Roméo et Juliette Opéra Charles Gounod - Dimanche 11 octobre 14h30 Mardi 13 octobre 20h
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DISTRIBUTION Opéra en cinq actes Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après Shakespeare Création au Théâtre-Lyrique, Paris, 27 avril 1867 Direction musicale Jacques Mercier Mise en scène Paul-Émile Fourny Assistante à la mise en scène Sylvie Laligne Décors Emmanuelle Favre Costumes Dominique Burté Lumières Jacques Chatelet Assistant aux lumières: François Thoron Chef de chant: Bertille Monsellier Roméo Florian Laconi Juliette Kimy Mc Laren Stephano Carine Séchaye Gertrude Sylvie Bichebois Frère Laurent Jérôme Varnier Capulet Marcel Vanaud Tybalt: Marc Larcher Mercutio Mikhael Piccone Le Duc de Vérone Jean-Marie Delpas Gregorio Jean-Sébastien Frantz Nouvelle production de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole En coproduction avec l’Opéra de Tours, l’Opéra Grand Avignon, l’Opéra de Reims et l’Opéra de Massy Remerciements à l’Opéra de Metz pour les textes du programme. Durée indicative : 3h et 1 entracte BIOGRAPHIES Vous pouvez retrouver les biographies de l’équipe artistique : - Sur notre site www.operadereims.com Spectacle / Roméo et Juliette Onglet distribution - Ou en scannant le QR code ci-contre
L e Chœur : Ensemble Lyrique Champagne Ardenne - ELCA Chefs de chœur Hélène Le Roy et Sandrine Lebec Accompagnatrice Olivia Ralaimiaramanana Soprano 1 Nora Mehnin, Marjolaine Fagot, Christelle Pouillart, Birgit Durlinger, Marie Andréa Cinquin Soprano 2 Brigitte Fournié Turquin, Julie Bouysse, Françoise Friedmann, Miquette Lecompte, Catherine Cannone, Carole Tremlet Ténor 1 Jean Claude Coutandin, Claude Sautret, Fabio Sitzia Thomas Mussart (Benvolio), Ténor 2 Félix Zurro, Etienne Devigne, Jean-François Huriet, Guy Mercadal Basses 1 Frédéric Ragaut, Simon Poux Xavier Wolfersberger (Pâris), Basses 2 Marc Antoine Sandere, Gautier Joubert, François Raux, Antoine Laurent Régisseur du chœur Carole Tremlet Orchestre Opéra de Reims Violons 1 Philippe Jégoux, Philippe Maeder, Nelly Cagneaux, Anne-Lise Durantel, Catherine Roberti, Frédéric Ammann, Pascal Frappart, Laure Potron-Georgelet, Nathalie Lecuyer Violons 2 Catherine Perlot, Cécile Taillandier, Fabien Degueille, Léa Ménissier, Isabelle Lesaing, Hélène Del Médico, Isabelle Soumange Altos Jean Pierre Garcia , Christelle Arrachart, Nathalie Perlot, Cyril Monnois , Cécile Bolbach, Véronique Reffay Violoncelles Loïc Maireaux, Sophie Kalinine, Karine Drouhin Laurent Bonnefoy, Frédérique Aronica Contrebasses Eric Lancelot, Laurent Mezerette, Béatrice Gréa Harpe Frédérique Nouaille-Venara Flûtes Louise Bruel, Bertrand Cote Hautbois Réginald Lafont, Vincent Martinet Clarinettes Jean Noël Verdalle, Sylvain Bres Bassons Yves Pichard, Jean François Angelloz Cors Manaure Marin, Gérard Tremlet, Philippe Cochenet, Joël Déon Trompettes Jean Baptiste Arnold, Rémy Dintrich Trombones Jean Luc Sauvage, Didier Brévot, Thibault Parant Timbales Régis Famelart Percussions Christophe Parant, Daniel Sauvage, Jean Fessard Régisseur d’orchestre Sylvain Bres Intendant général de l’orchestre Patrice Meresse Figuration Arnaud Toussaint / Jade Collet / Christine Bruneau Steve Boullet / Amandine Ammirati
Synopsis À Vérone Acte I Une fête dans le palais des Capulets. Profitant de l’incognito que procure le bal masqué, quelques représentants de la famille des Montaigus se glissent dans la demeure de leurs ennemis, les Capulets. Parmi eux Roméo, qui se retrouve, un peu plus tard, seul devant Juliette. Ignorant tout l’un de l’autre, ils s’abandonnent à un véritable coup de foudre. Tybalt, le cousin de Juliette, survient et reconnaît en Roméo l’un des représentants de la famille ennemie. Il jure de sauver l’honneur des Capulets. Mais le comte apaise les esprits en invoquant la loi sacrée de l’hospitalité. Acte II Le balcon de Juliette. Roméo s’est glissé dans le jardin avec l’aide de son page Stephano et parvient sous la fenêtre de Juliette. Les deux amoureux, un moment interrompus par la suite de Juliette, échangent des serments et promettent de se retrouver devant Frère Laurent qui les