REFORME RESTAURATION DE LA FLORE RÉGIONALE MENACÉE - CBNBL

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REFORME RESTAURATION DE LA FLORE RÉGIONALE MENACÉE - CBNBL
REFORME
      REstauration de la FlOre Régionale MEnacée

REFORME est un projet pluriannuel visant à ameliorer les connaissances sur les espèces végétales menacées et à adopter
des actions spécifiques en fonction des besoins (conseil de gestion, réimplantation et renforcement des populations).

                    Premier bilan et perspectives
REFORME RESTAURATION DE LA FLORE RÉGIONALE MENACÉE - CBNBL
Qu’est-ce que REFORME ?
       Edito                                                                                                                           REFORME (REstauration de la FlOre Régionale MEnacée) est un programme FEDER couvrant la période 2016-2018. REFORME
                                                                                                                                       consiste à actualiser l’état des populations d’espèces les plus menacées du Nord et du Pas de Calais, à faire des propositions de
                                                                                                                                       gestion et si nécessaire, à entreprendre des actions de réintroduction ou de renforcement (plantation de pieds issus de culture
                     La région Hauts-de-     la seconde moitié du XXe s., l’intensifi-     ou la raréfaction de ces espèces mena-
                                                                                                                                       pour créer ou augmenter une population).
                     France, et en parti-    cation agricole et notamment l’utilisa-       cées. Des résultats très positifs ont pu
                                                                                                                                       Tous les milieux sont concernés (forêts, coteaux calcaires, milieux tourbeux acides ou alcalins, prairies humides, etc.).
                     culier sa partie sep-   tion d’engrais chimiques et de produits       être obtenus sur ces nombreux sites,
                     tentrionale (Nord et    phytosanitaires ont généré de nouvelles       mais les observations montrent que les
                     Pas-de-Calais), fait    atteintes à la biodiversité.                  menaces sur la flore n’ont pas diminué
                     partie des régions                                                    pour diverses raisons biologiques et
                     françaises qui ont      La flore sauvage indigène n’a bien évi-       écologiques (taille critique des popula-
connu de fortes atteintes en termes de       demment pas échappé à ces atteintes           tions, consanguinité, absence de trame
biodiversité depuis le XIXe s. et plus en-   environnementales puisque plus de 120         écologique fonctionnelle, etc.) mais aus-
core depuis le milieu du XXe s. En effet,    espèces vasculaires (sur près de 1150         si par le fait que de nombreuses popu-
son industrialisation, ses mines et l’ur-    espèces) ont disparu durant le dernier        lations sont localisées dans des sites ne
banisation ont conduit à de fortes artifi-   siècle. Pour le reste, 28 % des espèces       bénéficiant d’aucune protection légale
cialisations de ses sols, souvent de ma-     sont menacées et nombreuses sont              ou d’aucune gestion favorable. L’un des
nière irréversible. Depuis le Moyen Âge,     celles qui sans être menacées (nature         objectifs du programme REFORME est
cette région a été le théâtre de nom-        ordinaire), subissent des réductions          justement de mieux connaître les popu-
breux conflits armés, singulièrement         drastiques de leurs effectifs (exemple        lations des espèces menacées, en par-
lors de la Première Guerre mondiale où       de certaines plantes des prairies, mes-       ticulier sur ces sites « orphelins » afin
elle a subi de nombreuses destructions       sicoles, des milieux pauvres en nutri-        de proposer, si nécessaire, des solutions
(les massifs forestiers ont été durement     ments, etc.).                                 éventuelles de préservation aux pro-
touchés), mais également lors de la Se-                                                    priétaires ou gestionnaires intéressés
conde Guerre mondiale où les forêts          Depuis sa création il y a trente ans, le      par la démarche. Avec ce programme,
ont encore payé un lourd tribut. La ré-      Conservatoire botanique national de           le Conservatoire botanique national
gion possède d’importantes surfaces de       Bailleul accompagne les services pu-          de Bailleul aspire donc à une meilleure
terres agricoles fertiles ; cette richesse   blics (État, collectivités territoriales et   conservation globale de la flore mena-
agronomique et l’existence de débou-         établissements publics), les gestion-         cée et à la mise en œuvre de mesures
chés économiques favorables ont sou-         naires d’espaces naturels publics ou          adaptées pour la conservation à plus
vent favorisé une mécanisation précoce       privés, les opérateurs de sites protégés      long terme de ces plantes menacées.
                                                                                                                                                                           Carte des 240 stations potentiellement concernées par une action REFORME
et intense des pratiques agricoles. Dans     gérés (…) afin d’enrayer la disparition

