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Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles
WHO/2019-nCoV/Non-communicable_diseases/Evidence/2020.1 © Organisation mondiale de la Santé et Programme des Nations Unies pour le développement, 2020 Certains droits réservés. La présente œuvre est disponible sous la licence Creative Commons Attribution – Pas d’utilisation commerciale – Partage dans les mêmes conditions 3.0 IGO (CC BY-NC-SA 3.0 IGO ; https:// creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/igo/deed.fr). Aux termes de cette licence, vous pouvez copier, distribuer et adapter l’œuvre à des fins non commerciales, pour autant que l’œuvre soit citée de manière appropriée, comme il est indiqué ci-dessous. Dans l’utilisation qui sera faite de l’œuvre, quelle qu’elle soit, il ne devra pas être suggéré que l’OMS ou le PNUD approuvent une organisation, des produits ou des services particuliers. L’utilisation du nom ou du logo de l’OMS ou du PNUD sans autorisation est interdite. Si vous adaptez cette œuvre, vous êtes tenu de diffuser toute nouvelle œuvre sous la même licence Creative Commons ou sous une licence équivalente. Si vous traduisez cette œuvre, il vous est demandé d’ajouter la clause de non-responsabilité suivante à la citation suggérée : « La présente traduction n’a pas été établie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ou le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ni l’OMS ni le PNUD ne sauraient être tenus pour responsables du contenu ou de l’exactitude de la présente traduction. L’édition originale anglaise est l’édition authentique qui fait foi ». Toute médiation relative à un différend survenu dans le cadre de la licence sera menée conformément au Règlement de médiation de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (http://www.wipo.int/amc/en/ mediation/rules). Citation suggérée. Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID 19 : Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles [Responding to noncommunicable diseases during and beyond the COVID-19 pandemic: State of the evidence on COVID-19 and noncommunicable diseases – a rapid review]. Genève : Organisation mondiale de la Santé et Programme des Nations Unies pour le développement, 2020 (WHO/2019-nCoV/Noncommunicable_diseases/Evidence/2020.1). Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO. Catalogage à la source. Disponible à l’adresse http://apps.who.int/iris. Ventes, droits et licences. Pour acheter les publications de l’OMS, voir http://apps.who.int/bookorders. Pour soumettre des demandes et des questions sur les droits et tout autre accord de licence, voir http://www.who.int/ about/licensing. Matériel attribué à des tiers. Si vous souhaitez réutiliser du matériel figurant dans la présente œuvre qui est attribué à un tiers, tel que des tableaux, figures ou images, il vous appartient de déterminer si une permission doit être obtenue pour un tel usage et d’obtenir cette permission du titulaire du droit d’auteur. L’utilisateur s’expose seul au risque de plaintes résultant d’une infraction au droit d’auteur dont est titulaire un tiers sur un élément de la présente œuvre. Clause générale de non-responsabilité. Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’OMS ou du PNUD aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les traits discontinus formés d’une succession de points ou de tirets sur les cartes représentent des frontières approximatives dont le tracé peut ne pas avoir fait l’objet d’un accord définitif. La mention de firmes et de produits commerciaux ne signifie pas que ces firmes et ces produits commerciaux sont agréés ou recommandés par l’OMS ou le PNUD, de préférence à d’autres de nature analogue. Sauf erreur ou omission, une majuscule initiale indique qu’il s’agit d’un nom déposé. L’OMS et le PNUD ont pris toutes les précautions raisonnables pour vérifier les informations contenues dans la présente publication. Toutefois, le matériel publié est diffusé sans aucune garantie, expresse ou implicite. La responsabilité de l’interprétation et de l’utilisation dudit matériel incombe au lecteur. En aucun cas, l’OMS ou le PNUD ne sauraient être tenus pour responsables des préjudices subis du fait de son utilisation. Conception graphique : Zsuzsanna Schreck Images de couverture et de troisième de couverture: © CDC
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles Résumé Le présent document fournit un premier examen des informations récentes (en date du 2 juillet 2020) sur les liens entre la COVID-19, les MNT et les facteurs de risque des MNT. Les articles évalués par les pairs ont été extraits des bases de données NCBI PubMed, PMC et Google Scholar. L’examen démontre que les personnes vivant avec des MNT sont plus exposées au risque de maladie grave et de décès liés à la COVID-19, et que les données permettant d’estimer le risque sont limitées. Nous présentons également les résultats de deux enquêtes de l’OMS confirmant de graves perturbations dans les services de prévention et de traitement des MNT depuis le début de la pandémie. Buts et objectifs Entreprendre un premier examen des études sur les liens entre la COVID-19, les MNT et les facteurs de risque des MNT. Méthodes Recherche. Une recherche d’articles dans NCBI PubMed, PMC et Google Scholar a été effectuée entre le 18 mai et le 1er juillet 2020 en utilisant les mots clés « COVID-19 », « coronavirus » et « SARS-CoV-2 » en association avec l’un des termes suivants : « pollution (de l’air) “, « asthme », « cancer », « maladie cardiovasculaire », « bronchopneumopathie chronique obstructive », « maladie respiratoire chronique », « diabète », « alimentation », « maladie cardiaque », « hypertension », « MNT », « maladie non transmissible », « obésité », « surpoids », « activité physique », « inactivité physique », « tabagisme », « fumeurs », « tabac » et « vapotage ». Aucun filtre linguistique n’a été appliqué au cours de la recherche. Les références dans les articles inclus ont été examinées afin de fournir des informations exactes. Sélection des études. Les publications relatives aux études qui ont évalué le risque d’hospitalisation, de maladie grave ou critique ou de décès associés aux MNT ou facteurs de risque des MNT et à la COVID-19 ont été incluses. Seules les publications évaluées par les pairs ont été prises en compte. Les publications mentionnaient des études cas-témoins, transversales et descriptives, des essais contrôlés randomisés et non randomisés, des examens systématiques et des méta-analyses. Les informations sur la continuité des services de santé pendant la pandémie de COVID-19 (voir ci-dessous) ont été obtenues à partir de deux enquêtes menées par l’OMS en 2020. Limites Le présent document n’est pas un examen systématique mais plutôt une première synthèse des données probantes récentes, qui ne cessent d’émerger.1 Des estimations de risque significatives ne sont toujours pas disponibles pour de nombreuses MNT et facteurs de risque des MNT. La plupart des publications spécialisées proviennent de pays à revenu élevé ou intermédiaire de la tranche supérieure, et toute extrapolation des résultats aux pays à revenu faible ou intermédiaire devra se faire avec les plus grandes précautions. Les facteurs susceptibles d’influencer les résultats concernant la COVID-19 autres que les MNT (âge, sexe, ethnicité, santé mentale) ne sont pas abordés dans cet examen. 1 L’OMS recueille les toutes dernières découvertes et connaissances scientifiques internationales sur la COVID-19 (1). La base de données, ainsi que d’autres ressources sur la COVID-19, représente une source multilingue très complète de la littérature actuelle sur le sujet. 3
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles Facteurs de risque 1. Tabagisme 1.1 Le tabac est l’une des principales causes de mortalité prématurée, responsable de la mort de plus de huit millions de personnes par an dans le monde ; sept millions de décès sont dus à la consommation directe de tabac et 1,2 million au tabagisme passif (2). Le tabagisme augmente le risque de développer plusieurs maladies non transmissibles, telles que les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires chroniques, le diabète et le cancer (3). Les personnes vivant avec des maladies non transmissibles préexistantes, notamment celles causées par le tabagisme, sont plus vulnérables à des maladies graves si elles sont touchées par la COVID-19 (4). 1.2 Selon les conclusions d’un examen des données probantes mené par l’OMS jusqu’au 12 mai 2020, le tabagisme est associé à une plus grande gravité de la maladie et à un plus grand nombre de décès chez les patients hospitalisés pour une COVID-19. Bien que cela soit probablement lié à la gravité de la pathologie (5–7), des éléments de preuve apparaissent à ce jour qui montrent que les fumeurs pourraient courir un risque plus élevé d’être hospitalisés en cas de COVID-19 (8–10). Plus généralement, le tabagisme est préjudiciable au système immunitaire (respiratoire) et accroît la vulnérabilité à des maladies infectieuses respiratoires, notamment le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (11–13). Des études sérieuses auprès de populations sont, toutefois, nécessaires pour en savoir plus sur l’hospitalisation, la gravité de la COVID-19, et le risque d’infection par le SARS-CoV-22 chez les fumeurs (14). 1.3 La cigarette et d’autres formes de tabagisme comme les pipes à eau et le tabac sans fumée, ainsi que les cigarettes électroniques, peuvent augmenter le risque de COVID-19, par exemple par contact main-bouche (14). 2 Le terme « SRAS-CoV-2 » désigne le nouveau coronavirus, le terme le terme « COVID-19 » désigne la maladie associée au SRAS-CoV-2. 4
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles 2. Usage nocif de l’alcool 2.1 L’usage nocif de l’alcool a des effets néfastes sur la santé physique et mentale et constitue l’un des principaux facteurs de risque de morbidité, d’incapacités et de mortalité dans le monde. Il est lié à plus de 200 codes de maladies et de traumatismes répertoriés dans la Classification internationale des maladies (10e révision), notamment des maladies non transmissibles telles que le cancer, les accidents vasculaires cérébraux et l’hypertension (15). 2.2 À ce jour, peu d’études ont été réalisées pour quantifier l’effet de la consommation d’alcool sur la vulnérabilité à la COVID-19. La consommation d’alcool est néanmoins associée à des risques importants pour la santé et peut entraîner le développement de troubles liés à l’usage de substances et d’autres problèmes de santé dus à l’intoxication par l’alcool, la toxicité ou d’autres effets à long terme. L’usage nocif de l’alcool et d’autres substances psychoactives entraîne un certain nombre d’effets néfastes pour la santé, notamment l’affaiblissement de la fonction immunitaire, qui réduit la capacité de l’organisme à combattre l’infection par le SRAS-CoV-2. Une seule occasion de forte consommation d’alcool suffit pour provoquer des effets négatifs mesurables sur les réponses immunitaires innées et adaptatives (16). L’usage nocif de l’alcool augmente également le risque de maladies associées à une COVID-19 grave (16–19). Les données probantes scientifiques contredisent l’idée selon laquelle l’alcool peut protéger contre la COVID-19 (20). 