Stevenson Voyage avec - Le chemin de Stevenson
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C ATA LO G UE DE L’E XPOS IT ION Voyage avec Robert Louis Stevenson 1850 /189 4 Réalisé avec la participation du Parc National des Cévennes Illustration : J. Debiesse d’après une photo de la National Library of Scotland Trustees of the National Library of Scotland À la rencontre de l’écrivain aux multiples facettes et du voyageur épris d’aventure. Rebelle à la société bourgeoise, Robert Louis Stevenson Catalogue sut s’intéresser aux hommes, de l’exposition sans préjugés de races réalisée ou de conditions sociales. en septembre 2008 par l’association
Édito Partons en voyage avec Robert Louis Stevenson et laissons-nous guider, de mots en images, de citations en dessins, d’explications en photographies, épisodes d’une existence singulière et colorée. Attention, la rencontre risque d’être marquante, une de ces rencontres que l’on souhaite à chacun, une révélation qui entre en résonance avec une partie de soi. Stevenson l’Écossais, le Français, l’Américain, le Samoan, citoyen du monde. Stevenson l’écrivain, le voyageur, le malade, l’amoureux de Fanny, autant de visages au service d’une œuvre remarquable. Ce grand écrivain a cheminé accompagné de l’ânesse Modestine dans nos contrées reculées à l’automne 1878 et nous avons fêté le 130 e anniversaire de son passage. L’exposition que vous allez découvrir est l’un des cadeaux de cet anniversaire, le fruit de collaborations, de partages et de liens tissés. « Voyage avec Robert Louis Stevenson » est un hommage à ce personnage d’avant-garde, il nous a incité à mettre nos territoires en lumière. Ce témoignage s’est fait objet patrimonial pour s’offrir à tous. Sa vie fût courte, son existence intense. Bon voyage ! La Présidente, Anne Chrétien Nourry, et le bureau de l’association Sur le chemin de Robert Louis Stevenson Décembre 2008 Conférence de Michel Le Bris lors du passage de l’exposition à Florac, le 30 septembre 2008.
ésor au tr te chasse au tré sor érante chasse te itinéran fête itin o-fê rando- de voy carnet laire age rand voya ge sco … et de relais res sur prises carn ai re et aut scol s… relais rprise tres su et au Cette exposition a été réalisée par l’association Nous remercions Sur le chemin de Robert Louis Stevenson dans pour leur collaboration : le cadre du 130 e anniversaire du voyage de Stevenson en Cévennes. Michel Le Bris (écrivain, spécialiste de Stevenson) Trait d’union entre Haute-Loire, Ardèche, Daniel Travier Lozère et Gard, entre Auvergne et Languedoc, (conservateur du musée des Vallées le chemin qu’a ouvert Robert Louis Steven- cévenoles de Saint-Jean-du-Gard) son, en 1878, fait aujourd’hui partie des itiné- raires de Grande Randonnée les plus connus André Crémillieux (musée municipal (GR® 70 : 252 km du Puy-en-Velay à Alès). du Monastier-sur-Gazeille) Créée en 1994, l’association Sur le chemin Christel Gérardin de Robert Louis Stevenson a pour objectifs de (Parc national de Port-Cros) mettre en réseau les professionnels touristi- Ingrid Hoksbergen (Parc national des Cévennes) ques situés à proximité du chemin, de faire la Jim Jeffrey promotion de cet itinéraire et d’accompagner (Scottish Natural Heritage) les randonneurs dans la préparation de leur Sheila Mackensie aventure, tout en leur offrant une véritable (National Library of Scotland) rencontre culturelle. Rosemary Johnston (Robert Louis Stevenson Club Édimbourg) Richard Scherrer (Parc national des Cévennes) Le musée des Vallées Cévenoles (Saint-Jean-du-Gard) The National Library of Scotland (Édimbourg) The Scottish Natural Heritage (Édimbourg) L’association Artistes du bout du Monde (Grez-sur-Loing) Le Parc national de Port-Cros Le Club Cévenol La Médiathèque L’Oise aux livres (Étréaupont) Le Parc naturel régional de l’Avesnois The Writers Museum (Édimbourg) Ainsi que tous les financeurs qui ont permis la réalisation de cette exposition. Conception de l’exposition : Patricia Grime (l’Arbre à Pain) Maquette : Jacques Debiesse Impression des panneaux et du catalogue : Parc national des Cévennes
Trustees of the National Library of Scotland Margaret Balfour, descendante d’une famille Col. musée de St-Jean-du-Gard de juristes et de pasteurs, est d’une santé très délicate dont son fils a hérité : il souffrira toute sa vie d’emphysème pulmonaire. Thomas Stevenson, ingénieur excentrique, Dès 62, entre cures est constructeur et voyages, Robert Lewis de phares comme son père découvre l’Allemagne, et son grand-père. Robert Lewis et sa mère Margaret Balfour en 1854. le sud de l’Angleterre, la Riviera française Dès 1864, il emmène et l’Italie. dans ses tournées professionnelles, sur les côtes écossaises, ce fils qui doit lui succéder. 1 8 5 0/1 8 6 7 Robert Lewis Stevenson et son père Thomas Stevenson en 1865 Les jeunes The Beinecke Rare Book and Manuscript Library, Yale University années Je garde trois impressions fortes de mon enfance : mes souffrances quand j’étais malade, Robert Lewis Stevenson les délices de la convalescence est né le 13 novembre 1850 dans le presbytère de Colinton à Édimbourg, en Écosse, où habitait mon grand-père dans une famille presbytérienne. et l’activité prodigieuse Fils unique choyé et maladif, de mon esprit une fois il passe une grande partie que j’étais au lit le soir. de son enfance alité, fréquente R.L.S. - Mémoires de soi peu les établissements scolaires mais développe une grande imagination. Robert Lewis Stevenson à 15 ans Collection Michel Le Bris Trustees of the National Library of Scotland - Édimbourg Alison Cunningham, Writers’ Museum - Édimbourg Col. musée de St-Jean-du-Gard la nourrice de Stevenson qu’il appelle Cummy, l’abreuve de contes Trustees of the National Library of Scotland et légendes, d’histoires religieuses terrifiantes et de lectures de romans d’aventures à quatre sous. Il lui dédiera le recueil de poèmes Dessin de Stevenson illustrant son récit “la vie de Moïse” Au jardin des poèmes de l’enfance. Un petit Écossais entend beaucoup parler de naufrages, de récifs Les écrits meurtriers, de landes À Alison Cunningham de Stevenson couvertes de bruyère, de son petit garçon de clans sauvages La vie de Moïse (1856) Dicté à 6 ans, par Robert Lewis Pour les si longues nuits passées et de Covenantaires à sa mère. philippev © Fotolia À veiller ma pauvre santé ; pourchassés. Nouvelle Pour le réconfort de ta main R.L.S. - L’étranger de l’intérieur La cave pestiférée (1864) Qui me guida sur mes chemins ; Essai Pour tes histoires racontées, L’insurrection du Pentland (1866) Pour mes misères consolées ; Deux servantes, Thomas et Margaret Stevenson, Robert Lewis et Alison Cunningham à Peebles près d’Édimbourg en 1865 Son père fait imprimer cet essai Pour tout ce que tu supportas, sur la révolte des paysans écossais au XVIIe siècle. Jours de tristesse et jours de joie ; Seconde mère, premier amour, Repères Ange gardien des anciens jours, Royaume-Uni De l’enfant malade en ce temps, Depuis 1837, Victoria est reine du Royaume-Uni. Son règne Aujourd’hui vieux et bien portant, est marqué par la Révolution Toi ma chère Nounou, reçois industrielle. Le petit livre que voilà ! Littérature Writers’ Museum - Édimbourg Naissance de Pierre Loti R.L.S. - Dédicace de “Au jardin des poèmes de l’enfance” et Guy de Maupassant,1850. Publication de Moby Dick de Melville et décès de Cooper (Le dernier des Mohicans), 1851.
