ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !

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ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !
Mars 2018

ENFANTS                                               Rapport des parrainages

Enfants à l’école   Enfants des rues   Force de vie
À vos marques,      Revenir            Respirer
prêt, école !       à la vie           enfin !
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ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !
« Les cœurs s’ouvrent pour les en

                                            Page 8
                             Bosnie-Herzégovine
                             À vos marques,
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                             prêt, école !
Cuba
Sur la voie d’une vie
presque normale                            Page 6
                         Haïti
                         « L’école fait face
                         à des défis majeurs »

                                        Page 19
                         Colombie
                         Respect !

                                                         Page 12
                                         Brésil
                                         Luiza se bat
                                         pour son fils

                                                            Page 13
                                            Rwanda
                                            «Aider les autres
                                            comme on m’a aidée»

                                                Pages 10/18
                                     Bolivie
                                     Un port d’attache
                                     pour Keila

                                     À la maison
ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !
nfants en détresse »                                                                                                              Chère marraine, cher parrain,

                                                                                                                                  Vous souvenez-vous de votre premier
                                                                                                                                  jour d’école ? L’impatience, l’excitation,
                                                                                                                                  l’estomac serré ? Admir, un petit garçon
                                                                                                                                  rom de 6 ans de Bosnie-Herzégovine,
                                                                                                                                  vient de vivre ce bonheur. Et avec lui,
                                                                                                                                  nous en sommes fiers. En effet, dans sa
                                                                                                                                  région, tout comme dans un grand nom-
                                                                                                                                  bre de régions du monde, l’éducation est
                                                                                                                                  encore l’exception.
                                                                                                                                      264 millions d’enfants dans le monde
                                                                                                                                  ne vont pas à l’école. Trop souvent, s’ils
                                                                                                                                  l’ont commencée, les enfants de milieux
                                                                                                                                  pauvres ne terminent pas leur scolarité.
                                                                                                                                  Car même les plus jeunes doivent alors
                                                                                                                         Page 7   participer à la survie de la famille. Cela ne
                                                                                                         Bangladesh               laisse pas beaucoup de temps pour aller
                                                                                                         Le meilleur départ       à l’école.
                                                                                                         dans la vie                  La pauvreté a de multiples visages.
                                                                                                                                  Partout dans le monde, des enfants se
                                                                                                              Page 16             battent quotidiennement contre ses
                                                                                                 Cambodge                         conséquences. Comme Keila, enfant des
                                                                                                 Mendier du matin                 rues en Bolivie, ou Sebastián, cherchant
                                                                                                 au soir                          à ne pas sombrer dans la drogue en Co-
                                                                                                                                  lombie, ou encore Shrey Mon, au Cam-
                                                                                                                                  bodge, qui mendie pour sa famille et qui
                                                                                                                                  n’a échappé que par chance aux filets
                                                                                                                                  des trafiquants d’êtres humains.
                         Page 18                                                                                                      Chère marraine, cher parrain, c’est
  Palestine                                                                                                                       grâce à vous que nous avons pu aider
  Apprendre à apprendre                                                                                                           Admir, Keila, Sebastián, Shrey Mon et
                                                                                                                                  beaucoup d’autres enfants en détresse,
                                  Page 4                                                                                          et leur donner un peu de confiance en
                 Éthiopie                                                                                                         eux pour qu’ils trouvent le courage d’aller
                 « Les écoles bleues »                                                                                            de l’avant, de réaliser leurs rêves et de
                 pour un avenir vert                                                                                              devenir peut-être médecins, journalistes
                                                                                                                                  ou enseignants. Ces enfants savent que
                                                                                                                                  vous êtes à leurs côtés. Votre soutien
                                                                                                                                  compte.
                 Page 7
  Ouganda                                                                                                                         Merci à vous d’être là pour ces enfants.
  Redonner courage
  aux jeunes mères
                                                Interview        Page 14
                                                Federica de Cesco
                                                « Les histoires font
                                                du bien à l’âme »                                                                 Jörg Arnold
                                                                                                                                  Parrainages d’enfants de Caritas

                                                              Page 20
                                                Questions
                                                des marraines –
                                                Réponses des enfants

   Illustration de couverture : Hosam Salem ; rédaction : Sabine Schaller, Jörg Arnold ; traduction : Nicolas Couchepin ;
   graphisme : Evelyne Bieri ; papier : Carisma Silk, 100 % recyclé                                                                                                          3
ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !
Semer, irriguer, récolter :
Bokayo apprend le b a ba de
la culture maraîchère.
ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !
Enfants à l’école

Éthiopie                                                                                                             Le savoir, une protection

« Les écoles bleues » pour un avenir vert
                                                                                                                     contre les maladies
                                                                                                                     Dans beaucoup de régions d’Éthio-
                                                                                                                     pie, l’approche est encore novatrice :
Jardins scolaires, légumes frais, eau potable, savoir se laver les mains,                                            « les écoles bleues » transmettent aux
Bokayo Dube, de Raro, étudie toutes ces matières qui sont au programme                                               élèves un enseignement classique,
de la cinquième. La fillette fréquente une école en Éthiopie gérée selon le                                          mais aussi des cours de base
concept « d’école bleue » que Caritas soutient. Bokayo y apprend à lire,                                             d’hygiène. Les risques de maladies
écrire et calculer, mais aussi à cultiver en économisant l’eau et à prendre                                          diarrhéiques et de parasitoses
soin de son hygiène pour éviter les maladies.                                                                        baissent nettement. Les enfants sont
                                                                                                                     en meilleure santé, ils peuvent mieux
                                                                                                                     intégrer les cours. Caritas soutient dix
                        Bokayo vit avec ses parents, sa sœur et       L’accès à l’eau, l’alpha et l’oméga            établissements scolaires dans leurs
                        ses trois frères dans une petite exploita-    Les élèves bénéficient directement de          efforts d’introduire « l’école bleue ».
                        tion agricole. Sa famille cultive du maïs,    leurs cultures puisqu’ils mangent les lé-
                        des céréales, des pois et du sorgho. Elle     gumes qu’ils cultivent eux-mêmes. « Mais
                                                                                                                      Bon à savoir :
                        consomme une partie de ses produits et        nous ne mangeons pas tout, il nous en
                                                                                                                      –– 1,75 kilo de semences de fruits
                        vend le reste sur les marchés. La vente de    reste pour les vendre au marché », ex-
                                                                                                                         et légumes pour deux périodes
                        café et de thé représente également une       plique Bokayo avec fierté. Son enthou­
                                                                                                                         de récoltes coûte 80 francs.
                                                                      siasme devant la possibilité d’employer
                                                                                                                      –– 1500 francs couvrent les coûts
« À l’école, nous employons l’eau d’un                                l’eau à la demande grâce au système
                                                                                                                         de matériel d’un jardin potager
système d’irrigation relié à une conduite                             d’irrigation et son plaisir de cultiver des
                                                                                                                         scolaire.
                                                                      légumes font des émules. Ses parents
d’eau. On peut ouvrir ou fermer le tuyau                              réfléchissent à l’idée de cultiver des légu-
                                                                                                                      –– L’introduction du concept des
                                                                                                                         « écoles bleues », matériel inclus,
de plastique comme on veut. »                                         mes, en plus des céréales, et à installer
                                                                                                                         coûte 5556 francs par école.
                                                                      eux aussi un système d’irrigation.
                                                                                                                      www.caritas.ch/enfants/
                        source appréciable de revenus. Quand
                                                                                                                      ethiopie
                        Bokayo revient de l’école, elle doit aider
                        ses parents aux travaux de la ferme.

