REFORME RESTAURATION DE LA FLORE RÉGIONALE MENACÉE - CBNBL
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REFORME REstauration de la FlOre Régionale MEnacée REFORME est un projet pluriannuel visant à ameliorer les connaissances sur les espèces végétales menacées et à adopter des actions spécifiques en fonction des besoins (conseil de gestion, réimplantation et renforcement des populations). Premier bilan et perspectives
Qu’est-ce que REFORME ? Edito REFORME (REstauration de la FlOre Régionale MEnacée) est un programme FEDER couvrant la période 2016-2018. REFORME consiste à actualiser l’état des populations d’espèces les plus menacées du Nord et du Pas de Calais, à faire des propositions de gestion et si nécessaire, à entreprendre des actions de réintroduction ou de renforcement (plantation de pieds issus de culture La région Hauts-de- la seconde moitié du XXe s., l’intensifi- ou la raréfaction de ces espèces mena- pour créer ou augmenter une population). France, et en parti- cation agricole et notamment l’utilisa- cées. Des résultats très positifs ont pu Tous les milieux sont concernés (forêts, coteaux calcaires, milieux tourbeux acides ou alcalins, prairies humides, etc.). culier sa partie sep- tion d’engrais chimiques et de produits être obtenus sur ces nombreux sites, tentrionale (Nord et phytosanitaires ont généré de nouvelles mais les observations montrent que les Pas-de-Calais), fait atteintes à la biodiversité. menaces sur la flore n’ont pas diminué partie des régions pour diverses raisons biologiques et françaises qui ont La flore sauvage indigène n’a bien évi- écologiques (taille critique des popula- connu de fortes atteintes en termes de demment pas échappé à ces atteintes tions, consanguinité, absence de trame biodiversité depuis le XIXe s. et plus en- environnementales puisque plus de 120 écologique fonctionnelle, etc.) mais aus- core depuis le milieu du XXe s. En effet, espèces vasculaires (sur près de 1150 si par le fait que de nombreuses popu- son industrialisation, ses mines et l’ur- espèces) ont disparu durant le dernier lations sont localisées dans des sites ne banisation ont conduit à de fortes artifi- siècle. Pour le reste, 28 % des espèces bénéficiant d’aucune protection légale cialisations de ses sols, souvent de ma- sont menacées et nombreuses sont ou d’aucune gestion favorable. L’un des nière irréversible. Depuis le Moyen Âge, celles qui sans être menacées (nature objectifs du programme REFORME est cette région a été le théâtre de nom- ordinaire), subissent des réductions justement de mieux connaître les popu- breux conflits armés, singulièrement drastiques de leurs effectifs (exemple lations des espèces menacées, en par- lors de la Première Guerre mondiale où de certaines plantes des prairies, mes- ticulier sur ces sites « orphelins » afin elle a subi de nombreuses destructions sicoles, des milieux pauvres en nutri- de proposer, si nécessaire, des solutions (les massifs forestiers ont été durement ments, etc.). éventuelles de préservation aux pro- touchés), mais également lors de la Se- priétaires ou gestionnaires intéressés conde Guerre mondiale où les forêts Depuis sa création il y a trente ans, le par la démarche. Avec ce programme, ont encore payé un lourd tribut. La ré- Conservatoire botanique national de le Conservatoire botanique national gion possède d’importantes surfaces de Bailleul accompagne les services pu- de Bailleul aspire donc à une meilleure terres agricoles fertiles ; cette richesse blics (État, collectivités territoriales et conservation globale de la flore mena- agronomique et l’existence de débou- établissements publics), les gestion- cée et à la mise en œuvre de mesures chés économiques favorables ont sou- naires d’espaces naturels publics ou adaptées pour la conservation à plus vent favorisé une mécanisation précoce privés, les opérateurs de sites protégés long terme de ces plantes menacées. Carte des 240 stations potentiellement concernées par une action REFORME et intense des pratiques agricoles. Dans gérés (…) afin