Writers’ Museum - Édimbourg De 17 à 21 ans, Nous avons eu © DX - Fotolia pour compléter ses études une scène affreuse. scientifiques, Stevenson est envoyé Mon père m’a sorti tout ce qu’il avait sur le cœur par son père en visites d’inspection - ce fut atroce à entendre. Les travaux sur les côtes et les îles écossaises. Je suis désemparé - du phare de Bell Étudiant excentrique on en revient toujours Trustees of the National Library of Scotland Rock bâti par le grand-père par sa tenue et ses cheveux longs, à ceci : je suis de Stevenson Wikimedia Commons il brille par son absentéisme. un “monstre”, un point c’est tout. […] En 1871, il décide qu’il ne sera pas Je suis en train de tuer ingénieur car il veut se consacrer mon père. à la littérature. Pour atténuer Lettre de R.L.S. à Fanny Sitwell la déception de son père, il s’inscrit 22 septembre 1873 aux cours de droit. Col. musée de St-Jean-du-Gard Carnet de notes d’étudiant de Stevenson J’étais déjà secrètement déterminé à être un écrivain ; j’aimais Robert Lewis et son père Thomas l’art des mots et des apparences de la vie ; les ponts roulants, les boutisses, les parements, les caissons et les pierres perdues, et même la question palpitante du bandeau, tout cela ne m’intéressait (à l’extrême rigueur) que pour approvisionner Trustees of the National Library of Scotland mon œuvre future ou enrichir mon vocabulaire. R.L.S. - L’éducation d’un ingénieur En 70, Stevenson crée avec d’autres 1 8 6 7/1 8 7 5 étudiants une revue universitaire… et fréquente les bars. Une Le conflit familial amorcé culmine en 73, lorsque son père découvre la LJR*, l’association de Stevenson et de son cousin Bob qui préconise le rejet de tout ce que les parents vocation avaient pu enseigner, et que Stevenson, en rébellion contre l’hypocrisie des pratiques religieuses, lui avoue être devenu athée. d’écrivain En 1873, Stevenson rencontre Sidney Colvin, professeur à Cambridge, qui l’introduit dans le milieu littéraire et publie quelques essais accueillis favorablement. * Liberty Justice Reverence Robert Lewis n’a qu’une passion en tête : la littérature. Appelé à devenir constructeur de phares pour succéder à son père, il commence des études scientifiques… Stevenson en costume d’avocat, 1875 qu’il abandonne En 75, à 25 ans, 4 ans plus tard pour s’inscrire Stevenson est admis comme avocat, à l’université de droit. profession Étudiant en révolte contre qu’il abandonne après l’échec la société bourgeoise victorienne, de ses premières plaidoiries. il mène une joyeuse vie de bohème, entre en conflit © Dover avec sa famille et réussit à publier ses premiers essais Je me mis à fréquenter les bas-fonds. […] en 1874. je fréquentais les marins, les ramoneurs et les voleurs, mais le cercle de mes amis était constamment renouvelé par les initiatives de l’inspecteur de police. […] Aussi rudes qu’aient pu être mes compagnons d’alors, les jours que je passai avec eux ne furent pas parmi © The City of Edinburgh Council - G.G. Mitchell les moins heureux de mon existence. J’étais choyé Thomas Cooper Library, University of South Carolina et respecté, et les filles étaient très gentilles avec moi. Les écrits J’aurais pu leur laisser tout mon argent, de Stevenson qu’elles m’auraient rendu chaque liard. La philosophie du parapluie (1871) R.L.S. - Mémoires de soi L’appel de la route (1873-1874) Les romans de Victor Hugo (1873-1874) De l’agrément des lieux désagréables (1873-1874) Édimbourg de ma jeunesse (1878) L’éducation d’un ingénieur (1888) Repères Édimbourg en 1890 Royaume-Uni Illustration du livre de Stevenson Boom victorien de l’économie, Édimbourg de ma jeunesse par W. E. Lockhart - 1878 “Jink” était un mot de notre invention : 1850 -1870. La semaine anglaise nous avions à l’époque un langage (arrêt du travail le samedi à midi) spécial, mélange d’argot et de mots se généralise au Royaume-Uni. Les salaires augmentent courants, dans lequel nous exprimions de 25 à 30 % entre 1850 et 1875. nos nouvelles idées en gestation, La majorité de la population vit dans des villes. pour lesquelles nous n’avions pas Le nombre de domestiques, de mots. En règle générale le “Jink” dont l’emploi est indispensable à la notion de bourgeoisie, consistait à faire les choses les plus Portrait de Victor Hugo passe de 840 000 à 1,3 million entre 1851 et 1871. absurdes possibles, pour le seul plaisir par Félix Nadar Littérature de leur absurdité et du rire qui Publication de Quatre-vingt-treize, en suivait. Victor Hugo, 1870. Publication de Le tour du monde R.L.S. - Graham Balfour, The life of Robert Louis Stevenson en 80 jours, Jules Verne, 1870. Décès d’Alexandre Dumas père, 1870.
