Protect the grouper. Help save the sea

 
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Protect the grouper. Help save the sea
Protect the grouper. Help save the sea
      The grouper is becoming scarce on the northern coasts of the Mediterranean. Its status
      as a symbol and a prestigious game fish, added to its legendary curiosity and its appeti-
      te, make it particularly vulnerable to the harpoons of champion spear-fishermen. To
make matters worse, poachers often have no qualms in slaughtering large numbers of these
defenceless creatures, that are often too friendly for their own good. The protection of endan-
gered species has always been one of our primary concerns.

Our position on the issue remains unchanged. “There can no question”, wrote the editors of
our journal in 1975, “of making the spear-fisherman into a bogeyman, an outsider, a black
sheep who is the source of all evil and hears full responsibility for the destruction of the
marine environment. The real responsibility is complex and many have their share of it - the
spear-fishermen, with or without scuba apparatus, certain professional fishermen, the dyna-
miters and even some industries and municipal authorities”. The intention of the article,
while lambasting spear-fishing competitions, was to advocate the introduction of proper
controls on underwater fishing, and the setting up of natural reserves where any form of
fishing would be prohibited.

Yes, our position remains unchanged. And as during the 1988 “Save the Sea Urchin” campai-
gn, the Institute has decided to give its wholehearted support to the work of the “Groupe
d’étude du mérou” (Grouper Study Group - GEM). Other bodies have also lent their support,
in particular the “Fédération française d’études et de sports sous-marins” (French Federation
for Underwater Studies and Sports). The aim is to involve the greatest possible number in one
joint effort, to harness the energy and skills of all, to work together actively and
constructively and achieve concrete results.

A public awareness campaign was launched in January. This was made official at Embiez on
April llth during the Institute’s general assembly. There has already been extensive coverage
                                                           of this campaign in the press and
                                                           on television. A poster and a bro-
                                                           chure are to be published for
                                                           divers,     spear-fishermen    and
                                                           schoolchildren, as well as reports
                                                           on the scientific research being
                                                           carried out by the Grouper Study
                                                           Group.
                                                           We remind our readers that this
                                                           campaign is your campaign too.
                                                           Tell your friends and associates
                                                           about it. And please let us know if
                                                           you have any comments to make.
                                                           If we work together, we can help to
                                                           protect this endangered species,
                                                           and in doing so, protect life.

                                                                                         J.P.P.
Natacha Muller

                                   EDITORIAL
Protect the grouper. Help save the sea
Mérou brun
Ses origines, sa vie, sa protection
       Jean-Georges Harmelin *, Philippe Robert **

                  “Les mérous, écrit Jacques-Yves Cousteau(1), sont les
                  animaux les plus curieux que nous ayons rencontrés
                  dans la mer. En terrain vierge, là où les harponneurs
            sous-marins n’ont point exercé leurs ravages, les mérous sor
            tent de leurs trous et font un bon bout de chemin pour nous
            voir. Ils s’arrêtent à courte distance et nous regardent droit
            dans les yeux”. Il est vrai que la curiosité de ces poissons est
            légendaire. Elle est à l’image de leurs placidité et gourmandi
            se qui en font des animaux faciles à approcher, à apprivoiser.

                               (*) Université d’Aix-Marseille II, station marine d’Endoume
                     (**) Parc national de Port-Cros, secrétaire du Groupe d’étude du mérou (GEM)

                                                                                                    3
Protect the grouper. Help save the sea
“Je savais déjà, souligne Philippe                 présentes en Méditerranée. C’est la plus                       tiples possibilités de gîtes. Les mérous
Tailliez(2), avant la Deuxième guerre              répandue sur les côtes françaises,                             possèdent un territoire avec plusieurs
mondiale, que le plongeur pourrait en              certaines ayant migré récemment de                             trous ils peuvent cohabiter à plu
faire un ami, fidèle comme le chien et             mer Rouge, depuis le voisinage de la                           sieurs.
aussi amateur de ses caresses”. Pour-              surface jusqu’à une centaine de mètres
tant, certains chasseurs de l’époque               de profondeur.                                                 L’habitat rocheux offre aussi des
n’hésitaient pas à qualifier le mérou                                                                             conditions propices à l’affût. Chas
de “grand fauve de la Méditerranée”.               Son habitat privilégié est constitué de                        seur, carnivore redoutable, Epinephe
Et des générations de plongeurs ont                blocs d’éboulis, de zones rocheuses au                         lus guaza se montre adroit pour captu
continué d’en faire un gibier de presti            relief accidenté, qui offrent de mul                           rer seiches, poulpes, calmars... Il se
ge : certainement en raison de sa taille                                                                          nourrit aussi de poissons de roche ou
imposante et de sa chair très prisée.                                                                             de pleine eau et de crustacés.