                        En dépit du changement climatique
                        Dans son « école bleue », Bokayo a appris
                        comment on prépare les semences, com-
                        ment on les plante et comment on irrigue
                        correctement les jeunes pousses. Pour
                        elle, la culture maraîchère irriguée pré-
                        sente de nombreux avantages, comme
                        elle l’explique, avec déjà toute son expé­
                        rience : « À l’école, nous employons l’eau
                        d’un système d’irrigation relié à une con-
                        duite. On peut ouvrir ou fermer le tuyau
                        de plastique comme on veut, alors que
                        mes parents dépendent de la pluie, et de
                        la volonté de Dieu. »
                            Et elle constate aussi que les surfaces
                        cultivées de ses parents, bien que plus
                        grandes que le jardin scolaire et exigeant
                        plus de travail, sont moins productives.

Texte : Stefanie Egli ; photos : Maheder Haileselassie Tadese                                                                                                   5
ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !
Enfants à l’école

Haïti                                                                                                      Pour une école de qualité

« L’école fait face à des défis majeurs »
                                                                                                           La qualité de la formation scolaire est
                                                                                                           primordiale pour Caritas Suisse. Ainsi
                                                                                                           l’école de Trou Sable aux Gonaïves
Stanley Zamor, responsable des projets d’éducation de Caritas en                                           dispose d’une bibliothèque, d’une
Haïti, dresse un bilan du système scolaire dans son pays et esquisse                                       salle d’informatique et d’une cantine.
des solutions pour l’avenir.                                                                               Caritas veille aussi à la formation conti­-
                                                                                                           nue des enseignants. Dans les écoles
                                 Stanley Zamor,              du budget national entre 1995 et 2010         de Port-au-Prince, Petit Goâve,
                                 quelle est la               ont été alloués à l’éducation.                Carrefour, Gressier et Léogâne, des
                                 réalité éducative                                                         instruments de gestion efficaces sont
                                 en Haïti ?                  L’éducation est gratuite dans les             mis en place, dans les domaines
                                 C’est un paysage            écoles publiques, et pourtant cer-            administratif et pédagogique.
                                 scolaire contrasté et       taines familles ne peuvent pas y
                                 hétéroclite : les éco-      envoyer leurs enfants. Pourquoi ?
                                                                                                            Bon à savoir :
            les publiques représentent à peine 12 %          Même si la Constitution affirme la gratuité
                                                                                                            –– Avec 38 francs, un enfant
            de l’offre scolaire. L’enseignement fon-         de l’éducation primaire, scolariser un en-
                                                                                                               reçoit chaque jour durant un
            damental et secondaire est donc assuré           fant représente une lourde charge pour les
                                                                                                               mois un repas nourrissant.
            principalement par des écoles confes-            parents, à cause par exemple de l’uniforme
                                                                                                            –– 28,50 francs permettent de
            sionnelles et privées. Par ailleurs, Haïti       et du matériel. Et dans une école privée,
                                                                                                               couvrir les coûts du matériel
            connaît une réalité éducative formelle et        c’est encore plus cher.
                                                                                                               scolaire de base d’un enfant
            informelle. La partie formelle est com-
                                                                                                               pendant un an.
            posée de l’enseignement du préscolaire           Quelles sont donc les priorités de
                                                                                                            –– Deux heures de rattrapage
            au supérieur. La partie informelle est une       Caritas Suisse ?
                                                                                                               coûtent 4,70 francs.
            combinaison de programmes d’alphabé-             Caritas Suisse a deux grandes priorités :
                                                                                                            www.caritas.ch/enfants/haiti
            tisation des adultes et des enfants désco-       elle veut promouvoir l’accès à l’école des
            larisés ou non scolarisés.                       enfants des familles pauvres et elle vise
                                                             à améliorer la qualité de l’enseignement
            Quels sont les principaux défis à                et de l’environnement scolaire dans les
            relever ?                                        écoles défavorisées. Ces mesures aide-
            Il faut lutter contre l’échec et l’abandon       ront, peu à peu, à convaincre les familles
            scolaires. Aujourd’hui, de plus en plus          d’envoyer leurs enfants à l’école.
            d’enfants entrent à l’école primaire, mais
            très peu persévèrent jusqu’à la 5e année,
            et la majorité de ceux qui restent sort
            du primaire avec une faible maîtrise des
            compétences de base. Les classes sont
            par ailleurs surchargées : elles accueillent
            le double, voire le triple du nombre d’élè-
            ves prévu. Il faut aussi revaloriser le mé-
            tier d’enseignant et contrôler ce qui se fait
            dans les écoles. Mais il manque au plus
            haut niveau de l’État une volonté politique
            d’agir dans le secteur de l’éducation.

