Radiologie interventionnelle du tube digestif
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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 33-665-A-50 33-665-A-50 Radiologie interventionnelle du tube digestif AS Rangheard T de Baere Résumé. – Le traitement des sténoses digestives a pendant longtemps été de ressort chirurgical. Parallèlement au développement des endoprothèses métalliques, qui étaient initialement utilisées uniquement dans le traitement palliatif de tumeurs œsophagiennes, les gestes interventionnels pratiqués, soit sous fluoroscopie, soit sous endoscopie, se sont étendus à l’ensemble du tube digestif et généralisés à de multiples indications, le but final étant de diminuer significativement les taux de mortalité et de morbidité liés à une chirurgie lourde dès que cela est possible. De la même façon, la mise en place de sondes de gastrostomie et de jéjunostomie, initialement pratiquée par laparotomie et sous anesthésie générale, s’effectue à présent le plus souvent sous guidage fluoroscopique ou endoscopique. © 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : stents, endoprothèses, cancer, obstruction ou sténose colique, estomac, duodénum, gastrostomie, jéjunostomie, œsophage. Abord transpariétal du tube digestif : gastrique ou jéjunale. Plus rarement, ces abords sont utilisés pour réaliser une vidange du tube digestif en amont d’un obstacle. Il peut gastrostomie et jéjunostomie s’agir d’une gastrostomie « de décharge » pour pallier des sous guidage fluoroscopique vomissements répétés dus à un obstacle duodénal ou grêle. Il peut s’agir d’une colostomie en amont d’un obstacle colique pour L’apport nutritionnel est un problème majeur chez les patients résoudre une distension colique majeure [69]. Ce geste constitue alors incapables de maintenir un apport adéquat per os. Dans une optique le plus souvent un temps préopératoire. Enfin, le but de l’abord de long terme, une nutrition entérale est toujours préférable à une digestif transpariétal peut être d’accéder au tube digestif ou à une nutrition parentérale, car elle permet un apport alimentaire plus structure proche pour y réaliser un geste thérapeutique (pose d’une équilibré, génère moins de complications et est également d’un coût prothèse duodénale non réalisable par voie transbuccale, abord bien plus faible. De nombreuses techniques, chirurgicales ou autres, rétrograde des voies biliaires chez un patient porteur d’une ont évolué pour être capables de mettre en place de tels abords pour anastomose biliodigestive). nutrition. La première gastrostomie chirurgicale fut réalisée en 1876, et depuis 1894, la technique de Stam est la méthode chirurgicale standard de gastrostomie. Jusqu’à la fin des années 1970, cette GASTROSTOMIE approche chirurgicale ou la mise en place d’une sonde nasogastrique ¶ Technique étaient les seuls moyens d’assurer un apport alimentaire intragastrique. En 1980, la première gastrostomie percutanée Une étude par ultrasons, dont le but est de repérer le bord inférieur endoscopique (GPE) fut rapportée [24]. La première gastrostomie du foie gauche, est le premier temps de la procédure. percutanée sous guidage fluoroscopique (GPF) fut décrite une année Une insufflation gastrique est toujours nécessaire pour permettre plus tard [52]. Les systèmes de gastropexie percutanée furent décrits une ponction de l’estomac dans de bonnes conditions. Si une sonde pour la première fois en 1986 [7]. Ils ont permis un développement nasogastrique est déjà en place, celle-ci est utilisée. S’il n’y a pas de important de la gastrostomie sous guidage fluoroscopique. De la sonde nasogastrique en place, l’extrémité d’un cathéter même façon, la mise en place d’une sonde de jéjunostomie a d’angiographie de calibre 5 F est placée dans l’estomac. Pour mettre longtemps nécessité une laparotomie, mais depuis peu, les guidages en place ce cathéter, on a recours à l’utilisation de matériel de endoscopiques ou radiologiques permettent de tels gestes. cathétérisme vasculaire (guide hydrophile, cathéter angulé, guide rigide, produit de contraste...), qui est parfois nécessaire pour INDICATIONS franchir les sténoses œsophagiennes éventuelles, souvent présentes lors d’une pratique dans un milieu cancérologique. Enfin, dans les Les abords transpariétaux du tube digestif sont le plus souvent très rares cas où la mise en place d’un cathéter nasogastrique n’est utilisés pour mettre en place une sonde de nutrition entérale, pas possible, il est le plus souvent possible de réaliser l’insufflation gastrique par abord direct de la poche gastrique. On utilise pour cela une aiguille fine, de type Chiba de calibre 22 G, dont l’extrémité Anne-Sophie Rangheard : Chef de clinique-assistant, service de radiologie, hôpital Beaujon, 92110 Clichy, est positionnée dans la poche à air gastrique préalablement repérée France. Thierry de Baere : Praticien hospitalier, service de radiologie interventionnelle, institut Gustave-Roussy, par fluoroscopie [13]. L’insufflation gastrique est obtenue à l’aide 94805 Villejuif cedex, France. d’une seringue de 60 mL, avec laquelle 300 à 500 mL d’air sont Toute référence à cet article doit porter la mention : Rangheard AS et de Baere T. Radiologie interventionnelle du tube digestif. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Radiodiagnostic - Appareil digestif, 33-665-A-50, 2002, 11 p.
