Star PROGRAMME DES CINÉMAS STAR
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LES SHADOCKS HORO-SCOPE CONTAMINENT Le grand horoscope de la rentrée de Romy Schneck et Jeanne Morue*. PATRICK, Bélier : Ami·e·s des défis de taille, du haut de ses 15 ans vous serez inspiré·e·s par la ÂNE BÂTÉ détermination de la jeune Rocks. Taureau : Accros à la chair comme à la bonne chère, vous vous retrouverez dans deux films ce mois-ci : Énorme, Eléonore. MINI FEFFS/ MAXI PEUR Gémeaux : Apprenez tous les rouages pour LONDON garder votre Tinder toujours allumé, même au bureau ou en couple, en regar- dant Effacer l’historique. Cancer : Tout comme les vôtres, les réunions ON THE ROCKS de famille de Blackbird se vivent dans les larmes. Emotions garanties. DUO D’ADOS Lion : Tenet doit sauver le cinéma. C’est votre chance de devenir un héros, prenez un billet ! BRANCHER JOUER Vierge : Vous serez chamboulé·e·s par Virgi- nie Effira dans Police. Ps : N’oubliez pas le gel hydro-alcoolique. TENET * Pour affiner vos choix de sorties ciné n’oubliez pas de consulter régulièrement votre ascendant Balance : Votre bon goût bourgeois sera ravi par le décor viennois autant que par les badinages des Apparences. Scorpion : Véritable Tenet underground, La OU T’ES PAS NET ? Daronne est là pour vous ami·e·s Scorpion. Sagittaire : Tel le héros d’Ailleurs, votre soif d’aventures est la plus forte. Enfour- MÈRE HUPPERT chez votre moto en direction du cinéma. NEO Capricorne : Faites une pause dans votre té- létravail pour vous divertir devant la Rétro Ozu. Petit bémol pour vous, elle est en couleurs. Verseau : Subversif·ve·s dans l’âme, les jeunes footballeuses de Les joueuses #Paslàpourdanser marqueront des points dans votre cœur. TETSUO Poissons : Détruit·e·s par votre dernière peine de cœur, vous plongez telle Ondine dans les profondeurs du mysticisme. Plan B vous allez voir PoissonSexe.
ÉDITO 19.08.2020 On a jamais autant entendu parler des salles de cinéma que cet été. Et pour cause, nous sommes pour un certain nombre d’entre nous, en train de dispa- raitre. À la crise économique, se cumule une crise identitaire profonde qui scinde deux types de salles. Celles qui sont les porte-avions des blockbusters et qui, quand Disney éternue, vacillent en accordance avec le marché mondial. Celles qui comme les nôtres, par la diversité des films proposés et l’incessant travail sur la chose cinéphilique, doutent de leur capacité à capter un public suffisant. On a beau être sympa, faire beaucoup d’entrées, mettre en place un rapport de proximité avec le public, faire un travail de fond sur les jeunes générations et avoir quelques opinions fondées sur le cinéma, peut-être ne sommes-nous pas si indispensable que ça ( ? ). Cette crise identitaire, est donc profonde. Peut-être même peut-on la taxer d’idéologique, voire de spirituelle. Bon nombre d’entre nous sommes « né·e·s » par le cinéma et à cet égard, nous lui devons beaucoup. Des naissances di- verses, incertaines ou même déviantes qui, avec le temps qui passe, fonde des convictions, un rapport à l’autre, à la vie et à la société. Dire les choses comme telles, peut paraître un peu prétentieux. Mais non, le cinéma est tout simplement immense : d’actes de bravoures, de travellings amoureux, de dialogues éternels, de fulgurances esthétiques, de la beauté de Gene Tierney au corps improbable de Will Ferrel… le cinéma nous a toujours rendu meilleur·e·s et plus vivant·e·s. Sans renier mon éducation parentale, je suis né en trois temps : lors du « God bless America » final de The Deer Hunter, par les dialogues de Jean-Loup Daba- die ( chez Yves Robert et Claude Sautet en particulier ) et la première fois que j’ai vu un film de Nanni Moretti ( La messe est finie ). Il y aura d’autres bouleverse- ments par la suite, mais la chose fondée par ces trois moments est aujourd’hui intacte. La salle de cinéma n’est ainsi pas le lieu des émotions communes (comme c’est régulièrement dit) mais celui de la somme d’émotions individuelles dans un même temps et lieu. C’est un panthéon qui, contrairement aux églises, ne peut se vider, commerce oblige. En ces temps difficiles, à nous d’entretenir notre foi et celle des autres, sans peur aucune mais avec la conviction profonde que dans le domaine du cinéma, seule la salle est à la hauteur de l’intensité et la multiplicité des émotions qu’un être humain peut ressentir.
