Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de - COVID-19 Rapide tour d'horizon des données probantes sur la COVID 19 et ...

 
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Répondre aux maladies
non transmissibles pendant
et après la pandémie de
COVID-19
Rapide tour d’horizon des données probantes sur
la COVID 19 et les maladies non transmissibles
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WHO/2019-nCoV/Non-communicable_diseases/Evidence/2020.1

© Organisation mondiale de la Santé et Programme des Nations Unies pour le développement, 2020

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Citation suggérée. Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID 19 :
Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles [Responding to
noncommunicable diseases during and beyond the COVID-19 pandemic: State of the evidence on COVID-19 and
noncommunicable diseases – a rapid review]. Genève : Organisation mondiale de la Santé et Programme des
Nations Unies pour le développement, 2020 (WHO/2019-nCoV/Noncommunicable_diseases/Evidence/2020.1).
Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

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Résumé

Le présent document fournit un premier examen des informations récentes (en date du 2 juillet
2020) sur les liens entre la COVID-19, les MNT et les facteurs de risque des MNT. Les articles
évalués par les pairs ont été extraits des bases de données NCBI PubMed, PMC et Google
Scholar. L’examen démontre que les personnes vivant avec des MNT sont plus exposées au
risque de maladie grave et de décès liés à la COVID-19, et que les données permettant d’estimer
le risque sont limitées. Nous présentons également les résultats de deux enquêtes de l’OMS
confirmant de graves perturbations dans les services de prévention et de traitement des MNT
depuis le début de la pandémie.

Buts et objectifs

Entreprendre un premier examen des études sur les liens entre la COVID-19, les MNT et les
facteurs de risque des MNT.

Méthodes

Recherche. Une recherche d’articles dans NCBI PubMed, PMC et Google Scholar a été effectuée
entre le 18 mai et le 1er juillet 2020 en utilisant les mots clés « COVID-19 », « coronavirus » et
« SARS-CoV-2 » en association avec l’un des termes suivants : « pollution (de l’air) “, « asthme
», « cancer », « maladie cardiovasculaire », « bronchopneumopathie chronique obstructive
», « maladie respiratoire chronique », « diabète », « alimentation », « maladie cardiaque », «
hypertension », « MNT », « maladie non transmissible », « obésité », « surpoids », « activité
physique », « inactivité physique », « tabagisme », « fumeurs », « tabac » et « vapotage ». Aucun
filtre linguistique n’a été appliqué au cours de la recherche. Les références dans les articles
inclus ont été examinées afin de fournir des informations exactes.

Sélection des études. Les publications relatives aux études qui ont évalué le risque
d’hospitalisation, de maladie grave ou critique ou de décès associés aux MNT ou facteurs
de risque des MNT et à la COVID-19 ont été incluses. Seules les publications évaluées par
les pairs ont été prises en compte. Les publications mentionnaient des études cas-témoins,
transversales et descriptives, des essais contrôlés randomisés et non randomisés, des
examens systématiques et des méta-analyses. Les informations sur la continuité des services
de santé pendant la pandémie de COVID-19 (voir ci-dessous) ont été obtenues à partir de deux
enquêtes menées par l’OMS en 2020.

Limites

Le présent document n’est pas un examen systématique mais plutôt une première synthèse
des données probantes récentes, qui ne cessent d’émerger.1 Des estimations de risque
significatives ne sont toujours pas disponibles pour de nombreuses MNT et facteurs de
risque des MNT. La plupart des publications spécialisées proviennent de pays à revenu élevé
ou intermédiaire de la tranche supérieure, et toute extrapolation des résultats aux pays à
revenu faible ou intermédiaire devra se faire avec les plus grandes précautions. Les facteurs
susceptibles d’influencer les résultats concernant la COVID-19 autres que les MNT (âge, sexe,
ethnicité, santé mentale) ne sont pas abordés dans cet examen.
1   L’OMS recueille les toutes dernières découvertes et connaissances scientifiques internationales sur la COVID-19 (1). La base de données,
    ainsi que d’autres ressources sur la COVID-19, représente une source multilingue très complète de la littérature actuelle sur le sujet.
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Facteurs de risque

1. Tabagisme

1.1    Le tabac est l’une des principales causes
de mortalité prématurée, responsable de la
mort de plus de huit millions de personnes par
an dans le monde ; sept millions de décès sont
dus à la consommation directe de tabac et 1,2
million au tabagisme passif (2). Le tabagisme
augmente le risque de développer plusieurs
maladies non transmissibles, telles que les
maladies cardiovasculaires, les maladies
respiratoires chroniques, le diabète et le cancer
(3). Les personnes vivant avec des maladies non
transmissibles préexistantes, notamment celles
causées par le tabagisme, sont plus vulnérables
à des maladies graves si elles sont touchées par
la COVID-19 (4).