mariera. Acte III Dans sa cellule, Frère Laurent bénit l’union de Roméo et Juliette en espérant que ce mariage apportera la paix entre les deux familles. Devant la maison des Capulets, Stephano chante une sérénade ironique qui provoque la colère des Capulets et entraîne un combat général entre les deux maisons. Roméo cherche à séparer les combattants : il refuse le défi de Tybalt, mais quand celui-ci tue Mercutio, son meilleur ami, Roméo se jette sur lui et le tue à son tour. Le Duc de Vérone survient alors et condamne Roméo à l’exil. Acte IV Dans la chambre de Juliette. Roméo et Juliette ont passé la nuit ensemble avant la séparation de l’exil. Capulet vient annoncer à sa fille, accompagné de Frère Laurent, qu’elle doit épouser Pâris. Le moine garde le silence jusqu’au départ du comte. Il propose alors à Juliette un breuvage qui lui donnera l’apparence de la mort. Seul Roméo, qu’il avertira entre -temps, saura qu’elle est bien vivante. Juliette hésite un instant avant d’avaler le contenu de la fiole. Dans la grande salle du palais, les invités arrivent pour la cérémonie. Alors que son père la conduit à la chapelle, Juliette s’effondre. Acte V Dans le caveau des Capulets. Frère Laurent n’a pas pu prévenir Roméo qui a appris la mort de Juliette dans son lieu d’exil. Il revient à Vérone pour découvrir sa femme inanimée et s’empoisonne de désespoir. Juliette revient à elle au moment où le poison commence à faire son effet. Dans un duo poignant, Roméo lui révèle ce qu’il a fait. Juliette refuse de vivre sans lui et se transperce la poitrine avec le poignard de son amant.
Note d’intention - Quel univers esthétique avez-vous choisi pour cette nouvelle production de Roméo et Juliette ? Afin de mettre en avant le côté universel du mythe de Roméo et Juliette, l’équipe de créateurs et moi-même sommes partis sur l’idée d’un univers intemporel, inspiré de celui du réalisateur Tim Burton et de ses films. Cette production réserve des moments oniriques et luxueux en décors et en moyens, mais aussi des moments très purs tirant vers le surréalisme. Il y a beaucoup de symboles dans ce décor et ce monde fantasmagorique permet aux chanteurs d’être au plus près et au plus juste quant aux émotions de leurs personnages. Je suis également parti sur une autre image du destin tragique de ce couple. Il s’agit bien sûr d’une image de mort, mais fondée malgré tout sur l’espoir. Roméo et Juliette ne mourront pas couchés, mais debout, enlacés, dans une fusion totale. - Comment voyez-vous les personnages de cet opéra ? Les personnages sont très proches de l’œuvre de Shakespeare. Juliette est une très jeune fille, juvénile, pleine de fraîcheur. Elle s’éprend de Roméo, son premier et unique amour. Celui-ci est également très jeune, mais a déjà connu le sentiment amoureux avec Rosaline avant sa rencontre avec Juliette. Juliette vit dans l’univers oppressant de sa famille, les Capulets, comme elle le peut. Elle est attirée par ce grand escalier en colimaçon qui traverse le plafond, et d’où vient une lumière qui pourrait être le symbole de la liberté. L’autre famille, celle des Montaigus, est plus terrienne et plus proche de la nature, plus humaine aussi. Sa manière de vivre est différente, plus égalitaire. Les femmes y jouent le même rôle que les hommes, elles lisent, se battent. J’ai demandé aux artistes de cette production un vrai travail sur la modernité. Ce qui m’a intéressé est de retrouver des personnages très jeunes et de travailler avec eux un jeu d’acteur extrêmement naturel et contemporain pour cette œuvre qui reste un opéra du grand romantisme. - Parlez-nous du choix d’une distribution entièrement francophone pour cet opéra . J’ai eu la volonté de faire appel à des chanteurs francophones car ce sont les mieux placés pour interpréter ce répertoire, non seulement par leurs qualités vocales, mais également par leur connaissance du grand répertoire français et de la langue. D’où la compréhension d’un texte qui n’est pas forcément désuet et a même une forte portée symbolique. Au-delà de la beauté de leurs vocalises, il me semble important de valoriser les artistes francophones dans ce type de répertoire.