Donnez-moi la vie que j’aime Laissez le ruisseau couler à mes côtés Donnez-moi le ciel au-dessus de ma tête Et la route devant moi Artistes du Bout du Monde - Grez-sur-Loing Un lit dans la nature et les étoiles à contempler Du pain à tremper dans la rivière Voilà la vraie vie, pour un homme comme moi Wikimedia Commons Voilà la vie pour toujours. R.L.S. - Le vagabond Les amis bohèmes de Stevenson à Grez-sur-Loing (Bob Stevenson, le cousin de Robert Louis porte des bas rayés) En 75 et 76, Stevenson et son cousin Bob retrouvent les artistes et les peintres dans L’aspirant littérateur goûtait donc une oisiveté Artistes du Bout du Monde - Grez-sur-Loing les villages de la forêt de Fontainebleau. laborieuse, remplie de visions, de repas C’est à cette époque qu’il francise plantureux, de promenades par une chaleur Le moulin de la Galette son prénom Lewis en Louis. Pierre-Auguste Renoir, 1876 étouffante, et de bon temps avec ses compagnons, tandis que flottaient dans son cerveau, telle une Il passe l’hiver 75 à Édimbourg. L’abandon musique, des fragments de chefs-d’œuvre entrevus de la profession d’avocat et le ton de certains qui n’eussent pas fait rougir Shakespeare. de ses essais (L’apologie des oisifs…) R.L.S. - Fontainebleau, Barbizon, Grez, villages d’artistes aggravent les tensions familiales. Paysage près de Grez - Oscar Törna, 1877 1 8 7 5/1 8 7 9 La vie Artistes du Bout du Monde - Grez-sur-Loing de bohème À l’automne 76, Louis rencontre Fanny Osbourne, venue à Grez-sur-Loing avec ses deux enfants, Isobel (17 ans) et Lloyd (8 ans), pour se remettre de la mort De 1875 à 1878, de son plus jeune fils. Robert Louis Stevenson Cette Américaine, mariée partage son temps entre à un chercheur d’or qu’elle a suivi dans ses aventures, Londres, Édimbourg et la France est venue en France étudier le dessin. où il fréquente artistes Louis qui a 26 ans, est et bohèmes. séduit par cette femme ng -Loi de 10 ans son aînée, -sur Entre deux voyages Grez indépendante de - on dont les récits constituent et passionnée. du M Bout Petit-déjeuner s du ses premiers livres publiés, te à Grez-sur-Loing Artis par le peintre il rencontre Fanny Osbourne Peter Severin Fanny à l’époque Kroyer ou elle rencontra Stevenson que Stevenson The Beinecke Rare Book and Manuscript Library, qui deviendra sa femme Gre z-s ur-L oing fréquentait Yale University quatre ans plus tard. The life of Robert louis Stevenson, Graham Balfour, 1903. Col. musée de St-Jean-du-Gard The Beinecke Rare Book and Manuscript Library, Yale University Les écrits de Stevenson Nouvelles Une ancienne chanson (publiée anonymement en 1877) Un logis pour la nuit. Histoire de François Villon (1877) Essais Le village de Barbizon Dessin de Stevenson Une apologie des oisifs (1876) Virginibus Puerisque (1876) Louis dessiné par Fanny - 1877 Charles d’Orléans (1876) Les romans d’aventures À partir de 76, Louis multiplie de Jules Verne (1876) ses séjours en France pour Charles d’Orléans François Villon : étudiant, poète et cambrioleur (1877) Archives nationales être avec Fanny qu’il souhaite Dans la forêt de Fontainebleau Chère maman, épouser contre l’avis de tous. (1878) Tu dois comprendre L’oisiveté, En août 78, rappelée par son mari Récits de voyage que je serai plus ou moins ainsi qu’on l’appelle, Voyage par les canaux un nomade qui menace de lui couper qui ne consiste pas et les rivières (1878) jusqu’à la fin de mes jours : les vivres, Fanny embarque à ne rien faire Voyage avec un âne dans les Cévennes (1879) Tu ne peux pas savoir avec ses enfants, pour l’Amérique. mais à faire beaucoup à quel point j’en ai eu envie de ce qui n’est pas reconnu Repères autrefois ; comment j’allais dans les formulaires France 3e République présidée par le maré- regarder les trains en partance, dogmatiques chal de Mac-Mahon, 1873-79. et j’étais là, qui désirais si fort de la classe dirigeante, Peinture partir avec eux… a autant le droit de déclarer Dès les années 1850, des peintres Je dois être quelque part sa position que l’industrie de toute l’Europe et des États-Unis, vont se joindre à leurs camarades un vagabond. elle-même. français pour pratiquer, au prin- temps, la peinture en plein air à Lettre de R.L.S. - 16 octobre 1874 R.L.S. - Une apologie des oisifs Barbizon, Grez-sur-Loing… sur les traces de Millet, Rousseau, Corot. Margaret Balfour Stevenson Première exposition des Impressionnistes, 1874. Décès des peintres Millet et Corot, Writers’ Museum - 1875. Édimbourg
Wikimedia Commons, Collection Claude Shoshany Nous avions projeté de passer nos vieux jours sur les canaux de l’Europe. […] On nous verrait agiter sur le pont, dans toute la dignité des ans, nos barbes Wikimedia Commons blanches descendant jusqu’à nos genoux. […] Il y aurait des livres dans la cabine, des pots à tabac et quelque vieux bourgogne, aussi rouge qu’un coucher de soleil en novembre… Anvers - F. Hens & E. Joors, 1880 R.L.S. Le spectacle des péniches Anvers xeipe © Fotolia Wikimedia Commons attendant leur tour à l’écluse offre une remarquable leçon Pontoise de la facilité avec laquelle on peut envisager l’univers. Boom II devrait y avoir beaucoup de gens satisfaits à bord des bateaux, car mener pareille vie c’est à la fois voyager Halage sur le canal - 1880 / 1890 et rester chez soi. R.L.S. Vilvord Lacken 1876 Bruxelles Voyage J’eusse voulu que notre route Wikimedia Commons se continuât sans fin parmi les bois. Les arbres composent la plus honnête société. Et un vieux chêne qui a crû où il poussait en canoë dès avant la Réforme, plus haut que bien des clochers, plus imposant que la plupart des montagnes et chose vivante cependant, Canal à Bruxelles. passible de la maladie et de la mort, comme Eugène Boudin, 1871 vous et moi, n’est-il pas en soi une leçon éloquente de