RÉAGIR AU MANQUE DE MAIN-D'ŒUVRE - DOUZE PÔLES DE CROISSANCE TRIBUNE DE MAIRES ET MAIRESSES - Conseil du ...
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VOLUME 12 | NUMÉRO 1
ÉDITION À CONSERVER - 2022
RÉAGIR AU MANQUE
DE MAIN-D’ŒUVRE
DOUZE PÔLES DE CROISSANCE
TRIBUNE DE MAIRES ET MAIRESSES
PP 41614528
On bâtit à la hauteur de l’avenir. Des projets immobiliers qui soutiennent notre économie et qui enrichissent nos communautés, c’est ce qu’on met en chantier depuis 30 ans avec nos partenaires leaders dans le secteur. fondsftq.com/immobilier ESPACE MONTMORENCY CLORIA LE CARDINAL NORD SOLAR UNIQUARTIER – LAVAL – TROIS-RIVIÈRES – QUÉBEC – BROSSARD LEED Or v4 AQ obtenue Partenaire : Partenaire : Partenaires : LEED Platine v4 NE visée Cloriacité Investissements EDIFIA Groupe Immobilier Devimco Immobilier, Fondaction Partenaires : MONTONI, Groupe Sélection
MOT DU PRÉSIDENT DE L'UMQ
LES DÉFIS ÉCONOMIQUES
DE NOS COMMUNAUTÉS :
MUNICIPAUX D’ABORD !
N os sociétés font face à des enjeux économiques complexes et
multiples qui influent directement sur nos milieux de vie, et ce,
dans toutes nos régions. On n’a qu’à penser, par exemple, à la pénurie de
personnel, au virage numérique ou à la vitalité de nos artères commerciales,
ou même à la pénurie de logements et de places en services de garde, qui
ralentissent la relance post-COVID-19.
Les solutions à tous ces défis se trouvent en premier lieu dans nos commu-
nautés. Comme gouvernements de proximité, les municipalités connaissent
bien les réalités spécifiques et les besoins précis de leurs populations et de
leurs entreprises ; elles sont les mieux placées pour déterminer les mesures
à déployer pour y répondre, en collaboration avec les acteurs économiques
sur leur territoire. Bref, c’est d’abord au palier municipal que l’on peut rele-
ver les défis de notre économie !
Dans ce contexte, plusieurs municipalités réussissent à miser sur leurs
forces vives et à tirer leur épingle du jeu pour s’imposer comme des pôles
économiques en plein essor. Le Québec économique 2022 brosse un portrait
fort intéressant de quelques-unes d’entre elles, de leur tissu économique
et de leurs objectifs de croissance, tout en offrant un survol de la rareté
de main-d’œuvre, un phénomène qui touche présentement nos entreprises
et nos milieux de vie, partout au Québec.
L’Union des municipalités du Québec (UMQ) est fière de s’associer de
nouveau à JBC Média pour vous présenter cette édition de l’annuel Le Québec
économique, encore une fois riche et variée en contenus pertinents et
d’actualité pour les décideurs.
Bonne lecture !
Daniel Côté
Président de l’UMQ
Maire de Gaspé
LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 3
SOMMAIRE : : ÉDITION 2022
3 MOT DU PRÉSIDENT DE L'UMQ
TRIBUNE
5 MOT DU RÉDACTEUR EN CHEF DE MAIRES
7 ENTREVUE – DANIEL CÔTÉ ET MAIRESSES
Des conséquences partout,
même où l’on ne s’y attend pas
DOSSIER PROMOTIONNEL
11 SI LA MONTAGNE NE VIENT PAS À TOI,
VA À LA MONTAGNE 32 REPENTIGNY
Des projets novateurs pour demeurer
un moteur économique
16 DES DEMANDES DE PARTOUT,
MAIS AUSSI DES SOLUTIONS
36 VARENNES
De fleuve et d’exploits
350 ans de prospérité économique !
38 SALABERRY-DE-VALLEYFIELD
Un centre-ville métamorphosé
42 LAVAL
Le défi de la main-d’œuvre
Laval se mobilise
44 GASPÉ
Une ville en pleine effervescence
26
46 SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU
TROUVER DE LA MAIN-D'ŒUVRE Densifier pour croître de façon durable
Un des mandats essentiels
du gouvernement Legault 48 DRUMMONDVILLE
Ville résiliente, verte et attrayante
57 DOUZE PÔLES DE CROISSANCE AU QUÉBEC 50 GRANBY
Concilier boom économique
et respect de la nature
24 CONTENU COMMANDITÉ
LE RECRUTEMENT INTERNATIONAL 52 JOLIETTE
Une stratégie efficace pour Une ville à haut indice de bonheur
les entreprises bien préparées et d’attractivité
Selon les produits Rolland sélectionnés, en comparaison à la moyenne de l’industrie pour
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sans chlore et à partir d’énergie biogaz. Ils sont certifiés FSC® et Garant des forêts intactesMC.
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4 LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022
MOT DU RÉDACTEUR EN CHEF
ÉDITEUR
Jacques Boisvert
RÉDACTEUR EN CHEF
René Vézina
RÉDACTION
René Vézina
JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER
RÉVISION ET CORRECTION D’ÉPREUVES
Christine Barozzi, Catherine Faucher
et Anne-Marie Trudel
PRODUCTION
Supervision :
Edith Lajoie
Conception graphique et mise en page :
Carole Bordeleau pour Carbodesign
RÉAGIR COLLECTIVEMENT
PHOTOGRAPHE
Denis Bernier AU MANQUE DE MAIN-D’ŒUVRE
ILLUSTRATION EN PAGE COUVERTURE René Vézina
© iStock par Halfpoint
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Claire Boisvert
Conseillère en publicité Certains parlent de pénurie. D’autres préfèrent le terme « raréfaction ». Quel
Caroline Nicolas que soit le vocable utilisé, le Québec manque douloureusement de bras et
Responsable Qualité et satisfaction client
de cerveaux. Et les municipalités sont aux premières loges pour constater les
Montréal Québec
450 670-7770 418 317-0669 dommages que ce manque de main-d’œuvre cause actuellement d’un bout à
ADMINISTRATION l’autre de la province.
