Synthèse rapide - Santé publique France

La page est créée Julien Chauvin
 
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Synthèse rapide
                                    23 juillet 2020

                                    PRÉVENTION CANICULE
      COVID-19
                                    EN POPULATION GÉNÉRALE
                                    EN PÉRIODE DE CIRCULATION
                                    DU VIRUS SARS-COV-2

Dernière minute
Au moment de la publication de cette synthèse rapide, l’OMS publiait une note soulignant le
rôle des aérosols et des fomites dans la transmission du virus SARS-CoV2 et le port du
masque grand public était rendu obligatoire pour toute personne de 11 ans et plus dans les
lieux publics clos suite au décret n° 2020-884 1.

Dans sa note du 9 juillet 2020 2, l’OMS rappelle que selon les connaissances scientifiques
actuelles, la transmission se produit principalement par contact direct ou indirect avec des
personnes infectées ; celle-ci passe par la salive, les sécrétions, ou les gouttelettes
respiratoires des personnes infectées. Cependant, d’autres situations pourraient être à
l’origine d’une transmission du virus SARS-CoV2. En effet, certains clusters survenus dans
des espaces intérieurs surpeuplés suggèrent la possibilité de transmission via la combinaison
d'aérosols et de gouttelettes. Ces situations se rencontrent, par exemple, pendant la pratique
de la chorale, dans les restaurants ou dans les cours de fitness.

Par ailleurs, il est probable que des personnes puissent être infectées en touchant des
surfaces contaminées par des gouttelettes respiratoires (fomites), puis en se touchant le
visage avant de se nettoyer les mains.

1. Les règles du port du masque ont changé le 20 juillet 2020 suite à la mise en œuvre du décret n° 2020-884
du 17 juillet 2020 modifiant le décret n° 2020-860 du 10 juillet 2020 prescrivant les mesures générales
nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans les territoires sortis de l'état d'urgence sanitaire
et dans ceux où il a été prorogé. Disponible à :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000042124104&categorieLien=id
[consulté le 21 juillet 2020],
2. World Health Organization. (2020). Transmission of SARS-CoV-2: implications for infection prevention
precautions: scientific brief, 09 July 2020. World Health Organization.
https://apps.who.int/iris/handle/10665/333114
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                         en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 2

Avertissement

En l’absence de données de littérature scientifique sur l’interaction entre la canicule et la
COVID-19, actuellement disponibles, les éléments présentés dans cette note constituent un
état des connaissances en date du 22 juin 2020 en s’appuyant essentiellement sur des avis
et recommandations nationales, notamment l’ensemble des avis du Haut Conseil de la santé
publique (HCSP). Ils sont complétés par des productions d’institutions européennes ou
internationales. Les éléments présentés dans cette note sont susceptibles d’être modifiés en
fonction de l’évolution des données disponibles. Cette synthèse ne couvre pas l’ensemble des
actions mises en œuvre aussi bien pour prévenir la canicule que pour lutter contre la pandémie
de COVID-19, notamment celles portées par les acteurs régionaux, les collectivités
territoriales, les associations et les acteurs locaux qui ont un rôle primordial dans la gestion de
ces crises sanitaires (1).

Points clés
● En France, depuis 2015, les canicules ont augmenté en fréquence et en intensité ; survenue plus
précoce ou plus tardive au cours de la période estivale.

● Plusieurs études montrent une corrélation écologique négative entre les variables climatiques et
l’incidence de la COVID-19. Néanmoins, compte tenu des connaissances actuelles, les projections
indiquent que les augmentations de température et d’humidité durant la saison estivale ne permettront
pas de contrôler à elles-seules la transmission du virus, sans autres mesures de contrôle.

● En termes épidémiologiques, des points communs existent entre canicule et COVID-19 dans les
recours aux soins d’urgence, les signes cliniques confondants et certains facteurs de risque individuels,
sociaux et environnementaux.

● Les messages de prévention existent et sont largement diffusés pour ces deux risques, mais des
injonctions contradictoires sont possibles.

● La prévention, pour prendre en compte simultanément ces deux risques, doit être adaptée.

● La fréquentation d’espaces et lieux publics rafraichis (cinémas, magasins, piscines..) est encouragée
en période de canicule mais contrainte en période d’épidémie de la COVID-19.

● Il est nécessaire d’adapter l’utilisation des ventilateurs et climatiseurs individuels en période de
circulation du virus SARS-CoV2.
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                                      en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 3

Table des matières
Contexte ................................................................................................................................3

Question................................................................................................................................4

Méthode ................................................................................................................................4

COVID-19 - Transmission et saisonnalité ...........................................................................4
    Modes de transmission .................................................................................................4
    Facteurs météorologiques et COVID-19 ........................................................................6

Épidémiologie et prévention : canicule et COVID-19 .........................................................7
     Épidémiologie de la canicule et de la COVID-19 ...........................................................7
     Prévention de la canicule et de la COVID-19...............................................................10

Interactions Canicule et COVID-19 ....................................................................................13
      Espaces de vie en période de circulation du SARS-CoV-2 .......................................... 13
      Double risque pour les personnes à risque .................................................................14

Adaptation des mesures de prévention canicule en période de circulation
du SARS-CoV-2 ..................................................................................................................15

Conclusion..........................................................................................................................18

Références bibliographiques ................................................................................................19

Auteurs, relecteurs, appui documentaire ..............................................................................22

