SAISON 2021 - Theatre-contemporain.net
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C E N TR E D R A M AT I Q U E N ATI O N A L O R L É A N S – C E N TR E - V A L D E L O I R E / D I R E CT I O N : S É V E R I N E C H A V R I E R
2022
2021
SAISON
O U PPLÂTRIÈRE)
P RÈ S C(LA
RÉPÉTITIONS ILS NOUS ONT AOUBLIÉS M M E BERNHARD, JUILLET 2021
T U N - F ETHOMAS
S, P R O J E D’APRÈS
ILS NOUS ONT OUBLIÉS
D’APRÈS LA PLÂTRIÈRE DE THOMAS BERNHARD, MISE EN SCÈNE DE SÉVERINE CHAVRIER, À VOIR À PARTIR DE MARS 2022
SAISON
4
TANGUY VIEL 37 50
72
LOLA MOLINA SOLI HISTOIRE(S) LA MOUETTE
RÉSIDENCE D’AUTEUR·TRICE
/
24
du 4 au 14 janvier
38
DE FRANCE 64 ANTON TCHEKHOV
COLLECTIF M xM / CYRIL TESTE
7 LAS MAL AIMÉE MUSIQUES-FICTIONS AMINE ADJINA
ÉMILIE PRÉVOSTEAU THE NEW LIFE CRÉATION
IRCAM
ORPHANS VICTORIA BELÉN
CRÉATION Installation sonore CRÉATION
jeudi 3 février 14h30
LISANDRO RODRIGUEZ
CRÉATION
mercredi 15 juin 20h30
jeudi 16 juin 19h30
DENNIS KELLY / TG STAN mercredi 3 novembre 20h30 46 vendredi 4 février 10h et 20h30 jeudi 14 avril 19h00 /
CRÉATION jeudi 4 novembre 19h30 M.E.M.M, Théâtre Gérard-Philipe, La Source vendredi 15 avril 19h00
76
mardi 14 septembre 20h30 vendredi 5 novembre 20h30 MAUVAIS ENDROIT, samedi 16 avril 16h00
/
mercredi 15 septembre 19h30
jeudi 16 septembre 20h30
/ MAUVAIS MOMENT 52 / FOCUS
/
26 ALICE BARRAUD
ILS NOUS COMME
66
RAOUL COLLECTIF
11 78.2 CRÉATION
ONT OUBLIÉS
du 23 au 30 juin
LES BONNES BRYAN POLACH
CRÉATION
40
JEANNE ET LE ORANGE THOMAS BERNHARD
TU ME VEUX 80
PAYING FOR IT
ROBYN ORLIN ET LE DÉSORDRE SÉVERINE CHAVRIER LUIGI PIRANDELLO
jeudi 25 novembre 19h30 LA BRUTE
mercredi 6 octobre 20h30 LOUISE EMÖ STÉPHANE BRAUNSCHWEIG
vendredi 26 novembre 20h30 CRÉATION jeudi 23 juin 20h30
jeudi 7 octobre 19h30 Théâtre de la Tête Noire (Saran) CRÉATION vendredi 24 juin 19h30
vendredi 8 octobre 20h30 41 / mardi 26 avril 20h30
/ PLI 82
21/22
mercredi 27 avril 19h30
/ 29 INBAL BEN HAIM
56
PUEBLO
15
FORTRESS CRÉATION DANS LA MESURE / ASCANIO CELESTINI
LOVE
78
ALEXANDER ZELDIN OF SMILES
42
LE PÉRIMÈTRE DE DENVER
DE L’IMPOSSIBLE UNE CÉRÉMONIE
DAVID MURGIA
mardi 28 juin 20h30
TIAGO RODRIGUES RAOUL COLLECTIF mercredi 29 juin 18h30
jeudi 14 octobre 20h30 KURÔ TANINO VIMALA PONS CRÉATION 84
vendredi 15 octobre 19h30 vendredi 3 décembre 20h30 CRÉATION MONDIALE jeudi 5 mai 20h30
mardi 15 mars 20h30 vendredi 6 mai 19h30 DES CARAVELLES
/ samedi 4 décembre 18h00 44 mercredi 16 mars 19h30 ET DES BATAILLES
/ /
18 LA DIMENSION D’APRÈS jeudi 17 mars 20h30
68 ELENA DORATIOTTO
ARIA DA CAPO 33 TSIRIHAKA HARRIVEL /
CONTES ET BENOÎT PIRET
SÉVERINE CHAVRIER LIEBESTOD CRÉATION 60 mercredi 29 juin 20h30
REPRISE ANGÉLICA LIDDELL 39
PIÈCE SANS ACTEUR( S)
GRIEF LÉGENDES jeudi 30 juin 19h30
/
/
21
CRÉATION
vendredi 10 décembre 20h30 FRANÇOIS GREMAUD AND BEAUTY JOËL POMMERAT
jeudi 12 mai 20h30 86
samedi 11 décembre 18h00 VICTOR LENOBLE MILO RAU / NTGENT vendredi 13 mai 19h30 ARTISTES ASSOCIÉ·ES
TEREBRANTE 47 CRÉATION ÉDUCATION ARTISTIQUE
ANGÉLICA LIDDELL SUZANNE DE BAECQUE mercredi 6 avril 20h30 CINÉMA
jeudi 7 avril 19h30 RÉSIDENCES DE CRÉATION...
CRÉATION MONDIALE LABORATOIRE DE CRÉATION vendredi 8 avril 20h30
vendredi 29 octobre 20h30
samedi 30 octobre 18h00
2 3
LOLA MOLINA, UNE AUTRICE EN RÉSIDENCE
J’ai appris à mesurer combien l’horizon de Je me demande si la littérature n’est pas
une grande affaire d’attention conjointe, À la suite de l’écrivain Tanguy Viel, c’est
ces rencontres venait directement agir sur la
une prosodie déictique qui ne cesse de l’autrice Lola Molina qui sera accueillie en
Lieu de création et de fabrique forme de mes travaux, sur le format qu’ils
recréer le socle de la désignation par lequel, résidence pour l’écriture de son prochain
réunissant des artistes au travail, induisent, en m’engageant notamment dans
magiquement, nous parviendrions à voir texte, Album.
le CDNO a inauguré avec Tanguy Viel une dramaturgie feuilletonnée. (...)
