Quatre histoires extraordinaires - Edgar Allan Poe - Julie Baumert
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Classiques & Patrimoine Edgar Allan Poe Quatre histoires extraordinaires Livre du professeur par Julie Baumert professeur de Lettres
Sommaire Étude de l’œuvre : toutes les réponses aux questions Séance 1 Le Scarabée d’or : un récit d’aventures ............................. 3 Séance 2 La Lettre volée : une nouvelle policière ............................ 6 Séance 3 Le Portrait ovale : l’irruption du fantastique ............ 10 Séance 4 Petite discussion avec une momie : un univers de science-fiction ............................................................. 13 Autour de l’œuvre : toutes les réponses aux questions 1. Nouvelle fantastique : Guy de Maupassant ................................................ 17 2. Poème : Charles Baudelaire ................................................................................................ 17 3. Tableau : Edvard Munch .......................................................................................................... 18 Pour aller plus loin : documentation et informations complémentaires Bibliographie .................................................................................................................................................... 19 Internet ..................................................................................................................................................................... 19 © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. Encore plus de ressources pour les enseignants sur www.classiquesetpatrimoine.magnard.fr
3 ÉTUDE DE L’ŒUVRE toutes les réponses aux questions Séance 1 Le Scarabée d’or : un récit d’aventures ➤ LIVRE ÉLÈVE P. 110 LECTURE Lecture d’ensemble (Nouvelle intégrale) 1. Quel est le cadre spatial de l’action ? Décrivez le lieu avec précision à partir des éléments de la première page du récit. À quel univers cet endroit vous fait-il penser ? Le cadre spatial de l’action est « l’Île de Sullivan, près de Charleston, dans la Caroline du Sud ». Il s’agit d’une île possédant un fort, des cabanes de bois et une végétation odorante et dense. Ce cadre lointain et exotique n’est pas sans rappeler la mythique île au trésor, l’île déserte dans laquelle les pirates accos- tent pour chercher fortune. On notera que cette île est un lieu réel dans lequel l’auteur a résidé de 1827 à 1828. 2. Quels sont les trois personnages principaux présentés au début de la nouvelle ? Quels rapports entretiennent-ils les uns avec les autres ? Quelle est la profession de chacun ? Les trois personnages principaux sont Legrand, un ermite naturaliste et misanthrope qui s’est exilé sur l’île, Jupiter, son vieux serviteur noir, et le narrateur, ami de Legrand. 3. P. 23, l. 484-485 : pourquoi le narrateur considère-t-il Legrand comme « frappé d’aliénation mentale » ? Comment justifie-t-il son diagnostic ? Selon vous, Legrand est-il fou ? Argumentez votre réponse. Par son attitude décalée, Legrand peut passer pour fou auprès du narrateur. Il oblige Jupiter à monter sur un arbre sans raison apparente. Le narrateur utilise un vocabulaire médical, « aliénation mentale », pour donner du poids à son diagnostic. Cependant, Legrand suit sa propre logique sans la dévoiler. 4. P. 20-32 : que cherchent les protagonistes ? Quel est le rôle du scarabée dans cette recherche ? Quels dons Legrand lui prête-t-il ? Les protagonistes sont sur la piste d’un trésor. Le rôle du scarabée est celui d’un guide susceptible de mener à celui-ci, de montrer le point exact où est caché la fortune (lignes 556 à 579). Il agit comme une amulette magique, similaire au bâton de sourcier. 5. La fin de la nouvelle laisse planer une énigme par l’interrogative de la dernière ligne : « Qui nous le dira ? » : comment comprenez-vous cette fin ? En quoi met-elle en place un certain sentiment d’effroi pour le lecteur ? Cette fin est énigmatique car le lecteur ne connaît pas l’histoire des squelettes trouvés et ne peut comprendre que par intuition. Par suggestion, on peut supposer que les squelettes ont été tués par celui qui a trouvé le trésor, Kidd. L’effroi s’installe car on peut supposer que le sort de Jupiter et du narrateur, © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. les adjuvants de Legrand, est en jeu. Lecture linéaire (p. 21-25, l. 448-557) 6. Dans quelle posture se trouve Jupiter dans cet extrait et quelle en est la raison ? Quel est le lexique qui caractérise sa position (l. 449 à 456). Jupiter est perché sur un arbre sous la pression de son maître, Legrand. Sa position est marquée par le danger : « difficile », « tomber », « risque », « à soixante ou soixante-dix pieds du sol ». 7. Quel rapport entre les personnages de Jupiter et Legrand le dialogue présent dans cet extrait révèle- t-il ? Justifiez votre réponse en analysant les modes verbaux et les types de phrase utilisés par chacun des deux personnages (l. 457 à 475). Les personnages de Jupiter et Legrand ont un rapport de maître à valet, voire de maître à esclave. L’impératif et les phrases injonctives marquent grammaticalement cette relation de soumission de Jupiter à Legrand. C’est le maître qui les utilise : « Suis toujours la grosse branche, – celle de ce côté, dit Legrand. », « Ne t’occupe pas du ciel, mais fais attention à ce que je te dis. », face à un Jupiter dans l’interrogation : « Jusqu’où faut-il monter encore ? ».
