Recommandations pour la prise en charge du nourrisson avec allergie aux protéines du lait de vache
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Gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique Vol. 27 No. 4 2016 Recommandations pour la prise en la combinaison d’une sensibilisation et d’un tableau clinique compatible. De même, le charge du nourrisson avec allergie terme «d’intolérance aux PLV» ne doit plus être utilisé en cas de symptômes aspécifiques aux protéines du lait de vache suite à l’ingestion de PLV6) . Jessica Ezria) , Samuel Roethlisbergerb) , Nicoletta Bianchic) , Michela Tempia-Caliera Schäppid) , Le mécanisme des manifestations de l’allergie Jacqueline Wassenberge) , Federica Angelinif) IgE-médiée (ou immédiates) aux PLV est bien établi. En présence de différents facteurs prédisposants (génétique, pH gastrique, mi- crobiome, intégrité de la barrière intestinale), Introduction pique. Il est alors parfois difficile de poser les différentes protéines contenues dans le d’emblée un diagnostic correct et le risque de lait de vache (α-lactalbumine, β-lacto L’allergie aux protéines du lait de vache sous- ou sur-diagnostiquer une APLV est globuline, qui est absente du lait humain, al- (APLV) est l’allergie alimentaire du jeune en- élevé. Une procédure diagnostique rigoureuse bumine bovine sérique, immunoglobulines fant la plus fréquente. Selon l’étude euro- et codifiée est donc nécessaire afin d’identi- bovines et caséines αs1, αs2, β et κ qui péenne récente EuroPrevall menée sur envi- fier les enfants présentant une APLV et les sont les plus abondantes)7) déclenchent une ron 12 000 enfants avec confirmation du traiter avec une diète appropriée. réponse immunitaire inflammatoire. La pré- diagnostic par test de provocation orale en sentation d’épitopes, par les cellules dendri- double aveugle1) , l’APLV touche 0,74% des Définitions et pathogenèse tiques, aux lymphocytes T entraîne, via une nourrissons et enfants de moins de 2 ans. réponse de type Th2, la production d’IgE. Une large méta-analyse publiée en 2014 re- L’APLV est définie par la survenue de manifes- Suite à un nouveau contact de l’antigène avec trouvait une prévalence similaire2). L’évolution tations cliniques après l’ingestion de lait de ces IgE spécifiques fixées à leur surface, la naturelle de l’APLV se fait en général vers le vache ou de produits laitiers, suite à une réac- développement d’une tolérance. Environ 50% tion immunologique anormale contre les des enfants avec APLV développent une tolé- protéines du lait de vache (PLV). Le méca- a) Gastroentérologie pédiatrique, Département mé- rance d’ici l’âge de 1 an, > 75% à l’âge de 3 nisme peut être IgE-médié, non IgE-médié ou dico-chirurgical de pédiatrie – CHUV, Lausanne; ans et > 90% à l’âge de 6 ans1), 3), 4). Sa présen- mixte5) . Il est important de préciser qu’un b) Allergologie pédiatrique, Service d’Immunologie- Allergologie – CHUV, Lausanne; tation clinque est extrêmement variable, al- prick test positif pour le lait de vache ou la c) Nutrition clinique, EDM – CHUV, Lausanne ; lant du choc anaphylactique à une dysmotilité présence d’IgE spécifiques contre les PLV d) Gastroentérologie pédiatrique, Clinique des Gran- intestinale tels un reflux gastro-œsophagien signe une sensibilisation aux PLV mais ne gettes, Genève; e) Allergologie pédiatrique, Vevey; ou une1:constipation, Tableau voiredeune Présentations cliniques atteinte l’allergie cuta-du laitsous-tend aux protéinée de vache. pas forcément la condition d’aller- f) Immuno-allergologie pédiatrique, Département née uniquement, telle une dermatite ato- gie. Le diagnostic d’allergie nécessite en effet médico-chirurgical de pédiatrie – CHUV, Lausanne Tableau 1: Présentations cliniques de l'allergie aux protéines du lait de vache 20