ensemble quelque chose qui n’est pas là. Ses textes sont publiés aux éditions
une nouvelle forme d’accompagnement Étrange incarnation du lecteur que cette
C’est cela en tout cas que la lecture à voix Théâtrales. Après un D.E.A. auprès de Jean-
via une résidence d’auteur faite d’ateliers figure de l’auditeur, quand soudain la
haute intensifie, mais aussi hypothèque et Pierre Sarrazac en Etudes Théâtrales à la
d’écriture en lycée, de cartes blanches littérature retrouve quelque chose de son
place à chaque instant sous la menace de Sorbonne Nouvelle, elle se forme aux métiers
– avec l’écrivain Arno Bertina – et de hic et nunc, celle qu’elle avait peut-être dans
ATELIER DU CDNO - ENTRÉE LIBRE - EN PARTENARIAT AVEC LA LLIBRAIRE LES TEMPS MODERNES
l’échec. Fragile alliage, en somme, propre de la production théâtrale. Ses textes sont
temps de lectures. C’est à voix haute que les premiers temps du mythe, dont on
au clignotement du langage : tantôt faisant remarqués par la Mousson d’Eté, le Prix
le romancier a partagé, avec le public suppose la communauté tenue par la voix
apparaître le monde qu’il évoque, tantôt Godot des lycéens, les Journées de Lyon
l’avancée de son travail de création. magique d’un raconteur. Mais, contrairement
pure adresse par laquelle nous nous nouons des Auteurs de Théâtre, Texte En Cours,
Ce roman dont les prémices ont été à cette pleine communauté qu’on imagine au
MARDI 14 SEPTEMBRE 18H30
pour un temps. Je repense à cette phrase les E.A.T., France Culture et soutenus par
dévoilées fait partie de la rentrée coin du feu de la caverne, la littérature depuis
d’Ingeborg Bachmann extraite de son le CNL , La Chartreuse et Beaumarchais /
littéraire. Nous nous réjouissons Gutenberg induit que je ne m’adresse pas
SACD. Elle a récemment écrit Intérieur nuit /
Poème au lecteur : « Je ne sais pas ce que
TANGUY VIEL
d’accueillir à nouveau Tanguy Viel et seulement aux auditeurs présents mais déjà,
Extérieur Kate pour les Théâtres de
RÉSIDENCE D’AUTEUR
ou bientôt, à un lecteur plus abstrait, plus tu attends de moi. Pour le chant que tu
de célébrer son roman, La Fille qu’on Luxembourg, mis en scène par Marion
total, celui qui un jour, si tout va bien, lira le pourrais entonner pour gagner une bataille
appelle (Éditions de Minuit). Rothaar. Elle travaille actuellement sur
livre que je suis en train d’écrire. Ce lecteur je ne vaux rien. Devant les autels, je me
AUTRICES
retire. Je ne suis pas un conciliateur. Toutes l’écriture de Lili de la nuit à l’aube pour le
Quand il n’est pas sur un ring à boxer, idéalisé s’incarne sur les visages et les corps
tes affaires me laissent froid. Mais pas toi. réseau départemental jeune public en
Max Le Corre est chauffeur pour le maire de ceux qui sont venus m’écouter, mais il les
Tout sauf toi ». Seine-Saint-Denis.
de la ville. Il est surtout le père de Laura redouble, il les augmente même, en la
Lélio Plotton a créé son texte Seasonal
qui, du haut de ses vingt ans, a décidé promesse d’un lecteur futur – l’auditeur de Tanguy Viel
Affective Disorder en 2018 au théâtre du
de revenir vivre avec lui. Alors Max se dit chair et d’os assis là devant moi est comme
Lucernaire et Adeno Nuitome au CDN
que ce serait une bonne idée si le maire son éclaireur. Et comme tous les éclaireurs,
Orléans / Centre-Val de Loire en avril 2021.
pouvait l’aider à trouver un logement. il jette une première lumière sur la nuit dont
j’essaie de sortir. Et si sa lampe s’éteint, AVEC CICLIC CENTRE-VAL DE LOIRE
Résidence d’auteur avec le soutien de la Région Centre- c’est-à-dire si son attention baisse, alors…
Val de Loire, la DRAC Centre-Val de Loire et Ciclic Centre- Car bien sûr, ce n’est pas moi que l’auditeur
Journée professionnelle DES AUTRICES À L’HONNEUR
Val de Loire, dans le cadre du dispositif Auteur associé Passeur.ses de monde.
est venu voir. Il me regarde, oui, mais si tout
Les métiers de la traduction Cette saison, le CDNO se réjouit d’accueillir
se passe bien, ce n’est pas moi qu’il voit mais
Jeudi 14 octobre de 9h30 à 20h30 à nouveau Angélica Liddell, devenue artiste
quelque chose qui se désigne dans le flux
À VOIX HAUTE Auditorium / Médiathèque d’Orléans associée et dont tous les textes sont publiés
des phrases : un monde qui n’est pas là, un
aux Solitaires intempestifs.
monde dont j’ai essayé de produire les Ciclic Centre-Val de Loire convie les
Walter Benjamin a écrit un jour : « Il est L’autrice Louise Emö sera également de
contours les plus saillants mais dont, à passionnés de littératures étrangères –
impossible de supporter cette existence retour en janvier 2022 dans Jeanne et
l’instant de la lecture à voix haute, je ne suis traducteurs, professionnels du livre, de la
en flâneur, parce qu’elle n’est belle et le Orange et le Désordre.
que le transistor. Je suis un poste de radio médiation, enseignants et lecteurs – à une
intelligible, dans ses moindres détails, que Les romancières Maylis de Kerangal,
dont la bande passante n’est pas très large, journée d’échanges professionnels autour
dans le travail. Inscrire ses pensées propres Annie Ernaux et Céline Minard seront au
fréquence toujours à affiner, comme si ma des enjeux contemporains de la traduction
dans un champ de forces préalablement cœur des Musiques-fictions.
voix était un doigt pointé vers une bulle à Orléans. Cette rencontre s’inscrit dans
donné, un mandat, même s’il est encore fragile, un hologramme qui apparaît quelque la programmation hors-les-murs du festival
bien hypothétique, un contact assuré, part dans la pièce et que la lampe de D’un pays l’autre organisé par les éditions
organisé avec des camarades – cette vie l’auditeur balaie de sa lumière crue. La Contre Allée.