2.3 La consommation d’alcool non seulement perturbe les fonctions physiologiques et immunitaires générales mais peut aussi avoir d’autres effets négatifs pendant la pandémie de COVID-19 (21). Des comportements mauvais pour la santé, tels que l’usage nocif de l’alcool, peuvent être plus fréquents au cours de périodes difficiles, par exemple lorsqu’on souhaite combattre le stress ou l’anxiété ou bien occuper son temps en période d’auto-isolement (22). L’usage nocif de l’alcool affecte le bien-être psychologique et peut altérer la capacité de jugement, la maîtrise de soi, la coordination motrice et le temps de réaction. Par voie de conséquence, le risque de blessures et de violences est plus élevé, notamment la violence exercée par un partenaire intime, qui est exacerbée par la pandémie (23, 24). En outre, l’usage nocif de l’alcool nuit à la capacité des personnes à prendre des précautions pour se protéger contre l’infection, en se lavant correctement les mains par exemple, et peut réduire l’efficacité des mesures de protection contre la COVID-19 en perturbant le respect des cadres de réglementation et de traitement (25). 2.4 Les personnes souffrant de troubles liés à la consommation d’alcool peuvent être plus vulnérables à la COVID-19 (26) et être particulièrement exposées au risque de contracter toutes sortes d’infections en raison des facteurs de risque associés à la consommation d’alcool, tels que le partage d’objets (bouteilles et autres contenants, articles de table), les rassemblements, la pauvreté, le chômage, la détérioration de la santé physique, et le risque plus 5
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles grand d’arrestation ou d’incarcération. Dans les contextes de crise humanitaire mondiale, les personnes souffrant de troubles liés à l’usage de substances sont souvent déjà marginalisées et peuvent ne pas disposer de solutions de traitement appropriées. Lors d’une pandémie, ces populations peuvent être particulièrement vulnérables et négligées et doivent donc être prises en compte dans les interventions en matière de santé mentale et de soutien psychosocial. 3. Inactivité physique 3.1 L’inactivité physique est l’un des principaux facteurs de risque favorisant l’apparition de maladies non transmissibles, tandis qu’une activité physique régulière contribue à prévenir les facteurs de risque tels que l’hypertension, le surpoids et l’obésité, protège contre les MNT et joue un rôle important dans l’amélioration de la santé mentale (27, 28). 3.2 L’inactivité physique peut influer indirectement sur la progression de la maladie à COVID-19. Une étude à grande échelle des facteurs de risque comportementaux relatifs à la COVID-19 suggère que l’inactivité physique est un facteur de risque d’hospitalisation lié à la maladie (9). L’inactivité physique est associée à l’obésité, un facteur de risque métabolique pour la maladie à COVID-19 grave (29, 30). En revanche, l’activité physique peut stimuler la fonction immunitaire et réduire l’inflammation et présente également divers avantages physiologiques et psychologiques, notamment la réduction du stress et de l’anxiété (28, 31, 32). Le manque d’activité physique et la sédentarité, notamment au travail, sont exacerbés par les confinements et les restrictions sur les voyages mises en place en raison de la pandémie, ce qui augmente le risque associé d’obésité ou de MNT (33, 34). Par conséquent, le maintien d’une activité physique régulière est particulièrement important pendant la pandémie et si l’on est confiné à son domicile (35). 4. Malnutrition et mauvaise alimentation 4.1 À l’échelle mondiale, la malnutrition sous toutes ses formes (notamment la dénutrition, la carence en micronutriments, le surpoids et l’obésité) est une cause majeure de morbidité et de mortalité due à des MNT (36). La malnutrition tout au long de la vie accroît le risque de MNT: la dénutrition et l’obésité chez l’enfant sont toutes deux associées à une probabilité accrue d’obésité et d’apparition de MNT à l’âge adulte (37). 4.2 Le surpoids et l’obésité comptent parmi les comorbidités les plus courantes chez les patients hospitalisés pour COVID-19 et ont été associés à des risques plus élevés de conséquences néfastes pour la santé (30, 38). Une probabilité plus élevée de contracter une COVID-19 grave est conforme aux conclusions déjà formulées selon lesquelles l’obésité est pro-inflammatoire, altère les réponses immunitaires face à une infection virale, induit diabète et stress oxydatif et entrave la fois la fonction cardiovasculaire et respiratoire (39, 40). S’il est 6