Contexte

L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur, en lien avec le
changement climatique, a été fréquemment décrite dans le monde et en France (2). En France,
depuis 2015, les vigilances canicule ont touché davantage de départements parmi lesquels
certains n’avaient jamais connu de passage en vigilance orange canicule auparavant. Des
records de température ont été battus, et des canicules plus précoces (en juin) ou plus tardives
(fin août-début septembre) ont été observées. Enfin, pour la première fois depuis la mise en
place du Plan national canicule en 2004, des vigilances rouges ont été déclenchées au cours
de l’été 2019. Pour cette année, en dépit d’un faible niveau de confiance, les prévisions à trois
mois de Météo-France évoquent que, sur les deux tiers sud-ouest de la France, le trimestre
prochain devrait être plus sec que la normale. Pour les températures, aucune tendance ne se
dégage sur la France sauf sur le pourtour méditerranéen qui devrait connaître un trimestre
plus chaud que la normale durant les mois de juillet à septembre 2020 (3). En période de
circulation du virus SARS-CoV-2 et dans l’éventualité de la survenue de vagues de chaleur,
certaines recommandations et dispositifs dédiés à la canicule et à la COVID-19 devront
s’adapter pour garantir à l’ensemble de la population une protection sanitaire optimale. Cette
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                                     en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 4

synthèse rappelle dans un premier temps les mesures de prévention actuelles en matière de
canicule et de la COVID-19 pour ensuite présenter les points de vigilance sur des
recommandations et des mesures dans les deux dispositifs de prévention si une canicule
devait survenir en période de circulation du virus SARS-CoV-2.

Question

Quelles adaptations des mesures de prévention canicule et des mesures de prévention de la
COVID-19 faut-il envisager en cas de survenue conjointe des deux évènements ?

Méthode

Les éléments présentés dans cette note s’appuient sur une recherche rapide et non exhaustive
des données disponibles dans la littérature et sur les principales recommandations françaises,
européennes et internationales, et ne repose pas sur une évaluation de la qualité des études
avec des outils standardisés. La recherche documentaire s’est appuyée sur :

  • une veille sur la COVID-19 réalisée par les documentalistes de Santé publique France.
  Elle inclut les articles scientifiques parus sur le sujet et recensés dans Pubmed, ainsi que
  les manuscrits en « préprint » publiés déposés dans les bases archives de prépublication
  MedRxiv, BioRxiv et Arxiv, les documents, rapports et communications d’une trentaine
  d’institutions gouvernementales ou scientifiques, françaises ou internationales,
  qui concernent le coronavirus. Les mots-clés utilisés sont : « Coronavirus », « new
  coronavirus », « novel coronavirus », « Wuhan coronavirus », « Wuhan Pneumonia
  Coronavirus », « 2019-nCov », « Covid-19 », « SARS-Cov-2 » et « coronavirus disease-
  19 ».

  • des recherches bibliographiques complémentaires sur l’ensemble des avis du HCSP en
  lien avec la canicule ou la COVID-19.

COVID-19 - Transmission et saisonnalité

Modes de transmission

1. Transmission du virus SARS-CoV-2

Ce paragraphe est issu d’une synthèse rapide publiée par Santé publique France sur
« COVID-19 : état des connaissances sur la généralisation de l’utilisation des masques dans
l’espace public » (4).

Comme pour les autres coronavirus humains, le virus SARS-CoV-2 est transmis
principalement d’une personne à une autre par le contact avec les gouttelettes émises par une
personne infectée lorsqu’elle tousse ou parle.
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                                       en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 5

L’aérosolisation de fines particules est décrite en milieu de soins essentiellement lors de
manœuvres sur les voies respiratoires et pourrait être à l’origine de transmission. Le HCSP,
dans un avis du 8 avril 2020, indique qu’en l’absence de données, on ne peut pas exclure une
transmission par aérosol en milieu clos de soins ou dans des environnements intérieurs
clos (5).

La transmission peut aussi se faire par les mains contaminées portées à la bouche, au nez ou
aux yeux, après avoir eu un contact avec une personne infectée ou une surface contaminée.
Les coronavirus peuvent survivre dans le milieu extérieur, sur des surfaces, de quelques
heures à quelques jours selon le type de surface (6) (7) (8).
Les données disponibles à ce jour sont aussi en faveur d’une transmission possible par des
personnes présentant des symptômes modérés ou aux stades présymptomatique ou précoce
de l'infection. De plus, les personnes porteuses d’infections asymptomatiques joueraient
également un rôle dans la transmission du SRAS-CoV-2, bien que celui-ci demeure difficile à
quantifier (9) (10) (11).

2. Transmission par aérosol dans les environnements intérieurs et dans l’environnement
extérieur

En l’état actuel des connaissances, il n’existe pas d’études prouvant une transmission
interhumaine du virus par des aérosols, sur de longues distances (5). Ce mode de
transmission ne semble pas être le mode de transmission majoritaire. Il n’y a pas encore de
données spécifiques permettant de décrire la diffusion de l’aérosol de particules fines vectrices
de virus viables dans une structure comme un magasin ou un transport collectif. Néanmoins,
le risque ne peut pas être exclu dans :

   • une chambre de patient infecté et excrétant ou dans des environnements intérieurs clos,
   confinés, mal aérés ou insuffisamment ventilés ;

   • des espaces clos à distance des patients émetteurs, en particulier lorsque cet espace est
   petit et lorsqu’il y a plusieurs patients dans le même espace (5).

3. Transmission lors de l’utilisation d’appareils de rafraîchissement

Ce paragraphe est issu de plusieurs avis du HCSP (12) (13) (14).

Pour assurer la qualité de l’air intérieur et, le cas échéant rafraichir une pièce, quel que soit le
logement, une aération par ouverture d’ouvrants dans les pièces de vie, à plusieurs moments
de la journée, est indispensable. Dans les logements équipés d’un système de ventilation, les
occupants doivent veiller à son bon fonctionnement (entretien, entrées et sorties d’air non
obstruées).