            Pourquoi y a-t-il si peu d’écoles
            publiques ?
            C’est une conséquence de la vague des
            mesures néolibérales des années 80-90
            prises par les dirigeants haïtiens sous la
            pression de certaines institutions interna-
            tionales. Le paradigme en matière de ges­
            tion publique était alors la libéralisation et
            le retrait de l’État. En outre moins de 5 %

6                                                                                                                  Texte : Vérène Morisod ; photos : Fredy Franzoni, DR
ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !
Enfants à l’école

                                                                                                       Bon à savoir :              Bangladesh

                                                                                                                                   Le meilleur
                                                                                                       –– Chacune des quatre
                                                                                                          garderies de

                                                                                                                                   départ dans la vie
                                                                                                          Projabati accueille
                                                                                                          20 enfants.
                                                                                                       –– Les enfants sont pris
                                                                                                          en charge dans un        « Dans les garderies de Projabati, les
                                                                                                          environnement sûr,       enfants ne regardent pas beaucoup la
                                                                                                          leurs parents peu-       télé », explique Afroza Akter. Cette jeune
                                                                                                          vent aller travailler.   maman de jour de 29 ans sait que la pe-
                                                                                                       –– Avec 132 francs, un      tite enfance est une période importante
                                                                                                          enfant peut recevoir     pour poser les jalons de l’avenir. « Loin de
                                                                                                          une année entière        seulement garder les enfants, nous les
                                                                                                          ses repas du matin       encourageons », dit-elle.
                                                                                                          et de midi ainsi             La prise en charge s’oriente sur les
                                                                                                          qu’un en-cas.            directives pédagogiques pour un en-
                                                                                                       –– 73 francs, c’est le      couragement précoce de Caritas. « Tout
                                                                                                          salaire mensuel          ce que nous avons appris aide les enfants
                                                                                                          d’une maman de           à grandir, mentalement, physiquement et
                                                                                                          jour.                    socialement », explique Afroza Akter. Elle
                                                                                                       www.caritas.ch/             offre ainsi aux enfants défavorisés ce qui
                                                                                                       enfants/bangladesh          manque trop souvent au Bangladesh : de
                                                                                                                                   l’espoir et un solide bagage pour un bon
                                                                                                                                   départ dans la vie.

Ouganda                                                                     Bon à savoir :

Redonner courage
                                                                            –– En Ouganda, 25 %
                                                                               des jeunes filles

aux jeunes mères
                                                                               entre 15 et 19 ans
                                                                               sont enceintes ou
                                                                               ont déjà des enfants.
« Je m’appelle Anyee Evaline. J’ai 17 ans.                                  –– La Nwoya Girls
Je viens du village d’Aparanga. Il y a trois                                   Academy permet à
ans, j’ai été agressée. Je suis tombée                                         de jeunes mères de
enceinte et mon violeur est en prison.                                         suivre une formation
Malgré ma grossesse, j’ai réussi à passer                                      scolaire et profes­
les examens de fin d’école primaire et j’ai                                    sionnelle. Leurs
eu la chance d’être acceptée à la “Nwoya                                       enfants sont pris en
Girls Academy”. L’académie accueille                                           charge à la crèche de
de jeunes mères pour les former et les                                         l’Academy.
préparer à exercer une profession.                                          –– Une jeune fille paie
   Je voudrais devenir enseignante et                                          84 francs par trimes­
j’espère gagner suffisamment bien ma vie                                       tre pour elle-même et
pour offrir à mon enfant une vie correcte                                      14,50 francs pour
et une bonne éducation. Mais j’ai parfois                                      son enfant.
peur que mes parents n’arrivent plus à                                      –– Le salaire mensuel
payer les taxes de l’école. Si je devais                                       des enseignants
renoncer à l’école, mon fils et moi, nous                                      s’élève à 150 francs.
perdrions toute perspective d’avenir. »                                     www.caritas.ch/
                                                                            enfants/ouganda

Texte : Sabine Schaller, Stefanie Egli ; photos : Zihad Al Azad, Christian Counseling Fellowship                                                                             7
ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !
Enfants à l’école