Vol. 27 No. 4 2016 Gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique dégranulation des mastocytes est déclenchée induite par les protéines alimentaires (SEIPA, PGHAN) et de l’Organisation Mondiale pour et les médiateurs de l’inflammation allergique acronyme anglais FPIES) qui apparaît généra- l’Allergie (WAO)7), 11), 12) . La première étape (histamine) sont libérés, causant les symp- lement dans la première année de vie et dont diagnostique comprend bien entendu l’anam- tômes aigus bien connus (urticaire, œdème, l’expression clinique peut être potentielle- nèse de l’enfant et son examen clinique. Si un rhinoconjonctivite, asthme). ment sévère. La forme aiguë se traduit par nourrisson ou un jeune enfant présente un ou des vomissements itératifs, un état léthar- plusieurs des signes et/ou symptômes men- Au contraire, le mécanisme des réactions non gique et une pâleur apparaissant générale- tionnés dans le tableau 1, sans qu’ils ne IgE-médiées (généralement retardées) est ment entre 1 et 4h après l'ingestion de l'aller- puissent être attribués à une autre cause, le loin d’être éclairci. Le délai d’apparition des gène. Les pertes hydriques peuvent être diagnostic d’APLV doit être considéré. symptômes suggère néanmoins une réponse importantes et conduire à un état de choc immunitaire adaptative. hypovolémique. La forme chronique se ren- En cas de suspicion d’allergie IgE-médiée, un contre typiquement lors d’une consommation dosage des IgE spécifiques contre le lait de Présentation clinique régulière de l’aliment et se caractérise par des vache ou un prick test au lait de vache sera symptômes digestifs aspécifiques (diarrhées, réalisé. L’absence d’IgE spécifiques ou un L’APLV peut induire des symptômes très va- reflux, vomissements), parfois associés à un prick test négatif n’excluant pas totalement riables qui dépendent notamment du méca- retard de croissance. Bien que cette patholo- une allergie IgE-médiée il sera alors néces- nisme pathogénique sous-jacent. Il convient gie ne soit pas exceptionnelle, elle est encore saire d’effectuer un test de provocation orale en effet de distinguer l’allergie de type immé- souvent méconnue en raison du caractère (Figure 1). diate (médiée par la présence d’anticorps IgE) peu spécifique des symptômes et de l’ab- Dans la majorité des cas d’allergie non-IgE dont l’expression clinique la plus sévère est sence de marqueur biologique validé. Elle est médiée, ce diagnostic peut être confirmé ou l’anaphylaxie, de l’allergie non-IgE médiée fréquemment confondue avec une complica- exclu par une diète d’éviction des PLV, suivie d’expression plus tardive comme la procto- tion infectieuse dans un premier temps, en- d’un test de provocation orale. Selon les cas, colite ou l’entérocolite allergique. Cette dis- traînant un délai diagnostic9,) 10) . ces tests de provocation se font de manière tinction n’est pas exclusive et certaines ouverte, en simple ou double aveugle. Dans formes sont chevauchantes, telle que l’œso- Procédure diagnostique de rares cas, un test de provocation n’est pas phagite à éosinophiles ou la dermatite ato- indiqué, comme par exemple lors d’une anam- pique par exemple. Un même enfant peut de Les figures 1 et 2 résument la démarche nèse d’anaphylaxie chez un enfant sensibilisé. plus présenter une combinaison de réactions diagnostique et thérapeutique en cas de sus- immédiate et retardée5) . L’atteinte de ≥ 2 picion d’APLV IgE ou non IgE-médiée, selon D’autres investigations, comme le dosage des systèmes augmente la probabilité d’APLV. Le les plus récentes recommandations de la IgE totales ou les tests intradermiques (risque tableau 1 résume les principaux symptômes Société Européenne de Gastroentérologie, de réaction allergique