Avec l’augmentation des températures extérieures, le recours à l’utilisation de climatiseurs de
différents types pour rafraichir le logement est de plus en plus courant. Les climatiseurs
mobiles individuels sont des appareils qui ne ventilent pas le local mais restituent l’air présent
dans la pièce à la température désirée. Ils doivent être équipés de filtres performants et
correctement entretenus. Ils permettent alors d’obtenir un air « filtré » qui fait baisser
significativement la charge virale de la pièce si une ou plusieurs personnes infectées sont dans
la pièce. Les climatisations collectives sont des installations disposant d’unités terminales (de
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                                           en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 6

type ventilo-convecteurs) situées en allège, par exemple sous les fenêtres ou dans un plénum
(de type faux-plafond) qui brassent l’air d’une pièce ou d’un plateau ouvert (open-space) pour
le rafraîchir. Si les centrales de traitement d’air et les unités terminales sont dotées de filtres
performants et si elles sont bien entretenues, elles ne sont pas à l’origine de risque majoré
d’infection. L’utilisation des unités terminales (ventilo-convecteurs) et de climatiseurs
individuels induisent toutefois un « flux d’air » plus ou moins intense (la vitesse d’air est
moindre à la sortie de bouches de soufflage d’une installation collective). Si ce jet est
normalement filtré, donc moins contaminant, il peut néanmoins « augmenter la distance de
projection d’une gouttelette émise par l’oropharynx ».

L’utilisation d’un ventilateur dans une pièce en présence de plusieurs personnes dont certaines
sont contagieuses, rend la charge virale homogène dans la pièce et son niveau moyen
dépendra du système de ventilation (en général le système VMC). Mais, en créant un
mouvement d’air important, l’appareil va projeter les gouttelettes respiratoires émises par les
personnes à distance dans la pièce et rendre inopérante la distance de sécurité entre les
personnes. En revanche, un ventilateur utilisé par une seule personne dans une pièce ne pose
pas de problème.

Les brumisateurs en usage extérieur augmentent l’humidité relative et débarrassent
indirectement l’air de petites particules se fixant aux gouttelettes du brouillard. Les particules
ont tendance à se fixer à ce brouillard et vont tomber au sol assainissant l’air. A l’extérieur et
dans des espaces de grand volume, il y aura une dilution des gouttelettes respiratoires émises
par les personnes lors de la parole, de la toux et des éternuements. Le risque de contamination
par le SARS-CoV-2 est donc peu probable. Il faut que ces systèmes soient bien dimensionnés,
que l’eau utilisée soit sanitairement correcte (utiliser de l’eau potable ou de l’eau minérale
soutirée immédiatement, interdire la stagnation de l’eau dans le brumisateur dans la mesure
où cela peut engendrer d’autres maladies telles que la légionellose). Toutefois, dans son avis
du 20 mai 2020, le HCSP recommande l’interdiction des systèmes de brumisation collectifs de
type 3 en flux ascendant ainsi que le respect de consignes strictes pour les systèmes de
brumisation à flux descendant alimentés en eau à destination de la consommation humaine
(EDCH).

Facteurs météorologiques et COVID-19
Selon la synthèse rapide menée par Santé publique France sur Saisonnalité et COVID-19 3,
plusieurs études montrent une corrélation écologique négative entre les variables climatiques
et l’incidence de l’infection. Néanmoins, en l’état actuel des connaissances et compte-tenu du
niveau de preuve limité des études disponibles, il n’est pas possible de confirmer avec
certitude l’influence spécifique des paramètres météorologiques sur la transmission du SARS-
CoV-2. La dynamique actuelle de la transmission du SARS-CoV-2 quelle que soit la zone
climatique (Asie, Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique, Australie) et les projections
réalisées en faisant l’analogie avec les connaissances sur d’autres coronavirus (hors SARS-
CoV-1 et MERS-CoV) suggèrent une possible atténuation de la transmission durant l’été dans
l’hémisphère nord. Une telle atténuation serait probablement modeste en regard des effets
attendus par les mesures de contrôle mises en place.

3. Synthèse rapide COVID-19. Saisonnalité de la transmission du SARS-CoV-2. Saint Maurice : Santé publique
France, 23 juillet 2020 : 8 p. Disponible à partir de l’URL : http://www.santepubliquefrance.fr
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                    en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 7

Épidémiologie et prévention : canicule et COVID-19
Épidémiologie de la canicule et de la COVID-19
En France, la surveillance de l’impact sanitaire de la canicule est assurée par le Système
d’alerte canicule et santé (Sacs) coordonné par Santé publique France (15). Il s’appuie
notamment sur les passages aux urgences hospitalières et les consultations médicales
d’urgence de personnes présentant des signes cliniques évocateurs d’une exposition à de
fortes chaleurs (Tableau 1a). Depuis le début de l’épidémie de la COVID-19, une surveillance
épidémiologique a été mise en place à partir de nombreux indicateurs sanitaires (16). Les
différents facteurs de risque de la canicule (17) et ceux de la COVID-19 ont été notamment
précisés dans des avis du Haut Conseil de la santé publique (18).
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                                                                                                         en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 8

Tableau 1a. Épidémiologie de la canicule et de la COVID-19
                                            Canicule                                                                                               COVID-19
                                                                                         ÉPIDEMIOLOGIE au 25 juin 2020
 Lors des vagues de chaleur, on observe une nette hausse des recours aux soins d’urgences       La COVID-19 est une pneumopathie due à un nouveau coronavirus, le SARS-Cov-2, pouvant conduire à des
 pour hyperthermies, déshydratations et hyponatrémies.                                          formes graves de détresse respiratoire ou autres défaillances viscérales.
                                                                                                Depuis le 24 février 2020, 169 971 passages aux urgences pour suspicion de COVID-19 ont été enregistrés
 Au cours de l’été 2019, 49 % des passages aux urgences (10 378 passages) et 65 % des           (données au 23 juin 2020). Depuis le 3 mars 2020, un total de 58 005 actes médicaux SOS Médecins pour
 consultations SOS Médecins (3 687 consultations) pour symptômes en lien avec la chaleur ont suspicion de COVID-19 a été enregistré (données au 22 juin 2020).
 eu lieu pendant les trois semaines de vagues de chaleur (19).                                  Depuis le 1er mars 2020, 104 073 patients ont été hospitalisés et 29 720 décès lié au COVID-19 dont 19 232 au
                                                                                                cours d’une hospitalisation et 10 488 décès survenus en EHPAD ou autres établissements médico-sociaux
 Au cours des étés récents, la surmortalité due à la chaleur a été de 18 % en 2015, 13 %        (données au 23 juin 2020)(20).
 en 2016, 5 % en 2017, 15 % en 2018 et 9 % en 2019 (15).

