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Édition Juillet 2018 La s’explique Ministère de la Transition écologique et solidaire www.ecologique-solidaire.gouv.fr
la biodiversité s’explique SOMMAIRE INTRODUCTION page 4 L p. 4 La BIODIVERSITÉ, qu’est-ce que c’est ? a biodiversité, c’est le tissu vivant dont nous sommes à la fois acteurs UNE NOTION COMPLEXE MAIS INDISPENSABLE et tributaires. Pour le meilleur : la beauté de nos paysages, la diversité LA BIODIVERSITÉ AU CŒUR DE NOS VIES des espèces animales et végétales, les services innombrables et vitaux que nous rendent les écosystèmes pour l’agriculture et la régénération p. 8 En quoi la BIODIVERSITÉ est-elle menacée ? des sols, pour la régulation climatique et la protection de nos littoraux, pour UN CONSTAT INQUIÉTANT la qualité de l’air et de l’eau, pour la pollinisation de nos plantes, pour les LES CAUSES DE L’ÉROSION DE LA BIODIVERSITÉ médicaments que nous tirons de la nature… Mais aussi pour le pire lorsque nos activités, nos pollutions, nos prédations et nos indifférences dégradent, p. 12 La BIODIVERSITÉ en France parfois de manière irréversible, ce tissu vivant. page 8 UN PATRIMOINE NATUREL D’UNE GRANDE RICHESSE Aussi bien en métropole… La France dispose, dans tous ses territoires, d’une biodiversité remarquable, … qu’outre-mer particulièrement riche outre-mer, mais partout érodée et menacée. UN PATRIMOINE NATUREL MENACÉ Ce patrimoine commun mérite d’être mieux connu de tous, sauvegardé LA BIODIVERSITÉ AU CŒUR DES POLITIQUES PUBLIQUES et protégé, restauré et valorisé, car il est aussi source de bien-être, d’innovations, Une prise de conscience dès le xixe siècle d’activités nouvelles et d’emplois durables. Apprendre à la connaître Une stratégie nationale pour la biodiversité La loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages Un panel d’outils en faveur de la biodiversité CLIMAT ET BIODIVERSITÉ page 12 Le changement climatique affecte la biodiversité La biodiversité influence le changement climatique p. 26 Parcs, réserves, arrêtés, sites... des outils en faveur de la biodiversité p. 30 Testez vos connaissances p. 31 Pour en savoir plus L’organisation des Nations unies a déclaré la période 2011-2020 Décennie pour la biodiversité dans le but de promouvoir la mise en œuvre d´un plan stratégique sur la biodiversité. Ministère de la Transition écologique et solidaire 3
la biodiversité s’explique 1 La qu’est-ce que c’est ? Le mot biodiversité est la contraction de biologique et diversité. Mais encore ? Que cache cette notion apparue dans les années 1980 ? En quoi la biodiversité nous concerne-t-elle ? cette orchidée (ophrys sp.) UNE NOTION COMPLEXE animaux, champignons, bactéries, etc.) attire le m le d’une esp ce MAIS INDISPENSABLE ainsi que toutes les relations et interac- d’abeille sauvage en mimant tions qui existent, d’une part, entre les L l’odeur de la femelle. la tenta- ’usage du mot biodiversité est organismes vivants eux-mêmes, d’autre tive de copulation du m le leurré relativement récent mais la biodi- part, entre ces organismes et leurs mi- assure la pollinisation de la fleur ! versité, elle, est très ancienne. En lieux de vie. Nous autres, humains, ap- effet, la diversité biologique actuelle est partenons à une espèce – Homo sapiens – le produit de la longue et lente évolu- qui constitue l’un des fils de ce tissu. La tion du monde vivant sur l’ensemble de notion même de biodiversité est com- la planète. Les premiers organismes plexe car elle comprend trois niveaux vivants connus (à rapprocher de cer- interdépendants : taines bactéries actuelles) datent de la diversité des milieux de vie à près de 3,5 milliards d’années. La bio- toutes les échelles : des océans, prairies, diversité, c'est le tissu vivant de notre forêts … au contenu des cellules (pensons planète. aux parasites qui peuvent y vivre) en pas- Cela recouvre l’ensemble des milieux sant par la mare au fond de son jardin ou naturels et des formes de vie (plantes, les espaces végétalisés en ville ; Ministère de la Transition écologique et solidaire 5
la biodiversité s’explique La BIODIVERSITÉ qu’est-ce que c’est ? ORIGINE DU MOT « BIODIVERSITÉ » > américain, en 1980. Le terme « biodiversité » lui-même a été inventé en 1985, lors de la prépara- tion du Forum américain sur la diversité biologique, et a été utilisé dans le titre du compte rendu de ce forum, en 1988. Le Sommet de la terre de Rio de Janeiro, en 1992, qui a permis la mise en place de la Convention internationale sur la diversité biologique (CDB), a consacré ce terme. la diversité des espèces (y compris Les milieux naturels et les espèces ani- l’espèce humaine !) qui vivent dans ces males et végétales nous rendent aussi milieux, qui sont en relation les unes de nombreux services : avec les autres (prédation, coopéra- des animaux (insectes essentielle- tion…) et avec leurs milieux de vie ; ment) assurent la pollinisation des végé- la diversité des individus au sein de taux : sans pollinisation, nos fruits et lé- chaque espèce : autrement dit, nous gumes disparaîtraient des étalages ; sommes tous différents ! Les scientifiques des espèces, comme le ver de terre, parlent de diversité génétique pour ce contribuent à la fertilité des sols ; dernier niveau. les végétaux, en particulier dans les Étudier la biodiversité, c’est chercher à milieux humides, contribuent à une épu- mieux comprendre les liens et les interac- ration naturelle de l’eau en y puisant les BIODIVERSITÉ ET MATIÈRES PREMIÈRES tions qui existent dans le monde vivant. éléments nécessaires à leur croissance ; les tourbières sont des puits à carbone Les matières premières de la décomposition et avec lesquelles nous LA BIODIVERSITÉ (stockage naturel) ; sont des ressources naturelles utilisées dans d’organismes vivants pendant des périodes fabriquons tissus et vêtements. Et n’oublions le c ot on est une AU CŒUR DE NOS VIES f ibr e v égét ale les milieux humides protègent contre issue du c ot onnier le ver de terre ou la production de produits de temps très longues pas que le pétrole, déjà (gossypium sp.) l'érosion du