33-665-A-50 Radiologie interventionnelle du tube digestif Radiodiagnostic I. – Récapitulatif des trois séries comparant gastrostomie percutanée endoscopique (GPE) et gastrostomie percutanée sous guidage fluoroscopi- que (GPF). B Wollman 1997 [70] B Wollman 1995 [71] EK Hoffer 1999 [28] GPF GPE GPF GPE GPF GPE Faisabilité 100 % 95 % 99,2 % 99,7 % 100 % 91 % Complications majeures 0% 3% 5,9 % 9,4 % 50 % 71 % Complications mineures 11,8 % 12 % 7,8 % 5,9 % Anesthésie locale 25 % 0% - - 42 % 3% elles sont plus diffuses, elles doivent faire redouter une péritonite Tableau II. – Coûts respectifs de la gastrostomie percutanée endosco- par fuite de liquide gastrique. Les points d’ancrage sont retirés pique (GPE) et de la gastrostomie percutanée sous guidage fluorosco- 3 semaines après leur mise en place. pique (GPF) en dollars US d’après Hoffer et al [28]. ¶ Antibioprophylaxie GPF GPE Il est habituel de réaliser une antibioprophylaxie par une Acte 402 375 administration unique, 30 à 60 minutes avant le geste. Le but est de Salle d’intervention 322 0 réduire la fréquence des infections péristomiales, même si celles-ci sont moins fréquentes après GPF qu’après GPE. Nous utilisons 1 g Complications 763 1266 d’amoxicilline + acide clavulanique. De la même façon, la Société Coût total 1487 1641 européenne de gastroentérologie recommande l’utilisation d’une antibioprophylaxie systématique lors des GPE [53], suite aux résultats On peut noter qu’un surcoût est imputé à la GPF car celle-ci est réalisée en salle de radiologie interventionnelle alors que la GPE est réalisée au lit du malade. de deux études randomisées démontrant une division par un facteur supérieur à deux des infections de l’orifice de stomie respectivement après utilisation d’une antibioprophylaxie par respectivement injectés manuellement sous contrôle fluoroscopique de l’importance ceftriaxone ou amoxicilline + acide clavulanique [21, 51]. de la distension gastrique. On a au préalable injecté 1 mg de glucagon en intraveineux afin de ralentir le transit et permettre une ¶ Résultats meilleure distension gastrique qui facilite grandement la suite de la Le taux de faisabilité de la GPF varie de 94 à 99 % dans les plus procédure. grandes séries publiées [2, 13]. Les rares échecs sont le plus souvent Après asepsie locale, sous guidage fluoroscopique, l’estomac est dus à une interposition entre paroi abdominale et paroi antérieure ponctionné à trois reprises pour mettre en place trois points de l’estomac, soit d’un volumineux lobe gauche du foie, soit du d’ancrage. L’abord est habituellement réalisé à la jonction tiers côlon transverse dilaté. Le geste reste parfois possible malgré une inférieur-deux tiers supérieurs de l’estomac. La position gastrectomie partielle préalable [13]. La faisabilité du geste est donc intragastrique de l’extrémité de l’aiguille est repérée par injection bien supérieure à la GPE, puisque dans une méta-analyse [70], aussi d’une faible quantité de contraste qui se moule sur les plis bien que dans une étude randomisée [28], le taux de succès de la GPF gastriques. Une quatrième ponction est réalisée au centre de ces trois était significativement supérieur à celui de la GPE (tableau I). Dans points d’ancrage pour placer la sonde de gastrostomie après notre expérience de la GPF en milieu cancérologique, nous avons dilatations mécaniques successives. Nous utilisons classiquement obtenu un taux de succès de 99 % alors que 20 % des patients étaient une sonde de gastrostomie de 16 à 18 G. Ces sondes sont remplacées des échecs ou des contre-indications de la GPE [13]. De la même à la demande lors d’occlusions ou de chutes, ou systématiquement façon, Thornton et al rapportent une faisabilité de 98 % de la GPF tous les 6 mois. Lors des changements de sonde, ou immédiatement sur une série de 42 patients en échec de GPE [65]. après maturation du trajet de gastrostomie (8 semaines environ), on Un essai randomisé comportant une analyse médicoéconomique a peut envisager la mise en place d’un « bouton » de gastrostomie. Ce montré des coûts d’acte légèrement inférieurs de la GPE par rapport dispositif améliore le confort du patient en réduisant à la GPF. En revanche, si le coût de prise en charge des l’encombrement extérieur du système de nutrition. En effet, après complications plus nombreuses de la GPE par rapport à la GPF est pose du bouton, la partie extériorisée de la sonde est remplacée par intégré dans l’évaluation économique, alors la GPF est moins un dispositif moins encombrant, pouvant être éventuellement onéreuse pour une faisabilité bien supérieure [28] (tableau II). occulté complètement par un simple pansement. Deux types de boutons sont actuellement disponibles : un système champignon, ¶ Complications nécessitant d’être passé en force au travers d’un introducteur Les taux de complications majeures varient de 0,5 à 1,4 % et pelable ; un système maintenu en place par un ballonnet gonflable. concernent essentiellement des fuites péritonéales de liquide On préfère du matériel en silicone pour sa meilleure tolérance à long gastrique. Quelques rares hémorragies gastriques sont rapportées, terme. et traitées le plus souvent par embolisation. Le taux de mortalité Une anesthésie locale généreuse (20 à 30 mL de Xylocaïnet) et due à l’acte est inférieur à 0,5 % à 30 jours pour les plus grandes relativement étendue (couvrant les sites de ponction de la séries. gastrostomie et des trois points de gastropexie) est le plus souvent Les complications mineures sont en revanche extrêmement suffisante. En effet, dans notre expérience récente, le geste s’est