Aujourd’hui, l’espèce paie toujours un                                                                                      En fin de chaîne
lourd tribut à la chasse, au braconna-
ge, auxquels il faut ajouter la pêche                                                                             En fait, de par sa position de prédateur
professionnelle et la pollution. Des                                                                              en fin de chaîne alimentaire, il a un
mesures de protection s’imposent sur                                                                              rôle régulateur sur l’état sanitaire des
les côtes françaises de Méditerranée                                                                              populations     dans     lesquelles    il
comme il en existe déjà en partie en                                                                              recherche ses proies. En effet, il
Corse. De toute évidence, l’efficacité                                                                            contribue à éliminer les animaux les
de ces mesures implique une meilleu                                                                               plus vulnérables, âgés, malades ou
re connaissance de ce poisson.                                                                                    affaiblis.

Pour sa part, le Groupe d’étude du                                                                                Le comportement des mérous varie

                                                                                              Ph. Alain Bricout
mérou (GEM), créé en l986~, déve-                                                                                 suivant les saisons. Conserver ou
loppe un programme de recherche                                                                                   rechercher un gîte, se rassembler à
pluriannuel (voir information par                                                                                 l’époque du frai en sont les éléments
ailleurs). Celui-ci est placé sous la                                                                             moteurs. Si bien qu’il est même pos
direction scientifique du Pr Jean-Pierre           Le régime alimentaire du mérou com-                            sible de dresser un emploi du temps
Quignard, du laboratoire d’ichtyologie             prend seiches, poulpes, calmars…                               annuel de ces poissons.
et de parasitologie générale à l’Uni-
versité des sciences et techniques du
Languedoc. Il regroupe des spécia
listes français et étrangers de diffé                                   FEMELLE PUIS MÂLE
rents organismes tels que le Centre
national de la recherche scientifique,                De nombreux poissons chan                                   Mais l’originalité tient au fait
l’Institut français pour l’exploitation               gent de sexe au cours de leur                               qu’en réalité, les fonctions ovai
de la mer, l’Institut océanographique                 vie. Ainsi, la plupart des girelles                         re et testicule sont assurées par
Paul Ricard, la Fédération française                  sont d’abord femelles. Cer                                  la même glande.
d’études et de sports sous-marins, plu-               taines, par la suite, deviendront
sieurs laboratoires universitaires de                 mâles : les girelles royales.                               Dans cet “ovotestis”, les cel
Marseille, Montpellier. Sète, Perpi                   D’autres espèces telles que les                             lules mâles et femelles sont inti-
gnan.                                                 daurades royales ou les saupes,                             mement mêlées au cours de la
                                                      à l’inverse, naîtront mâles avant                           phase d’intersexualité corres-
                                                      de se transformer en femelles.                              pondant au changement pro-
         Le gîte et le frai                                                                                       gressif de sexe, qui se produit
                                                      Cette alternance sexuelle contri-                           entre deux périodes de repro-
Environ quatre cents espèces de                       bue au maintien du “sex-ratio”                              duction (*).
mérou se répartissent plus particuliè-                idéal pour la reproduction de
rement dans les mers les plus chaudes                 certaines espèces.                                          Des observations en plongée
du globe. Le mérou brun (Epinephelus                                                                              dans le Sud de la Méditerranée
guaza) compte parmi les huit espèces                  C’est vers l’âge de cinq ans,                               ont montré que la reproduction
                                                      alors qu’il atteint une taille voisi                        s’accompagnait d’un regroupe-
                                                      ne de cinquante centimètres,                                ment des adultes et de rituels
(1) “Le Monde du silence”, Editions de Paris,
1956.
                                                      que le mérou parvient à maturi                              nuptiaux.
(2) “Plongées sans câble”, B. Arthaud, 1954.          té sexuelle. Son organisation
(3) A l’initiative de responsables d’espaces          sexuelle est alors femelle,                                 (*) D’après Jacques Bruslé, 1985: “Expo
marins français protégés: le parc naturel régio-      jusqu’à une douzaine d’années.                              sé synoptique des données biologiques
nal de Corse, représenté par les réserves             Dès lors, sa croissance se ralen                            sur les mérous Epinephelus aeneus
marines de Lavezzi et de Scandola, celle de                                                                       (Geoffroy Saint-Hilaire, 1809) et Epinephe-
                                                      tit ; il devient mâle et le reste                           lus guaza (Linnaeus, 1758) de l’océan
Cerbères-Banyuls, ainsi que le parc national de
Port-Cros, qui forment la structure administrati      jusqu’à la fin de sa vie.                                   Atlantique et de la Méditerranée”.
ve de cette association (loi de 1901).