littoral, atténuent l'intensité L l ombri c ( lom b ricus finis ou comme source (des millions d’années). cité comme combustible, terres tri s) jou e un a biodiversité fournit des biens ir- des crues et des inondations, etc. ; d’énergie. Par exemple, Autre exemple : les est à la base de la r l e fondam e n tal d ans l a f ertilité remplaçables et indispensables à les milieux naturels et les espaces les combustibles fossiles fibres naturelles, comme fabrication de nos fibres d es s ol s notre quotidien : l’oxygène, la nour- végétalisés dans les villes structurent (pétrole, gaz naturel, la laine, le coton, le lin, synthétiques, comme riture, les médicaments, de nombreuses nos paysages et améliorent notre cadre de charbon) sont le résultat le chanvre, issues le nylon, le polyester… matières premières… vie, nous offrant autant de lieux pour se de l’accumulation et d’animaux ou de plantes ressourcer, se promener, s’émerveiller... Ministère de la Transition écologique et solidaire 7
la biodiversité s’explique En quoi la 2 est-elle menacée ? Pourquoi dit-on que la biodiversité est menacée ou qu’il y a une érosion de la biodiversité ? Et si cette érosion est une réalité, en quoi sommes-nous concernés ? UN CONSTAT INQUIÉTANT supérieur au taux naturel d’extinction ! Certains scientifiques parlent d’ailleurs E héron crabier (ardeola ralloides) en plumage nviron 1,8 million d’espèces dif- d’un processus en cours vers une si- nuptial, l’aff t dans des branchages tombés dans un étang de la dombes. cette esp ce est classée férentes ont été décrites sur notre xième extinction de masse des espèces, quasi menacée dans la Liste rouge nationale planète, dont 280 000 dans les la dernière en date étant celle des dino- réalisée par le comité fran ais de l’union mers et les océans. Les spécialistes saures, il y a 65 millions d’années. Mais internationale pour la conservation estiment que 5 à 100 millions d’es- la crise actuelle est beaucoup plus ra- de la nature et le muséum national pèces peuplent notre planète alors pide (l’extinction des dinosaures s’est d’histoire naturelle. qu’ils décrivent, chaque année, de étalée sur plusieurs centaines de mil- l’ordre de 15 000 espèces nouvelles. Le liers d’années) et elle travail de recensement est donc loin est quasi exclusive- d’être terminé ! ment liée aux ac- Or, dans le même temps, les experts tivités humaines. indiquent que la moitié des espèces L’Union internatio- vivantes pourrait disparaître d’ici un nale pour la conser- siècle, compte tenu du rythme actuel vation de la nature de leur disparition : 100 à 1000 fois (UICN) propose Ministère de la Transition écologique et solidaire mar mot t e 9
la biodiversité s’explique En quoi la BIODIVERSITÉ est-elle menacée ? f leur de j ussie (ludwigia sp.) UN OUTIL DE CONNAISSANCE : LA LISTE ROUGE DE L’UICN LA CITES, UNE CONVENTION INTERNATIONALE ------ LES ESPÈCES La Liste rouge de en matière parmi lesquelles 28 % et outre-mer), en La convention sur le d’extinction ou suscep- transactions portant sur EXOTIQUES l’Union internationale de biodiversité. sont menacées. Créé collaboration avec commerce international tibles de le devenir en les produits dérivés ENVAHISSANTES pour la conservation Environ 9 000 en 1992, le Comité le Muséum national des espèces de faune et raison d’une surexploi- (peaux, fourrures, Tourterelle turque, de la nature (UICN) a experts compilent français de l’UICN d’histoire naturelle. flore sauvages menacées tation commerciale. Tous plumes, écailles, oeufs, liane papillon, ragon- fêté son 50e anniver- les connaissances regroupe des d’extinction (ou conven- les mouvements trans- ivoire, trophées, bois, din, jussie, écrevisse saire en 2014. scientifiques dispo- ministères, des tion de Washington), frontaliers de plantes et fleurs, meubles, objets du Pacifique… Autant Cette liste constitue nibles pour évaluer le organismes publics, connue sous le sigle animaux qu’elle encadre, d’art, plats cuisinés…). c e t t e g r e n oui l l e d’espèces exotiques l’inventaire mondial risque d’extinction des des organisations non ( d e n d r oba t e s CITES, existe depuis qu’ils soient vivants ou Environ 5 000 espèces envahissantes le plus complet de l’état espèces et alimenter gouvernementales et t i n c t or i us ) e s t 1975. Elle encadre et morts, entiers ou non, animales et 30 000 p r ot é g é e e n g uy a n e présentes en France de conservation global la liste en continu. plus de 250 experts. fran aise régule les mouvements sont ainsi soumis à des espèces végétales sont (métropole des espèces. Il s’agit Sur les 1,8 million Il réalise, depuis internationaux portant autorisations adminis- concernées. Ne revenez ou outre-mer). d’un outil de référence d’espèces connues, 2007, une Liste rouge sur les espèces animales tratives préalables. Il en pas de vos voyages avec Ce sont des espèces pour orienter les l’édition de décembre des espèces menacées et végétales menacées va de même pour les n’importe quel souvenir ! dont l’introduction stratégies et les actions 2017 en évalue 91 523, en France (en métropole par l’homme (par les échanges commerciaux, les activités agricoles, les activités de loisirs…), un inventaire mondial de l'état de LES CAUSES DE L’ÉROSION la surexploitation d’espèces sau- Les causes se conjuguent fréquem- l’implantation conservation des espèces : la Liste rouge DE LA BIODIVERSITÉ vages (surpêche, déforestation…), ment : par exemple, les récifs coral- et la propagation des espèces menacées dans le monde. renforcée notamment par le commerce liens ont fortement régressé dans menacent la C Fin 2017, 28 % des 91 523 espèces étu- ertaines causes naturelles peuvent illégal qui menace par exemple le thon certaines régions à cause de la pêche biodiversité locale. diées par les experts sont menacées dont expliquer la disparition d’espèces rouge ou l’éléphant ; intensive, du réchauffement clima- L’outre-mer est 41 % des amphibiens, 33 % des coraux ou d’habitats, mais le rythme ac- les pollutions de l’eau, des sols et tique et des pollutions marines. particulièrement formant des récifs, 25 % des mammifères, tuel est largement attribuable aux acti- de l’air, d’origines domestique, indus- concerné, car la petite 13 % des oiseaux, 31 % des requins et vités humaines. Au niveau international, trielle et agricole ; surface des îles raies et 34 % des conifères. cinq causes majeures d’atteinte à la l’introduction d’espèces exotiques et leur isolement Les milieux naturels sont également biodiversité sont aujourd’hui identifiées : envahissantes comme le ragondin ou géographique rendent les espèces locales très fragilisés ou détruits par les activités la destruction et la fragmentation l’écrevisse du Pacifique ; vulnérables aux humaines : sur l’ensemble de la planète, des milieux naturels liées, en particulier, le changement climatique qui peut espèces exotiques. 