4 8. L. 518-523 : pourquoi Jupiter accepte-t-il d’avancer sur la branche ? Comment qualifieriez-vous ce mode de relation ? Jupiter accepte d’avancer sur la branche par intérêt puisque Legrand lui promet de l’argent : « je te ferai cadeau d’un dollar d’argent aussitôt que tu seras descendu. ». C’est une relation de dominant-dominé. La vie de Jupiter n’a ici aucune valeur. 9. L. 542 : pourquoi peut-on dire que le dialogue se fait violent ? Justifiez votre réponse. Le dialogue se fait violent car Legrand insulte Jupiter. En effet, le mot « stupidité » a un sens fort ici et rabaisse Jupiter au rang d’animal sans raison ni intelligence. Lecture d’image (Couverture) 10. Observez l’œuvre reproduite en couverture et lisez la notice de celle-ci dans le rabat : en quoi le scarabée représenté peut-il apparaître comme une amulette pleine de magie ? Tout comme mentionné dans la notice de l’œuvre, le scarabée égyptien est un symbole. À ce titre, il est représentatif d’idées qui lui sont associées, comme la puissance et l’immortalité. Les couleurs de l’œuvre de couverture renforcent la dimension magique de l’objet en lui conférant une richesse extra- ordinaire. Étude de la langue Grammaire 11. Quelle est la classe grammaticale des mots suivants : « excessivement » (p. 17, l. 320), « positivement » (p. 17, l. 321), « remarquablement » (p. 17, l. 322) ? Il s’agit de la classe des adverbes en « -ment ». 12. Relevez les différents types de phrase présents dans la page 19. Justifiez votre réponse par des exemples précis. Dans la page 19, on trouve : – des phrases exclamatives : « Damné scarabée ! » ; – des phrases interrogatives : « Et vous me promettez, […] que vous y suivrez exactement mes pres- criptions, comme celles de votre médecin ? » ; – des phrases déclaratives : « J’accompagnai mon ami, le cœur gros. » ; – des phrases injonctives : « […] et maintenant partons […] ». Orthographe/Conjugaison 13. P. 44-48, l. 1098-1206 : à quel temps sont majoritairement conjugués les verbes ? Expliquez l’emploi de ce temps et déterminez-en la valeur. Des lignes 1098 à 1206, les verbes sont majoritairement conjugués au présent de l’indicatif. Le lecteur lit une démonstration scientifique : ce temps vise donc à la vérité générale. © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. Vocabulaire 14. P. 6, l. 20-21 : cherchez l’origine de l’expression « à une hauteur de quinze ou vingt pieds » et donnez une mesure approximative de l’arbuste. Le pied est l’une des plus vieilles unités de mesure avec la coudée et le doigt. Elle correspond à peu près à une trentaine de centimètres. Ainsi, l’arbuste mesure entre 4,5 et 6 mètres. 15. À quel champ lexical les termes et expressions « combinaison » (p. 47, l. 1178-1179), « l’inconnu » (p. 47, l. 1181), « nous obtenons » (p. 48, l. 1189), « sous forme de table » (p. 48, l. 1194), « représente » (p. 48, l. 1196) appartiennent-ils ? Le champ lexical convoqué est celui des mathématiques (ou du calcul). Il correspond à la volonté du scientifique Legrand de démontrer sa théorie.
5 EXPRESSION Expression écrite 16. Poursuivez la nouvelle en rédigeant un ou deux paragraphes explicitant l’énigme finale. Vous pourrez vous appuyer sur les techniques proposées dans l’encadré Méthode pour relancer l’action et conclure l’aventure des trois personnages. On se référera à l’encadré Méthode pour mener à bien cette rédaction. Expression orale 17. L. 457-557 : transposez ce passage sous forme de mise en scène. Vous intégrerez des didascalies précisant les gestes, le ton et les mouvements des personnages et jouerez la scène par petits groupes devant la classe. Ce travail de mise en scène doit être précédé de l’élaboration des didascalies. Le travail en binôme semble préconisé pour cet atelier-théâtre. On demandera aux élèves de choisir le personnage qu’ils veulent incarner et de travailler sur celui-ci. On pourra suggérer de choisir un élément de costume ou un accessoire symbolisant le personnage choisi, d’imaginer une façon de s’exprimer et de penser aux déplacements des personnages sur scène. Il s’agira ensuite de faire apprendre aux élèves les répliques qui les concernent, de proposer un essai et de noter selon le barème suivant : – Choix des accessoires et éléments de costume – Importance du mouvement, des déplacements, utilisation de l’espace – Intonation montrant l’opposition des deux personnages en scène – Jeux de scène montrant le caractère des personnages – Apprentissage du texte PATRIMOINE 18. Cherchez des auteurs français et étrangers célèbres pour leurs récits d’aventures. Faites des recherches sur l’un d’entre eux. Dressez une liste de titres : chaque œuvre pourra ensuite être lue par un élève de la classe. Parmi les auteurs célèbres de récits d’aventures, on peut citer Jules Verne, Alexandre Dumas, Robert Louis Stevenson, Fenimore Cooper… Des recherches sur l’un de ces auteurs semblent intéressantes pour mieux connaître le récit d’aventures. On pourra demander aux élèves un petit exposé sur l’un de ces auteurs accompagné de la lecture de passages de romans qui leur sont associés. © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012.