1.2    Selon les conclusions d’un examen des données probantes mené par l’OMS jusqu’au
12 mai 2020, le tabagisme est associé à une plus grande gravité de la maladie et à un plus
grand nombre de décès chez les patients hospitalisés pour une COVID-19. Bien que cela soit
probablement lié à la gravité de la pathologie (5–7), des éléments de preuve apparaissent à
ce jour qui montrent que les fumeurs pourraient courir un risque plus élevé d’être hospitalisés
en cas de COVID-19 (8–10). Plus généralement, le tabagisme est préjudiciable au système
immunitaire (respiratoire) et accroît la vulnérabilité à des maladies infectieuses respiratoires,
notamment le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (11–13). Des études sérieuses auprès
de populations sont, toutefois, nécessaires pour en savoir plus sur l’hospitalisation, la gravité
de la COVID-19, et le risque d’infection par le SARS-CoV-22 chez les fumeurs (14).

1.3   La cigarette et d’autres formes de tabagisme comme les pipes à eau et le tabac sans
fumée, ainsi que les cigarettes électroniques, peuvent augmenter le risque de COVID-19, par
exemple par contact main-bouche (14).

2   Le terme « SRAS-CoV-2 » désigne le nouveau coronavirus, le terme le terme « COVID-19 » désigne la maladie associée au SRAS-CoV-2.

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2. Usage nocif de l’alcool

2.1    L’usage nocif de l’alcool a des effets
néfastes sur la santé physique et mentale et
constitue l’un des principaux facteurs de risque
de morbidité, d’incapacités et de mortalité
dans le monde. Il est lié à plus de 200 codes de
maladies et de traumatismes répertoriés dans
la Classification internationale des maladies
(10e révision), notamment des maladies non
transmissibles telles que le cancer, les accidents
vasculaires cérébraux et l’hypertension (15).

2.2    À ce jour, peu d’études ont été réalisées
pour quantifier l’effet de la consommation
d’alcool sur la vulnérabilité à la COVID-19. La
consommation d’alcool est néanmoins associée
à des risques importants pour la santé et peut
entraîner le développement de troubles liés à
l’usage de substances et d’autres problèmes de santé dus à l’intoxication par l’alcool, la toxicité
ou d’autres effets à long terme. L’usage nocif de l’alcool et d’autres substances psychoactives
entraîne un certain nombre d’effets néfastes pour la santé, notamment l’affaiblissement de
la fonction immunitaire, qui réduit la capacité de l’organisme à combattre l’infection par le
SRAS-CoV-2. Une seule occasion de forte consommation d’alcool suffit pour provoquer des
effets négatifs mesurables sur les réponses immunitaires innées et adaptatives (16). L’usage
nocif de l’alcool augmente également le risque de maladies associées à une COVID-19 grave
(16–19). Les données probantes scientifiques contredisent l’idée selon laquelle l’alcool peut
protéger contre la COVID-19 (20).

2.3     La consommation d’alcool non seulement perturbe les fonctions physiologiques et
immunitaires générales mais peut aussi avoir d’autres effets négatifs pendant la pandémie de
COVID-19 (21). Des comportements mauvais pour la santé, tels que l’usage nocif de l’alcool,
peuvent être plus fréquents au cours de périodes difficiles, par exemple lorsqu’on souhaite
combattre le stress ou l’anxiété ou bien occuper son temps en période d’auto-isolement (22).
L’usage nocif de l’alcool affecte le bien-être psychologique et peut altérer la capacité de jugement,
la maîtrise de soi, la coordination motrice et le temps de réaction. Par voie de conséquence,
le risque de blessures et de violences est plus élevé, notamment la violence exercée par un
partenaire intime, qui est exacerbée par la pandémie (23, 24). En outre, l’usage nocif de l’alcool
nuit à la capacité des personnes à prendre des précautions pour se protéger contre l’infection,
en se lavant correctement les mains par exemple, et peut réduire l’efficacité des mesures de
protection contre la COVID-19 en perturbant le respect des cadres de réglementation et de
traitement (25).

2.4    Les personnes souffrant de troubles liés à la consommation d’alcool peuvent être plus
vulnérables à la COVID-19 (26) et être particulièrement exposées au risque de contracter
toutes sortes d’infections en raison des facteurs de risque associés à la consommation
d’alcool, tels que le partage d’objets (bouteilles et autres contenants, articles de table), les
rassemblements, la pauvreté, le chômage, la détérioration de la santé physique, et le risque plus

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grand d’arrestation ou d’incarcération. Dans les contextes de crise humanitaire mondiale, les
personnes souffrant de troubles liés à l’usage de substances sont souvent déjà marginalisées
et peuvent ne pas disposer de solutions de traitement appropriées. Lors d’une pandémie, ces
populations peuvent être particulièrement vulnérables et négligées et doivent donc être prises
en compte dans les interventions en matière de santé mentale et de soutien psychosocial.