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles clair que les patients obèses sont plus vulnérables à la COVID-19 (41), la taille insuffisante des études et le manque de documentation détaillée sur les indices de masse corporelle des patients empêchent actuellement des analyses statistiquement solides permettant d’estimer les risques associés avec précision (42–45). 4.3 L’obésité a été jugée comme un facteur de risque de COVID-19 grave dans plusieurs études (44, 46). Premièrement, l’obésité est l’une des affections préexistantes les plus répandues chez les patients hospitalisés aux États-Unis d’Amérique (38, 47). Deuxièmement, les hommes obèses étaient plus susceptibles de développer une pneumonie grave que les patients de poids normal (rapport de cotes [RC], 5,7 ; intervalle de confiance [IC] de 95 %, 1,8–17,8) (29). Troisièmement, dans une étude portant sur 124 patients admis dans des unités de soins intensifs, la gravité de la maladie augmentait avec l’indice de masse corporelle, même après ajustement pour tenir compte de facteurs de confusion potentiels tels que l’âge, le diabète et l’hypertension. Le risque de COVID-19 grave était nettement plus élevé dans le groupe des patients très fortement obèses (indice de masse corporelle > 35) (RC, 7,36 ; IC de 95 %, 1,63–33,14) (30). Une étude nationale portant sur 177 000 personnes au Mexique a établi que l’obésité était un facteur de risque à la fois pour l’admission en soins intensifs et pour la mortalité due à la COVID-19 (rapport de risque, 1,25 ; IC de 95 %, 1,17–1,34) (48). Le surpoids a également été associé à des conséquences néfastes pour la COVID-19. Une étude portant sur 112 patients en soins intensifs a démontré que le pourcentage de patients en surpoids (indice de masse corporelle ≥ 25) était beaucoup plus élevé chez les non-survivants (88 % en surpoids) que chez les survivants (19 % en surpoids) (49). 4.4 Une mauvaise alimentation, notamment trop salée ou trop sucrée, ne comportant que peu de fruits et de légumes, de noix et de graines, de céréales complètes et d’acides gras oméga 3 provenant de poissons et de fruits de mer, provoque l’apparition de MNT (50). Bien que les données empiriques soient encore limitées, de nombreux indicateurs révèlent un impact négatif de la pandémie de COVID-19 sur les habitudes alimentaires, augmentant ainsi le risque de MNT à long terme. À titre d’exemple, nous mentionnerons la tendance constatée à stocker des aliments transformés de longue conservation, ce qui peut entraîner une surconsommation; les pertes d’emplois et les difficultés financières à grande échelle, qui limitent l’achat d’aliments sûrs, variés et nutritifs permettant une alimentation saine ; et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ou les mesures de confinement qui affectent l’accessibilité à des denrées périssables nutritives (notamment les fruits, les légumes et le poisson frais) (51). Une enquête menée en Italie auprès d’adultes soumis à un confinement a révélé une augmentation de la consommation d’aliments nutritifs mais aussi de sucreries, et une prise de poids depuis le confinement pour 49 % des personnes interrogées (52). Une enquête au Portugal indique que la détérioration des habitudes alimentaires pendant la COVID-19 est plus fréquente dans les communautés à faible niveau socio-économique, avec une augmentation de la consommation d’en-cas, de plats préparés, de boissons sucrées et de plats à emporter (53), tandis que les groupes à niveau socio-économique élevé s’alimentent mieux, avec une augmentation de la consommation de fruits, de légumes et d’autres aliments riches en nutriments. Cela semble indiquer que la COVID-19 est susceptible d’accroître les inégalités socio-économiques en matière de qualité de l’alimentation. 7
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles 4.5 Une bonne nutrition renforce le système immunitaire. Par exemple, les fruits et légumes fournissent des vitamines et des minéraux, et les graisses bénéfiques à la santé contenues dans les olives ou les graines sont riches en acides gras insaturés, qui sont nécessaires au bon fonctionnement de la réponse immunitaire (54). En revanche, une alimentation riche en graisses saturées, en sucres et en sel prédispose à l’obésité, au diabète, à l’hypertension et au cancer, maladies qui ont été associées à une forme de COVID-19 plus grave (voir les sections suivantes) (55, 56). En outre, le régime dit « occidental » (riche en graisses, sucres et glucides) entraîne une inflammation chronique et une réponse immunitaire réduite face aux infections virales (57). 5. Risques environnementaux 5.1 La pollution de l’air à l’intérieur des habitations et à l’extérieur est une cause majeure de mortalité pour les personnes atteintes de MNT. L’exposition à la pollution de l’air en général et à des niveaux élevés de particules en particulier a été associée principalement à l’apparition de cancers du poumon, de bronchopneumopathies chroniques obstructives et de maladies cardiovasculaires (58). 5.2 Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour faire la lumière sur les liens potentiels entre exposition à des concentrations plus élevées de polluants atmosphériques, exacerbation des symptômes chez les personnes souffrant de la COVID-19 et conséquences potentielles pour les personnes traitées (59). Les particules fines induisent une réponse inflammatoire et altèrent la fonction immunitaire (respiratoire), et l’on sait qu’une exposition à long terme à la pollution et l’inflammation qui en découle endommagent les poumons et le cœur et peut entraîner des comorbidités (60), ce qui peut réduire la capacité des personnes exposées à lutter contre le SRAS-CoV-2. 