                                                                                                    Thierry CORNIER                     Ces actions de maintien et de développement d’espèces                     •     mise en œuvre de nouveaux chantiers de restauration
                                                                                               Directeur général du CRP/CBNBL           végétales nécessitent l’implication des propriétaires,                          ou de gestion visant la conservation ou le retour de
                                                                                                                                        usagers et gestionnaires, qu’ils soient publics ou privés.                      l’espèce : 8 populations ;
                                                                                                                                        Des contacts sont donc pris afin d’informer, de sensibiliser,             •     intégration des observations dans Digitale2 ;
                                                                                                                                        de mener un travail en collaboration étroite avec les                     •     rédaction de courriers d’information et de fiches
                                                                                                                                        différentes personnes ou structures concernées et de                            stationnelles d’actions conservatoires ;
                                                                                                                                        pérenniser les actions entreprises. REFORME concerne                      •     introductions ou renforcements de population pour
                                                                                                                                        potentiellement 80 espèces pour environ 240 populations.                        Ache rampante (Helosciadium repens), Ciguë vireuse
                                                                                                                                        Les principales actions des années 2016 et 2017 ont été                         (Cicuta virosa), Œillet des chartreux (Dianthus
                                                                                                                                        les suivantes :                                                                 carthusianorum), Jonc squarreux (Juncus squarrosus),
                                                                                                                                        • contact avec les organismes concernés par les                                 Millepertuis des marais (Hypericum elodes), Cirse
                                                                                                                                             populations d’espèces menacées pour présentation                           anglais (Cirsium dissectum), Fritillaire pintade
                                                                                                                                             du programme (douze institutions) ;                                        (Fritillaria meleagris).
                                                                                                                                        • rencontres de propriétaires/gestionnaires/usagers
                                                                                                                                             pour discussion sur la gestion des sites et mise                     Quelques exemples d’actions de gestion ou d’introductions
                                                                                                                                             en œuvre d’actions concertées : 26 populations                       de populations sont présentés. Ils illustrent différentes
                                                                                                                                             concernées ;                                                         situations écologiques et partenariales.
                                                                                                                                        • bilans de populations : 129 populations concernant 51
                                                                                                                                             espèces ;
                                         Réserve naturelle nationale des Étangs du Romelaëre

                                                                 2                                                                                                                                            3
REFORME RESTAURATION DE LA FLORE RÉGIONALE MENACÉE - CBNBL
Ciguë vireuse - Cicuta virosa                                                                                                                            Quelle action ?
                                                                                                                                     Le mot du gestionnaire
                                   FAMILLE : Apiacées.                                                                                 EDEN 62 assure la mise en œuvre d’actions de gestion, d’aménagements et de valorisation des espaces naturels
                                   TAILLE : 50 à 150 centimètres.                                                                      sensibles du département du Pas-de-Calais. Il intervient sur près de 5700 ha en faveur de la biodiversité. Certains
                                                                                                                                       sites abritent des espèces floristiques remarquables, c’est donc tout naturellement que nous accompagnons le
                                   TIGE : creuse, finement striée ; ramifiée.
                                                                                                                                       CBNBL dans le cadre du programme REFORME pour la réintroduction d’espèces floristiques menacées ou le
                                   INFLORESCENCE : ombelle à 8-25 rayons.                                                              renforcement de populations fragilisées.
                                   COULEUR DES FLEURS : blanche.
                                   FEUILLES : inférieures pétiolées à limbe 2 ou 3 fois entièrement
                                   divisé en segment eux-mêmes découpées en lobes linéaires-                                         La localisation
                                   lancéolés longs de 1-10 cm, dentés en scie.                                                         Les Étangs du Romelaëre constituent une zone
                                   CYCLE BIOLOGIQUE : hélophyte.                                                                       humide qui présente différents habitats tels
PÉRIODE DE FLORAISON : juillet-août.                                                                                                   que des roselières, des mégaphorbiaies, des
                                                                                                                                       plans d’eau, des bois tourbeux et des prairies
FÉCONDATION : aucune donnée précise sur les vecteurs de la pollinisation mais nombreuses                                               humides, tous de grand intérêt écologique.
observations de visites des fleurs par divers hyménoptères et diptères.                                                                Des prospections menées en 2016 ont
SEMENCES : diakène glabre, 1,8 à 2 mm, subglobuleux. Chaque akène est garni de 5 côtes                                                 permis d’identifier des secteurs susceptibles
égales, larges. Les graines possèdent une cavité aérifère.                                                                             d’accueillir la Ciguë.
DISSÉMINATION : hydrochorie ; la germination a lieu en pleine eau. Les plantules n’ont alors plus qu’à se laisser dériver
afin de trouver un site favorable à leur développement.

