Quand la pandémie de 2020 réveille la mémoire des épidémies du passé en Vendômois
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Quand la pandémie de 2020 réveille la mémoire des épidémies du passé en Vendômois par Jean-Jacques LOISEL Introduction Cet article est né d’une demande de La Nouvelle République du Centre-Ouest concernant l’évocation d’épidémies ayant affecté le Vendômois dans le passé : la pandémie du Covid 19 sévissait alors. Le but était de rappeler que nos ancêtres avaient, eux aussi, dû lutter contre des fléaux sanitaires dont la violence et les causes, ignorées ou mal connues, provoquaient une mortalité parfois effrayante et suscitaient l’angoisse, voire la panique. Le Moyen Âge et les périodes antérieures ont été laissés de côté – bien que souvent touchés – par manque de données locales précises. C’est donc à partir du « beau XVIe siècle » de Ronsard que la part sombre des siècles – « Grand Siècle », « Siècle des Lumières » – a été quelque peu dévoilée. Les grandes épidémies ont marqué l’histoire, mais il faut aussi se souvenir qu’une multitude de vagues ou de vaguelettes épidémiques ont assombri le quotidien des populations jusqu’à la fin de la Grande Guerre. Mots-clés Épidémie Peste – Choléra – Variole – Dysenterie – Dothinentérie – Rougeole – Typhoïde – Grippe espagnole – Bretonneau – Gendron – Saint Sébastien. Au siècle de Ronsard Ce moment de notre histoire s’appelle la Renaissance. Ronsard invite sa mie : « Mignonne, allons voir si la rose »… L’image est belle, trop belle. Le XVIe siècle a connu de redoutables épidémies. La peste continuait à semer la terreur. Michel Garault, chanoine de la collégiale de Trôo, écrivait dans ses notes en forme de chronique : L’an 1564, le jour de Nostre-Dame mi-août, le fils de défunt Pierre Pillette apporta la peste de Vendôme de chez son maître où il demeurait, et il mourut le lendemain de ladite mi-août au fournil de son père le 28e jour dudit mois d’août la peste commença chez la fille de défunt Pierre Pillette nommée Julianne et ledit Pillette mourut le troisième jour de septembre ensemble sa femme et cinq enfants de ladite peste et il en mourut vingt de cette fois et je m’en allai demeurer en ma maison où je fis mes vendanges […]. L’ecclésiastique réagit comme nombre de personnes aisées quand la peste arrivait : se mettre à l’abri dans sa maison bordée de vignes ; les siècles n’ont pas modifié le réflexe. Dans son Histoire de Montoire, l’abbé Brisset décrit le passage de la peste dans la petite ville : On était en juin 1581, au premier jour de juin. Un enfant des époux Lucas-Cardy venait du Mans et mourait chez nous, après avoir causé la mort de sa mère. Le décès fut suivi de centaines d’autres. […] En juin, juillet et août, on enregistra deux cent quatre-vingt-douze décès. Il n’y en eut plus que dix dans les trois mois qui suivirent. En comptant les morts de la paroisse Saint-Oustrille, le chiffre de cinq cents ne paraît pas exagéré.
Le chanoine Garault avait, à l’époque, avancé des chiffres : L’an 1581, le premier jour de juin, la peste commença à Montoire qui fut et dura jusqu’au premier jour de l’an 1582, dont on mourut de compte fait par des gens qui les ont mis en mémoire au nombre de 500 personnes [à Montoire], à Lunay 400, à Lavardin 300, St-Arnoux et les Hermitte 200 ; et à Trôo neuf personnes, donc y fut remédié au dit lieu de Trôo. Ces chiffres sont évidemment sujets à caution : Le professeur Jérôme Salomon n’était pas né… Ignorant que la source du danger, la puce de rat, sautillait à ses pieds, l’homme implorait le ciel : Dieu s’irritait des péchés commis par ses créatures. Pour tenter de l’apaiser, elles se tournaient vers des saints intercesseurs, surtout Sébastien et Roch. J.-C. Pasquier détaille le recours à saint Sébastien, à Vendôme, au début du règne de François Ier : [01_saint Sébastien] […] la dévotion à ce saint se manifesta surtout sous Charles de Bourbon, en 1516-1517, lorsque la ville et le Vendômois furent affligés par la peste. Si la rue Ferme et le faubourg Saint-Bienheuré furent, semble-t-il, épargnés, le faubourg Saint-Lubin (ou Saint-Georges) fut pleinement touché. Aussi, les habitants de ce quartier résolurent-ils de faire vœu à saint Sébastien dont la collégiale possédait les reliques. Une procession fut donc organisée autour de la ville, nus pieds, en chemise, avec un cierge à la main. On porta ainsi une torche de cire jaune pour faire amende honorable et une bougie aussi longue que nécessaire brûla devant la châsse du saint martyr tout le temps que dura le défilé. L’exemple de Vendôme fut suivi dans toute la contrée, soumise elle aussi au fléau : à Montoire, on fonda une confrérie de Saint-Sébastien et il eut droit à sa statue en bonne place dans l’église N.-D. de Pitié. Les paysans de Montrouveau voulaient que leur patron, saint Blaise, les entende, et ils demandèrent à Ronsard de prendre sa plus belle plume de poète : [02 Saint Blaise] Sainct Blaise, qui vis aux Cieux Comme un ange précieux, Si de la terre où nous sommes, Tu entends la voix des hommes, Recevant les vœux de tous, Je te prie, escoute nous. Ce jourd’huy que nous faisons À ton autel oraisons En processions sacrées Pour nous, nos bleds, et nos prées, Chantant ton hynne à genoux, Je te prie, escoute nous. Chasse loin de nostre chef Toute peste et tout meschef, Que l’air corrompu nous verse, Quand la main de Dieu diverse