6 Séance 2 La Lettre volée : une nouvelle policière ➤ LIVRE ÉLÈVE P. 113 LECTURE Lecture d’ensemble (Nouvelle intégrale) 1. P. 56 : en quoi le cadre spatio-temporel présenté dans l’incipit de la nouvelle est-il particulièrement réaliste ? Relevez les détails qui « font vrai » (cf. partie Notions littéraires). Dans cet incipit de la page 56, Edgar Allan Poe a inséré des noms de lieux réels et des effets de détail qui poussent le lecteur à croire à la réalité de l’histoire qui va être racontée. Le cadre spatio-temporel est très scrupuleusement mentionné. Ainsi, on peut relever dès la première ligne l’indication de lieu : « à Paris » spécifiée aux lignes 4 et 5 : « rue Dunot, n° 33, au troisième, faubourg Saint-Germain ». Ces détails, presque inutiles, ont pour unique but de créer un effet de réel. On trouve aussi une indication de temps : « en 18… ». Cette dernière est incomplète mais permet ainsi de situer l’action au XIXe siècle, dans la période immédiate de l’écriture de la nouvelle, permettant ainsi au lecteur de l’époque de lire la nouvelle policière qui va suivre comme un fait divers (d’autant plus que les nouvelles de Poe paraissaient en feuilletons dans les journaux). En outre, le nom de certains personnages emblématiques est masqué, comme celui du préfet, G…, ou de D…, personnage important à qui on a volé la lettre : cela peut être un jeu à travers lequel l’auteur, en ne révélant pas les noms, fait croire au lecteur que ces personnages existent réellement et ne peuvent être cités. Cela concourt à créer un univers réaliste. 2. P. 58-59, l. 63-82 : qui est G… ? Résumez l’intrigue qu’il propose à Dupin et au narrateur. M. G… est le préfet de police de Paris. Il vient trouver Dupin, une de ses connaissances, pour élucider une affaire dont il a la charge. Il s’agit du vol d’une mystérieuse lettre en haut lieu. La disparition de l’ob- jet met en danger la réputation de celui qui a été volé. L’enjeu n’est pas de retrouver le coupable mais la lettre. 3. P. 60-66, l. 126-277 : quelles sont les étapes de l’enquête menée par G… ? Cette enquête est-elle efficace ? L’enquête menée par G… se fonde principalement sur la technique de la perquisition qu’il effectue par deux fois au domicile du présumé coupable. La première recherche, pourtant méticuleuse et très poussée (lignes 127 à 253), ne permet pas de découvrir la lettre. La deuxième perquisition, conseillée par Dupin, est également infructueuse (lignes 275 à 277). Cette technique n’apporte donc rien à l’enquête, qui piétine. 4. P. 67, l. 307-311 : quel retournement de situation se produit ? En quoi le rôle des personnages s’inverse- t-il ? Quel effet cela produit-il sur le narrateur ? sur le lecteur ? © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. À la page 67, c’est Dupin qui devient le principal enquêteur. Il affirme pouvoir résoudre l’énigme et déte- nir l’objet du délit : « Quand vous l’aurez signé, je vous remettrai votre lettre. ». Il prend ainsi la place de G… qui est dépossédé de sa mission, à son grand bonheur. Le narrateur signifie sa surprise à l’annonce de Dupin : « Je fus stupéfié. » (ligne 311), et le lecteur lui- même est très étonné de cette annonce qui opère une inversion des rôles des personnages. 5. P. 68-80, l. 341-664 : de quelle façon Dupin parvient-il à résoudre l’énigme ? Quelle faculté met-il en avant ? Relevez le champ lexical correspondant. Dupin parvient à résoudre l’énigme grâce à son intelligence. Il met en avant la faculté de raisonner à tra- vers le champ lexical correspondant des pages 68 à 80 : « raisonnerait » (l. 347), « observation » (l. 355), « raisonné » (l. 364), « raisonnement » (l. 370), « intellect » (l. 373), « intellect du raisonneur » (l. 388), « intelligence » (l. 394), « finesse » (l. 400), « astuce » (l. 402), « ingéniosité » (l. 414), « perspicacité » (l. 427), « je conclus que » (l. 614), « en analysant » (l. 639)… Dupin s’appuie sur une démarche de démonstration : il utilise des exemples concrets (le jeu de l’éco- lier des lignes 349 à 387) et des effets d’analogie entre l’exemple choisi et la situation pour montrer sa supériorité dans sa capacité à résoudre l’énigme.
7 6. Que découvre-t-on à la fin de la nouvelle ? Quel mobile Dupin met-il en avant pour justifier son acte ? À la fin de la nouvelle, on découvre que c’est Dupin lui-même qui a volé la lettre quelques jours plus tôt par un stratagème astucieux. Il présente son délit comme un acte de bravoure et de courtoisie envers une dame prisonnière d’un chantage politique : « Dans cette affaire, j’agis comme partisan de la dame en question. Voilà dix-huit mois que le ministre la tient en son pouvoir. C’est elle maintenant qui le tient, puisqu’il ignore que la lettre n’est plus chez lui, et qu’il va vouloir procéder à son chantage habituel. » (p. 80, lignes 674 à 678). Dupin se montre alors comme un chevalier servant. Cependant, un autre mobile est évoqué à la fin de la nouvelle : la vengeance, comme le soulignent les lignes 693 à 695 : « Une fois, à Vienne, D… m’a joué un vilain tour, et je lui dis d’un ton tout à fait gai que je m’en souviendrais. ». Lecture linéaire (p. 66-69, l. 269-374) 7. Dressez le portrait du personnage de Dupin. À quel autre personnage de roman policier vous fait-il penser ? Comment la présence du narrateur à ses côtés renforce-t-elle cette association ? Le personnage de Dupin apparaît comme un être flegmatique, qui fume la pipe : « en traînant ses paroles au milieu des bouffées de sa pipe » (l. 287-288), parfois hautain : « Vous pourriez faire … un peu plus, je pense du moins, hein ? », dit-il à G… à la ligne 290. Il est l’archétype du détective privé et fait bien sûr penser aujourd’hui au célèbre détective britannique Sherlock Holmes, d’autant plus que la présence du narrateur à ses côtés n’est pas sans rappeler le Docteur Watson, fidèle acolyte de l’enquêteur. On notera cependant que le personnage de Dupin est en quelque sorte le précurseur de Sherlock Holmes, personnage qui ne sera créé qu’en 1887 par Sir Arthur Conan Doyle. 8. Par quelle motivation G… est-il poussé à résoudre l’affaire ? Comment pouvez-vous qualifier cette attitude ? Justifiez votre réponse par des passages précis de l’extrait. C’est en fait la cupidité qui pousse G… à résoudre l’affaire et non le goût de la justice. En effet, celui-ci convoite la récompense promise à celui qui remettra la lettre : « Mais… elle [la récompense] est très forte,… une récompense vraiment magnifique, – je ne veux pas vous dire au juste combien […] » (p. 66, lignes 280 à 282), « […] la récompense a été doublée tout récemment. » (p. 66, lignes 284-285). De plus, Dupin fait un parallèle entre la situation et celle d’« un certain riche, fort avare » (p. 66, lignes 296 à 303) qui, cherchant à berner un personnage nommé Abernethy, est finalement pris à son propre piège. L’attitude de G… concourt à créer l’image d’un personnage peu intègre et surtout assez bête. Ce portrait accentue la satire de la police française. 