                                                                                                                                                                                                            Localisation de la station REFORME
                                                                       Sa répartition régionale
                                                                         Dans les Hauts-de-France, la Ciguë vireuse est devenue      Le chantier
                                                                         exceptionnelle, puisqu’on ne la rencontre plus que dans
                                                                         deux stations relictuelles : à Clairmarais près de Saint-     Des graines récoltées en 1997 dont l’origine est la population de Clairmarais située à quelques centaines de
                                                                         Omer dans le Pas-de-Calais et à Saint-Quentin dans            mètres du Romelaëre ont été semées en hiver 2016. Ces graines étaient conservées dans la banque de semences
                                                                         l’Aisne. Elle était autrefois répandue dans la vallée de      du CBNBL. Les plantules obtenues ont été élevées au jardin conservatoire jusqu’à leur plantation. 117 plants ont
                                                                         la Somme et dans la vallée de la Sensée (Douaisis). Elle      retrouvé les tremblants du marais en fin d’été après une gestion du milieu par EDEN 62. Cette opération a nécessité
                                                                         était également présente en vallée de la Canche, dans         l’utilisation de bacôves (la barque à fond plat typique du Marais audomarois), de planches et de petits canoës mis
                                                                         le Boulonnais et dans plusieurs communes du marais
                                                                                                                                       à disposition par le gestionnaire.
                                                                         audomarois. En France, elle est présente dans une
                                                                         vingtaine de communes.

                     Répartition régionale de Cicuta virosa

Pourquoi elle ?                                                                                                                      Réimplantation de Cicuta virosa en canoë      Les pieds de Cicuta virosa dans la bacôve                     Plantation de pieds de Cicuta virosa

  La Ciguë vireuse a connu un déclin important à l’échelle des Hauts-de-France, notamment en raison de la politique
  d’assèchement des marais conduite depuis plusieurs siècles et de l’aménagement et de la rectification des profils de berge
  des étangs pour l’accessibilité à la pêche, l’aménagement « paysager » ou l’agriculture (pratiques de maraîchage intensives        Quels résultats et quelle suite ?
  dans l’Audomarois). Face à ce déclin dans les Hauts-de-France, à la rareté nationale de l’espèce, et à la fragilité de l’unique      Un suivi de la réintroduction a été effectué en juillet 2017, période de floraison de la plante. Malgré une recherche
  population du Nord et du Pas-de-Calais, il a été décidé de mener une action renforcée sur cette espèce, notamment par une
                                                                                                                                       minutieuse, aucun pied n’a été revu et une prédation par les rats musqués est soupçonnée. Une nouvelle introduction
  réintroduction dans la Réserve naturelle nationale des étangs du Romelaëre à Saint-Omer/Nieurlet où elle était observée dans
  les années 1970.
                                                                                                                                       de pieds grillagés (le temps de leur installation) va être retentée en 2018.