Répand sur nous son courrous : Je te prie, escoute nous. Il composa encore un hymne à saint Roch ; suivons-le se rendant avec les paroissiens de Couture à la chapelle Saint-Roch, aux confins de Villedieu : [03_chapelle Saint-Roch] J’avise un grand lévrier, suivons son train de près : Redoublons le marcher, je le vois comme il entre, C’est le chien du bon Sainct : dedans le creux d’un Antre J’en vois déjà la Chasse et des lampes autour, Les gardes de ce Sainct qui brûlent nuit et jour. Car l’huile est éternelle éprise dans la mèche Qui garde que ce feu sans humeur ne se sèche. Qui en prend une goutte et parmi ses cités La verse, il chasse au loin toutes adversités : L’air se purge et devient bénin et salutaire ; La ville est sans frayeur, le peuple volontaire S’égaye par les champs et de la peste franc, Sautelant par le corps sent rajeunir son sang. Au siècle de César de Vendôme Le passage du XVIe au XVIIe siècle n’a pas modifié le paysage sanitaire et médical du Vendômois. La peste ne tarda pas à se rappeler au mauvais souvenir des de Montoiriens : Le 20 avril 1612, on a différé rentrer par le cimetière, d’autant qu’on enterrait la femme et la mère de Robert Hatry, qui estaient mortes de la peste. L’église Saint-Laurent était entourée du cimetière et, alors qu’on venait célébrer un baptême, il fallait faire un détour pour éviter le cortège pestiféré. Ce ne furent sans doute pas les seules victimes, mais seul un dépouillement systématique du registre des décès renseignerait. Les travaux de démographie historique aident à déceler l’impact des maladies sur une population. Le village de Ternay connut une mortalité élevée entre 1624 et 1628 ; 1627 fut même l’année la plus noire du siècle avec 32 décès. La période la plus meurtrière fut le trimestre août-septembre-octobre, moment où, traditionnellement, la dysenterie faisait des ravages. Le second « pic » de 1627, février- mars-avril, pourrait bien être dû à la peste. Selon l’historien François Lebrun, la peste ravagea l’Anjou en 1626-1627 ; elle affecta aussi les villes voisines, Tours, Orléans, et leurs campagnes environnantes. Il y a tout lieu de penser qu’elle rôdait aussi dans la vallée du Loir. La peste concentrait les effrois : on continuait de se ruer vers les statues de saint Sébastien. Mais d’autres maladies redoutables sévissaient, comme la dysenterie. Cette dernière était souvent liée à la mauvaise alimentation, fruit d’un enchaînement négatif : dérèglement climatique saisonnier – mauvaises récoltes – alimentation défectueuse – maladie. Un témoignage remarquable en est donné par Marie Du Bois, valet de chambre de Louis XIV. Ce gentilhomme vécut la fameuse « crise de l’avènement » qui, en 1661-1662, marqua le début du règne
réel du jeune roi de France. Alternant ses services trimestriels à la cour et ses séjours dans sa résidence du Poirier, à Couture-sur-Loir, il était dans cette dernière quand le fléau déferla. Retenons-en quelques tableaux significatifs. [04_médecin du 17e s.] La peste concentrait les effrois : on continuait de se ruer vers les statues de saint Sébastien. Mais d’autres maladies redoutables sévissaient, comme la dysenterie. Cette dernière était souvent liée à la mauvaise alimentation, fruit d’un enchaînement négatif : dérèglement climatique saisonnier – mauvaises récoltes – alimentation défectueuse – maladie. Un témoignage remarquable en est donné par Marie Du Bois, valet de chambre de Louis XIV. Ce gentilhomme vécut la fameuse « crise de l’avènement » qui, en 1661-1662, marqua le début du règne réel du jeune roi de France. Alternant ses services trimestriels à la cour et ses séjours dans sa résidence du Poirier, à Couture-sur-Loir, il était dans cette dernière quand le fléau déferla. Retenons-en quelques tableaux significatifs. − La maladie ne tenait pas compte du rang social : La présente année 1661 fut une année funeste dans toutes sortes de misères, de famine et de maladies. Marie Dubois, ma fille, tomba malade de la disenterie et perdit deux de ses enfants, étant chez elle à Montoire. Il lui en restait deux que j’envoyai quérir céans pour les sauver, mais, au bout de huit jours, le plus petit tomba malade de cette cruelle et impitoyable maladie, et mourut le samedi huitième octobre, à sept heures du soir. [05_Le Poirier] − La générosité du maître des lieux était secondée par le dévouement sans faille d’une servante : Et j’avais céans une servante, nommée Françoise Le Moyne, de Villedieu, qui était fort connaissante et affectionnée, qui me donna beaucoup de preuves de sa fidélité et de son affection en ce rencontre, aussi bien qu’en celui des charités pour les pauvres. Comme le pain était fort rare, elle nourrit la plupart des pauvres, quatre mois durant, d’une quantité de citrouilles avec du lait et du sel, aux uns du pain, aux autres du vin, aux plus vieux pain, vin, viande. − En 1662, l’amélioration n’était pas perceptible. Le 5 février, la voix faible d’un garçon de 14 ou 15 ans fut entendue dans une grange. Mourant de faim et de soif, il dégageait une puanteur insupportable. Françoise Le Moyne prit les choses en main : Elle, se voyant du linge et