9. L. 326-348 : comment Dupin considère-t-il la police française ? Quelle posture adopte-t-il face à elle ? Dupin adopte une attitude ironique quand il évoque la police française. Il se moque du mode de fonction- nement de celle-ci. Même s’il lui reconnaît une certaine habileté dans les démarches d’investigation sur © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. le terrain, il démontre qu’elle ne sait pas s’adapter à l’affaire qui lui est proposée : « Donc, les mesures, […] étaient bonnes dans l’espèce et admirablement exécutées ; elles avaient pour défaut d’être inappli- cables au cas et à l’homme en question. » (lignes 341 à 343). Toute l’ironie de cette phrase réside dans l’effet de chute entre la première partie de celle-ci qui vante les mérites de la police française grâce à l’ad- verbe à valeur laudative (« admirablement ») et la deuxième partie qui montre la bêtise de la démarche adoptée par rapport à la situation. Il va plus loin encore dans la satire de la police française dans la suite du paragraphe : « Mais il [G…, qui représente la police française] erre sans cesse par trop de profondeur ou par trop de superficialité pour le cas en question, et plus d’un écolier raisonnerait mieux que lui. » (lignes 346 à 348). Le système comparatif dévalorise la police française, rabaissant sa logique. 10. Dans l’exemple développé des lignes 349 à 374, quelle qualité essentielle à l’enquêteur Dupin met-il en avant ? L’exemple de l’enfant imbattable au jeu de pair et impair met en avant la « jugeotte » de ce dernier, la qualité d’adaptation de son raisonnement à l’adversaire qu’il a en face de lui : « Naturellement, il avait un mode de divination, lequel consistait dans la simple observation et dans l’appréciation de la finesse de ses adversaires. » (lignes 354 à 356).
8 Lecture d’image 11. Quelles réalités cette lithographie en noir et blanc associe-t-elle ? En quoi est-ce « bizarre », selon le titre de l’œuvre ? Selon vous, qu’est-ce que l’artiste cherche à suggérer au spectateur ? Cette lithographie d’Odilon Redon mêle plusieurs réalités de différentes natures afin d’en créer une nouvelle plus surprenante. En effet, l’œil, partie du corps humain, est associé à une réalité matérielle, le ballon ou montgolfière qui s’envole dans le ciel dans un mouvement qu’on imagine ascendant car l’œil regarde vers le haut. Cette association de réalités différentes peut paraître « bizarre », comme l’indique le titre L’œil comme un ballon bizarre se dirige vers l’infini. Cependant, ce mode de représentation peut déjà être rapproché de la technique du « stupéfiant image » définie par Aragon dans Le Paysan de Paris (1925) et qui sera chère aux surréalistes au début du XXe siècle. Il s’agit de créer de nouvelles images à partir de la collusion de réalités qui habituellement ne se rencontrent pas. L’artiste semble ainsi nous livrer un message : l’imagination nous invite à regarder au-delà du réel, vers l’infini, le rêve. De la même façon, dans la nouvelle, Dupin invite G… et le lecteur à chercher au-delà du visible et du matériel en privilégiant l’intellect, l’imagination, pour parvenir à une réalité supérieure. G…, quant à lui, trouve cela « bizarre » et le narrateur s’en amuse et ironise : « Voilà encore une de vos idées bizarres, – dit le préfet, qui avait la manie d’appeler bizarres toutes les choses situées au-delà de sa compréhen- sion, et qui vivait ainsi au milieu d’une immense légion de bizarreries. » (p. 57, lignes 26 à 29). Étude de la langue Grammaire 12. P. 57, l. 44-45 : « Peut-être est-ce la simplicité même de la chose qui vous induit en erreur, dit mon ami. » Expliquez l’inversion sujet-verbe dans cette phrase. L’inversion sujet-verbe est caractéristique des tournures interrogatives. Mais, la phrase à analyser ne se termine pas par un point d’interrogation. Cependant, la locution adverbiale « Peut-être » qui introduit la phrase invite au doute et au questionnement, ce qui explique donc l’inversion du sujet « la simplicité même de la chose » repris par « ce » et du verbe « est ». 13. P. 66, l. 287-289 : « Mais… oui… […], je crois … réellement, G…, que vous n’avez pas fait… tout votre possible […] ». Relisez l’intégralité de cette phrase et commentez-en la construction. Que remarquez- vous ? Que cherche à mimer cette tournure particulière ? La phrase des lignes 287 à 289 est entrecoupée par une série de points de suspension qui en interrom- pent de manière régulière la construction. Ces pauses successives miment les bouffées de fumée provoquées par la pipe de Dupin. Ce sont les « didascalies » ou les indications sur les gestes accompagnant la scène qui permettent de comprendre cette construction : « (une bouffée de fumée) […] (bouffée sur bouffée) […] (Trois bouffées de fumée.) ». Orthographe/Conjugaison © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. 14. P. 56, l. 16 : « Nous lui souhaitâmes cordialement la bienvenue […] ». À quel mode et à quel temps est conjugué le verbe « souhaiter » dans cette phrase ? Conjuguez-le à toutes les personnes. Le verbe « souhaiter » est conjugué à la première personne du pluriel du passé simple de l’indicatif. Nous attirerons l’attention des élèves lors de la conjugaison de ce verbe à toutes les personnes sur la terminaison de la première personne du singulier qui peut être confondue à l’ouïe avec la terminaison de la première personne du singulier à l’imparfait de l’indicatif : je souhaitai (passé simple) / je souhaitais (imparfait). Vocabulaire 15. P. 59, l. 81 et 83 : que signifie le mot « ascendant » dans le contexte ? Ce mot peut avoir d’autres sens : employez-le en l’utilisant dans d’autres contextes. Dans le contexte des lignes 81 et 83, le mot « ascendant » signifie « supériorité » : « […] et voilà ce qui donne au détenteur du document [une supériorité] sur l’illustre personne […] ». On peut aussi remplacer ce mot par les synonymes « autorité » ou « pouvoir ». Dans des contextes plus concrets, le mot « ascendant » peut évoquer l’idée d’ascension, de hauteur, comme dans l’expression « en pente ascendante » qui signifie « qui monte ». Il s’oppose ici à « descendant ».
