l’école
militaire et à l’école polytechnique.

      ARTS   ACCESSOIRES ET D’AGRÉMENT. — Le dessin, l’écriture, la musique vocale, sont
enseignées gratuitement aux internes. Les leçons de musique instrumentale, de danse et d’escrime,
sont laissées à la charge des parents2

                                                   Condition d’admission.

       Les enfants sont admis dès l’âge de huit ans ; il suffit qu’ils sachent lire couramment et
convenablement écrire sous la dictée. L’établissement reçoit des pensionnaires libres, des demi-
pensionnaires (seulement au-dessous de quatorze ans) et des externes.
       Tout élève, en entrant au lycée, doit déposer ; 1° son acte de naissance ; 2° un certificat de
vaccine ; 3° s’il vient d’un autre établissement, un certificat délivré par le chef qui le dirige.

                                                      Pension.

        Les enfants sont partagés en deux catégories : les uns sont entretenus complètement
d’après des règles déterminées ; les autres non entretenus sont blanchis et raccommodés par
l’établissement. Le prix de la pension3, pour les premiers, est de 650 fr.4 ; pour les seconds, de 590
fr. ; et pour les demi pensionnaires, de 380 fr. Ces frais sont perçus par dixièmes ; le 1er trimestre
de l’année scolaire comprend trois dixièmes correspondant aux mois d’octobre, novembre et
décembre ; le 2e trimestre, trois dixièmes correspondant aux mois de janvier, février et mars ; le
3e trimestre correspondant aux mois d’avril, mai et juin, et le 4e trimestre, un dixième
correspondant au mois de juillet.
        Les demi-pensionnaires reçoivent, comme les pensionnaires, les livres classiques, le papier,
les plumes et les fournitures de dessin. Aucun mémoire supplémentaire n’est présenté aux parents.
Toutefois l’élève demeure responsable des objets qu’il a perdus ou dégradés.
        Les pensionnaires entretenus par le lycée fournissent, en entrant, un trousseau dont le
détail se trouve à la fin de ce prospectus. Lorsque les familles le désirent, le lycée en fournit la
totalité ou une partie seulement. Dans les deux cas, il l’entretient et le renouvelle pendant tout le
temps que l’élève reste dans l’établissement. En le quittant, l’élève retire son trousseau dans l’état
où il se trouve, à l’exception des draps et des serviettes qui restent pour le service de l’infirmerie.
Cette condition concerne aussi les élèves non entretenus par le lycée. Pour ces derniers, on
demande les objets du trousseau, sinon en qualité, du moins en quantité égale ; il suffit que les
serviettes et les draps soient neufs.
        Quand les familles fournissent le trousseau en nature, les différents effets ne sont admis
par l’économe que lorsqu’ils sont, pour le nombre, la nature, la qualité et la forme, exactement

2
  Prix des leçons de musique instrumentale et des autres arts d’agréments :
Instruments en cuivre, 8 fr. par mois et leçon tous les jours, sauf le jeudi et le dimanche.
Violon et basse, 10 fr., et id.
Chant, piano, flûte, clarinette, 15 fr., et id.
Escrime, 7 fr., et id.
Chaque élève d’escrime doit avoir gants, masque et une paire de fleurets.
3
  Payable au commencement de chaque trimestre, par décision ministérielle.
4
  Près de 1,80 fr. par jour ; salaire moyen en France 3 fr. par jour, prix du kg de pain 0,40 fr. (A. Vivet)
semblables aux modèles présentés. Il est d’ailleurs à désirer que les vêtements d’uniforme soient
confectionnés au lycée.
      On peut fournir les draps et les serviettes aux élèves qui n’auraient plus qu’une ou deux
années à passer dans l’établissement, moyennant la somme de 20 fr., versée au commencement de
chaque année classique.

                                                       Externat

       Les externes du lycée paient par an 80 fr.
       Le mode de versement est le même que pour les internes.
       Les élèves externes ne peuvent se présenter dans les classes sans être agréés par le
proviseur, et munis d’une carte d’entrée délivrée par le directeur des études5. L’uniforme des
internes leur est rigoureusement interdit.

    Classe peut-être de 6ème en 1880. Les 15 internes en uniforme sont devant. (58% du total)

      Un externe qui se charge d’une commission pour un interne, s’expose aux punitions les plus
sévères, et même, selon les circonstances, à l’exclusion du lycée.

                                                 Dispositions générales.

         Établi dans des bâtiments vastes et commodes, et situé dans la partie la plus aérée de la
       6
ville , le lycée du Mans offre toutes les garanties désirables pour la santé des enfants.