5.3 L’exposition à la pollution de l’air a probablement une incidence sur la mortalité due à la COVID-19, mais des études supplémentaires sont nécessaires à ce sujet. Plusieurs études dans lesquelles la mortalité due à la COVID-19 avait été associée à des niveaux de pollution de l’air n’ont été publiées que sous forme de prépublications non évaluées par des pairs et n’ont donc pas été incluses dans le présent document. Néanmoins, une étude de petite envergure menée au Royaume-Uni (61) a montré que le risque de décès augmentait avec l’exposition à court terme à des concentrations élevées de polluants (NO2 et PM2,5). Ces conclusions sont corroborées par celles d’une autre étude, dans laquelle la majorité des décès (78 % des 4443 décès) étudiés en Europe s’étaient produits dans cinq régions caractérisées par des niveaux de pollution élevés et des environnements géographiques empêchant la dispersion des polluants atmosphériques (62). Lors de l’épidémie de SRAS en 2002, la pollution de l’air a également été mise en corrélation avec les taux de mortalité (63). 5.4 La pollution de l’air à l’intérieur des habitations (due à l’utilisation de combustibles solides et de kérosène pour la cuisine, par exemple) et le tabagisme passif altèrent également les fonctions pulmonaires et immunitaires et augmentent probablement le risque d’effets nocifs pour la santé de la COVID-19 (64, 65). 8
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles Maladies 6. Diabète 6.1 Le diabète touche plus de 500 millions de personnes dans le monde, et sa prévalence ainsi que la mortalité prématurée dont il est à l’origine sont en forte augmentation. Le diabète est également une principale cause d’incapacité, de maladie cardiovasculaire et d’insuffisance rénale (66). 6.2 Les personnes atteintes de diabète courent un risque accru d’hospitalisation et d’événements indésirables après une infection par le SARS-CoV-2 (67–70). Un examen systématique d’études portant sur un total de 1382 patients a permis de conclure que les personnes diabétiques présentaient un risque accru d’admission en soins intensifs (RC, 2,79 ; IC de 95 %, 1,85–4,22) et de mortalité (RC, 3,21; IC de 95 %, 1,82–5,64) (69). Leur vulnérabilité plus élevée peut s’expliquer par la présence de comorbidités, notamment de maladies cardiovasculaires (67), et par une réponse immunitaire réduite face à l’infection (71). 6.3 Les personnes dont le diabète n’est pas contrôlé sont encore plus vulnérables à des conséquences néfastes après une infection par la maladie à COVID-19. Une vaste étude de cohorte portant sur 17 millions de patients au Royaume-Uni a indiqué que les personnes vivant avec un diabète non contrôlé avaient un risque plus élevé de décéder de la COVID-19 que les non-diabétiques ou les personnes avec un diabète contrôlé (72). Un risque accru était observable même après ajustement pour tenir compte de divers facteurs de confusion. Cette conclusion est confirmée par le lien bien documenté qui existe entre un mauvais contrôle de la glycémie et une altération de la fonction immunitaire (73). 6.4 La vulnérabilité importante des patients vivant avec un diabète non contrôlé est particulièrement préoccupante, car on estime que près de la moitié des cas de diabète chez l’adulte dans le monde n’est pas diagnostiquée (74). Il est impératif d’atteindre et de maintenir un contrôle de la glycémie pour tous les patients diabétiques, en particulier pendant la pandémie de COVID-19. L’accès limité des patients atteints d’un diabète diagnostiqué aux services de soins de santé et aux médicaments, l’instabilité économique, un apport alimentaire irrégulier et/ou une infection active par la COVID-19 compliquent, voire empêchent, un contrôle adéquat de la glycémie. Les personnes atteintes de diabète sont donc l’un des groupes les plus vulnérables face à la pandémie. 9
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles 7. Maladies cardiovasculaires 7.1 Les maladies cardiovasculaires, en particulier les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, sont la première cause de mortalité dans le monde. En 2016, on estime à 17,9 millions le nombre de décès imputables aux maladies cardiovasculaires, soit 31 % de la mortalité mondiale totale. La plupart des maladies cardiovasculaires sont évitables et sont associées à des facteurs de risque tels que le tabagisme, l’usage nocif de l’alcool, une mauvaise alimentation et l’inactivité physique (75). 7.2 Les maladies cardiovasculaires sont associées à un risque accru de COVID-19 grave et de mortalité. L’hypertension a été identifiée comme un facteur de risque conduisant à des conséquences plus graves après une infection par le SRAS-CoV-2 (7, 76). Une méta-analyse de 12 études indiquait que l’hypertension était un facteur de risque à la fois sur le plan de la gravité de la maladie (RC, 2,27 ; IC de 95 %, 1,80–2,86) et de la mortalité (RC, 3,48 ; IC de 95 %, 1,8–2,86) (77). En revanche, une vaste étude de cohorte portant sur 17 millions de citoyens britanniques n’a pas montré que l’hypertension était un facteur de risque de mortalité pour la COVID-19 après ajustement découlant de la prise en compte de plusieurs covariables (72). La prévalence de l’hypertension est très élevée au niveau mondial, avec un groupe important de personnes à risque. Bien que plusieurs hypothèses aient été avancées, le mécanisme par lequel les personnes souffrant d’hypertension deviennent plus vulnérables est encore obscur. Des études supplémentaires de grande envergure, randomisées et bien caractérisées sont nécessaires, en tenant compte des facteurs de confusion possibles, notamment l’âge et diverses affections morbides (78). 