                                                                                              SIGNES CLINIQUES
                                                                                                 Manifestations cliniques, de survenue brutale : fièvre, frissons, asthénie inexpliquée, myalgies inexpliquées,
 Effets directs : hyperthermie ou coup de chaleur (augmentation de la température corporelle,    céphalées en dehors d’une pathologie migraineuse connue, anosmie ou hyposmie sans rhinite associée,
 peau chaude, malaise, étourdissements, nausée, confusion, trouble de l’élocution...) ;          agueusie ou dysgueusie (22).
 déshydratation (21).                                                                            Chez les personnes âgées de plus de 80 ans : altération de l’état général, chutes répétées, apparition ou
 Effets indirects : hyponatrémie (nausées, vomissements, dégoût de l’eau, asthénie, céphalées, aggravation de troubles cognitifs, syndrome confusionnel, diarrhée, décompensation d’une pathologie antérieure.
 confusion), qui concerne particulièrement les personnes âgées.                                  Chez les nourrissons et les enfants : altération de l’état général, syndromes intestinaux (douleurs, vomissement
                                                                                                 ou diarrhée), fièvre isolée.
                                                                                        FACTEURS DE RISQUE (17) (18)
                                                                                                   Individuels
 Age élevé                                                                                       Age élevé (> 65 ans).
 Insuffisance cardiaque                                                                          Antécédents de pathologies cardiovasculaires.
 Diabète                                                                                         Diabète non équilibré ou présentant des complications.

 Maladies du système nerveux central, maladies neurodégénérative                                 Pathologie chronique respiratoire susceptible de décompenser lors d’une infection virale.
 Prise de certains médicaments (antihypertenseurs, diurétiques, neuroleptiques,                  Insuffisance rénale chronique dialysée.
 antidépresseurs, agonistes sérotoninergiques, les anticholinergiques principalement...)         Cancer évolutif sous traitement.
                                                                                                 Immunodépression congénitale ou acquise.
 Handicap physique ou mental                                                                     Cirrhose au stade B du score de child pugh au moins.
 Rescapés fragilisés par une vague de chaleur antérieure                                         Syndrome drépanocytaire majeur ou ayant un antécédent de splénectomie.
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                                                                                                           en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 9

Obésité ou dénutrition                                                                              Obésité
Grossesse                                                                                           Troisième trimestre de grossesse.
Très jeune âge

                                                                                             Sociaux et environnementaux
Situation de précarité vis-à-vis du logement (17)                                                  Situation de précarité vis-à-vis du logement (23)
Personnes sans logement fixe ; habitat vétuste, sans isolement thermique surexposé à la            Personnes sans logement fixe ; logement surpeuplé.
chaleur (sans isolement thermique, dernier étage, mansarde, grande baie vitrée, protection         Gens du voyage vivant sur des aires d’accueil, habitants des bidonvilles.
thermique impossible).                                                                             Travailleurs migrants vivant dans des résidences sociales.
Autres facteurs de précarité sociale                                                               Ce facteur « logement précaire » se cumule avec d’autres
Personnes précaires ; personnes isolées, désocialisées, dépendantes ou fragiles.                   facteurs de précarité sociale (23), au sein de ces populations il existe une plus grande prévalence de la plupart
Autres facteurs                                                                                    des pathologies à risque de formes graves de la COVID-19, un faible niveau de littératie en santé (24) (25) et un
Pratique sportive intensive : jogging, bicyclette…                                                 défaut d’accès aux soins et aux messages de prévention (26).

Facteurs territoriaux                                                                               Facteurs territoriaux
Zone de forte densité de population ; ilots de chaleur.                                             Zone de forte densité de population (27).
Centre-ville éloigné de toute végétation, absence d’endroit frais ou climatisé accessible.
Facteurs environnementaux
Pollution atmosphérique (ozone) associée qui peut aggraver le risque lié à la chaleur. Chaleur
humide, absence de vent et de courant d’air qui réduisent les possibilités de transpiration.
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                     en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 10

Prévention de la canicule et de la COVID-19

Les actions mises en œuvre pour prévenir et limiter l’impact sanitaire d’une vague de chaleur
sont régies par le Plan national canicule (PNC) (28), actif du 1er juin au 15 septembre. Ce plan
s’appuie sur quatre niveaux de vigilance météorologique, qui reposent sur des seuils d’alerte
établis selon des critères d’intensité et de durée de la chaleur susceptibles d’entrainer une
forte surmortalité. Ces niveaux de vigilance météorologique correspondent aux quatre niveaux
du PNC, avec pour chacun des actions déployées du niveau local au niveau national en
fonction de la situation météorologique et sanitaire. Les actions s’adressent à l’ensemble de
la population tout en proposant des mesures spécifiques destinées aux populations les plus
vulnérables vis-à-vis de la chaleur (personnes âgées, personnes isolées et vulnérables vis-à-
vis de la chaleur, personnes en situation de précarité et sans domicile, jeunes enfants,
travailleurs…) (Tableau 1b). Depuis le début de l’épidémie de la COVID-19, des campagnes
de communication d’urgence ont été diffusées à la population générale. Elles ont été
complétées par des mesures communautaires visant à limiter l’exposition au virus SARS-
CoV-2 (29) (30) (31).
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                                                                                                         en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 11