9 EXPRESSION Expression écrite 16. Écrivez une courte nouvelle de votre invention qui s’intitulerait également « La Lettre volée ». Vous reprendrez les composantes du récit policier (cf. partie Méthode). On se référera aux six points obligés du récit policier répertoriés dans l’encadré Méthode pour mener à bien cette rédaction. Expression orale 17. P. 57-58, l. 23-62 : lisez à voix haute le dialogue entre G… et Dupin. Quel ton doit-on adopter pour accentuer le caractère de chaque personnage ? On orientera cette lecture à haute voix de façon à faire transparaître le caractère des personnages à travers le ton adopté. Pour Dupin, les élèves s’attacheront à mettre en place un ton ironique, moqueur, plein de subtilité et de second degré. Quant au personnage du préfet G…, c’est le côté incrédule et bêta qu’on cherchera à accentuer. PATRIMOINE 18. Le traducteur français de cette nouvelle d’Edgar Poe est Charles Baudelaire. Faites une fiche biographique sur lui et trouvez pourquoi il était passionné par les nouvelles de Poe. On demandera aux élèves d’établir une fiche biographique de Baudelaire en insistant sur le lien entre sa vie et ses deux œuvres majeures : Les Fleurs du mal (1857) et Le Spleen de Paris ou Petits poèmes en prose (1869). Il s’agira de faire apparaître les thèmes communs de ces œuvres avec les nouvelles de Poe : le macabre, la noirceur, le meurtre, parfois même le fantastique dans certains poèmes (cf. partie Autour de l’œuvre). On pourra faire de même avec Mallarmé qui s’est lui aussi intéressé de près aux nouvelles de Poe. © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012.
10 Séance 3 Le Portrait ovale : l’irruption du fantastique ➤ LIVRE ÉLÈVE P. 116 LECTURE Lecture d’ensemble (Nouvelle intégrale) 1. P. 82 : relevez les éléments constitutifs du cadre spatio-temporel. Quelle est l’atmosphère qui s’en dégage ? Quelles impressions ce cadre produit-il sur le lecteur ? Le cadre spatio-temporel de la nouvelle dégage une atmosphère lugubre, inquiétante, digne d’un film fantastique. Le lecteur est plongé dans la nuit : « […] puisqu’il faisait déjà nuit […] » (p. 82, l. 20) et suit le narrateur dans un château abandonné dans lequel ce dernier est entré par effraction avec son valet : « Le château dans lequel mon domestique s’était avisé de pénétrer de force […] » (l. 1-2), « […] il avait été temporairement et tout récemment abandonné […] » (l. 7-8). De plus, les deux personnages se réfugient dans un endroit isolé du château : « Nous nous installâmes dans une des chambres les plus petites et les moins somptueusement meublées. Elle était située dans une tour écartée du bâtiment. » (l. 8 à 10). La lumière de la scène émane d’une bougie : « […] j’ordonnai à Pedro […] d’allumer un grand candélabre à plusieurs branches » (l. 19 à 21), ce qui accentue le sentiment d’effroi du lecteur. En outre, la décoration intérieure est tirée d’un autre temps : « Sa décoration était riche, mais antique et délabrée. » (l. 10-11). Le narrateur, comme le lecteur, fait donc un saut dans le temps et semble échapper au présent, d’autant plus que le château ressemble à un musée empli de peintures et objets de diverses époques : « Les murs étaient tendus de tapisseries et décorés de nombreux trophées héraldiques de toute forme, ainsi que d’une quantité vraiment prodigieuse de peintures modernes […] » (l. 11 à 13). Dans un tel cadre, le lecteur s’attend forcément à ce que quelque chose d’anormal se produise. 2. P. 82-83, l. 1-26 : comment le narrateur est-il présenté ? Quelles sont les particularités physiques qui le caractérisent ? Le début de la nouvelle se fait in medias res, c’est-à-dire « en plein milieu de l’action ». En effet, le lec- teur découvre un narrateur blessé mais il ne sait pas ce qui lui est arrivé : « […] déplorablement blessé comme je l’étais […] » (p. 82, l. 2-3). Il semble bien mal en point et cherche un abri où se reposer avec son domestique Pedro. Il est perturbé par son état et paraît agité : « […], si je ne pouvais pas dormir, […] » (p. 82-83, l. 23-24). 3. P. 83 : quel est l’« effet absolument inattendu » qui semble se produire à partir de la ligne 32 ? Que pensez-vous de la vision du narrateur ? Pourquoi peut-on qualifier le passage des lignes 32 à 71 de « fantastique » (cf. partie Méthode) ? Le portrait de la jeune fille que le narrateur regarde prend vie sous ses yeux, voilà l’« effet absolument inattendu » qui se produit à partir de la ligne 32 et que le lecteur comprend, après un long suspense, © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. aux lignes 69 à 71 : « J’avais deviné que le charme de la peinture était une expression vitale absolument adéquate à la vie elle-même, qui d’abord m’avait fait tressaillir, et finalement m’avait confondu, subjugué, épouvanté. ». Deux explications peuvent être apportées à cette vision : soit le narrateur a rêvé ou déliré à son réveil : « […] devais-je croire que mon imagination, sortant d’un demi-sommeil, eût pris la tête pour celle d’une personne vivante. » (p. 84, l. 61-62), soit le portrait subit un effet surnaturel et prend réellement vie. Ainsi, le passage des lignes 32 à 71 peut être qualifié de « fantastique », conformément à la définition donnée dans l’encadré Méthode. 4. P. 84 : comment appelle-t-on la structure mise en place dans le récit à partir de la ligne 77 ? À partir de la ligne 77, un nouveau récit prend place à l’intérieur de la narration principale. On le remarque par l’apparition des guillemets et de l’imparfait qui contraste avec le passé simple, temps le plus utilisé dans le début de la nouvelle. On appelle cela un récit enchâssé, emboîté ou encore un récit encadré pour le différencier du premier qu’on nomme alors récit-cadre. Très souvent, le récit dans le récit ou récit encadré fait référence à une histoire passée et produit un retour en arrière (analepse).