un méchant habit, elle fait chauffer de l’eau dans un petit chaudron d’airain, et, avec cet équipage, s’en va trouver ce misérable qu’elle dépouille de toutes ses puanteurs, le lave par tout le corps, lui décrasse toutes ses ordures et le change de tout. Mais cette prudente fille connut que cette maladie-là était de la disenterie, et, se voyant dans le péril, elle embrasse ce misérable, qui était en haut sur la berge du foin et le descend en bas proche de la porte, afin qu’avec une pelle de four l’on lui pût donner des aliments sans se mettre dans le péril. Elle n’eut pas sitôt achevé son entreprise qu’elle s’en vint au logis et me dit la vérité de la chose. Je la fis parfumer avec du genièvre ; je lui fis prendre une rôtie dans le meilleur de mon vin ; je lui fis laver les mains, la bouche, le nez et les oreilles dans du vin, et lui dis de faire un grand feu et de se bien chauffer ; ce qu’elle fit. − La charité, comme les hôpitaux de nos jours, fut vite débordée : Le nombre était toujours en augmentant : au commencement quarante ; après, cinquante ; le mois de mars fut en augmentant ; avril encore davantage ; cela allait à cent cinquante, puis à deux cents. Beaucoup mouraient de faim. Le blé valait jusqu’à quatre livres tant de sous, l’orge plus d’un écu ; point de fruits. Les pauvres paissaient le blé en vert et l’herbe, comme les bêtes. Quel exceptionnel acteur et reporter fut Marie Du Bois ! Au temps de Rochambeau
Les premières années du « Siècle des Lumières » furent particulièrement sombres : fin de règne morose d’un souverain dont le soleil pâlissait, colères climatiques, misère profonde de beaucoup, sans compter les épidémies qui guettaient à l’orée de chaque saison. Ces dernières faisaient parfois de brutales et brèves poussées : à Ternay, en janvier et février 1705, il y eut 23 morts, soit autant qu’en une année moyenne de cette période ; à Naveil, 1705 donna lieu à une crise, plus marquée dans le deuxième trimestre. À vingt kilomètres de distance les maladies en cause étaient peut-être différentes, mais le résultat était le même. Les événements climatiques les plus mémorables n’étaient pas toujours porteurs de mort. Ainsi le « Grand Hyver » s’abattit sur le Vendômois comme un coup de hache le 6 janvier 1709, jour des Rois. Le curé des Hayes voulut en garder mémoire pour les générations à venir : Que la postérité se souvienne que cette année 1709 a esté la plus mauvaise qui ayt jamais esté, tous les bleds furent gelez et le grain si cher que l’on a vendu jusqu’à six francs le boisseau de bled mesure de Montoire ; tous les noyers, les chataigniers et la plus grande partie des arbres fruitiers gelez, ce qui causa une perte encore plus considérable que n’estait la disette des grains et que ceux qui vivent à présent prient le Seigneur de ne les pas affliger d’années si mauvaises et qu’à leurs prières ils y joignent ne bonne conduite, une vie véritablement chrétienne. Dieu avait une riche panoplie de fléaux pour punir les hommes. Aux Hayes, à Ternay comme à Naveil, ils se recroquevillèrent et il n’y eut pas plus de morts qu’à l’ordinaire. Une bonne nouvelle arriva en 1720, mais on n’en prit conscience que progressivement. La peste, qui avait lancé une grande offensive sur Marseille, fut muselée et le royaume en fut débarrassé. Mais il restait encore assez de maladies actives pour alimenter l’angoisse en Vendômois. Villes et villages continuèrent à être envahis par telle épidémie de dysenterie, de variole ou de typhoïde. En 1745, Ternay connut une des plus fortes mortalités de son histoire ; le curé nota dans son registre des décès, à la fin du mois d’octobre : Ceux qui sont inhumés pendant le mois présent sont morts de la maladie du flux de sang qui a été universelle dans tout le pays. Cette maladie du flux de sang a toutes les apparences de la dysenterie ; d’ailleurs, octobre était un mois de prédilection pour cette épidémie. Et le curé signalait qu’elle avait sévi dans tout le « pays », c’est-à-dire au moins dans les villages voisins. Dans sa belle étude sur Naveil, Jean-Jacques Renault a décelé une surmortalité en deux vagues du début juillet 1743 à fin juin 1744 : 80 décès en une année, la ponction était sévère ; les jeunes de 15 ans et moins représentaient près de 39% des morts. Signe de l’angoisse des villageois lors de ce type de crise, on ne faisait plus d’enfants, on ne se mariait plus, le lendemain de la communauté était en suspens. [06_la Mort enlève l’enfant] La démographie historique, recherche trop rare, est l’auscultation d’une population locale : on l’entend respirer au fil des siècles et on perçoit que l’épidémie faisait partie du quotidien, même après la disparition de la peste. Et la médecine, dira-t-on ? Elle était largement impuissante : un peu présente dans les villes où officiaient quelques médecins, comme à l’hôtel-Dieu de Vendôme, elle était au mieux réduite à une poignée de chirurgiens aux compétences limitées dans les campagnes. Pour le reste, il y avait les charlatans ou les neuvaines, garants de résultats aléatoires. Comme ennemi n° 1, la peste avait cédé la place à la variole ou petite vérole. Celle-ci décima l’Europe pendant tout le XVIIIe siècle et marqua à vie les visages des rescapés. Toutes les classes de la société étaient affectées, jusqu’au sommet. En 1728, Louis XV pourrait bien avoir atteint par la petite vérole et il pensait être immunisé. En avril 1774, elle le retrouva et, cette fois, le conduisit à la mort, le 10 mai suivant. Dès 1741, le futur maréchal de Rochambeau eut des rendez-vous réguliers avec des « fièvres malignes ». Il venait tout juste de se marier avec Jeanne Thérèse d’Acosta quand celle-ci fut atteinte de la petite vérole. Pour hâter la guérison, les jeunes époux se retirèrent dans leur château de