7 SOMMAIRE A J Adolescentes ( p. 8 ) ( La ) Jeune fille à l’écho ( p. 21 ) Africa Mia ( p. 32 ) Josep ( p. 46 ) Ailleurs ( p. 47 ) ( Les ) Joueuses #paslapourdanser ( p. 26 ) Akira ( p. 15 ) Antigone ( p. 21 ) Antoinette dans les Cévennes ( p. 40 ) M/N Madame ( p. 18 ) ( Les ) Apparences ( p. 45 ) Ne vous retournez pas ( p. 33 ) B O/P Blackbird ( p. 44 ) Ondine ( p. 41 ) Poissonsexe ( p. 22 ) C Police ( p. 24 ) (Les) Choses qu’on dit… ( p. 31 ) Pompéi ( p. 18 ) Citoyens du monde ( p. 15 ) R/S/T D Rocks ( p. 26 ) Dans un jardin qu’on dirait éternel ( p. 19 ) Sing Me a Song ( p. 42 ) ( La ) Daronne ( p. 24 ) ( Un ) Soupçon d’amour ( p. 25 ) Sole ( p. 25 ) E Tenet ( p. 19 ) Effacer l’historique ( p. 14 ) Éléonore ( p. 45 ) Rétrospectives Ema ( p. 20 ) 2 films de A. Lattuada ( p. 16 ) Énorme ( p. 20 ) Epicentro ( p. 12 ) Jeune Public ( p. 21, 47, 50-51 ) G/H Salle des profs ( p. 52 ) Grand frère ( p. 32 ) Honeyland ( p. 33 ) Séances spéciales ( p. 10, 11, 12, 14, 15, 22, 31, 36, 37, 38, 39, 40, 42, 46, 48, 49 )
8 09.09 FILM DU MOIS LES SHADOKS 26.08 CONTAMINENT LES CINÉMAS STAR Adolescentes 29.09 SEBASTIEN LIFSHITZ « Dans très peu de temps, les Shadoks seront aussi éduqués et intelligents ( FR ) - 2019 - 2h15 - dès 13 ans que vous et moi » – Stéphane Libs, gérant des cinémas Star. avec Emma et Anaïs... Adolescentes suit le parcours d’Emma et Anaïs, depuis leur 13 ans jusqu’à leur majorité, cinq ans de vie où se bousculent les transformations et les premières fois. Du 26.08 au 08.09 En première partie des films EFFACER L’HISTORIQUE, CITOYENS DU MONDE, POISSONSEXE et ÉNORME ET VOILÀ LE SHADOK : ÉPISODE 1 Première diffusion le 29 avril 1968 sur la 1ère Chaîne (ORTF) - 2'26 Sur la planète Gibi vivent les Gibis. Sur la planète Shadok vivent les Shadoks. Les deux peuples ont des difficultés à vivre sur leurs planètes respec- tives et décident d’aller sur la Terre. Du 09.09 au 22.09 En première partie des films ROCKS, SOLE, Dans la famille «Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur… sans jamais oser le ANTOINETTE DANS LES CÉVENNES et HONEYLAND demander », je demande l’adolescence. Bonne pioche ! Sébastien Lifshitz, dont il serait temps de prendre la mesure de sa vertigineuse filmographie ( Les corps ouverts 1997, ET VOILÀ LE SHADOK : ÉPISODE 2 Wild Side 2004, Les invisibles 2012, Bambi 2013… sélection arbitraire parmi ses 11 docu- Première diffusion le 30 avril 1968 à 20h30 sur la 1ère Chaîne mentaires et fictions à ce jour ), propose un film monstre. Suivre la courbe adolescente (ORTF) - 2'03 de deux jeunes femmes que tout, socialement, oppose, mais que tout, affectivement, Les Shadoks et les Gibis qui vivent sur leurs pla- lie. Il les suit pendant plus de quatre ans, partant à leur rencontre une fois par mois, en nètes respectives ont décidé d’aller sur la Terre. Les immersion dans ces univers insondables. Shadoks ressemblent à des oiseaux : ils pondent Enfant, on craint cet âge, adulte on est persuadé de précisément s’en souvenir. On a tou- des oeufs mais ont des ailes ridiculement petites. jours tout faux ; l’adolescence c’est le présent, furieux et incertain, chassé par l’inquié- tude à venir et la jouissance de l’inconnu qui prospère. L’adolescence n’appartient qu’à ceux et celles qui la traversent ; Sébastien Lifshitz filme cela, et c’est bouleversant. Quel Du 23.09 au 29.09 En première partie des films ONDINE et ELEONORE autre cinéaste contemporain a une si juste capacité d’abstraction ? Aux premières images de ce projet fou, Emma et Anaïs ont 13 ans et se préparent au ET VOILÀ LE SHADOK : ÉPISODE 3 brevet, le premier mouvement vers leur avenir, aux derniers plans de ce projet débordant, Première diffusion le 2 mai 1968 à 20h30 sur la 1ère Chaîne elles ont 18 ans et se préparent pour le BAC, leur à venir. Le tout accompagné, soutenu, (ORTF) - 2'06 par la musique-perçante de Stuart Staples ( Tindersticks, mentor musical de Claire Denis, Les Shadoks et les Gibis qui vivent sur leurs planètes elle-même figure tutélaire de Sébastien Lifshitz ) : champ ouvert à tous les vents. respectives ont décidé d’aller sur la Terre. Les Gibis Mais alors, documentaire ou fiction ? On s’en cogne, m’sieur l’agent du genre. C’est infi- portent des chapeaux, sont très intelligents et pro- niment délicat et bienveillant, ça met au tapis tous ces films se voulant «miroir de l’âme duisent du cosmogol 999 pour alimenter leur fusée humaine», c’est le regard sur un monde qui bouge à travers ceux et celles qui le font en carburant. vibrer ; les adolescent·e·s. On dressera volontiers un pont avec l’oeuvre récente de Riad Sattouf, qui suit Esther depuis ses 9 ans (Les cahiers d’Esther, roman graphique en 4 volumes parus à ce jour). On y gambade, joyeusement, effrontément. Adolescentes est le film du mois parce qu’il est celui de l’année.
10 11 ÉVÉNEMENT 22.08 Avant-première Avant-première + Rencontre + Rencontre 29.08 CINÉ-COOL mar. 25.08 ~ 20h15 ~ St-Ex jeu. 27.08 ~ 20h15 ~ St-Ex À CŒUR BATTANT UN PAYS QUI SE TIENT SAGE 8 avant-premières / 6 rencontres / KEREN BEN RAFAEL - ( IS + FR ) - 2019 - 1h30 DAVID DUFRESNE - ( FR ) - 2020 - 1h26 1 avant-première jeune public / 1 pot de l’amitié avec Judith Chemla, Arieh Worthalter, Noémie Lvovsky... Alors que s’accroissent la colère et le mécontentement 4,50 euros la place pour tou·te·s et à toutes les séances Julie et Yuval s’aiment et vivent à Paris. Du jour au len- devant les injustices sociales, de nombreuses mani- demain, ce couple fusionnel doit faire face à une sépa- festations citoyennes sont l’objet d’une répression ration forcée. Lui à Tel Aviv, dans sa ville natale, elle à de plus en plus violente. « Un pays qui se tient sage » Paris avec leur bébé, ils continuent à vivre ensemble invite des citoyens à approfondir, interroger et confron- Avant-première Séance spéciale mais par écrans interposés. Cette vie par procuration va vite connaître ses limites. La distance mettra leur ter leurs points de vue sur l’ordre social et la légitimité de l’usage de la violence par l’Etat. + Rencontre + Rencontre amour à rude épreuve... en présence du réalisateur David Dufresne et sam. 22.08 ~ 20h30 ~ St-Ex dim. 23.08 ~ 19h45 ~ St-Ex Suivie d’une rencontre Skype avec la réalisatrice Keren Ben Rafael du sociologue Fabien Jobard EFFACER L’HISTORIQUE EPICENTRO Avant-première Cf. page 14 Cf. page 12 ven. 28.08 ~ 20h15 ~ Star En présence du réalisateur Gustave Kervern En présence du réalisateur Hubert Sauper MICHEL-ANGE Avant-première Avant-première ANDREÏ KONTCHALOVSKI - ( IT + RU ) - 2020 - VOST - 2h14 Jeune public + Rencontre Michel Ange à travers les moments d’angoisse et d’extase de son génie créatif, tandis que deux familles dim. 23.08 ~ 11h ~ Star lun. 24.08 ~ 20h15 ~ St-Ex nobles rivales se disputent sa loyauté. CHIEN POURRI, LA VIE À PARIS ! LES CHOSES QU’ON DIT, Avant-première Cf. page 51 LES CHOSES QU’ON FAIT + Apéro clôture Cf. page 31 en présence du réalisateur Emmanuel Mouret sam. 29.08 ~ 20h30 ~ St-Ex Avant-première ADIEU LES CONS + Rencontre ALBERT DUPONTEL - ( FR ) - 2020 - avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié... mer. 26.08 ~ 20h15 ~ Star Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandon- POISSONSEXE ner quand elle avait 15 ans. Sa quête administrative va Cf. page 22 lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impres- En présence du réalisateur Olivier Babinet sionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.