60 % d’entre eux ont été dégradés au à l’urbanisation croissante, à l’expansion s’ajouter aux autres causes ou les ag- cours des 50 dernières années et près de des terres agricoles et au développement graver. Il contribue à modifier les condi- 70 % sont exploités au-delà de leur capa- des infrastructures de transport : ceci tions de vie des espèces, les forçant à cité, tels les milieux forestiers. affecte tout particulièrement les forêts migrer ou à adapter leur mode de vie, tropicales, les prairies, les zones humides, ce que toutes ne sont pas capables de contr le par les douanes de défenses les tourbières ; faire (voir p. 22 à 25). d’éléphants (l oxodonta africana) Ministère de la Transition écologique et solidaire 11
la biodiversité s’explique 3 La en France Les espèces animales et végétales ne connaissent pas les frontières mais les États doivent prendre leurs responsabilités face à la biodiversité qu’ils abritent. En quoi la France est-elle particulièrement concernée ? Quelles sont les actions et politiques entreprises par l’État ? UN PATRIMOINE êtres vivants, appelées zones biogéo- NATUREL D’UNE GRANDE graphiques (carte p. 14). Le territoire RICHESSE métropolitain abrite des écosystèmes très variés au sein de quatre de ces zones L a France possède un patrimoine européennes : alpine, continentale, atlan- naturel exceptionnel : avec la métro- tique et méditerranéenne. pole et les territoires d’outre-mer, Il faut également souligner que la Médi- elle est présente sur deux continents et terranée est l’un des 34 points chauds de plus grand massif dunaire de bretagne, dans tous les océans, sauf l'Arctique. C’est la biodiversité aujourd’hui reconnus dans le site classé de g vres-quiberon, présente le 2e espace maritime du monde avec plus le monde. L’Hexagone occupe la pre- une mosaïque de milieux naturels qui abritent une faune et une flore tr s de 10 millions de km2. mière place en Europe pour la diversifiées. ce site accueille jusqu’ 1,5 million de visiteurs en été. AUSSI BIEN EN MÉTROPOLE… Les experts ont défini, en Europe, plu- sieurs zones principales de répartition des Ministère de la Transition écologique et solidaire 13
la biodiversité s’explique La BIODIVERSITÉ en France LA FRANCE AU CARREFOUR DE QUATRE ZONES BIOGÉOGRAPHIQUES VOUS AVEZ DIT ÉCOSYSTÈME ? ------ atlantique Marais breton, forêt de Fontainebleau, lagon de Mayotte, lac continentale d’Annecy… Autant d’écosystèmes qui se définissent comme un alpine ensemble vivant formé par différentes espèces en relation entre méditerranéenne elles (prédation, coopération, symbiose…) et avec leurs milieux boréale de vie (minéraux, air, eau), dans un espace donné. L’écosystème regroupe des conditions particulières (température, pH, humi- dité…) et permet la vie et l’évolution d’organismes vivants. le t e r r i t oi r e mé t r op ol i t a i n Réciproquement, par leurs interactions entre elles et avec leurs a b rit e d e s é c os y s t me s milieux de vie, les espèces modèlent l’écosystème. Un écosystème tr s v a r i é s a u s e i n d e est donc issu de la coévolution entre les différents êtres vivants quatre zones de répartition des e t r e s v i v a n t s (ou et leurs milieux de vie. Il constitue un système dynamique. zone s b i o g é og r a p hi q u e s ). diversité des amphibiens, des oiseaux et d’oiseaux y sont particulièrement impor- RÉCIFS CORALLIENS des mammifères. tantes (manchot empereur, albatros ------ env ir on 7 5 d’Amsterdam, sternes, pétrels…). Dans 10 % des récifs moins de 1 % des fonds (pêche, tourisme…). des plant es … QU’OUTRE-MER tous ces territoires, le nombre d’espèces coralliens de la planète sous-marins, mais Pourtant, partout dans de nouv elle- c alédonie sont Outre-mer, la majorité des territoires fran- est très important et un très grand nombre sont situés dans les abritent un tiers le monde, la pression endémiq ues çais (Nouvelle-Calédonie, La Réunion, n’est présent dans aucune autre région du eaux sous juridiction (93 000) de toutes démographique et c omme c et t e esp c e (c odia française de onze les espèces marines l’urbanisation sont Mayotte, Guadeloupe, Martinique, Poly- monde. C’est ce que l’on appelle des es- inc r assat a) territoires d’outre-mer. connues. Ils ont aussi responsables de nésie et Wallis-et-Futuna) sont situés dans pèces endémiques. À l’échelle mondiale, une importance dégradations majeures quatre points chaud de la biodiversité les écosystèmes considérable au niveau sur ces écosystèmes l e s r é c i f s c or a l l i e n s s on t (carte p. 16-17). Quant à la Guyane, elle coralliens représentent socio-économique fragiles. c on s t i t ué s d e p l us i e ur s est au cœur de l’un des derniers grands e s p c e s d e c or a ux e t a br i t e n t un e t r s g r a n d e d i v e r s i t é massifs forestiers de la planète, l’Amazo- d ’ or g a n i s m e s m a r i n s nie. La France est aussi le seul pays au ( p oi s s on s , c r us t a c é s , mo l l us q ue s . . . ) monde à posséder des récifs coralliens POINTS CHAUDS : UNE dans trois océans. QUESTION DE TEMPÉRATURE ? Les Terres australes et antarctiques françaises, situées dans l’hémisphère sud, Les points chauds de la biodiversité n’ont rien à voir avec les tempé- disposent d’écosystèmes terrestres et ratures. Il s’agit de régions très riches en espèces mais également très marins exceptionnels et abritent des es- menacées. Pour être plus précis, chaque point chaud de la biodiversité pèces animales et végétales adaptées à accueille au moins 1500 espèces de plantes endémiques (autrement des climats extrêmes. Les populations dit qui ne vivent nulle part ailleurs) et a perdu au moins 70 % de ses milieux naturels d’origine (forêts, milieux humides...). Ministère de la Transition écologique et solidaire 15