                                                                  4                                                                                                                                    5
REFORME RESTAURATION DE LA FLORE RÉGIONALE MENACÉE - CBNBL
Fritillaire pintade                                                                                                                             Quelle action ?
                                            Fritillaria meleagris                                                                            Le mot du gestionnaire
                                   FAMILLE : Liliacées.                                                                                         Le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) du Nord et du Pas-de-Calais, en tant que gestionnaire de sites naturels, participe
                                                                                                                                                par acquisition ou conventionnement à la préservation de la biodiversité et géodiversité régionales. Les cœurs de nature
                                   TAILLE : 20 à 50 centimètres.
                                                                                                                                                bénéficiant d’une gestion adaptée sont propices au renforcement ou à la réintroduction d’espèces de la flore régionale à fort
                                   INFLORESCENCE : fleur généralement unique en forme de cloche anguleuse et penchée,                           enjeu. Le CEN a donc souhaité accompagner le CBNBL dans le programme REFORME, au travers de la mise à disposition de
                                   grande de 3 à 4 cm de long mais des individus à deux fleurs peuvent être occasionnellement                   sites d’implantation.
                                   observés. La première floraison apparait 6 ou 7 ans après la germination de la graine.
                                   COULEUR DES FLEURS : damier pourpre et blanc, couleur à laquelle le genre doit son
                                   nom (fritillus en latin signifie damier). Dans de rares cas, des fleurs blanches ou blanc verdâtre        La localisation
                                   peuvent s’observer.
                                                                                                                                                Le site choisi est constitué de prairies de
                                   COULEUR DE LA TIGE : vert-glauque (aspect légèrement pruineux)                                               fauche parcourues par un réseau de fossés
FEUILLES : deux à six feuilles alternes, linéaires lancéolées larges de 4 à 9 mm, naissant sur la                                               et ponctuées de quelques mares et haies. Il
partie aérienne de la tige.                                                                                                                     abrite 2 ha de prairies inondables l’hiver et
CYCLE BIOLOGIQUE : géophyte bulbeux.                                                                                                            favorables à la fritillaire.
BULBE : 7 à 15 millimètres de diamètre.
PÉRIODE DE FLORAISON : avril à mai.
FÉCONDATION : autogamie et allogamie (bourdons et autres hyménoptères).
FRUITS : capsule dressée à sommet aplati et trois angles obtus.
FRUCTIFICATION : de mai à juin.
SEMENCES : 6 à 7 mm de longueur, aplaties, presque triangulaires et entourées d’une membrane
spongieuse brun clair, luisante et plissée. Environ 60 graines par capsule.
                                                                                                                                                                                                                                 Localisation de la station REFORME
DISSÉMINATION : sa morphologie assure à la graine, en plus de sa légèreté, une flottabilité
importante.
                                                                                                                                             Le chantier
                                                                                                                                                Après six années de culture, des bulbes issus de semis de graines récoltées sur la population du Nord ont été plantés en mai
                                                                                                                                                2016. 28 bulbes ont été plantés au sein d’une prairie de plusieurs hectares. Un appareil de géomètre (tachéomètre) a été
                                                                                                                                                utilisé pour le repérage centimétrique des bulbes afin de les retrouver aisément les années suivantes.
                                                                       Sa répartition régionale
                                                                          Dans les Hauts-de-France, quelques noyaux relictuels
                                                                          de populations plus ou moins importants persistent en
                                                                          amont d’Abbeville (Somme). Dans le Nord, la plante ne
                                                                          subsiste que dans une seule station le long de la Lys entre
                                                                          Armentières et la frontière Belge. Plusieurs populations
                                                                          ont disparu de ce secteur depuis le XVIIIe siècle. En France,
                                                                          elle est encore abondante dans le bassin de la Loire,
                                                                          notamment entre Angers et Nantes, quoiqu’en nette
                                                                          régression ces dernières années, et dans l’est de la France
                                                                          (haut bassin du Rhône, Doubs...).
                                                                                                                                          Godets de culture de Fritillaria meleagris                                                     Fritillaria meleagris en fleur

                Répartition régionale de Fritillaria meleagris                                                                                                                         Plantation de Fritillaria meleagris                                                Repérage du pied fleuri

Pourquoi elle ?                                                                                                                              Quels résultats et quelle suite ?
 La fritillaire a connu une régression régionale et nationale sous l’effet des drainages, remblaiements, amendements, fertilisation             Un premier suivi réalisé en avril 2017 a permis de retrouver 12 bulbes. Les autres ont été mangés par des rongeurs ou se sont
 azotée des prairies et abandon de la fauche. La dernière population du Nord, bien que bénéficiant d’une gestion différenciée                   naturellement dégradés. La quasi-totalité des fritillaires montrent un bon développement (nombre de feuilles supérieures
 (fauche après la dispersion de ses graines et aucun intrant) reste toutefois fragile. Devant ce constat, il a été décidé de créer              au nombre de 2016) et l’une d’entre elle a fleuri. Aucune production de graines n’a cependant été constaté cette année. Un
 une nouvelle population le long de la Lys dans un secteur protégé et dont la gestion est favorable à son cycle annuel.                         nouveau suivi sera effectué au printemps 2018.