12 SÉANCE SPÉCIALE 23.08 + RENCONTRE Épicentro HUBERT SAUPER ( FR + US + AT ) - 2017 - VOST - 1h47 Le cinéaste Hubert Sauper — réalisateur de Nous venons en amis et du Cauchemar de Darwin, nommé aux Oscars — a réalisé Épicentro, portrait immersif et métaphorique de Cuba, utopiste et postcolonial, où résonne encore l’explosion de l’USS Maine en 1898. Ce Big Bang a mis fin à la domination coloniale espagnole sur le continent américain et inauguré l’ère de l’Empire américain. Au même endroit et au même moment est né un puissant outil de conquête : le cinéma de propagande. Dans Épicentro, Hubert Sauper explore un siècle d’interventionnisme et de fabrication de mythes avec le peuple extraordinaire de La Havane — en particulier ses enfants, qu’il appelle “ les jeunes prophètes ” — pour interroger le temps, l’impérialisme et le cinéma lui-même. L’épicentre, c’est Cuba, île au large de laquelle l’USS Maine explose en 1898. Les causes en sont encore discutées. Sonne alors la fin d’un règne pour l’Espagne et l’avènement d’une très longue ère pour la domination nord-américaine. L’épicentre, c’est aussi l’époque où l’on voit naitre ça et là des caméras, des cinémas. Les images s’animent, les gouvernements s’en emparent. Peu d’îles peuvent représenter à tel point les affrontements idéologiques et militaires de ce dernier siècle. Cuba fascine, et Hubert Sauper nous donne à rencontrer sa jeunesse, avec sa fraîcheur, son humour, son intelligence. Car l’épicentre ce sont également ces enfants, qui n’ont pas peur de nommer les choses, de pointer du doigt cette hégémonie écrasante des états-uniens. Ce sont les « jeunes prophètes » du sous-titre du film, lucides, éveillé·e·s, qui sont aussi notre avenir. Épicentro est un film très touchant, un grand documentaire sur l’impérialisme et le cinéma. C’est une vague qui nous submerge, nous donne envie de partir loin, de danser, de lutter. AVANT-PREMIÈRE + RENCONTRE dim. 23.08 ~ 19h45 ~ Star St-Exupéry en présence du réalisateur Hubert Sauper
14 15 AVANT-PREMIÈRE 26.08 26.08 + RENCONTRE Akira Citoyens du monde KATSUHIRO ÔTOMO GIANNI DI GREGORIO ( JP ) - 1988 - VOST - 2h04 ( IT ) - 2019 - VOST - 1h31 Effacer l’historique avec Gianni Di Gregorio, Ennio Fantastichini, GUSTAVE KERVERN & BENOIT DELÉPINE Néo-Tokyo, an 2019. Giorgio Colangeli… ( FR ) - 2020 - 1h45 Détruite trente ans plus tôt par une mystérieuse avec Blanche Gardin, Denis Podalydès, Corinne Masiero… explosion, la mégalopole japonaise renaît Il n’est jamais trop tard pour changer de vie. de ses cendres et se prépare à héberger les Jeux Deux retraités, le Professeur, Dans un lotissement en province, trois voisins sont en prise olympiques. Les oubliés de la reconstruction qui a enseigné le latin toute sa vie, et Giorgetto, avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux.Il y a Marie, victime de manifestent chaque jour contre le pouvoir en place, Romain pur jus qui touche une pension de misère, chantage avec une sextape, Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée, tandis que les plus jeunes trouvent refuge dans la se disent qu’ailleurs, dans un autre pays, et Christine, chauffeur VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent drogue et la baston. Parmi eux, Kaneda et Tetsuo, l’herbe sera plus verte et leur pouvoir d’achat plus de décoller.Ensemble, ils décident de partir en guerre amis d’enfance et membres d’un gang de motards. conséquent. Ils sont rejoints dans leur projet de contre les géants d’internet. Une bataille foutue d’avance, quoique... départ par Attilio, antiquaire bohême et grande gueule. Déménager, mais où ? C’est la première question, et peut-être déjà celle de trop. Tant bien que mal, le trio s’organise. Il faut faire ses adieux, retirer ses économies, etc. Mais le plus dur dans l’exil, c’est quand même de partir. Quand on repense à Akira même d’un souvenir loin- tain, on se souvient de sa musique unique, mélan- geant sonorités japonaises et balinaises, chœur et musique classique, de son univers cyberpunk, de ses lumières et couleurs, de la scène d’ouverture et cette sensation de vitesse à dévaler à moto Néo-Tokyo. Tous Comme à leur habitude Kervern et Delepine ont des choses à dire ! Ils nous ont habitués à ces éléments qui ont fait du film le chef d’œuvre d’ani- des films bavards et celui-ci n’y manque pas ! Après l’esprit start-up nation dans I feel good mation japonaise qui a marqué un véritable tournant Il y a les road-movies ( vous avez aimé notre rétrospec- (2018) le duo s’attaquent à un autre syndrome de notre époque : nos vies « sur-connec- dans son histoire. Plus cher film d’animation à sa sor- tive Sur la route cet été ? ), et il y a les histoires sur tées ». Smartphones en main, continuellement reliés à internet, le contact humain y perd tie et très vite devenu culte, il a été le premier à faire celles et ceux qui n’arrivent pas à partir. Citoyens du et nos données finissent par ne plus nous appartenir… Tant de sujets qui font surface dans tourner les regards vers les productions nippones et monde, vous l’aurez compris, est de cette deuxième ce long métrage d’1h46 où nous suivons nos trois protagonistes, anciens gilets jaunes et à amplifier l’essor de la culture manga. Si vous ne catégorie. Nos trois protagonistes sont fatigués de déjà nostalgiques de leur occupation de rond-point, qui chacun à leurs manières vont devoir connaissez pas encore cette œuvre majeure c’est l’oc- leur vie en Italie, et veulent profiter de leurs vieux régler leur problème avec le monde 2.0. Ces trois personnages installent une triple trame casion de la découvrir dans les meilleures conditions jours. Le mot « profit » est la clé du film, tout tourne scénaristique dans laquelle le duo de réalisateurs s’en donne à cœur joie pour nous balan- avec cette version remasterisée 4k ! ( à l’image de cette caméra qui ne cesse de réaliser cer un maximum de situations comiques. La technique n’est pas en reste puisqu’on assiste des cercles ) autour du profit. Il faut profiter de ces à un des films les plus esthétiques des réalisateurs, les couleurs sont chaudes, les cadres SÉANCE SPÉCIALE dernières années, profiter du système de santé, pro- marquent les coupures entre les gens et le film va même jusqu’à frôler le fantastique. Un mer. 26.08 ~ 20h30 ~ Star St-Exupéry fiter des bières moins chères ailleurs… Cela en devient film hilarant jusqu’au-bout qui déclare la guerre aux écrans. presque indécent, et l’affection que nous avons au départ pour ces personnages se réduit petit à petit. AVANT-PREMIÈRE + RENCONTRE Jusqu’à l’apparition d’un dernier élément, qui fait bas- sam. 22.08 ~ 20h30 ~ Star St-Exupéry culer le film et lui donne une toute autre dimension… en présence du réalisateur Gustave Kervern