fréquentes, de l’ordre de 5 à 8 % dans les 30 jours postprocédures. déroulé sous anesthésie locale uniquement pour 72 % des 200 Elles concernent essentiellement des dysfonctionnements de la dernières procédures. Dans les autres cas, nous utilisons une sonde à type de déplacement, obstruction ou rupture, ou des fuites sédation par midazolam et Fentanylt. péristomiales. Ces complications sont le plus souvent résolues par La gastrostomie peut être utilisée après 48 heures ou après échange ou remise en place d’une nouvelle sonde de gastrostomie. disparition des douleurs abdominales. Les 48 heures après le geste ¶ Gastropexie ou non ? sont parfois assez algiques et le recours aux antalgiques est systématique. Parfois, des morphiniques sont nécessaires. Ces L’utilisation de point d’ancrage ou système de gastropexie est douleurs doivent rester localisées proches du point de ponction ; si systématique pour la plupart des auteurs, afin de limiter les risques 2
Radiodiagnostic Radiologie interventionnelle du tube digestif 33-665-A-50 a b c paroi paroi abdominale antérieure abdominale antérieure Paroi de l'estomac Paroi de l'estomac aiguille à pointe fendue 3 Vue radiographique de la figure 2. Les trois points d’ancrages métalliques 1 Représentation schématique de la mise en place du système de gastropexie ou point se projettent sur la clarté gastrique. Le cathéter ayant servi à obtenir la réplétion aéri- d’ancrage, ou T-fastener. que de l’estomac est visible. a. L’extrémité de l’aiguille contenant le T-fastener est dans l’estomac après avoir tra- versé la paroi abdominale et la paroi antérieure de l’estomac ; b. le T-fastener a été libéré dans l’estomac en introduisant un guide métallique dans l’aiguille, et l’aiguille va maintenant pouvoir être retirée ; c. après traction douce sur le fil d’ancrage pour accoler la paroi gastrique et la paroi abdominale, le point d’ancrage est serti. 4 La sonde de gastrostomie de type Malecot est maintenant en place dans l’estomac. Elle chemine entre les trois points d’ancrage. La sonde d’insufflation, encore visible, va être retirée. 2 Vue externe de trois points d’ancrage en place (étape 1c). On distingue le système de sertissage qui a été écrasé sur les fils de rappel du point d’ancrage et les tampons de gaz évitant un contact « agressif » entre les systèmes de sertissage et la paroi abdomi- nale. de fuites péritonéales après mise en place de la sonde de gastrostomie et de favoriser une maturation plus rapide du trajet de gastrostomies. Ces points d’ancrages permettent surtout d’éviter les fuites de liquide gastrique intrapéritonéales et un repositionnement plus aisé de la sonde en cas d’arrachement précoce de celle-ci [2, 13]. De plus, l’utilisation de ces systèmes de gastropexie permet de réaliser des gastrostomies de décharge en toute sécurité, même chez des patients ayant une ascite carcinomateuse [35]. Par ailleurs, les équipes utilisant les points d’ancrages mettent le plus souvent en place des sondes de gastrostomie de plus gros calibre (14 à 20 F) que les autres équipes (10 à 11 F). Même si l’utilisation de tels dispositifs de gastropexie augmente le nombre de ponctions gastriques, et donc théoriquement le risque d’hémorragie gastrique par plaie vasculaire, ce risque reste extrêmement modéré puisque nous avons rencontré une hémorragie gastrique sur 500 gastrostomies, correspondant donc à 2 000 ponctions gastriques. Cette bonne tolérance est peut-être expliquée par le fait que les 5 Vues de deux boutons de gastrostomie différents. À gauche, il s’agit d’un modèle points d’ancrages induisent un certain degré de compression des avec système de rétention par ballonnet gonflable. À droite, il s’agit d’un modèle qui tissus et évitent ainsi une potentielle hémorragie [54] (fig 1, 2, 3, 4, 5, doit être mis en place après déformation du bouton par élongation sur le mandrin as- socié. 6). 3
33-665-A-50 Radiologie interventionnelle du tube digestif Radiodiagnostic complexe après GPE. Ce geste, d’une relative simplicité technique et qui est bien toléré, le fait réalisé de plus en plus souvent, avec même une extension des indications à une population ne nécessitant qu’une alimentation entérale pour une durée temporaire et supportant difficilement une sonde nasogastrique, souvent en raison de mucite, notamment dans le cadre de traitement par radiochimiothérapie pour des cancers de la sphère ORL [11, 41]. JÉJUNOSTOMIE Cette technique percutanée, décrite en 1987 pour la première fois [11, 41] , est beaucoup moins souvent réalisée que la gastrostomie. En effet, chaque fois qu’une gastrostomie est possible, on préfère celle-ci à une jéjunostomie, car l’alimentation gastrique est moins contraignante, principalement par la durée plus courte du « gavage ». De plus, la jéjunostomie, qui est de difficulté technique variable suivant les situations, est de réalisation toujours plus délicate qu’une gastrostomie. Le plus souvent, la jéjunostomie est réalisée pour nutrition entérale à long terme chez des patients dont l’estomac a préalablement été réséqué ou utilisé pour remplacement œsophagien. 