Rochambeau, puis dans celui de Renay qu’ils venaient d’acquérir. Le destin leur accorda un long sursis. [07_maréchal de Rochambeau + 08_château de Rochambeau] Au temps de Balzac .1. Les médecins des épidémies Les épidémies restaient au centre des préoccupations médicales au début du XIXe siècle. Nul ne s’étonnera que Napoléon ait voulu organiser la lutte contre l’ennemi. Dès 1805, fut créée la fonction de médecin des épidémies, un par arrondissement, placé sous l’autorité de l’État. Le scénario était le suivant : dès qu’un phénomène épidémique apparaissait, le maire de la localité alertait le sous-préfet et le préfet déclenchait une mission du médecin des épidémies ; celui-ci se rendait immédiatement sur place, une ou plusieurs fois, et rendait un rapport détaillé de la maladie. Le premier médecin des épidémies fut Pierre André Gendron ; exerçant aussi à l’hôpital et au collège, il soigna le jeune Balzac. Quelques bribes de ses rapports renseignent sur les circonstances de sa mort. Pendant des années, Vendôme et les villages situés sur la route de l’Espagne connurent d’incessants passages de troupes et de convois de prisonniers. En avril 1814, un convoi de prisonniers espagnols, affecté par le typhus, fut parqué dans l’église de la Trinité ; personne ne voulant les soigner, P. A. Gendron s’y dévoua : en quelques jours, il fut emporté par la maladie, plongeant la ville dans le deuil. [09_Pierre-André Gendron] Son fils lui succéda dans tous ses postes et les conserva jusqu’à sa mort, en 1854. Ses rapports constituent un réservoir exceptionnel d’informations, non seulement sur les maladies régnantes, mais sur les conditions de vie et les mentalités des Vendômois, citadins ou ruraux. Ils comportaient une rubrique « Topographie », complétée par un développement sur l’hygiène et les conditions de vie, véritable tableau économique, environnemental, social et sanitaire de la commune. Puis ils abordaient les causes et l’origine de la maladie, en faisaient la description et traitaient les « histoires particulières », cas représentatifs ou problématiques. Ils se terminaient par l’évocation des traitements prescrits. Ces rapports mettent en évidence les aides et les obstacles que le médecin des épidémies rencontrait sur le terrain. Du côté positif se rangeaient les médecins et les officiers de santé avec lesquels les relations étaient bonnes. Certains villages possédaient de petits établissements où deux religieuses donnaient des soins ; le dévouement, la compétence des uns et des autres étaient généralement salués. En revanche, de multiples éléments pouvaient contrecarrer l’action du médecin des épidémies : − Certains maires avisaient tardivement la sous-préfecture, voire pas du tout ; ceci par crainte de reproches ou inconscience. Petite circonstance atténuante : quand une maladie comme la dysenterie, installée de manière endémique, habituait un village à la perte annuelle de quelques habitants, il n’était pas aisé de constater son passage au stade épidémique. C’était le ouï-dire qui alertait parfois et le médecin des épidémies arrivait après la bataille. − Les habitants des campagnes cédaient à une sorte de fatalisme devant la maladie. Le D r Gendron le déplorait dans un rapport sur la rougeole en 1820 : Les habitants de la campagne n'attachant pas d'importance à cette maladie, l'abandonnent à la nature. Les maires de la commune où elle a régné ont négligé par la cause que je viens de noter de vous en rendre compte, quoiqu'un nombre plus ou moins grand d'enfants ait succombé à cette maladie. [10_le médecin des pauvres] − Les charlatans étaient souvent à l’œuvre avant le médecin. Ainsi, à Busloup, en 1835, le « sacriste » de Fontaine-Raoul sévissait en même temps que la scarlatine. À la pointe de son canif, il incisait les
amygdales des malades, pratiquait des scarifications sur leurs palais, à tort et à travers. Pour se donner du courage, ou plutôt par habitude, il était ivre, à un degré variable selon l'heure du jour. [11_chapelle Ste-Radegonde de l’Ecotière] − Le recours aux rituels de dévotion populaire était encore très répandu. À propos d'une épidémie de typhoïde à La Ville-aux-Clercs en 1840, Gendron évoquait la chapelle de Sainte-Radegonde : Sainte Radegonde passe pour préserver les enfans des convulsions ; à certains jours du mois, les mères conduisent leurs enfans dans une prairie qui touche à la chapelle ; le curé du village leur dit un évangile pour la modique rétribution de 10 c, puis on se rend à la fontaine où l'on baigne les jambes et quelquefois le corps de l'enfant ; on jette alors 25 épingles dans la fontaine, on roule ensuite le corps et le ventre de l'enfant sur une large pierre plate qui se trouve dans la prairie et qui est consacrée par