11 5. P. 84-86 : après lecture du récit des lignes 77 à 119, comment la vision du narrateur peut-elle s’expliquer ? Quel doute subsiste cependant ? Après lecture du récit encadré des lignes 77 à 119, on comprend que l’histoire du tableau peut avoir une incidence sur la vision du narrateur. Le récit de la création du portrait narre la mort du modèle et celui-ci semble avoir insufflé son souffle vital au portrait. C’est une hypothèse pour expliquer la vision du narrateur. Le doute subsiste cependant car l’état du narrateur (il est blessé, peut-être fiévreux et dans un demi- sommeil) peut laisser supposer qu’il est l’objet d’une hallucination. Lecture linéaire (l. 77-119) 6. Par quelle expression répétée deux fois le personnage de la jeune fille est-il caractérisé au début de ce récit ? Quels sont ses autres attributs ? À quel type de texte ce début d’histoire vous fait-il penser ? C’est l’expression « d’une très rare beauté » qui est répétée deux fois pour caractériser la jeune fille. Celle-ci est présentée comme une femme « aimable », c’est-à-dire, au sens étymologique, « digne d’être aimée » (et non polie) et « pleine de gaieté ». C’est donc un portrait élogieux qui est dressé. Ce début d’histoire peut faire penser à un début de conte de fées, d’autant plus que le présentatif « C’était… » qui ouvre le récit évoque l’expression « Il était une fois… », qui inaugure couramment les contes. 7. Quel est le métier du personnage masculin ? Comment est-il présenté ? Relevez les adjectifs qui le caractérisent des lignes 79 à 96. Le personnage masculin est peintre et ne vit que pour sa peinture. Il est présenté comme un être égoïste qui se coupe du monde pour assouvir sa passion, comme en témoignent les passages suivants : « Lui, passionné, studieux, austère, et ayant déjà trouvé une épouse dans son Art […] » (p. 84-85, l. 79-80), « Mais lui, le peintre, mettait sa gloire dans son œuvre […] » (p. 85, l. 90-91), « Et c’était un homme passionné, et étrange, et pensif, qui se perdait en rêveries […] » (p. 85, l. 92-93). On remarquera que le terme « passionné » est répété deux fois pour caractériser le personnage. Il peut être compris dans un double sens : le sens courant, le peintre est très attiré par son art, et le sens éty- mologique : « qui souffre, qui endure » (la Passion du Christ, par exemple), qui indique que le personnage est prisonnier de sa peinture. 8. À votre avis, pourquoi les mots « tirées » (l. 109) et « Vie » (l. 118) sont-ils écrits en italique ? Donnez-en un synonyme éclairant le sens caché du récit. Les mots « tirées » (l. 109) et « Vie » (l. 118) sont en italique car ils portent l’intrigue de la nouvelle et en détiennent la clé. En effet, ils ont une importance particulière que l’auteur souligne par ce phénomène typographique. Dans un premier temps, ils évoquent l’expression figée « le tableau prend vie », on insiste alors sur le fait que le tableau est très ressemblant au modèle. Cependant, l’italique nous invite à entendre les mots au sens propre : la Vie a été tirée […] par le tableau, c’est-à-dire prise de force à la jeune fille qui perd alors son souffle vital. © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. Cette nouvelle peut être rapprochée du roman d’Oscar Wilde Le Portrait de Dorian Gray (1890), qui narre, lui aussi, l’étrange histoire d’un tableau qui prend véritablement vie et vieillit à la place de son modèle. 9. La fin du récit peut être qualifiée de « chute » : pourquoi ? Comment interprétez-vous la mort du personnage féminin ? La fin peut être qualifiée de « chute » car on ne s’attend pas à la mort de la jeune fille. De plus, la fin du récit encadré constitue la fin de la nouvelle et il n’y a pas de retour au récit-cadre, ce qui crée une fin abrupte. Cette fin peut faire l’objet d’une double interprétation : soit, la jeune fille est morte de faim et de soif à force de poser, soit le tableau a littéralement pris, happé, la vie de la jeune fille. Il s’agit d’une fin ouverte. Lecture d’image 10. Comment le cauchemar est-il mis en scène dans ce tableau ? Comment appelle-t-on ce procédé pictural ? Quel effet cela produit-il chez le spectateur ? Le cauchemar est représenté de façon concrète : le tableau présente donc une allégorie (représentation concrète d’une réalité ou d’une idée abstraite). Le cauchemar prend vie.
