Protection alternative en Jordanie et au Liban : le rôle de l'aide juridique

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Protection alternative en Jordanie et au Liban : le rôle de l'aide juridique
RMF 67         Les États non signataires et le régime international des réfugiés                            53

          juillet/aout 2021                                              www.fmreview.org/fr/numero67

         Protection alternative en Jordanie et au Liban : le rôle de
         l’aide juridique
         Martin Clutterbuck, Yara Hussein, Mazen Mansour et Monica Rispo
         En l’absence d’un cadre codifié sur les droits des réfugiés en Jordanie et au Liban, les
         acteurs juridiques doivent faire preuve de créativité pour élaborer des stratégies et des
         approches qui garantissent la protection de ces droits dans la pratique.

         La Jordanie et le Liban font face à des défis   comme une déclaration d’engagement
         communs en matière de protection des            de ces deux États vis-à-vis d’un certain
         réfugiés mais représentent deux extrêmes        niveau de protection des réfugiés, ils
         dans la pratique. Aucun des deux n’a signé      sont non exécutoires et ont donc peu de
         la Convention de 1951 relative au statut de     poids d’un point de vue juridique.
         réfugié mais ils accueillent tous les deux un        Qui plus est, aucun de ces deux pays
         nombre disproportionné de réfugiés. Ces         ne dispose de cadre juridique national
         deux pays ont également vécu le traumatisme     définissant les droits exerçables par les
         collectif du déplacement prolongé et à          réfugiés. Le traitement des réfugiés est
         grande échelle de réfugiés, à savoir l’influx   couvert par la législation gouvernant l’entrée
         de réfugiés palestiniens à partir de 1948 et    et le séjour des ressortissants étrangers. En
         de réfugiés syriens depuis 2011. Alors qu’il    Jordanie, la loi numéro 24 de 1973 portant
         existe des lacunes en matière de protection     sur la résidence et les questions relatives aux
         des réfugiés dans ces deux pays, elles          étrangers s’applique de manière égale à tous
         sont beaucoup plus profondes au Liban.          les étrangers. Les seules références faites aux
         Cependant, les acteurs de l’aide juridique,     réfugiés portent sur la reconnaissance et sur
         les tribunaux et les institutions nationales et la délivrance de documents de voyage. Au
         locales peuvent tous jouer un rôle constructif. Liban, c’est la loi de 1962 régulant l’entrée
                                                         et le séjour des étrangers au Liban et leur
         Un cadre juridique national pour les            sortie du pays qui s’applique aux réfugiés.
         réfugiés                                        Cette loi contient un nombre limité de
         Bien que ni la Jordanie ni le Liban n’aient     dispositions relatives au droit de demande
         signé la Convention relative aux réfugiés,      d’asile et à la délivrance de cartes d’identité,
         ils ont tous les deux signé un protocole        mais son application reste très limitée.
         d’accord avec le HCR, qui définit des éléments Comme la question palestinienne soulève
         d’accord et de coopération fondamentaux.        de nombreuses craintes et préoccupations
         Le protocole signé par la Jordanie en 1998      dans le pays quant à la question de leur
         indique l’engagement du pays à traiter          installation permanente (tawteen), le Liban
         les demandeurs d’asile et les réfugiés          qualifie les réfugiés de personnes déplacées
         conformément aux normes internationales         et affirme qu’il n’est ni un pays d’asile ni
         et confirme leur droit à l’éducation, à la      une destination finale pour ces derniers, et
         santé, à la pratique religieuse et à la liberté encore moins un pays de réinstallation.
         de mouvement, de même que leur droit                 En conséquence de l’absence d’une
         d’accéder à la justice et à une assistance      cadre juridique national exhaustif couvrant
         juridique. Quant au protocole d’accord conclu les réfugiés qui soit doté de ses propres
         entre la Direction générale de la sûreté        mécanismes de mise en œuvre, il existe
         générale (DGSG) du Liban et le HCR, signé       pléthore de directives, de politiques et de
         en 2003, il autorise ce dernier à déterminer    règlements qui changent fréquemment et qui
         les demandes d’asile et stipule que des         ne répondent pas toujours aux problèmes
         permis de séjour temporaires doivent être       de protection dont souffrent les réfugiés. Un
         délivrés aux demandeurs d’asile et aux          système bâti entièrement sur des directives
         réfugiés. Bien que les protocoles agissent      plutôt que sur un cadre juridique solide
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      est un système faible et arbitraire, qui peut                         Le Liban a ainsi fermé ses frontières aux
      éroder les droits fondamentaux. Et bien que                           réfugiés syriens en 2014 et la Jordanie en 2015.