7.3 D’autres maladies cardiovasculaires, notamment l’insuffisance cardiaque, la coronaropathie et l’arythmie cardiaque, augmentent d’au moins deux fois les risques de décès dû à l’infection par le SARS-CoV-2 (72, 79–82). D’autres études et méta-analyses indiquent également des risques plus élevés de conséquences néfastes pour la santé chez les patients souffrant de lésions cardiaques, symptôme commun à de nombreux patients atteints de maladies cardiovasculaires, notamment ceux ayant des antécédents d’accident vasculaire cérébral (83, 84). 8. Maladies respiratoires chroniques 8.1 Les maladies respiratoires chroniques sont une des principales MNT, responsables de 8 % des décès liés aux MNT en 2012 (85). La plupart des décès sont dus à deux des principales maladies respiratoires, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et l’asthme, et se produisent principalement dans des pays à revenu faible ou intermédiaire (86, 87). Les principaux facteurs de risque des maladies respiratoires chroniques sont l’exposition à la pollution de l’air et le tabagisme (88). 8.2 L’OMS considère tous les patients atteints de maladies respiratoires chroniques comme particulièrement vulnérables à la COVID-19 (4). Étant donné que de nombreux virus respiratoires aggravent l’état des patients atteints de maladies respiratoires chroniques (89), toutes les personnes concernées devraient être extrêmement prudentes vis-à-vis du SARS-CoV-2. Une méta-analyse de 15 études a montré que les patients atteints de BPCO étaient plus exposés à une forme grave de la maladie à COVID-19 (risque relatif, 1,88 ; IC de 95 %, 1,4–2,4) et que le taux de mortalité était plus élevé chez eux que chez ceux qui ne souffraient pas de cette pathologie (5). 10
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles S’il a été démontré que les patients 68 % des personnes décédées de la COVID-19 à l’hôpital atteints de BPCO sont vulnérables Italie souffraient d’hypertension, et 31 % de diabète de type 2. à la COVID-19, la manière dont la En mars 2020, les établissements de santé en zone rurale ont maladie interagit avec d’autres Inde enregistré 30 % d’urgences cardiaques de moins qu’en mars 2019. maladies respiratoires chroniques Pays-Bas Le nombre de nouveaux diagnostics de cancer a diminué reste à déterminer. de 25 % du fait du confinement. 8.3 La vulnérabilité des patients Espagne 43 % des patients atteints d’une maladie à COVID-19 grave souffraient de maladies cardiovasculaires. asthmatiques à la COVID-19 n’est actuellement pas connue. Une vaste 75 % des pays participants ont signalé une perturbation complète Au niveau ou partielle des services de prise en charge des MNT, notamment étude de cohorte observationnelle mondial des services de réadaptation, de soins aux asthmatiques, de (20 133 cas de COVID-19) a montré traitement du cancer et d’urgence cardiovasculaire. que les personnes asthmatiques ne présentaient pas un risque Évaluation rapide de la prestation des services pour les MNT (108) accru de mortalité mais étaient surreprésentées parmi les patients hospitalisés pour une COVID-19 (90). Une autre grande étude (17,4 millions d’adultes) a révélé que l’asthme est un facteur de risque de mortalité (rapport de risques, 1,25 ; IC de 95 %, 1,08–1,44) (72). Selon une troisième étude, les patients asthmatiques (dont 72 314 cas de COVID-19) ne présentaient pas de risque accru d’infection, de forme grave de la maladie ou de mortalité (91). Une étude a même conclu que les patients souffrant d’asthme allergique présentaient un risque plus faible d’infection et de forme grave de la maladie (92). La différence dans les résultats peut être due à une stratification insuffisante des patients quant au type, à la prise en charge et au traitement de l’asthme (93). D’autres études sont nécessaires pour mieux comprendre la relation entre la COVID-19 et l’asthme. 8.4 Les informations sur la vulnérabilité à la COVID-19 des personnes souffrant d’autres maladies pulmonaires chroniques, telles que la mucoviscidose, la bronchiectasie et les maladies pulmonaires interstitielles, sont trop insuffisantes pour servir de base à des estimations des risques. Néanmoins, deux grandes études ont montré que les « maladies respiratoires non asthmatiques » (dont la BPCO) étaient un facteur de risque de mortalité pour la COVID-19 (72, 91). L’inflammation et la cicatrisation des tissus pulmonaires résultant d’une maladie chronique augmentent la vulnérabilité à plusieurs virus respiratoires ; cependant, tous les virus n’affectent pas de la même manière les patients atteints de maladies pulmonaires chroniques (94). Il est important de noter que les symptômes courants de la COVID-19 sont similaires à ceux de nombreuses maladies respiratoires chroniques, ce qui peut retarder ou compromettre le diagnostic de la maladie à COVID-19 chez les patients atteints d’autres maladies. La similitude des symptômes peut avoir de graves conséquences pour les personnes concernées et peut potentiellement fausser les études. C’est pourquoi il convient de continuer à effectuer des bilans de santé réguliers pour les patients atteints de maladies pulmonaires chroniques et de mener des études complémentaires pour mieux comprendre les interactions entre l’infection par le SARS-CoV-2 et les diverses maladies respiratoires chroniques. 11