4                                                                                         INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD
Protect the grouper. Help save the sea
THE GROUPER
Après un hiver de vie au ralenti, les                    Origins, behaviour, protection
adultes amaigris s’activent en quête de
nourriture. En juillet et jusqu’en sep-        Generations of spear fishermen      are essential. It goes without
tembre, ils se regroupent dans des             have considered the grouper as      saying that the effectiveness of
zones rocheuses, entre quinze et trente        a prestigious game fish, no         such measures will depend on
mètres de profondeur. C’est l’époque           doubt because of its size and       an improved understanding to
de la reproduction, du frai.                   much prized flesh.                  the fish.

“Les frayères rassemblent de deux à            Today, the Mediterranean grou-      The “Groupe d’étude du mérou”
plusieurs centaines d’individus, fré-          per, Epinephelus guaza, still       (GEM - Grouper Study Group),
quemment quelques dizaines”, précise           pays a heavy toll to poachers, in   set up in 1986, is developing a
Claude Chauvet(4), de l’Université de          addition to the fishing industry    pluriannual research program
Perpignan. La ponte a lieu au plus tôt         and pollution.                      me. The scientists concerned are
fin juillet.                                                                       prepared to engage in any dis-
                                               Protective measures for the         cussion or joint project aimed at
L’éclosion se produit une quarantaine          grouper along the French main-      working out the most satisfacto
d’heures après la fécondation, ce qui          land coast, such as those that      ry formula for saving the grou
est relativement long comparé au               already   exist   in  parts of      per.
temps mis par les œufs d’espèces voi           Corsica,
sines. On sait que la prise de nourritu
re par les larves débute au troisième

                                                                                                                       Ph. France Rothan
jour. Par contre, les stades suivants du
développement n’ont pas été décrits
chez l’espèce.

“Les juvéniles benthiques du mérou
brun vivent généralement près des
côtes à de faibles profondeurs. Ils ne
cohabitent pas avec les adultes, mais
occupent, souvent à plusieurs, un
même trou ou une même faille. La
possession d’un gîte semble être en
étroite relation avec la survie des
juvéniles”.

    De vieux célibataires
Pendant la première année, les jeunes
mérous devront d’abord trouver un
abri qui les protège de la prédation
jusqu’à l’été suivant. La pêche à la
ligne, les filets maillants font des
ravages dans ce groupe d’individus
rarement abondants, la réussite des
pontes différant considérablement
d’une année à l’autre et d’une zone
géographique à une autre.

Jusqu’à ce jour, la diminution des
effectifs est globalement constatée. Il
paraît donc légitime d’envisager des
mesures protectionnistes en France,
ainsi qu’en Italie et en Espagne, lieux
d’origine probables des mérous des
côtes continentales françaises.

(4) Statut d’Epinephelus guaza (Linnaeus,
1758) et éléments de dynamique des popula-
tions méditerranéenne et atlantique, in “Les
espèces marines à protéger en Méditerranée”,
Boudouresque C.F., Avon M, Gravez V. édit.,
Gis Posidonie publ., Fr., 1991, 255-275.

"OCÉANORAMA” N° 18- JUIN 1992
Protect the grouper. Help save the sea
L’éventuelle extension vers le Nord
des aires de reproduction du mérou
brun de Méditerranée, peut avoir des

                                                                                                                           Ph. Patrick Lelong
incidences importantes sur la démo-
graphie des populations et leur protec-
tion.