Edith Lajoie
Directrice générale
COMPTABILITÉ
C’est l’une des constatations les plus étonnantes : plus une seule région n’y
Catherine Faucher échappe, même pas celles dont on disait il n’y a pas si longtemps qu’elles
Philippe Bérubé CPA
étaient affligées par un fort taux de chômage. Aujourd’hui, on gratte les
ENVOI DE POSTE – PUBLICATIONS
Convention no PP 41614528 fonds de tiroir de l’Abitibi à la Gaspésie pour deux bonnes raisons.
ADRESSE DE RETOUR
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Longueuil QC J4K 5J3 D’abord, le Québec vieillit et les gens quittent leur travail par régiments entiers.
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Responsable des abonnements 64 ans. C’était prévisible. Les projections démographiques nous l’annonçaient.
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Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada
Ce qui l’était moins, c’était la robustesse de l’économie québécoise, malgré
et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009.
les assauts répétés de la COVID, qui ont obligé les employeurs à chercher du
Toute demande de reproduction doit être adressée
par écrit à l’éditeur. Si elle est acceptée, elle doit indiquer renfort. Avec les départs à la retraite, la tâche est devenue imposante.
clairement la source de la façon suivante : Tiré du magazine
Villes d’avenir, édition Le Québec économique. Le nom de
l’auteur ou du photographe doit également apparaître.
Si les municipalités sont sur la première ligne, c’est qu’elles peuvent observer
L’éditeur se réserve le droit de refuser l’insertion
de toute publicité. l'impact de ce défi à la fois sur leurs propres besoins et sur ceux des entreprises
et des organisations actives sur leur territoire. Leur statut de gouvernements
Le magazine Villes d’avenir, de proximité les incite à agir pour trouver des solutions.
édition Le Québec économique
est publié par JBC Média inc.
Président : Jacques Boisvert Voilà ce dont il est question dans les pages qui suivent. Quelle est la nature du
70, rue De La Barre, bureau 120 problème ? Comment l’affronter ? En proposant des exemples de réponses et
Longueuil QC J4K 5J3
de municipalités qui ont pourtant le vent dans les voiles, on parvient à tracer un
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interpellé par le malaise.
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René Vézina
Nous reconnaissons l’appui financier
du Gouvernement du Canada Rédacteur en chef
LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 5
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ENTREVUE
DANIEL CÔTÉ
Président
Union des municipalités du Québec (UMQ)
UMQ
Maire de Gaspé
DES CONSÉQUENCES PARTOUT,
MÊME OÙ L’ON
JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER
NE S’Y ATTEND PAS
PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE
C’est tout le Québec qui souffre et qui risque de souffrir pendant un bon moment de la pénurie de main-
d’œuvre. Tel est le constat du président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Gaspé,
Daniel Côté. « Je ne vous apprends pas grand-chose, dit-il, on en parle depuis 25 ou 30 ans, mais le problème
empire et il frappe partout en freinant l’offre de services, de la santé à l’alimentation en eau potable. Il va
x falloir des années avant que la situation se x
normalise. »
S'
il faut attendre que la pyramide des âges se UN BESOIN CRIANT, PARTOUT
rétablisse, elle qui signale un vieillissement Les chiffres confirment son analyse. Les
graduel et implacable de la population, plus récents relevés montrent que 76 % des
l’attente sera longue, reconnaît Daniel immigrants s’installent dans l’agglomération
Côté : « Il serait périlleux de compter sur une de Montréal. « Or, les besoins de main-d’œuvre
augmentation des naissances. Il y a d’autres sont au moins aussi grands en région. Il va
options, comme la hausse de l’immigration bien falloir trouver des incitatifs pour les
économique. Mais il va falloir en arriver à la encourager à regarder au-delà de la métro
régionaliser. C’est essentiel. » pole », fait-il valoir.
LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 7
ENTREVUE
Et même s’il admet volontiers qu’il n’existe pas de
solution miracle, le président de l’UMQ est bien placé
pour mesurer l’ampleur de l’enjeu et l’importance de
poser des gestes. « Je ne connais pas un maire, pas
une ville qui ne manque pas de main-d’œuvre. À Saint-
Georges-de-Beauce, pour ne parler que d’elle, les PME
poussent un cri d’alarme et elles ne sont pas les seules »,
indique-t-il.
Le risque de rupture de services l’inquiète, d’autant
qu’elle peut survenir un peu partout, quels que soient
les domaines. « Dans les hôtels, et Montréal n’y échappe
pas, il arrive souvent que le ménage ne soit pas fait
quotidiennement quand on y séjourne pour un moment.