6 Coupe tomodensitométrique du bouton visible sur la partie droite de la figure 5. Le principe de la jéjunostomie est, comme pour la gastrostomie, On distingue la « tête » du bouton dans la cavité gastrique partiellement remplie d’air et on visualise la partie extériorisée du bouton qui est à peine proéminente à la peau. l’abord du tube digestif sous contrôle de l’image. Lors de la ponction jéjunale, les organes à éviter sont principalement le côlon et les autres anses grêles. Les difficultés techniques sont le plus souvent ¶ Chirurgie : GPE ou GPF ? liées à la difficulté de ponctionner la paroi jéjunale sans la transfixier. Bien que la gastrostomie chirurgicale ait été la méthode de référence pendant des années, il y a un consensus pour l’abandonner au profit ¶ Technique de gestes moins invasifs que sont les GPE ou les GPF. L’énorme avantage de la GPF sur la GPE réside dans son taux de faisabilité En pratique, beaucoup d’équipes administrent du produit de très nettement supérieur, notamment en raison des difficultés parfois contraste digestif hydrosoluble la veille au soir de la jéjunostomie rencontrées à mettre en place un endoscope là où un fin cathéter afin d’obtenir un « balisage » du cadre colique [10]. D’autres préfèrent chemine facilement. opacifier le côlon par lavement aux produits de contraste hydrosolubles, immédiatement avant la ponction jéjunale. Rares sont Si l’on compare les taux de complication des GPF et des GPE, ceux qui se passent de toute opacification. comme Wollman et al dans une méta-analyse, il semble exister moins de complications majeures à la GPF (5,9 %) qu’à la GPE (9, Une distension aérique ou liquidienne modérée du segment jéjunal 4 %) [71]. En revanche, il n’existe pas de différence significative du cible est très utile, sinon indispensable. Dans ce but, une sonde est taux de complications mineures. placée dans le duodénum, ou au mieux au-delà de l’angle de Treitz dans les premières anses grêles. Cette sonde, mise en place sous Les avantages théoriques de la GPE sont évidemment le fait que guidage fluoroscopique par voie nasale, permet d’injecter 20 à 50 mL celle-ci peut être réalisée au lit du malade. Cependant, deux d’air ou d’eau, après avoir injecté 1 mg de glucagon intraveineux. opérateurs sont nécessaires et des risques d’ensemencement du trajet L’anse cible doit être immédiatement sous-cutanée pour que la de gastrostomie à partir de cellules tumorales prélevées dans les ponction de celle-ci ne transfixie aucune autre structure. La position cancers oto-rhino-laryngologiques (ORL) ont été rapportés [29]. Par sous-cutanée est au mieux repérée par fluoroscopie de face et de ailleurs, les infections du site de gastrostomie surviennent dans 3 à profil. La palpation de la paroi abdominale sous contrôle 7 % des cas, un peu plus fréquemment après GPE qu’après GPF [28, fluoroscopique peut permettre de confirmer la position sous-cutanée 70, 71] . Dans ce contexte, l’intérêt d’une antibioprophylaxie par par déplacement de l’anse cible à la palpation douce. Le guidage amoxicilline + acide clavulanique ou par une céphalosporine a été tomodensitométrique peut parfois être utile [10], mais s’avère souvent clairement démontré pour la GPE [21, 51, 53], et il semble intéressant décevant en raison du manque de caractère temps réel. Idéalement, d’étendre cette attitude d’antibioprophylaxie à la GPF. il devrait être couplé à la fluoroscopie ou on devrait utiliser des Enfin, quelques ensemencements de l’orifice de gastrostomie ont été scanners de dernière génération (fluoroscanners) [12] . D’autres rapportés, uniquement après GPE [22]. Ces ensemencements sont auteurs utilisent la fluoroscopie qui permet de repérer l’anse cible, vraisemblablement dus à une greffe sur la cicatrice opératoire de dans laquelle sont injectés 100 à 150 mL de liquide [68]. Enfin, certains cellules tumorales « prélevées » par la sonde de GPE insérée en auteurs mettent en place un ballonnet qui est gonflé dans le jéjunum transbuccale. La même explication vaut probablement pour le taux afin de guider la ponction vers ce ballonnet. d’infections plus élevé après GPE qu’après GPF, et ceci en raison En pratique, dans notre expérience, la combinaison de d’un état buccodentaire très altéré dans la population porteuse de l’ultrasonograhie et de la fluoroscopie permet au mieux de s’adapter cancers ORL. à toutes les situations et de rendre le geste techniquement plus sûr. ¶ Au total La conjonction de ces deux techniques permet de repérer l’anse cible sous échographie pour être certain que celle-ci est bien en position Le taux de faisabilité extrêmement élevé de la GPF, même chez des sous-cutanée, puis de guider l’aiguille jusqu’à son contact en évitant patients en échec de GPE, devrait probablement faire préférer la GPF les organes de voisinage. Ensuite, la fluoroscopie visualise la comme technique de première intention. Ceci est tout pénétration de l’aiguille dans le jéjunum où elle est le plus souvent particulièrement vrai chez les patients cancéreux qui présentent perdue de vue par l’échographie en raison des artefacts gazeux. Le souvent un obstacle haut difficile à franchir par l’endoscope, associé point le plus délicat est de loin la ponction de l’anse grêle. Cette à un risque de sepsis et de greffe tumorale induit par le trajet difficulté est due à la relative mobilité de cette anse qui ne peut être transbuccal de la sonde de GPE. L’efficacité à long terme de la GPF distendue que modérément, et qui va donc fuir sous l’aiguille apparaît satisfaisante et les dysfonctionnements de la sonde sont comme on le voit lors du monitorage échographique aussi bien que facilement résolus par un échange de celle-ci. Cet échange est fluoroscopique. L’utilisation d’aiguille fine (21 ou 22 G) facilite la extrêmement simple après GPF, alors qu’il est beaucoup plus ponction mais implique la mise en place d’un guide très fin. Les 4