Tableau 1b. Recommandations et principales actions dans le cadre de la prévention canicule et COVID-19, 2020
                                                  CANICULE                                                                                                COVID-19
 Recommandations (28)                                                                                      Recommandations (13)
 Mesures individuelles : gestes destinés à prévenir les effets de la chaleur : boire régulièrement sans    Mesures individuelles : distanciation physique, renforcement de l’hygiène, port du masque lorsque la
 attendre d’avoir soif, maintenir une température acceptable dans le logement, si ce n’est pas possible,   distanciation physique ne peut pas être respectée 4.
 passer plusieurs heures par jour dans des établissements publics frais, voire être hébergé dans un
 autre lieu ; pendant les heures les plus chaudes, se reposer dans un lieu frais ; adapter son             Mesures communautaires
 alimentation (plats froids, fruits et légumes crus).                                                      Restriction d’accès de certains lieux « frais » en lien avec le niveau de circulation du virus (parcs et
 Renforcement du lien social : prendre et donner des nouvelles à son entourage (famille, amis, voisins).   jardins, plages, lacs ou plans d’eau, centres nautiques, cinémas…).
                                                                                                           Limitation de certaines activités comme le sport collectif.
 Recommandations supplémentaires pour les personnes âgées                                                  Isolement des personnes infectées, contact-tracing et mise en quatorzaine des personnes ayant été en
 - Passer plusieurs heures par jour dans un endroit frais ou climatisé.                                    contact rapprochées avec des personnes atteintes du coronavirus ou revenant de zones d’exposition à
 - Se mouiller le corps pour abaisser la température corporelle.                                           risque.
 - Boire sans dépasser 1,5 litre d’eau chaque jour et manger en quantité suffisante pour un apport
 suffisant en sels minéraux.                                                                               Recommandations supplémentaires pour les personnes à risque de forme grave, dont les
                                                                                                           personnes âgées (32):
 Recommandation supplémentaire pour les nourrissons et jeunes enfants                                      - Limiter le nombre des visites à domicile à une seule personne adulte dépourvue de symptômes de la
 - Garder les enfants dans un lieu frais.                                                                  COVID-19.
 - Laisser le bébé en simple couche et les jeunes enfants en sous-vêtements.                               - Respecter scrupuleusement les gestes barrières dont la distanciation physique.
 - Donner des bains dans la journée.                                                                       - Le visiteur doit se laver les mains en arrivant et ne pas toucher d’objets ou surfaces. L’hôte et le visiteur
 - Ne jamais laisser seuls les enfants dans un endroit surchauffé (voiture).                               doivent porter un masque.
 - Déconseillé de les sortir aux heures les plus chaudes.                                                  - Aérer le logement, ouvrir les fenêtres de la pièce pendant 10 à 15 minutes après la visite en s’assurant
 - Proposer régulièrement à boire et avoir des quantités suffisantes d’eau en cas de nécessité de          de fermer la porte.
 déplacement.
 En cas d’allaitement, le lait assure une hydratation adéquate et suffisante tout en veillant à une
 hydratation suffisante de la mère.
 Une attention particulière est requise aux enfants ayant des problèmes de santé ou prenant
 régulièrement un traitement médicamenteux.

4. Les règles du port du masque ont changé le 20 juillet 2020 suite à la mise en œuvre du décret n° 2020-884 du 17 juillet 2020 modifiant le décret n° 2020-860 du 10 juillet
2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans les territoires sortis de l'état d'urgence sanitaire et dans ceux où il a été
prorogé. Disponible à : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000042124104&categorieLien=id [consulté le 21 juillet 2020]
Ainsi, toute personne de 11 ans et plus doit porter un masque grand public dans les lieux publics clos, en complément de l’application des gestes barrières.
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                                                                                                         en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 12

Outils de communication « grand public »                                                                   Outils de communication « grand public »
Spots vidéo, audio, affiches (33) ; information accessible aux personnes à faible niveau en littératie,    Vidéos, spots TV, spots radio, affiches (29), et information accessible aux personnes à faible niveau en
malvoyants, malentendants, personnes âgées (34).                                                           littératie (36).

Autres outils de prévention « grand public » / mesures de gestion(28)                                      Autres outils de prévention grand public
Numéro vert d’information ; registre nominatif municipal (personnes âgées ou en situation de               Numéro vert d’information COVID-19, dispositifs d’aide à distance en santé (37)
handicap) (35) afin de pouvoir être contactées et assistées si besoin lors de situations exceptionnelles   Registre nominatif municipal avec extension des structures qui l’utilisent.
définies par la loi 2004-626 du 30 juin 2004 ; protocoles pour les structures d’accueil et les équipes
mobiles (maraudes) travaillant avec les personnes en situation de précarité et sans domicile.
                                                                                                           Autres outils de prévention professionnels
                                                                                                           Documents spécifiques (protocole sanitaire) en fonction des secteurs : éducation nationale, collectivités
                                                                                                           territoriales, cabinets médicaux, Ehpad, établissements habilités au titre de l’aide sociale à l’enfance …

                                                                                                           Mesures de gestion
                                                                                                           Un ensemble de dispositifs a été mis en place pour assurer la continuité des ressources pour certains
                                                                                                           salariés (38), l’hébergement, la continuité de l’accompagnement médico-social (et alimentaire et l’accès à
                                                                                                           l’information préventive sur la COVID-19 (39).
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                            en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 13

Interactions Canicule et COVID-19

Espaces de vie en période de circulation du SARS-CoV-2

La période de déconfinement progressif, par phase de trois semaines, a été mise en place à partir du
11 mai 2020. Elle maintient un certain nombre de contraintes affectant la vie quotidienne qui ont été
en partie assouplies une première fois le 2 juin 2020 puis, à partir du 22 juin (40).

Tout d’abord, le maintien des gestes barrières, dont la règle de distanciation physique, est prioritaire
pour limiter la propagation du virus SARS-CoV-2.