Je pense aussi à l’industrie du camionnage, qui est lui
aussi en manque et qui ne suffit plus à la tâche. Ça
ne s’arrangera pas de sitôt parce que les chauffeurs
avancent en âge eux aussi. Imaginez ce qui va arriver
si personne ne transporte plus nos biens. Et vous avez
UMQ
entendu parler du secteur du tourisme ? Au Québec,
la demande est en hausse, alors que les prestations
de services sont compromises, faute de personnel »,
souligne Daniel Côté. L’été dernier, par exemple, on ne qui produit des pales pour les éoliennes géantes. La
pouvait trouver de massothérapeute à Percé, pourtant demande d'énergies de remplacement est en hausse,
un haut lieu de l’industrie touristique au Québec. Même la production de l’usine de Gaspé aussi. Ses projets
les hôtels réputés qui avaient l’habitude d’offrir ce service d’expansion sont impressionnants… pourvu qu’elle
se trouvaient sans ressources. Rien n’indique que ce sera puisse recruter les travailleurs dont elle a besoin. « L’usine
plus facile cet été. « Il faut vraiment un énorme coup de employait quelque 300 personnes en 2016, elle a réussi à
barre, rien de moins », lance M. Côté. en embaucher 200 de plus récemment pour augmenter
la cadence, mais voilà, elle veut maintenant tripler sa
L’EXEMPLE ÉLOQUENT DE GASPÉ superficie, car la demande est forte. Il lui faudrait déjà
Gaspé est aujourd’hui l’une des municipalités les plus monter l’effectif à 700, peut-être jusqu’à 1 000... Ce ne
étendues au Québec avec un territoire qui couvre sera pas évident », constate Daniel Côté.
1 500 km2. Son maire est aux premières loges pour
constater l’impact de cette pénurie de main-d’œuvre là Et le manque de logements n’arrange rien. À Gaspé, le
où, en apparence, on ne l’attendait pas. « Si l’on s’arrête taux d’inoccupation est tombé à 0,2 %. Autrement dit,
simplement aux données sur le taux de chômage, la il est presque impossible de se loger. « Il y a un projet en
Gaspésie n’est pas la plus mal prise, dit-il, puisque bien cours qui ajoutera 144 unités. On n’a pas vu ça depuis des
des gens seraient disponibles. Mais ici, les industries décennies », dit le maire Côté.
sont en bonne partie saisonnières. On ne peut aller à la
pêche aux crevettes en janvier ni récolter des carottes. Et Il doit aussi composer avec d’autres défis, à commencer
les touristes viennent essentiellement l’été même si de par tout ce qui touche au transport. Dans son récent
belles initiatives en attirent l’hiver. Or, les travailleurs qui budget, le gouvernement du Québec a inclus des
ne sont plus au travail six mois par année ne reviennent subventions pour améliorer la desserte en région et
pas nécessairement quand l’activité reprend. Ce taux de limiter les tarifs. Au moins, Gaspé peut déjà compter
chômage est trompeur. Nous manquons nous aussi de sur deux transporteurs, et cette concurrence favorise
main-d’œuvre. Même le Tim Hortons a souvent dû fermer les voyageurs, même si les prix demeurent relativement
la nuit, faute d’employés. » élevés. Il faut facilement débourser 500 $ et plus pour
un aller-retour Montréal-Gaspé. Par ailleurs, le dossier du
Sans compter que l’économie de Gaspé peut maintenant transport ferroviaire progresse, mais lentement. Gaspé a
s’appuyer sur des entreprises qui roulent à fond 12 mois perdu la liaison par Via Rail en 2011, et les retards dans
par année, comme les chantiers navals ou LM Wind la réhabilitation de la voie ferrée reportent toujours plus
Power, une filiale de la multinationale General Electric, loin le retour du service.
8 LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022
« L’usine (la LM Wind Power) employait quelque 300 personnes
en 2016, elle a réussi à en embaucher 200 de plus récemment
pour augmenter la cadence, mais voilà, elle veut maintenant
tripler sa superficie, car la demande est forte. Il lui faudrait
déjà monter l’effectif à 700, peut-être jusqu’à 1 000...
Ce ne sera pas évident. »
– Daniel Côté
Daniel Côté ne se laisse pas décourager. « Au moins, la région
Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine est redevenue attractive,
précise-t-il. Pour 2021, nous affichons un bilan positif de 1 378
personnes, c’est du jamais vu. Notre marketing territorial
a bien fonctionné ! » Mais un gain ici signifie probablement
une perte ailleurs, et le maire de Gaspé doit aussi reprendre
son rôle de président de l’UMQ. « L’urgence de l’hôpital
de Senneterre, en Abitibi, vient juste de rouvrir après être
restée fermée pendant cinq mois, rappelle-t-il. Il y a eu des
ruptures en obstétrique à Matane et ailleurs. Ce sont des
services essentiels. Comment le Québec peut-il poursuivre
son développement si l’on n’est pas en mesure de répondre
aux besoins des citoyens comme à ceux des employeurs ? »
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LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 9
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SI LA MONTAGNE NE VIENT PAS
À TOI, VA À LA MONTAGNE
DES CONTRECOUPS DANS LES RÉGIONS
PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE
C'
est exactement ce qu’ont fait les maires de six villes UN ESPOIR DÉÇU, UNE PÉNURIE QUI FAIT MAL
québécoises, en janvier 2019, en investissant à Paris Le message a bien passé. Le kiosque de l’UMQ a été
le Salon du travail et de la mobilité professionnelle très couru. Il a vu défiler 1 500 demandeurs d’emploi,
dans le cadre d’une mission parrainée par l’Union des et 500 curriculum vitæ ont été recueillis. Mais c’était
municipalités du Québec (UMQ). Leur slogan était tout juste deux mois avant le premier confinement
clair : « On a besoin de toi, c’est urgent ! » L’objectif lié à la vague initiale de la COVID-19…
l’était tout autant : attirer le plus de candidats
qualifiés possible pour atténuer la pénurie de main- « Évidemment, les restrictions qui ont suivi, puis
d’œuvre qui faisait déjà mal dans toutes les régions les différends entre les deux gouvernements n’ont
du Québec. pas aidé, et nous avons perdu bien des candidats
potentiels qui ont fini par se décourager », dit Denis
Pendant deux jours, les maires et mairesses Martin, qui participait à cette mission comme maire
de Drummondville, Sainte-Julie, Contrecœur, de Deux-Montagnes et président de la Commission
Saint-Donat, Matane et Deux-Montagnes se sont de développement économique de l’UMQ. « Mais
employés à vanter les attraits et les avantages de c’est vous dire à quel point les villes du Québec ont
la société québécoise, en insistant sur les multiples pris elles-mêmes les devants pour pallier le manque
possibilités qu’elle offre aux femmes et aux hommes de travailleurs qui handicape leur économie »,
prêts à participer à son développement. témoigne-t-il.