3. Inactivité physique

3.1    L’inactivité physique est l’un des principaux facteurs de risque favorisant l’apparition de
maladies non transmissibles, tandis qu’une activité physique régulière contribue à prévenir les
facteurs de risque tels que l’hypertension, le surpoids et l’obésité, protège contre les MNT et
joue un rôle important dans l’amélioration de la santé mentale (27, 28).

3.2      L’inactivité  physique     peut    influer
indirectement sur la progression de la maladie
à COVID-19. Une étude à grande échelle des
facteurs de risque comportementaux relatifs à
la COVID-19 suggère que l’inactivité physique
est un facteur de risque d’hospitalisation lié à la
maladie (9). L’inactivité physique est associée à
l’obésité, un facteur de risque métabolique pour la
maladie à COVID-19 grave (29, 30). En revanche,
l’activité physique peut stimuler la fonction
immunitaire et réduire l’inflammation et présente
également divers avantages physiologiques et
psychologiques, notamment la réduction du
stress et de l’anxiété (28, 31, 32). Le manque
d’activité physique et la sédentarité, notamment
au travail, sont exacerbés par les confinements
et les restrictions sur les voyages mises en place
en raison de la pandémie, ce qui augmente le risque associé d’obésité ou de MNT (33, 34).
Par conséquent, le maintien d’une activité physique régulière est particulièrement important
pendant la pandémie et si l’on est confiné à son domicile (35).

4. Malnutrition et mauvaise alimentation

4.1    À l’échelle mondiale, la malnutrition sous toutes ses formes (notamment la dénutrition,
la carence en micronutriments, le surpoids et l’obésité) est une cause majeure de morbidité
et de mortalité due à des MNT (36). La malnutrition tout au long de la vie accroît le risque de
MNT: la dénutrition et l’obésité chez l’enfant sont toutes deux associées à une probabilité
accrue d’obésité et d’apparition de MNT à l’âge adulte (37).

4.2     Le surpoids et l’obésité comptent parmi les comorbidités les plus courantes chez
les patients hospitalisés pour COVID-19 et ont été associés à des risques plus élevés de
conséquences néfastes pour la santé (30, 38). Une probabilité plus élevée de contracter une
COVID-19 grave est conforme aux conclusions déjà formulées selon lesquelles l’obésité est
pro-inflammatoire, altère les réponses immunitaires face à une infection virale, induit diabète
et stress oxydatif et entrave la fois la fonction cardiovasculaire et respiratoire (39, 40). S’il est

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clair que les patients obèses sont plus vulnérables à la COVID-19 (41), la taille insuffisante
des études et le manque de documentation détaillée sur les indices de masse corporelle des
patients empêchent actuellement des analyses statistiquement solides permettant d’estimer
les risques associés avec précision (42–45).

4.3    L’obésité a été jugée comme un facteur de risque de COVID-19 grave dans plusieurs
études (44, 46). Premièrement, l’obésité est l’une des affections préexistantes les plus
répandues chez les patients hospitalisés aux États-Unis d’Amérique (38, 47). Deuxièmement,
les hommes obèses étaient plus susceptibles de développer une pneumonie grave que les
patients de poids normal (rapport de cotes [RC], 5,7 ; intervalle de confiance [IC] de 95 %,
1,8–17,8) (29). Troisièmement, dans une étude portant sur 124 patients admis dans des unités
de soins intensifs, la gravité de la maladie augmentait avec l’indice de masse corporelle,
même après ajustement pour tenir compte de facteurs de confusion potentiels tels que l’âge,
le diabète et l’hypertension. Le risque de COVID-19 grave était nettement plus élevé dans le
groupe des patients très fortement obèses (indice de masse corporelle > 35) (RC, 7,36 ; IC de
95 %, 1,63–33,14) (30). Une étude nationale portant sur 177 000 personnes au Mexique a établi
que l’obésité était un facteur de risque à la fois pour l’admission en soins intensifs et pour la
mortalité due à la COVID-19 (rapport de risque, 1,25 ; IC de 95 %, 1,17–1,34) (48). Le surpoids
a également été associé à des conséquences néfastes pour la COVID-19. Une étude portant
sur 112 patients en soins intensifs a démontré que le pourcentage de patients en surpoids
(indice de masse corporelle ≥ 25) était beaucoup plus élevé chez les non-survivants (88 % en
surpoids) que chez les survivants (19 % en surpoids) (49).