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles 9. Cancer 9.1 Le cancer est la deuxième cause de décès dans le monde, à l’origine de quelque 10 millions de décès en 2018, la plupart dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Environ un tiers des décès par cancer peut être imputable à des facteurs de risque évitables tels que le surpoids, l’obésité, une mauvaise alimentation, l’inactivité physique, le tabagisme et la consommation d’alcool (95). 9.2 Il a été établi que le cancer est un facteur de risque de contracter la maladie à COVID-19, notamment sous une forme grave et potentiellement mortelle. Une probabilité accrue d’infection par le SARS-CoV-2 peut s’expliquer par une interférence maligne avec la fonction immunitaire ou par un dérèglement physiologique (96). Les personnes atteintes d’un cancer seraient également plus susceptibles de présenter des symptômes graves ou de décéder de la COVID-19 (72). Les patients particulièrement à risque sont ceux qui présentent des hémopathies malignes existantes ou récentes, une maladie métastatique avancée ou une immunosuppression profonde, par exemple les patients qui suivent une chimiothérapie active ou ceux qui ont subi une greffe de moelle osseuse ou une intervention chirurgicale (97, 98). 9.3 Les personnes atteintes de malignités sont plus vulnérables à la COVID-19. Il a été démontré que les personnes ayant des antécédents de cancer sont surreprésentées non seulement parmi les personnes séropositives au SRAS-CoV-2 en général mais aussi parmi celles qui voient leur maladie évoluer vers une forme grave (99). Une étude multicentrique menée en Chine a montré que les patients atteints de cancer ont une probabilité accrue de contracter une COVID-19 grave (RC, 3,61 ; IC de 95 %, 2,59–5,04) (100). En outre, une analyse fondée sur l’appariement des coefficients de propension normalisant l’âge du patient a établi que des antécédents de cancer augmentaient le risque de décès causé par la COVID-19 (RC, 2,98 ; IC de 95 %, 1,76–5,06) (101). De la même manière, une étude portant sur 17,4 millions d’adultes au Royaume-Uni a révélé que des antécédents de cancer non hématologique diagnostiqué il y a moins d’un an constituaient un facteur de risque indépendant de mortalité pour la COVID-19, même après ajustement visant à tenir compte de l’âge, du sexe et d’autres comorbidités des patients (rapport de risques, 1,25 ; IC de 95 %, 1,29–1,89) (72). 9.4 Des données supplémentaires sont nécessaires pour comprendre le lien exact entre cancer et vulnérabilité à la COVID-19. Plusieurs des études sur le cancer et la COVID-19 présentent des insuffisances non négligeables. Ainsi, dans la mesure où les études suggèrent que la mortalité due à la COVID-19 est importante chez les patients atteints d’un cancer à un stade avancé, la probabilité accrue de décès pourrait être due à un état de santé général intrinsèquement plus mauvais des patients plutôt qu’aux effets spécifiques de la COVID-19 (98, 102). Perturbation des services de prévention et de traitement des MNT due à la pandémie 10.1 En plus des personnes vivant avec des MNT, les services de prévention et de traitement des MNT sont eux aussi touchés par la pandémie. Les contraintes relatives aux déplacements et les mesures de confinement limitent l’accès aux services de prévention, aux traitements hospitaliers et aux médicaments délivrés sur ordonnance (103). 12
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles 10.2 Les systèmes de santé du monde entier sont confrontés à une demande croissante de soins destinés aux personnes atteintes de la COVID-19, demande amplifiée par la peur, la stigmatisation, la désinformation et les restrictions de déplacement qui perturbent la prestation des soins pour l’ensemble des maladies. Lorsque les systèmes de santé sont débordés et que les personnes ne peuvent pas accéder aux soins dont elles ont besoin, la mortalité directe due à l’épidémie ainsi que la mortalité indirecte due à des affections évitables et traitables augmentent considérablement (104–106). Les systèmes étant de plus en plus sollicités et les agents santé eux-mêmes de plus en plus touchés par le virus de la COVID-19, les pays et le personnel de santé ont dû prendre des décisions difficiles pour trouver un équilibre entre les exigences d’une réponse directe à la pandémie de COVID-19 et le maintien de la prestation d’autres services de santé essentiels. La mise en place d’un parcours sûr et efficace pour les patients (avec dépistage de la COVID-19, tri des patients et orientation ciblée) est d’une importance cruciale à tous les niveaux. De nombreux services courants et non urgents ont été suspendus et les méthodes de prestation sont en train d’être adaptées en fonction de l’évolution de la pandémie et de l’évolution de l’analyse du rapport risque-bénéfice de toute activité donnée (107, 108). Évaluation rapide de la prestation des services pour les MNT 10.3 Entre le 15 mai 2020 et le 29 juillet 2020, l’OMS a procédé à une évaluation rapide de la continuité des services de santé essentiels pendant la pandémie de COVID-19 (109). Les réponses de 105 États Membres (de 5 régions) ont montré que plus de la moitié d’entre eux ont limité ou suspendu les services de consultations externes et les services communautaires. Au niveau mondial, les services de diagnostic et de traitement des MNT figuraient parmi les cinq services les plus fréquemment interrompus. Plus de la moitié des pays a