Ensuite, le maintien à domicile est favorisé en encourageant, autant que possible, à télétravailler ou
contraint, pour les familles avec enfants, en raison des conditions limitées de scolarisation ou
d’accueil des enfants en bas âge jusqu’aux vacances scolaires.

1. Mobilité des Français

Jusqu’au 1er juin 2020, la mobilité des français a été réservée à quelques circonstances spécifiques
et dans un périmètre restreint. Les déplacements en transports en commun urbains étaient soumis à
l’obligation du port du masque et du respect des gestes barrières et, autant que faire se peut, aux
mesures de distanciation physique. Depuis le 22 juin 2020, le recours aux transports en commun est
soumis au port du masque. L’utilisation de taxi/VTC ou le recours au co-voiturage était limité par le
nombre de personnes et l’obligation du port des masques en l’absence de protection
passager/chauffeur. Depuis le 2 juin 2020, d’autres passagers sont autorisés dans les véhicules
partagés mais encore limités à deux passagers par rangée. Le recours aux transports en commun
inter-régionaux ou aux transports aériens est possible uniquement pour des raisons impérieuses
familiales ou professionnelles avec le port du masque obligatoire. Depuis le 22 juin, le port du masque
est obligatoire dans les transports inter-régionaux et dans les avions avec réservation obligatoire pour
les trains et attestation sur l’honneur d’absence de symptômes obligatoire pour les voyages en avion.

Entre le 11 mai et le 1er juin 2020, les déplacements au-delà de 100 km en cas de sortie du
département de résidence ont été limités aux motifs impérieux familiaux et professionnels et
conditionnés à une attestation. À partir du 2 juin, il a été possible de se déplacer librement sur
l’ensemble du territoire métropolitain. En revanche jusqu’au 22 juin, les déplacements entre la
métropole et les outre-mer et des outre-mer vers la métropole ont été réservés à un motif impérieux
familial ou professionnel. Depuis le 22 juin, un protocole sanitaire est prévu pour les départements
d’outre-mer. Enfin à compter du 1er juillet 2020, les déplacements sont autorisés au sein de l’Union
Européenne (UE). En dehors de l’UE, les déplacements sont possibles au cas par cas en fonction de
la situation épidémiologique des états concernés avec d’éventuelles mises en place de quatorzaine
demandée par les pays de destination ou de retour.

2. Accessibilité aux espaces et lieux publics

Le déconfinement progressif a, dans sa première phase du 11 mai au 2 juin, maintenu des espaces
et des lieux recevant du public fermés au niveau national (cinémas, théâtres, grands musées) ; salles
de sport, des fêtes ou polyvalentes ; centres commerciaux > 40 000 m2 ; lieux de culte sans
cérémonie ; bars, cafés et restaurants ; gymnases et piscines ; les cimetières). Jusqu’au 1er juin,
certaines restrictions ont aussi concerné uniquement les départements à circulation épidémique
élevée (parcs et jardins) et l’accès à certains espaces a été soumis à l’accord du préfet sur demande
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                             en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 14

du maire (plages et lacs). Depuis le 2 juin, en zones verte ou orange, il est désormais possible
d’accéder aux plages. Depuis le 22 juin, sont toujours interdits les rassemblements de plus de
10 personnes ainsi que les grands événements de plus de 5 000 personnes. La fréquentation de
certains espaces et lieux publics est soumise au port du masque 5 (salles de fêtes et polyvalentes,
théâtres et cinémas, médiathèques et bibliothèques, musées et monuments, parcs de loisirs et parcs
zoologiques). Des règles sanitaires doivent être appliquées dans les lieux de cultes. Dans les
magasins et centres commerciaux, le port du masque est recommandé pour les personnels et les
clients lorsque les mesures de distanciation physique ne peuvent être garanties. En outre, le
commerçant peut imposer le port du masque. Dans les bars, cafés et restaurants, seules les places
assises sont autorisées avec un espacement des tables de 1 m ou des écrans, accueillant au
maximum 10 personnes et le port du masque est obligatoire lors des déplacements.

Finalement, depuis les 22 juin, les espaces et lieux potentiellement frais recevant du public sont
presque tous accessibles : forêts ; parcs et jardins ; médiathèques, bibliothèques ; musées et
monuments ; cinémas ; magasins… même si certains sont encore conditionnés au respect des
gestes barrières.

3. Activités sportives et de loisirs

La possibilité de pratiquer des activités sportives et de loisirs est encore très encadrée depuis le
22 juin. La fréquentation des gymnases, piscines et salles de sport est conditionnée au port du
masque (sauf pendant la pratique) et à l’adoption de règles sanitaires spécifiques. La pratique de
sports collectifs nécessite le respect des mesures de prévention.

Les personnes à risque

L’éventuelle survenue d’une canicule en période de circulation du virus SARS-CoV-2 affectera
l’ensemble de la population. On peut toutefois évoquer un risque accru pour certaines populations
qui présentent à la fois des risques individuels vis-vis de la COVID-19 et vis-à-vis d’une exposition
aux fortes chaleurs (Tableau 1a).

1. Logement

Certains déterminants sociaux et environnementaux sont des facteurs de risque à la fois pour la
canicule et pour la COVID-19 (Tableau 1a). Les conditions de logement ont des retentissements sur
l’épidémie de la COVID-19 (23) en termes de risque accru de contracter le SARS-CoV-2 mais aussi
de développer des formes graves et de décéder (12). Il s’agit notamment des personnes sans
domicile fixe, dont le nombre est estimé à environ 500 000 avec des situations personnelles très
diverses (personne seule, femme seule avec enfants, famille…). De plus, l’épidémie actuelle a
conduit à une rupture de continuité des dispositifs d’accompagnement, en termes d’aide alimentaire,
d’hébergement d’urgence, de suivi médical et social (23). Les gens du voyage vivant sur des aires
d’accueil ou les habitants des bidonvilles sont aussi souvent des communautés très fragilisées par
l’épidémie actuelle. Enfin, les résidences sociales hébergeant les travailleurs migrants ou saisonniers
souffrent d’une surpopulation qui conduit à un risque accru de dissémination du virus.