4.4    Une mauvaise alimentation, notamment trop salée ou trop sucrée, ne comportant que
peu de fruits et de légumes, de noix et de graines, de céréales complètes et d’acides gras
oméga 3 provenant de poissons et de fruits de mer, provoque l’apparition de MNT (50). Bien que
les données empiriques soient encore limitées, de nombreux indicateurs révèlent un impact
négatif de la pandémie de COVID-19 sur les habitudes alimentaires, augmentant ainsi le risque
de MNT à long terme. À titre d’exemple, nous mentionnerons la tendance constatée à stocker
des aliments transformés de longue conservation, ce qui peut entraîner une surconsommation;
les pertes d’emplois et les difficultés financières à grande échelle, qui limitent l’achat d’aliments
sûrs, variés et nutritifs permettant une alimentation saine ; et les perturbations de la chaîne
d’approvisionnement ou les mesures de confinement qui affectent l’accessibilité à des denrées
périssables nutritives (notamment les fruits, les légumes et le poisson frais) (51). Une enquête
menée en Italie auprès d’adultes soumis à un confinement a révélé une augmentation de la
consommation d’aliments nutritifs mais aussi de sucreries, et une prise de poids depuis le
confinement pour 49 % des personnes interrogées (52). Une enquête au Portugal indique que
la détérioration des habitudes alimentaires pendant la COVID-19 est plus fréquente dans les
communautés à faible niveau socio-économique, avec une augmentation de la consommation
d’en-cas, de plats préparés, de boissons sucrées et de plats à emporter (53), tandis que les
groupes à niveau socio-économique élevé s’alimentent mieux, avec une augmentation de la
consommation de fruits, de légumes et d’autres aliments riches en nutriments. Cela semble
indiquer que la COVID-19 est susceptible d’accroître les inégalités socio-économiques en
matière de qualité de l’alimentation.

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4.5    Une bonne nutrition renforce le système immunitaire. Par exemple, les fruits et légumes
fournissent des vitamines et des minéraux, et les graisses bénéfiques à la santé contenues
dans les olives ou les graines sont riches en acides gras insaturés, qui sont nécessaires au
bon fonctionnement de la réponse immunitaire (54). En revanche, une alimentation riche en
graisses saturées, en sucres et en sel prédispose à l’obésité, au diabète, à l’hypertension et au
cancer, maladies qui ont été associées à une forme de COVID-19 plus grave (voir les sections
suivantes) (55, 56). En outre, le régime dit « occidental » (riche en graisses, sucres et glucides)
entraîne une inflammation chronique et une réponse immunitaire réduite face aux infections
virales (57).

5. Risques environnementaux

5.1   La pollution de l’air à l’intérieur des habitations et à l’extérieur est une cause majeure de
mortalité pour les personnes atteintes de MNT. L’exposition à la pollution de l’air en général et
à des niveaux élevés de particules en particulier a été associée principalement à l’apparition
de cancers du poumon, de bronchopneumopathies chroniques obstructives et de maladies
cardiovasculaires (58).

5.2     Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour faire la lumière sur les liens
potentiels entre exposition à des concentrations plus élevées de polluants atmosphériques,
exacerbation des symptômes chez les personnes souffrant de la COVID-19 et conséquences
potentielles pour les personnes traitées (59). Les particules fines induisent une réponse
inflammatoire et altèrent la fonction immunitaire (respiratoire), et l’on sait qu’une exposition
à long terme à la pollution et l’inflammation qui en découle endommagent les poumons et le
cœur et peut entraîner des comorbidités (60), ce qui peut réduire la capacité des personnes
exposées à lutter contre le SRAS-CoV-2.

5.3      L’exposition à la pollution de l’air a probablement une incidence sur la mortalité due à
la COVID-19, mais des études supplémentaires sont nécessaires à ce sujet. Plusieurs études
dans lesquelles la mortalité due à la COVID-19 avait été associée à des niveaux de pollution de
l’air n’ont été publiées que sous forme de prépublications non évaluées par des pairs et n’ont
donc pas été incluses dans le présent document. Néanmoins, une étude de petite envergure
menée au Royaume-Uni (61) a montré que le risque de décès augmentait avec l’exposition à
court terme à des concentrations élevées de polluants (NO2 et PM2,5). Ces conclusions sont
corroborées par celles d’une autre étude, dans laquelle la majorité des décès (78 % des 4443
décès) étudiés en Europe s’étaient produits dans cinq régions caractérisées par des niveaux de
pollution élevés et des environnements géographiques empêchant la dispersion des polluants
atmosphériques (62). Lors de l’épidémie de SRAS en 2002, la pollution de l’air a également été
mise en corrélation avec les taux de mortalité (63).

5.4    La pollution de l’air à l’intérieur des habitations (due à l’utilisation de combustibles
solides et de kérosène pour la cuisine, par exemple) et le tabagisme passif altèrent également
les fonctions pulmonaires et immunitaires et augmentent probablement le risque d’effets
nocifs pour la santé de la COVID-19 (64, 65).

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Maladies

6. Diabète

6.1     Le diabète touche plus de 500 millions
de personnes dans le monde, et sa prévalence
ainsi que la mortalité prématurée dont il est à
l’origine sont en forte augmentation. Le diabète
est également une principale cause d’incapacité,
de maladie cardiovasculaire et d’insuffisance
rénale (66).