d’enrayer la disparition Thierry CORNIER Ces actions de maintien et de développement d’espèces • mise en œuvre de nouveaux chantiers de restauration Directeur général du CRP/CBNBL végétales nécessitent l’implication des propriétaires, ou de gestion visant la conservation ou le retour de usagers et gestionnaires, qu’ils soient publics ou privés. l’espèce : 8 populations ; Des contacts sont donc pris afin d’informer, de sensibiliser, • intégration des observations dans Digitale2 ; de mener un travail en collaboration étroite avec les • rédaction de courriers d’information et de fiches différentes personnes ou structures concernées et de stationnelles d’actions conservatoires ; pérenniser les actions entreprises. REFORME concerne • introductions ou renforcements de population pour potentiellement 80 espèces pour environ 240 populations. Ache rampante (Helosciadium repens), Ciguë vireuse Les principales actions des années 2016 et 2017 ont été (Cicuta virosa), Œillet des chartreux (Dianthus les suivantes : carthusianorum), Jonc squarreux (Juncus squarrosus), • contact avec les organismes concernés par les Millepertuis des marais (Hypericum elodes), Cirse populations d’espèces menacées pour présentation anglais (Cirsium dissectum), Fritillaire pintade du programme (douze institutions) ; (Fritillaria meleagris). • rencontres de propriétaires/gestionnaires/usagers pour discussion sur la gestion des sites et mise Quelques exemples d’actions de gestion ou d’introductions en œuvre d’actions concertées : 26 populations de populations sont présentés. Ils illustrent différentes concernées ; situations écologiques et partenariales. • bilans de populations : 129 populations concernant 51 espèces ; Réserve naturelle nationale des Étangs du Romelaëre 2 3
Ciguë vireuse - Cicuta virosa Quelle action ? Le mot du gestionnaire FAMILLE : Apiacées. EDEN 62 assure la mise en œuvre d’actions de gestion, d’aménagements et de valorisation des espaces naturels TAILLE : 50 à 150 centimètres. sensibles du département du Pas-de-Calais. Il intervient sur près de 5700 ha en faveur de la biodiversité. Certains sites abritent des espèces floristiques remarquables, c’est donc tout naturellement que nous accompagnons le TIGE : creuse, finement striée ; ramifiée. CBNBL dans le cadre du programme REFORME pour la réintroduction d’espèces floristiques menacées ou le INFLORESCENCE : ombelle à 8-25 rayons. renforcement de populations fragilisées. COULEUR DES FLEURS : blanche. FEUILLES : inférieures pétiolées à limbe 2 ou 3 fois entièrement divisé en segment eux-mêmes découpées en lobes linéaires- La localisation lancéolés longs de 1-10 cm, dentés en scie. Les Étangs du Romelaëre constituent une zone CYCLE BIOLOGIQUE : hélophyte. humide qui présente différents habitats tels PÉRIODE DE FLORAISON : juillet-août. que des roselières, des mégaphorbiaies, des plans d’eau, des bois tourbeux et des prairies FÉCONDATION : aucune donnée précise sur les vecteurs de la pollinisation mais nombreuses humides, tous de grand intérêt écologique. observations de visites des fleurs par divers hyménoptères et diptères. Des prospections menées en 2016 ont SEMENCES : diakène glabre, 1,8 à 2 mm, subglobuleux. Chaque akène est garni de 5 côtes permis d’identifier des secteurs susceptibles égales, larges. Les graines possèdent une cavité aérifère. d’accueillir la Ciguë. DISSÉMINATION : hydrochorie ; la germination a lieu en pleine eau. Les plantules n’ont alors plus qu’à se laisser dériver afin de trouver un site favorable à leur développement. Localisation de la station REFORME Sa répartition régionale Dans les Hauts-de-France, la Ciguë vireuse est devenue Le chantier exceptionnelle, puisqu’on ne la rencontre plus que dans deux stations relictuelles : à Clairmarais près de Saint- Des graines récoltées en 1997 dont l’origine est la population de Clairmarais située à quelques centaines de Omer dans le Pas-de-Calais et à Saint-Quentin dans mètres du Romelaëre ont été semées en hiver 2016. Ces graines étaient conservées dans la banque de semences l’Aisne. Elle était autrefois répandue dans la vallée de du CBNBL. Les plantules obtenues ont été élevées au jardin conservatoire jusqu’à leur plantation. 