Bosnie-Herzé
             q u e s ,
                       govine
                       p rêt , é c                                                       ole !
À vo s m a r                                                                                                             les autres.
                                                                        es    t pa   s  un     jour comme
                                                                e   n’                                                      fants
                                       r jour d’écol                                              aucoup d’en
              nt, le premie                                          soi — pour be
Pour un enfa                             ne    va   pa    s   de
                vivre, ce qui
Admir a pu le                    tr  op   chère.                                                                                                          e qui l’at-
                est bi     en                                                                                                       qu’à la journé
roms, l’école                                                                                           Ad   mir ne pense                                         nou-
                                                                        lle de Za       vi -                                                ertes et ses
                           un    qu   ar tie r rom de la vi                              n,       te   nd  ,  av  ec ses découv                         bo    nn e   im-
                Dan    s                                                   confusio                                                       aite faire
                        ći  ,  en    B os  ni  e : nervosité,                             e.       ve   au  x  vi sages. Il souh
                                                                                                                                                      un    so u  ne   uf.
                 dovi                                                        patienc                                                          mme
                            u   de   pe  ur ,  beaucoup d’im                                       pr   es  si on . Il est propre co                   de     so n  sa  c.
                 un pe                                                  bien où il       en                                             le contenu
                          ir  B  aj rić ne    sait plus très                             m   ­      Il ne   ce  sse de vérifier                       eu   r,  ca  hi er s,
                 Adm                                                       oires l’e                                                       de coul
                           le  s  ém    ot io  ns contradict                                  t      C  ra  yo n   noir, crayons                         ?   Éc  ol e !
                  est,                                                onnant, c’         es                                                   es, prêt
                                           a n’a rien d’ét                                                            . À vos marqu
                  brouillent. Cel                                      S   es   pa   re nt  s, tout est là
                                           jour d’école.
                   son premier                                              plus jeunes
                           frè  re   de  8  an   s et ses deux
                   son                                                                                                           chances pour
                                                                                                          Les mêmes
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                                                                 :                                        les enfants ro                                            go-
                                      d e bo     n h  e   u  r                                                                                Bosnie-Herzé
           rr a it   d a  n   se  r                                                                        La   m  inorité rom de
  « Il pou                                                                                                                                                   té gr  ée
                                                                            son                                                        inée et mal        in
            ’h u  i,  e  n  fi  n ,  co  mme Elvedin,                                                      vine est discrim
                                                                                                                                               itas soutient le
                                                                                                                                                                       s
  aujourd                                          va     à     l’é   co    le  . »                         da  ns   la société. Car                                    ion
                             n héros, il                                                                                                                   in té gr at
                                                                                                                                      urs efforts d’
  grand frère, so                                                                                           écoles dans le
                                                                                                                                    ses régulière       s   de  s
                                                             moins excité
                                                                                       s, tout               dans les clas                                        ciale-
                                          so   nt  pa  s                                                                                  des enfants so
                       sœurs ne                                   l’a  pp    ar te  m ent, on                en  fants roms et                             ille s  reçoi-
                                               urt dans                                                                                     . Les fam
                       le monde co                              ss   e     co  m  m  ent il se               m  ent défavorisés                               de  s
                        lui demande
                                                sans ce                                                                                iel scolaire et
                                                                      , si tout va bi
                                                                                                en.           vent du matér                                         com-
                                                rie n  ou     bl  ié                                                                         ires et sont ac
                         sent, s’il n’       a
                                                                 s,    il   ho  ch  e   la tête,              de   nrées alimenta                           ts so   ci aux
                         Admir ne répo
                                                   nd pa                                                                                   s assistan
                                                                    ns    er   de    bo  nheur :               pa  gnées par de
                                                  urrait da                                                                           teurs roms.
                         il sourit. Il po                              va pouvoir en
                                                                                                  fin          et des média
                                            ur  d’ hu  i   qu    ’il
                          c’est aujo                                               d frère, son
                                                    vedin, son gran
                          faire comme El                                          cole.                                                     :
                                                   me lui aller à l’é                                              Bon à savoir
                           héros, et com                                                                                             s  ca  nt  ons de Sarajev
                                                                                                                                                                        o
                                                                                                                   –– Dans le                              15   éc  ol  es
                                                                                    sion                                                          ob oj ,
                                                      ail de persua                                                    et de Zenica-D
                             Un grand trav                            s    fa m  ille s  ro  ms de                                       es   da  ns leurs effort
                                                                                                                                                                         s
                                                   upart de                                                             sont ai     dé
                             Comme la pl                                  les Bajrić           vi ve   nt
                                                                                                                                      ation des       en   fa nt  s ro  m  s
                                               er zé go    vi ne    ,                                                    d’  in té gr
                              Bosnie-H                                              d’Admir est                                                    e d’éducation.
                                                    arité. Le père                                                        dans le systèm
                              dans la préc                                               à    co  uv    rir
                                                                                                                                      fants suivent
                                                                                                                                                             des cours
                                                —    et    ar   riv  e à peine                                       –  – C  es    en
                               ferrailleur                                                      jamais                                                      uvoir rattra-
                                              in s fa m    ilia  ux   . L’école n’a                                        pa  rt ic uliers pour po
                               les beso                                          t qu’après de                                                     .
                                                     rité. Ce n’es                                                          per leur retard
                                été une prio                               av  ec    M  el in  a Čah­                                     , 26   5  enfants ont am
                                                                                                                                                                             é­
                                                x  en tr   et  ie  ns                                                  –  – En   20   17                                    ou
                                nombreu                                            de Caritas, et                                                   ation de base
                                                       ante sociale                                                         lioré leur éduc
                                tarević, assist                                              ,  qu   e   le s                                                 e à l’école.
                                               B ur da   lić  ,  m   édiateur rom                                            on  t ré ussi leur entré
                                 Renato                                                 é de croire                                              .ch/enfants/
                                                             ir ont accept                                               www.caritas
                                 parents d’Adm                                            m   oy   en     de                                      govine
                                                            n était le seul                                               bosnie-herze
                                 que l’éducatio
                                                          uvreté.
                                  sortir de la pa                                            rs de leur
                                                                 hui, ils sont fie
                                       Mais aujourd’                                   famille en lui
                                                           s soutient la
                                   Admir. Carita                                         taires et des
                                                           denrées alimen
                                    donnant des                                           aide permet
                                                            ménage. Cette
                                    ustensiles de                                         le au lieu de
                                                                rendre à l’éco
                                     à Admir de se                                        mille.
                                                               faire vivre la fa
                                     travailler pour
ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !
pe rspectives
                                              ir se crée des
                          C’est ici qu’Adm                  et parrai ns
                                            les marraines
                          d’avenir. Pour                       son prem ie r
                                             dessiné lo rs de
                          de Ca ritas , il a                  snie -
                                               drap eau de Bo
                           jour d’écol e un
                                               un de Su isse.
                           He rzégovine et

Texte : Sabine Schaller ; photos : Haris Čalkić                                9
ENFANTS Rapport des parrainages - À vos marques, prêt, école !
Enfants des rues

Bolivie                                                                                                     Une bouée de sauvetage

Un port d’attache pour Keila
                                                                                                            À El Alto, 80 % des enfants et jeunes
                                                                                                            sont victimes de violence. Caritas
                                                                                                            soutient les centres « Fraternidad » et
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Keila a vécu dans la violence. Son père                                  « Minka » situés dans les bidonvilles
explosait sans cesse, lorsque sa mère n’arrivait pas à nourrir la famille                                   d’El Alto, qui aident les jeunes filles
ou qu’il n’aimait pas ce qu’elle avait cuisiné. Keila ne compte plus les fois                               de la rue ou de familles en difficulté à
où le père les a frappées.                                                                                  stabiliser leur situation et leur offrent
                                                                                                            un environnement sécurisé. Les
             Lorsqu’elle a eu 8 ans, ses parents se          cool, une très mauvaise estime de soi, et      structures sont gérées par l’organi­
             sont séparés. Ça n’a pas amélioré sa si-        elle a également constaté que Keila ne         sation sociale ENDA, spécialisée
             tuation ni celle de ses quatre frères et        supportait pas la moindre frustration. Elle    dans le travail avec les enfants et les
             sœurs. Désormais, c’était leur mère qui         a préconisé un traitement psychiatrique.       jeunes.
             les grondait sans cesse et qui explosait        Avec la mère de Keila, pas à pas, elle a
             à la moindre occasion. À 11 ans, Keila,         réussi à restaurer la confiance dans la
                                                                                                             Bon à savoir :
             qui n’en pouvait plus, a rejoint une bande      famille. Keila a fait des progrès et après
                                                                                                             –– Un livre scolaire d’encourage-
             de jeunes et pour la première fois, elle a      un temps, elle a pu retourner à la maison.
                                                                                                                ment à la lecture coûte 7 francs.
             découvert une forme de sécurité. Mais           Mais aujourd’hui encore, Keila travaille
                                                                                                             –– Avec 50 francs, on couvre les
             c’était trompeur. Keila a cessé de fré-         tous les jours à l’atelier du centre Caritas
                                                                                                                coûts mensuels de l’eau potable
             quenter l’école, elle a commencé à boire        et elle participe à différentes thérapies.
                                                                                                                de l’un des centres.
                                                             Les cours de rattrapage en maths et en
                                                                                                             –– Avec 100 francs par mois, on
« À 11 ans, Keila a rejoint une bande                        langues sont particulièrement impor­
                                                                                                                couvre les coûts de 3 repas par
de jeunes et pour la première fois,                          tants, c’est grâce à ces cours qu’elle a
                                                                                                                jour pour une adolescente.
                                                             pu réintégrer l’école régulière.
elle a découvert une forme de sécurité.                                                                      –– Avec 10 francs, on peut acheter
                                                                                                                des crayons de couleur et du
Mais c’était trompeur. »                                                                                        matériel de peinture.
                                                                                                             www.caritas.ch/enfants/
             et à crier sur sa mère. Elle restait souvent
                                                                                                             bolivie-rue
             des semaines entières loin de la maison.
             « Ma mère et moi, on n’avait plus rien à se
             dire. Je vivais chez mon ami qui me pro-
             tégeait, ou bien chez une amie. »