ANGÉLICA LIDDELL
est tellement liée à tout cela que celui qui y J’ai découvert récemment une notion Terebrante
renonce, ou qui ne peut l’acquérir, dépérit en psychologie qui s’appelle « l’attention En partenariat avec l’Aprotrad, association professionnelle 29 et 30 octobre 2021
intellectuellement comme un prisonnier des métiers de la traduction. Une journée soutenue par Liebestod – L’odeur du sang ne me quitte
conjointe ». On dit qu’elle est une des rares la SOFIA. Avec la librairie Les Temps Modernes.
depuis des années au secret ». Ainsi choses qui nous séparent de l’animal. pas des yeux – Juan Belmonte
Benjamin s’obligea-t-il toute sa vie à saisir L’attention conjointe est notre capacité Lecture théâtralisée de La Rumeur 10 et 11 décembre
des occasions, à répondre à des à montrer quelque chose à quelqu’un et texte de Luc Tartar et mise en espace
commandes, pour être certain de ne pas à se réjouir de ce partage. On dit que cela du Théâtre de l’Imprévu MAYLIS DE KERANGAL
sombrer dans la dangereuse, car trop pure, commence vers l’âge d’un an : l’enfant se met Jeudi 9 décembre ANNIE ERNAUX
flânerie. C’est exactement cette fonction que à pointer les choses du doigt puis jette un Salle Le Kid
je demande à une résidence, celle d’inscrire CÉLINE MINARD
regard vers sa mère afin de vérifier qu’elle Événement proposé dans le cadre Musiques-fictions Ircam
l’écriture dans un agenda pour la tenir en regarde aussi. Et alors, si elle suit le des 30 ans du Cercil
bride. (...) du 4 au 8 janvier 2022
mouvement de son doigt, si elle acquiesce Résidence d’auteur Théâtre de l’Imprévu / Ciclic
à l’objet désigné, l’enfant sourit, heureux en partenariat avec le Cercil, la librairie Les Temps LOUISE EMÖ
de ce partage. Modernes et le CDNO
Jeanne et le Orange et le Désordre
7 et 8 janvier
4 5
DENNIS KELLY / TG STAN
7
CRÉATION
ORPHANS
MARDI 14 SEPTEMBRE 20H30
MERCREDI 15 SEPTEMBRE 19H30
JEUDI 16 SEPTEMBRE 20H30
SALLE ANTOINE VITEZ
MAYBE THERE’S
14, 15 ET 16 SEPTEMBRE
ORPHANS
2021
LA NÉCESSITÉ DE PARLER
« Nous ne travaillons ni nos voix ni nos corps.
Mais il y a des bases très simples, liées à la
nécessité de parler et à la dramaturgie.
Tout ce qui concerne la technique est la
conséquence du désir de l’acteur de
communiquer ce qu’il dit jusqu’à ceux qui
sont au dernier rang et de mettre en mots les
pensées… Le rythme, par exemple, naît de
Danny et Helen fêtent la prochaine l’effort que fournit celui qui parle pour
arrivée de leur deuxième enfant. essayer de dire quelque chose qui le touche
NO GOOD AND EVIL.
La soirée bascule lorsque Liam, le jeune en travaillant avec d’autres qui l’écoutent –
frère d’Helen, débarque. Il est recouvert le partenaire et la salle tout à la fois. Ce doit
de sang et affirme avoir trouvé un être excitant, sexy, pas seulement formel.
homme blessé dans la rue. À force de La forme est la conséquence du contenu.
revenir sur le déroulé des faits, l’émotion Avec les jeunes acteurs que je rencontre
s’estompe et l’innocence du jeune dans les stages, je suis très exigeant.
homme s’évapore. La vérité de Liam se C’est encore une fois une question de choix
teinte alors d’ambiguïté. Comme il l’avait et d’envie : il faut vouloir dire quelque chose.
fait avec Ingmar Bergman dans Infidèles, Quand tu commences une phrase, il faut la
présenté au CDNO en 2019, le tg STAN finir. Il faut valoriser ton amour pour le texte.
s’empare du texte de Dennis Kelly pour Et si tu as l’audace de monter sur le plateau,
bousculer les questions morales. voilà, tu es sur le plateau et tu dois l’assumer,
Animé par une profonde recherche de la et tu dois faire admettre qui tu es. Tu ne vas
sincérité, le collectif flamand prend appui quand même pas ne pas être sur le plateau
sur l’écriture corrosive du dramaturge quand tu y es ! Tu as les moyens de ça et ta
anglais pour mener une exploration philosophie derrière, c’est-à-dire ce que tu
de la cruauté sociale d’aujourd’hui, appelles, toi, la vérité, l’honnêteté,
de la violence dissimulée au sein d’une le sentiment, ce que ces mots veulent dire RENDEZ-VOUS
JUST MISTAKES AND
intimité familiale. Grâce à l’intense pour toi. Tu veux être honnête mais quand
présence du tg STAN, le grondement tu es dans une sorte de concentration MERCREDI 15 SEPTEMBRE
sourd du texte de Dennis Kelly trouve un aveuglante pendant le jeu (trop Tchekhov, À L’ISSUE DE LA REPRÉSENTATION
écho mordant et la fiction n’en révèle que trop Stanislavski…), tu ne peux pas prendre Rencontre avec l’équipe
plus amèrement l’aveuglement du réel. en compte la réalité – un avion qui passe Atelier du CDNO
pendant que tu joues… –, et ce n’est donc
Spectacle en anglais surtitré en français pas honnête. Pour bien jouer, tout doit exister
en même temps : le contrôle et l’absence de
De et avec Jolente De Keersmaeker, Frank contrôle, le chaud et le froid,
Vercruyssen, Haider Al Timimi, Gustavo la fiction et la réalité, le désir de plaire et celui
Vieira, Atta Nasser et Evgenia Brendes de sentir.
Texte Dennis Kelly Diderot explique, dans Paradoxe sur le
Création lumières Stef Stessel comédien, qu’après la mort d’une personne
Costumes Sietske Van Aerde chère on ne peut pas écrire un poème sur la
mort de cette personne car les pleurs vont
Production tg STAN tomber sur le papier. Tu peux apprendre
Coproduction Kloppend Hert, Moussem, Toneelhuis, beaucoup de cela en tant qu’acteur…
Vooruit.
Quand tu as ri d’une blague dans le texte au
Orphans a été présenté pour la première fois par la
NOT MISTAKES
Birmingham Repertory Theatre Company et le Traverse début des répétitions, tu ne peux pas
Theatre Company en association avec Paines Plough prétendre en rire encore cinquante fois.
au Traverse Theatre, Édimbourg le 31 juillet 2009. C’est autre chose qui se passe. C’est cette
honnêteté qu’il faut trouver : tes positions,
ta réponse personnelle à tout cela. L’art de
l’acteur est un art du paradoxe et il y a des
dizaines de paradoxes. C’est un art qui
échappe à la science. Je commence toujours
à dire aux jeunes acteurs : « Je ne peux rien
vous apprendre mais il est possible que vous
puissiez apprendre quelque chose de moi. »
Et puis j’ouvre ma grande gueule après… »
Frank Vercruyssen, entretien avec Sabine Quiriconi,
Théâtre / public, janvier-mars 2014
DENNIS KELLY
8
LES BONNES
Solange et Claire, deux sœurs, travaillent
pour Madame. Ce duo féminin, porté par
des jeux de rôles pervers, ne cesse de
faire appel à la figure de la maîtresse,
composant un trio fantasmé, lieu d’une
confrontation sociale et insidieuse.