16 17 26.08 DEUX FILMS D’ALBERTO LATTUADA Alberto Lattuada a touché à tous les styles avec brio et a fait tourner les grands acteurs italiens de ces années là. Moins connu que certains de ses collègues, il se permet des films plus personnels et se révèle dans Guenda- lina et Les adolescentes, comme peintre subtil des émois amoureux chez les jeunes filles. Un cinéma sensuel et d’une grande beauté. Guendalina Les adolescentes ( IT ) - 1957 - VOST - 1h40 ( IT ) - 1961 - VOST - 1h30 avec Jacqueline Sassard, Raf Valone, avec Catherine Spaak, Christian Marquand, Sylva Koscina… Jean Sorel… À Viareggio, en Toscane, l’été touche à sa fin : Une jeune fille de bonne famille, Francesca, Guendalina, jeune adolescente de quinze ans, flirte dix-sept ans, se réveille un matin consciente avec Oberdan, le fils du maître-nageur, de son attirance pour Enrico, un architecte sans grande conviction et surtout pour dissiper son qui a vingt ans de plus qu’elle. ennui. Ses parents milliardaires s’apprêtent, Une attirance qui va hanter cette journée d’été quant à eux, à divorcer... au cours de laquelle la jeune fille, de rencontres en rencontres, va décider de ne pas résister à l’appel de la vie adulte. En des temps plus insouciants, dans un pays qui brûlait la vie, une jeune fille belle à croquer (et très riche) passe son temps avec des garçons. Et puis elle Les adolescentes parle du moment « d’avant l’acte », s’attache à Oberdan. Tout pourrait se dérouler comme de l’éveil charnel chez une jeune fille. Les corps et dans un téléfilm à l’eau de rose si une noirceur inat- les postures sont montrés et le film, s’il érotise, n’est tendue ne venait contrarier ce bel été. La petite fille va pour autant jamais vulgaire. La mise en scène de Lat- devoir faire tomber son insouciance et s’approcher de tuada est élégante et suit ce parcours initiatique sur la tristesse et la mélancolie. une journée où Francesca comprendra l’attrait qu’elle exerce sur les hommes. En quelques heures, un siècle est passé.
18 19 26.08 26.08 Pompéi Madame Tenet Dans un jardin ANNA FALGUÈRES & JOHN SHANK STÉPHANE RIETHAUSER (ou comment sauver qu’on dirait éternel ( FR ) - 2020 - 1h27 ( CH ) - 2019 - 1h33 les salles de cinéma) TATSUSHI OMORI avec Garance Marillier, Aliocha Schneider, CHRISTOPHER NOLAN ( JP ) - 2019 - VOST - 1h32 Vincent Rottiers… Madame, c’est Caroline, la grand-mère de ( US ) - 2019 - VOST - 2h30 avec Kiki Kirin, Haru Kuroki, Mikako Kabe… Stéphane Riethauser. avec John David Washington, Robert Pattinson, Dans une région désertée, Victor et son petit frère Une vieille dame dont on devine dès les premières Elizabeth Debicki… Dans une maison traditionnelle à Yokohama, Jimmy sont livrés à eux-mêmes. images qu’elle cache, derrière sa coquette mise en pli Noriko et sa cousine Michiko s’initient Dans la chaleur de l’été, ils tuent le temps comme et ses manières bourgeoises, une rare force de caractère. Muni d’un seul mot – Tenet – à la cérémonie du thé. D’abord concentrée sur sa ils peuvent avec d’autres jeunes de leur âge. Leur relation est au cœur du film : et décidé à se battre pour sauver le monde, carrière dans l’édition, Noriko se laisse finalement Ils forment une bande soudée qui s’est inventée un double autoportrait dans lequel la matriarche notre protagoniste sillonne l’univers séduire par les gestes ancestraux ses propres codes. Mais quand Billie, et son petit-fils cinéaste et gay se confient l’un à l’autre. crépusculaire de l’espionnage international. de Madame Takeda, son exigeante professeure. une jeune fille révoltée, entre dans la vie de Victor, l’équilibre du groupe va peu à peu se rompre et la vie de Jimmy radicalement changer. Madame est une grande. De la trempe de celles qui Tenet est un miracle. Devant le retrait de nombreux films C’est un film limpide et sage, un récit d’apprentissage au XXe siècle ont arraché les corsets aux corps et aux (dont une bonne partie du line-up de Disney), le chemin précis qui fait indiscutablement de Dans un jardin destins des femmes. De la génération de celles qui ont pris par d’autres vers des plateformes aux garanties qu’on dirait éternel ( quel beau titre ! ), LE film zen de Un accord de guitare, le désert plongé dans la nuit, un lutté pour leurs droits. La virilité a la peau dure et deux moins risquées, le matraquage médiatique qui nous rap- la rentrée. Ici règnent la patience et la lenteur, deux lampadaire qui s’éveille péniblement. Toute la force de générations plus loin Madame est une fouille militante pelle bien que «il n’y pas de films en salles de cinéma» et conditions pour pouvoir transmettre l’art du thé. Il y Pompéi réside dans son habilité à poser une ambiance et poétique de 93 minutes d’archives familiales, un nos habitudes sécuritaires qui nous font se sentir bien à a bien sûr les gestes spécifiques qui techniquement crépusculaire avec deux ou trois riens. Dans un monde mélange de films amateurs et personnels aux cou- domicile, Tenet est présenté comme un sauveur. Le film doivent être parfaits, mais l’enseignement passe éga- volontairement dépouillé de marqueurs temporels ou leurs surannées, où se réécrivent en écho les trajec- de Christopher Nolan a du boulot puisqu’il lui faudra à la lement par un apprentissage plus profond. Il faut ainsi spatiaux, tel un Mad Max mélancolique, l’aridité des toires individuelles et collectives contre les normes fois palier à un été aux entrées catastrophiques, dynami- savoir écouter un ruisseau qui coule, connaitre les