la biodiversité s’explique La BIODIVERSITÉ en France LES POINTS CHAUDS DE LA BIODIVERSITÉ La France, présente sur deux continents et dans tous les océans, sauf l'Arctique, dispose du 2e espace maritime du monde avec plus de 10 millions de km2 sous sa juridiction. Au niveau mondial, 34 points chauds de la biodiversité ont été identifiés et les territoires français se trouvent dans cinq d’entre eux. France métropolitaine St-Pierre-et-Miquelon St-Martin Polynésie St-Barthélémy française Guadeloupe Martinique Guyane Clipperton française Mayotte Wallis et Futuna La Réunion Points chauds1 Points chauds1 Îles éparses où la France est présente Île Amsterdam Nouvelle-Calédonie Eaux sous juridiction française2 Île Saint-Paul 1. Voir encadré p. 15 2. Les eaux sous juridiction correspondent Îles Crozet îles Kerguelen à l’espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière Points chauds économique. Il peut s’étendre jusqu’à Terres australes et antarctiques françaises Points chauds 200 milles marins (environ 370 km) au-delà où territoriale. des limites de la mer la France est présente Eaux Source : Comité français sous internationale de l’Union juridiction française* pour la conservation de la nature (UICN) * Les eaux sous juridiction correspondent Terre Adélie à l’espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière économique. Il peut s’étendre jusqu’à Ministère de la200 Transition milles écologique et solidaire marins (environ 370 km) 17 au-delà des limites de la mer territoriale.
la biodiversité s’explique La BIODIVERSITÉ en France UN PATRIMOINE LA BIODIVERSITÉ AU se doter progressivement d’une politique NATUREL MENACÉ CŒUR DES POLITIQUES cohérente de sauvegarde de ce qui sera PUBLIQUES nommé, plus tardivement, la biodiver- L un insec t e appelé ’engagement de la France pour la longic or ne sité (encadré p. 6). L (agapant h ia protection de la biodiversité est a richesse du patrimoine naturel v illosov ir idesc ens), d’autant plus important que : français et les menaces qui pèsent 1 800 m d’alt it ude APPRENDRE À LA CONNAÎTRE dans les pyr énées sur l’ensemble du territoire national, sur son devenir confèrent à la La connaissance de la biodiversité est un a v e c qua t r e a ut r e s e s p c e s d e t or t ue s environ 590 000 ha de milieux naturels et ma r i n e s , l a t or t ue v e r t e ( c h e l on i a France une responsabilité particulière en enjeu majeur. De sa qualité dépend la com- de terrains agricoles ont été artificialisés my d a s ) f a i t l ’ obj e t d ’ un p l a n n a t i on a l matière de biodiversité. préhension des phénomènes et des évo- d ’ a c t i on s d a n s l e s a n t i l l e s f r a n a i s e s entre 2006 et 2015, remplacés par des lutions, et donc l’efficacité des actions mises routes, habitations, zones d’activités, Sur 125 espèces de mammifères pré- UNE PRISE DE CONSCIENCE en œuvre en faveur de la biodiversité. parkings... Cela équivaut à la superficie sentes sur le territoire métropolitain (y DÈS LE xixe SIÈCLE Le travail de collecte de données sur d’un département comme la Seine-et- compris les mammifères marins), 17 sont À la fin du xixe siècle, des artistes et des les espèces et les habitats est une tâche Marne ; menacées à divers degrés. Autres gens de lettres prirent conscience de la continue qui s’appuie sur de nombreux la France, qui tient sa diversité spé- exemples : 92 espèces d’oiseaux nicheurs valeur patrimoniale et de la fragilité des programmes. Par exemple, la poursuite cifique notamment des territoires sur 284 et 27 espèces d’orchidées sur les paysages naturels. Alliés à divers mouve- 19 6 1 de l’inventaire des zones naturelles d’in- d’outre-mer, se situe parmi les 10 pays 160 présentes en métropole sont mena- ments d’opinion opposés aux excès de c r é ati o n d e térêt écologique, faunistique et floristique l a p r e mi r e abritant le plus grand nombre d’espèces cées selon la Liste rouge nationale des l’industrialisation, ils favorisèrent l’émer- (ZNIEFF), initié en 1982 avec la mise en réserve mondialement menacées (soit 1 235 espèces menacées 2018 ; gence d’une législation sur la protection place de la méthode d’inventaire continu n atu r e l l e l e pi n colonn a ire espèces) selon la Liste rouge 2017 de au niveau européen, la France des monuments naturels et des sites. ou encore le lancement de grands pro- ( araucaria rulei) l’UICN (dugong, tortue luth, albatros métropolitaine est au 5e rang avec 293 Une première loi fut adoptée en 1906, grammes de connaissance comme la n’ es t conn u qu’e n nouvel l e-ca lé d onie d’Amsterdam…). Avec respectivement espèces mondialement menacées modifiée et complétée par la loi du 2 mai cartographie nationale des habitats natu- ( es p ce end é mique) 591 et 176 espèces menacées, la (scarabée pique-prune, vison d’Europe…) 1930 et aujourd’hui incluse au code de rels, qui vise la production d’une carte au Nouvelle-Calédonie et la Polynésie après l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le l’environnement. Plus de 110 ans après la 1/25 000 des habitats naturels et des française arrivent en tête. Portugal. loi de 1906, le territoire national métropo- végétations de l’Hexagone. litain et ultramarin compte environ 2 700 Autre exemple qui permet à chacun de sites classés et plus de 4 000 sites inscrits. contribuer aux connaissances sur la bio- Il faut attendre le début des années diversité : le développement des obser- DES OPÉRATIONS EN FAVEUR DES ESPÈCES MENACÉES 1960 pour que l’intérêt écologique de la vatoires naturalistes s’appuyant sur les protection des espèces sauvages et de sciences participatives (encadré p. 27). La France s’est aussi des plans nationaux plus de 