Deux comédiens noirs portent le texte
de Genet avec, en toile de fond, une
adaptation cinématographique de cette
même pièce. Robyn Orlin, chorégraphe
sud-africaine, dans un mouvement
JEAN GENET / ROBYN ORLIN
sensuel et révolté, multiplie les
MERCREDI 6 OCTOBRE 20H30
VENDREDI 8 OCTOBRE 20H30
dimensions de compréhension et de
lecture. Se mêlent les mots de Genet
de 1947, un film anglais de 1975 et des
JEUDI 7 OCTOBRE 19H30
comédiens d’aujourd’hui, le tout sous
la houlette d’une artiste n’oubliant pas
l’histoire de son pays et la tragédie de
l’apartheid. Cette pièce relie, dans
le sillage de la mémoire, des
1H20 - SALLE JEAN-LOUIS BARRAULT
questionnements dont le croisement
permet à Robyn Orlin de composer
un regard de plus en plus juste sur
notre société et ses rapports sociaux.
Un projet de Robyn Orlin
Avec Andréas Goupil, Arnold Mensah,
Maxime Tshibangu
Création lumières et régie générale
Fabrice Ollivier
Création costumes Birgit Neppl
Création vidéo Eric Perroys
Création musique Arnaud Sallé
Assistante stagiaire à la mise en scène
Adèle Baucher
Production et diffusion Damien Valette
Coordination Louise Bailly
Production City Theater & Dance Group et Damien
Valette Prod
Coproduction City Theater & Dance Group ; CDN de
Normandie – Rouen ; Théâtre de la Bastille ; Festival
d’Automne à Paris ; Théâtre Garonne – Scène
européenne ; Kinneksbond, Centre Culturel de Mamer
Le spectacle a reçu le soutien du CDN Normandie Rouen
dans le cadre d’une résidence artistique.
Avec le soutien du CN D Centre national de la danse,
accueil en résidence.
Nous remercions particulièrement Christophe Grelié pour
son aide à la création lumière, Kerstin Micheel, Clémence
Pajot, Danièle Demeaux, Fred Koenig, le personnel
technique et d’accueil du CN D, le théâtre des Amandiers
et la MC 93 pour le prêt de matériel.
Création le 4 novembre 2019 au Théâtre de la Bastille,
dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
Film : The Maids (1975), réalisé par Christopher Miles,
avec Glenda Jackson, Susannah York et Vivien Merchant.
10 11
6, 7 ET 8 OCTOBRE 2021
LES BONNES
ROBYN ORLIN
Figure majeure de la scène artistique
internationale, Robyn Orlin a longtemps été
considérée comme l’enfant terrible de la
danse sud-africaine. Formée en danse PRESSE
contemporaine et diplômée de l’Institut d’art Dans cette version mise en scène par la
de Chicago, Robyn Orlin interroge dès sa chorégraphe et metteuse en scène sud-
première création en 1980 les dynamiques africaine Robyn Orlin, à la domination sociale
politiques de son pays, alors sous le régime s’ajoute la domination raciale qui fut
de l’apartheid. Cet engagement, ainsi qu’une longtemps le quotidien de son pays. Fidèle
constante remise en cause des formes et à la distribution d’origine voulue par Genet,
principes artistiques dominants continueront Claire et Solange, sœurs et domestiques
d’imprégner l’ensemble de son travail. Mêlant assassines, sont interprétées par des
la danse au texte, à l’image et à l’objet, Robyn comédiens ici noirs africains, tandis que
Orlin explore les formes théâtrales et Madame s’incarne évidemment sous les
interroge avec humour, ironie et virtuosité traits d’un comédien blanc. Les images du
les méandres sociaux, politiques et culturels film de 1975 réalisé par Christopher Miles
des sociétés. Elle a créé de nombreuses servent de décor de fond, créant un subtil
pièces en Europe notamment Beauty dialogue entre théâtre et cinéma. Ramenée
remained for just a moment then returned aux trois personnages féminins principaux,
gently to her starting position et At the same condensée afin d’en livrer cette intensité rare
time we were pointing a finger at you, qui rend tangible le tragique et la violence
we realized we were pointing three présents dans l’œuvre de Genet, la pièce se
at ourselves, tous les deux présentés meut en une histoire de la folie qui apparaît
à la Scène nationale d’Orléans. peu à peu sur le corps usé de Solange, RENDEZ-VOUS
réceptacle de toutes les haines et
humiliations infligées par la bourgeoisie sur MERCREDI 6 OCTOBRE À 18H
UNE COLÈRE PROFONDE les classes populaires, dominants et Conférence Jean Genet
dominés d’une Humanité à la fois effrayante En partenariat avec l’association
« Jean Genet est un artiste fondamen et pathétique. Guillaume-Budé
talement politique, qui croise d’une manière Guillaume Lasserre, Mediapart Atelier du CDNO
tout à fait complexe les questions du /
racisme, du genre et des classes sociales. On n’a jamais vu la pièce de Jean Genet JEUDI 7 OCTOBRE
Il ressentait une colère profonde à l’égard à ce point distordue et finalement proposée
de la société et de ses structures. Je pense À L’ISSUE DE LA REPRÉSENTATION
au public pour ce qu’elle est vraiment : Rencontre avec l’équipe
aussi que l’art doit être critique, qu’un artiste un formidable support d’actions qui se
ne doit pas être trop conciliant avec sa Atelier du CDNO
passent de réalisme et ne sont que
culture. Il doit la questionner, la déconstruire, mascarade, rituel, cérémonie. Les bonnes
lui donner d’autres perspectives. (deux sœurs obsédées par l’idée de tuer leur
Et, en même temps, la mise en scène ne maîtresse) sont jouées par deux comédiens
constitue-t-elle pas aussi une forme de noirs. La bourgeoise est interprétée par un
domination ? Même si le travail commence acteur blanc. Voilà comment le texte bascule
par être collectif, n’est-il pas nécessaire dans l’universel, quitte le conflit domestique
qu’une personne prenne une décision, et intime pour gagner les rives des grandes
et donc confisque le pouvoir ? luttes émancipatrices. Il semblait en fait
Pour ma part, je suis blanche et je ne suis n’attendre que ça, cette relecture de bout
pas homosexuelle, mais je comprends ce en bout politique, pour révéler sa force
que peut ressentir un groupe de personnes corrosive. Le ballet s’organise sur scène
qui ne sont pas acceptées pour ce qu’elles dans un dialogue étroit avec le cinéma. Sur
sont. Cela vient peut-être de mon histoire un immense écran est projeté un film adapté
personnelle. Je suis la fille d’un juif lituanien de la pièce en 1975. Il sert d’écrin au jeu.
qui s’est réfugié en Afrique du Sud. Puisque Les pistes à suivre dans les allers-retours
nous étions blancs, nous faisions partie du entre le corps et l’image sont multiples,
système de l’apartheid, nous pouvions avoir presque trop nombreuses. Mais loin de nous
un compte en banque, aller à l’école, trouver l’idée de s’en plaindre.
du travail. Mais mon père ne fut jamais
Joëlle Gayot, Télérama
complètement accepté car il était juif.