l’histoire ? R.L.S. Charleroi En 1876, Louis Stevenson, Maubeuge Haumont Ces messieurs sont en compagnie des colporteurs ? Pont-sur-Sambre de son ami Ces messieurs sont des marchands ? Walter Simpson, demanda l’aubergiste. Et alors, sans attendre entreprend Landrecies une réponse que, je suppose, Wikimedia Commons, Marc Ryckaert elle jugeait superflue un voyage dans un cas si évident, d’une quinzaine Etreux Pont-sur- Sambre elle nous expédia chez un boucher Tupigny de jours, en canoë Cathédrale de Noyon Vadencourt qui végétait près de la tour et qui prenait des voyageurs à voile, Les hommes ne furent jamais à coucher. mieux inspirés que lorsqu’ils Origny- d’Anvers bâtirent une cathédrale ; Sainte-Benoîte R.L.S. […] Il ne faut pas mesurer Moy à Pontoise. la hauteur des clochers Wikimedia Commons d’après les règles de la Voyage trigonométrie ; ils sont La Fère Illustration : Pascal Ramelli absurdement peu élevés ; par les canaux mais comme ils grandissent Noyon Chauny et les rivières aux yeux qui les admirent. R.L.S. sera son premier Wikimedia Commons Canal du Loing. Alfred Sisley, 1892 livre édité. Compiègne Verberie Souvenir de Mortefontaine. Jean-Baptiste Camille Corot, 1864 Les écrits Pont-Sainte-Maxence de Stevenson Creil Précy-sur-Oise Récit de voyage Voyage par les canaux et les rivières (1878) Ce récit de voyage, tiré à 750 exemplaires est bien accueilli par la critique. Pontoise L'isle-Adam Repères Des lessiveuses Wikimedia Commons Littérature en tablier bleu, des pêcheurs Naissance de Jack London Trustees of the National Library of Scotland en blouse bleue, diversifiaient qui parcourra tout le Pacifique sur les traces de Stevenson, 1876. les berges verdoyantes. Publication de Les Aventures Et le rapport des deux couleurs de Tom Sawyer, Mark Twain, 1876. était analogue à la relation Les citations de ce panneau de la fleur et de la feuille Paris sont extraites de : dans le myosotis : une symphonie Voyage par les canaux Camille Pissaro et sa femme et les rivières. en 1877 à Pontoise en myosotis majeur, c’est ainsi, je crois, que Théophile Gautier Aussi longtemps que l’Oise aurait caractérisé le panorama avait été une petite rivière de ces deux journées. R.L.S. Le lavoir de Pontoise. rurale, elle nous avait fait Camille Pissaro, 1872 passer tout près du seuil des habitations, Wikimedia Commons et nous pouvions bavarder avec les indigènes de la campagne riveraine. Illustration de Walter Crane Mais maintenant qu’elle pour la première édition était devenue si large, du Voyage par les canaux et les rivières en 1878. la vie du rivage passait devant nous à belle distance. Wikimedia Commons R.L.S. Bords de l’Oise - Charles-François Daubigny, 1865
Je me promis […] de ne plus jamais dormir sous un toit quand je pourrais m’en dispenser, tant je ressentais 1 DR : Stevenson and Edinburgh - Chapman & Hall de fraîcheur, de douceur et de paix si particulièrement puissante et profonde. R.L.S. Michel Verdier © Association Stevenson Premier voyage de Stevenson avec un âne… 2 Je ne voyage pas pour aller quelque part, mais pour voyager ; je voyage pour le plaisir du voyage. L’essentiel est de bouger ; d’éprouver un peu plus les nécessités et les aléas de la vie. 3 1 - Détail de l’église, du Monastier De quitter le lit douillet de la civilisation 2 - Croix entre 4 Le Monastier et St-Martin-de-Fugères et de sentir sous ses pas le granit terrestre 3 - Paysage du Velay 4 - Lac du Bouchet-St-Nicolas avec, par endroits, le coupant du silex. 6 5 - Château de Luc 6 - Chapelle du Cheylard-l’Évêque (entre Fouzilhac et Luc) 7 - Vallée de Finiels, 1878 mont Lozère 8 - Le Pont-de-Montvert 5 9 - Paysage des Cévennes au col de St-Pierre Voyage (entre St-Germain- de-Calberte et St-Jean-du-Gard) Photos couleur : Michel Verdier © Association Stevenson dans les Entre la vieille dame et moi, André Crémillieux - Musée du Monastier 7 je crois bien qu’il y avait un lien réel. […] Quand je fus sur le point de partir, Cévennes elle me dit adieu pour la vie d’une façon assez émouvante. “Nous ne nous reverrons pas”, dit-elle. C’était un adieu pour longtemps et elle était triste. Mais, ma vieille dame, Vers la vie est si pleine de surprises, Fanny est repartie 8 Le Puy La maison qui sait ? où logeait en Californie, Le Monastier- Stevenson au Monastier R.L.S. sur-Gazeille Stevenson ne sait pas Le Bouchet- s’il la reverra. 9 St-Nicolas Velay Pour faire le point, il séjourne J’étais maintenant à l’extrémité du Velay, et tout au Monastier-sur-Gazeille ce que j’apercevais appartenait Langogne G é va u d a n puis entreprend à un autre pays, Fouzilhac le Gévaudan sauvage, Luc un voyage à pied, montagneux inculte et tout récemment dépouillé de ses forêts N.-D. de 220 km, par peur des loups. […] des Neiges accompagné de l’ânesse C’était en effet la terre de la Bête mémorable, Chasseradès Mont Lozère vers 1900 Ph. P. Gautier © col. musée de St-Jean-du-Gard Modestine, à la rencontre le Napoléon Bonaparte des loups. Le Bleymard Ce sont là les Cévennes R.L.S. du pays des Camisards, Mon t L oz è r e au sens plein : les Cévennes des Cévennes. […] qu’il compare aux Si le jardin d’Éden existe, Il y a cent quatre-vingts ans, les Camisards tenaient un poste Covenantaires c’est dans la vallée du Tarn Le Pont-de-Montvert sur le mont Lozère à l’endroit Les écrits qui descend sur Florac. écossais. R.L.S. même où je me trouvais. […] de Stevenson Florac leurs affaires étaient Récit de voyage “le sujet de conversation Voyage avec un âne dans les Cévennes (1879) St-Julien-d’Arpaon dans tous les cafés de Londres”. R.L.S. Repères Cé ve n n e s St-Germain- Histoire de-Calberte Naissance de Joseph Staline, 1878. 