12 Il prend la forme d’un personnage monstrueux, un incube, qui oppresse la figure féminine. Ce tableau suscite donc l’horreur et la frayeur, d’autant plus que le démon fixe du regard le spectateur. Étude de la langue Grammaire 11. P. 82, l. 8-9 : « une des chambres les plus petites et les moins somptueusement meublées » : quelle est la tournure mise en place dans cette phrase ? Cette phrase présente une tournure superlative. On trouve « les plus petites » et non « plus petite que… » et « les moins somptueusement meublées » et non « moins somptueusement meublée que… ». Cependant, il s’agit d’un superlatif relatif (et non absolu) car la chambre est implicitement mise en rela- tion avec les autres chambres du château. Orthographe/Conjugaison 12. P. 83, l. 37 : comment l’adjectif qualificatif « mûrissante » est-il formé ? Quel en est le sens ? Donnez une définition précise. L’adjectif qualificatif « mûrissante » est le participe présent du verbe « mûrir » employé comme adjectif. Il est composé du verbe « mûrir » à la première personne du pluriel du présent de l’indicatif dont on remplace la terminaison -ons par -ant (nous mûrissons → mûrissant). Comme le participe présent est employé comme adjectif, il s’accorde avec le nom qui le précède : « une jeune fille ». La terminaison en « – issante » indique une action en cours de déroulement, en train d’avoir lieu. « une jeune fille mûrissante » signifie donc ici : « une jeune fille en train de vieillir ». Vocabulaire 13. P. 84, l. 69 : pourquoi le mot « charme » est-il écrit en italique ? Quelle en est la signification dans le contexte ? Quels autres sens de ce mot connaissez-vous ? Le mot « charme » est écrit en italique car l’auteur veut insister sur le sens particulier à lui donner. Il s’agit de comprendre ce mot au sens de « sortilège », d’« effet magique », comme on parle d’un « charmeur » de serpent. Dans le langage courant, le « charme » évoque la séduction et le « charmeur » est un séducteur. C’est finalement celui qui a un effet magique sur les autres, ce qui rejoint le premier sens cité. Dans un tout autre contexte, le « charme » est aussi un arbre dont le bois est caractérisé par sa blancheur. EXPRESSION Expression écrite 14. Imaginez un récit fantastique dans lequel le narrateur-personnage vit un événement étrange qui peut être expliqué à la fois de façon rationnelle et irrationnelle (cf. partie Méthode). © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. Le fantastique peut être défini comme le doute naissant de la collusion dans un cadre réaliste d’une explication rationnelle avec une explication irrationnelle d’un même événement par le personnage, puis, par la suite, par le lecteur qui est sans cesse maintenu en situation de suspense. Il s’agira de reprendre cette définition pour mener à bien cette rédaction. On pourra, de plus, proposer aux élèves la lecture d’autres nouvelles fantastiques du XIXe siècle illustrant cette définition comme La Vénus d’Ille de Mérimée ou Le Horla de Maupassant (cf. extrait dans la partie Autour de l’œuvre). Expression orale 15. Lisez le début de la nouvelle en adoptant un ton mystérieux susceptible d’éveiller le doute dans l’esprit de votre auditoire. Cette activité doit permettre aux élèves de comprendre ce qu’on attend d’une lecture expressive à haute voix.
13 Séance 4 Petite discussion avec une momie : un univers de science-fiction ➤ LIVRE ÉLÈVE P. 119 LECTURE Lecture d’ensemble (Nouvelle intégrale) 1. De quel milieu le narrateur-personnage fait-il partie ? Pourquoi est-il convié au musée au début du récit ? Le narrateur-personnage est présenté comme un scientifique au début du récit. En effet, il intervient dans un « symposium » (p. 87, l. 1). De plus, il est convié au musée par l’un de ses confrères, le docteur Ponnonner, pour l’examen et la dissection d’une momie, comme l’indique le mot envoyé par Ponnonner (p. 88, l. 26 à 35) : « J’ai la permission de la démailloter, et même de l’ouvrir, si je le juge à propos. Quelques amis seront présents ; – vous en êtes, cela va sans dire. ». 2. P. 91 : quelle expérience Ponnonner et ses amis veulent-ils tenter à partir de la ligne 130 ? Quel vocabulaire est alors employé jusqu’à la ligne 183 ? À partir de la ligne 130, la petite assemblée de scientifiques veut tenter de faire revivre la momie en lui administrant des décharges électriques. Un vocabulaire scientifique est alors employé, comme en témoigne ce réseau lexical : « une ou deux expériences avec la pile Volta » (p. 91, l. 130-131), « muscle temporal » (p. 92, l. 139), « susceptibilité galvanique » (p. 92, l. 142), « une petite portion de la tunica albuginea » (p. 92, l. 150-151), « une incision au-dessus de la région de l’os sesamoideum pollicis pedis » (p. 93, l. 166-167). On remarque l’emploi d’expressions latines pour désigner les parties du corps : il s’agit d’indiquer au lecteur que les personnages sont experts en médecine et utilisent un jargon de spécialistes pour en attester. 3. P. 93 : pourquoi peut-on dire que la nouvelle bascule dans le surnaturel à partir de la ligne 185 ? Relevez des éléments précis du texte pour justifier votre réponse. La nouvelle bascule dans le surnaturel à partir de la ligne 185 car la momie reprend vie sous les yeux des personnages. En effet, celle-ci ouvre les yeux, éternue, s’assied et se met à parler : « D’abord le cadavre ouvrit les yeux et les cligna très rapidement pendant quelques minutes […] ; puis il éternua ; en troisième lieu, il se dressa sur son séant ; en quatrième lieu, il mit son poing sous le nez du docteur Ponnonner […], enfin, […] il leur adressa, dans l’égyptien le plus pur, le discours suivant : […] » (p. 93, l. 185 à 190). Ce phénomène, qui ne peut se produire dans la réalité, emporte donc le lecteur dans un univers de science-fiction, un monde surnaturel. 4. P. 97, l. 285-299 : comment les personnages déguisent-ils la momie ? À qui ressemble-t-elle alors ? Pourquoi cela crée-t-il un effet comique ? À la page 97, les « scientifiques » décident de vêtir la momie et lui enfilent les vêtements du notable Ponnonner. Elle est alors habillée d’un « habit noir, de la meilleure coupe de Jennings », d’« une canne à © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. bec de corbin », d’« un chapeau sans bords », de « gants de chevreau couleur paille », d’« un lorgnon », d’« une paire de favoris » et d’« une cravate cascade » (l. 287 à 293). La momie ressemble donc à un bon bourgeois du XIXe siècle, ce qui crée un décalage comique. Le lecteur imagine cet accoutrement qui suscite le rire, d’autant plus que la taille des vêtements du docteur Ponnonner est bien trop grande pour la momie, ce qui accentue l’effet clownesque : « La différence de taille entre le comte et le docteur – la proportion étant comme deux à un – fut cause que nous eûmes quelque peu de mal à ajuster ces habillements à la personne de l’Égyptien […] » (l. 293 à 296). 5. P. 104-109, l. 474-620 : quel débat se met en place entre la momie et la petite assemblée ? Quels sont les différents domaines abordés ? Qui semble avoir l’avantage dans cette joute verbale ? Selon vous, qui gagne finalement le débat ? Durant toute la deuxième partie de la nouvelle, un débat se met en place entre la momie et la petite assemblée de notables pour savoir laquelle de leurs deux civilisations est la plus avancée. Le débat touche de nombreux domaines comme l’anatomie, l’astronomie, l’optique (p. 104), l’architecture et la construction (p. 105), la mécanique (p. 106), la métaphysique et la politique (p. 107), et enfin la mode (« l’article de la toilette », p. 108). La momie démontre que les Égyptiens ont déjà expérimenté les « trou- vailles » faites par les scientifiques du XIXe siècle et prouve ainsi la supériorité de sa civilisation.