grandes étendues semble avoir tout emporté. Ne de genre avec les impératifs de chaque époque. Sur ser une rentrée qui s’annonce mollassone et nous assu- oiseaux et les insectes et les intimes variations de ces reste que quelques habitants dont cette bande d’en- trois générations d’images Stéphane Riethauser rer un avenir très incertain. C’est donc mission impos- derniers, comme des indices sur le temps qui passe et fants sauvages qui voit sa routine bouleversée par déconstruit et construit un double récit d’émancipa- sible. Le secteur de l’exploitation cinématographique le rythme des saisons. C’est donc avant tout un par- l’arrivée de Billie ( Garance Marillier, découverte dans tion contre le patriarcat, celui de sa grand-mère et en français se rend compte qu’il dépend d’un marché cours intérieur que vont devoir faire Noriko et Michiko, le très cru Grave, de Julia Ducournau en 2016 ). Pompéi miroir le sien, avec la narration de son coming-out en mondial qui vacille. Il s’agite (à juste titre), demande des ceci sur des années. devient alors le théâtre d’une passion sulfureuse, une milieu bourgeois hostile et machiste. A la croisée des aides directes dans des plans de relance économique, Et comme le film n’est pas réalisé par Gaspar Noé, la fuite en avant – en moto à travers les collines rouges chemins, il y a des points de rencontre : la force de la repousse encore un peu plus les charges tout en réem- mise en scène reste pudique et appliquée, ne rompant – pour oublier tout le reste jusqu’à rupture. Premier tendresse et la puissance de la liberté. pruntant pour injecter de la trésorerie. Le constat est jamais la douceur de cet enseignement. « Chaque jour long métrage d’une chef décoratrice française et d’un terrible : après une année 2019 qui battait des records est un bonjour » nous dit-on ici, maxime qui d’emblée réalisateur américaino-belge – Pompéi interroge la d’entrées, certaines salles fermeront avant fin 2020. ne nous permet pas d’attendre des jours meilleurs masculinité aujourd’hui et met à l’honneur ce moment Tenet lui sortira sur 1200 copies, un record. Si Nolan a mais de simplement vivre le moment présent. quand les sentiments l’emportent sur la raison. Un bel réussi un grand film et que Tenet trouve son public, l’arri- essai et une bande originale envoûtante. mage à une rentrée cinématographique pas si dégueu- lasse que ça, pourra se faire. Pour l’heure, nous sommes toujours bien là, même si notre avenir ne tient plus qu’à un film.
20 21 02.09 02.09 Ema Énorme La jeune fille à l’écho Antigone PABLO LARRAÍN SOPHIE LETOURNEUR ARÙNAS ZEBRIÙNAS - SOPHIE DERASPE ( CL ) - 2019 - VOST - 1h42 ( FR ) - 2020 - 1h41 ( LT ) - 1965 - VOST - 1h05 - dès 9 ans ( CA + QU ) - 2019 - 1h49 - VOST avec Gael García Bernal, Mariana Di Girolamo, avec Marina Foïs, Jonathan Cohen… avec Lina Braknyté, Valeri Zoubarev... avec Nahéma Ricci, Rachida Oussaada, Santiago Cabrera… Nour Belkhiria... Ça lui prend d’un coup à 40 ans : C’est le dernier jour des vacances pour Vika. Ema, jeune danseuse mariée à un chorégraphe Frédéric veut un bébé, Claire, elle n’en a jamais Vêtue de sa robe ample, les cheveux au vent, Antigone est une adolescente brillante au parcours de renom, est hantée par voulu et ils étaient bien d’accord là-dessus. elle arpente le littoral déjà maintes fois sans accroc. En aidant son frère les conséquences d’une adoption qui a mal tourné. Il commet l’impardonnable foulé par ses pieds nus au cours de l’été. Libre de à s’évader de prison, elle agit au nom de sa propre Elle décide de transformer sa vie. et lui fait un enfant dans le dos. Claire se ses mouvements et de la présence des adultes, justice, celle de l’amour et la solidarité. transforme en baleine et Fred devient gnangnan. cette petite fille hardie, cor de chasse Désormais en marge de la loi des hommes, Antigone autour du cou, laisse son innocence et sa curiosité devient l’héroïne de toute une génération et pour la guider, sans crainte. De nature farouche, les autorités, le symbole d’une rébellion à canaliser... elle ne se laisse pourtant pas impressionner par le groupe de garçons, autres résidents de cette plage hors du monde et du temps. Le Reggaeton, d’après Gaston ( Gael García Bernal, excellent ) met le cerveau en pause. On ne pourrait Inspirée par sa seconde grossesse interminable, plus penser, et le corps bougerait tout seul, sans y Sophie Letourneur signe ici un film jubilatoire. réfléchir. C’est effectivement ce qu’il se passe pour Comme chez Apatow où le drame est d’autant plus L’histoire d’Antigone c’est aussi celle de sa soeur Ema ( Mariana Di Girolamo, démentielle ), qui, inca- réaliste qu’il est souligné de comédie, le film suit Ismène et de ses deux frères, Polynice et Eneocle. Ils et pable de discourir sur son traumatisme laisse son sous un angle volontairement burlesque les pas- elles sont Kabyles, exilées au Québec suite au meurtre corps s’exprimer pour elle. Ema veut voir son fils et sages obligés de la grossesse d’un couple vraiment Avec un noir et blanc salé aux reflets d’argent, de leurs parents par les Habibis. Convenons-en, c’est danser, c’est un besoin vital. Elle veut crier, elle en pas comme les autres. À noter que l’excellent duo une histoire de vagabondages et de jeux entre les pas le synopsis de tout l’monde. Alors certes, j’entends veut à Gaston, elle en veut à sa mère. Elle veut de Foïs/Cohen est accompagné de personnages qui rochers, La jeune fille à l’écho est un film court déjà les hellénistes hurler au plagiat comme quoi ce l’amour. Alors elle part en guerre, une guerre à 90 jouent tous leur propre rôle à l’écran et apportent qui arpente le temps évanescent des grandes serait une variation du mythe d’Antigone. Ben oui. Mais BPM. Une guerre sublime, passionnée. Une guerre un cadre vraisemblable à des scènes dignes du vacances où les enfants s’enhardissent, s’affran- bon en appelant ses personnages Polynice et Eneocle qui se lève et qui se barre. Une guerre qui se cherche guide « Accoucher pour les Nuls ». Ce mélange de chissent et expérimentent la forme fugace de la plutôt que Jules et Jim, la