                                                                   6                                                                                                                                                         7
REFORME RESTAURATION DE LA FLORE RÉGIONALE MENACÉE - CBNBL
Œillet des chartreux                                                                                                                                         Quelle action ?
                       Dianthus carthusianorum                                                                                        Le mot du gestionnaire
                                                                                                                                        Le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) du Nord et du Pas-de-Calais, en tant que gestionnaire de sites naturels, participe
                                                                                                                                        par acquisition ou conventionnement à la préservation de la biodiversité et géodiversité régionales. Les cœurs de nature
                                   FAMILLE : Caryophyllacées.
                                                                                                                                        bénéficiant d’une gestion adaptée sont propices au renforcement ou à la réintroduction d’espèces de la flore régionale à fort
                                   TAILLE : 20 à 50 centimètres.                                                                        enjeu. Le CEN a donc souhaité accompagner le CBNBL dans le programme REFORME, au travers de la mise à disposition de
                                   INFLORESCENCE : 2 à 10 fleurs entourées de bractées brunâtres et regroupées en têtes                 sites d’implantation.
                                   compactes. Fleurs de 12 à 24 mm de diamètre.
                                   COULEUR DES FLEURS : rouge pourpré ou rose.                                                        La localisation
                                   FEUILLES : plates, linéaires, aiguës, large d’1,5 mm. En rosette à la base puis opposée par 2 le     Les sites d’implantation sont des fronts de taille d’anciennes carrières de pierres. Ces mini falaises calcaires constituent des
                                   long de la tige.                                                                                     endroits chauds et secs favorables à l’Œillet des chartreux.
                                   CYCLE BIOLOGIQUE : vivace (hémicryptophyte à rosette).
                                   PÉRIODE DE FLORAISON : de fin mai à mi-juillet dans le
nord de la France.
FÉCONDATION : hermaphrodite, voire gynomonoïque, c’est-à-dire qui possède des fleurs
hermaphrodites et des fleurs femelles sur un même individu. Entomogame, il est essentiellement
pollinisé par les papillons de jours (Rhopalocères et Hétérocères diurnes). Une étude
récente menée en Suisse a démontré que la pollinisation de l’Œillet des chartreux y dépend
essentiellement de 2 espèces de papillons : Satyrus ferula (Grande coronide), non présent au
nord de l’Europe et Melanargia galathea (le Demi-Deuil) présent dans tous les départements
français, sauf en Corse.
FRUITS : capsule cylindrique s’ouvrant au sommet par 4 dents.
FRUCTIFICATION : de juin à septembre.
SEMENCES : plates, noires-bleutées, environ 2 mm de large, triangulaires.
DISSÉMINATION : barochore.
                                                                                                                                                                                                  Localisations des stations REFORME

                                                                                                                                      Le chantier
                                                                                                                                        Deux populations complémentaires ont été créées. L’une à Baives au sein de la Réserve où l’œillet est déjà présent, l’autre
                                                                                                                                        à Bachant au sein d’une ancienne carrière propriété de la Communauté d’agglomérations Maubeuge Val de Sambre et
                                                                   Sa répartition régionale                                             gérée par le CEN. Des graines provenant de Baives et conservées en banque de semences ont été semées au CBNBL. Les
                                                                    Dans les Hauts-de-France, malgré une forte régression,              plantules obtenues ont été plantées en septembre 2016 à Bachant et en octobre 2017 à Baives. Afin de faciliter le travail des
                                                                    quelques stations sont encore signalées dans l’Aisne et             botanistes, du matériel d’escalade a été utilisé.
                                                                    l’Oise. Dans le Nord, la seule population indigène est située
                                                                    à Baives dans l’Avesnois à la frontière belge, au lieu-dit «Les
                                                                    monts de Baives», classé en Réserve naturelle régionale.
                                                                    Outre les populations sauvages, il faut signaler que Dianthus
                                                                    carthusianorum et une espèce très voisine sont parfois semés
                                                                    sur des sites urbains ou industriels. Il a notamment été semé
                                                                    sur des terrils du Nord et du Pas-de-Calais. En France, il est
                                                                    abondant en Rhône-Alpes et dans le massif central.