             La pauvreté détruit l’âme
             Malgré tous ces problèmes, la mère de
             Keila se faisait du souci pour sa fille ; en-
             core et encore, elle allait la chercher dans
             les rues. Mais elle n’arrivait plus à poser
             des limites à l’adolescente. « Je me sen-
             tais si seule, triste et épuisée », racon-
             te-t-elle. « Je devais travailler pour gagner
             notre vie. Peut-être que je ne faisais pas
             assez attention à Keila. Mais j’avais peur
             chaque fois qu’elle disparaissait. » À la
             dernière disparition de Keila, sa mère est
             allée voir la police pour lancer un avis de
             disparition.

             Le tournant
             Lorsque la police l’a retrouvée, Keila a
             été amenée au centre Caritas « Frater­
             nidad », où la jeune fille a commencé par
             se montrer peu coopérative. La psycho-
             logue a diagnostiqué une addiction à l’al-

10                                                                                                                       Texte : Stefanie Egli ; photos : Alexandra Wey
Keila tient à nouveau
les rênes de sa vie,
elle va même à l’école.
Enfants des rues

Brésil                                                                                                      elle-même. « Lorsque l’animateur a ap-

Luiza se bat pour son fils
                                                                                                            pelé mon nom, j’ai pleuré. Je n’arrivais
                                                                                                            pas à croire que j’avais gagné. Lorsque
                                                                                                            j’allais à l’école, ce n’était jamais arrivé. »
Depuis qu’elle a 9 ans, Luiza vit dans les rues de Rio de Janeiro. À 15 ans,                                Cette victoire a permis à la jeune femme
elle est tombée enceinte. Elle est désespérée et craint que les autorités ne                                de prendre confiance en elle. Elle vou-
lui enlèvent son enfant. Grâce à l’aide de l’organisation São Martinho,                                     drait maintenant retourner à l’école et
partenaire de Caritas, sa vie prend enfin un nouveau départ.                                                São Martinho la soutient activement dans
                                                                                                            cette démarche.
             « C’est très dur d’être enceinte quand on       Pas d’adoption forcée
             vit dans la rue. Il y a des moments où tu       Antônio est désespéré. Il demande l’aide
             es si fatiguée que tu voudrais juste t’allon-   de São Martinho, partenaire de Caritas,         Justice pour les mères mineures
             ger et dormir. Mais ce n’est pas possible.      qui prend la situation de la jeune famille      Fin 2016, São Martinho prenait en
             Tout te fait mal, tu n’arrives plus à mar-      en main : elle fait tout pour empêcher          charge 2058 enfants et jeunes de Rio
             cher. C’est dur », raconte Luiza. Quand         que le nouveau-né ne soit séparé de sa          de Janeiro, parmi lesquels quelques
             les contractions commencent, son petit          mère ; elle arrive à prouver que Luiza ne       mères mineures dont les enfants sont
             ami Antônio l’emmène à l’hôpital. Cepen-        se drogue pas ; enfin, elle accueille la fa-    menacés d’adoption forcée. Ces
             dant, Luiza est seule pour la naissance,        mille pour un séjour temporaire et aide         jeunes femmes sont accompagnées
             Antônio n’a pas de papiers et doit at-          Luiza, Antônio et le bébé à remplir tous        par des assistants sociaux, on leur
             tendre dehors. Luiza ne correspond pas à        les documents nécessaires. Et Luiza peut        fournit une aide juridique et elles
             certaines exigences du service social de        respirer. Son fils restera avec elle.           peuvent fréquenter des ateliers et
             l’État. Alors, on veut lui enlever son fils.                                                    des cours sur le sujet. São Martinho
             Beaucoup de mères pauvres et mineures           La confiance en soi ouvre des                   organise également un travail de
             du Brésil connaissent la même situation,        perspectives                                    sensibilisation et de mise en réseau
             car il y a une forte demande pour l’adop-       Récemment, Luiza a gagné un concours            au plan local, régional et national.
             tion de jeunes enfants.                         local avec une vidéo qu’elle avait tournée
                                                                                                               Bon à savoir :
                                                                                                               –– Avec 4 francs, on peut financer
                                                                                                                  le repas de midi d’une partici-
                                                                                                                  pante à un atelier.
                                                                                                               –– Le matériel pédagogique d’une
                                                                                                                  personne pour un atelier coûte
                                                                                                                  6 francs.
                                                                                                               –– Un avocat du service juridique
                                                                                                                  coûte 50 francs par jour,
                                                                                                                  un psychologue 40.
                                                                                                               –– Avec 85 francs, on finance un
                                                                                                                  colis de ménage ou de denrées
                                                                                                                  alimentaires pour toute une
                                                                                                                  jeune famille.
                                                                                                               –– Un paquet de langes coûte
                                                                                                                  6 francs.
                                                                                                               www.caritas.ch/enfants/brésil

12                                                                                                                          Texte : Stefanie Egli ; photos : Ricardo Gama
Enfants des rues

                                                                                                                                                  Étudier, et croire en l’avenir
                                                                                                                                                  À Kigali, capitale du Rwanda, le
                                                                                                                                                  nombre d’enfants des rues est en
                                                                                                                                                  constante augmentation. Certains y
                                                                                                                                                  sont poussés par la pauvreté, d’au­
                                                                                                                                                  tres par la violence à la maison. Ces
                                                                                                                                                  enfants trouvent un abri dans les
                                                                                                                                                  centres de Caritas Kigali, notre
                                                                                                                                                  organisation sœur. On leur donne des
                                                                                                                                                  repas chauds et des soins médicaux.
                                                                                                                                                  Et on les prépare à un retour dans
                                                                                                                                                  leur famille et à l’école. Caritas Kigali
                                                                                                                                                  fait aussi un travail de prévention
                                                                                                                                                  avec les communes et les paroisses.