6.2    Les personnes atteintes de diabète
courent un risque accru d’hospitalisation et
d’événements indésirables après une infection
par le SARS-CoV-2 (67–70). Un examen
systématique d’études portant sur un total de
1382 patients a permis de conclure que les
personnes diabétiques présentaient un risque
accru d’admission en soins intensifs (RC, 2,79 ;
IC de 95 %, 1,85–4,22) et de mortalité (RC, 3,21;
IC de 95 %, 1,82–5,64) (69). Leur vulnérabilité plus élevée peut s’expliquer par la présence de
comorbidités, notamment de maladies cardiovasculaires (67), et par une réponse immunitaire
réduite face à l’infection (71).

6.3     Les personnes dont le diabète n’est pas contrôlé sont encore plus vulnérables à des
conséquences néfastes après une infection par la maladie à COVID-19. Une vaste étude de
cohorte portant sur 17 millions de patients au Royaume-Uni a indiqué que les personnes
vivant avec un diabète non contrôlé avaient un risque plus élevé de décéder de la COVID-19
que les non-diabétiques ou les personnes avec un diabète contrôlé (72). Un risque accru était
observable même après ajustement pour tenir compte de divers facteurs de confusion. Cette
conclusion est confirmée par le lien bien documenté qui existe entre un mauvais contrôle de la
glycémie et une altération de la fonction immunitaire (73).

6.4     La vulnérabilité importante des patients vivant avec un diabète non contrôlé est
particulièrement préoccupante, car on estime que près de la moitié des cas de diabète
chez l’adulte dans le monde n’est pas diagnostiquée (74). Il est impératif d’atteindre et de
maintenir un contrôle de la glycémie pour tous les patients diabétiques, en particulier pendant
la pandémie de COVID-19. L’accès limité des patients atteints d’un diabète diagnostiqué aux
services de soins de santé et aux médicaments, l’instabilité économique, un apport alimentaire
irrégulier et/ou une infection active par la COVID-19 compliquent, voire empêchent, un contrôle
adéquat de la glycémie. Les personnes atteintes de diabète sont donc l’un des groupes les
plus vulnérables face à la pandémie.

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7. Maladies cardiovasculaires

7.1    Les maladies cardiovasculaires, en particulier les crises cardiaques et les accidents
vasculaires cérébraux, sont la première cause de mortalité dans le monde. En 2016, on estime
à 17,9 millions le nombre de décès imputables aux maladies cardiovasculaires, soit 31 %
de la mortalité mondiale totale. La plupart des maladies cardiovasculaires sont évitables et
sont associées à des facteurs de risque tels que le tabagisme, l’usage nocif de l’alcool, une
mauvaise alimentation et l’inactivité physique (75).

7.2    Les maladies cardiovasculaires sont associées à un risque accru de COVID-19 grave
et de mortalité. L’hypertension a été identifiée comme un facteur de risque conduisant à des
conséquences plus graves après une infection par le SRAS-CoV-2 (7, 76). Une méta-analyse
de 12 études indiquait que l’hypertension était un facteur de risque à la fois sur le plan de la
gravité de la maladie (RC, 2,27 ; IC de 95 %, 1,80–2,86) et de la mortalité (RC, 3,48 ; IC de 95
%, 1,8–2,86) (77). En revanche, une vaste étude de cohorte portant sur 17 millions de citoyens
britanniques n’a pas montré que l’hypertension était un facteur de risque de mortalité pour la
COVID-19 après ajustement découlant de la prise en compte de plusieurs covariables (72).
La prévalence de l’hypertension est très élevée au niveau mondial, avec un groupe important
de personnes à risque. Bien que plusieurs hypothèses aient été avancées, le mécanisme par
lequel les personnes souffrant d’hypertension deviennent plus vulnérables est encore obscur.
Des études supplémentaires de grande envergure, randomisées et bien caractérisées sont
nécessaires, en tenant compte des facteurs de confusion possibles, notamment l’âge et
diverses affections morbides (78).

7.3     D’autres maladies cardiovasculaires, notamment l’insuffisance cardiaque, la
coronaropathie et l’arythmie cardiaque, augmentent d’au moins deux fois les risques de décès
dû à l’infection par le SARS-CoV-2 (72, 79–82). D’autres études et méta-analyses indiquent
également des risques plus élevés de conséquences néfastes pour la santé chez les patients
souffrant de lésions cardiaques, symptôme commun à de nombreux patients atteints de
maladies cardiovasculaires, notamment ceux ayant des antécédents d’accident vasculaire
cérébral (83, 84).

8. Maladies respiratoires chroniques

8.1    Les maladies respiratoires chroniques sont une des principales MNT, responsables de
8 % des décès liés aux MNT en 2012 (85). La plupart des décès sont dus à deux des principales
maladies respiratoires, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et l’asthme,
et se produisent principalement dans des pays à revenu faible ou intermédiaire (86, 87). Les
principaux facteurs de risque des maladies respiratoires chroniques sont l’exposition à la
pollution de l’air et le tabagisme (88).