La position ambivalente que nous occupions
en Afrique du Sud m’a sans doute rendue
plus consciente. »
Robyn Orlin, entretien réalisé pour le Théâtre de la Bastille
12
14
ALEXANDER ZELDIN
15
20H30
JEUDI 14 OCTOBRE
19H30
VENDREDI 15 OCTOBRE
LOVE 1H20 - SALLE JEAN-LOUIS BARRAULT
SPECTACLE ANNULÉ EN AVRIL 2021
REPORTÉ EN SAISON 21/22
14 ET 15 OCTOBRE 2021
LOVE
Saluée par la critique anglaise, LOVE
d’Alexander Zeldin suit une galerie de
personnages naufragés de l’aide sociale
PRESSE
au Royaume-Uni. L’amour en est le ATTENTION À L’AUTRE Pendant une heure et demie d’une densité
dénominateur commun, ce qui résiste en presque insoutenable, la pièce ausculte
dernier lieu à la somme des humiliations C’est un spectacle sans fard, dépourvu de la tragédie de l’exclusion de manière on ne
et à la spirale de la déchéance. toute coquetterie, que nous livre d’un geste peut plus concrète et sensible, dans cet
Quelques jours avant Noël, dans un sûr et aiguisé le metteur en scène anglais espace de promiscuité où chacun vit sous
centre d’hébergement temporaire, huit Alexander Zeldin. LOVE n’est ni une comédie le regard des autres, où tous se voudraient
personnages en attente de relogement romantique ni une romance à l’eau de rose. un peu plus chanceux, un peu plus « inclus »
se trouvent forcés de cohabiter. Un Et pourtant l’amour s’y niche ailleurs que que les autres. C’est le travail sur le réalisme
homme et sa mère âgée, une famille qui dans les évidences, sans démonstration, qui est passionnant ici : un réalisme qui ne
attend un enfant, deux émigrés en transit presque en sourdine, mais bel et bien là où décalque pas la réalité mais la condense,
– autant de variations sur le thème de la haine de l’autre pourrait prendre le dessus Les acteurs anglais sont tous formidables
l’intensifie et la donne à éprouver de manière
la famille. On se dispute un coin de table et ne le fait pas. Car c’est dans un centre de vérité, de justesse. C’est aussi pour
quasi charnelle.
ou l’accès à la salle de bain, chacun tente d’hébergement d’urgence où règnent la cette raison qu’on est autant pris aux tripes.
Fabienne Darge, Le Monde Ils ne jouent pas. Ils sont. À côté des grands
de trouver sa place, de négocier un peu misère sociale et la promiscuité forcée que
d’air, de liberté ou de tendresse auprès se situe ce spectacle poignant qui pose, Les comédiens nous embarquent avec une acteurs que sont Nick Holder (Colin) et Anna
justesse stupéfiante dans ce ballet d’allées C’est un décor avec lequel Christoph Calder-Marshall (Barbara), Alexander Zeldin
des autres. Ce temps qu’on croirait vide avec son décor de cuisine et salle à manger
et venues désenchantées, cette succession Marthaler, avec quelques objets naturalistes a fait appel à des amateurs et à de ses
s’avère chargé des efforts de chacun partagées, un cadre de représentation
de repas et de gestes quotidiens répétés, en plus, pourrait raconter avec humour une anciens étudiants. Il a intitulé son spectacle
pour rester digne. Face à la somme des troublant dans son écho éminemment
ces conversations polies, ces montées en histoire d’un établissement suisse ou de LOVE. Non pas parce que le spectateur
humiliations, seul l’amour résiste, réaliste. Ici, on s’affaire autant que l’on erre
tension, l’anxiété sous-jacente qui parfois l’ex-Allemagne de l’Est comme lui seul sait devrait éprouver une quelconque empathie
devenant l’unique dénominateur dans cette salle des pas perdus où chacun
rejaillit, et l’attention à l’autre qui toujours le faire. Mais, à la différence de Marthaler, pour les personnages. La question ne se
commun. Avec une efficacité saisissante, tente de combler son désœuvrement, son
revient. Les jours s’empilent, Noël approche, ici le décor, fait de peu, importe peu. Tout pose même pas. C’est simplement parce
porté par des acteurs exceptionnels, angoisse et l’attente inhérente à la situation
les enfants apportent leur dose de vitalité tient dans les acteurs qui investissent des qu’il y a de l’amour entre les personnages,
LOVE dépeint la spirale de la précarité, de transit que vivent ses habitants.
joyeuse au climat général et leur mère, êtres humains plutôt qu’ils ne jouent des de l’amour entre Carl et sa mère, de l’amour
ce moment où l’instabilité devient une Différentes générations y cohabitent plus
enceinte, inquiète et digne, tourne son ventre personnages. Alexander Zeldin, deux fois entre Emma et son mari, entre eux et leurs
condition de vie. ou moins facilement, une famille, un homme
proéminent vers l’avenir, comme une main plus jeune que Marthaler, a une autre enfants. C’est l’amour qui leur permet de
et sa vieille mère, des migrants solitaires.
tendue au futur, une promesse, un espoir. sensibilité, plus écorchée, plus à vif, en tenir le coup, de résister et de ne pas
Spectacle en anglais surtitré en français Ils vivent ici depuis plus ou moins longtemps,
Avec délicatesse, Alexander Zeldin évite phase avec ce qu’il met en scène. Comme s’effondrer.
n’imaginent même plus en sortir ou bien
tout pathos superflu, il dégraisse sa ligne aurait dit Jean-Luc Godard, il fait du théâtre
Avec Naby Dhakli, Janet Etuk, espèrent que leur séjour ne sera qu’une Chantal Boiron, UBU Scènes d’Europe 2018
narrative jusqu’à la moelle, tisse les liens de dos. Beyond Caring, la pièce qui l’a
Amelia Finnegan / Grace Willoughby parenthèse éphémère. Les centres
des personnages en présence, esquisse propulsé au-devant de la scène anglaise
(en alternance), Olivier Finnegan, d’hébergement d’urgence portent en eux
un passé, une personnalité, des goûts, en 2014 (reconnaissance critique suivie
Joel MacCormack, Hind Swareldahab ce paradoxe d’être à la fois une alternative
d’une programmation au National Theatre,
(distribution en cours) salvatrice au cauchemar de la rue, en ceci des failles, des rêves. LOVE ne cherche pas
à plaire mais son dépouillement bouleverse d’une tournée internationale et d’une version RENDEZ-VOUS
Texte et mise en scène Alexander Zeldin qu’ils offrent un toit et sécurisent mais ne
subtilement. américaine en 2017) se passait, raconte-t-il,
Scénographie Natasha Jenkins comblent en aucun cas la chaleur d’un foyer,
« dans l’arrière-salle d’une usine à viande, VENDREDI 15 OCTOBRE
Lumières Marc Williams l’intimité et la douceur d’un chez-soi. Marie Plantin À L’ISSUE DE LA REPRÉSENTATION
là où les hommes et les femmes de ménage
Son Josh Anio Grigg Alexander Zeldin choisit de se concentrer Rencontre avec l’équipe
se réunissent pour boire un café la nuit ».