De gauche à droite sur la photo :
Joé Deslauriers, président du Caucus des municipalités locales de l’UMQ et maire de Saint-Donat ; Suzanne Roy, présidente de l’UMQ (2014-2016 et 2019-2021) et
mairesse de Sainte-Julie (2005-2021) ; Alexandre Cusson, président de l’UMQ (2017-2019) et maire de Drummondville (2013-2020) ; Denis Martin, président de la Commission
sur le développement économique de l’UMQ et maire de Deux-Montagnes ; Maud Allaire, mairesse de Contrecœur ; Jérôme Landry, maire de Matane (2013-2021).
LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 11DES CONTRECOUPS DANS LES RÉGIONS
Il a 60 ans et il en a vu d’autres, mais cette crise est l’une des plus
sérieuses qu’il ait dû traverser comme élu. « Nous parlons depuis
2005 du manque de main-d’œuvre, ça ne date pas d’hier, mais là elle
nous arrive en plein visage avec des répercussions un peu partout.
Les maires m’en parlent continuellement », dit-il, en citant quelques
exemples de municipalités et secteurs frappés par le problème.
Les régions de la Capitale-Nationale et de la Côte-Nord sont
particulièrement touchées. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le
commerce de détail est durement affecté. La municipalité régionale
de comté des Pays-d’en-Haut, dans les Laurentides, voit le manque
de logements compliquer la vie des employeurs qui tentent de
recruter des travailleurs. « Imaginez, il faudrait construire plus
de logements, mais l’industrie de la construction est elle-même
à court de monde ! » lance-t-il.
Ailleurs, les organismes communautaires de la Haute-Yamaska sont
eux aussi à la recherche active de personnel. Les clubs de golf, qui
ont connu une affluence quasi record l’an dernier, ont globalement
besoin de pourvoir 1 000 postes qui demeurent disponibles en ce
début de saison. « Et par chez moi, sur la Rive-Nord de Montréal,
je vois des restos pour le déjeuner qui ne sont plus ouverts que VILLE DE DEUX-MONTAGNES
quatre ou cinq jours par semaine, alors que les loyers, eux, ne
DENIS MARTIN
baissent pas, ajoute le maire de Deux-Montagnes. Les centres-villes Maire de Deux-Montagnes
risquent de ressentir les contrecoups de ces horaires réduits pour Président de la Commission de développement économique
les commerces. » Union des municipalités du Québec (UMQ)
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12 LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022MUNICIPALITÉ DE SAINT-EUSTACHE
ANDRÉ BOURGEOIS
MUNICIPALITÉ DE SAINTE-ANNE-DES-PLAINES
ROMAIN
LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022KOWALSKI
13 RKDES CONTRECOUPS DANS LES RÉGIONS
ANTONY DEGUISE
« Il va falloir accompagner nos organismes
et nos PME. Notre avenir en dépend. »
– Denis Martin
En fait, c’est tout le secteur de l’hébergement et de la
restauration qui souffre, car on évalue à 11 % le taux de
postes vacants, signale Denis Martin. « Aujourd’hui, dit-
il, dans bien des hôtels, le ménage des chambres n’est
plus fait quotidiennement, mais à l’arrivée et au départ
même si vous y passez deux ou trois jours. Ça aurait été
impensable il n’y a pas si longtemps. »
L’AUTOMATISATION À LA RESCOUSSE
Au-delà de toutes les solutions qui ont été évoquées, il
en retient une qui pourrait aider à court terme, du moins
dans certains établissements. « Avec le soutien des
gouvernements, pour l’investissement initial, on pourrait
automatiser là où c’est faisable, comme ces caisses
libre-service dans les épiceries, les consommateurs s’y
habituent peu à peu, note-t-il. Quand on y pense, c’est un
renversement d’attitude : au départ, on craignait que ces
machines ne finissent par coûter des emplois alors qu’au
fond, elles vont aider certains commerces à en préserver
et à demeurer en santé. »
Il faut réaliser que nous vivons là un important change
ment de paradigme, affirme Denis Martin : « Lors des
dernières campagnes électorales, on nous promettait la
création de nombreux emplois de plus, alors que ce qui
importe maintenant, c’est de maintenir ceux qui existent
et de pourvoir ceux qui sont vacants ! »
De là l’importance de mettre collectivement la main
à la pâte, pour reprendre son expression. « Il va falloir
accompagner nos organismes et nos PME. Notre avenir
en dépend », conclut-il.