Toutes ces personnes ont en commun l’absence d’un logement stable, un accès très restreint à l’eau,
des ressources limitées, voire inexistantes, une alimentation non équilibrée, un défaut d’accès aux
soins et aux messages de prévention (26), et un faible niveau de littératie en santé (24) (25). En outre,

5. Ibid.
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                             en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 15

dans ces populations, il existe une plus grande prévalence de la plupart des pathologies à risque de
formes graves de la COVID-19 (41) (42) (43).

Ces mêmes populations mal logées sont aussi davantage exposées aux fortes chaleurs et limitées
dans les possibilités de mettre en œuvre les conseils pour se protéger des températures élevées. Par
exemple, l’étude menée auprès des personnes âgées résidant à domicile pendant la vague de
chaleur de 2003 a montré que l’isolation du logement était un facteur de risque de mortalité (44).

3. Personnes âgées

La vie quotidienne des personnes âgées est aussi très affectée par l’épidémie actuelle. Lorsqu’elles
vivent à domicile, le plus souvent seules, le confinement et la distanciation physique ont détérioré leur
lien social déjà fragile. En France, on estime que, parmi les 10,5 millions de personnes vivant seules
dans un logement, un quart d’entre elles sont âgées de 75 ans et plus (45). En 2017, les Petits frères
des pauvres ont mené une étude sur la solitude et l’isolement des personnes âgées de plus de 60 ans
(46). La situation d’isolement à la fois des cercles familiaux et amicaux concernent 6 % de la
population âgée de plus de 60 ans, ce qui représente 900 000 personnes. Ces personnes souffrent
aussi d’exclusion numérique, alors que cette forme de socialisation (littératie numérique) pourrait
compenser la solitude (46). Ainsi, 31 % des personnes âgées de plus de 60 ans n’utilisent jamais
Internet (mails, consultation de site, réseaux sociaux). Cette proportion atteint 47 % chez les
personnes âgées de 75 à 84 ans. Cet isolement affecte considérablement leur santé mentale (47).
L’isolement social des personnes âgées a aussi été identifié comme un des principaux facteurs
d’aggravation de la canicule (29).

Les zones à forte densité de population sont aussi doublement concernées par une plus grande
circulation du virus (48) et des conditions de logement incluant l’environnement proche et de vie qui
les exposent davantage aux fortes chaleurs (49).

Adaptation des mesures de prévention canicule en période
de circulation du SARS-CoV-2

En période d’épidémie de la COVID-19, il est encore plus essentiel de limiter l’impact sanitaire de
l’exposition à la chaleur pour réduire notamment le fardeau du recours aux services d’urgence
hospitalière ou médicale.

En l’absence de vaccin, l’adoption de gestes individuels est le principal rempart à la contamination
par le SARS-CoV-2. Depuis le début de l’épidémie, des messages de prévention sont diffusés à la
population générale pour respecter les gestes barrières dont la distanciation physique. Si
globalement, les mesures de protection sont largement connues et suivies, leur difficile inscription
dans la durée entraine un relâchement, en particulier celle qui concerne la distanciation
physique (50).

1. Outils de communication

Par ailleurs, pour les fortes chaleurs, une lassitude des outils de communication de prévention actuels
a aussi été évoquée par un échantillon de la population générale interrogée en octobre 2019 sur les
freins et leviers à l’adoption des messages de prévention en période de canicule. Cette posture est,
en partie liée, à la répétition annuelle de ce dispositif depuis cinq ans qui engendre une certaine
saturation des messages diffusés. En outre, certaines populations à risque comme les personnes
avec des pathologies chroniques ou les sportifs, ne sont pas perçues comme à risque lors d’une
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                             en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 16

exposition aux fortes chaleurs. La perception du risque canicule pour soi est aussi faiblement évoquée
y compris parmi les personnes âgées de 65 ans et plus (51).
Le dispositif de communication canicule au cours de l’été 2020 est non seulement être adapté en
cohérence avec la prévention contre la COVID-19 mais aussi être innovant pour accroitre l’adhésion
de la population générale. En particulier, certains conseils destinés à prévenir les effets d’une
exposition à la chaleur ont été révisés. Ils concernent essentiellement les équipements de
rafraîchissement (ventilateur, climatiseur, etc.), l’accès à des lieux publics rafraichis et le lien social
physique.

En termes de communication, quel que soit le nouveau support (spot TV, radio, affiche), les messages
prévention canicule sont complétés par des messages rappelant les gestes barrières contre la
COVID-19. De nouveaux outils sont par ailleurs développés pour augmenter l’audience de la
population :

   • un dossier de presse sonore. Il est composé d’interviews radio d’une minute et 30 secondes de
   professionnels destinées en partie aux populations vulnérables aux fortes chaleurs. Il répond à
   une volonté de développer l’approche affinitaire afin que chacun prenne conscience que la
   canicule, à des degrés variés mais bien présents, peut toucher l’ensemble de la population ;

   • un spot généraliste et une affiche « canicule et COVID-19 » en français et en anglais vont être
   diffusés dans les lieux de passages touristiques.

En termes de contenu, le risque accru de dispersion du virus SARS-CoV-2 lors de l’utilisation d’un
ventilateur a conduit le HCSP à préciser les modalités d’utilisation de ces appareils. Cette restriction
d’usage s’est traduite par le retrait des visuels du ventilateur sur les affiches. En revanche, les
conditions d’utilisation d’un ventilateur font l’objet d’un des spots radio du dossier de presse sonore
afin de guider la population générale dans le bon usage de ce type d’appareil.