      les acteurs de l’assistance juridique aient                                Toutefois, depuis lors, la plupart des
      parfois basé leur argumentation sur les                               663 000 réfugiés syriens qui résideraient en
      droits humains dans le cadre de procédures                            Jordanie ont obtenu un permis de séjour légal
      judiciaires, le plus souvent, ils sont forcés                         tandis que 80 % des 865 000 réfugiés syriens
      de se baser sur des arguments d’équité, de                            qui résideraient au Liban n’ont toujours pas
      considérations humanitaires et de cohérence                           de permis de ce type. D’un autre côté, les
      en tant que « mécanismes de protection                                réfugiés non syriens continuent de rencontrer
      alternatifs » plutôt que de s’appuyer sur le                          des difficultés pour entrer en Jordanie et
      droit. En outre, différentes règles s’appliquent                      pour y séjourner. Suite à la politique de
      aux réfugiés selon leur origine, par exemple                          non-admission des réfugiés palestiniens de
      les réfugiés palestiniens du Liban ou les                             Syrie mise en place par la Jordanie en 2013,
      réfugiés palestiniens de Syrie au Liban, les                          un grand nombre de ces réfugiés y vivent de
      réfugiés non syriens en Jordanie, y compris                           manière clandestine et risquent l’expulsion.
      les réfugiés irakiens, soudanais, yéménites,                          Les réfugiés non syriens doivent demander
      palestiniens de Syrie et somaliens, ce qui                            un visa jordanien avant leur arrivée, ce qui
      crée des systèmes parallèles accordant                                leur est souvent refusé. Ceux qui entrent
      une plus grande protection aux réfugiés                               en Jordanie peinent à obtenir un permis de
      syriens qu’aux réfugiés non syriens.                                  séjour annuel et doivent payer une amende
                                                                            s’ils restent dans le pays après que leur visa
      Le droit au séjour                                                    et/ou leur permis de séjour ait expiré.
      La Convention sur les réfugiés oblige les États                            Au Liban, il reste extrêmement difficile
      à régulariser la situation des demandeurs                             pour les réfugiés syriens d’obtenir et de
      d’asile sur leur territoire, même s’ils y sont                        conserver le droit légal au séjour, comme c’est
      entrés illégalement. Pourtant, les acteurs                            également le cas pour les réfugiés non syriens
      de l’aide juridique, tant au Liban qu’en                              en Jordanie. En décembre 2014, la DGSG
      Jordanie, consacrent une partie excessive                             libanaise a établi de nouvelles politiques
      de leur temps à défendre le droit au séjour                           d’entrée et de nouvelles réglementations
      légal dans le pays. Ces deux pays ont ouvert                          restreignant davantage le séjour afin de
      généreusement leurs frontières aux réfugiés                           réduire l’influx massif de réfugiés syriens
      syriens jusqu’au moment où ils ont estimé                             dans le pays, exigeant de ces derniers
      avoir dépassé leurs capacités à porter                                qu’ils fournissent un ensemble complexe
      assistance au nombre croissant de réfugiés,                           et prohibitif de documents et s’acquittent
      d’autant qu’il devenait évident que cette crise                       d’une contribution annuelle de 200 USD pour
      se transformait progressivement en une                                chaque permis de séjour. Par ailleurs, en
      nouvelle situation de déplacement prolongé.                           mai 2015, le ministère libanais des Affaires
                                                                                             sociales a demandé au HCR
                                                                                             de cesser d’enregistrer les
                                                                                             réfugiés arrivant au Liban,
                                                                                             ce qui s’est traduit par une
                                                                                             réduction continue du taux
                                                                                             de séjour légal parmi les
                                                                                             réfugiés syriens. En outre,
                                                                                             une circulaire administrative
                                                                                             NRC/Zaynab Mayladan

                                                                                             de 2017 visant à autoriser
                                                                                             certains réfugiés à renouveler
                                                                                             gratuitement leur permis de
                                                                                             séjour ne s’applique pas à la
                                                                                             majorité d’entre eux. Sans
                                                                                             droit de séjour légal au Liban,
Le personnel du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) offre des informations, des conseils
et une assistance juridique aux réfugiés et aux demandeurs d’asile dans la Bekaa, au Liban.