8.2    L’OMS considère tous les patients atteints de maladies respiratoires chroniques comme
particulièrement vulnérables à la COVID-19 (4). Étant donné que de nombreux virus respiratoires
aggravent l’état des patients atteints de maladies respiratoires chroniques (89), toutes les
personnes concernées devraient être extrêmement prudentes vis-à-vis du SARS-CoV-2. Une
méta-analyse de 15 études a montré que les patients atteints de BPCO étaient plus exposés à une
forme grave de la maladie à COVID-19 (risque relatif, 1,88 ; IC de 95 %, 1,4–2,4) et que le taux de
mortalité était plus élevé chez eux que chez ceux qui ne souffraient pas de cette pathologie (5).

                                                   10
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       Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles

S’il a été démontré que les patients                          68 % des personnes décédées de la COVID-19 à l’hôpital
atteints de BPCO sont vulnérables               Italie        souffraient d’hypertension, et 31 % de diabète de type 2.
à la COVID-19, la manière dont la                             En mars 2020, les établissements de santé en zone rurale ont
maladie interagit avec d’autres                 Inde          enregistré 30 % d’urgences cardiaques de moins qu’en mars
                                                              2019.
maladies respiratoires chroniques
                                                Pays-Bas      Le nombre de nouveaux diagnostics de cancer a diminué
reste à déterminer.                                           de 25 % du fait du confinement.

8.3    La vulnérabilité des patients     Espagne
                                                   43 % des patients atteints d’une maladie à COVID-19 grave
                                                   souffraient de maladies cardiovasculaires.
asthmatiques à la COVID-19 n’est
actuellement pas connue. Une vaste                 75 % des pays participants ont signalé une perturbation complète
                                         Au niveau ou partielle des services de prise en charge des MNT, notamment
étude de cohorte observationnelle        mondial   des services de réadaptation, de soins aux asthmatiques, de
(20 133 cas de COVID-19) a montré                  traitement du cancer et d’urgence cardiovasculaire.
que les personnes asthmatiques
ne présentaient pas un risque Évaluation rapide de la prestation des services pour les MNT (108)
accru de mortalité mais étaient
surreprésentées parmi les patients hospitalisés pour une COVID-19 (90). Une autre grande
étude (17,4 millions d’adultes) a révélé que l’asthme est un facteur de risque de mortalité
(rapport de risques, 1,25 ; IC de 95 %, 1,08–1,44) (72). Selon une troisième étude, les patients
asthmatiques (dont 72 314 cas de COVID-19) ne présentaient pas de risque accru d’infection,
de forme grave de la maladie ou de mortalité (91). Une étude a même conclu que les patients
souffrant d’asthme allergique présentaient un risque plus faible d’infection et de forme grave de
la maladie (92). La différence dans les résultats peut être due à une stratification insuffisante
des patients quant au type, à la prise en charge et au traitement de l’asthme (93). D’autres
études sont nécessaires pour mieux comprendre la relation entre la COVID-19 et l’asthme.

8.4      Les informations sur la vulnérabilité à la COVID-19 des personnes souffrant d’autres
maladies pulmonaires chroniques, telles que la mucoviscidose, la bronchiectasie et les maladies
pulmonaires interstitielles, sont trop insuffisantes pour servir de base à des estimations des
risques. Néanmoins, deux grandes études ont montré que les « maladies respiratoires non
asthmatiques » (dont la BPCO) étaient un facteur de risque de mortalité pour la COVID-19 (72,
91). L’inflammation et la cicatrisation des tissus pulmonaires résultant d’une maladie chronique
augmentent la vulnérabilité à plusieurs virus respiratoires ; cependant, tous les virus n’affectent
pas de la même manière les patients atteints de maladies pulmonaires chroniques (94).
Il est important de noter que les symptômes courants de la COVID-19 sont similaires à ceux
de nombreuses maladies respiratoires chroniques, ce qui peut retarder ou compromettre le
diagnostic de la maladie à COVID-19 chez les patients atteints d’autres maladies. La similitude
des symptômes peut avoir de graves conséquences pour les personnes concernées et peut
potentiellement fausser les études. C’est pourquoi il convient de continuer à effectuer des
bilans de santé réguliers pour les patients atteints de maladies pulmonaires chroniques et de
mener des études complémentaires pour mieux comprendre les interactions entre l’infection
par le SARS-CoV-2 et les diverses maladies respiratoires chroniques.

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9. Cancer

9.1    Le cancer est la deuxième cause de décès dans le monde, à l’origine de quelque 10
millions de décès en 2018, la plupart dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Environ
un tiers des décès par cancer peut être imputable à des facteurs de risque évitables tels
que le surpoids, l’obésité, une mauvaise alimentation, l’inactivité physique, le tabagisme et la
consommation d’alcool (95).