117 plants ont la Somme et dans la vallée de la Sensée (Douaisis). Elle retrouvé les tremblants du marais en fin d’été après une gestion du milieu par EDEN 62. Cette opération a nécessité était également présente en vallée de la Canche, dans l’utilisation de bacôves (la barque à fond plat typique du Marais audomarois), de planches et de petits canoës mis le Boulonnais et dans plusieurs communes du marais à disposition par le gestionnaire. audomarois. En France, elle est présente dans une vingtaine de communes. Répartition régionale de Cicuta virosa Pourquoi elle ? Réimplantation de Cicuta virosa en canoë Les pieds de Cicuta virosa dans la bacôve Plantation de pieds de Cicuta virosa La Ciguë vireuse a connu un déclin important à l’échelle des Hauts-de-France, notamment en raison de la politique d’assèchement des marais conduite depuis plusieurs siècles et de l’aménagement et de la rectification des profils de berge des étangs pour l’accessibilité à la pêche, l’aménagement « paysager » ou l’agriculture (pratiques de maraîchage intensives Quels résultats et quelle suite ? dans l’Audomarois). Face à ce déclin dans les Hauts-de-France, à la rareté nationale de l’espèce, et à la fragilité de l’unique Un suivi de la réintroduction a été effectué en juillet 2017, période de floraison de la plante. Malgré une recherche population du Nord et du Pas-de-Calais, il a été décidé de mener une action renforcée sur cette espèce, notamment par une minutieuse, aucun pied n’a été revu et une prédation par les rats musqués est soupçonnée. Une nouvelle introduction réintroduction dans la Réserve naturelle nationale des étangs du Romelaëre à Saint-Omer/Nieurlet où elle était observée dans les années 1970. de pieds grillagés (le temps de leur installation) va être retentée en 2018. 4 5
Fritillaire pintade Quelle action ? Fritillaria meleagris Le mot du gestionnaire FAMILLE : Liliacées. Le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) du Nord et du Pas-de-Calais, en tant que gestionnaire de sites naturels, participe par acquisition ou conventionnement à la préservation de la biodiversité et géodiversité régionales. Les cœurs de nature TAILLE : 20 à 50 centimètres. bénéficiant d’une gestion adaptée sont propices au renforcement ou à la réintroduction d’espèces de la flore régionale à fort INFLORESCENCE : fleur généralement unique en forme de cloche anguleuse et penchée, enjeu. Le CEN a donc souhaité accompagner le CBNBL dans le programme REFORME, au travers de la mise à disposition de grande de 3 à 4 cm de long mais des individus à deux fleurs peuvent être occasionnellement sites d’implantation. observés. La première floraison apparait 6 ou 7 ans après la germination de la graine. COULEUR DES FLEURS : damier pourpre et blanc, couleur à laquelle le genre doit son nom (fritillus en latin signifie damier). Dans de rares cas, des fleurs blanches ou blanc verdâtre La localisation peuvent s’observer. Le site choisi est constitué de prairies de COULEUR DE LA TIGE : vert-glauque (aspect légèrement pruineux) fauche parcourues par un réseau de fossés FEUILLES : deux à six feuilles alternes, linéaires lancéolées larges de 4 à 9 mm, naissant sur la et ponctuées de quelques mares et haies. Il partie aérienne de la tige. abrite 2 ha de prairies inondables l’hiver et CYCLE BIOLOGIQUE : géophyte bulbeux. favorables à la fritillaire. BULBE : 7 à 15 millimètres de diamètre. PÉRIODE DE FLORAISON : avril à mai. FÉCONDATION : autogamie et allogamie (bourdons et autres hyménoptères). FRUITS : capsule dressée à sommet aplati et trois angles obtus. FRUCTIFICATION : de mai à juin. SEMENCES : 6 à 7 mm de longueur, aplaties, presque triangulaires et entourées d’une membrane spongieuse brun clair, luisante et plissée. Environ 60 graines par capsule. Localisation de la station REFORME DISSÉMINATION : sa morphologie assure à la graine, en plus de sa légèreté, une flottabilité importante. Le chantier Après six années de culture, des bulbes issus de semis de graines récoltées sur la population du Nord ont été plantés en mai 2016. 