3e Exposition universelle : pour la première fois, deux automobiles sont exposées à Paris, 1878. St-Jean- du-Gard Littérature Décès de George Sand, 1878. Vers Alès Publication de Un capitaine de quinze ans, Jules Verne, 1878. Stevenson randonneur Foire de Florac vers 1900. et écrivain sur la marche : Ph. P. Arnal © col. musée de St-Jean-du-Gard 1873 - L’appel de la route (essai) Les citations de ce panneau 1874 - Voyage à pied à travers sont extraites de : les Chiltern Hills. Ramassage des châtaignes Voyage avec un âne à Saint-Jean-du-Gard vers 1900 dans les Cévennes. 1875 - Barbizon - Châtillon-sur-Loire avec Ph. G. Bordarier © col. musée de St-Jean-du-Gard Walter Simpson (environ 110 km). 1876 - De Carrick à Galloway à pied, l’hiver 1876 - Le sens de la marche (essai) Une brise soufflait Mon livre est sous presse. Fontaine à Saint-Étienne- de temps à autre, et les châtaignes Il a de bons passages, je Vallée-Française vers 1900. tombaient tout autour de moi ne t’en dis pas plus. […] (entre St-Germain-de-Calberte et St-Jean-du-Gard) avec un bruit sec et léger. Mais dans tout cela, Ph. G Lafont © col. musée de St-Jean-du-Gard On aurait dit une chute de grêlons, il y a beaucoup de simples mais cela s’accompagnait de déclarations à F., dont l’heureux sentiment de la récolte tu comprendras, je pense, à venir, avec la joie des fermiers la plupart. C’est pour moi Une rue du village de Cassagnas. devant leur aubaine. le principal fil directeur. (entre St-Julien-d’Arpaon R.L.S. Lettre de R.L.S. à son cousin Bob, et St-Germain-de-Calberte) Café à Saint-Etienne- printemps 1879 © col. musée de St-Jean-du-Gard Vallée-Française vers 1900. (entre St-Germain-de-Calberte et St-Jean-du-Gard) Ph. G Lafont, © col. musée de St-Jean-du-Gard Diligence La Montagnarde à Saint-Jean-du-Gard vers 1900. Stevenson prit cette diligence pour rejoindre Alès Ph. G. Bordarier © col. musée de St-Jean-du-Gard
Oui, j’ai raison de faire ce que je fais. Je sais que personne n’en sera d’accord avec moi mais je m’en moque. Collection Michel Le Bris Par contre, la carcasse est fort mal en point. Je ne mange plus. Mais pour dormir, qu’est-ce que je dors ! Lettre de R.L.S à Henley - 23 août 1879 Hamburger Kunsthalle Bateau d’émigrants entre l’Angleterre et l’Amérique à l’époque du voyage de Stevenson Émigrants, Felix Schlesinger - 1851 L’ivrogne, l’incompétent, le faible, Mes compagnons de voyage le prodigue, tous ceux qui avaient été m’acceptaient en leur sein incapables d’affronter l’adversité sans la moindre hésitation : Portrait de Stevenson en 1879 dans leur propre pays fuyaient que j’eusse quelques connaissances Peter Severin Kroyer maintenant, lamentables, vers une bizarres ne nous empêchait pas, Coll. Musée de St-Jean-du-Gard autre contrée […] Navire de ratés caractère et expérience, d’appartenir nous étions : les hommes brisés de au même univers. l’Angleterre. Ne pas aller en conclure R.L.S - L’émigrant amateur néanmoins que ces gens fussent totalement désespérés. Le spectacle qu’ils offraient était, Que je poursuive à présent au contraire, fort joyeux. par un long voyage en train, R.L.S - L’émigrant amateur et je ne ramènerai guère La Devonia, bateau sur lequel Stevenson voyagea d’Angleterre aux États-Unis que mes jolis os au port. Lettre de R.L.S. à Sidney Colvin Les écrits À bord du Devonia - août 1879 . de Stevenson 1879 Dieu seul saura jamais tout le courage Récits de voyage À travers les grandes plaines Voyage en train (1892) L’émigrant et toute la souffrance De la Clyde à Sandy Hook qui sont enfouis Voyage en bateau (1895) dans ce manuscrit. Stevenson va rencontrer les pires difficultés pour publier les récits Lettre de R.L.S. à Sidney Colvin de ce voyage désavoué par San Francisco - mai 1880, sa famille et ses amis. à propos du récit de son voyage amateur Terminés en janvier 1879, ils ne en bateau. seront publiés en totalité qu’après sa mort, regroupés sous le titre L’émigrant amateur (1895). Repères États-Unis Accueil d’une très importante population d’immigrants de toute l’Europe et de l’Asie. Un message de Fanny arrive Découverte et exploitation d’immenses ressources minières en juillet 1879. (la ruée vers l’or), naturelles et agricoles. Construction du premier chemin de fer transcontinental, 1869. À l’insu de ses parents, Royaume-Uni Sept millions de personnes Stevenson embarque le 7 août … ces nobles indiens d’autrefois, émigrent entre 1850 et 1900. pour les États-Unis sur dont notre train, depuis des jours et des jours, parcourait la Devonia. les territoires. […] De temps à autre néanmoins, 10 jours de bateau comme accompagné de son épouse et de quelques enfants, tous horriblement revêtus passager de seconde classe, des oripeaux de notre civilisation, 11 jours dans un train d’émigrants il s’en montrait un (indien) sur le quai d’une gare perdue : il venait regarder l’émigrant. pour traverser d’est en ouest Le stoïcisme silencieux de leur conduite et la dégradation pathétique de leur le continent américain, apparence auraient suffi à émouvoir n’importe quel être pensant ; mes compagnons c’est un Stevenson épuisé de voyage, eux, dansaient autour d’eux qui arrive en Californie. et se moquaient de leurs personnes avec une vraie bassesse de cockney. J’eus honte de cette chose qu’on appelle la civilisation. R.L.S - L’émigrant amateur © Sterling Stevens - iStockphoto Chef Minatarre Illustration réalisée en 1833 par le peintre Suisse Karl Bodmer lors d’un voyage en Amérique. Stevenson l’avait rencontré à Grez-sur-Loing parmi les bohèmes. Je suis assis sur le toit d’un wagon Il l’évoque comme “le redoutable Bodmer, en la compagnie d’un Missourien le bailli de notre société”. qui part se refaire une santé dans l’Ouest. Des étendues plates et désolées de tous côtés. […] Que ceux qui savent ce que c’est que Pittsburgh, Otto Krebs - 1874 d’être malade dans un convoi d’émigrants The Bancroft Library, University of California, Berkeley viennent donc me le dire ! Lettre de R.L.S. à Henley - 23 août 1879 Excursion avec le Transcontinental Horace Baker - 1878 Salt Lake City Omaha Chicago Il est environ dix heures du matin, Pittsburgh New York Monterey Sacramento ce mercredi : ce qui fait que j’ai passé San Francisco Washington quelque quarante heures dans ces voitures. Il est impossible de s’y allonger. Nous en sortirons certainement très très las. Lettre de R.L.S. à Sidney Colvin - Août 1879 Vallée de la Sacramento Albert Bierstad Traverser une plaine pareille, c’est regretter aussitôt les montagnes. Je soupirais après les Collines Noires du Wyoming, où je savais que nous allions bientôt entrer, tel le baleinier qui attend le printemps. R.L.S - L’émigrant amateur Chemin de fer américain vers 1870 Wikimedia Commons