                                                                                                                                                    Bon à savoir :
                                                                                                                                                    –– Aujourd’hui, le projet « Abadaco-
                                                                                                                                                       gora-Intwari » soutient 530
                                                                                                                                                       enfants de l’école primaire et
                                                                                                                                                       secondaire et de centres de
                                                                                                                                                       formation professionnelle.
                                                                                                                                                    –– Depuis février 2017, 52 garçons
                                                                                                                                                       et 39 filles ont été intégrés dans
                                                                                                                                                       le projet.
                                                                                                                                                    –– 102 enfants ont pu retourner à
                                                                                                                                                       l’école.
                                                                                                                                                    –– Durant le premier semestre de
Rwanda
                                                                                                                                                       2017, 190 mères et pères

« Aider les autres comme on m’a aidée »                                                                                                                d’enfants des rues ont réussi à
                                                                                                                                                       développer un projet leur per-
                                                                                                                                                       mettant de gagner un revenu.
Privations dans l’enfance, fuite de la maison à cause d’un beau-père
                                                                                                                                                    www.caritas.ch/enfants/
violent, vie dans la rue : le passé de Nadia ne présageait rien de bon pour
                                                                                                                                                    rwanda
son avenir. La jeune fille de 15 ans raconte comment elle a retrouvé
l’espoir et le goût de vivre.

                        « Ma mère était très jeune quand je suis                                   Un nouveau départ                                 Tout n’est pas parfait. Ma relation reste
                        née, et mon père ne voulait rien savoir                                    Je n’oublierai jamais le jour où j’ai été     difficile avec mon beau-père, mais je crois
                        de moi. Nous avons déménagé chez ma                                        abordée par un travailleur social du projet   en un avenir. Chaque matin, je marche
                        grand-mère. Mais ma mère est tombée                                        ‹Abadacogora-Intwari›. Il m’a emmenée         les quatre kilomètres jusqu’à l’école,
                        amoureuse d’un autre homme et elle                                         au centre, j’y ai reçu de la nourriture et    j’apprends mes leçons, car plus tard, je
                        nous a quittées. Quand j’avais 9 ans, ma                                   des soins médicaux. Les gens du centre        veux venir en aide à des enfants qui vivent
                        grand-mère est morte. J’étais tellement                                    m’ont aidée à me sevrer de la drogue et       ce que j’ai vécu. »
                        triste ! J’ai cessé d’aller à l’école pour aller                           grâce à eux, j’ai pu retrouver ma famille
                        vivre avec ma mère et mon beau-père.                                       et retourner à la maison. J’ai longtemps
                        Ce dernier m’a frappée. Ma mère s’est                                      pensé que ma mère et tout le monde me
                        interposée une fois. Et elle a écopé des                                   détestaient. Maintenant, je sais qu’elle
                        coups à ma place.                                                          m’aime autant que ses autres enfants.
                            Je ne voulais pas que ma mère se dis-                                     Les gens du projet ‹Abadacogora-In-
                        pute avec son mari à cause de moi. Je                                      twari› m’ont aidée à retourner à l’école.
                        m’en allais de plus en plus souvent, et                                    L’uniforme, les chaussures et les taxes
                        un jour j’ai cessé de rentrer à la maison.                                 scolaires ont été payés pour moi —
                        Dans la rue, j’étais seule, et je n’avais rien                             ma mère n’aurait pas pu endosser ces
                        à manger.                                                                  coûts.

Texte : Sabine Schaller ; photo : Nadia Manizabayo nous a permis d’utiliser l’un de ses selfies.                                                                                          13
« Les histoires font du
bien à l’âme »

L’écrivaine Federica
de Cesco s’engage
pour les droits des filles
dans le monde.
Interview

Les enfants connaissent les aventures contées par Federica de Cesco.                                                     Vous avez affirmé que les jeunes
Cette auteure de best-sellers pour enfants et adultes explique pourquoi les                                              filles représentaient la part la plus
histoires font du bien à l’âme et pourquoi il faut inciter les jeunes filles,                                            importante de l’humanité.
surtout, à se révolter.                                                                                                  Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
                                                                                                                         Les filles ont une bonté innée. Elles veu-
                        Federica de Cesco, est-il plus                    Qu’est-ce que ces livres vous ont              lent devenir médecins ou juristes, elles
                        difficile d’écrire pour les adultes ou            apporté ?                                      veulent aider leur pays ou leurs semblab-
                        pour les enfants ?                                Ils m’ont ouvert la porte de l’imagination.    les. Leur bonté innée est exploitée. Elles
                        Pour les enfants. Le vocabulaire des en-          Ils m’ont fait rêver, ils m’ont donné envie    sont maltraitées, elles souffrent tous les
                        fants est encore limité. Il faut réfléchir à la   de connaître le monde. Et ensuite, ils         maux, elles sont habituées depuis tou-
                        manière de dire les choses simplement,            m’ont donné envie d’écrire. Je me de-          jours à obéir. Cela doit changer. Nous
                        d’éviter les complications. C’est un vrai         mandais pourquoi c’étaient toujours des        devons inciter les jeunes à la révolte, par
                        défi.                                             garçons qui vivaient de grandes aven-          les livres, la culture, l’éducation. Nous
                                                                          tures. Et j’ai donc eu envie d’écrire mon      devons dire aux enfants, garçons et filles
                        Vous avez publié plus de 80 ouvra-                premier roman, une histoire de fille.          que l’inégalité sociale n’est pas une fata-
                        ges. Êtes-vous droguée à l’écriture ?                                                            lité, même si leurs parents disent le con-
                        On peut penser que j’écris à la chaîne, ou        Caritas a constaté que le fait de              traire. Et nous devons semer les graines
                        bien que j’écris parce que j’ai beaucoup          raconter des histoires aide les en-            de la révolte surtout chez les filles pour
                        d’idées.                                          fants qui ont subi des traumatismes.           qu’elles apprennent à se libérer.
                           C’est vrai que je suis bien quand              Les histoires font du bien à l’âme. Je crois
                        j’écris, on pourrait presque dire que c’est       qu’elles mettent les enfants en confiance      Qu’est-ce que c’est, la liberté,
                        une dépendance, comme d’aller nager               et leur permettent de se raconter lorsqu’ils   pour vous ?
                        ou d’aimer le chocolat noir.                      ont vécu des choses semblables. Elles          C’est le fait de pouvoir exploiter son po-
                                                                          peuvent aider à mettre en ordre sa pro-        tentiel. Chacun de nous, qu’on soit une
« Je rêve d’un monde dans lequel les                                      pre histoire. Je le vois moi-même avec les     jeune fille pauvre au Népal ou voilée au
                                                                          nostalgiques qui m’écrivent et me disent       Yémen, ou un enfant soldat enrôlé de
enfants ont la possibilité de déployer leur                               qu’elles se sont senties comprises en li-      force en Afrique, chacun a un potentiel.
potentiel pour le bien de l’humanité »                                    sant mon premier roman.                        Je rêve d’un monde dans lequel les en-
                                                                                                                         fants ont la possibilité de déployer leur
                        Vous recevez des lettres de fans ?                                                               potentiel pour le bien de l’humanité.
                        Les enfants qui font un exposé sur l’un
                        de mes livres m’écrivent. Je réponds tou-
                        jours : je pense que les enfants qui aiment
                        lire doivent être encouragés à continuer.
                        Je reçois aussi des lettres de lectrices
                        nostalgiques qui me disent que mes livres
                        les ont aidées à s’émanciper quand elles
                        étaient adolescentes.