14 LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022UNIQUE
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MAIS AUSSI DES SOLUTIONS
PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE
« La pénurie de travailleurs représente actuellement le premier
enjeu pour les employeurs, et il faut absolument y trouver des
réponses. » Le président du Conseil du patronat du Québec (CPQ),
Karl Blackburn, dispose de solides informations pour étayer
cette affirmation. Un sondage réalisé à la fin 2021 auprès de ses
E
membres révèle à quel point ils sont préoccupés.
n détail, pas moins de 94 % d’entre eux disent devoir
composer avec des problèmes liés à l’embauche de
personnel. Autrement dit, presque tous les employeurs
y sont confrontés, peu importe leur taille, leur région ou
leur secteur d’activité. En outre, près de la moitié (45 %)
signalent avoir dû retarder ou même annuler un projet,
faute de personnel suffisant. Puis 43 % admettent avoir
refusé au moins un contrat par manque de main-d’œuvre,
donc avoir dû mettre de côté le projet de croître… alors
que tout dirigeant d’entreprise passe une partie de sa vie
à courir après les mandats !
« Imaginez le déchirement, dit Karl Blackburn, et imaginez
l’impact sur l’économie du Québec, quand on sait qu’en
2019, les investissements du secteur privé lui ont procuré
30 milliards de dollars. Toute la société finit par en souffrir. » CPQ
KARL BLACKBURN
Les données du CPQ recoupent celles de la Fédération Président
des chambres de commerce du Québec (FCCQ). Son Conseil du patronat du Québec (CPQ)
16 LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022FCCQ
CHARLES MILLIARD
ISTOCK PAR ANDREYPOPOV
Président
Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ)
président, Charles Milliard, était en tournée au début mars,
après avoir visité tour à tour Joliette, Maniwaki et Gatineau.
Un relevé de la FCCQ à la mi-février montrait que près de
9 répondants sur 10 étaient aux prises avec des problèmes
de main-d’œuvre. La démonstration est entendue. Ce qui
l’est moins, par contre, c’est la façon de sortir de l’impasse.
« Je dirais que les solutions sont multileviers parce qu’il
n’existe pas de remèdes miracles, souligne M. Milliard, encore
faut-il intervenir dans les grands dossiers. »
Ils sont déjà connus et mis en évidence par l’ensemble des
organismes qui interviennent à cet égard. Mais au départ, tout
le monde admet qu’il faut d’abord composer avec la population
québécoise. Impossible d’y échapper. Cette année, la tranche
démographique la plus nombreuse regroupe les gens de 60 à
64 ans. Sans être des vieillards, ces personnes ne sont pas les
plus présentes sur le marché du travail.
Par exemple, en février, l’Institut du Québec (IDQ), affilié au
Conference Board du Canada, signalait à quel point cette tran
sition démographique allait forcément perturber le marché
du travail au Québec, du moins pour quelques années. « Nous
avons noté durant la pandémie que l’écart entre les gens qui
quittent le marché du travail et ceux qui y entrent n’a jamais IDQ
été grand, souligne Mia Homsy, PDG de l’IDQ. Et le nombre de
MIA HOMSY
postes à pourvoir n’arrête pas de grossir, on l’évalue à 238 000 PDG
aujourd’hui. » Institut du Québec (IDQ)
LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 17DEMANDES ET SOLUTIONS
« On peut quand même miser sur trois grands bassins mal et nous sommes en déficit », ajoute-t-il, alors que le
potentiels de main-d’œuvre pour venir en renfort », gouvernement du Québec semble maintenant enclin à
suggère Karl Blackburn : les étudiants, les gens éloignés ouvrir ses portes pour rattraper le retard.
du marché du travail et les immigrants. Selon lui, les
personnes encore aux études pourraient aider à combler LE DÉPART À LA RETRAITE N’EST PAS
environ 50 % des besoins actuels de main-d’œuvre si l’on UNE FATALITÉ
arrive à bien les intégrer sans nuire à leur parcours. Il ne « Il ne faut pas oublier tout ce qui touche à la requalifi
le dit pas expressément, mais l’expérience allemande qui cation de la main-d’œuvre », dit Charles Milliard, qui
mise sur la jonction entre les employeurs et les étudiants constate que bien des travailleurs peuvent migrer d’une
pourrait servir d’exemple. Ensuite, 25 % des autres affectation à une autre si on leur en donne l’occasion.
demandes pourraient être comblées tant par les femmes « Encore faut-il que les conventions collectives syndicales
qui ne participent pas encore au marché du travail que acceptent des aménagements et que les employeurs
par des personnes handicapées, même des prisonniers. soient accommodants. »
Il inclut également dans ce groupe ceux qu’on appelle
poliment les « travailleurs expérimentés », puisque leur Lui aussi évoque cette épineuse question des travailleurs
contribution pourrait s’avérer encore plus grande si dits « expérimentés » qui revient constamment dans le
l’on modifiait les pratiques actuelles pour favoriser leur débat. Les Québécois prennent leur retraite plus tôt
maintien en poste. L’autre part, près de 25 %, reviendrait qu’ailleurs au pays, en moyenne à 62 ans, et pour cause :
aux immigrants, dont les deux tiers sont, année après ils risquent d’être pénalisés, de perdre des crédits fiscaux,
année, de type « économique », c’est-à-dire qu’ils sont par exemple, s’ils persistent à travailler. « Les mesures
acceptés ici en fonction de leurs compétences. « Mais la actuelles ne favorisent pas leur maintien à l’emploi,
fermeture des frontières à cause de la pandémie a fait explique Charles Milliard, il faudrait que les avantages
Grande rencontre Les enjeux de
main-d’œuvre
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18 LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022à continuer, ne serait-ce que quelques jours par
semaine, soient supérieurs aux inconvénients. Oui,
il y aurait des coûts pour les gouvernements, mais
ça nous coûte cher, collectivement, de les perdre.