9.2    Il a été établi que le cancer est un facteur de risque de contracter la maladie à
COVID-19, notamment sous une forme grave et potentiellement mortelle. Une probabilité
accrue d’infection par le SARS-CoV-2 peut s’expliquer par une interférence maligne avec la
fonction immunitaire ou par un dérèglement physiologique (96). Les personnes atteintes
d’un cancer seraient également plus susceptibles de présenter des symptômes graves ou de
décéder de la COVID-19 (72). Les patients particulièrement à risque sont ceux qui présentent
des hémopathies malignes existantes ou récentes, une maladie métastatique avancée ou une
immunosuppression profonde, par exemple les patients qui suivent une chimiothérapie active
ou ceux qui ont subi une greffe de moelle osseuse ou une intervention chirurgicale (97, 98).

9.3    Les personnes atteintes de malignités sont plus vulnérables à la COVID-19. Il a été
démontré que les personnes ayant des antécédents de cancer sont surreprésentées non
seulement parmi les personnes séropositives au SRAS-CoV-2 en général mais aussi parmi celles
qui voient leur maladie évoluer vers une forme grave (99). Une étude multicentrique menée en
Chine a montré que les patients atteints de cancer ont une probabilité accrue de contracter
une COVID-19 grave (RC, 3,61 ; IC de 95 %, 2,59–5,04) (100). En outre, une analyse fondée sur
l’appariement des coefficients de propension normalisant l’âge du patient a établi que des
antécédents de cancer augmentaient le risque de décès causé par la COVID-19 (RC, 2,98 ; IC
de 95 %, 1,76–5,06) (101). De la même manière, une étude portant sur 17,4 millions d’adultes
au Royaume-Uni a révélé que des antécédents de cancer non hématologique diagnostiqué il y
a moins d’un an constituaient un facteur de risque indépendant de mortalité pour la COVID-19,
même après ajustement visant à tenir compte de l’âge, du sexe et d’autres comorbidités des
patients (rapport de risques, 1,25 ; IC de 95 %, 1,29–1,89) (72).

9.4    Des données supplémentaires sont nécessaires pour comprendre le lien exact entre
cancer et vulnérabilité à la COVID-19. Plusieurs des études sur le cancer et la COVID-19
présentent des insuffisances non négligeables. Ainsi, dans la mesure où les études suggèrent
que la mortalité due à la COVID-19 est importante chez les patients atteints d’un cancer à
un stade avancé, la probabilité accrue de décès pourrait être due à un état de santé général
intrinsèquement plus mauvais des patients plutôt qu’aux effets spécifiques de la COVID-19
(98, 102).

Perturbation des services de prévention et de traitement des MNT due à la
pandémie

10.1 En plus des personnes vivant avec des MNT, les services de prévention et de traitement
des MNT sont eux aussi touchés par la pandémie. Les contraintes relatives aux déplacements
et les mesures de confinement limitent l’accès aux services de prévention, aux traitements
hospitaliers et aux médicaments délivrés sur ordonnance (103).

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10.2 Les systèmes de santé du monde entier sont confrontés à une demande croissante
de soins destinés aux personnes atteintes de la COVID-19, demande amplifiée par la peur, la
stigmatisation, la désinformation et les restrictions de déplacement qui perturbent la prestation
des soins pour l’ensemble des maladies. Lorsque les systèmes de santé sont débordés et que
les personnes ne peuvent pas accéder aux soins dont elles ont besoin, la mortalité directe
due à l’épidémie ainsi que la mortalité indirecte due à des affections évitables et traitables
augmentent considérablement (104–106). Les systèmes étant de plus en plus sollicités et les
agents santé eux-mêmes de plus en plus touchés par le virus de la COVID-19, les pays et le
personnel de santé ont dû prendre des décisions difficiles pour trouver un équilibre entre les
exigences d’une réponse directe à la pandémie de COVID-19 et le maintien de la prestation
d’autres services de santé essentiels. La mise en place d’un parcours sûr et efficace pour
les patients (avec dépistage de la COVID-19, tri des patients et orientation ciblée) est d’une
importance cruciale à tous les niveaux. De nombreux services courants et non urgents ont
été suspendus et les méthodes de prestation sont en train d’être adaptées en fonction de
l’évolution de la pandémie et de l’évolution de l’analyse du rapport risque-bénéfice de toute
activité donnée (107, 108).

Évaluation rapide de la prestation des services pour les MNT

10.3 Entre le 15 mai 2020 et le 29 juillet 2020, l’OMS a procédé à une évaluation rapide de
la continuité des services de santé essentiels pendant la pandémie de COVID-19 (109). Les
réponses de 105 États Membres (de 5 régions) ont montré que plus de la moitié d’entre eux
ont limité ou suspendu les services de consultations externes et les services communautaires.
Au niveau mondial, les services de diagnostic et de traitement des MNT figuraient parmi les
cinq services les plus fréquemment interrompus. Plus de la moitié des pays a signalé des
interruptions dans les domaines des services liés au diagnostic et au traitement des MNT, des
troubles mentaux et du cancer.