l'usage. Et le médecin des épidémies de conclure : On doit espérer dans l'intérêt de l'humanité que ces usages transmis par des siècles d'ignorance et de superstition, cesseront lorsque l'instruction aura pénétré dans le fond de nos campagnes. À sa mort, Arsène Gendron fut remplacé par son gendre, le Dr Émile Faton. .2. L’épidémie : contagieuse ou pas ? Et le choléra ? La question vient à l’esprit quand on évoque les épidémies au XIXe siècle. Le Vendômois fut relativement préservé : Le 21 juin 1832, à Vendôme, une femme de 32 ans décédait du choléra-morbus, malgré les soins d’Arsène Gendron et de son confrère Torio : elle vivait dans la misère rue de la Grève. Plusieurs personnes furent affectées dans la même rue. Le mal ne prit pas d’ampleur et le scénario se répéta en 1849, toujours dans le même quartier, peut-être le plus pauvre de la ville : le choléra sélectionnait ses premières victimes avant d’élargir son choix. La vague fut toutefois meurtrière jusqu’aux portes de l’arrondissement, en particulier à Oucques. Un grand débat médical de l’époque était celui de la contagion ou non de certaines maladies. Un affrontement passionné opposait les tenants de la contagion, regroupés autour de Pierre-Fidèle Bretonneau, de ses disciples, Trousseau et Velpeau, à ceux qui la niaient, essentiellement des mandarins parisiens. Un des actes de cette confrontation se déroula à Vendôme. C’était au début de 1829 : la ville comptait alors deux grands foyers à risque sanitaire élevé, le collège et la caserne de cavalerie. Dans le premier trimestre de 1829, des soldats du 1er régiment de dragons, casernés à Vendôme, furent traités à l’hôpital de la ville. Ils étaient atteints par ce que Bretonneau appelait la dothinentérie, dénomination vite supplantée par celle de « fièvre typhoïde ». Arsène Gendron émit un diagnostic : Je déclarai que la maladie me paraissait offrir un caractère très grave, que je le regardais comme épidémique ; j'allai même jusqu'à dire qu'elle présentait beaucoup de ressemblance avec les typhus fébriles. [12_bâtiments militaires de l’hôpital] Son opinion n’était partagée ni par le chirurgien de l’hôpital ni par le chirurgien-major du régiment, pour qui la maladie ne présentait aucun caractère de gravité. On fit appel à des sommités : le Dr Gasc, médecin de l’hôpital de la garde royale, à Paris ; le Dr Bretonneau, dont la réputation était grande dans la région. Ce dernier écrivait à Trousseau, le 3 février : Retenu depuis 5 jours par une phlegmasie de la capsule articulaire du genou gauche, avec énorme accumulation de synovie, je suis mieux. Le liquide épanché est presque résorbé. Malheureusement, il faut que je parte à l’instant même pour Vendôme où 80 militaires sont atteints simultanément de la dothinentérie. 10 ont déjà succombé. On me garde un cadavre ; ils supposent que pour n’avoir pas porté de bas que les malheureux sont si traîtreusement assaillis par une gastro-entérite intense.
Le débat fut vif et chacun campa sur ses positions : tandis que le médecin parisien optait pour une gastro-entérite, s’inscrivant dans la tradition de Broussais pour qui ces fièvres étaient le produit d’une inflammation, le Tourangeau en tenait pour la dothinentérie. Bretonneau comptait engranger de nouvelles informations en suivant de près l’épidémie de Vendôme. Le 21 février, il sollicitait A. Gendron : Vérifiez, je vous en conjure, le nombre de jours passés à l’hôpital, et prenez auprès de M. Arbelles les renseignements les plus positifs que possible sur l’instant de l’invasion. Déjà bien des motifs me portent à croire qu’il existe de même que dans la variole quelques variations dans l’évolution des phases successives de la dothinentérie. [13_Arsène Gendron + 14_Bretonneau] Et il revenait amicalement à la charge le 22 juin : Je désirerais bien, avant mon départ [pour Paris], savoir si votre épidémie est tout à fait terminée et si dans la ville vous avez encore reçu çà et là quelques dothinentériques, et surtout à quelle époque [au] juste cette affection a cessé de se montrer parmi les militaires de votre caserne. Dans la foulée, Bretonneau fit une communication à l’Académie de médecine, intitulée « Notion sur la contagion de la dothinentérie ». Il formula des recommandations hygiéniques qui annonçaient la voie tracée plus tard par Pasteur : chaque matin, changement de tout le linge qui est mis immédiatement à tremper dans un grand bassin. Un récipient est rempli d’eau purifiée avec des cendres reçoit les divers ustensiles. Sur le palier de la chambre, on installe tout ce qu’il faut pour se savonner les mains. Le débat sur la contagion dura encore plusieurs décennies. Heureusement, coude à coude, le Dr Dufay, « anticontagionniste » et le Dr Pollet, « contagionniste » combattirent, coude à coude et avec la même ardeur, le choléra à Oucques. La guerre de 1870-71 En juillet 1870, les Vendômois préparaient les moissons. Nul d’entre eux n’aurait imaginé que, moins de six mois plus tard, la guerre ferait étape chez eux, avec son cortège de morts, de blessés et…, d’épidémies. Pour le moment, elle était si loin, sur les frontières. Après le désastre de Sedan et la chute du Second Empire, elle se rapprocha peu à peu : le 18 octobre, une partie de Châteaudun était en feu après