signalé des interruptions dans les domaines des services liés au diagnostic et au traitement des MNT, des troubles mentaux et du cancer. Les principales raisons des perturbations de la prestation et de l’utilisation des services de santé essentiels étaient les suivantes: • une diminution du volume des consultations externes en raison de patients qui ne se présentent pas à leur rendez-vous ; • une diminution du volume des patients hospitalisés en raison de l’annulation de soins non urgents ; • une réaffectation du personnel clinique nécessaire à la lutte contre la COVID-19 ; • un accès limité en raison des mesures de restrictions prises par le gouvernement affectant les transports publics ; • un manque d’équipements de protection individuelle pour les prestataires de soins de santé ; et • la fermeture de services, tels que les programmes de dépistage au sein de la population et les services de consultations externes 13
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles 10.4 Dans la Région Afrique de l’OMS, les perturbations les plus souvent signalées concernaient les services de vaccination sur le terrain, le planning familial, la contraception et les soins prénataux. Dans la Région Méditerranée orientale, les services de réadaptation et de soins palliatifs ont été perturbés dans tous les pays. En Europe, les services de réadaptation, de diagnostic et de traitement des MNT et de planification familiale ont été les services les plus souvent interrompus. Dans la Région Asie du Sud-Est, les services les plus souvent interrompus étaient les services de diagnostic et de traitement des MNT, tandis que dans la Région Pacifique occidental, les services de vaccination sur le terrain ne fonctionnaient pas ou fonctionnaient à capacité limitée. À l’échelle mondiale, les services de diagnostic et de traitement des MNT figurent parmi les cinq services les plus fréquemment interrompus (109). 10.5 Avant la pandémie, la plupart des communautés dans le monde, et en particulier dans de nombreuses zones de crise humanitaire ou de conflit, ne bénéficiaient déjà que d’un accès limité à un diagnostic et à des soins de bonne qualité et financièrement abordables pour les MNT (107). Parce que la pandémie de COVID-19 a perturbé les services, cet accès est actuellement encore plus réduit. Évaluation rapide de la continuité des services de santé essentiels 10.6 Entre le 1er et le 25 mai 2020, l’OMS a mené une enquête portant sur l’évaluation rapide de la prestation des services pour les MNT pendant la pandémie COVID-19 auprès de 194 ministères de la santé (107). Des réponses ont été reçues de 163 ministères (84 %). • 122 des 163 pays (75 %) ont signalé une perturbation des services consacrés aux MNT. • Il y a une corrélation entre le degré de perturbation des services de traitement des MNT et l’évolution de l’épidémie de COVID-19 dans le pays. Ainsi, la proportion des pays enregistrant une perturbation des services de prise en charge de l’hypertension était de 39 % lors de cas sporadiques, de 57 % lors d’une transmission débouchant sur des clusters et de 66 % lors d’une transmission communautaire du coronavirus. • Les raisons les plus fréquentes de l’interruption ou de la réduction des services sont les annulations des traitements prévus, la diminution des moyens de transport public et le manque de personnel parce que les soignants ont été mobilisés en renfort des services s’occupant de la COVID-19. Dans un pays sur cinq (20 %) signalant des perturbations, l’une des principales raisons de l’interruption des services est le manque de médicaments, de produits de diagnostic et d’autres technologies. Dans la plupart des pays, cependant, des stratégies de remplacement avaient été mises en place pour que les personnes les plus à risque de contracter la COVID-19 continuent à être soignées contre les MNT. • Une interruption des programmes de dépistage au niveau de la population (pour le cancer du sein et du col de l’utérus, par exemple) a été signalée par 46 % des pays, évolution conforme aux recommandations initiales de l’OMS. Cette mesure est conforme aux recommandations initiales de l’OMS, qui préconisait de réduire au maximum les soins non urgents en établissement pour pouvoir faire face à la pandémie. 14
Répondre aux maladies non transmissibles pendant et après la pandémie de COVID-19 Rapide tour d’horizon des données probantes sur la COVID 19 et les maladies non transmissibles • La télémédecine et le tri des patients ont été les stratégies d’atténuation les plus souvent utilisées pour surmonter les perturbations. Parmi les pays faisant état de perturbations des services, 58 % ont maintenant recours à la télémédecine (avis par téléphone ou en ligne) pour remplacer les consultations en personne ; pour les pays à revenu faible, ce chiffre est de 42 %. • Dix-sept pour cent des pays déclarants ont commencé à débloquer davantage de crédits publics pour faire figurer la prestation de services MNT dans leur plan national contre la COVID-19. • Soixante-six pour cent des pays ont inclus la continuité des services MNT dans les plans nationaux contre la COVID-19. La plupart des pays ayant intégré les services MNT dans leur plan national contre la COVID-19 ont donné la priorité aux services portant sur les quatre principales MNT, à savoir le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires chroniques et le diabète. 15
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