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         il est difficile de s’y déplacer librement, d’y      du droit international des droits humains,
         travailler et d’accéder aux services essentiels      y compris au principe de non-refoulement.
         tels que la santé et la scolarisation. Les           Alors que la majorité des tribunaux ont
         réfugiés risquent donc d’être arrêtés et d’être      pénalisé l’entrée non autorisée des réfugiés
         visés par un ordre d’expulsion. Même si              syriens au Liban, d’autres juges ont accordé
         ces ordres ne sont généralement pas mis en           des circonstances atténuantes au vu des
         application, ils entretiennent la peur parmi         situations de force majeure vécues par les
         les réfugiés et sont incompatibles avec les          réfugiés syriens et de leur impossibilité de
         obligations internationales du Liban.                facto à entrer par des moyens légaux dans le
              Les acteurs de l’assistance juridique           pays alors qu’ils fuyaient les persécutions.
         disposent de stratégies limitées pour garantir       Dans une affaire, le tribunal a annulé un
         le séjour légal. Les efforts de plaidoyer,           ordre d’expulsion d’un réfugié irakien en
         souvent menés sous l’égide de l’ONU ou               s’appuyant sur le droit de demander l’asile
         d’ONG, ont abouti à certaines concessions,           inscrit dans la DUDH, ainsi que sur la
         par exemple des amnisties temporaires sur la         prohibition du refoulement inscrite dans
         régularisation du statut légal des réfugiés, et      la Convention relative aux réfugiés et la
         dans certains cas, les avocats sont parvenus à       Convention contre la torture.2 Dans une autre
         renverser des décisions de mise en détention         affaire importante, conduite par deux ONG
         des personnes sans droit de séjour légal.            d’assistance juridique en 2018, le Conseil
         Toutefois, avant de considérer tout recours          d’État du Liban (le tribunal administratif
         à la justice, il faut prendre en compte les          de plus haut niveau) a jugé invalides les
         risques de protection pour les proches sans          réglementations émises par la DGSG en 2015,
         titre de séjour légal dans la communauté et          lesquelle limitaient l’entrée et le séjour des
         les autres conséquences négatives pour les           Syriens au Liban au seul motif que le Conseil
         détenus (telles que l’expulsion). Dans une           des Ministres avait compétence pour émettre
         affaire ayant fait date au Liban, le tribunal a      de telles réglementations. Le tribunal a estimé
         ordonné la libération immédiate d’un réfugié         que le rôle de la DGSG se limitait à la mise en
         irakien qui avait été condamné pour être             application des réglementations et confirmé
         entré illégalement dans le pays et frappé d’un       que même les procédures des agences de
         ordre d’expulsion. Le tribunal s’est appuyé          sécurité étaient soumise à un contrôle
         à la fois sur le droit à la liberté individuelle     judiciaire.3 Malgré l’importance de cette
         conformément à la constitution libanaise             décision et son utilisation par certains avocats
         et sur l’interdiction de toute arrestation,          dans leurs arguments, ces réglementations
         déportation et exil arbitraire conformément          continuent d’être appliquées et, en mai 2019,
         à la Déclaration universelle des droits de           la DGSG et le Conseil suprême de défense
         l’Homme (DUDH).1 Toutefois, ces affaires             du Liban ont déclaré que tous les Syriens
         restent une exception et n’ont pas encore            entrés au Liban de manière illégale après
         entraîné de changements dans les pratiques           le 24 avril 2019 devaient être expulsés.