Nos dirigeants sont frileux. »
C’est aussi ce qu’en pense l’IDQ. « Ici, les gens de
25 à 54 ans sont proportionnellement les plus
nombreux à être au travail qu’ailleurs au pays, et ça
vaut aussi pour les femmes, constate Mia Homsy.
Mais le défi concerne les gens de 60 ans et plus. »
L’Institut suggère que les gouvernements mettent
en place sans tarder des incitatifs convaincants
pour favoriser la rétention des travailleurs plus
âgés. « On pourrait offrir des congés de cotisations
à la Régie des rentes du Québec, réduire la taxe
sur la masse salariale qui en découle pour les
employeurs, bonifier et prolonger des crédits
d’impôt… les moyens existent », expose la PDG.
Elle ajoute un élément essentiel, qui interpelle
directement les employeurs privés : « Le secteur
public, donc tous les paliers de gouvernements,
ROBERT GAGNÉ
vont eux aussi finir par offrir plus d’avantages. Professeur titulaire au Département d'économie appliquée
La concurrence sera encore plus rude pour les et directeur du Centre sur la production et la prospérité
nouveaux candidats. » HEC Montréal
Son propos rejoint celui du Centre sur la produc
tivité et la prospérité, rattaché à HEC Montréal,
qui a publié en octobre une analyse intitulée Dans son étude, le Centre présente quelques exem-
Vieillissement démographique : solutions pour ples éloquents d’aménagements du genre. Chez
un Québec mal préparé en lien avec la pénurie Exceldor, deux salariés âgés peuvent partager
de main-d’œuvre. On y affirmait que le fait de leur semaine de travail. À l’hôtel Ritz-Carlton de
simplement hausser le taux d’emploi, au Québec, Montréal, les employés de 55 ans peuvent voir
des gens de 60 ans et plus au niveau de celui de leur semaine allégée. Chez Prévost Car, de Sainte-
l’Ontario permettrait de pourvoir la moitié des Claire, à compter de 60 ans, un salarié ayant un
postes vacants de la province. Maintenir au travail horaire hebdomadaire de 40 heures peut voir son
davantage de gens dans cette tranche d’âge temps de travail réduit à quatre semaines sur une
réglerait donc une bonne partie du problème. période normale de cinq semaines si l’employeur
est d’accord. La convention collective, chez
« Nous avons cependant noté que les natifs Domtar, prévoit des vacances supplémentaires
– les gens nés ici – sont surreprésentés dans la pour les travailleurs qui comptent 25 ans de
fonction publique et les milieux syndiqués », fait service dès qu’ils atteignent la soixantaine, ils
remarquer Robert Gagné, professeur titulaire peuvent même en obtenir cinq de plus à 64 ans.
au Département d’économie appliquée de HEC Et ce ne sont que quelques cas parmi d’autres qui
Montréal, et directeur du Centre. « Ils sont ainsi montrent que bien des employeurs sont prêts à
mieux protégés et jouissent de mesures qui se montrer accommodants pour conserver leur
peuvent avoir comme conséquence d’accélérer personnel vieillissant et atténuer parallèlement
leur départ, poursuit-il. Mais certains employeurs les pressions sur le milieu du travail québécois.
privés ont quand même pris des dispositions
pour inciter ces travailleurs plus âgés à demeurer « On a proposé par le passé des crédits fiscaux,
chez eux, alors que c’est rarement le cas pour le dès le début des années 2010, mais ils n’ont pas
gouvernement du Québec, quand même le plus produit les résultats qu’on espérait, ajoute le
important employeur de la province. » professeur Gagné. Ils ne sont pas très généreux
LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 19MUNICIPALITÉ DE LAVALTRIE
MUNICIPALITÉ DE LAVALTRIE
MUNICIPALITÉ DE SAINT-AMABLE
20 ATLASBARZ: : ÉDITION 2022
LE QUÉBEC ÉCONOMIQUEni très nombreux. Je pense que c’est moins une
affaire de fiscalité que d’aménagements dans la
gestion des salariés âgés. »
Et l’immigration ? « C’est forcément un élément
qu’il faut considérer, mais compte tenu des
processus qui s’étirent et de l’arrimage pas
toujours évident avec le marché du travail, elle ne
représente à mes yeux qu’une petite partie de la
solution, du moins à court terme », juge-t-il.
RECONNAÎTRE LA CONTRIBUTION
ESSENTIELLE DE L’IMMIGRATION
C’est pourtant là « l’éléphant dans la pièce », omni
présent malgré des divergences sur la manière
de l’aborder. Québec a et aura besoin de renfort
extérieur. À peu près tout le monde en convient,
sans être unanime sur la taille, la destination et la
contribution de ce bassin de main-d’œuvre venue
d’ailleurs. « Déjà que nous sommes en retard
par rapport au nombre de gens qui devaient
arriver, les politiques actuelles ne tiennent pas
suffisamment compte des attentes en région »,
soutient Charles Milliard, de la FCCQ, qui entend
continuellement les doléances de ses membres
situées hors de l’agglomération de Montréal. Et
avec le retour des beaux jours, il rappelle d’abord
l’urgence d’assouplir les procédures pour l’accueil
ISTOCK PAR PIERREDESROSIERS
de travailleurs étrangers temporaires que les
producteurs agricoles, pour ne nommer que
ceux-là, réclament désespérément.