Radiodiagnostic Radiologie interventionnelle du tube digestif 33-665-A-50 échanges sur un tel guide sont souvent difficiles, car une fois encore prothèse digestive basse. Elle peut constituer un substitut à la le jéjunum fuit sous la poussée du système de gros calibre que l’on cæcostomie chirurgicale. La perforation ou la nécrose coliques sont tente de mettre en place sur ce guide fin. Nous préférons utiliser à l’évidence des contre-indications absolues, alors que les troubles d’emblée une aiguille de 17 G contenant le point d’ancrage. Une fois de l’hémostase restent une contre-indication relative. l’extrémité de cette aiguille placée dans la lumière jéjunale, le bon positionnement est affirmé par aspiration d’air et injection de ¶ Technique quelques millilitres de contraste radio-opaque qui doivent opacifier l’anse cible. Ensuite, un guide de gros calibre (0,035 inch) est passé La technique est très superposable à celle de la gastrostomie. L’abord dans l’aiguille et poussé vers le jéjunum d’aval. Le passage de ce est antérieur sur un côlon dilaté, avec mise en place de systèmes guide a pour conséquence de libérer le point d’ancrage dans le d’ancrage. jéjunum. Après fixation du point d’ancrage, la plupart des auteurs dilatent le trajet sur ce guide pour mettre en place une sonde de ¶ Résultats jéjunostomie de 10 à 14 F [10, 68]. Après le placement de ce point Peu de résultats sont disponibles et la plupart des publications sont d’ancrage, et grâce à la fixité de l’anse jéjunale qu’il assure, il est des case-reports ou de courtes séries. La seule série importante cependant assez aisé de réaliser une seconde ponction jéjunale pour comporte 28 patients [55] . La quasi-totalité des cæcostomies mettre en place la sonde par un trajet différent de celui du point percutanées sont réalisées lors de syndromes d’Ogilvie, sans d’ancrage. Comme après une gastrostomie, les points d’ancrage sont complications et avec des résultats excellents. retirés après 2 à 4 semaines. Il est à noter que lorsque la jéjunostomie doit être réalisée au site d’une ancienne jéjunostomie chirurgicale, le geste est techniquement Traitement des sténoses digestives plus simple en raison de la fixité habituelle de l’anse cible [10]. Par ailleurs, on peut rappeler qu’en cas d’échec de jéjunostomie par La chirurgie a pendant longtemps été le seul traitement des sténoses abord antérieur direct, certains auteurs proposent la mise en place digestives bénignes et malignes. Les traitements endocanalaires de de sondes jéjunales, soit par voie transhépatique après abord ces sténoses, d’apparition récente, ont pris une place de plus en plus percutané des voies biliaires et cathétérisme descendant, soit grande. À travers les différentes techniques qu’elle offre, la par voie translombaire avec abord du deuxième duodénum radiologie interventionnelle partage le premier rang de ces sous contrôle tomodensitométrique [32, 58], soit plus récemment traitements endocanalaires avec l’endoscopie. par abord antérieur du duodénum [67]. Il est à noter que ces dernières techniques n’ont été décrites que rarement, voire exceptionnellement. ŒSOPHAGE Enfin, on peut souligner qu’un abord jéjunal d’une anse montée ¶ Indications pour anastomose biliodigestive est presque toujours possible afin de faciliter des manœuvres de cathétérisme biliaire [10]. Sténoses d’origine néoplasique ¶ Résultats Ce sont les plus fréquentes. Elles sont avant tout la conséquence de carcinomes épidermoïdes de l’œsophage (90 % des cas), alors que La faisabilité rapportée dans les deux plus grandes séries publiées l’envahissement secondaire de l’œsophage par une tumeur adjacente est de 87 et 89 %, avec la nécessité de deux procédures pour 8 % des bronchopulmonaire ou médiastinale est plus rare. Le traitement non patients avant succès de la technique [10, 68]. La perméabilité des chirurgical de ces sténoses, réalisé à titre palliatif pour ces cancers sondes à moyen et long termes est satisfaisante, et l’échange de inopérables, est une bonne alternative à la chirurgie qui était sonde en cas d’obstruction à distance de la pose ne pose aucun associée à des taux élevés de mortalité et de morbidité problème technique particulier. (respectivement 13-22 % et 36-71 %) [17, 46]. ¶ Complications Sténoses bénignes Le taux de complications est variable suivant les séries, mais pour Plus rarement rencontrées, elles sont secondaires à un reflux gastro- un total de 90 patients dans les deux séries ci-dessus référencées, on œsophagien, à une achalasie, d’origine caustique, postradique recense deux ponctions coliques (pas de balisage digestif) et une (tumeurs ORL, bronchopulmonaires ou du tiers supérieur de ponction gastrique par inadvertance, quatre fuites périjéjunales l’œsophage), ou encore sur le site anastomotique d’une chirurgie nécessitant une chirurgie d’exploration, six abcès péricathéter à œsophagienne [ 6 2 ] . Le traitement de telles sténoses relevait distance du geste (traitement par incision et antibiothérapie). traditionnellement de dilatations à la bougie. Depuis les années 1980, cette technique a été progressivement remplacée par des ¶ Au total dilatations au ballonnet [38, 44], qui ont à la fois un taux de morbidité moins important et une plus grande efficacité sur la dysphagie [25]. La jéjunostomie percutanée, bien que proche de la GPF sur le La mise en place d’endoprothèse est controversée dans le traitement principe et la technique, en est éloignée dans la réalité. Elle est de sténoses bénignes, les endoprothèses pouvant entraîner à plus techniquement beaucoup plus difficile, comme en témoigne sa ou moins long terme des érosions œsophagiennes ou des moindre faisabilité dans la plupart des séries rapportées. La courbe hyperplasies tissulaires, parfois à l’origine de nouvelles sténoses [64]. d’apprentissage de cette technique est plus longue que celle de la Certaines équipes utilisent des prothèses recouvertes de GPF. Bien que souffrant d’un taux de complications supérieur à sa polyuréthane et munies d’un système permettant de retirer la « grande sœur », cette technique irremplaçable reste relativement prothèse une fois la sténose levée, évitant ainsi les risques d’érosion sûre et efficace dans des mains entraînées. œsophagienne et d’hyperplasie endothéliale [62]. CÆCOSTOMIE ¶ Technique et résultats La cæcostomie chirurgicale fut décrite pour la première fois en 1710 Traitement des sténoses bénignes : dilatation au ballonnet par Litter [20]. Ce geste a le plus souvent pour but d’obtenir une décompression du côlon distendu en raison, soit d’un obstacle d’aval, soit d’une dilatation fonctionnelle. La cæcostomie percutanée • Technique doit être proposée en cas d’échec des autres méthodes de Une anesthésie locale est le minimum nécessaire pour le traitement décompression, soit par endoscopie et aspiration, soit par pose de des sténoses du tiers moyen et tiers inférieur de l’œsophage. 5
33-665-A-50 Radiologie interventionnelle du tube digestif Radiodiagnostic L’utilisation de gels ou de sprays anesthésiques est utile. Une celle-ci est réalisée avec des ballons de calibre moyen (ballons de 12 anesthésie générale est utile pour les sténoses plus hautes. On peut à 14 mm). Les endoprothèses plastiques ont été abandonnées à cause avoir recours à de l’atropine en cas d’augmentation du tonus vagal. du risque de complications élevé (5 à 30 %) (déplacement, La voie d’abord est orale plus souvent que nasale, en raison du perforation), d’une mise en place nécessitant une anesthésie calibre parfois important des matériels utilisés, ce qui renforce générale [17] et d’un diamètre nettement inférieur amenant à des l’intérêt de l’anesthésie générale. occlusions fréquentes [17]. Bien que leur coût unitaire soit faible, le Le geste est réalisé sous guidage fluoroscopique ou endoscopique. coût lié à la gestion des complications et obstructions a été démontré Un transit œsophagien opaque préalable est utile pour préciser la comme rédhibitoire lors d’un essai randomisé [17]. Le caractère le plus topographie et la morphologie. Un cathéter angiographique de 5 à 7 souvent autoexpansif de la prothèse lui permet de se déployer F sert à franchir la sténose en utilisant du matériel de cathétérisme progressivement sur 24 à 48 heures avec un moindre traumatisme vasculaire (guide hydrophile-cathéter artériel) si nécessaire. Une fois pour l’œsophage. la sténose franchie, un guide rigide échangeur est mis en place Les prothèses utilisées sont les prothèses non couvertes Wallstents (> 180 cm) ; l’extrémité est placée loin en aval de la sténose, au mieux (Boston Scientific, Medi-tech, Natick, MA), Ultraflex stents (Boston dans l’estomac. Sur ce guide, on amène le cathéter de dilatation dont Scientific, Medi-tech) et Esophacoil (Instent, Eden Prairie, MN). Leur le ballon est centré sur la sténose. La dilatation est progressive afin diamètre varie de 20 à 25 mm, les longueurs sont adaptées à la de limiter les risques de rupture œsophagienne. On débute sténose. Les introducteurs ont des diamètres de 12 à 18 F. généralement par un ballon de 12 mm de diamètre, puis 20 mm en Les endoprothèses œsophagiennes peuvent être couvertes, gardant une pression d’inflation inférieure à 10 bar. S’il persiste une essentiellement dans le but d’éviter une prolifération tumorale à dysphagie aux aliments solides après dilatation, les séances de travers les mailles du stent ou afin d’occlure des fistules dilatation peuvent être répétées environ 15 jours plus tard. Pour des œsophagiennes. Le polyuréthane, plus résistant, doit être préféré au sténoses très serrées, ainsi que chez les enfants, on débute la silicone comme matériel de couverture pour éviter les lacérations dilatation avec des ballons de 4 à 6 mm de diamètre [30]. par les mailles du stent lors de sa mise en place [56, 60, 62]. Les principales prothèses couvertes utilisées sont les covered Ultraflex • Résultats stents (Boston Scientific, Medi-tech) et Gianturco-Rösch Z stents Le taux de succès immédiat après dilatation de la sténose, apprécié (William Cook Europe, Bjaeverskov, Denmark). Le stent Flamingo 24 heures après le geste, est de 80 à 90 % juste après le geste, 70 % (Boston Scientific Corp) est une prothèse couverte de forme conique des patients restant asymptomatiques à 2 ans, 40 % nécessitant une qui présente le double avantage de prévenir le risque d’obstruction ou plusieurs séances supplémentaires [61]. Les sténoses d’origine prothétique par prolifération tumorale tout en ayant moins de caustique semblent être plus difficiles à traiter, avec un taux d’échec risques de migration, le matériel recouvrant étant situé à la face de 45 %. Il en est de même pour les sténoses postradiques du tiers interne de la prothèse, contrairement aux autres prothèses. Une supérieur de l’œsophage où le taux de succès après dilatation à étude contrôlée et randomisée entre les stents Flamingo et Covered 2 ans est de l’ordre de 30 % [61]. La dilatation des sténoses dans Ultraflex ayant pour but de comparer les risques de migration est l’achalasie œsophagienne a un taux de succès de l’ordre de 88 à actuellement en cours [46]. 