                        Vous-même, enfant, vous aimiez les
                        livres ?
                        Beaucoup. J’étais fille unique et je m’en-
                        nuyais après l’école. C’était après la
                        guerre, nous vivions en Belgique et nous
                        n’avions pas d’argent. Nous devions
                        compter chaque sou et je ne partais pas
                        en vacances comme les autres enfants.
                        Alors, j’allais à la bibliothèque et j’em-
                        pruntais des livres.

Texte : Sabine Schaller ; photo : Lucian Hunziker/Ex-Press                                                                                                      15
Force de vie

Cambodge                                                                                                     Les enfants doivent être protégés

Mendier du matin au soir
                                                                                                             Au Cambodge, les enfants souffrent
                                                                                                             de la pauvreté. Ils sont exploités,
                                                                                                             vendus à des maisons closes ou
Shrey Mon mendie chaque jour dans les rues de Poipet, l’une des villes                                       comme esclaves ou obligés de
les plus dangereuses du Cambodge. Mais, grâce à l’organisation Damnok                                        mendier. Caritas collabore avec
Toek, partenaire de Caritas, cette petite fille de 8 ans a confiance en l’avenir.                            Damnok Toek, sa partenaire sur
                                                                                                             place. L’organisation protège et
              Poipet — lieu d’espoir et antichambre             « Au début, Shrey était effrayée »,          encourage les enfants. Elle fait aussi
              de l’enfer. Cette ville à la frontière de la   raconte le travailleur social. Mais elle a      un travail de prévention. L’objectif est
              Thaïlande attire des personnes de tout         pris confiance. « Elle participe régulière-     de ramener les enfants dans leur
              le Cambodge. Pauvres, sans travail,            ment aux activités, elle chante, danse et       famille chaque fois que c’est pos-
              on vient chercher fortune ici. Certains        plaisante avec ses amies. » Shrey veut          sible, de les réintégrer à l’école et de
              pendulent, d’autres, comme la mère de          apprendre et elle fait tout pour cela. « Par-   leur donner enfin quelques perspec­
              Shrey Mon et son beau-père, émigrent.          fois, je sors à quatre heures du matin pour     tives d’avenir.
                                                             trouver des restes dans les poubelles,
              L’espoir étouffé par la réalité                comme ça je peux ensuite me rendre au
                                                                                                              Bon à savoir :
              Tous deux survivent en faisant des pe-         centre », explique-t-elle. Et Shrey Mon
                                                                                                              –– Un repas pour 28 enfants coûte
              tits boulots. Mais, même en Thaïlande,         prend part au programme d’éducation.
                                                                                                                 10 francs.
              ils restent pauvres. Ils ont quand même        Et se rapproche ainsi un peu de son rêve,
                                                                                                              –– Avec 100 francs, on permet à
              emmené la petite Shrey Mon avec eux.           devenir enseignante.
                                                                                                                 30 enfants de fréquenter le jardin
              Pour l’enfant de 8 ans commence alors
                                                                                                                 d’enfants pendant un mois.
              une vie de souffrance. Son beau-père
                                                                                                              –– Avec 1000 francs, on finance
              la frappe, et sa mère, qui ne supporte
                                                                                                                 le matériel pédagogique,
              plus cela, la ramène à Poipet, chez sa
                                                                                                                 crayons et cahiers compris, de
              grand-mère. Là, elle ne subit plus de vio­
                                                                                                                 150 enfants durant une année
              lence, mais la pauvreté et la faim. La
                                                                                                                 scolaire.
              grand-mère, la mère et trois frères et
                                                                                                              www.caritas.ch/enfants/
              sœurs vivent dans dix mètres carrés. Il
                                                                                                              cambodge
              n’y a pas de travail. Elles mendient, font
              les poubelles à la recherche de restes.
              Souvent, Shrey Mon mendie jusque tard
              dans la nuit. « Avec ma grand-mère, je
              suis souvent dans la rue jusqu’à 1 heure

« Parfois, je sors à quatre heures du matin
pour trouver des restes dans les poubelles »

              du matin. » L’enfant ne se souvient plus
              de la dernière fois où elle n’a pas eu faim.

              Shrey Mon trouve enfin de l’aide
              Shrey Mon vit dans un environnement
              précaire. À Poipet, les trafiquants d’êtres
              humains font de bonnes affaires. Ils con-
              tactent des parents désespérés qui leur
              confient leurs enfants, souvent sans sa-
              voir ce qui les attend réellement. Shrey
              Mon a eu de la chance. Un travailleur
              social de Damnok Toek l’a emmenée de
              la rue vers l’un des points de contact où
              les enfants peuvent se reposer pendant
              quelques heures.