systémique)13) , n’ont et signes de l’APLV, en fonction de l’âge de Hépatologie et Nutrition Pédiatrique (ES- pas leur place dans le diagnostic d’APLV. Fina- l’enfant. Suspicion clinique d’allergie IgE-médiée aux protéines du lait de vache (PLV) L’expression clinique de l’allergie IgE-médiée varie quant à elle en fonction de multiples Bilan allergologique initial (IgE spécifiques et/ou prick test lait de vache) facteurs, incluant notamment l’âge ou la pré- sence de facteurs favorisants, tels l’effort + - physique ou la prise concomitante de médi- Allergie confirmée en présence Test de provocation orale (à visée diagnostic) d’une anamnèse compatible En milieu hospitalier caments (AINS). Ainsi, alors que les manifes- tations cutanées et digestives prédominent Eviction thérapeutique des PLV chez l’enfant en bas-âge, les manifestations pendant 6 mois ou jusqu’à l’âge de 9-12 mois cutanéo-muqueuses et respiratoires augmen- Formule à hydrolyse extensive (Envisager une formule à base d’acides aminés d’emblée tent en fréquence lorsque l’allergie persiste en cas de manifestations sévères) Reproduction des Absence de symptômes ou symptômes au-delà de 12 mois. Plusieurs cas d’anaphy- Eviction des PLV chez la mère et substitution maternelle en calcium (1g)/vitamine D (800 UI) laxie, y compris sévères, ont été décrits lors Consultation avec une diététicienne de l’ingestion de PLV, qui constituent l’un des principaux allergènes dans les 2 premières Test de provocation orale années de vie8) . En milieu hospitalier Les formes non IgE-médiées d’APLV sont ca- Reproduction des Absence de symptômes symptômes ractérisées par la présence de symptômes digestifs au premier plan, dont les manifesta- Poursuite de l’éviction thérapeutique des PLV tions cliniques surviennent 48h voire même En cas d’échec initial, essai de réintroduction tous les 6 Allergie non-confirmée/résolue une semaine après l’ingestion de l’allergène. mois Envisager diagnostic différentiel Envisager bilan complémentaire (IgE spécifiques contre la Plusieurs entités cliniques ont été décrites et caséine) et éventuel test de provocation orale au lait cuit se distinguent essentiellement par l’âge de survenue ou la sévérité du tableau clinique5) . Figure 1: démarche diagnostique et thérapeutique en cas de suspicion d’allergie aux protéines L’une d’elles est le syndrome d’entérocolite du lait de vache IgE-médiée 21
Gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique Vol. 27 No. 4 2016 Suspicion clinique d’allergie non IgE-médiée aux protéines du lait de vache (PLV) Pas d’examen complémentaire initial Lors d’antécédent de réaction allergique immé- nécessaire diate, d’IgE spécifiques augmentées ou lors de dermatite atopique sévère, le TPO doit se faire Eviction des PLV à but diagnostic sous surveillance médicale en milieu hospita- Formule à hydrolyse extensive (Envisager une formule à base d’acides aminés d’emblée en cas de manifestations sévères) lier, sous la supervision de pédiatres spéciali- ou Eviction des PLV chez la mère et substitution maternelle en calcium (1g)/vitamine D (800 UI) sés en allergologie ou gastroentérologie. Le pendant 2-4 semaines Consultation avec une diététicienne TPO se fait avec une préparation lactée à base de PLV, du lait de vache pasteurisé à partir de Pas d’amélioration des symptômes Amélioration des symptômes 12 mois ou tout produit laitier, en adaptant la quantité de PLV selon l’âge (Tableau 3). Le volume initial de lait est inférieur à celui indui- Test de provocation orale avec PLV Formule à base d’acides aminés • • A domicile pour les formes légères à modérées En milieu hospitalier pour les formes sévères (entérocolite) sant une réaction et est progressivement pendant 2-4 semaines ou augmenté toutes les 20–30 minutes jusqu’à