28 bulbes ont été plantés au sein d’une prairie de plusieurs hectares. Un appareil de géomètre (tachéomètre) a été utilisé pour le repérage centimétrique des bulbes afin de les retrouver aisément les années suivantes. Sa répartition régionale Dans les Hauts-de-France, quelques noyaux relictuels de populations plus ou moins importants persistent en amont d’Abbeville (Somme). Dans le Nord, la plante ne subsiste que dans une seule station le long de la Lys entre Armentières et la frontière Belge. Plusieurs populations ont disparu de ce secteur depuis le XVIIIe siècle. En France, elle est encore abondante dans le bassin de la Loire, notamment entre Angers et Nantes, quoiqu’en nette régression ces dernières années, et dans l’est de la France (haut bassin du Rhône, Doubs...). Godets de culture de Fritillaria meleagris Fritillaria meleagris en fleur Répartition régionale de Fritillaria meleagris Plantation de Fritillaria meleagris Repérage du pied fleuri Pourquoi elle ? Quels résultats et quelle suite ? La fritillaire a connu une régression régionale et nationale sous l’effet des drainages, remblaiements, amendements, fertilisation Un premier suivi réalisé en avril 2017 a permis de retrouver 12 bulbes. Les autres ont été mangés par des rongeurs ou se sont azotée des prairies et abandon de la fauche. La dernière population du Nord, bien que bénéficiant d’une gestion différenciée naturellement dégradés. La quasi-totalité des fritillaires montrent un bon développement (nombre de feuilles supérieures (fauche après la dispersion de ses graines et aucun intrant) reste toutefois fragile. Devant ce constat, il a été décidé de créer au nombre de 2016) et l’une d’entre elle a fleuri. Aucune production de graines n’a cependant été constaté cette année. Un une nouvelle population le long de la Lys dans un secteur protégé et dont la gestion est favorable à son cycle annuel. nouveau suivi sera effectué au printemps 2018. 6 7
Œillet des chartreux Quelle action ? Dianthus carthusianorum Le mot du gestionnaire Le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) du Nord et du Pas-de-Calais, en tant que gestionnaire de sites naturels, participe par acquisition ou conventionnement à la préservation de la biodiversité et géodiversité régionales. Les cœurs de nature FAMILLE : Caryophyllacées. bénéficiant d’une gestion adaptée sont propices au renforcement ou à la réintroduction d’espèces de la flore régionale à fort TAILLE : 20 à 50 centimètres. enjeu. Le CEN a donc souhaité accompagner le CBNBL dans le programme REFORME, au travers de la mise à disposition de INFLORESCENCE : 2 à 10 fleurs entourées de bractées brunâtres et regroupées en têtes sites d’implantation. compactes. Fleurs de 12 à 24 mm de diamètre. COULEUR DES FLEURS : rouge pourpré ou rose. La localisation FEUILLES : plates, linéaires, aiguës, large d’1,5 mm. En rosette à la base puis opposée par 2 le Les sites d’implantation sont des fronts de taille d’anciennes carrières de pierres. Ces mini falaises calcaires constituent des long de la tige. endroits chauds et secs favorables à l’Œillet des chartreux. CYCLE BIOLOGIQUE : vivace (hémicryptophyte à rosette). PÉRIODE DE FLORAISON : de fin mai à mi-juillet dans le nord de la France. FÉCONDATION : hermaphrodite, voire gynomonoïque, c’est-à-dire qui possède des fleurs hermaphrodites et des fleurs femelles sur un même individu. Entomogame, il est essentiellement pollinisé par les papillons de jours (Rhopalocères et Hétérocères diurnes). Une étude récente menée en Suisse a démontré que la pollinisation de l’Œillet des chartreux y dépend essentiellement de 2 espèces de papillons : Satyrus ferula (Grande coronide), non présent au nord de l’Europe et Melanargia galathea (le Demi-Deuil) présent dans tous les départements français, sauf en Corse. FRUITS : capsule cylindrique s’ouvrant au sommet par 4 dents. FRUCTIFICATION : de