200 espèces Le but or é t oi l é leurs milieux de vie, ou habitats, soit Citons aussi l’Inventaire national du dotée d’un outil visant d’actions en faveur des terrestres et marines, ( Bot a ur us s t e l l a r i s ) reconnu explicitement dans les textes patrimoine naturel (INPN), initié en n i c h e e n m é t r op ol e . à rétablir les espèces espèces menacées qui en métropole législatifs, avec la loi sur les parcs natio- 2003 : sous la responsabilité scientifique animales et végétales existent depuis plus de et outre-mer. naux et la création de la première réserve du Muséum national d’histoire naturelle, et leurs milieux de vie de 20 ans. En 2018, Me n a c é , i l a naturelle en 1961. La création du minis- l’INPN fournit les données de synthèses (ou habitats) dans un plus de 70 plans sont bé n é f i c i é d ’ un état de conservation ou ont été mis en p l a n n a t i on a l tère de l’environnement en 1971 et le nécessaires à l’expertise, à l’élaboration d’actions satisfaisant : il s’agit œuvre pour préserver d e 2 008 2 01 2 . vote de la loi sur la protection de la na- de stratégies de conservation et à la ture de 1976 permettent à la France de diffusion d’informations sur le Ministère de la Transition écologique et solidaire 19
la biodiversité s’explique a g r i on larges pattes La BIODIVERSITÉ en France ( p l a t y c n e mi s p e n n i p e s ) LA TRAME VERTE ET BLEUE sité et a pour ambition de protéger et de concernent tous les milieux, terrestres, ------ valoriser notre patrimoine naturel. Elle aquatiques et marins. La trame verte et végétales puissent, enrayer la perte et semi-naturels entend protéger les espèces en danger, et bleue vise à comme l’homme, de biodiversité terrestres ; la bleue les espaces sensibles et la qualité de UN PANEL D’OUTILS EN FAVEUR (re) constituer un communiquer, en préservant et en au réseau aquatique notre environnement, tout en faisant de DE LA BIODIVERSITÉ réseau d’échanges circuler, s’alimenter, remettant en bon état et humide (ex. : la biodiversité un levier de développe- Convention sur la diversité biologique, cohérent aux échelles se reproduire, des réseaux de milieux fleuves, étangs, emboîtées allant du en d’autres termes naturels, nommés milieux humides…). ment économique. convention de Ramsar sur les zones hu- territoire national assurer leur survie. continuités écolo- Cette trame forme La loi a créé l’Agence française pour la mides, convention alpine, Initiative inter- aux niveaux régional Le dispositif intègre giques. La trame verte un tout indissociable. biodiversité (www.afbiodiversite.fr), nationale pour les récifs coralliens, etc. : et local pour que l’ensemble des aires fait référence aux établissement public opérationnel depuis la France inscrit ses actions en faveur de les espèces animales protégées et entend milieux naturels début 2017, qui réunit l’Office national la biodiversité dans le cadre de ses enga- de l’eau et des milieux aquatiques, gements internationaux et européens l’Agence des aires marines protégées, ainsi que d’accords régionaux et de pro- patrimoine naturel français (espèces, puissent contribuer aux ambitions, un Parcs nationaux de France et l’Atelier grammes multilatéraux. milieux naturels et patrimoine géolo- mécanisme de mobilisation sur la base du technique des espaces naturels. Le rôle La gestion et la protection des milieux gique). Depuis 2012, l’Observatoire natio- volontariat a été mis en place. Les acteurs de l’Agence est de mobiliser la société naturels, de la flore et de la faune re- Plus de 1 5 000 esp c es nal de la biodiversité propose des indi- volontaires sont invités à adhérer à la au service de stratégies de reconquête posent sur un large éventail de c h ampignons des cateurs pour éclairer des questions de stratégie ce qui implique d’en partager la de la biodiversité (collectivités, associa- d’outils (parcs nationaux, bois et des pr és sont c onnues en Fr anc e société concernant la biodiversité. vision, les principes de gouvernance, les tions, entreprises, organismes de re- parcs naturels marins, orientations stratégiques et les objectifs. cherche, citoyens...). Ses missions Natura 2000, etc. ; UNE STRATÉGIE NATIONALE En 2017, on compte près de 500 orga- POUR LA BIODIVERSITÉ nismes adhérents. À l’issue des appels à La stratégie nationale pour la biodiversité projets de 2012 à 2016, 102 actions en CRÉATION ET GESTION DES AIRES PROTÉGÉES (SNB) est la concrétisation de l’engage- faveur de la biodiversité ont bénéficié ment français au titre de la Convention sur d’une reconnaissance. La création d’une aire ou d’organisations d’importance qualité de la gestion la diversité biologique. Après une première protégée, la délimitation de la société civile internationale) et de la gouvernance. phase 2004-2010 basée sur des plans LA LOI POUR LA RECONQUÊTE d’une zone d’inventaire (40 % des cas). Environ ou des réserves de Parmi les 23 premiers ou encore l’acquisition 8 000 agents travaillent biosphère de l’Unesco. lauréats, cinq sites d’actions sectoriels, la SNB 2011-2020 vise DE LA BIODIVERSITÉ, DE LA d’espaces naturels dans les espaces Mentionnons aussi que, français : deux parcs un engagement plus important des ac- NATURE ET DES PAYSAGES à gérer relèvent, naturels protégés. pour encourager une nationaux, Pyrénées teurs dans tous les secteurs d’activité, à é cu r e u i l r ou x Après la loi relative à la protection de la (s c i u r u s v u l g a r i s ) en fonction de l’outil Pour certains espaces gestion efficace et et Guadeloupe, toutes les échelles territoriales, en métro- nature de 1976 et la loi sur la protection considéré, de l’État ainsi créés et gérés, équitable, l’UICN le parc naturel marin pole et outre-mer. et la mise en valeur des paysages de ou d’une collectivité peut s’ajouter une a lancé fin 2014 une d’Iroise, la réserve Il s’agit d’atteindre les 20 objectifs fixés 1993, la loi pour la reconquête de la bio- territoriale. reconnaissance liste verte des aires naturelle de Cerbère- pour préserver, restaurer, renforcer, valo- diversité, de la nature et des paysages a La gestion peut relever internationale au titre, protégées qui offre Banyuls et l’espace riser la biodiversité et en assurer un usage été promulguée le 9 août 2016. Cette loi d’opérateurs de l’État, par exemple, des sites une reconnaissance naturel du marais durable et équitable. Pour que tous les inscrit dans le droit français une vision des collectivités Ramsar (zones humides internationale de la d’Épisy. porteurs de projets publics et privés dynamique et renouvelée de la biodiver- lézar d v er t (lac er t a v ir idis) Ministère de la Transition écologique et solidaire 21