Il n’est pas seul à souligner la nécessité d’agir octroyé le permis de travail selon le pays d’origine
à cet égard. « Toutes proportions gardées, on du candidat. « Les travailleurs étrangers tempo
compte deux fois moins de travailleurs étrangers raires sont essentiels », réaffirmait-il, rappelant
temporaires au Québec qu’en Ontario ; pourtant, que l’an dernier, de nombreuses entreprises
les besoins sont tout aussi importants ici », fait agricoles n’ont pu accueillir les travailleurs dont
remarquer Robert Gagné. elles avaient besoin qu’à la fin de l’été… après la
période cruciale de production.
Fin mars, une coalition d’organismes socioécono
miques québécois interpellait directement le C’est toute la question de l’immigration qui
gouvernement fédéral pour demander une demeure entière, d’autant que la pandémie n’a
réduction rapide des délais de traitement. En pas aidé, reconnaît le président du CPQ, Karl
faisaient partie la FCCQ, l’Université du Québec Blackburn : « Mais on sentait déjà un resserrement
à Trois-Rivières, la Chambre de commerce et des seuils malgré la pénurie de main-d’œuvre.
d’industrie de Drummond (CCID), la Chambre de Les gestes forts n’ont pas été posés. » Le fédéral
commerce et d’industrie du Cœur-du-Québec et n’est pas seul en cause. « Québec détient la
plusieurs autres. « La situation actuelle met en compétence sur 65 % des immigrants, ceux qu’on
péril les opérations d’entreprises, qui sont de dit économiques, sélectionnés en fonction de
plus en plus nombreuses », déclarait le président leurs compétences. Or, on persiste ici aussi à
de la CCID, Marc Tremblay, signalant que des sous-évaluer les besoins », ajoute M. Blackburn.
entreprises n’ont maintenant d’autre choix que Et que penser de la régionalisation, qui demeure
de refuser des contrats et limiter leur croissance. un impératif ? « La meilleure façon de bien répartir
les immigrants, c’est de leur offrir du travail,
Pire, les délais s’allongent : parfois cinq à six mois dans toutes les catégories d’emplois. Or, cette
pour le traitement des demandes. Puis de 8 à information ne circule pas autant qu’elle le
15 semaines supplémentaires avant que ne soit devrait », déplore-t-il.
LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 21DEMANDES ET SOLUTIONS
C’est un travail de longue haleine auquel la FCCQ, Dans ces circonstances, il n’est pas facile d’attirer des
entre autres, s'emploie. Elle a organisé, avec gens, sans compter d’autres problèmes, comme le
Fondaction et Vivre en ville, une tournée régionale, du manque de garderies », décrit M. Milliard.
9 mars au 6 avril, qui les a conduits à Drummondville,
Sherbrooke, Trois-Rivières, Joliette et dans la Vaste chantier ? Indiscutablement, de là l’importance
Vallée-de-la-Gatineau. Intitulé « Pour des milieux du recours aux forces déjà en place en misant sur
de vie durables au Québec », l’événement abordait l’amélioration de leurs compétences de manière à
naturellement le défi de la régionalisation de pourvoir aux emplois vacants. « C’est là une stratégie
l’immigration. qu’il ne faut pas négliger, estime Mia Homsy : former
les gens en place et en engager qui n’ont pas forcé
« Il faut reconnaître les obstacles et s’y attaquer, ment au départ le profil recherché. Là aussi, le
souligne Charles Milliard. Nous avons des croûtes gouvernement peut intervenir en encourageant
à manger pour améliorer le transport interurbain, cette mise à niveau. »
par exemple », dit-il en notant que les immigrants
doivent autrement dépenser beaucoup pour l’achat Sans compter les progrès de la technologie et le
d’une voiture s’ils ont à se déplacer. « La disponibilité développement de l’automatisation, qui viendra
de logements représente un autre frein, avec des aussi alléger la pression sur le marché du travail… Il
taux de vacances au plancher dans bien des villes : n’existe pas de solution unique, juste une attitude à
0,2 % à Granby et à Gaspé, 0,1 % à Maniwaki… Nous adopter décisivement, affirme Karl Blackburn : « D’ici
étions à La Tuque en octobre, un manufacturier 2026, il faudra trouver 1,4 million de travailleurs, à
de produits de bois de consommation attendait la fois pour compenser les départs et pour renforcer
12 travailleurs mexicains, mais il prévoyait devoir les effectifs. Le temps presse, on doit agir sur tous
passer deux à trois mois pour leur trouver à se loger ! les fronts sans perdre de temps. »
Varennes, de fleuve et d’exploits
350 ans de prospérité économique! Martin Damphousse
Maire
Guillaume Fortier Marc-André Savaria
Geneviève Labrecque Carine Durocher Benoit Duval
varennes350.ca Natalie Parent Gaétan Marcil Brigitte Collin
22 LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022MUNICIPALITÉ DE BELŒIL
ROSALIE HAMELIN
MUNICIPALITÉ DE VARENNES
SPREAD ACTUALITÉ
LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 23REPORTAGE PROMOTIONNEL
LE RECRUTEMENT INTERNATIONAL
UNE STRATÉGIE EFFICACE POUR
LES ENTREPRISES BIEN PRÉPARÉES
Dans le contexte actuel où le besoin de main-d’œuvre figure au premier plan des préoccupations
de nos entreprises dans plusieurs secteurs de l’économie et où le taux de chômage au Québec se situe
sous la barre des 5 %, l’attraction et la rétention de travailleurs étrangers temporaires apparaissent
de plus en plus comme une solution incontournable.