Les principales raisons des perturbations de la prestation et de l’utilisation des services de
santé essentiels étaient les suivantes:

 • une diminution du volume des consultations externes en raison de patients qui ne se
   présentent pas à leur rendez-vous ;
 • une diminution du volume des patients hospitalisés en raison de l’annulation de soins non
   urgents ;
 • une réaffectation du personnel clinique nécessaire à la lutte contre la COVID-19 ;
 • un accès limité en raison des mesures de restrictions prises par le gouvernement affectant
   les transports publics ;
 • un manque d’équipements de protection individuelle pour les prestataires de soins de
   santé ; et
 • la fermeture de services, tels que les programmes de dépistage au sein de la population et
   les services de consultations externes

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10.4 Dans la Région Afrique de l’OMS, les perturbations les plus souvent signalées
concernaient les services de vaccination sur le terrain, le planning familial, la contraception et
les soins prénataux. Dans la Région Méditerranée orientale, les services de réadaptation et de
soins palliatifs ont été perturbés dans tous les pays. En Europe, les services de réadaptation,
de diagnostic et de traitement des MNT et de planification familiale ont été les services les
plus souvent interrompus. Dans la Région Asie du Sud-Est, les services les plus souvent
interrompus étaient les services de diagnostic et de traitement des MNT, tandis que dans la
Région Pacifique occidental, les services de vaccination sur le terrain ne fonctionnaient pas
ou fonctionnaient à capacité limitée. À l’échelle mondiale, les services de diagnostic et de
traitement des MNT figurent parmi les cinq services les plus fréquemment interrompus (109).

10.5 Avant la pandémie, la plupart des communautés dans le monde, et en particulier dans
de nombreuses zones de crise humanitaire ou de conflit, ne bénéficiaient déjà que d’un accès
limité à un diagnostic et à des soins de bonne qualité et financièrement abordables pour
les MNT (107). Parce que la pandémie de COVID-19 a perturbé les services, cet accès est
actuellement encore plus réduit.

Évaluation rapide de la continuité des services de santé essentiels

10.6 Entre le 1er et le 25 mai 2020, l’OMS a mené une enquête portant sur l’évaluation rapide
de la prestation des services pour les MNT pendant la pandémie COVID-19 auprès de 194
ministères de la santé (107). Des réponses ont été reçues de 163 ministères (84 %).

 • 122 des 163 pays (75 %) ont signalé une perturbation des services consacrés aux MNT.
 • Il y a une corrélation entre le degré de perturbation des services de traitement des MNT et
   l’évolution de l’épidémie de COVID-19 dans le pays. Ainsi, la proportion des pays enregistrant
   une perturbation des services de prise en charge de l’hypertension était de 39 % lors de cas
   sporadiques, de 57 % lors d’une transmission débouchant sur des clusters et de 66 % lors
   d’une transmission communautaire du coronavirus.
 • Les raisons les plus fréquentes de l’interruption ou de la réduction des services sont les
   annulations des traitements prévus, la diminution des moyens de transport public et le
   manque de personnel parce que les soignants ont été mobilisés en renfort des services
   s’occupant de la COVID-19. Dans un pays sur cinq (20 %) signalant des perturbations, l’une
   des principales raisons de l’interruption des services est le manque de médicaments, de
   produits de diagnostic et d’autres technologies. Dans la plupart des pays, cependant, des
   stratégies de remplacement avaient été mises en place pour que les personnes les plus à
   risque de contracter la COVID-19 continuent à être soignées contre les MNT.
 • Une interruption des programmes de dépistage au niveau de la population (pour le cancer
   du sein et du col de l’utérus, par exemple) a été signalée par 46 % des pays, évolution
   conforme aux recommandations initiales de l’OMS. Cette mesure est conforme aux
   recommandations initiales de l’OMS, qui préconisait de réduire au maximum les soins non
   urgents en établissement pour pouvoir faire face à la pandémie.

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• La télémédecine et le tri des patients ont été les stratégies d’atténuation les plus souvent
  utilisées pour surmonter les perturbations. Parmi les pays faisant état de perturbations
  des services, 58 % ont maintenant recours à la télémédecine (avis par téléphone ou en
  ligne) pour remplacer les consultations en personne ; pour les pays à revenu faible, ce
  chiffre est de 42 %.
• Dix-sept pour cent des pays déclarants ont commencé à débloquer davantage de crédits
  publics pour faire figurer la prestation de services MNT dans leur plan national contre la
  COVID-19.
• Soixante-six pour cent des pays ont inclus la continuité des services MNT dans les plans
  nationaux contre la COVID-19. La plupart des pays ayant intégré les services MNT dans
  leur plan national contre la COVID-19 ont donné la priorité aux services portant sur les
  quatre principales MNT, à savoir le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies
  respiratoires chroniques et le diabète.

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