l’assaut des troupes bavaroises. Le danger sembla se détourner du côté d’Orléans mais, le 6 décembre, le général Chanzy donna l’ordre de la retraite vers la vallée du Loir. Les troupes de la IIe armée de la Loire, harassées par les combats des jours précédents, refluèrent à travers la campagne beauceronne sur des chemins défoncés par l’alternance de jours glacés, neigeux ou pluvieux. Le temps idéal pour les épidémies, dont une des plus effrayantes était la variole noire. À l’hospice de Morée, tenu par deux religieuses, l’abbé Blanchard, aumônier des Mobiles de Loir-et- Cher, s’efforçait d’apporter d’ultimes consolations : L’hospice de Morée, disposé pour recevoir huit malades, en contenait plus de cinquante. Le plus grand nombre était atteint de la petite vérole noire, une terrible épidémie, fléau des armées en campagne. Elle étendait ses ravages sur nos troupes déjà surmenées et atteignit par contrecoup la population. Nos malades de Morée, comme ceux de Mondoubleau, étaient affreux à voir ; leurs joues boursouflées répandaient un pus fétide. Nous devions, pour les confesser, nous coller presque bouche à bouche. Nous n’avions même pas la place d’une chaise entre les lits et sur la figure tuméfiée, nous trouvions à peine un endroit sain pour faire aux mourants les onctions sacrées. [15_retraite armée de la Loire] Dès la mi-novembre, Gervais Launay, conseiller municipal de Vendôme, avait constaté l’afflux de malades à l’hôpital et dans les ambulances de la ville : Aussi voyons-nous les malades augmenter dans
une grande proportion ; l’hospice, le lycée en regorgent. Le 20 novembre, on comptait quelque 400 malades, à l’hôpital et au lycée réquisitionné pour les accueillir. Le 12 décembre, le vigneron de Courtiras, Stanislas Neilz, constatait que la variole augmentait de jour en jour : Dans de telles conditions, l’état sanitaire de Vendôme devenait inquiétant. Le nombre des varioles augmentait chaque jour, et l’administration était impuissante à remédier à cette pénible situation. Ordre vint de transférer vers Le Mans les blessés et malades transportables : le phénomène de saturation des structures hospitalières, comme la solution du transfert ferroviaire n’ont pas attendu 2020… Les conditions météorologiques déplorables et le mauvais équipement des troupes françaises ont concouru à la multiplication des maladies : Il est vrai de dire que depuis plus de huit jours, elles sont obligées de bivouaquer presque sans abri au milieu des neiges ou des boues de la Beauce ! Que de maladies vont résulter d’une pareille campagne à une époque de l’année où l’on n’a à attendre que la pluie, la neige et la gelée [Launay, 13 décembre]. [16_artillerie allemande] On se battit à Fréteval, à Morée, à Vendôme enfin où se déroula un rude combat d’artillerie. Le 16 décembre, les troupes prussiennes étaient maîtresses de la ville. Chanzy décida la retraite vers la Braye, tout en menant des combats d’arrière-garde. La veille de Noël, G. Launay signalait dans son carnet qu’un conseiller municipal de Vendôme était décédé de la petite vérole qui commençait à sévir dans le pays. Les soldats étaient alors loin de Vendôme et c’était bien le signe que la population civile des bords du Loir était touchée. Le mercredi 28 décembre, S. Neilz distinguait plusieurs maladies qui décimaient la ville : variole, bronchite et typhoïde. À partir du mois de janvier 1871, on ne vit plus passer que des troupes allemandes gagnant la Sarthe, mais dans l’autre sens se multiplièrent les passages de convois de prisonniers français, tous épuisés et parfois malades, ce qui n’améliorait pas la situation sanitaire locale [17_convoi de prisonniers] À Vendôme, les décès de civils étaient au nombre de 23 en octobre et dépassaient ceux des militaires (16). En décembre, au temps fort des combats dans la région, 193 soldats décédèrent, mais la progression fut importante pour les civils : 81. En février 1871, la guerre s’étant éloignée, on ne déplorait que 38 morts militaires, mais 75 civils disparurent, preuve que les épidémies faisaient encore des victimes. Le 4 janvier, on avait enterré l’architecte Marganne, constructeur de la chapelle de Villethiou et d’autres édifices, comme l’église de Cellé. Dans le cadre de travaux à effectuer, il avait visité des salles où étaient des malades contagieux… La Belle Époque n’eut qu’un temps… La République, même en favorisant l’essor de la médecine, ne mit pas les Vendômois à l’abri des épidémies. La fièvre typhoïde continua de rôder, faisant ici ou là des victimes, et elle n’était pas la seule. Au sommet de la pyramide médicale, il y eut Pasteur, un de ces rares savants qui créent un avant et un après. À la base, le nombre des médecins se multiplia, praticiens de plus en plus compétents ; ils surent capter la confiance des habitants et réduisirent, sans toutefois les supprimer, les recours aux charlatans et aux « bons saints ». [18_fontaine Saint-Germain] Aux confins de Ternay, existe toujours la fontaine Saint-Germain, que Ronsard avait chanté en la dédiant à Hélène.Pour les villageois, saint Germain guérissait les coliques enfantines et, en 1905, on notait encore des dizaines de rubans et autres pièces de vêtements, accrochés aux branches de la « noisetière » proche de la fontaine.