un Réintroduction des PLV chez la mère volume adapté à l’âge. L’enfant reste en obser- Pas d’amélioration des Amélioration des symptômes symptômes Pas de symptôme Réapparition de symptômes vation pour ≥ 2h après administration du vo- lume maximal. En cas de réaction antérieure Eviction thérapeutique des PLV sévère ou de probable SEIPA, l’enfant doit être pendant 6 mois ou jusqu’à l’âge de 9-12 mois équipé d’une voie veineuse. Si le TPO est néga- Pas d’éviction des PLV, chercher un autre diagnostic (! Autres protéines telles soja, oeufs!) • Réintroduction des PLV: A domicile pour les formes légères à modérées tif, l’administration de PLV est poursuivie à En cas de dermatite atopique: IgE spécifiques au lait de • En milieu hospitalier pour les formes sévères (FPIES) domicile, à raison d’au moins 200 ml/jour de En cas d’échec initial, essai de réintroduction tous les 6 mois vache et/ou prick test avant l’essai de réintroduction de PLV lait durant en tous cas 2 semaines. Figure 2: Démarche diagnostique et thérapeutique en cas de suspicion d’allergie aux protéines Dans les cas d’anamnèse suggérant une réac- du lait de vache non IgE-médiée. tion retardée peu sévère aux PLV (symptômes digestifs légers à modérés, exacerbation de dermatite atopique, suspicion faible d’APLV), lement, malgré une mauvaise sensibilité, les (1–10% des enfants avec APLV pourraient réa- le TPO peut se faire à domicile. Il n’y a pas de patch tests au lait peuvent être utiles dans le gir aux hydrolysats extensifs16) . Les formules recommandations précises dans la littérature diagnostic d’APLV non-IgE médiée14), 15) . pour nourrissons à base de protéines de soja concernant la modalité de réintroduction des peuvent être envisagées chez l’enfant de plus PLV dans l’alimentation de l’enfant ou du nour- Diète d’éviction diagnostique de 6 mois qui refuse les formules à hydrolyse risson. Celle-ci se fera en fonction de l’âge de extensive. l’enfant. Pour un nourrisson encore exclusive- En cas de suspicion d’allergie non-IgE-mé- ment alimenté avec une préparation thérapeu- diée, une diète d’éviction des PLV (chez l’en- Chez le nourrisson allaité ou non, avec des tique, les PLV seront introduites sous forme fant, ou chez la mère en cas d’allaitement), symptômes très sévères (dermatite atopique d’une préparation lactée normale pour nourris- suivie d’un test de provocation orale, permet- sévère, entérocolite sévère avec retard de sons («lait initial», ou «lait de suite» après 6 tra de clarifier le diagnostic. Elle doit se faire croissance et/ou hypoalbuminémie, anémie mois d’âge) en quantité journalière progres- sur une période limitée dans le temps, mais sévère), une formule à base d’acides aminés sive. Pour l’enfant ayant déjà diversifié son suffisamment longue pour s’assurer ou non est souvent utilisée d’emblée, bien qu’il n’y ait alimentation, des produits laitiers peuvent être de la résolution des symptômes sous diète. pas d’évidence d’un clair bénéfice d’une for- ajoutés à ses repas, en augmentant progressi- En cas de réaction immédiate (SEIPA), 3 à 5 mule à base d’acides aminés par rapport à vement la quantité de PLV données par jour jours d’éviction suffiront, alors qu’il faudra 2 une formule à hydrolyse extensive11) . Si la (Tableau 3). L’absence de symptôme après 2 à 4 semaines en cas de symptômes retardés mère souhaite poursuivre l’allaitement, elle semaines d’alimentation à base de PLV exclut (digestifs, eczéma). S’il n’y a pas d’améliora- entreprendra une diète d’éviction stricte et une APLV. tion des symptômes après ce laps de temps, tirera son lait qu’elle jettera pendant environ le diagnostic d’APLV peut être infirmé et un 2 semaines, avant de reprendre l’allaitement. Finalement, lors d’une disparition des symp- autre diagnostic