          Répartition régionale de Dianthus carthusianorum
                                                                                                                                      Le site de réimplantation à Bachant                                                Repérage des pieds   Dianthus carthusianorum en fruits

Pourquoi elle ?                                                                                                                                                             Plantation à flanc de falaise

  D’origine récente, la population d’Œillet des chartreux des monts de Baives semble toujours avoir été extrêmement réduite.          Quels résultats et quelle suite ?
  Cependant, elle était observée en plusieurs points du site alors qu’aujourd’hui elle n’est plus connue qu’en une seule station
  sur moins d’1 m². Malgré une gestion de plus en plus adaptée (pâturage et fauche complémentaire) par les co-gestionnaires             A Bachant, sur une centaine de plantules introduites, environ 40 ont été revues. 10 % ont formé des fleurs puis des capsules de
  (Parc Naturel Régional de l’Avesnois et Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais), la population reste            graines. L’apparition de nouveaux individus est donc espérée à partir de la dispersion de ces graines. A Baives, l’introduction
  très réduite et fragile. Il a donc été décidé de créer des populations complémentaires.                                               est trop récente pour que la reprise des 200 œillets plantés soit évaluée. Les prochains suivis seront réalisés en été 2018.

                                                                   8                                                                                                                                             9
REFORME RESTAURATION DE LA FLORE RÉGIONALE MENACÉE - CBNBL
Ache rampante                                                                                                                                Quelle action ?
                                    Helosciadium repens                                                                                 Le mot des gestionnaires

                                    (=Apium repens )                                                                                      La Ville de Lille met en œuvre une politique volontariste de
                                                                                                                                          conservation et de restauration de sa biodiversité depuis
                                                                                                                                                                                                                  de graines, la Ville a proposé une station d’implantation en
                                                                                                                                                                                                                  lien avec l’état propriétaire du terrain.
                                                                                                                                          2005, renforcée depuis 2010 par son Plan biodiversité. La               À Cucq, deux parcelles communales accueillent l’Ache
                                    FAMILLE : Apiacées.                                                                                   découverte en 2007 d’une population d’Helosciadium repens               rampante. La commune de Cucq s’est donc engagée
                                                                                                                                          illustre le patrimoine naturel de la Ville et le rôle qu’elle a         dans le maintien de cette espèce menacée et protégée.
                                    TAILLE : 8 à 25 centimètres.
                                                                                                                                          à jouer dans la conservation de la biodiversité patrimoniale.           C’est pourquoi, après plusieurs rencontres, elle a suivi les
                                    INFLORESCENCE : petites ombelles composées, longuement pédonculées. Pédoncule plus                    Dans ce cadre un partenariat avec le CBNBL s’est formé autour           préconisations du CBNBL en mettant en place une gestion
                                    long que les rayons. Fleurs sous-tendues pas des involucres de 3 à 7 bractées.                        du programme REFORME. Outre l’aide apportée à la récolte                adaptée via un partenariat avec un agriculteur.
                                    COULEUR DES FLEURS : blanc à blanc verdâtre.
                                                                                                                                        La localisation
                                    FEUILLES : divisées une fois en segments larges de 2-4 (-11mm) à dents aiguës.
                                    TIGE : creuse, rampante et radicante aux nœuds.                                                      A Lille, le site d’introduction est constitué de prairies pâturées en partie inondables l’hiver. Le pâturage bovin crée des trouées
                                                                                                                                         dans la végétation rase, laissant de petites plages nues favorables à l’implantation et au développement de l’Ache rampante.
                                    CYCLE BIOLOGIQUE : hélophyte.                                                                        A Cucq, c’est une prairie humide communale qui accueillait l’Ache rampante. Celle-ci n’était plus gérée depuis 2011.
                                    PÉRIODE DE FLORAISON : Juin à septembre.
FÉCONDATION : Les fleurs sont hermaphrodites et n’offrent pas d’adaptation
spécifique à une pollinisation spécialisée bien que celle-ci soit en partie au moins
entomogame. L’espèce serait fortement sinon strictement allogame. Ce régime de
reproduction peut amener de sévères limitations sur la capacité de reproduction
sexuée des populations (en particulier pour les petites populations) mais est
compensé par une importante multiplication végétative.
FRUITS : globuleux et long d’environ 1 mm se divisant en deux méricarpes
parcourus de côtes proéminentes. Ils montrent à leur sommet les styles persistants
et très écartés.
FRUCTIFICATION : de juillet à septembre.
DISSÉMINATION : barochore et hydrochorie potentielle.