la biodiversité s’explique La BIODIVERSITÉ en France p. 26 à 29) qui permettent d’adapter les CLIMAT ET BIODIVERSITÉ Le changement climatique actuel, ma- saisonnier des végétaux dont ils se UN RAVAGEUR réponses à la diversité des enjeux et des joritairement imputable aux activités nourrissent ou entre le développement FORESTIER EN L problématiques rencontrés sur le terrain. e changement climatique est une humaines, se déroule sur un laps de des proies et celui des prédateurs. La EXPANSION En fonction des situations, ces outils réalité à laquelle nous sommes temps très court à l’échelle des temps baisse de la rigueur climatique est éga- peuvent également s’articuler afin de confrontés. Quels sont les liens géologiques, dans un contexte où nous lement favorable au développement de D’origine méditerra- renforcer l’efficacité de la gestion et de entre climat et biodiversité ? Quelles sont exerçons d’autres pressions majeures ravageurs des peuplements forestiers. néenne, la chenille la protection. les conséquences du changement clima- sur la biodiversité (p. 10 et 11). Il modi- La hausse des températures des eaux processionnaire du Tous statuts confondus, les aires tique sur la biodiversité en France ? fie d’ores et déjà les interactions entre modifie la répartition des populations pin (Thaumetopoea protégées françaises couvrent, en Comment la biodiversité nous aide- les espèces et leurs milieux de vie dans de poissons. Si les tendances actuelles pityocampa) est l’un janvier 2018, environ 21 % des terres t-elle à lutter contre les effets du les écosystèmes. Pour un réchauffement étaient amenées à se poursuivre, le des pires ravageurs et 22 % des eaux françaises. Quali- changement climatique ? mondial de 2 à 3 °C, les experts pré- saumon pourrait, par exemple, ne plus forestiers en France, tativement, les enjeux sont nom- voient une augmentation du risque de être présent dans l’Adour, la Garonne, en particulier des pins maritimes. breux : offrir une meilleure lisibilité La biodiversité et le climat ont une disparition pour 20 à 30 % des espèces les bassins bretons et normands. Les contraintes ther- pour les citoyens, améliorer la connais- longue histoire commune qui re- animales et végétales. Le réchauffement et l’eutrophisation miques, qui forçaient sance et les résultats en matière de pré- Le coquelicot monte à l’apparition de la vie, il y a 3,5 des eaux de surface vont très probable- la chenille à demeurer servation par la qualité de la gestion et de est étudié pour estimer la capacité milliards d’années. Les variations du LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ment augmenter la fréquence et le au sud de la Loire la gouvernance, s’assurer que les espaces d’adaptation de la climat ont modifié les zones de vie des AFFECTE LA BIODIVERSITÉ nombre d’aires propices à la multiplica- dans les années flore au changement sont connectés au travers des continuités climatique espèces et la structure des communau- On constate le déplacement des espèces tion massive de micro-organismes. Cela 1970, ont été pro- écologiques (trame verte et bleue, enca- tés biologiques, des paysages et des et des habitats plus au nord ou vers des peut, par exemple, contaminer des gressivement levées dré p. 20), veiller aux interactions avec les zones biogéographiques (encadré p. 14). altitudes plus élevées, ce qui va modifier productions conchylicoles. par le réchauffement politiques d’aménagement du territoire Ces variations sont responsables de la profondément les écosystèmes et les L’acidification des eaux, liée à l’ab- climatique. Cela a et de développement économique, etc. disparition et de l’apparition d’innom- paysages. La vitesse du changement sorption du carbone atmosphérique, permis son expansion brables espèces, comme des transfor- étant en outre supérieure à la capacité modifiera les comportements de cer- continue vers le nord A mé n a g e me n t au rythme moyen t r a v e r s l a for e t mations des sociétés humaines. de migration de nombre d’espèces, tains poissons vis-à-vis de leurs préda- t r op i c a l e d a n s de 4 km/an depuis À l’inverse, la biodiversité influence celles qui ne pourront pas s’adapter sont teurs ainsi que la productivité du planc- l e p a r c n a t i on a l une dizaine d’années. d e G u a d e l ou p e directement le climat au niveau local menacées. ton. L’acidification des océans est Les chenilles se nour- (humidité, température...). Elle agit sur les La hausse des températures réduit la également dommageable à la construc- rissent des aiguilles grands cycles biogéochimiques (eau, CO2, rigueur climatique, allonge les périodes tion et à la survie des récifs coralliens, de pin, entraînant etc.) dont dépend la régulation du climat de végétation et modifie le comporte- ainsi qu’à l’ensemble des organismes la défoliation de mondial. Par exemple, les plantes ab- ment de migrateurs. Par exemple, les marins à coquille calcaire. l’arbre. Leurs poils sorbent du CO2 et produisent de l’oxy- dates de floraison et de récolte pour les Enfin, l’élévation du niveau de la mer urticants peuvent être gène : c’est ainsi que certaines régions du arbres fruitiers et les vignes sont avan- pourra modifier les phénomènes d’éro- dangereux pour monde très riches en biodiversité, comme cées. Ces phénomènes peuvent rompre sion côtière. L’anthropisation de l’homme et les l’Amazonie, jouent un rôle fondamental les synchronisations temporelles, par ces zones risque d’em- animaux domestiques (allergies, urtications, dans la régulation du climat. La relation exemple entre la période de reproduc- pêcher la migration etc.). entre climat et biodiversité est donc com- tion d’espèces et le développement progressive de plexe. Modifier l’un a des conséquences sur l’autre et vice versa. L e s d a t es de pont e des mésanges c h ar bonni r es s ont av anc ées, en ph ase av ec leur s pr oies, l e s c henilles, q ui appar aissent plus pr éc oc ement Ministère de la Transition écologique et solidaire 23