réalisatrice n’avance pas mas- également, qui fait quelques pas en arrière. Ema – réalisme quasi-documentaire et de fantaisie révèle rencontre. Le film dans sa forme, son montage quée. Sophie Deraspe en propose une lecture moderne, le film – est alors très froid, comme inaccessible, un film drôle, poétique et politique. Car sous ses ou sa lumière a toujours la beauté rare, la beauté très moderne. Et très mythologique. Incarnée. mais en même temps nous donne envie de rentrer airs légers, le film pose des questions sérieuses : libre, de cette jeunesse. Une pépite émergée de la Tout y est désarçonnant au point que l’on ne sait plus dans la danse, de se frotter à ces corps que Pablo Qui a le pouvoir dans le couple et comment cela Nouvelle Vague lituanienne, dans la lignée de ces son sentiment. Les cartes sont brouillées, redistri- Larraín nous montre, de les embrasser. Cette flui- évolue à l’approche d’une naissance ? Comment films sixties sur l’enfance insubordonnée ( Le Petit buées, les questions de justice, d’adolescence, de dité entre le rejet et le désir est entrainante car elle aborder son corps quand celui-ci change contre Fugitif, Les 400 Coups, etc ), à partager aussi avec politique, d’exil, de famille, tout y est traité pour une nous questionne, nous interroge sur ce que nous notre volonté ? En somme, Énorme est un film où les plus jeunes pour leur inspirer le goût de l’aven- tragédie greco-canado-kabyle à vous serrer le coeur. Si pouvons, ce que nous voulons accepter, ce à quoi on se bidonne ( désolé ). Sans se revendiquer fémi- ture, sur la plage et dans les salles. tu résistes aux larmes absentes d’Antigone, tu crains. nous nous attachons, si nous sommes séduit·e·s niste, le film interroge les rapports de force dans le par ces belles lumières et ces chorégraphies entraî- couple jusqu’à dépasser les clichés sur lesquels il nantes ou intrigué·e·s par l’ambiguïté morale repré- joue. Un gros film. sentée. Et la pression monte, pas à pas, scène après scène, jusqu’à l’embrasement.
22 23 AVANT-PREMIÈRE 02.09 + RENCONTRE Poissonsexe OLIVIER BABINET ( FR ) - 2019 - 1h29 avec Gustave Kervern, India Hair… Alors que Miranda, la dernière baleine au monde, fait la une des journaux, Daniel, physicien obstiné, tente de redonner aux poissons l’envie de copuler. Célibataire désabusé, il est lui-même hanté par le désir d’être père et compte bien traiter ce problème scientifiquement. Le hic c’est qu’à Bellerose il y a seulement 3 femmes en âge de procréer, soit une chance sur 6232,33 de rencontrer la mère de ses futurs enfants. Pourtant un jour, en sauvant de la noyade un étrange poisson à pattes, Daniel va réapprendre à tomber amoureux. Poissonsexe c’est le GPS qui déconne et qui t’envoie à Béthune quand tu pensais avoir rentré Megève dans ton itinéraire. Rien qu’à lui seul, le film déroute. Mais quand en plus on jette un oeil à la filmographie d’Olivier Babinet, là on se dit que le type c’est un peu la personne aux deux personnes. Minimum. De Robert Mitchum est mort à Swagger, Olivier Babinet est impossible à déchiffrer sauf peut-être pour Daniel (Gustave Kervern), scien- tifique aussi brillant que nonchalant livré à ses obsessions dans une Société dont il ne partage pas le cynisme. Poissonsexe prend le risque de l’onirisme. Désireux d’avoir un enfant et de permettre la reproduction des poissons, absents de la mer, Daniel espère une femme mais il y en a peu dans sa bourgade. Un jour il trouve un poisson à pattes. Ce jour-là, il n’est pas seul. Superstition ? AVANT-PREMIÈRE + RENCONTRE mer. 26.08 ~ 20h15 ~ Star en présence du réalisateur Olivier Babinet
24 25 02.09 09.09 09.09 Police La Daronne Un soupçon d’amour Sole ANNE FONTAINE JEAN-PAUL SALOME PAUL VECCHIALI CARLO SIRONI ( FR ) - 2019 - 1h39 ( FR ) - 2019 - 1h46 ( FR ) - 2020 - 1h32 ( IT + PL ) - 2019 - VOST - 1h40 avec Virginie Efira, Omar Sy, Grégory Gadebois... avec Isabelle Huppert, Hippolyte Girardot, avec Fabienne Babe, Marianne Basler, avec Sandra Dryzmalska, Claudio Segaluscio, Liliane Rovère… Jean-Philippe Puymartin… Barbara Ronchi… Virginie, Erik et Aristide, trois flics parisiens, se voient obligés d’accepter une mission Patience Portefeux est interprète judiciaire Geneviève Garland, une célèbre comédienne, Le jeune Ermanno vit dans une Italie sans futur. inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. franco-arabe, spécialisée dans répète « Andromaque » de Racine, Lena, 22 ans, enceinte, arrive tout juste de Pologne. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend les écoutes téléphoniques pour la brigade des Stups. avec pour partenaire, son mari André. Elle porte l’enfant que l’oncle d’Ermanno que leur prisonnier risque la mort s’il rentre dans Lors d’une enquête, elle découvre que l’un des Elle ressent un malaise profond à interpréter ce et sa femme adopteront à la naissance. Alors qu’il son pays. Face à cet insoutenable cas trafiquants n’est autre que le fils de l’infirmière personnage et cède son rôle à son amie Isabelle est chargé de veiller sur elle, de conscience, elle cherche dévouée qui s’occupe de sa mère. qui est aussi la maîtresse de son époux. Ermanno commence à s’attacher à convaincre ses collègues de le laisser s’échapper. Elle décide alors de le couvrir et se retrouve à la tête Geneviève s’en va avec son fils malade dans son à Lena et à s’imaginer père de ce futur enfant. d’un immense trafic ; cette nouvelle venue dans le village natal. Elle semble milieu du deal est surnommée fuir certaines réalités difficiles à admettre. par ses collègues policiers «La Daronne». Marvin ou la belle éducation, Les innocentes, Gemma Ethéré, clinique, dramatique mais pas ( trop ) glauque, Bovary pour n’en citer que trois, Anne Fontaine est une se reposant sur deux comédiens « extraordinaires vus réalisatrice que nous pouvons qualifier de prolifique À 90 ans, Paul Vecchiali entame avec Un soupçon pour la première fois à l’écran », Sole raconte l’histoire dans le paysage français actuel. Et autant dire que sa Une comédie bien de chez nous qui ose l’énorme tout d’amour sa sixième décennie à travailler derrière la