Ces générations de médecins, surtout ceux qui exerçaient en milieu rural, étaient les premiers à réagir et à alerter en cas de risque épidémique. La population se montrait aussi plus vigilante. Un exemple probant est celui de la rougeole. Au début du XIXe siècle, elle pouvait causer plusieurs décès dans un village sans que quiconque s’en alarme. Au début du XXe, l’alerte était vite lancée. Le 13 avril 1910, le préfet de Loir-et-Cher reçut un rapport du médecin chargé du service des épidémies, l’avisant qu’une épidémie de rougeole sévissait à Ternay, au sein de « la population scolaire et extra-scolaire », et préconisant la fermeture immédiate des écoles du village. Le préfet prit un arrêté de fermeture le 19 avril, relayé le lendemain par le maire. Les consignes étaient claires : 1) désinfection de toutes les classes ; 2) les parents devraient tenir les enfants malades autant que possible isolés des autres enfants et de leurs frères et sœurs ; 3) les enfants, atteints par la maladie ne pourraient revenir en classe que 16 jours après son apparition. La fermeture fut arrêtée jusqu’au 5 mai. Si le vaccin a permis d’éradiquer pratiquement la rougeole, qui fut meurtrière, des exemples récents ont montré qu’il ne fallait pas baisser la garde… La fin de la guerre de 14-18 combina ses dernières victimes avec celles, très nombreuses, de la grippe « espagnole ». Les archives consultées ne sont guère prolixes au sujet de ce fléau : en 1918, à Vendôme, on discuta des affectations des salles de l’hôpital réservées aux militaires et aux civils. Les premiers rechignaient à rendre aux seconds certaines salles sous-occupées ; ils prétextaient de grandes offensives imminentes pour en conserver l’usage. Il y avait, en outre, la potentielle installation de troupes américaines, qui, finalement, n’eut pas lieu. [19_hôpital auxiliaire du lycée de Vendôme] Dès le début du printemps 1918, les réfugiés des régions du Nord affluaient à Vendôme : 2 500 le 4 avril, mais on se préoccupait surtout de les ravitailler ; quelques malades seulement gagnèrent l’hôpital. Un mois plus tard, l’armée refusait toujours de mettre des lits à disposition de malades et de vieillards évacués de la zone des Armées ; mais aucune allusion à la grippe espagnole qui, d’ailleurs, ne s’était pas encore vraiment répandue dans le pays. Dans les dernières semaines de la guerre, des épidémies rappelèrent que la vigilance restait de mise. La dysenterie sévit en septembre dans la région. Le mois suivant, la grippe prenait le relais dans toute la contrée et la rapidité de sa propagation posait problème ; « Le Carillon de Vendôme » en faisait état, le 24 octobre : Les ravages de la grippe vont plutôt s’accentuant ; il n’est guère de famille qui ne compte un ou plusieurs malades, quand ce n’est pas la maison entière qui est atteinte. Aussi, dès le début, s’empresse-t-on d’aller chercher le médecin, et tant qu’il n’est pas venu, on vit dans une anxiété bien compréhensible. Lorsque les malades habitent la ville, les deux ou trois médecins qui exercent aujourd’hui à Vendôme, peuvent suffire, en se multipliant avec le plus grand dévouement. Mais lorsqu’ils sont appelés au dehors, dans un rayon de 8 à 10 km il faut une auto et un seul en possède. Pour circuler, il faut de l’essence, et il est arrivé que ce médecin s’est vu dans l’impossibilité de visiter les malades, et il est à craindre que cela ne se renouvelle encore, si on ne change rien à ce qui existe. C’est déjà une faute d’imprévoyance coupable, de n’avoir pas constitué un stock spécial aux médecins, aussi bien qu’aux vétérinaires. Il est bien probable que la suite de l’article était encore plus critique puisque les ciseaux d’Anastasie la coupèrent. Situation d’autant plus préoccupante que le mal – c’était bien la grippe espagnole − prenait une ampleur exceptionnelle : et l’insuffisance de moyens stockés était déjà dénoncée… Résultat : environ 240 000 morts en France ! [20_infirmière] Impressions finales Cette rapide revue des épidémies du passé en Vendômois est faite alors que le Covid 19 bat son plein dans notre pays. Et ce qui frappe le plus est une certaine permanence dans les mentalités et les comportements à travers les siècles. Les fléaux suscitent le pire et le meilleur chez les humains, c’est bien connu. Les aides-soignantes et infirmières d’aujourd’hui sont très proches de la servante de Marie Du Bois, qui s’en va faire la toilette d’un jeune dysentérique, dans la paille d’une grange, au péril de sa