la biodiversité s’explique La BIODIVERSITÉ en France certaines espèces littorales, faute d’es- tés de carbone et de méthane. La biodi- LES MILIEUX HUMIDES, AMORTISSEURS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE paces de repli à coloniser. versité peut donc contribuer à augmenter ou à diminuer les émissions de gaz à effet Entre terre et eau, les milieux humides présentent des crues et les dommages causés par les LA BIODIVERSITÉ INFLUENCE de serre responsables du réchauffement de multiples caractéristiques, qu’ils soient inondations. L’eau accumulée pendant les L’ IN R A étu d ie LE CHANGEMENT CLIMATIQUE climatique. continentaux comme les étangs de la Champagne périodes pluvieuses ou lors d’évènements l ’ ef f et de s Les écosystèmes modifiés par le change- La biodiversité nous rend également humide, littoraux comme la baie de Somme ou météorologiques exceptionnels pourra alimenter ch ang ements de températu re ment climatique influent à leur tour sur le de nombreux services en contribuant à façonnés par l’homme comme le Marais poitevin progressivement les nappes phréatiques et les s ur l es aux ilia ire s climat local et mondial. Par exemple, en l’atténuation des effets du changement ou les salins d’Hyères. cours d’eau pendant les périodes sèches (photo 4). des cul ture s modifiant l’absorption et l’émission des climatique, comme la protection contre Les milieux humides participent à la prévention Cela contribue à maintenir certaines activités comme l e perce-oreille gaz à effet de serre : l’agriculture, en par- l’érosion du littoral, l’atténuation de des risques naturels. Sur le littoral, les mangroves agricoles en limitant les effets des sécheresses. (photo 1), les deltas, les marais et les estuaires ont En tant que puits de carbone naturels, les milieux ticulier grâce aux haies, et la sylviculture l’intensité des crues et des inondations, un rôle tampon sur la puissance des tempêtes, la humides, à condition qu’ils ne soient pas (forêts) peuvent être des puits de car- etc. C’est pourquoi elle constitue un force et la vitesse des vagues. Le tsumani de 2004 dégradés, atténuent le réchauffement climatique bone ; à l’inverse, le dégel progressif du thème important du plan national dans l’océan Indien illustre le rôle protecteur des global. De manière générale, le carbone est permafrost (sols gelés des régions arc- d’adaptation au changement climatique. mangroves et des forêts humides côtières : les séquestré par la végétation, via la photosynthèse. tiques) devrait libérer de grandes quanti- dégâts matériels et humains ont été bien moins Les tourbières (photo 5) ont un rôle primordial : importants là où ces milieux humides n’avaient la transformation progressive de la végétation pas été remplacés par des rizières ou des en tourbe accumule pendant des milliers d’années constructions. Grâce à leur végétation, les milieux des quantités importantes de carbone. À l’échelle humides protègent également les rives et les mondiale, les tourbières ne couvrent que 3 % rivages contre l’érosion (photo 2). Par ailleurs, de la surface terrestre mais stockent deux fois la plupart des milieux humides peuvent stocker plus de carbone que les forêts (30 % de la surface l’eau dans le sol ou la retenir à leur surface terrestre). (photo 3). Ils permettent de diminuer l’intensité 1 3 2 4 5 Ministère de la Transition écologique et solidaire 25
la biodiversité s’explique La BIODIVERSITÉ en France PARCS, RÉSERVES, ARRÊTÉS, SITES... DES OUTILS EN FAVEUR DE LA BIODIVERSITÉ LES RÉSERVES NATURELLES mé t r op ol e ------ saint-pierre- e t - m i q ue l on Les réserves naturelles de tous statuts (nationales, régionales et de Corse) sont des espaces qui protègent un patrimoine La France métropolitaine et les territoires naturel (biologique et géologique) remarquable par une d’outre-mer disposent, pour connaître LES SITES CLASSÉS ET INSCRITS réglementation adaptée tenant compte du contexte local. et préserver la biodiversité, d’outils adaptés ------ Protéger, restaurer, connaître et gérer ce patrimoine sont aux contextes et aux enjeux. Découvrons-en Attachée à la protection des paysages, les missions principales de l’organisme gestionnaire désigné quelques-uns. antilles la politique des sites vise à préserver officiellement pour gérer le site. En janvier 2018, 346 réserves fran aises des lieux dont le caractère exception- naturelles sont dénombrées : 167 réserves naturelles nel justifie une protection nationale. nationales, 172 réserves naturelles régionales et 7 réserves LE RÉSEAU EUROPÉEN Cette législation s’intéresse aux naturelles de Corse. NATURA 2000 monuments naturels et aux sites dont Réserves naturelles de France, www.reserves-naturelles.org ------ la conservation ou la préservation Outils fondamentaux de la politique g uy a n e présente, du point de vue artistique, européenne de préservation de la historique, scientifique, légendaire biodiversité, les sites Natura 2000 ou pittoresque, un intérêt général. visent une meilleure prise en compte En janvier 2018, 112 ans après la des enjeux de biodiversité dans les première loi (1906), la métropole activités humaines. Ces sites sont et l’outre-mer comptent près de 2 700 mayot t e désignés pour protéger des habitats sites classés et plus de 4 000 sites et des espèces représentatifs de la inscrits pour une superficie totale de biodiversité européenne, dont la liste plus de 4 % du territoire national. la r éunion est annexée aux directives européenne Le label Grand Site de France, créé oiseaux et habitats-faune-flore. en 2003, reconnaît la qualité de la En Europe, le réseau représente préservation et de la gestion d’un