Wikimedia Commons J’habite maintenant dans un ranch où l’on élève des chèvres angora au milieu de la chaîne côtière, à vingt-cinq kilomètres de Monterey ! Je campais, quand je suis tombé si Collection Michel Le Bris Le Mont Tamalpais, près de San Francisco malade que deux rancheros ont dû William Marple - 1869 me conduire chez eux pour me soigner. Le premier est un vieux chasseur d’ours Collection Michel Le Bris de soixante-douze ans, l’autre est un voyageur. De vrais broussards l’un et l’autre et fort gentils En septembre 79, et agréables au demeurant. à Monterey, Louis retrouve Le Capitaine Smith, le chasseur d’ours, Fanny qui, bientôt, part est devenu mon médecin et je lui obéis La maison où logeait Stevenson à Monterey à Oakland pour hâter comme à un oracle. Le ranch son divorce. Louis séjourne Lettre de R.L.S. à Sidney Colvin - Septembre 1879 où Stevenson, quasi mourant, dans une pension où il écrit fut recueilli sans relâche. Il presse en vain par un ancien compagnon ses amis du milieu littéraire de Kit Carson. The Bancroft Library, University of California, Berkeley anglais de publier ses textes pour lui permettre de vivre. Ah ! mon bon Simoneau !! Les chandelles sont éteintes 1 8 7 9/1 8 8 0 et l’ombre tombe déjà dans la cour, autour de la prison ; et nous voilà éparpillés aux quatre coins La de l’aventure, et toi, comme on vient de me l’écrire, toi-même tu es parti quelque part vers le sud, te perdre au milieu des sables parmi les tarentules… et je ne peux même Californie pas t’envoyer un petit mot pour que tu saches que jamais je n’oublierai tes bontés !! R.L.S. - Chez Simoneau - 1883 Jules Simoneau à Monterey avec sa femme, sa fille et ses petits enfants - 1907 Sans ressource, délaissé En décembre 79, atteint d’une pleurésie, Stevenson est sauvé par Jules Simoneau, un cabaretier d’origine française. Il arrive à survivre grâce par ses amis et sa famille aux deux dollars par semaine que lui procure la rédaction d’articles pour qui désapprouvent son départ, le Monterey Californian mais il ne saura jamais que Jules Simoneau offrait cette somme en repas au propriétaire du journal. Stevenson va vivre 9 mois de misère, de maladie Stevenson, Master of Ballantrae, Medallion 1916. Col. musée de St-Jean-du-Gard et d’angoisse avant Lord Guthrie, Robert Louis Stevenson, 1924. Col. musée de St-Jean-du-Gard de pouvoir épouser Fanny en mai 1880. Comprends-moi bien : de l’argent, il faut que mon travail en rapporte “tout de suite”, ou ça ne m’intéresse pas. Tu n’imagines guère le courage qu’il me faut, surtout dans l’état de délabrement physique qui est le mien en ce moment, pour seulement essayer d’écrire des choses qui me rapportent quelque argent dans l’instant. Pour l’instant, c’est avec mes griffes que je me bats, à deux mains. Lettre de R.L.S. à Henley - 11 décembre 1879 - Monterey Je dois passer du dîner à 50 cents au dîner à 25 cents ; aujourd’hui commence ma chute. Je ne regrette rien, et cette misère profonde ne me fâche même pas, bien que la chair se rebelle, parfois. Lettre de R.L.S. à Charles Baxter - 26 janvier 1880 - San Francisco Robert Louis et Fanny, l’année de leur mariage Début 80, pour se rapprocher Wikimedia Commons de Fanny, Louis s’installe à San Francisco. Il est dans une situation financière Bart Keagy © iStockphoto très précaire et souffre de la faim. Une attaque de malaria Illustration de Les squatters de va inciter Fanny à braver Point Lobos, près de Monterey en Californie Silverado - 1905 les conventions et à l’installer Les écrits chez elle. Ses parents, affolés de Stevenson L’île au Trésor se trouve bien quelque part par sa santé, lui accordent Essais vers Point Lobos, Monterey, sur la route de Silverado. une pension et acceptent Le jour de la San Carlos ou un barbare à la mission Michel le Bris - Vers l’Île au Trésor - La route de Silverado son mariage avec Fanny. de Carmel (1879) Le trésor caché (1879) Louis et Fanny se marient en mai 80. Très loin devant moi, L’ancienne et la nouvelle capitale Ils partent passer leur lune de miel du Pacifique, Monterey (1880) les sommets des collines dans les bâtiments d’une mine Chez Simoneau (1883) La maison de mineurs abandonnée où dessinaient de petites San Francisco (1883) Louis et Fanny passèrent îles. Plus près, désaffectée. leur lune de miel s’ouvraient des abîmes Les squatters de Silverado Récit Les Squatters de Silverado (1883) Collection musée de St-Jean-du-Gard Illustration de couverture de Les squatters de Silverado dont le fond était battu relate cette nouvelle aventure. 1883 par le ressac des fumées Repères qui se glissaient États-Unis par toutes les gorges La ruée vers l’or accélère la colonisation blanche de l’Ouest. de ces rudes montagnes. L’industrialisation entraîne R.L.S. - Les squatters de Silverado des bouleversements considérables, les villes américaines se multiplient et grandissent rapidement. L’immigration s’accélère et se diversifie.