Travail du mouvement Marcin Rudy sur l’espace commun de ces lieux sans Atelier du CDNO
Dans LOVE, tout se passe aussi dans une
Traduction des surtitres Daniel Loayza, âme qui ne méritent pas le nom de maison.
salle commune, celle d’un bâtiment anglais
Alexander Zeldin Il relègue les chambres à l’arrière-plan,
de logements d’urgence pour abriter des
seulement entraperçues dans
Nouvelle production Odéon-Théâtre de l’Europe, gens à la rue, en particulier pendant l’Avent.
l’entrebâillement des portes ouvertes. Car ce
coproduction A Zeldin Company C’est là que l’on se côtoie, que l’on se croise,
n’est pas le privé qu’il cherche à approcher,
que l’on s’évite, que l’on mange à tour de rôle
Production originale National Theatre of Great Britain, ce qui se joue à l’écart des regards, mais
et que l’on cuisine sommairement (l’essentiel
Londres, Coproduction Birmingham Repertory Theatre bien cette zone délicate où l’intimité de
consiste à réchauffer au micro-ondes les
Le spectacle a été créé au National Theatre of Great chacun se frictionne à celle de l’autre malgré
Britain, à Londres, en décembre 2016 (Dorfman Theatre), plats de l’aide alimentaire). Une promiscuité
soi, la difficulté à cohabiter de façon aussi
puis repris au Birmingham Repertory Theatre avec tout ce que cela entraîne dans
rapprochée et pourtant la nécessité d’une
en janvier 2017. un quotidien où l’altruisme et l’égoïsme
Après une reprise au Queen’s Theatre, Hornchurch, interaction sociale qui offre un contact
cohabitent, exacerbés par la pauvreté
à Londres en octobre 2018, il a été présenté en France, humain parfois précieux dans un climat
aux ateliers Berthier à Paris, puis à la Comédie de Valence et l’exclusion communes à ces relégués.
global de détresse affective et d’isolement.
en novembre 2018. Jean-Pierre Thibaudat, Mediapart
Le texte original a été publié par Bloomsbury Methuen
Drama en 2016.
16 17ARIA DA CAPO
LA JEUNESSE SANS FAUSSE NOTE
Avec beaucoup de délicatesse, Séverine
Chavrier scrute leur univers. Elle leur offre un chiasse » dit l’un d’eux tandis que résonne
écrin sensible, intimiste, à travers deux boîtes la jolie mélodie de ses Variations Enigma.
vitrées qui représentent un monde à soi, Ravel ? un « sur-humain » qui les épate.
L’adolescence est-elle une promesse un espace refuge qui dit le besoin de Monteverdi envoûte l’un d’entre eux, le
ou une terrible attente, une acuité rare défoulement et de protection. L’intrusion synesthésique Messiaen les partage entre
ou une confusion des sentiments ? De de caméras et de smartphones utilisés admiration et circonspection. Entre deux
quels états mélancoliques ou extatiques collectivement permet de produire un film considérations musicologiques, ce sont
est-elle porteuse ? Si elle était une allure en direct. aussi les « meufs » qui occupent leurs
musicale, laquelle serait-elle ? Ils ont Loin de l’image clichéique de petits virtuoses pensées. Ils parlent d’ailleurs de sexualité
entre quatorze et dix-huit ans. Une fille et qu’adore véhiculer la société télévisuelle, les dans un langage cru qui ne trahit pas pour
trois garçons. L’un joue du violon, l’autre quatre adolescents brouillent les pistes en autant leur profond sentimentalisme. Baiser
du trombone, un troisième du basson ; se présentant le visage dissimulé sous des une fille c’est comme une fugue de Liszt…
elle, chante et joue du piano. Séverine masques de vieillards aux traits creusés et Se fait entendre l’envie rageuse de se
Chavrier s’est mise à leur écoute dans fatigués – moyen d’ironiser sur le milieu qui surpasser mais aussi le découragement lié
tous les sens du mot. Dans ce spectacle est le leur et dont ils se déclarent être les au sentiment d’être parfois malmenés par
ils jouent de la musique, s’amusent, gardiens comme au musée -, avant de l’autoritarisme forcené dans l’apprentissage
chantent, racontent à leur manière ce que finalement dévoiler leur fraîcheur juvénile. d’un futur métier qui ne laisse pas de place
cela signifie pour eux d’être adolescent. Les quatre adolescents expriment sur le ton suffisante à l’émancipation et au plaisir.
Leurs paroles tranchent avec les idées de la confidence et de l’intransigeance leurs S’exalte alors un nécessaire besoin de
SÉVERINE CHAVRIER
reçues sur cet âge qu’on dit ingrat. Ils états d’âme, en laissant s’échapper des s’évader. Assoiffés de vie et de faire des
ironisent sur le regard que portent sur vagues de réflexions et d’émotions à conneries, ils réclament le droit de profiter,
eux leurs aînés et avec des mots l’emporte pièce, parfois péremptoires, de déraper, se défoncer, d’être vraiment
empruntés à Thomas Bernhard, éreintent parfois contradictoires. Avec une évidente jeunes, cons, amoureux, désenchantés.
leurs idoles : les anciens, les grands complicité, fruit d’une amitié réelle en dehors Oscillant entre allégresse et tristesse,
compositeurs, leurs parents… du plateau (le spectacle n’aurait pas existé prématurément habités de doutes exprimés
Fruit d’une recherche en commun autour s’ils n’avaient été aussi proches confie un dans une lettre écrite au vénéré Mozart, ils
REPRISE
de la musique et de l’improvisation, cette des comédiens), ils jouent et composent en disent adieu à l’enfance et à l’innocence en
création restitue au plus près l’intensité même temps leur propre rôle, leur propre reprenant la marche funèbre qui commence
du désir, entre tendresse et énergie image. Faisant bien sûr partie d’une le troisième mouvement de la première
sauvage, face à un monde ouvert à tous génération hyper connectée et adepte de symphonie de Mahler, celle qui justement
les possibles. l’exposition de soi, par exemple sur les prend pour thème la chanson enfantine
réseaux sociaux, ils mettent à profit leur « Frère Jacques » mais sur un mode mineur
Création / Résidence / Production CDNO naturel et révèlent leurs multiples facettes. soudainement contrecarré par l’intervention
C’est magnifique à contempler. Car tout ce d’une fête grinçante et dansante. Elle inspire
Mise en scène Séverine Chavrier qu’ils font est d’une grâce et d’une justesse sans doute l’inévitable fin d’une ère mais
Avec Guilain Desenclos, Victor Gadin, rares tant cela paraît vrai. aussi, on l’espère pour eux, le signe d’un
Adèle Joulin et Areski Moreira Séverine Chavrier réussit à orchestrer le récit avenir radieux aux possibles inouïs.