93 % [46]. • Complications • Résultats Le taux de morbidité liée à la dilatation au ballonnet est inférieur Le taux de succès de la pose de prothèse est proche de 100 %, avec à celui des dilatations par bougies (0-1,8 % versus 9 %) [16, 43]. La une efficacité immédiate sur la dysphagie de 90 à 100 % et d’environ complication majeure, qui est la rupture œsophagienne, est 90 % à long terme. Une étude triple randomisée, comparant la rencontrée dans 0,9 à 4,8 % des cas en fonction des séries [45]. thérapie par laser sous endoscopie et la pose de prothèses couvertes Le risque de rupture œsophagienne est majoré lors du traitement de et non couvertes, a montré une différence significative en termes sténoses caustiques, avec 32 % de perforations [61]. En revanche, il d’efficacité sur la dysphagie après pose de prothèse [46]. n’y a pas de différence entre les sténoses postradiques et tumorales Certaines équipes ne retrouvent pas de différence significative en (2,9 % versus 3,2 % par procédure et 7,7 % versus 5,7 % par patient). termes d’efficacité entre les prothèses couvertes et non couvertes [17]. Des séances répétées de dilatation utilisant des ballons de taille En revanche, d’autres préconisent l’utilisation de prothèses croissante semblent diminuer le risque de perforation [30, 45, 49]. couvertes dans les sténoses du haut, moyen et bas œsophage, afin La rupture se classifie en trois stades différents sur l’opacification de diminuer les risques d’envahissement tumoral et d’hyperplasie œsophagienne : endothéliale, et de prothèses non couvertes dans les sténoses situées au niveau du cardia en raison du risque plus élevé de migration [46]. – type 1 : rupture intramurale ; – type 2 : rupture transmurale sans fuite de produit de contraste • Complications baryté dans le médiastin ; La perforation peut survenir, soit lors de la dilatation, soit par – type 3 : rupture transmurale avec fuite de la baryte dans le lacération par les extrémités du stent (8 %) [64] . La migration médiastin. Elle se manifeste le plus souvent par des douleurs prothétique survient dans 0 à 50 % des cas. Elle est particulièrement thoraciques et une hyperthermie [30]. plus fréquente dans le traitement des sténoses œsogastriques et avec Le traitement des perforations dépend du degré de gravité. Il repose les endoprothèses plastiques [ 4 6 ] . Les autres complications sur la mise en place d’endoprothèses couvertes pour les ruptures de comprennent l’impaction de nourriture (6 %), l’envahissement type 2, sur la chirurgie pour les ruptures de type 3 et sur une tumoral intraprothétique ou au-delà des extrémités du stent (5 à nutrition parentérale avec antibiothérapie pour les ruptures de type 50 %), ainsi que la dysphagie secondaire à une hyperplasie 1, à savoir que celles-ci peuvent passer inaperçues en l’absence épithéliale apparaissant aux extrémités supérieure et inférieure de d’opacification œsophagienne et guérir spontanément [30] . Une la prothèse [ 6 4 ] . L’envahissement tumoral et l’hyperplasie réaction inflammatoire précoce, associée à une dysphagie, peut endothéliale ne semblent pas être rencontrés avec les endoprothèses survenir dans 10 à 20 % des cas, nécessitant un traitement par couvertes [ 6 4 ] . D’après Kinsman, le risque de complications corticoïdes sur 48 à 72 heures. (perforation, hémorragie digestive, fistule œsotrachéale) suite à la Traitement des sténoses malignes : dilatation et mise en place pose d’endoprothèses métalliques serait plus important chez les d’endoprothèses patients précédemment traités par radio- et/ou chimiothérapie [31]. Le taux de mortalité rapporté est de 0 à 6 %, lié à des hémorragies • Technique cataclysmiques (une hémorragie grave survient dans 6 % des cas [46]) La dilatation est rarement utilisée de façon isolée et elle constitue ou des pneumopathies d’inhalation. Le reflux gastro-œsophagien est souvent le premier temps de la pose d’une prothèse. C’est pourquoi fréquent si le stent est placé au niveau du cardia. De nouveaux 6
Radiodiagnostic Radiologie interventionnelle du tube digestif 33-665-A-50 modèles de prothèses avec valve antiretour sont disponibles, mais ¶ Technique et résultats leur utilisation n’a pas encore validé leur efficacité. Pour finir, des douleurs thoraciques peuvent survenir dans 10 à 20 % des cas. Elles Traitement de sténoses bénignes sont plus importantes avec les prothèses rigides, comme la prothèse rigide de Gianturco-Rosch. • Technique Un transit gastroduodénal permet d’évaluer la localisation, la longueur de la sténose et l’intestin grêle d’aval. Une endoscopie ESTOMAC ET DUODÉNUM gastroduodénale peut être réalisée si des biopsies sont nécessaires. Le geste est réalisé, soit sous diazanalgésie associant 1-3 mg ¶ Indications d’hydrochloride de midazolam (Hypnovelt) et 20-100 µg de citrate de fentanyl (Fentanylt) avec un monitoring anesthésique continu, Les sténoses gastroduodénales entraînent une gêne à l’évacuation et soit, plus souvent, sous anesthésie générale. une distension gastrique qui induisent une symptomatologie mêlant La voie d’abord est de préférence orale en raison de la taille nausées et vomissements. Il s’ensuit une perte de poids avec importante du matériel parfois utilisé. Dans tous les cas, une sonde altération de l’état général, et le seul recours est la nutrition d’aspiration nasogastrique de 16 F, mise en place la veille, permet parentérale [14] . En plus de l’inconfort et de la dénutrition, la de limiter la distension gastrique souvent gênante dans la réalisation fréquence et l’importance des vomissements augmentent le risque du geste, et d’éviter les risques de pneumopathie d’inhalation. Le de pneumopathie d’inhalation. cathétérisme de la sténose par voie orale peut être impossible et un abord transgastrique comparable à celui de la gastrostomie peut être Sténoses gastriques et duodénales choisi pour faciliter ce cathétérisme. Une