14 Cependant, à la fin, sur le sujet de la mode, la joute verbale semble tourner à l’avantage des scientifiques car la momie ne répond rien (même si elle sourit de manière ironique : « […] le comte jeta un regard sur les sous-pieds de son pantalon ; puis, prenant par le bout une des basques de son habit, il l’examina curieusement pendant quelques minutes. À la fin, il la laissa retomber, et sa bouche s’étendit graduelle- ment d’une oreille à l’autre ; […], l. 604 à 608). De plus, la petite assemblée croit prouver sa supériorité en opposant aux savoirs de la civilisation égyptienne l’invention « des pastilles de Ponnonner » ou « des pilules de Brandreth » (p. 109), qui sont en fait des arnaques sans intérêt scientifique. Le lecteur comprend alors que c’est la momie qui remporte le débat. Les scientifiques sont tournés en ridicule. Poe dresse ici une satire de la société des notables de son temps : ceux-ci pensent incarner le progrès mais ne sont en fait que des bourgeois pédants et stupides. Lecture linéaire (p. 93-95, l. 191-237) 6. L. 191-206 : pourquoi le discours suscite-t-il le (sou)rire chez le lecteur ? Sur quels procédés comiques ce passage s’appuie-t-il ? (cf. partie Méthode) Des lignes 191 à 206, la momie prend la parole et utilise un ton réprobateur pour faire la leçon aux scien- tifiques, ce qui crée un comique de situation (voir la définition dans l’encadré Méthode). Le comique verbal est également présent à travers les différentes injures adressées au docteur Ponnonner, qui est à l’origine de l’expérience : « c’est un pauvre petit gros sot qui ne sait rien » (l. 193-194) ou encore « ce misérable petit drôle, ce docteur Ponnonner » (l. 205-206). De plus, l’Égyptien s’exprime dans un français parfait, comme en témoigne l’utilisation de l’expression figée « à Pierre et à Paul » (l. 203-204) qui signifie « à n’importe qui », ce qui accentue l’effet comique car la momie devrait s’exprimer dans sa langue maternelle. Cela crée un décalage qui suscite le sourire du lecteur. 7. Quels reproches la momie adresse-t-elle à l’assemblée réunie ? Le principal reproche adressé à l’assemblée de scientifiques par la momie est de ne pas avoir respecté son repos : « À quel point de vue […] dois-je considérer votre fait d’aider et d’encourager […] ce docteur Ponnonner à me tirer par le nez ? » (l. 204 à 206). Elle signale aussi qu’ils ont porté atteinte à sa pudeur en lui ôtant ses bandelettes : « […] vous permettez à Pierre et à Paul de me dépouiller de mes bières et de mes vêtements sous cet affreux climat de glace […] » (l. 202 à 204). L’expérience menée par les scientifiques s’apparente pour la momie au pillage de son intimité, même si elle le signale de manière comique. 8. L. 207-229 : en quoi l’attitude des personnages face à la momie est-elle surprenante ? À quoi aurait-on pu s’attendre ? Alors qu’on aurait pu s’attendre à une réaction de terreur face à la situation, les personnages gardent leur calme quand la momie se met à parler. Ils trouvent même cela normal, comme en témoigne le narrateur-personnage : « Pour ma part, j’étais convaincu que tout cela était fort naturel et je me rangeai © Éditions Magnard, Classiques & Patrimoine, 2012. simplement de côté, hors de la portée du poing de l’Égyptien. » (l. 223 à 225). Le docteur Ponnonner, quant à lui, est honteux d’avoir réveillé la momie : « Le docteur Ponnonner fourra ses mains dans les poches de sa culotte, regarda la momie d’un air bourru, et devint excessivement rouge. » (l. 225 à 227). Ces réactions, décalées, font entrer le lecteur dans un univers surnaturel, un monde dans lequel l’ina- nimé peut prendre vie sans que cela ne paraisse bizarre aux personnages. 9. Quelle est l’attitude de M. Buckingham à la fin de ce passage ? À quoi pouvez-vous la comparer ? Pourquoi peut-on parler d’une satire ? Face à la momie qui se réveille, M. Buckingham adopte l’attitude d’un enfant qui a besoin de se rassurer en suçant son pouce : « M. Buckingham baissa la tête et mit son pouce droit dans le coin gauche de sa bouche. » (l. 228-229). Cette attitude est soulignée par l’Égyptien lui-même qui parle à M. Buckingham comme à un petit élève qui se serait mal comporté : « Pourquoi ne parlez-vous pas, monsieur Buckingham ? Avez-vous entendu, oui ou non, ce que je vous ai demandé ? Voulez-vous bien ôter votre pouce de votre bouche ! » (l. 232 à 234). Enfin, le narrateur insiste et ridiculise le personnage en mentionnant une troisième fois ce comportement : « Là-dessus, M. Buckingham fit un léger sou- bresaut, ôta son pouce droit du coin gauche de sa bouche, et, en manière de compensation, inséra son pouce gauche dans le coin droit de l’ouverture susdite. » (l. 235 à 237).
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