juin à septembre. SEMENCES : plates, noires-bleutées, environ 2 mm de large, triangulaires. DISSÉMINATION : barochore. Localisations des stations REFORME Le chantier Deux populations complémentaires ont été créées. L’une à Baives au sein de la Réserve où l’œillet est déjà présent, l’autre à Bachant au sein d’une ancienne carrière propriété de la Communauté d’agglomérations Maubeuge Val de Sambre et Sa répartition régionale gérée par le CEN. Des graines provenant de Baives et conservées en banque de semences ont été semées au CBNBL. Les Dans les Hauts-de-France, malgré une forte régression, plantules obtenues ont été plantées en septembre 2016 à Bachant et en octobre 2017 à Baives. Afin de faciliter le travail des quelques stations sont encore signalées dans l’Aisne et botanistes, du matériel d’escalade a été utilisé. l’Oise. Dans le Nord, la seule population indigène est située à Baives dans l’Avesnois à la frontière belge, au lieu-dit «Les monts de Baives», classé en Réserve naturelle régionale. Outre les populations sauvages, il faut signaler que Dianthus carthusianorum et une espèce très voisine sont parfois semés sur des sites urbains ou industriels. Il a notamment été semé sur des terrils du Nord et du Pas-de-Calais. En France, il est abondant en Rhône-Alpes et dans le massif central. Répartition régionale de Dianthus carthusianorum Le site de réimplantation à Bachant Repérage des pieds Dianthus carthusianorum en fruits Pourquoi elle ? Plantation à flanc de falaise D’origine récente, la population d’Œillet des chartreux des monts de Baives semble toujours avoir été extrêmement réduite. Quels résultats et quelle suite ? Cependant, elle était observée en plusieurs points du site alors qu’aujourd’hui elle n’est plus connue qu’en une seule station sur moins d’1 m². Malgré une gestion de plus en plus adaptée (pâturage et fauche complémentaire) par les co-gestionnaires A Bachant, sur une centaine de plantules introduites, environ 40 ont été revues. 10 % ont formé des fleurs puis des capsules de (Parc Naturel Régional de l’Avesnois et Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais), la population reste graines. L’apparition de nouveaux individus est donc espérée à partir de la dispersion de ces graines. A Baives, l’introduction très réduite et fragile. Il a donc été décidé de créer des populations complémentaires. est trop récente pour que la reprise des 200 œillets plantés soit évaluée. Les prochains suivis seront réalisés en été 2018. 8 9
Ache rampante Quelle action ? Helosciadium repens Le mot des gestionnaires (=Apium repens ) La Ville de Lille met en œuvre une politique volontariste de conservation et de restauration de sa biodiversité depuis de graines, la Ville a proposé une station d’implantation en lien avec l’état propriétaire du terrain. 2005, renforcée depuis 2010 par son Plan biodiversité. La À Cucq, deux parcelles communales accueillent l’Ache FAMILLE : Apiacées. découverte en 2007 d’une population d’Helosciadium repens rampante. La commune de Cucq s’est donc engagée illustre le patrimoine naturel de la Ville et le rôle qu’elle a dans le maintien de cette espèce menacée et protégée. TAILLE : 8 à 25 centimètres. à jouer dans la conservation de la biodiversité patrimoniale. C’est pourquoi, après plusieurs rencontres, elle a suivi les INFLORESCENCE : petites ombelles composées, longuement pédonculées. Pédoncule plus Dans ce cadre un partenariat avec le CBNBL s’est formé autour préconisations du CBNBL en mettant en place une gestion long que les rayons. Fleurs sous-tendues pas des involucres de 3 à 7 bractées. du programme REFORME. Outre l’aide apportée à la récolte adaptée via un partenariat avec un agriculteur. COULEUR DES FLEURS : blanc à blanc verdâtre. La localisation FEUILLES : divisées une fois en segments larges de 2-4 (-11mm) à dents aiguës. TIGE : creuse, rampante et radicante aux nœuds. A Lille, le site d’introduction est constitué de prairies pâturées en partie inondables l’hiver. Le pâturage bovin crée des trouées dans la végétation rase, laissant