En termes de distribution, au-delà du large plan de diffusion couvrant l’ensemble des acteurs
impliqués dans la prévention canicule, le recours aux réseaux sociaux et au web est envisagé pour
atteindre le plus grand nombre.

En termes de communication, l’OMS Europe propose un document succinct sur les « conseils
sanitaires à appliquer par temps chaud » (52). Il se distingue, dans son contenu, des affiches
proposées par Santé publique France qui privilégient l’accessibilité à tous et la compréhension des
personnes avec un faible niveau de littératie en santé. Le document de l’OMS est centré sur les
gestes à adopter pour se protéger de la chaleur (évitez la chaleur, gardez votre intérieur frais,
hydratez et rafraichissez votre corps, restez au frais pendant l’épidémie de COVID-19). Le seul geste
à adopter en lien avec la COVID-19 mentionné dans le document, concerne la distanciation physique
(lors des séjours dans un endroit frais ou au décours des visites de personnes vulnérables vis-à-vis
de la chaleur qui ont besoin d’aide). Des conseils pour distinguer un stress thermique d’un début de
COVID-19 sont présentés avec les conduites à tenir selon la situation. Enfin, des informations
destinées à combattre les « fausses informations » rappellent que l’exposition à la chaleur n’évite en
aucun cas de contracter la COVID-19 ou de se soigner. Ce dernier point, destiné aux « fausses
informations », a été proposé à une communauté en ligne, mise en place par Santé publique France
et sollicitée chaque semaine pour comprendre les comportements et attitudes des Français en
matière de santé en période de COVID-19. Elle a été sollicitée au mois de mai 2020 pour réagir à un
projet d’affiche canicule et COVID-19. La réaction a été plutôt négative, motivée par le fait qu’elle
attirait l’attention et surtout qu’elle semait le doute et l’incompréhension sur sa présence.
Synthèse rapide / Prévention canicule en population générale
                                             en période de circulation du virus SARS-CoV-2 / 23 juillet 2020 / p. 17

Certains pays communiquent déjà sur le risque canicule en période de la COVID-19. Par exemple,
Public Health England (PHE) propose déjà des affiches canicule pour cet été qui associent le risque
canicule avec celui de la COVID-19 : Beat the Heat- Keep residents safe and well during COVID-19 ;
Beat the Heat- Coping with heat & COVID-19 (53). Dans le premier document, outre le titre qui évoque
ce double risque, un message rappelle que la majorité des personnes à risque vis-à-vis de la canicule
l’est aussi pour la COVID-19, rappelant un risque accru pour certaines personnes. Les précautions
à prendre pour l’utilisation des ventilateurs sont aussi présentes dans ce document. Pour la seconde
affiche, il est rappelé le besoin de certaines personnes de rester à domicile pour se protéger du double
risque. Le lien social est aussi recommandé tout en rappelant la nécessité de maintenir la
distanciation physique que ce soit à l’extérieur ou au domicile.

Même si, ni l’OMS, ni PHE n’évoquent les mesures à prendre, relatives au port du masque en période
de canicule, les français, au travers de la communauté en ligne, semblent très attentifs au besoin de
clarifier son utilisation. Ils ont relevé l’absence de la nécessité de porter un masque en certains lieux 6
et s’interrogent sur certaines dérogations en période de fortes chaleurs. L’obligation de porter un
masque, notamment dans les transports en commun, a conduit Santé publique France à rappeler ce
geste dans l’affiche destinée aux régies de transport en commun.

2. Mesures communautaires

Au-delà de la stratégie de communication mise en place par l’Agence, des mesures communautaires
viennent compléter la prévention. Même si la plupart des lieux potentiellement frais recevant du public
devraient être ouverts cet été, la limitation du nombre de personnes présentes simultanément dans
des espaces collectifs, contrainte par le respect de la distanciation physique, rend leur utilité et leur
usage limités en cas de vague de chaleur (HCSP 24 avril 2020). Pour un certain nombre de lieux et
d’espaces publics très fréquentés en période de fortes chaleurs, le HCSP, dans son avis du
24 avril 2020, prévoit notamment leurs conditions d’accès et d’entretien comme les piscines
publiques, les supermarchés, les lieux d’accueil périscolaires. L’accès aux sites de baignades doit
être aussi soumis au respect strict des mesures barrières dont la distanciation physique (54). Ces
mesures doivent notamment être appliquées à l’ensemble de la structure d’accueil, à savoir les
parkings, les espaces d’accès, les berges, les équipements et les zones de baignade.

En matière d’adaptation des mesures de prévention COVID-19 en période de fortes chaleurs, il s’agit
avant tout de faciliter l’accès aux lieux rafraichis aux personnes non contagieuses a priori. Pour ce
faire, un aménagement des horaires d’ouverture ou un accès prioritaire aux personnes mobiles à
risque vis- à-vis des fortes chaleurs pourrait être envisagé. L’ouverture de nouveaux lieux publics,
s’ils offrent le la possibilité de bénéficier d’une température acceptable, pourrait pallier la limitation
numérique d’accès aux lieux frais.

3. Ilots de chaleur

Une partie de la population vit dans des ilots de chaleur ou dans des logements mal isolés
thermiquement : le maintien à domicile constitue alors un risque accru d’effets sanitaires d’exposition
aux fortes chaleurs. Il devient donc indispensable pour ces personnes de pouvoir passer quelques
heures dans des lieux rafraichis. Par conséquent, outre l’aménagement des horaires d’ouverture pour
l’ensemble de la population ou l’accès à certains lieux publics réservés aux personnes les plus à
risque, d’autres solutions pourraient être envisagées pour les personnes les plus à risque vis-à-vis
de la canicule. Au niveau local, des hébergements rafraichis temporaires pourraient être rendus
accessibles pour limiter l’impact de la chaleur.

6. Ibid.
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