d’une mère porteuse dont le neveu des futurs parents filmographie est hétéroclite, elle sait à la fois passer de en ne délaissant jamais l’attachant. C’est un peu ça La caméra. Qui dit mieux ? Évidemment, c’est l’amour ( stériles ) sera le gardien veillant à ce que tout se la comédie au drame en passant par le film d’époque. Daronne, une twingo conduite par Sébastien Loeb – qu’il filme. Le triangle amoureux, d’abord. L’amour passe bien jusqu’à ce que lui-même succombe un peu Avec Police, elle étonne encore une fois, en réalisant alias Isabelle Huppert – qui s’en donne ici à cœur joie. maternel, ensuite. Et l’affection, surtout. Chez Vec- aux charmes de sa protégée… Bref, il s’agit là d’une un film à suspens dans le milieu policier. Pour ce faire, Alors on marche aux grosses ficelles, on se laisse sur- chiali c’est un peu austère de prime abord, les cadres chronique sociale où tout n’est ni rose ni limpide. Oui Anne Fontaine, a décidé d’adapter le livre éponyme prendre par la tendresse d’un Hippolyte Girardot en sont fixes, le phrasé très théâtral, nous sommes loin du un air de « déjà-vu » plane sur ce premier film. d’Hugo Boris. Film tendu dont l’histoire se déroule flic un peu « à la rue », on se laisse charmer par cette cinéma naturaliste de ces dernières décennies. Mais À vouloir trop bien faire, trop faire juste, surtout, le film sur 24h, Anne Fontaine a découpé cette même jour- cinquantenaire multiple et qui assure aussi bien dans en une scène, au détour d’un plan, on voit apparaître oublie d’être soi ; les personnages y sont des pantins. née sous forme de chapitre, chacun vu sous l’angle son métier qu’avec sa famille ou bien sûr avec son des registres différents. Ici la comédie, là le drame, ou On les regarde bouger, évoluer, non pas pour ce qu’ils d’un des personnages. Cela permet d’appréhender de personnage de Daronne. Tout en ayant l’air de rien. même la comédie musicale. C’est dans ces scènes-là sont mais ce qu’ils doivent être. Un jour, à Noémie manière intime les difficultés quotidiennes et la vio- Toujours drôle ( le film ne perd jamais le fil ), parfois que les personnages prennent une autre dimension. Lvovsky qui écrivait un scénario dans lequel un per- lence auxquelles chacun va se retrouver confronté. Au étonnant, La Daronne est parfait pour enclencher un Là où l’on pourrait imaginer une grande rivalité, en sonnage mourait, Claude Berri avait donné ce conseil cours de cette mission pour laquelle ils n’ont jamais désir instinctif de cinéma quelque peu enfoui ces der- amour comme au travail, on trouve une belle compli- quant à l’emprise du démiurge sur ses ouailles : « Ce été formés, ces trois policiers vont être face à leurs niers temps…si vous voyez ce que je veux dire. cité. Elles s’assument, s’amusent. Pour la danse et le n’est pas le personnage qui meurt, c’est toi qui veut le propres questionnements intérieurs et leurs limites : chant, on pourra repasser, mais ces acteur·rice·s-là tuer ». À méditer. à quel moment décide-t-on de désobéir ? La grande ont envie de jouer, finalement. Iels peuvent commu- force du film est de laisser la place aux spectateurs niquer, iels aiment parler, bien parler, et puis fuir. Faire d’être dans les mêmes questionnements, sans jamais de la dialectique ? Un peu, un soupçon, alors… les influencer vers un jugement de l’un ou l’autre des personnages.
26 09.09 Les joueuses Rocks #paslàpourdanser SARAH GAVRON STEPHANIE GILLARD ( GB ) - 2019 - VOST - 1h33 ( FR ) - 2020 - VOST - 1h27 avec Bukky Bakray, Kosar Ali, D’angelou Osei Kissiedu… L’équipe féminine de L’Olympique Lyonnais s’est imposée au fil des années Rocks, 15 ans, vit à Londres avec sa mère comme une des meilleures équipes de football au et son petit frère. Quand du jour au lendemain leur monde. D’entraînements en compétitions, mère disparait, une nouvelle vie s’organise de doutes en victoires, ce film plonge pour la première avec l’aide de ses meilleures amies. Rocks va devoir fois au cœur du quotidien de ces joueuses d’exception. tout mettre en oeuvre Une invitation à porter un nouveau regard pour échapper aux services sociaux. sur la place faite aux femmes dans le sport : un univers où les valeurs de respect et d’ouverture seront les piliers de l’évolution vers l’égalité. Enfin sur les écrans, cette pépite du cinéma anglais va vous faire passer par de grosses émotions. Tout d’abord libre et jubilatoire (on aimerait vivre dans la Le sous-titre du film #paslàpourdanser fait écho à bande de Rocks), le film prend une tournure inexpli- une tribune éponyme de la joueuse norvégienne cable et Rocks se retrouve en face d’un grand vide. Le Ada Hegerberg. En 2018, elle est la première femme film se tend mais garde toute son humanité dans la à remporter le Ballon d’Or ( récompensant le meil- quête de Rocks pour échapper au pire et la tonalité leur joueur mondial de l’année ). Alors que le foot- reste toujours légère et dynamique. ball féminin vit un moment historique, elle se voit Rocks c’est Bukky Bakray, actrice noire bien en chair accueillir sur scène par la question « Est-ce que tu qui brille par son appétit pour la vie. Dans tout les sais twerker ? »... Non, ces joueuses ne sont #paslà- plans, elle resplendit, solarise, bouge son corps pourdanser, Stéphanie Gillard nous offre une plon- comme personne, crie véritablement sa joie de vivre gée au coeur de l’Olympique Lyonnais Féminin, qui le moment présent. Elle occupe le terrain. Et quand affiche l’un des plus beaux palmarès au monde avec les choses se gâtent, elle met les bouchées doubles six Champions League depuis 2011 et 14 titres consé- et prend en charge son petit frère. On en sort tout cutifs de championnes de France. retourné de cette histoire de tous les jours car le À travers les entraînements, vestiaires, conférences cinéma l’a rendue bigger than life. Et c’est la moindre de presse, le film dresse le portrait de ces compé- des choses. titrices acharnées mais reste attentif à ne jamais déborder dans leur sphère privée. Une sororité qui passe par une transmission intergénérationnelle, un respect et un amour tenace du ballon rond.