E
n effet, certaines études récentes cette main-d’œuvre. Par exemple, les
font état de plus de 1 500 000 postes équivalences de compétences, l’admis-
à pourvoir au Québec d’ici 2026 et sibilité à l’immigration permanente et
prévoient qu’environ 22 % de ces postes le regroupement des familles sont des
seront occupés par des immigrants, qu’ils facteurs importants à prendre en consi-
soient qualifiés ou non1. Historiquement, dération pour les entreprises qui ont des
le flux d’immigrants permanents contri besoins permanents.
buait à l’accroissement de la population
active, mais dans le contexte actuel, Pour ce qui est des politiques et des
l’importance des travailleurs étrangers programmes d’immigration, le Canada
temporaires s’avère incontestable. Déjà figure comme l’un des pays les plus ouverts
en 2019, soit tout juste avant la pan - Julie Lessard et novateurs. Par exemple, dans le but
Associée, avocate, chef
dé mie, le Canada a délivré environ du groupe d’immigration de promouvoir et de soutenir le dévelop-
470 000 permis de travail temporaire, d’affaires de BCF pement de nouvelles technologies et les
un bond considérable comparativement avancées scientifiques, le Canada a lancé,
aux 340 000 et 390 000 permis délivrés en 2017, le projet du Volet des talents
respectivement en 2017 et 2018 . Nous prévoyons une
2 mondiaux qui permet aux entreprises innovantes à
hausse encore plus importante pour les années à venir. forte croissance de profiter d’un traitement accéléré
Bien que l’immigration permanente demeure un objectif des demandes de permis de travail pour certains postes
gouvernemental et sociétal important, les entreprises hautement spécialisés. Les postes visés comprennent,
qui font face à des besoins pressants se doivent d’agir entre autres, les analystes et consultants en informa-
de manière proactive, et le recrutement international tique, les ingénieurs et concepteurs de logiciels ainsi
s’impose aujourd’hui à plusieurs d’entre elles. que les programmeurs et développeurs en médias
interactifs. Ce programme connaît un grand succès
Le recrutement de travailleurs étrangers temporaires et un nombre croissant d’entreprises en tire profit. Non
n’est toutefois pas sans obstacle. Les entreprises seulement permetil de répondre aux défis de main
doivent modifier leur approche, comprendre les aspects d’œuvre, mais il contribue également à l’attraction de
légaux liés à l’immigration des travailleurs et des talents de haut niveau dans ces secteurs d’activité.
membres de leur famille et mettre en place des straté- En contrepartie, les entreprises s’engagent à créer
gies d’immigration compétitives et agiles. Elles doivent des opportunités d’emploi pour des Canadiens et des
également se préparer à relever les défis de formation, résidents permanents, ce qui a une incidence directe
d’intégration et de rétention qui sont particuliers à sur l’essor économique.
1. Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (2019). Équilibre du marché du travail. Diagnostics pour 500 professions. Édition 2018.
https://www.emploiquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/fichiers/pdf/Publications/00_etat_equilibre.pdf
2. Statistique Canada (2020). Répartition des travailleurs étrangers temporaires dans les industries au Canada.
https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/45-28-0001/2020001/article/00028-fra.htm
24 LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022Par ailleurs, les besoins criants en matière de main- Un autre changement apporté pour favoriser l’arrivée
d’œuvre existent dans la plupart des secteurs éco- de travailleurs étrangers occupant des postes dits à bas
nomiques ; chaque industrie a des besoins précis. salaires a été d’accroître le pourcentage maximum de la
Afin de mieux répondre aux besoins variés et évo- main-d’œuvre constituée par des travailleurs étrangers
lutifs des entreprises, le gouvernement du Québec de 10 à 20 % dans plusieurs secteurs de l’industrie, une
a récemment apporté des changements à certains augmentation importante et salutaire pour plusieurs entre-
programmes, toujours dans le but de faciliter et prises. Cette réforme était également demandée depuis
d’accélérer l’arrivée de travailleurs étrangers tempo- longtemps pour répondre à des besoins précis que le marché
raires dans la population active au Québec. local ne peut combler.
L’un des changements majeurs a été de reconnaître Bien que ces changements soient les bienvenus, il demeure
la pénurie de main-d’œuvre pour un grand nombre pressant que l’accès à la résidence permanente soit simplifié
de postes et d’ajouter ces derniers à la liste privi- et accéléré pour ces travailleurs qui contribuent à l’économie
légiée des professions sous pression qui profitent québécoise. Des mesures adaptées pour faciliter l’arrivée
d’un traitement accéléré. Aujourd’hui, cette liste des membres de la famille immédiate de certains travail-
comporte non seulement des postes en gestion et leurs représentent un autre objectif décisif pour leur rétention
des postes professionnels, mais également certains au Québec.
emplois pour lesquels un besoin criant a été déter-
miné : les bouchers industriels, certains opérateurs Les programmes visant les travailleurs étrangers tempo-
de machinerie, certains conducteurs de camions de raires sont nombreux, mais il n’en demeure pas moins que
transport ou de machinerie, les manutentionnaires les entreprises doivent se méfier des formules quasi magi
et autres métiers. L’inclusion récente de 58 profes- ques qui sont de plus en plus présentées sur le marché du
sions de niveau C dans la classification nationale recrutement international. Ce recrutement exige une grande
des professions constitue une avancée majeure qui agilité et s’avère un changement stratégique important
était réclamée depuis longtemps par les différents pour toutes les parties impliquées, des responsables des
acteurs représentant les entreprises, dont le Conseil ressources humaines à la direction financière et générale
du patronat du Québec. des entreprises.
Pour plus d’informations, visitez bcf.ca
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