         administratives. Souvent, les avocats ne                 En Jordanie, les ordres d’expulsion
         peuvent rien faire d’autre que d’étudier les         peuvent faire l’objet d’un appel devant le
         critères d’éligibilité, de conseiller les réfugiés   tribunal administratif, bien que les personnes
         vis-à-vis de toute évolution qui pourrait            décisionnaires disposent d’une grande
         jouer en leur faveur et de plaider pour la           discrétion, sans obligation de justifier leurs
         libération de réfugiés incarcérés parce              décisions d’expulsion. Le rôle du tribunal se
         qu’ils n’ont pas de titre de séjour légal.           limite à garantir que les règles de procédure
                                                              ont été respectées. Toutefois, dans les affaires
         La protection juridique contre le                    où les décideurs justifient leur décision, les
         refoulement                                          tribunaux peuvent alors examiner le caractère
         Néanmoins, ces dernières années, les                 légal et adéquat des raisons données pour
         tribunaux libanais se sont référés de plus en        s’assurer que ces décisions sont justifiées
         plus fréquemment aux obligations découlant           tant sur le plan juridique que factuel et
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     qu’elles relèvent bien de la compétence du        la protection des droits et influencer les
     décideur. Dans certains cas, des fournisseurs     législateurs. Néanmoins, les consultations
     locaux d’aide juridique sont parvenus à           conduites par le Conseil norvégien pour les
     persuader les tribunaux d’annuler des ordres      réfugiés auprès d’avocats et de fournisseurs
     d’expulsion pour avoir enfreint la loi sur        d’aide juridique en Jordanie en février 2021
     les questions relatives à la résidence et aux     indiquent que, si les avocats recourent
     étrangers. Une autre approche innovante           parfois aux arguments basés sur les droits
     repose sur des centrales d’appel permettant       humains dans leurs plaidoyers, les juges ne
     de s’entretenir avec des avocats qui peuvent      font que rarement référence aux principes
     fournir des réponses urgentes, 24 heures          des droits humains internationaux dans
     sur 24, aux éventuelles expulsions. Enfin,        leurs décisions, préférant se baser sur les
     une future stratégie procédurière pourrait        lois nationales.4 Enfin, au Liban, les juges
     impliquer d’invoquer le droit à un procès         sont formés à l’application des conventions
     équitable ou à l’application régulière de la      internationales au sein du système juridique
     loi dans les cas d’une éventuelle expulsion,      national mais l’impact de cette formation
     et de renforcer les arguments juridiques          est à la fois variable et limité, et plus
     relatifs aux obligations internationales          encore sur les questions sensibles relatives
     en matière de non-refoulement.                    aux droits des réfugiés. D’une manière
                                                       générale, il existe en outre un manque
     Tribunaux et recours                              notable de directives expliquant comment
     La possibilité de demander un recours             appliquer le droit international humanitaire
     effectif et applicable pour exercer les droits    dans la jurisprudence et en pratique.
     garantis par la législation nationale ou
     internationale est un élément fondamental         Une approche basée sur l’aide juridique
     de la protection des droits. Les pays non-        Dans les faits, les réfugiés ont accès à des
     signataires de la Convention relative aux         services d’aide juridique dans ces deux pays
     réfugiés ont tout de même l’obligation de         pour les aider à protéger leurs droits grâce
     respecter les droits humains de ces derniers,     aux cadres existants. Dans ces deux pays, les
     conformément aux autres traités relatifs aux      réglementations gouvernant la représentation
     droits humains que ces États ont ratifiés,        juridique autorisent la fourniture de
     ainsi qu’aux dispositions de la Convention        services d’aide aux personnes en difficultés
     relative aux réfugiés qui ont été intégrées       financières, généralement sur demande de
     dans le droit international coutumier, comme      la cour ou par le biais des associations du
     par exemple l’interdiction du refoulement.        barreau concernées. En pratique, ce sont
     Cette situation fournit un puissant               des fournisseurs non gouvernementaux qui
     « mécanisme de protection alternatif »            fournissent la majorité des services d’aide
     par le biais duquel les acteurs de l’aide         juridique aux réfugiés, avec des financements
     juridique peuvent utiliser des arguments          provenant généralement de la communauté
     tirés du droit national et international.         internationale. Leurs bénéficiaires montrent
         Dans son interprétation des lois              une préférence marquée pour des recours
     nationales, le droit jordanien donne              administratifs accessibles et efficaces et
     priorité aux obligations tirées des traités       les mécanismes informels de résolution
     internationaux et relatives aux droits            des différends, tels que la médiation.
     humains, et les tribunaux ont reconnu ce              Dans cet espace restreint, les fournisseurs
     principe dans diverses décisions, par exemple     d’aide juridique agissent sur le plan pratique
     le devoir d’enquêter sur les accusations de       en faisant la liaison avec les fonctionnaires
     torture, le droit à une nationalité, le droit     gouvernementaux, en accompagnant
     au travail, l’interdiction de toute arrestation   les réfugiés pour obtenir des papiers, en
     arbitraire et la présomption d’innocence.         négociant les différends et en fournissant des
     De telles décisions peuvent contribuer            services d’information juridique. Les avocats
     à promouvoir un cadre normatif pour               peuvent jouer un rôle crucial d’intermédiaire
RMF 67         Les États non signataires et le régime international des réfugiés                                                     57

          juillet/aout 2021                                                       www.fmreview.org/fr/numero67

         pour les réfugiés qui craignent d’approcher        la perspective des droits humains. Cette
         les autorités, de se rendre au tribunal ou         approche est tout à fait conforme aux traités
         d’entreprendre toute action risquant d’attirer     relatifs aux droits humains ratifiés tant par
         l’attention sur leur situation. Cette approche     la Jordanie que le Liban. Et même si elle ne
         permet d’enregistrer les naissances, de            peut remplacer un cadre juridique formel,
         résoudre les différends, de réduire les            cette approche permettrait d’interpréter les
         arrestations au minimum et de s’opposer            lois et réglementations existantes de manière
         aux expulsions. Par le passé, ces efforts ont      à donner la plus grande priorité possible à
         abouti à des amnisties temporaires octroyées       la protection en faisant davantage appel à
         par les autorités libanaises et jordaniennes       la flexibilité et discrétion administratives
         qui ont permis aux réfugiés de régulariser         et judiciaires. En contrepartie, cette
         leur séjour, d’enregistrer leur mariage et         approche devrait entraîner des changements
         de déposer une demande d’enregistrement            réglementaires pour codifier la pratique.