doit être recherché. Chez tous les autres nourrissons avec une tômes sous diète d’éviction des protéines du suspicion d’APLV, il n’y a pas d’indication à lait de vache et TPO positif, une évaluation Chez le nourrisson non-allaité et le jeune en- utiliser une formule à base d’acides aminés allergologique est indiquée afin d’évaluer le fant, les formules à base de PLV ou tout ali- d’emblée. risque de réaction allergique immédiate lors ment en contenant seront supprimés de l’ali- d’un prochain TPO et la rapidité de dévelop- mentation. Le nourrisson recevra une formule Test de provocation orale (TPO) pement d’une tolérance. A noter que la pré- à hydrolyse extensive (Tableau 2), pouvant ou sence d’IgE spécifiques contre la caséine non contenir du lactose. Si les symptômes ne Après la disparition des symptômes sous fortement augmentés prédit habituellement sont pas complètement résolus après 2–4 éviction des PLV, le diagnostic d’APLV ou une plus grande période d’allergie aux PLV semaines de formule à hydrolyse extensive, l’acquisition d’une tolérance doivent être que chez les enfants avec des IgE spécifiques une formule à base d’acides aminés peut être confirmés par un TPO. négatives17), 18) . essayée avant d’infirmer le diagnostic d’APLV 22
Vol. 27 No. 4 2016 Gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique Traitement de l’APLV réactions allergiques croisées aux protéines de mule thérapeutiques sont pris en charge par soja chez 10–14% des enfants7), ainsi qu’à la l’assurance maladie, sur prescription médi- L’éviction des PLV est le seul traitement de farine de riz dans les cas de SEIPA9), 10). De plus, cale (pour 6 mois, jusqu’à 12 mois d’âge; une l’APLV à ce jour. Un lait de formule à hydrolyse les données actuellement disponibles ne per- prolongation du remboursement est possible extensive suffit à résoudre les symptômes mettent pas de conclure avec certitude que les sur demande au médecin-conseil de l’assu- dans la grande majorité des cas (> 90%). Les préparations à base d’hydrolysat de protéines rance). Après un TPO positif, l’éviction des laits de formule à hydrolyse extensive de riz complémentées en lysine et tryptophane PLV doit être poursuivie pour un minimum de contiennent de lactosérum ou de la caséine permettent d’assurer une croissance staturo- 6 mois ou jusqu’à l’âge de 9 à 12 mois, avant comme source protéique, avec des peptides de pondérale normale des nourrissons et des de tenter un nouveau TPO (Figures 1 et 2). De < 1500 Da. enfants en bas âge, et ces produits ne peuvent récentes études ont montré que la consom- pas être considérés comme dépourvus d’aller- mation d’aliments contenant des PLV cuites Les laits hypoallergéniques HA ne comportent génicité (https://www.anses.fr/fr/system/ n’induit pas de réactions chez la plupart des qu’une hydrolyse partielle des protéines, avec files/NUT2012sa0247.pdf). Quant aux «jus» enfants avec APLV19) , et favorise même le une charge allergénique diminuée de seule- végétaux du commerce courant (à base développement d’une tolérance aux protéines ment 100 x environ; ils n’ont pas de place dans d’avoine, de châtaigne, de riz, d’amande, de du lait de vache cru plus rapidement20) . Un le traitement de l’APLV. Les laits à base coco …), ils sont à proscrire comme substitut TPO avec du lait de vache cuit est donc une d’autres protéines de lait animales (chèvre, de lait chez le nourrisson, car totalement ina- procédure de réintroduction à considérer brebis, ânesse, jument …) sont également daptés à leurs besoins nutritionnels. Des dé- chez des patients sélectionnés. contre-indiqués, en raison du risque élevé de sordres nutritionnels graves ont été décrits réaction croisée et de leur composition nutri- dans la littérature (dénutrition sévère, rachi- Chez