sonde intragastrique, ainsi Elles sont le plus souvent néoplasiques, soit par prolifération que des points d’ancrage sont mis en place. Il faut savoir que si un tumorale endoluminale, soit par compression extrinsèque de tel abord transgastrique est pratiqué et que la pose de la prothèse se tumeurs de voisinage (tête du pancréas, cholangiocarcinome de la révèle impossible malgré cela, il faut laisser en place une sonde de voie biliaire principale, ampullome vatérien, adénopathies gastrostomie définitive. compressives...) [57, 72]. Ces sténoses se développent dans un contexte Fluoroscopie ou endoscopie ? de cancer évolué et un traitement symptomatique est souvent le seul Le contrôle fluoroscopique est indispensable pour guider le geste envisageable [14]. Jusqu’à présent, le traitement symptomatique de car un contrôle endoscopique isolé est accompagné d’un taux de ces sténoses était, soit la mise en décharge de l’estomac par sonde perforations plus élevé. De plus, le diamètre élevé de l’endoscope nasogastrique ou de gastrostomie, soit la pose de gastrojéjunostomie ne permet parfois pas le franchissement de la sténose que permet associant la mise en place d’une sonde intragastrique d’aspiration et un cathéter [33]. En revanche, l’endoscope peut être utile pour d’une sonde jéjunale de nutrition [14]. Enfin, lorsque l’état du patient rigidifier le cathéter porteur de la prothèse lorsque celle-ci est le permettait et que son espoir de survie le justifiait, une anastomose poussée sur guide à travers des estomacs très dilatés [5]. Un cathéter gastrojéjunale chirurgicale était réalisée. 6 F est mis en place par voie transbuccale en regard de la sténose et permet d’injecter un produit de contraste hydrosoluble afin de La mise en place de prothèses métalliques autoexpansives gastriques réévaluer la sténose. Celle-ci est franchie à l’aide d’un guide, le plus ou duodénales est une technique introduite récemment, permettant souvent hydrophile rigide, de 0,038 inch de diamètre, qui est ensuite de rétablir la continuité du circuit digestif et par là même une échangé contre un guide rigide de 2,60 m poussé le plus loin alimentation orale. Bien que les résultats soient encore préliminaires, possible dans le jéjunum d’aval et sur lequel sont montés ce traitement semble représenter une bonne alternative de confort successivement ballon de dilatation et prothèse. aux sondes de dérivation, et un traitement moins invasif que l’acte La dilatation au ballonnet s’effectue à l’aide de cathéters de chirurgical [59]. En effet, une gastroentérostomie chirurgicale nécessite dilatation de 16 ou de 20 mm de diamètre (2 à 4 mm plus étroit que souvent une hospitalisation de 10 à 12 jours (délai moyen pour la prothèse prévue) et de 40 mm de long (XXL, Meditech, reprise du transit digestif), contre une moyenne de 2 à 3 jours après Watertown, États-Unis). pose d’une prothèse, gastrique ou duodénale [3, 14, 47]. Chez les patients présentant un obstacle digestif d’origine • Résultats et complications néoplasique, un obstacle biliaire survient dans 9 à 14 % des cas. C’est Dans le traitement des sténoses bénignes, Hewitt et al [26] rapporte pourquoi, lorsqu’une chirurgie de dérivation digestive est réalisée, un succès immédiat de 77 % après dilatation sur une série de 46 certains y associent systématiquement une chirurgie de dérivation patients traités pour sténoses pyloroduodénales peptiques, avec, biliaire qui alourdit le geste mais est utile dans plus de 80 % des cas. dans 32 % des cas, un recours à la chirurgie pour récidive, Les traitements par prothèses autoexpansives des obstacles digestifs perforation et hémorragie. permettent de traiter à la demande l’obstacle biliaire lorsqu’il Dans le traitement par dilatation des sténoses survenant après ulcère survient, ou de façon combinée s’il est contemporain de la sténose gastroduodénal, une série de 30 patients montrait un succès de 80 % digestive [14, 46]. avec nécessité de traitement multiple dans 33 % des cas [18, 19]. Une série de trois patients présentant une sténose pylorique Sténoses bénignes postopératoire rapporte un succès immédiat de la dilatation dans Elles surviennent le plus souvent sur une maladie ulcéreuse tous les cas et l’absence de récidive sténotique après un suivi de 1 à chronique, pylorique ou duodénale, ou sur anastomose après 2 ans [18]. résection chirurgicale œsophagienne pour cancer de l’œsophage [72]. Traitement des sténoses malignes : La dilatation au ballonnet représente le traitement de première mise en place d’une endoprothèse métallique intention des sténoses bénignes, et il y a actuellement peu de place reconnue pour la mise en place de prothèses autoexpansives. • Technique Les sténoses survenant sur maladie ulcéreuse gastrique relèvent le Une opacification digestive au-delà de la sténose doit absolument plus souvent d’un traitement chirurgical et la radiologie être obtenue pour s’assurer de l’absence d’obstacle sur l’intestin interventionnelle a un rôle restreint. Une dilatation au ballonnet peut d’aval et éviter que la mise en place de la prothèse transforme un être effectuée dans l’attente du geste chirurgical. De même, la mise obstacle duodénal en obstacle grêle. Si le transit opaque n’a pas en place d’endoprothèses autoexpansives peut être indiquée chez opacifié l’intestin d’aval en raison d’obstacle complet, il est des patients présentant une contre-indication à l’anesthésie générale, nécessaire de franchir la sténose pour réaliser une opacification et donc à un geste chirurgical. d’aval [14]. 7
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