         tardif de la naissance d’un enfant (bien que,      Les acteurs de l’assistance juridique
         dans le cadre de ces amnisties, les réfugiés       peuvent jouer ici un rôle de premier plan en
         aient parfois dû renoncer à d’autres droits).5     soulevant des arguments basés sur les droits
         Toutefois, les fournisseurs d’aide juridique se    humains, en présentant des considérations
         heurtent à un nombre croissant d’obstacles         humanitaires convaincantes, en négociant
         juridiques et administratifs qui les forcent à     les résultats et en sensibilisant aux droits
         se battre sur deux fronts : premièrement, pour     et aux options juridiques. De cette manière,
         protéger les droits juridiques des bénéficiaires   les approches alternatives de la protection
         et, deuxièmement, pour préserver leur              peuvent optimiser les avantages pour les
         liberté à fournir de tels services.                réfugiés vivant dans l’ombre de la loi.
                                                            Martin Clutterbuck martin.clutterbuck@nrc.no
         Mesures pratiques en faveur de la                  Conseiller régional pour le Moyen-Orient,
         protection                                         Programme d’information, de conseil et d’aide
         D’un point de vue politique, il semble             juridique (ICLA), Conseil norvégien pour les
         peu réaliste que la Jordanie ou le Liban           réfugiés (NRC)
         signent la Convention relative aux réfugiés
         à ce stade. Néanmoins, il est possible de          Yara Hussein yara.hussein@nrc.no
         prendre des mesures pratiques dans ces             Coordinatrice juridique ICLA, NRC Jordanie
         deux pays afin de renforcer les cadres de          Mazen Mansour mazen.mansour@nrc.no
         protection en vertu du droit national. La          Coordinateur juridique ICLA, NRC Liban
         Jordanie a déjà établi des mécanismes
         administratifs et réglementaires pour              Monica Rispo monica.rispo@nrc.no
         protéger de nombreux droits des réfugiés et        Spécialiste ICLA, NRC Jordanie
         ce, en dépit de l’absence de cadre juridique       1. Tribunal de première instance du Liban, section des questions
         national, mais aussi du traitement différencié     (civiles) urgentes, juge Maalouf, Décision, 20/6/2014
         qu’elle applique aux réfugiés syriens et non       2. Tribunal de première instance du Liban (droit pénal), Juge
                                                            Mkanna, 15/04/2008
         syriens, qui se traduit par des niveaux de
                                                            3. Saghieh N (2018) « Regulating Entry and Residence
         protection asymétriques. Quant au Liban,           Requirements for Syrians: A Legal Victory for Lebanon », The
         qui souffre d’un paysage politique fragmenté       Legal Agenda bit.ly/Saghieh-LegalAgenda-2018
         et craint que les influx de réfugiés ne se         4. Atelier d’assistance juridique intitulé « International Protection
         poursuivent et n’entraînent des changements        of Refugees » conduit par le CNR avec des avocats et des
                                                            fournisseurs d’aide juridique externes, Justice Centre for Legal Aid
         démographiques, il reste à la traîne.              et Tamkeen, 21-22 février 2021
              En l’absence d’un cadre national relatif      5. Voir par exemple Lebanon Crisis Response Plan 2020, p.13
         aux réfugiés, les tribunaux, les fournisseurs      bit.ly/Lebanon-CrisisRespPlan-2020 ; également NRC Jordanie
                                                            (2016) Securing Status: Syrian refugees and the documentation of legal
         d’aide juridique et les institutions nationales    status, identity, and family relationships in Jordan, p.25
         et locales peuvent contribuer à combler            bit.ly/NRC-SecuringStatus-2016
         les lacunes en matière de protection en
         interprétant la législation nationale selon
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