En effet. on pensait qu’au nord de la
latitude 41°5’N, la reproduction             Le petit mérou des Embiez fait l’objet de soins attentifs et d’une observa-
n’avait pas lieu. De ce fait, les popula-    tion scientifique continue.
tions locales étaient constituées exclu-
sivement d’adultes et, dans la plupart       DES NAISSANCES INATTENDUES
des cas, de grands individus, c’est-à-       Où    se    reproduisent    les        ponsable    du    département
dire de vieux célibataires.                  mérous bruns de Méditerra              “Aquariums”     de     l’Institut
                                             née occidentale ? Certaine-            océanographique Paul Ricard,
Aujourd’hui. l’apparition de juvéniles       ment pas au nord de la latitu          et membre du Groupe d’étude
                                             de   41°5’    N,   c’est-à-dire        du mérou. Celui-ci l’identifie
peut laisser augurer d’une augmenta
                                             approximativement une ligne            formellement comme étant
tion naturelle des populations de
                                             BarceIone - Rome.                      né dans l’année ; il rapporte
mérous Epinephelus guaza sur les
                                                                                    également qu’un mérou Epi-
côtes continentales françaises. Mais il      Cette hypothèse, formulée par          nephelus guaza d’un centi-
faut demeurer réaliste. La sédentarisa-      les spécialistes, s’appuyait           mètre et demi a été recueilli
tion, donc la colonisation à plus long       notamment      sur     le fait         mort, prisonnier des filets de
terme de nos côtes par les mérous, est       qu’aucun poisson né dans               pêcheurs professionnels du
liée à la qualité du territoire d’accueil    l’année, ni même âgé de                Brusc, à Six-Fours-les-Plages
de ces poissons.                             deux-trois ans, n’avait été            (Var).
                                             encore observé sur les côtes
En effet, il est illusoire de vouloir pro-   françaises continentales.              La présence de ces poissons
téger une espèce si le milieu où il vit                                             laisserait supposer que des
ne présente pas toutes les qualités          A l’évidence, la reproduction          mérous se seraient reproduits
requises.                                    n’y réussissait pas. On pensait        à proximité des côtes fran-
                                             généralement que le renouvel-          çaises, l’été dernier.
                                             lement des populations s’opé-
    La chasse sous-marine                    rait par migrations, le long des       Des spécialistes du Groupe
                                             côtes à partir des régions             d’étude du mérou pensent que
        en accusation                        méridionales.                          le léger réchauffement des
                                                                                    eaux depuis trois à quatre ans,
Le maintien des populations de               Or voilà que l’hypothèse n’est         manifestation    probable    du
mérous dans les espaces marins proté-        plus acceptable depuis que             "global change”, pourrait être
gés est essentiellement dû à la protec-      des juvéniles de mérous sont           responsable de la modification
Lion du site lui-même et au maintien         apparus sur la côte varoise.           des aires de reproduction de
d’une rigueur de gestion favorisant                                                 certaines espèces, et en parti-
ainsi la biodiversité nécessaire à           En septembre 1991, un pIon-            culier du mérou. Cette hypo-
l’équilibre biologique.                      geur amateur, M. Vachet, cap-          thèse pourrait être confirmée
                                             ture un petit poisson de               par la présence de poissons
                                             quatre centimètres de long et          habituellement       rencontrés
Force est de reconnaître ici le rôle pri-
                                             d’un poids de deux grammes,            sous des latitudes plus basses
mordial de la chasse sous-marine vis-
                                             à une quinzaine de mètres de           en Méditerranée, notamment
à-vis de la régression des stocks de ce      profondeur, près de Toulon. Il         la girelle paon et le sar tam-
poisson, en particulier.                     le confie à Patrick Lelong, res        bour.

C’est ce qu’a souligné le groupe             Aujourd’hui, ce moratoire demeure      Plongeurs, pêcheurs, chasseurs, plaisan-
d’experts du colloque sur “Les espèces       lettre morte alors que, de l’avis      ciers, ou simplement curieux des choses
marines à protéger en Médi-terranée”         unanime, des mesures de protec-        de la nature, n’hésitez pas à contacter le
(Carry-le-Rouet, 18-19 novembre              tion temporaires ou permanentes        Groupe d’étude du mérou (*), si vous
                                                                                    souhaitez obtenir des informations com-
1989).                                       semblent s’imposer de toute            plémentaires sur ce poisson.
                                             urgence. Pour leur part, les           En retour, les scientifiques du GEM sont
Ces spécialistes recommandaient un           scientifiques du Groupe d’étude du     intéressés par vos propres observations,
moratoire de cinq ans sur la chasse          mérou sont prêts à engager toute       et notamment sur la présence de juvé
sous-marine de l’espèce en Espagne           discussion et toute collaboration      niles sur les côtes françaises continen
(Catalogne) et sur les côtes continen-       visant à définir la meilleure          tales.
tales de France et d’Italie, afin d’offrir   formule de sauvegarde du mérou         (*) Secrétariat du GEM, parc national de Port-
au mérou un territoire sans prédation        brun de Méditerranée.                  Cros, Castel Sainte-Claire 83400 Hyères. Tél.:
humaine importante.                                   J.-G. Harmelin, Ph. Robert    94.65.32.98 - Télécopie : 94.65.84.83.