les enfants ayant présenté une réaction tionnelle inadéquate pour les nourrissons7). tisme carentiel …)11). allergique immédiate sévère, l’éviction est prolongée jusqu’à l’âge de 18 mois. Durant Les formules végétales pour nourrissons, à Le tableau 2 détaille les différentes formules cette période, il est important de s’assurer de base de protéines de riz ou de soja sont habi- à hydrolyse extensive et à base d’acides ami- la bonne croissance staturo-pondérale de tuellement bien tolérées, mais on retrouve des nés disponibles en Suisse. Ces laits de for- l’enfant. La diversification alimentaire se fait HeF: hydrolyse Tableau 2:extensive des protéines Préparations PAA: pour thérapeutiques formule à base d’acideset nourrissons aminés jeunes enfantsMD: malto-dextrines disponibles en Suisse. 23
Gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique Vol. 27 No. 4 2016 selon les recommandations suisses entre le 5e les formes non IgE-médiées. Son diagnostic 8) Grabenhenrich, L.B., et al., Anaphylaxis in children and adolescents: The European Anaphylaxis Re- et le 7e mois, sans introduire de produit laitier, nécessite donc une démarche précise, notam- gistry. J Allergy Clin Immunol, 2016. avec le soutien d’une diététicienne si néces- ment: en cas de suspicion de forme IgE-mé- 9) Caubet, J.C., et al., Clinical features and resolution saire. L’introduction des autres aliments à haut diée, un bilan allergologique comprenant un of food protein-induced enterocolitis syndrome: 10-year experience. J Allergy Clin Immunol, 2014. potentiel allergène (blé, œuf, poisson) ne doit TPO, si necessaire, et, en cas de suspicion de 134(2): p. 382-9. pas être retardée. Contrairement à une an- forme non IgE-médiée une diète d’éviction des 10) Ruffner, M.A., et al., Food protein-induced entero- cienne pratique, il n’y a pas d’indication à enle- PLV, suivie d’un TPO, à domicile ou en milieu colitis syndrome: insights from review of a large referral population. J Allergy Clin Immunol Pract, ver la viande de veau ou de bœuf de l’alimen- hospitalier, selon la sévérité du tableau initial. 2013. 1(4): p. 343-9. tation du jeune enfant, ou de la mère qui L’évolution de l’APLV étant spontanément favo- 11) Koletzko, S., et al., Diagnostic approach and mana- l’allaite21) . Une évaluation régulière de la rable dans la grande majorité des cas, avec gement of cow's-milk protein allergy in infants and children: ESPGHAN GI Committee practical guide- consommation de la formule thérapeutique est l’acquisition d’une tolérance, une réévaluation lines. J Pediatr Gastroenterol Nutr, 2012. 55(2): p. indispensable pour s’assurer que les apports périodique est indiquée afin d’éviter une diète 221-9. calciques de l’enfant sont adéquats. Finale- prolongée non-nécessaire pour l’enfant ou sa 12) Venter, C., et al., Diagnosis and management of non-IgE-mediated cow's milk allergy in infancy - a ment, les patients ayant présenté une réaction mère qui allaite, potentiellement nocive et avec UK primary care practical guide. Clin Transl Allergy, IgE-médiée sévère doivent recevoir un plan de un impact important sur la qualité de vie du 2013. 3(1): p. 23. traitement d’urgence et un enseignement pour jeune patient et sa famille. 13) Mehl, A., et al., Utility of the ratio of food-specific IgE/total IgE in predicting symptomatic food aller- l’utilisation des médicaments d’urgence, selon gy in children. Allergy, 2005. 60(8): p. 1034-9. les recommandations de la European Academy 14) Caglayan Sozmen, S., et al., Diagnostic accuracy of of Allergy and Clinical Imunology22). Références patch test in children with food allergy. Pediatr Al- lergy Immunol, 2015. 