Texte Guilain Desenclos, Adèle Joulin passionnant de la connaissance et de la Christophe Candoni, Sceneweb
et Areski Moreira construction de soi à travers un motif qui
Création vidéo Martin Mallon occupe une large place dans ses créations :
Quentin Vigier la musique. Elle-même pianiste, elle explore
Création son Olivier Thillou
Séverine Chavrier
le son comme peu d’artistes de théâtre le TOURNÉE
font, d’une manière extrêmement sensible et
Création lumières et régie générale sophistiquée. Comme dans Les Palmiers DATES À PRÉCISER
Jean Huleu sauvages d’après Faulkner ou encore Nous CDN Orléans / Centre-val de loire
Scénographie Louise Sari sommes repus mais pas repentis inspiré de
Costumes Laure Mahéo
/
Thomas Bernhard, le matériau sonore vibre,
Arrangements Roman Lemberg 21 ET 22 OCTOBRE 2021
craque, sature, détone, s’amplifie et se
Construction du décor Julien Fleureau Points Communs,
déforme, tout le long de la représentation, en
Remerciements à Naïma Delmond, Scène nationale de Cergy-Pontoise
faisant se télescoper les plus belles pages
Claire Pigeot, Florian Satche, du patrimoine musical et les mots, les voix, /
Alesia Vasseur, Claudie Lacoffrette de grands maîtres et interprètes historiques DU 28 AU 31 OCTOBRE
et Claire Roygnan savoureusement moqués ou idolâtrés par les Théâtre de l’Athénée, Paris
Production déléguée CDN Orléans / Centre-Val de Loire
jeunes indisciplinés. /
Coproduction Théâtre de la Ville – Paris, Théâtre National La musique occupe tout de leur quotidien. 10 DÉCEMBRE
de Strasbourg. Sans se prendre au sérieux, ils y consacrent Théâtre Roger Barat,
tout leur temps, toute leur vie. Ils jouent à se Herblay-sur-Seine
donner une lettre de l’alphabet et débiter à la /
vitesse folle de leur mémoire implacable les 19 ET 20 AVRIL 2022
noms des compositeurs qui y ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie
correspondent. À leur jeune âge, les avis et
les goûts sont déjà bien formés et affirmés.
Le romantisme sirupeux d’Elgar ? « de la
19TEREBRANTE VENDREDI 29 OCTOBRE 20H30
SAMEDI 30 OCTOBRE 18H00
CRÉATION MONDIALE
Térébrante. Déchirante, perçante,
perforante. Angélica Liddell, dans cette
ANGÉLICA LIDDELL
nouvelle création, creuse, encore et
toujours, le sillon de ses réflexions sur
la douleur et la mort. En écho à l’univers
de Liebestod, qui sera présenté au CDNO
SALLE JEAN-LOUIS BARRAULT
en décembre 2021, ce spectacle puise
dans la puissance de la siguiriya, chant
traditionnel de flamenco, parfois
accompagné par la guitare ou a cappella
dans sa forme primitive. Dans un rituel
auquel elle apporte sa présence scénique
indéniable, la performeuse met en scène
un solo bouleversant, bousculant le
silence du drame intime et mettant fin
à une année artistique vide. Terebrante
a été conçu comme une œuvre de survie,
celle d’une artiste qui ne peut faire
autrement que de mettre son corps,
et son cœur, à l’ouvrage.
Après la création mondiale de
The Scarlet Letter au CDNO en 2018,
Angélica Liddell, artiste associée, revient
cette saison avec deux spectacles.
20 21LA SEULE
UN CHANT INDOMPTABLE
Conçu comme une excroissance autonome
de son précédent spectacle, une création
plus intimiste qui viendrait compléter
la recherche déployée en grand dans
Liebestod – Histoire du Théâtre III,
Terebrante, de la sulfureuse Angélica Liddell,
poursuit l’exploration du tragique qui irrigue
CHOSE QUI ME
son geste artistique depuis toujours et se
place sous le signe de la siguiriya, chant
traditionnel du flamenco, cœur palpitant de
la culture populaire espagnole. Un chant
guttural venu du fond des âges, qui puise
LA LOI DE LA POÉSIE
aux sources de la douleur et du deuil et
J’aimerais que cette ère de puritanisme
s’abreuve à l’archaïque en nous. Un chant
progressiste se termine. Le théâtre se situe
ancestral, abyssal et indomptable, comme
au niveau de représentation qui est le plus
un cri primitif qui précède le langage et la
soumis aux prohibitions du tabou. La scène
civilisation, émanation sans fard de toutes
est un endroit où le tabou s’amplifie car c’est
les souffrances humaines. Réfractaire à
un art vivant, une messe tragique.
DÉLIVRE
toute traduction qui serait trahison même de
Cette amplification du tabou dans la
son essence, corruption de sa beauté
représentation scénique doit traiter avec
insondable, la poésie crue de la siguiriya
les deux faits corporels contre lesquels
Création / résidence / Coproduction CDNO s’incarne dans ce chant brut qui va droit au
s’appliquent en priorité les interdictions : le
but. Angélica Liddell, artiste fiévreuse et
sexe et la mort. Aujourd’hui, le théâtre est si
Avec Angélica Liddell radicale qui a fait de nos plateaux le lieu de
conservateur que la scène s’est transformée
Texte, mise en scène, scénographie rituels profanes aux confins du sublime, du
en échafaud, a confondu l’expression avec la
et costumes Angélica Liddell trivial et du sacré, extirpe les tripes de la
politique et la loi. Mais le théâtre doit
Assistant mise en scène Borja López culture musicale gitane, où le mystère de la
récupérer la transgression et devenir un
Régisseurs Nicolas Guy et naissance et de la mort se rejoignent en une
espace de sacrifice dramatique. La politique
Michel Chevallier même énigme. Voix de braise et de rocaille
et la loi respectent le tabou, mais la poésie le
DE LA MORT
Son Antonio Navarro à nu ou accompagnée à la guitare sèche,
transgresse, et cette transgression peut se
Directeur technique Tirso Izuzquiza le chant incandescent de Manuel de los
faire grâce à l’hyper-morale dont parle
Production et communication Saité Ye, Santos Pastor dit Agujetas perfore l’espace
Bataille. La loi de l’État, la loi civile est
Génica Montalbano cérémoniel et s’arrache au silence en un
différente de la loi de la poésie.