site les épar ses LES PARCS NATURELS RÉGIONAUX classé de grande notoriété et de forte 27 522 sites et couvre 18 % des terres t er r es aust r ales ------ fréquentation. et ant ar c t iq ues et 6 % de la zone économique exclusive. Reposant sur la présence d’espaces présentant Réseau des Grands Sites de France f r an aises Au 1er mars 2018, la France compte un intérêt naturel, culturel ou paysager de niveau www.grandsitedefrance.com 1 776 sites, couvrant près de 13 % national, chaque parc a pour mission la protection du territoire terrestre métropolitain et la gestion de ce patrimoine, le développement et 34 % de la zone économique économique et social ainsi que l’accueil, l’éducation LES CONSERVATOIRES D'ESPACES NATURELS exclusive métropolitaine. La démarche et l’information du public. Un projet de parc naturel ------ du réseau Natura 2000 privilégie la régional est élaboré sous la responsabilité de la En janvier 2017, les 29 conservatoires d’espaces naturels (21 régionaux et 8 départementaux) recherche collective d’une gestion région. Le premier parc naturel régional a été créé interviennent - par la maîtrise foncière et d’usage - sur 3 108 sites couvrant environ équilibrée et durable des espaces qui en 1968 (Scarpe-Escault). En juin 2018, on compte 160 000 ha en métropole et outre-mer. Ils contribuent à connaître, protéger, gérer, valoriser tienne compte des préoccupations 53 parcs naturels régionaux, dont deux outre-mer. les milieux naturels et à animer des projets de territoire. Le premier conservatoire a été créé économiques et sociales. Fédération des parcs naturels régionaux de France en 1976 en Alsace. Depuis 1989, ils sont regroupés au sein de la Fédération des Centre de ressources Natura 2000 www.parcs-naturels-regionaux.fr conservatoires d’espaces naturels qui a pour mission principale de représenter le réseau www.natura2000.fr et de favoriser les échanges entre ses membres, afin de renforcer leur action sur le terrain. Fédération des conservatoires d’espaces naturels, www.reseau-cen.org Ministère de la Transition écologique et solidaire 27
la biodiversité s’explique La BIODIVERSITÉ en France LES AIRES DE PROTECTION DE BIOTOPE ------ PARCS, RÉSERVES, ARRÊTÉS, SITES... Les aires de protection de biotope* préservent des milieux naturels DES OUTILS EN FAVEUR DE LA BIODIVERSITÉ nécessaires à la survie d’espèces animales ou végétales protégées. C’est le préfet de département qui prend, par arrêté, des mesures d’interdiction ou de réglementation des activités pour prévenir la disparitions d’espèces protégées. En 2018, il existe plus de 700 aires de protection de biotope en France métropolitaine et outre-mer. * Au sens large, le biotope définit le milieu nécessaire à l’existence d’une espèce. LES PARCS NATURELS MARINS ------ Le parc naturel marin est l’une des catégories d’aires LES PARCS NATIONAUX marines protégées françaises. Adapté à de grandes ------ étendues marines, cet outil a pour objectif de contribuer le Les parcs nationaux français constituent à la protection et à la connaissance du patrimoine marin c lipper t on les emblèmes de la volonté de protection (naturel et culturel), tout en promouvant le développement de la nature. Ils ont pour objectifs principaux durable des activités liées à la mer. Le conseil de gestion la protection de la biodiversité, la gestion du de parc, composé d’acteurs locaux (élus, services de l’État, patrimoine culturel et l’accueil du public. Forts usagers et professionnels de la mer, scientifiques, d’une gouvernance rénovée en 2006, les parcs associations, etc.), assure la gouvernance. En juin 2018, nationaux couvrent des domaines terrestres et polynésie il en existe neuf, six en métropole et trois outre-mer : maritimes variés. En juin 2018, la France en f r an aise Iroise, Mayotte, Golfe du Lion, Glorieuses, Estuaires picards et compte dix : Cévennes, Écrins, Guadeloupe, et mer d’Opale, Bassin d’Arcachon, Estuaire de la Gironde wallis Guyane, La Réunion, Mercantour, Port-Cros, & f ut una et mer des Pertuis, cap Corse et de l’Agriate, Martinique. Pyrénées, Vanoise et Calanques, premier parc Un autre est en projet. périurbain d’Europe. Ils représentent près de Agence française pour la biodiversité 9,5 % du territoire français et attirent chaque www.afbiodiversite.fr année plus de 8,5 millions de visiteurs. nouv elle- c alédonie Portail des parcs nationaux de France www.parcsnationaux.fr LES ZONES NATURELLES D’INTÉRÊT ÉCOLOGIQUE, FAUNISTIQUE ET FLORISTIQUE ------ LES SITES DU CONSERVATOIRE DU LITTORAL Le programme ZNIEFF (zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique) ET DES RIVAGES LACUSTRES a été lancé en 1982 avec l’objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant ------ de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation. Il s’agit donc d’un Le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres, établissement public créé inventaire qui identifie, localise et décrit les sites d’intérêt patrimonial pour les espèces en 1975, a pour mission de protéger le littoral français par la maîtrise foncière, vivantes et les habitats. Cet outil de connaissance est devenu, aujourd’hui, un des en métropole et outre-mer. Il acquiert des terrains privés et se voit confier des éléments majeurs de la politique de protection de la nature. Il permet d’intégrer cette terrains du domaine public. La gestion de ces terrains inaliénables est confiée connaissance dans les projets d’aménagement du territoire (documents d’urbanisme, à des collectivités territoriales, des associations ou des établissements publics. créations d’espaces protégés, schémas départementaux de carrière….). En mai 2018, le domaine terrestre et maritime sous la protection Inventaire national du patrimoine naturel du Conservatoire du littoral est de plus de 200 000 hectares (700 sites), http://inpn.mnhn.fr/ (rubrique L’inventaire ZNIEFF) sur 1 450 kilomètres de rivages. Conservatoire du littoral et des rivages lacustres www.conservatoire-du-littoral.fr Ministère de la Transition écologique et solidaire 29
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