Gounod à l’épreuve de la scène Gounod songe à Roméo et Juliette depuis qu’à dix-neuf ans, au Conservatoire, il a entendu Berlioz répéter sa Symphonie dramatique, tirée de la tragédie de Shakespeare. À l’époque romantique, les traductions et les représentations du dramaturge anglais se multiplient en France. Après l’échec de Mireille (1864), Gounod se lance, avec une ardeur juvénile retrouvée grâce au climat du Midi, dans l’écriture d’un nouvel opéra. Ses librettistes attitrés depuis Faust, Michel Carré et Jules Barbier, recentrent la tragédie sur l’intrigue amoureuse, suivent le découpage de Shakespeare et citent parfois littéralement son texte. Ils sélectionnent et condensent les épisodes les plus connus, notamment ceux consacrés par les tableaux ou les gravures que Roméo a inspirés depuis le début du XIXe siècle. Le bal chez les Capulets, la scène du balcon, les duels dans la rue, la cellule de Frère Laurent, la chambre de Juliette où se succèdent nuit d’amour et ingestion d’une potion qui donne à l’héroïne l’apparence de la mort, la scène du tombeau et le double suicide sont sources d’épanchements lyriques ou propices à de grands ensembles. Le lieu de l’action est resserré sur Vérone, la maison des Capulets, ou ses abords immédiats. Gounod se montre enchanté de la dramaturgie de la pièce : ‟Le premier [acte] finit brillant, le deuxième tendre et rêveur, le troisième animé et large, avec les duels et la sentence d’exil de Roméo, le quatrième dramatique et le cinquième tragique. C’est une belle progression.” Mais cet équilibre est mis à mal par les coupures exigées par la censure, par la durée excessive du spectacle, par les rajouts pour satisfaire le couple Carvalho et pour flatter le goût du public. Gounod, humilié par tout ce qu’on lui demande, se plaint d’être pris pour un ‟décompositeur” de musique. Or il réussit à sauver ce qui fait son originalité. Elle nous échappe en partie aujourd’hui parce que ses successeurs ont recueilli son héritage et ont rendu banales ses trouvailles. Tout en se coulant dans le moule imposé par l’opéra de son temps, il ne se laisse pas enfermer dans un système. Texte et musique forment un tout indissociable, et la mélodie donne l’impression de jaillir spontanément. On est loin de la fabrique à la Meyerbeer où tout semble calculé pour l’effet. S’il garde la facture en cinq actes du grand opéra, divisés en scènes prétextes à des arias, duos et grands ensembles, Gounod veille à les inscrire dans la logique de l’action et de l’évolution psychologiques des héros. Ainsi, l’air ‟à roulades”, attendu dès la première entrée de la soprano, devient pour Juliette, éblouie par l’éclat du bal, un passage vocalement brillant mais assez bref. Aussi la créatrice obligea-t-elle le compositeur à lui trousser une valse comme il avait déjà dû le faire pour Mireille. Pièce rapportée, ‟Je veux vivre dans ce rêve” exprime cependant le refus du mariage arrangé et l’attente du bonheur de l’héroïne, ce qui explique ensuite son engagement rapide et sans faille envers Roméo. Autre passage obligé, le grand air du ténor. Gounod ne manque pas de réserver à Roméo, à l’acte II, une cavatine couronnée par un si bécarre (à l’origine), qui doit être chanté en demi-teinte. Même si cette prescription n’est que rarement respectée par les interprètes, elle n’en montre pas moins la volonté du compositeur de faire de cette pause lyrique, ‟Ah ! lève-toi, soleil !”, non pas un air gratuitement décoratif, mais une rêverie pleine de ferveur, exprimant le bouleversement qu’il vient d’éprouver à la vue de Juliette et, en filant une métaphore poétique évoquant sa beauté solaire, son désir de la revoir. Les contemporains furent très surpris par les quatre duos d’amour, nombre jusque là inédit dans une partition d’opéra. Ils mettent en valeur la fusion réussie entre la ferveur des jeunes amants et les mélodies que leur prête le compositeur. Avec une subtile élégance, la musique traduit leurs émois et crée un climat d’exaltation communicatif. L’omniprésence de la nuit que suggère le bref prélude et le finale de l’acte II, où dominent harpe et cordes, comme les appels de la flûte au IV - ceux de l’alouette