16                                                                                                                     Texte : Sabine Schaller ; photos : Nicolas Honoré
La petite Shrey Mon,
8 ans, rêve de devenir
enseignante.
Force de vie

                                                                          Bon à savoir :                    Bolivie

                                                                                                            À la maison
                                                                          –– En Bolivie, 20 000
                                                                             enfants vivent dans
                                                                             des homes.
                                                                          –– Infante a redonné à            Dans le cadre du projet « Infante » sou-
                                                                             quelque 870 enfants            tenu par Caritas, des enfants des rues
                                                                             la possibilité de vivre        ou défavorisés sont intégrés dans des
                                                                             dans une famille.              familles d’accueil où ils peuvent vivre en
                                                                          –– 14 comités d’enfants           sécurité et retrouver confiance. Le mo-
                                                                             et de jeunes expli-            dèle fait école. Il est même partiellement
                                                                             quent leurs droits             repris au plan national.
                                                                             aux enfants con-                  Le projet va désormais pouvoir fonc-
                                                                             cernés et leur                 tionner de façon autonome, sans l’aide
                                                                             apprennent à mieux             de Caritas.
                                                                             se protéger.
                                                                          www.caritas.ch/
                                                                          enfants/bolivie-force

Palestine                                     Bon à savoir :

Apprendre
                                              –– Avec 200 francs,
                                                 vous permettez à un

à apprendre
                                                 enfant de participer
                                                 au programme
                                                 « Essence of
Violence, blocus, occupation : à Gaza,           Learning ».
vivre constamment dans la peur réduit la      –– 17 francs couvrent
capacité des enfants à apprendre. Ils pei-       les frais de repas
nent à se concentrer et à retenir ce qu’ils      sains et d’eau pota-
ont appris, parce que leurs nuits sont peu-      ble pour un enfant,
plées de cauchemars.                             pour toute la durée
    Les enfants sains apprennent avec            d’un cours.
tous leurs sens. Les enfants des zones de     –– Les coûts de maté-
guerre se ferment aux bruits et aux odeurs       riel pour écrire et de
pour éviter leurs souvenirs traumatisants.       matériel de jeu pour
    Pour aider ces enfants, Caritas a dé-        un enfant s’élèvent à
veloppé un programme d’apprentissage,            2 francs. Les enfants
« Essence of Learning » (l’essence de            utilisent des maté­
l’apprentissage), qui a été récompensé           riaux recyclés ou
par un prix décerné aux projets de for-          naturels, p. ex. des
mation innovants en région de guerre :           cailloux, pour fabri­
les enfants apprennent à surmonter les           quer leur matériel
frustrations et réactivent et renforcent         pédagogique.
leurs sens en se livrant à des jeux créa-     www.caritas.ch/
tifs — p. ex. ils fabriquent du matériel      enfants/palestine
pédagogique avec du matériel recyclé.
Grâce au soutien des parrainages de Ca-
ritas, près de 4500 enfants de Gaza ont
pu suivre le programme avec succès et
recommencer à apprendre et à se con-
centrer sans stress.

18                                                                                               Texte : Stefanie Egli, Sabine Schaller ; photos : Banesa Morales, Hosam Salem
Force de vie

  Bon à savoir :                                                                          Colombie

                                                                                          Respect !
  –– Depuis 1985, quel-
     que 7,7 millions de
     personnes en Colom-
     bie ont été déplacées                                                                L’organisation Combos met l’accent sur
     et plus de 220 000                                                                   la transmission des valeurs aux enfants
     ont été tuées.                                                                       et adolescents et les aide à gérer leurs
  –– Combos organise                                                                      sentiments. C’est absolument nécessaire
     régulièrement des                                                                    à Medellín, comme l’explique Sebastián,
     manifestations avec                                                                  14 ans : « Les drogues, les armes et les
     1000 enfants et                                                                      combats font des ravages dans mon
     jeunes de Medellín.                                                                  quartier. Ce sont des conflits entre ban-
  –– Le coût d’impression                                                                 des criminelles, mais on peut se trouver
     du cahier « Album                                                                    au mauvais endroit au mauvais moment. »
     des sorcières, des                                                                      Auparavant, Sebastián s’est lui-même
     lutins et des fées »                                                                 souvent trouvé mêlé à des combats de
     est de 2 francs.                                                                     rue. Son frère était en contact avec des
     Grâce à ce cahier,                                                                   trafiquants de drogue et s’est retrouvé
     les enfants appren-                                                                  en prison, son père était tout le temps
     nent à exprimer leurs                                                                absent et sa jeune mère ne s’occupait
     sentiments et à                                                                      pas de ses enfants. Grâce à Combos,
     surmonter leurs                                                                      Sebastián a appris à contrôler sa colère
     expériences.                                                                         et à éviter les situations dangereuses.
  www.caritas.ch/
  enfants/colombie

Cuba                                                          Bon à savoir :

Sur la voie
                                                              –– Un miroir pour le
                                                                  travail de logopédie

d’une vie presque
                                                                  coûte 15 francs.
                                                              –– Les coûts de trans-

normale
                                                                  port pour 5 familles
                                                                  participant au
                                                                  programme d’en-
Jorgito, 10 ans, est autiste. Il n’arrive pas                     couragement pré-
à rester assis tranquillement, à s’expri-                         coce coûtent 15
mer clairement et à contrôler ses émo-                            francs par transport.
tions. Il reçoit le soutien dont il a besoin                  –– Avec 40 francs, on
grâce au projet de Caritas « Aprendiendo                          peut acheter entre
a Crecer ». Sa responsable l’accompa-                             5 et 8 jeux didac-
gne et l’encourage : elle s’appuie sur son                        tiques, puzzles ou
enthousiasme pour les téléphones por-                             balles.
tables pour lui apprendre à lire et écrire,                   www.caritas.ch/
ou son jeu préféré, son circuit de billes,                    enfants/cuba
pour lui apprendre à compter. Jorgito fait
d’énormes progrès : il parle déjà beau-
coup mieux et est désormais capable
de suivre les cours de son école spécia­
lisée. Et sa mère est heureuse que des
professionnels puissent répondre à ses
questions.

Texte : Stefanie Egli ; photos : Paul Smith, Caritas Suisse                                                                    19
Questions des marraines –
Réponses des enfants
                              Helena Baumann, 59 ans :

                              « Que souhaites-tu pour ton avenir ? »

                                                                                             Bukenya Alaphate,
                                                                                               13 ans, Rwanda

               Sadia Afrin Shorna,                                                           « Je voudrais que ma
                7 ans, Bangladesh                                                     famille se porte bien et n’ait
                                                                                         plus de soucis. J’espère
     « Je voudrais posséder assez                                                       devenir un célèbre comé-
             d’argent pour acheter                                                               dien de théâtre. »
                   une bicyclette. »

                                                                                  Tala Hisham,
                                                                               8 ans, Palestine
Que souhaitez-vous savoir au sujet
des enfants des projets de parrainage                                        « J’aimerais devenir
                                                                             médecin, me marier
de Caritas ?                                                              et fonder une famille. »
Posez vos questions par courriel à
parrainages@caritas.ch ou envoyez-
nous une carte postale.

Caritas Suisse, Parrainages

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