The Beinecke Rare Book and Manuscript Library, Yale University Voyez les noms : “La solitude” n’est-ce pas romantique ? “Les Palmiers” Cet endroit, © Christel Gérardin - Parc national de Port-Cros © Christel Gérardin - Parc national de Port-Cros qu’en dites-vous en fait notre jardin et la vue d’Orient magnifique ? que nous avons Lettre de R.L.S. à Susan Ferrier - 22 mars 1884 sont quasi célestes. Je chante chaque jour avec Bunyan, ce grand barde, “J’occupe déjà la porte du Paradis”. La villa La solitude à Hyères (état actuel) Lettre de R.L.S. à Edmund Gosse 20 mai 1883 Au printemps 82, sur les conseils des médecins, les Stevenson choisissent Jean-Louis Bouzou © Fotolia de s’installer dans le midi de la France. Après 2 mois passés dans la banlieue de Marseille, La presqu’île de Giens ils s’installent pour 16 mois à Hyères dans la villa “La Solitude” qui domine la ville. Je sais que j’écrirai bientôt mieux que jamais mais, attention, ce sera fort différent de ce que 1 8 8 0/1 8 8 4 Scribner’s & Sons, N-Y j’ai fait jusqu’à présent. L’île au Lettre de R.L.S. à Sidney Colvin - janvier 1880 - San Francisco trésor En août 1880, Stevenson revient d’Amérique avec Fanny et Lloyd. Ils vont séjourner en Écosse, en Suisse et en France Toute lecture digne de ce nom en quête de climats propices se doit d’être absorbante et voluptueuse. Nous devons dévorer à la santé de Louis. le livre que nous lisons, être captivé par lui, arraché à nous-mêmes, Stevenson qui jusque-là avait et puis sortir de là l’esprit en feu, incapable de dormir ou de rassembler écrit essais, nouvelles et récits ses idées, emporté dans un tourbillon de voyage va, à 33 ans, écrire d’images animées, comme brassées dans un kaléidoscope. ses premiers romans : R.L.S. - À bâtons rompus sur le roman L’île au trésor suivi de peu Scribner’s & Sons, N-Y par La flèche noire. Carte de L’île au trésor - 1883 National Library of Scotland- Edinburgh Wikimedia Commons Illustrations de L’île au trésor De 80 à 82, de lieu de cure par N. C. Wyeth L’île au trésor en lieu de cure, les Stevenson L’île au trésor paraît en 81 passent la belle saison en Écosse, dans les en feuilleton hebdomadaire signé Highlands, et les hivers en Suisse, à Davos. Captain Georges North dans le magazine L’été 81, Stevenson écrit des nouvelles Arthur Conan Doyle Young Folks avant d’être édité en 83. fantastiques inspirées de légendes Le pavillon sur la dune Le livre est dédié à Lloyd, le fils et paysages écossais. Il rédige en 15 jours, donne la plus haute de Fanny, qui lui inspira l’idée. les 15 premiers chapitres de L’île au trésor marque de son génie qu’il terminera à Davos. et devrait suffire en lui- La Flèche noire même, sans une autre ligne, à valoir à son Ce roman d’aventures qui se déroule auteur une place dans les Highlands est également publié Collection Michel Le Bris permanente parmi dans Young Folks. Il y obtient plus les grands conteurs. L’Illustration - 1884 de succès que L’île au trésor et fait Conan Doyle à propos d’une nouvelle monter les ventes du magazine. de Stevenson faisant partie de : Les nouvelles mille et une nuits. Les écrits de Stevenson Recueils d’essais Virginibus Puerisque (1881) Familiar Studies of Men and Books (1882) Le choléra en France : désinfection des bagages - 1884 Recueil de nouvelles Davos tel que Stevenson a pu le voir En juin 84, une rechute Les nouvelles mille et une nuits Le cottage de Braemar, (1882) dans les Highlands, de santé et des rumeurs C’est déprimant de vivre où Stevenson écrivit d’épidémie de choléra Romans L’île au trésor. L’île au trésor (1883) avec des mourants, mais l’air Col. musée de St-Jean-du-Gard incitent les Stevenson La Flèche noire (1883) de Davos lui fait du bien… à repartir en Angleterre. Ce serait tellement formidable Repères qu’il puisse guérir, tellement Martin McCarthy © iStockphoto Littérature & art formidable que je ne dois me Naissance de Picasso en 1881, de Pierre Mac Orlan et Kafka en 1883. plaindre de rien. Rodin sculpte Fanny Stevenson - A. Lapierre, Fanny Stevenson Les Bourgeois de Calais, 1884. Entre passion et liberté ! Science Robert Koch découvre le bacille du choléra, 1883.
Marco Regalia © iStockphoto Fanny rêvait depuis longtemps The Beinecke Rare Book and Manuscript Library, Yale University Affiche d’une maison ; le père de Louis de théâtre Falaises à Bournemouth lui en offre une à Bournemouth. Ils y resteront jusqu’à la mort de ce dernier. Les maladies se succèdent faisant de Stevenson un semi-grabataire. Entre deux crises, il s’autorise des échappées dont le retour s’accompagne de scènes de ménage avec Fanny qui veut préserver la santé de Louis. Fanny à Bournemouth Il écrit sans relâche et publie, en 86, deux de ses plus grands romans… Portrait par John Singer Sargent - 1887 Artistes du Bout du Monde - Grez-sur-Loing L’étrange cas Trustees of the National Library of Scotland du Dr Jekyll et de Mr Hyde Ce texte, que Fanny lui a fait réécrire, rend son auteur célèbre la semaine de sa parution : 1 8 8 4/1 8 8 8 l’évêque de Canterbury fonde son sermon sur la parabole du livre, le London Times publie une critique La de 6 pages. 40 000 exemplaires sont vendus en 6 mois. Ce roman est à l’origine de pièces de théâtre, comédies musicales, célébrité chansons et d’une centaine de films. Sans doute, suis-je né avec cet incommunicable émoi qui toujours m’étreint devant la réalité, En 1884, Fanny et Louis cette impression de je ne sais quoi de pathétique s’installent à Bournemouth au cœur des choses, au sud de l’Angleterre. faite de deux éléments accouplés : C’est là, à 36 ans, que Stevenson une attraction et une horreur Les écrits écrit le roman qui le rendra sans bornes. de Stevenson R.L.S. - Reminiscences célèbre : L’étrange cas Essais Une humble remontrance (1884) du Dr Jekyll et de Mr Hyde. De quelques considérations sur le style en littérature (1885) Un chapitre sur les rêves (1887) En 1887, après le décès Nouvelles Le dynamiteur (1885) de son père, il choisit de partir (écrit en collaboration avec Fanny) Les gais lurons (1887) pour l’Amérique. Poésie Au jardin des poèmes de l’enfance (1885) Underwoods (1887) Romans De nombreux écrivains ont salué les essais que Stevenson écrit à cette époque sur l’art de la fiction : Le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde (1886) Couverture d’une édition de 1907 Les remarques les plus Enlevé ! (1886) Les mésaventures de John Nicholson (1887) intelligentes jamais écrites Enlevé ! Repères Scribner’s & Sons, N-Y. sur la littérature. Un grand récit Littérature Décès de Victor Hugo, 1885. Nabokov d‘aventures sur fond Publication de Le Horla, historique au XV e siècle Maupassant, 1886. Quant à moi, en Angleterre pendant Publication de Pêcheurs d’Islande, Pierre Loti, 1886. je place au-dessus de tout la Guerre Publication de Une étude en rouge, Conan Doyle, (première apparition des