Directeur de production Gumersindo Puche déchirement bouleversant. Sur une partition
poignante où le baroque de Haendel et de Angélica Liddell, ma culture
Coproduction Atra Bilis ; CDN Orléans / Centre-Val Rameau se mêle à la musique écorchée vive
de Loire ; Temporada Alta de la siguiriya, Angélica Liddell s’adonne à
Festival de Tardor di Catalunya – Girona / Salt. un rituel dont elle seule détient le secret, où
chaque geste est chargé de symboles, où À DÉCOUVRIR
les références s’entrechoquent, où les
images sont des offrandes palpitantes. LIEBESTOD – L’ODEUR DU SANG NE ME QUITTE
EST DE
Ce théâtre de la mise à nu, hanté par la mort PAS DES YEUX – JUAN BELMONTE
et le désir d’absolu, par la foi et l’enfance à Angélica Liddell
jamais perdue, exhibe sa quête de Création
rédemption pour mieux purger nos chaos et Vendredi 10 décembre 20h30
drames intérieurs. Si la siguiriya expulse Samedi 11 décembre 18h00
le mal et le malheur par l’orifice buccal qui p. 33
devient l’épicentre de la blessure béante,
le verbe éperdu d’Angélica Liddell s’oralise
et s’incarne dans ce théâtre du désespoir
flamboyant qui panse ses plaies en public
mais se refuse à tout misérabilisme.
LA DÉSIRER
À chaque création, Angélica Liddell fait
résonner sur le plateau un cri intérieur intime
et universel, elle jette en pâture sa propre
souffrance et sa rage de vivre, et les
transcende dans des performances d’une
puissance inouïe où les logorrhées verbales
le disputent aux tableaux vivants de toute
beauté.
M. P.
ANGÉLICA LIDDELL
22 23AIMÉE
19H30
( UNE HISTOIRE DE CONFITURE
Un féminin. Un masculin. Deux corps
JEUDI 4 NOVEMBRE
dans un espace. Elle et Lui se partagent
une chaise. À partir de cette situation,
Victoria Belén a composé un duo VICTORIA BELÉN
circassien et musical. Chacun tente de
Née à Buenos Aires en 1987, Victoria Belén
trouver sa place et le duo son équilibre,
pratique la gymnastique à haut niveau
avec pour seuls moyens, des portés, de
pendant une dizaine d’années. En 2005,
la danse ou des cordes. Cette recherche,
elle découvre le cirque et commence son
maladroite et déterminée, se fait au
expérience professionnelle entre l’Argentine
rythme du tempo de la musique live.
et l’Espagne avec des spectacles de rue.
Au cœur de ce microcosme acrobatique,
20H30
En 2008, elle quitte définitivement son pays
Victoria Belén approche les liens de
natal pour venir se former en France à
l’intime, entre renoncement de
l’ENACR puis au CNAC, où elle se spécialise
l’individualité et éloge du vivre ensemble.
en voltige et trampoline. En 2013 elle sort du
ET CHOCOLAT )
CNAC avec le spectacle Tetrakaï de
Création / Résidence / Coproduction CDNO
Christophe Huysman, et commence sa
VENDREDI 5 NOVEMBRE
recherche dans le monde de l’acro-danse.
Avec Victoria Belén, Marcel Vidal Castells
VICTORIA BELÉN
En 2014, elle tourne et débute comme
et David-Djeyla Roz
danseuse acrobate et comédienne dans les
Conception Victoria Belén
spectacles de la Cie Kiaï, mis en scène par
Auteure Violaine Schwarz
Cyrille Musy et Sylvain Décure, et la création
Collaboration à la mise en scène
CRÉATION
de Séverine Chavrier, Après Coups, Projet
Yann Ecauvre
Un-Femme.
SALLE ANTOINE VITEZ
MAL
Création sonore David-Djeyla Roz
Création lumière Nicolas Guellier
En 2015, elle crée une forme courte du solo RENDEZ-VOUS
Capuche et développe en parallèle les
20H30
Collaboration artistique et chorégraphique
Corine Garcia
« Anonymes à capuche », actions culturelles JEUDI 4 NOVEMBRE
avec des amateurs. Soutenue par le CDNO, À L’ISSUE DE LA REPRÉSENTATION
Costumes Anne Carteau
dans le cadre de l’itinérance, cette petite Rencontre avec l’équipe
Regard chorégraphique Nicolas Vladyslav
forme tourne en région Centre-Val de Loire Atelier du CDNO
Regard extérieur Justine Berthillot,
et de nombreuses actions ont lieu dans les
Julien Moreau
MERCREDI 3 NOVEMBRE
établissements scolaires.
Coproduction Centre Dramatique National Orléans /
En parallèle de ses créations, elle travaille
Centre-Val de Loire ; Cité du Cirque pour le Pôle régional en collaboration avec des artistes
Cirque Le Mans contemporains tels que le chorégraphe
Soutiens « LAS MAL AIMEÉ – une histoire de confiture Gaëtan Levêque, le musicien Bachar Mar-
et chocolat » est soutenu par la SACD / processus cirque
Khalife, le plasticien-photographe Augustin
DGCA / Aide nationale à la création pour les arts du
cirque Rebetez ou le circassien Yann Ecauvre.
DRAC Centre val de Loire / Aide à la Création Elle poursuit ses recherches autour de
Région Centre val de Loire / Aide à la Création et l’acrobatie féminine avec le collectif
Parcours de production solidaire Femmes de Crobatie.
Aide à l’accueil en résidence Château de Monthelon,
lieu pluridisciplinaire dédié à la recherche et à la création
Elle prend part au spectacle de Tünde Deak
artistique - Montréal ; Théâtre Beaumarchais – Amboise ; inspiré de la vie de Frida Kahlo, D’un lit
Cité du Cirque pour le Pôle régional Cirque Le Mans ; l’autre, créé au CDN de Rouen en septembre
Théâtre de Mansart/CirQ’ônflex – Dijon ; Le Volapuk – 2020. Au Festival d’Avignon, dans le cadre
LAS
Tours ; Latitude 50 pôle des arts du cirque et de la rue
de Vive le sujet 2021, elle partage la scène
(Belgique) ; Le Petit Théâtre de la Bouloie à Besançon (25)
avec Violaine Schwartz, écrivaine et
comédienne, dans Vive l’hospitalité 21. Avec
le Manège de Reims, elle mène des ateliers,
dans le cadre d’un projet piloté par Mathurin
Bolze, pour le Festival Utopistes 2021.
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