de petites plages nues favorables à l’implantation et au développement de l’Ache rampante. CYCLE BIOLOGIQUE : hélophyte. A Cucq, c’est une prairie humide communale qui accueillait l’Ache rampante. Celle-ci n’était plus gérée depuis 2011. PÉRIODE DE FLORAISON : Juin à septembre. FÉCONDATION : Les fleurs sont hermaphrodites et n’offrent pas d’adaptation spécifique à une pollinisation spécialisée bien que celle-ci soit en partie au moins entomogame. L’espèce serait fortement sinon strictement allogame. Ce régime de reproduction peut amener de sévères limitations sur la capacité de reproduction sexuée des populations (en particulier pour les petites populations) mais est compensé par une importante multiplication végétative. FRUITS : globuleux et long d’environ 1 mm se divisant en deux méricarpes parcourus de côtes proéminentes. Ils montrent à leur sommet les styles persistants et très écartés. FRUCTIFICATION : de juillet à septembre. DISSÉMINATION : barochore et hydrochorie potentielle. Localisations des stations REFORME Le chantier Sa répartition régionale A Cucq, des contacts ont été pris avec la commune pour mettre en place un pâturage extensif sur la parcelle concernée. Le Les Hauts-de-France sont sans doute la région française où Service Espaces verts a fauché la prairie qui était envahie par les grandes herbes, a posé une clôture et a sollicité un agricul- l’espèce est aujourd’hui la mieux représentée même si elle a eu teur qui fait désormais pâturer quelques vaches de mars à septembre. à faire face à une forte régression. Ses stations sont localisées A Lille, c’est la création d’une nouvelle population qui a été effectuée en octobre 2017 au sein de la Citadelle à proximité du sur la côte d’Opale et dans les vallées marécageuses de l’Authie jardin public. Des pieds cultivés au jardin conservatoire ont été plantés sur deux secteurs préparés par la Direction des Parcs et de la Somme. Trois stations intérieures subsistent dans le Nord et jardins le long de la Cunette de la Citadelle. (Lille, Wandignies et Vred). Ailleurs en France, elle est présente très ponctuellement en Normandie, en Aquitaine, dans le Bassin Parisien et en Isère. La situation de l’espèce reste cependant mal connue en raison de sa discrétion et des problèmes d’identification. Répartition régionale de Helosciadium repens Plantation d’Helosciadium repens Plantations le long de la Cunette à Lille Pâturage à Cucq Pourquoi elle ? L’assèchement ou le comblement de nombreuses zones alluviales, en particulier lors de l’essor industriel de la région, ainsi Quels résultats et quelle suite ? que l’abandon des pratiques pastorales en zones humides ont entraîné la disparition des habitats pionniers nécessaires à À Cucq, l’Ache rampante a été revue en 2017. Le pâturage a donc été bénéfique. Il a permis de recréer des petits secteurs la plante. Notre action a porté en priorité sur deux populations. L’une est située dans un jardin public à Lille ce qui implique décapés par le piétinement des vaches, laissant la plante s’exprimer à nouveau. Ce pâturage est à maintenir en 2018. un équilibre fragile entre les contraintes d’une pelouse fréquentée, le fleurissement et le maintien d’un habitat favorable A Lille, bien que l’implantation soit très récente et malgré la pose d’une protection grillagée, des pieds ont déjà fait l’objet à l’espèce. L’autre est située à Cucq (62) dans une prairie où l’Ache rampante n’était pas revue en raison de l’absence de d’une prédation par des rongeurs, les autres pieds semblent se développer. De nouveaux suivis seront effectués régulièrement. gestion de la parcelle. 10 11
Conservatoire botanique national de Bailleul Hameau de Haendries - 59270 BAILLEUL 03 28 49 00 83 infos@cbnbl.org - www.cbnbl.org facebook.com/cbnbl - twitter.com/cbn_bailleul REFORME est cofinancé par l’Union Européenne avec le Fonds européen de développement régional Référent projet : Bertille ASSET Crédits photos : CBNBL et Vincent COHEZ Réalisation : Thibault PAUWELS
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