                                                                                                                                                                                           Localisations des stations REFORME

                                                                                                                                        Le chantier
                                                               Sa répartition régionale
                                                                                                                                         A Cucq, des contacts ont été pris avec la commune pour mettre en place un pâturage extensif sur la parcelle concernée. Le
                                                                   Les Hauts-de-France sont sans doute la région française où            Service Espaces verts a fauché la prairie qui était envahie par les grandes herbes, a posé une clôture et a sollicité un agricul-
                                                                   l’espèce est aujourd’hui la mieux représentée même si elle a eu       teur qui fait désormais pâturer quelques vaches de mars à septembre.
                                                                   à faire face à une forte régression. Ses stations sont localisées     A Lille, c’est la création d’une nouvelle population qui a été effectuée en octobre 2017 au sein de la Citadelle à proximité du
                                                                   sur la côte d’Opale et dans les vallées marécageuses de l’Authie      jardin public. Des pieds cultivés au jardin conservatoire ont été plantés sur deux secteurs préparés par la Direction des Parcs
                                                                   et de la Somme. Trois stations intérieures subsistent dans le Nord    et jardins le long de la Cunette de la Citadelle.
                                                                   (Lille, Wandignies et Vred). Ailleurs en France, elle est présente
                                                                   très ponctuellement en Normandie, en Aquitaine, dans le Bassin
                                                                   Parisien et en Isère. La situation de l’espèce reste cependant
                                                                   mal connue en raison de sa discrétion et des problèmes
                                                                   d’identification.

          Répartition régionale de Helosciadium repens

                                                                                                                                           Plantation d’Helosciadium repens                 Plantations le long de la Cunette à Lille                   Pâturage à Cucq
Pourquoi elle ?
 L’assèchement ou le comblement de nombreuses zones alluviales, en particulier lors de l’essor industriel de la région, ainsi
                                                                                                                                        Quels résultats et quelle suite ?
 que l’abandon des pratiques pastorales en zones humides ont entraîné la disparition des habitats pionniers nécessaires à                 À Cucq, l’Ache rampante a été revue en 2017. Le pâturage a donc été bénéfique. Il a permis de recréer des petits secteurs
 la plante. Notre action a porté en priorité sur deux populations. L’une est située dans un jardin public à Lille ce qui implique        décapés par le piétinement des vaches, laissant la plante s’exprimer à nouveau. Ce pâturage est à maintenir en 2018.
 un équilibre fragile entre les contraintes d’une pelouse fréquentée, le fleurissement et le maintien d’un habitat favorable             A Lille, bien que l’implantation soit très récente et malgré la pose d’une protection grillagée, des pieds ont déjà fait l’objet
 à l’espèce. L’autre est située à Cucq (62) dans une prairie où l’Ache rampante n’était pas revue en raison de l’absence de              d’une prédation par des rongeurs, les autres pieds semblent se développer. De nouveaux suivis seront effectués régulièrement.
 gestion de la parcelle.

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REFORME RESTAURATION DE LA FLORE RÉGIONALE MENACÉE - CBNBL
Conservatoire botanique national de Bailleul
                                  Hameau de Haendries - 59270 BAILLEUL
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 par l’Union Européenne
 avec le Fonds européen de
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                                                                 Crédits photos : CBNBL et Vincent COHEZ
 Réalisation : Thibault PAUWELS
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