vie. Les collecteurs, qui exigent que Marie Du Bois paye la taille (dont il est exempt) au moment même où il exerce une charité efficace, font penser à ces personnes qui forcent au déménagement une infirmière, précisément parce qu’elle remplit sa dangereuse mission. En temps de peste, de choléra, d’épidémie grave, des personnes aisées quittent leur domicile urbain pour gagner leur résidence de campagne, au risque de propager le mal dans leur nouveau lieu de vie. Ce sont les ancêtres de ceux qui, au seul mot de confinement, se ruent vers leurs résidences secondaires sur un littoral ou dans un massif montagneux ; et, comme les moyens de déplacement se sont démocratisés, ils font même mieux : ils continuent de partir en week-end… Dans la première moitié du XIXe siècle, Bretonneau et ses disciples, Velpeau et Trousseau, bataillaient contre des mandarins parisiens qui refusaient de reconnaître la contagiosité de certaines maladies et prenaient de haut leurs confrères provinciaux ; toute ressemblance avec certaines polémiques autour du Covid 19 ne serait pas forcément fortuite. Une différence majeure entre le passé et le présent tient à l’évacuation du fait épidémique de la structure mentale des habitants de nos contrées. La colère de Dieu n’est plus mise en avant comme cause première. La recherche médicale et la médecine pasteurienne ont multiplié traitements et vaccins qui préviennent ou guérissent efficacement. Les mots variole, diphtérie, dysenterie, typhoïde, croup n’éveillent plus la crainte. L’angoisse épidémique n’est plus au premier plan de notre univers mental depuis une centaine d’années ; la grippe saisonnière a été « apprivoisée » psychologiquement, malgré des prédations parfois meurtrières, car elle est connue et qu’il existe un vaccin. Covid 19 est un ennemi nouveau, mais il nous replonge dans des peurs ancestrales car il est, pour le moment, inconnu. Nous vivons en même temps la première pandémie fortement médiatisée. Nous revivons en direct les angoisses qui étreignirent les peuples devant les déferlements massifs de la peste ou du choléra : certes, une chance pour l’historien, mais dont il se serait bien passé ! Éléments bibliographiques − ARON (Émile), Bretonneau, le médecin de Tours, Chambray-les-Tours : Éd. C.L.D., 1979. − BOISSIERE (Marie), Bretonneau. Correspondance d’un médecin, 3 tomes, Presses universitaires François Rabelais, 2015. − BRISSET (abbé Paul), Histoire de Montoire, 1936. − Collectif, Histoire du Vendômois, Vendôme : Éditions du Cherche-Lune, 2007. − Chroniques du chanoine Garault, présentées par E. Nouel, BSAV, 1878. − GRANDMAISON (Louis de), Mémoires de Marie Du Bois, Éd. Société archéologique du Vendômois, 1936. − LAUNAY (Gervais), Journal d’un Vendômois (août 1870-décembre 1871), Vendôme : Éd. du Cherche-Lune, 2013. − LEBRUN (François), Moi Marie Du Bois, Éd. Apogée, 1994. − LOISEL (J.-J.), articles de démographie historique sur Ternay, BSAV, 1975, 1980. − LOISEL (J.-J.), La Comédie humaine vendômoise au temps de Balzac, Vendôme : Éd. du Cherche- Lune, 1999. − LOISEL (J.-J.), « Arsène Gendron, médecin des épidémies en Vendômois au temps de Balzac », BSAV, 2001.
− LOISEL (J.J.), Lieux ronsardiens, Éditions du Cherche-Lune, 2013. − NEILZ (Stanislas), Journal d’un Vendômois. Cinq mois & dix jours d’invasion (1870-1871), Vendôme, 1877. − PASQUIER (Jean-Claude), Le château de Vendôme, Éd. du Cherche-Lune, 2000. − RENAULT (Jean-Jacques), César de Vendôme, Éd. du Cherche-Lune, 2015. − RENAULT (J.-J.), articles de démographie historique sur Naveil, BSAV, 2019 et 2020. − WEELEN (Jean), Rochambeau, Paris : Plon, 1934. Légende des illustrations 01 Saint Sébastien, vitrail de l’église de la Trinité de Vendôme. 02 Statue de saint Blaise, église de Montrouveau. 03 La petite chapelle Saint-Roch, aux confins de Villedieu-le-Château. 04 Tenue du médecin traitant les pestiférés. 05 Le Poirier, demeure de Marie Du Bois, à Couture-sur-Loir. 06 La Mort enlève un enfant à son foyer. 07 Maréchal de Rochambeau. 08 Château de Rochambeau. 09 Pierre André Gendron. 10 Le médecin des pauvres. 11 Le pèlerinage à la chapelle Sainte-Radegonde de l’Écotière, à Busloup. 12 Bâtiments de l’hôpital de Vendôme réservés aux militaires. 13 Arsène Gendron. 14 Pierre-Fidèle Bretonneau. 15 La retraite de la IIe armée de la Loire. 16 Le combat d’artillerie de Vendôme vu du côté allemand 17 Un convoi de prisonniers français, place de la Madeleine, le 12 janvier 1871. Ce passage donna lieu à quelques violences. 18 La fontaine Saint-Germain, aux Hayes. 19 Les militaires malades et blessés de l’hôpital auxiliaire du lycée de Vendôme. 20 Des infirmières de la Grande Guerre à celles de 2020, le même rôle d’anges gardiens.
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