AG EN DA ÉVÉNEMENTS SORTIES HEBDOMADAIRES Guendalina ( p. 16 ) sam.22.08 Du 22.08 au 29.08 ~ CINÉ-COOL ( p. 10-11 ) mer.26.08 Les adolescentes ( p. 16 ) 20h30 ~ AVANT-PREMIÈRE : EFFACER L’HISTORIQUE ( p. 10 + 14 ) Akira ( p. 15 ) Citoyens du monde ( p. 15 ) dim.23.08 11h ~ AVANT-PREMIÈRE : CHIEN POURRI… ( p. 10 + 51 ) Effacer l’historique ( p. 14 ) 19h45 ~ SÉANCE SPÉCIALE : EPICENTRO ( p. 10 + 12 ) Madame ( p. 18 ) Pompéï ( p. 18 ) lun.24.08 20h15 ~ AVANT-PREMIÈRE : LES CHOSES QU’ON DIT… ( p. 10 + 31 ) Tenet ( p. 19 ) mar.25.08 20h15 ~ AVANT-PREMIÈRE : À CŒUR BATTANT ( p. 11 ) Dans un jardin qu’on dirait éternel ( p. 19 ) mer.26.08 20h15 ~ AVANT-PREMIÈRE : POISSONSEXE ( p. 11 + 22 ) Ema ( p. 20 ) mer.02.09 Poissonsexe ( p. 22 ) 20h30 ~ SÉANCE SPÉCIALE : AKIRA ( p. 15 ) Énorme ( p. 20 ) jeu.27.08 20h15 ~ AVANT-PREMIÈRE : UN PAYS QUI SE TIENT SAGE ( p. 11 ) La jeune fille à l’echo ( p. 21 + 50 ) Antigone ( p. 21 ) ven.28.08 20h15 ~ AVANT-PREMIÈRE : MICHEL ANGE ( p. 11 ) Police ( p. 24 ) sam.29.08 19h30 ~ AVANT-PREMIÈRE + APÉRO : ADIEU LES CONS ( p. 11 ) La daronne ( p. 24 ) mer.09.09 ven.04.09 19h30 ~ AVANT-PREMIÈRE : ANTOINETTE DANS LES… ( p. 40 ) Un soupçon d’amour ( p. 25 ) Sole ( p. 25 ) lun.14.09 20h15 ~ AVANT-PREMIÈRE : SING ME A SONG ( p. 42 ) Les joueuses #paslàpourdanser ( p. 26 ) jeu.17.09 17h15 ~ SÉANCE SPÉCIALE : PETIT JO, ENFANT DES RUES Adolescentes ( p. 8 ) Rocks ( p. 26 ) ven.18.09 Du 18.09 au 20.09 ~ WEEK-END FANTASTIQUE FEFFS ( p. 36-39 ) Les nouvelles aventures de Rita et Machin ( p. 50 ) ven.25.09 20h ~ AVANT-PREMIÈRE : JOSEP ( p. 46 ) Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait ( p. 31 ) mer.16.09 sam.26.09 10h ~ LA SÉANCE DE L’INVITÉ : EN ÉQUILIBRE ( p. 47 ) Africa mia ( p. 32 ) Antoinette dans les Cévennes ( p. 40 ) 14h ~ LA SÉANCE DE L’INVITÉ : LES GAMINS DE… ( p. 47 ) Grand frère ( p. 32 ) à partir de 14h ~ PLUG’N’PLAY ( p. 48-49 ) Honeyland ( p. 33 ) Ne vous retournez pas ( p. 33 ) Les Mal aimés ( p. 50 ) Les apparences ( p. 45 ) mer.23.09 Ondine ( p. 41 ) Jeune public Film du mois Venue Éléonore ( p. 45 ) Film coup de cœur Patrimoine Avant-première/ séance spéciale Ailleurs ( p. 47 ) Blackbird ( p. 44 ) Sing Me a Song ( p. 42 ) Balades sous les étoiles ( p. 51 ) Youpi ! C’est mercredi ( p. 51 )
31 AVANT-PREMIÈRE 16.09 + RENCONTRE Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait EMMANUEL MOURET ( FR ) - 2019 - 2h02 avec Niels Schneider, Camélia Jordana, Vincent Macaigne, Jenna Thiam, Emilie Dequenne, Guillaume Gouix… Daphné, enceinte de trois mois, est en vacances à la campagne avec son compagnon François. Il doit s’absenter pour son travail et elle se retrouve seule pour accueillir Maxime, son cousin qu’elle n’avait jamais rencontré. Depuis Mademoiselle de Joncquières, le cinéma d’Emmanuel Mouret prend de l’ampleur. Un développement narratif plus large, des dialogues qui s’affirment et une beauté ( esthé- tique mais aussi des sentiments ) qui scintille. C’est un compliment, d’autant plus qu’en aucun cas et malgré toutes ces affirmations, son dernier film ne perd la fraîcheur qui carac- térisait les précédents films de Mouret. Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, tout contemporain qu’il est, ressemble à un film en costumes tendance Jane Austen. La modernité n’est ici pas liée à la connectique mais aux personnages qui croient éperdument en l’amour. Comme une obsession, comme si c’était la seule raison qui justifierait d’exister. Autrement dit, le film échappe immédiatement à une certaine réalité et à presque tout repère social. Bon débarras ! Le film badine, avance en circonvolution, fixe un regard, injecte du tragique, fait naître sans arrêt de nouveaux senti- ments, remet une dose de légèreté…tout ça dans une temporalité où le spectateur a soit de l’avance, soit du retard sur la scène en train de se jouer. Quelle joie, quel plaisir aérien qui nous fera mieux retomber sur le présent. Sur la vérité des sentiments, le moment où tout se joue, là où la vie ne tient plus qu’à un fil. Atteindre ce moment d’une beauté lacrymale au cinéma est rare et dans ces temps « compliqués », salvateur. AVANT-PREMIÈRE + RENCONTRE lun. 24.08 ~ 20h15 ~ Star St-Ex en présence du réalisateur Emmanuel Mouret
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