5
    M. Thiriot en 1850-51.
6
    Le détail a de l’importance ; les rues de la vieille ville n’avait pas d’égouts souterrains et devaient être pestilentielles…
Une surveillance active et salutaire règne en tout temps dans les diverses parties de la
maison, cherchant à prévenir plutôt qu’à réprimer. Les dortoirs sont constamment éclairés. Un
domestique est chargé de veiller et de faire de fréquentes tournées.
        Des notes embrassant les devoirs religieux, la conduite, le travail, la tenue et la propreté
sont remises fréquemment au proviseur par les professeurs et les maîtres d’étude. On en donne
publiquement lecture aux élèves. Le résumé de ces notes, fait avec le plus grand soin, est transmis
aux familles à la fin de chaque trimestre, ou plus fréquemment s’il en est besoin.
        Les parents qui n’habitent pas au Mans sont tenus de désigner un correspondant qui les
représente. Ils font aussi connaître, par écrit, les personnes autorisées à visiter leur fils au
parloir, à le recevoir les jours de sortie, qui ont lieu une fois par mois pour ceux dont l’ensemble des
notes est satisfaisant. Une sortie d’honneur est en outre accordée aux élèves qui présentent des
témoignages de succès, d’application et de bonne conduite. Les élèves ne peuvent paraître dans la
ville qu’avec l’habit d’uniforme, et accompagnés d’une personne de confiance. Les lettres qu’ils
reçoivent doivent être affranchies et contre-signées sur l’adresse.
        Les élèves peuvent être visités tous les jours à midi et demi.
        L’argent destiné aux menus plaisirs doit être remis au directeur des études, qui le distribue
aux élèves et en surveille l’emploi. Pendant l’été, les élèves sont conduits plusieurs fois, chaque
semaine, à l’école de natation. Ils prennent des bains de pieds très fréquemment, et des bains
chauds quand ils sont prescrits par le médecin.
        Les élèves qui fréquentent l’école de natation paient chaque année 2 francs pour le maître
nageur et autres menus frais.
        L’infirmerie et la lingerie sont desservies par les religieuses de la communauté d’Évron. Ces
dames sont aussi chargées de peigner, de laver les plus jeunes enfants, de remplir auprès d’eux
tous les devoirs d’une mère.
        Un médecin et un dentiste sont attachés à l’établissement. Tous les soins de visite et de
traitement sont à la charge du lycée.
        Une bibliothèque choisie pour les élèves procure à leur instruction et à leur délassement
tous les livres nécessaires. Tout livre apporté au lycée doit être remis immédiatement au directeur
des études, pour être soumis à l’approbation du proviseur.
        Le lycée ne pouvant faire aux élèves aucune avance, de quelque nature qu’elle soit, les
parents sont priés de déposer chez l’économe les sommes qu’ils destinent soit aux honoraires des
répétiteurs, des maîtres d’agrément, ou à tout autre emploi déterminé par eux..

                              École primaire élémentaire.

        Les progrès dans les études dépendent surtout de la méthode et des premiers principes.
L’école primaire élémentaire annexée au lycée répond à ce besoin. On y enseigne aux plus jeunes
enfants la lecture, l’écriture, les premiers éléments du calcul, du dessin linéaire, de la musique, de
la grammaire française, de la géographie, de l’histoire sainte et le catéchisme du diocèse.
        Cette école confiée à un instituteur habile, sous la direction du proviseur, est une véritable
pépinière pour les études classiques ou spéciales. Elle est placée dans un bâtiment entièrement
séparé de l’internat du lycée.
        Les enfants entrent les uns à huit heures, les autres à neuf heures, selon la division à
laquelle ils appartiennent. Ils sortent de l’école à cinq heures en été, à quatre heures et demie en
hiver.
        Ils versent la même rétribution que les autres externes du lycée. On peut également
recevoir des pensionnaires suivant les cours de cette école, dès l’âge de six ans.
Enseignement spécial.

        D’après une prescription ministérielle de 1847, des cours spéciaux seront prochainement
annexés au lycée. Le jeunes gens y acquérront, dans un court espace de temps, toutes les
connaissances nécessaires pour entrer aux écoles spéciales et suivre une carrière industrielle ou
commerciale avec intelligence et profit. On répondra ainsi aux vues de leurs parents en les
conduisant directement au but qu’ils se proposent d’atteindre.
        Les cours comprendront : la grammaire et la rhétorique françaises, les langues vivantes,
l’histoire et la géographie, les sciences mathématiques et physiques, au point de vue de la pratique
surtout ; le dessein [sic] des machines, la tenus des livres et la calligraphie.
        L’étude du latin y sera facultative.

                                 Détail des objets du trousseau.

      2 Tuniques en drap bleu d’Elbeuf, passe-poils rouges, boutons dorés et palmes en or fin au
                                                                                             collet.
      2 Gilets du même drap, fermés par une seule rangée de petits boutons.
      2 Pantalons id. avec passe-poils rouges.
      2 Ceinturons en cuir fort verni, avec plaque en cuivre.
      2 Képis brisés, avec galon et macaron en or vrai.
      3 Paires de souliers.
      2 Paires de draps de lit, en toile de cretonne ou autre toile de fil de même qualité, chaque
                                                           drap ayant 3 mètres 50 sur 2 mètres 20.
      10 Serviettes en toile de fil, de 1 mètre sur 0 mètre 80.
      12 Chemises id. dont 8 à la taille de l’élève et 4 plus grandes.
      4 Caleçons.
      12 Mouchoirs en toile.
      3 Cols noirs en étoffe de laine.
      3 Cravates noires en soie cuite.
      12 Paires de bas de coton bleu, mélangé de blanc.
      4 Bonnets de coton doubles.
      3 Brosses : à peigner, à dents, et à habits, et un chausse-pieds.
      2 Peignes, l’un en ivoire et l’autre en corne, et un sac pour les contenir.
      1 Petit sac de nuit en toile.

                  Marque du linge et première garniture de bas.
       1 Couvert d’argent, marqué du numéro de l’élève.
       1 Gobelet      id.
   Le lycée fournit le trousseau, sans distinction de taille, moyennant la somme de 460 fr. Cette
somme se réduit à 400 fr. si la famille fournit le couvert et la timbale.
                                                    Le Proviseur , DIEUDONNÉ
      Vu et approuvé en conseil académique,
      Le 28 février 1851.
                                                     Le Recteur , ÉDOM
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