annonciatrice de l’aube -, ajoutent à la poésie de ces moments. Le caractère propre à chacun de ces duos structure la progression de l’action : l’échange sous forme de madrigal (acte I) entre les deux jeunes gens suggère leur attirance mutuelle, soulignée par le finale à l’unisson ; la scène du balcon (acte II) décide de leur prochain mariage, non sans que des interventions extérieures ne rappellent le danger qui menace ; l’ivresse de la première nuit (acte IV) donne lieu à une scène d’une rare fièvre sensuelle. La brève introduction de quatre violoncelles crée une impression de plénitude, renforcée par le chant à l’unisson des deux époux, Nuit d’hyménée. Puis les deux voix se dissocient, Roméo reprenant chaque phrase de Juliette à une mesure d’intervalle, O volupté de vivre, créant une montée contrapuntique qui culmine sur Sous tes baisers de flamme, simulant la montée du désir. Le chant initial à l’unisson revient, apaisé, bientôt suivi d’un dialogue où, par trois fois, chacun refuse l’aube qui doit les séparer, Non, ce n’est pas le jour, en renchérissant sur l’autre un demi-ton plus haut. Exaltation amoureuse et douleur s’entremêlent. Enfin, au réveil de Juliette (acte V), la joie des retrouvailles cède rapidement le pas à l’horreur de la mort imminente de Roméo : après un moment d’incrédulité et de révolte, quelques réminiscences des duos antérieurs, essentiellement celui de l’unique nuit d’amour, la jeune femme se poignarde. Tout s’apaise. Les derniers mots de Juliette reprennent le premier aveu, le ‟Je t’aime” de la scène du balcon, dans un murmure semblable à l’ultime demande de pardon à Dieu des deux époux. Leurs voix, à l’unisson, s’éteignent doucement, dans un dernier souffle que prolonge l’orchestre où revient, aux violoncelles, le thème du sommeil de Juliette du début de l’acte V. L’impression de sérénité s’impose : l’union des deux époux s’est accomplie dans la mort. Loin de la grandiloquence du grand opéra, ou du pathétique de l’opéra italien, ils meurent presque dans le silence de Mélisande. Ce climat d’intimité, cette poésie immédiatement accessible et d’une grande simplicité apparente, soutenue par une orchestration très subtile, cette émotion qui naît du chant même tout en restant mesurée et élégante, sont inséparables de l’écriture du compositeur. Il apporte un soin particulier pour que la mélodie fasse corps avec la prosodie de la langue française et que sa couleur ne détonne pas avec la sonorité du mot choisi, d’où la difficulté rencontrée par les non francophones pour interpréter ses opéras. Gounod, par son souci d’harmonie, de mesure, de vraisemblance psychologique, ouvre la voie à Carmen (1875), à Manon (1884) et, de façon plus lointaine, à Pelléas et Mélisande (1902). En jouant avec les codes de l’opéra, et en les contournant souvent avec habileté, il fait évoluer peu à peu la notion de ‟grand opéra à la française” qui va se confondre avec l’idée de ‟musique française” : le sujet est faussement historique et les grands ensembles restent cantonnés au début de l’acte I (le bal) et à la fin de l’acte III où se déroulent trois duels. Jusqu’à l’acte III, on trouve un certain mélange de tons, avec des personnages dont les comportements ou les saillies qu’ils suscitent font songer plutôt à l’opéra-comique (Gertrude, Stephano, Mercutio). Seule la musique maintient l’unité stylistique du début à la fin, refusant tout excès et tout disparate. Tout repose sur la peinture d’un amour juvénile et Gounod élude la violence extrême que l’on peut trouver chez Berlioz ou, au siècle suivant, dans le ballet de Prokofiev. La fidélité à Shakespeare - encore plus à Berlioz - lui fait maintenir le prologue (la scène finale où les deux familles se réconcilient en découvrant les cadavres de leurs enfants est supprimée). C’est moins l’usage de cet élément qui est original que la forme musicale choisie : elle peut rappeler les chœurs de Palestrina que Gounod écoutait à la Chapelle Sixtine pendant son séjour à La Villa Médicis. Le compositeur fait donc preuve d’originalité. Malgré bien des avatars (coupures, rajouts de scènes ou d’un ballet, exigés par les Théâtre-Lyrique, Opéra-Comique, Opéra de Paris qui l’ont mise à leur répertoire), l’œuvre a résisté au temps et aux modes. Elle reste un bel exemple de musique lyrique française. Danielle Pister / Première Vice-présidente du Cercle Lyrique de Metz
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