Deux-Roses de Sherlock Holmes), 1887. Un chapitre sur les rêves. Illustration par N. C. Wyeth pour Enlevé ! (1913) Trustees of the National Library of Scotland Borges La maison des Stevenson à Saranac Lorsque Stevenson décide de quitter Wikimedia l’Angleterre, le fils de Fanny reçoit deux lettres. En 87, dès son arrivée à New Le magazine où parurent en épisodes L’île au trésor, York, Stevenson est assailli La flèche noire et Enlevé !. Avec quel chagrin Fanny par les journalistes ; parlait de sa maison, du jardin, le Scribner’s Magazine Auguste Rodin de l’angoisse insoutenable par Félix Nadar lui offre 3 500 $ pour d’abandonner à nouveau ce qu’elle une série d’essais. En 85, Stevenson rencontre Rodin décrivait comme “son nid”. à Paris, qui lui offre une sculpture La famille va passer l’hiver “L’éternel printemps”. était gaie, (La lettre de Louis) au calme, dans la neige pleine de joie et même d’une sorte Mon cher ami, et le froid, à Saranac, près de jubilation. Pas un mot de regret J’ai devant moi votre portrait tiré de la frontière canadienne. pour les nids douillets, aucune nostalgie d’un journal anglais […] d’un quelconque bonheur domestique… Stevenson y rédige, Je me croyais trop vieux - au moins Vive la vie sauvage ! avec son beau-fils Lloyd, quarante ans - pour faire de nouveaux amis, et quand je pense au plaisir A. Lapierre, Fanny Stevenson - Entre passion et liberté ! Un mort encombrant de vous revoir, je sens que je m’étais Stevenson à Saranac et commence Le maître trompé… de Ballantrae. Wikimedia Lettre de R.L.S. à Rodin - Skerryvore - février 1887 Commons
Pacifique nord États unis San Francisco Hawaï Îles Marshall TI Nouvelle Îles Gilbert QU AR Butanitari Guinée Apemama I 88 D é c e m b r e 18 LES M Îles Salomon Penrhyn SE AHI Tuvalu Îles Samoa Manihiki Les Marquises S Îles Fidji Suwaroff Îles Loyauté Tuamotu Tahiti T e/ 8 Nouvelle Île Sauvage br 8 Calédonie Australie ui Octo 18 lle e J t / Septembr Sydney Nouvelle Zélande Pacifique sud Wikimedia Commons Le Casco arrive à Tahiti. La Baie des Vierges, archipel des Marquises C’est la mauvaise saison Le premier amour, le premier Première escale : Les Marquises et Louis qui avait retrouvé la santé, fait de nouvelles lever de soleil, la première île Je vous écris de ce lieu quelque peu écarté (hum !) Louis & Lloyd avec le fils de Ori chez qui les Stevenson hémorragies qui l’obligent à rester alité. de la mer du Sud, pour vous dire comment que j’me porte. Tout n’est que duperie : j’avais choisi ces îles parce logent à Tahiti Writers’ Museum - Édimbourg Les Stevenson passent sont des souvenirs à part, qu’elles étaient habitées par la plus féroce deux mois sur l’île, des peuplades, et celle-ci est de beaucoup meilleure attendant que le mât auxquels s’attache et plus civilisée que nous. Je connais un vieux chef endommagé du bateau du nom Ko-o-oamua, grand cannibale en son temps une virginité d’émotion. puisqu’il n’attendait même pas d’être de retour chez soit réparé. lui pour dévorer les ennemis qu’il venait de tuer, TA H R.L.S. - Dans les mers du Sud et c’est un parfait gentleman, aimable à l’excès, Octobre / D sans façon, mais loin d’être un idiot. ITI Lettre de R.L.S. à Sidney Colvin - Îles Marquises - Juillet 1888 Benjamin Goode © iStockphoto ce mbr é e 18 8 8 1 8 8 8/1 8 8 9 Dans les mers du Sud Trustees of the National Library of Scotland La maison (un véritable palais) L’aventure dans laquelle nous vivons appartient au sous-chef, Ori, sujet et parent de la princesse. Lui et toute sa famille - laquelle comprend son épouse, ses deux fils adoptifs encore en bas âge, de tous sa fille et ses deux jeunes enfants - sont allés vivre dans une hutte d’une seule pièce pas plus grande qu’une cage à oiseaux. R.L.S. - Dans les mers du Sud les dangers Stevenson rêve toujours de voyages. Au printemps 1888, l’éditeur Mac Clure lui propose 15 000 dollars pour une série Les écrits Wikimedia Commons de lettres de voyage. de Stevenson Le temps de louer un bateau Roman Le maître de Ballantrae (1889) et, le 28 juin 1888, Stevenson, Nouvelle Un mort encombrant, sa mère, Fanny, Lloyd et six Le Casco avec Lloyd Osbourne (1887) Récit de voyage hommes d’équipage embarquent Le 24 janvier 89, le Casco jette Dans les mers du Sud (1891) sans cartes fiables, l’ancre dans le port d’Honolulu WA Ï Repères HA où les Stevenson restent 6 mois. Les Marquises - Tahiti 889 pour une aventure insensée Louis y termine Le Maître de Annexion par la France n1 de ces deux Îles, 1842. Janvier / J ui Ballantrae et rédige une partie à travers le Pacifique. Hawaï de ses articles sur les mers du Sud. Implantation française, l’archipel reste cependant Il se lie avec le roi Kalakaua indépendant,1837. Hawaï passe sous protectorat et se passionne pour son idée de américain,1893. fédération des îles polynésiennes. Writers’ Museum - Édimbourg Annexion de l’archipel Wikimedia Commons par les États-Unis, 1898. Dans le bungalow loué par les Stevenson : Louis, Lloyd, Fanny et sa fille Belle, et la mère de Stevenson g mbour Henry James m - Édi par John Singer Sargent Stevenson ’ Museu et la princesse d’Hawaï Writers Stevenson s’est éloigné de ses amis du milieu littéraire anglais ry, mais s’est lié d’amitié avec d’autres, ra pt Lib dont Henry James… uscri Man and Mon cher Louis, Book Lloyd, Fanny, Stevenson, le roi d’Hawaï : Kalakaua et la mère de Stevenson Vous êtes trop loin, vous êtes trop absent, trop re cke Ra invisible. La vie est trop brève et l’amitié un sujet HA Je divertis Sa Majesté du lieu Beine trop délicat pour jouer de tels tours. (dont la société me divertit pareillement). The WA Ï Janvier / Donc, revenez, arrêtez-moi tout cela - C’est un homme courtois, intelligent, National Library of Scotland noyez-moi tout cela et revenez. mais crédié ! Charles, quelle descente uin de gosier ! Ça ne lui fait pas plus d’effet J Lettre de James à Stevenson - juillet 1888 18 8 9 qu’un carreau d’arbalète fiché dans le flanc Mon cher James, d’une montagne. Je les ai comptées : Oui, je l’avoue, je faillis à l’amitié […] cinq bouteilles de champagne en trois heures Mais jugez-moi avec clémence. J’ai retiré plus et demie et le souverain était toujours fort de plaisir et d’amusement de ces derniers mois présentable, encore que notablement plus que je n’en ai jamais eu auparavant, et ma santé Couverture du livre imbu de sa dignité à la fin. n’a jamais été meilleure depuis dix ans. […] Le Maître de Ballantrae 1911 Lettre de R.L.S. à Charles Baxter - Honolulu - 8 février 1889 bien que la mer soit pleine de périls mortels, j’aime à vivre ici, et j’aime les tornades (quand urg bo elles sont passées) ; et je ne puis dire combien ce m’est Édim - une joie que d’arriver en vue d’une île inconnue. eum Mus ers’ Lettre de Stevenson à James - Honolulu - mars 1889 Writ Stevenson jouant du Flageolet
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