1) Schoemaker, A.A., et al., Incidence and natural 15) Boyce, J.A., et al., Guidelines for the Diagnosis and Les mères qui continuent d’allaiter et font history of challenge-proven cow's milk allergy in Management of Food Allergy in the United States: l’éviction des PLV méritent un suivi diététique European children--EuroPrevall birth cohort. Aller- Summary of the NIAID-Sponsored Expert Panel gy, 2015. 70(8): p. 963-72. Report. J Allergy Clin Immunol, 2010. 126(6): p. régulier au vu du risque élevé de carences, et 1105-18. 2) Nwaru, B.I., et al., Prevalence of common food aller- une substitution de calcium (1000 mg/j) et gies in Europe: a systematic review and meta-ana- 16) de Boissieu, D. and C. Dupont, [Allergy to extensi- vitamine D (800 Ui/j) doit leur être prescrite. lysis. Allergy, 2014. 69(8): p. 992-1007. vely hydrolysed cow milk proteins in infants]. Arch 3) Elizur, A., et al., Natural course and risk factors for Pediatr, 2007. 14(1): p. 124-6. persistence of IgE-mediated cow's milk allergy. J 17) Caubet, J.C., et al., Utility of casein-specific IgE Conclusion Pediatr, 2012. 161(3): p. 482-487 e1. levels in predicting reactivity to baked milk. J Aller- 4) Host, A., et al., Clinical course of cow's milk protein gy Clin Immunol, 2013. 131(1): p. 222-4 e1-4. allergy/intolerance and atopic diseases in child- 18) D'Urbano, L.E., et al., Performance of a component- Touchant près de 1% des nourrissons, l’allergie based allergen-microarray in the diagnosis of cow's hood. Pediatr Allergy Immunol, 2002. 13 Suppl 15: aux protéines du lait de vache, est un problème p. 23-8. milk and hen's egg allergy. Clin Exp Allergy, 2010. de santé non négligeable en pédiatrie. D’un 5. Caubet, J.C. and A. Nowak-Wegrzyn, Current un- 40(10): p. 1561-70. derstanding of the immune mechanisms of food 19) Leonard, S.A. and A.H. Nowak-Wegrzyn, Baked Milk côté, l’APLV est souvent sur-diagnostiquée, en and Egg Diets for Milk and Egg Allergy Manage- protein-induced enterocolitis syndrome. Expert témoigne la très haute prévalence rapportée Rev Clin Immunol, 2011. 7(3): p. 317-27. ment. Immunol Allergy Clin North Am, 2016. 36(1): dans des études épidémiologiques basées sur 6. Johansson, S.G., et al., A revised nomenclature for p. 147-59. allergy. An EAACI position statement from the 20) Kim, J.S., et al., Dietary baked milk accelerates the des données anamnestiques en comparaison resolution of cow's milk allergy in children. J Allergy EAACI nomenclature task force. Allergy, 2001. de la récente étude EuroPrevall. De l’autre, son 56(9): p. 813-24. Clin Immunol, 2011. 128(1): p. 125-131 e2. diagnostic est souvent difficile à poser d’em- 7) Fiocchi, A., et al., World Allergy Organization (WAO) 21) Fiocchi, A., et al., Beef allergy in adults and child- Diagnosis and Rationale for Action against Cow's ren. Allergy, 2005. 60(1): p. 126. blée au vu d’une présentation clinique très 22) Muraro, A., et al., Anaphylaxis: guidelines from the Milk Allergy (DRACMA) Guidelines. World Allergy variable Tableau et l’absence 3: Teneur en protéinesde du test lait de spécifique pourproduits laitiers, vache des différents Organen comparaison du lait de vache entier J, 2010. 3(4): p. 57-161. European Academy of Allergy and Clinical Immuno- logy. Allergy, 2014. 69(8): p. 1026-45. Correspondance Dre Jessica Ezri Gastroentérologie pédiatrique Département médico-chirurgical de pédiatrie – CHUV Rue du Bugnon 46 1011 Lausanne jessica.ezri@chuv.ch Les auteurs certifient qu'aucun soutien financier ou autre conflit d'intérêt n'est lié à cet article. D'après Table de table de composition composition nutritionnelle nutritionnelle suisse, 2015; suisse, SGE-SSN, SGE-SSN, 2015; *composition du fabriquant Tableau 3: Teneur en protéines du lait de vache des différents produits laitiers, en comparaison au lait de vache entier 24
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