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Protect the grouper. Help save the sea
GROUPE D’ÉTUDE DU MÉROU
                                                  Un programme ambitieux
                                                                               partent à la recherche d’un gîte
                                                                               hivernal (**)"

                                                                               Outre ces travaux sur l’évolution
                                                                               des populations dans certains
                                                                               secteurs protégés, les scienti-
                                                                               fiques du GEM s’intéressent à
                                                                               l’origine   géographique     des
                                                                               mérous de Méditerranée occi-
                                                                               dentale. Existe-t-il une ou plu-
                                                                               sieurs unités de population ? A
                                                                               cette question, l’étude géné
                                                                               tique pourrait apporter des élé-
                                                                               ments de réponse.
Mérou marqué aux îles Lavezzi (Corse). Marques et pointe, ci-dessus.           Dans le cadre d’une thèse, deux
                                                                               élèves de l’Ecole vétérinaire de
                                                                               Lyon, Cyrille Goarant et Thierry
L’étude démographique des                  qué dans la partie dorsale du       Gouttenoire, établissent une
populations de mérous, leur                mérou, avec une arbalète sous-      identification génétique des dif-
évolution, les migrations, sont            marine dont la flèche est spécia-   férents groupes d’individus de
basées sur l’observation dans le           lement adaptée pour éviter de       Méditerranée occidentale.
milieu naturel et le marquage.             blesser le poisson.
Les plongées ont lieu jusqu’à                                                  L’établissement de cette carte
quarante mètres.                           D’autres systèmes de marquage,      d’identité génétique a débuté par
                                           notamment à l’aide d’agrafes,       l’analyse de fragments de
Dans la zone visitée, les pois-            sont en cours d’expérimentation     branchies et de muscles préle
sons et leur habitat sont minu-            car elles permettraient le mar-     vés sur une vingtaine de
tieusement détaillés : particulari-        quage de jeunes individus avec      mérous espagnols ; l’étude se
tés individuelles (livrée, taches,         un placage réel sur le poisson.     poursuivra en Italie, Tunisie et
cicatrices...), nombre, taille, com-       En revanche, elles suppose          au Maroc. Des biopsies pour-
portement (distance et vitesse             raient sa capture après anesthé-    raient être également effectuées
de fuite...) ; caractéristiques des        sie(*). A cet effet, une seringue   sur des mérous d’aquarium car
gîtes (orientation, ouverture,             propulsée par une arbalète          leur origine géographique est
profondeur...).                            sous-marine     est    en   cours   en général connue.
                                           d’essais.
Depuis 1986, des opérations de                                                 La parasitologie de l’espèce
recensement et de marquage                                                     représente un autre axe de
                                                     Génétique,                recherche de ce programme
ont été conduites par le Groupe
d’étude du mérou au parc natio-                     Parasitologie              d’envergure mené par le Grou
nal de Port-Cros (Var), dans les                                               pe d’étude du mérou.
réserves naturelles de Banyuls-            D’ores et déjà, les opérations de                    J.-G. H., Ph. R.
Cerbères (Pyrénées orientales),            marquage du GEM apportent la
de Scandola et des îles Lavezzi            preuve que les mérous ne sont
(Corse). Par exemple, de mars              pas aussi casaniers qu’on le        (*) L’anesthésie pourrait permettre des
                                                                               biopsies à des fins d’étude génétique. On
1988 à fin 1989, dix missions ont          pensait : “Les déplacements         pourrait aussi envisager la pose d’émet
été effectuées, soit 275 heures            peuvent se faire sur de courtes     teurs de radiotracking pour suivre le com-
d’observation par 39 plongeurs.            distances. A la fin du printemps,   portement des poissons à l’échelle de la
                                                                               journée.
                                           les mérous cherchent active         (**) Recensement du mérou Epinephelus
La marque “Floy tag” est consti-           ment à se regrouper en colonies     guaza (Linnaeus, 1758) dans les réserves
tuée d’une extrémité de type                                                   et parcs marins des côtes méditerra
                                           sur des sites, apparemment tou-     néennes françaises, par Chauvet Cl., Bar-
harpon, prolongée par un corps             jours les mêmes.                    nabé G., Bayte Sempere J., Bianconi C.H.,
souple de différentes couleurs             Ces colonies se forment selon       Binche J.L., Francone P., Garcia Rubies
sur lequel figurent un numéro                                                  A., Harmelin J.G., Miniconi R., Pais A.,
                                           une structure démographique         Robert P., in “Les espèces marines à pro-
d’identification et l’adresse où la        relativement stable. A la fin de    téger en Méditerranée” - Boudouresque
retourner. Grâce à un système              l’été, les colonies se défont en    C.F., Avon M. et Gravez V. édit., Gis Posi-
                                                                               donie publ., Fr., 1991, 277-290.
de trocart, l’ensemble est appli           partie. La plupart des individus

"OCÉANORAMA” N° 18- JUIN 1992                                                                                                7
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