Sécurité des enfants dans la circulation: l'affaire de qui?

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Sécurité des enfants dans la circulation: l'affaire de qui?
2/2006

                                                                                                           JAB 2400 Le Locle
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      Sécurité
      des enfants dans
      la circulation:
      l'affaire de qui?
22e Journée Rue de l'Avenir: 29 sept. à Köniz (BE) – «Vers une suppression des passages piétons?» (pp. 9-10)
Groupe-conseil romand Ecomobilité • Sécurité des déplacements • Urbanisme de proximité
Le bulletin paraît quatre fois par année, 23e année · www.rue-avenir.ch
Sécurité des enfants dans la circulation: l'affaire de qui?
Editorial
    A
           première vue, «l’affaire de Schaff-        ment dans toute la Suisse romande puis en         bilité de se déplacer de manière autonome
           house» paraît surréaliste. Au-delà de      Suisse alémanique. Cette organisation col-        est importante et irremplaçable pour leur
           son caractère extrême, elle soulève        lective décharge les mères, garantit la sécu-     développement.
    une question importante: qui est responsa-        rité des enfants, et permet aussi souvent de         Cela n’a apparemment pas suffi, puis-
    ble de la sécurité des enfants dans la circu-     nouer des contacts entre les habitants d’un       que la sécurité des enfants dans le trafic ne
    lation? La réponse que nous donnons à cet-        quartier.                                         constitue encore que très marginalement
    te question est-elle vraiment si différente?                                                        un sujet pris au sérieux par les collectivités
       De nombreuses études ont mis en évi-           Réponse n°3                                       publiques. L’idée des Pédibus est sédui-
    dence les dangers du trafic pour les enfants      Les patrouilleurs-euses                           sante, mais elle reste une réponse – certes
    et le risque accru qu’ils courent compa-          Les premières patrouilles, inspirées des          collective – de sécurisation par l’accompa-
    rativement aux autres classes d’âge de la         Etats-Unis, étaient assurées par des              gnement, qui ne remet pas en question les
    population. Tout le monde s’accorde sur la        «grands», auxquels on dispensait une for-         conditions de la circulation.
    nécessité de les protéger. Que fait-on pour       mation préalable. Depuis de nombreuses               Aujourd’hui ce sont les milieux de la san-
    y répondre?                                       années ce service est assuré par des adul-        té qui tirent la sonnette d’alarme; ils pour-
                                                      tes, recrutés et défrayés par les communes.       raient bien devenir les alliés de ceux qui se
    Réponse n°1                                       Mais le recrutement de ces volontaires est        battent souvent depuis des années, en ville
    Eduquer les enfants                               loin d’être facile, et si le système permet de    mais aussi dans les villages, pour des envi-
       C’est la réponse la plus courante à la         sécuriser quelques passages piétons clés,         ronnements plus favorables aux enfants.
    question. Cette tâche d’éducation est             il est limité à des tranches horaires qui ne         Et si la sécurité des enfants dans le trafic
    d’abord l’affaire des parents, qui doivent        permettent pas de prendre en compte les           devenait une question de santé publique?
    rendre leurs enfants conscients des dangers       horaires inhabituels ou les retards.                 Et si on commençait à se dire que ce
    de la circulation, leur apprendre les com-           Il est par ailleurs exclusivement centré sur   que fait un jeune usager de la rue sur deux
    portements adéquats, sans oublier de leur         les déplacements scolaires, et n’est donc         pattes a en définitive autant d’importance
    montrer le bon exemple. C’est ensuite l’af-       d’aucune aide pour tous les déplacements          qu’un usager adulte sur quatre roues?
    faire de l’Etat, qui assure des cours d’édu-      des enfants hors cadre scolaire. Or ceux-ci
    cation routière, dispensés par la gendarme-       se déplacent tout autant dans le cadre de                                       Rue de l'Avenir
    rie dans le cadre scolaire.                       leurs loisirs, comme le montre notamment
       Si l’éducation routière est évidemment         le tout récent rapport sur les déplacements
    indispensable, plusieurs chercheurs ont           des enfants et des jeunes en Suisse (voir ar-      Page de couverture
    pourtant mis en évidence ses limites, à com-      ticle p. 3).
    mencer par celles liées au développement                                                             Entrefilet paru dans Le Matin
    de l’enfant: avant l’âge de dix ans environ       Réponse n°4                                        du 15 février 2006.
    celui-ci n’est pas capable de maîtriser la tâ-    Et... agir sur la circulation ???
    che très complexe que représente la traver-                                                          Dessin d’un enfant de 8 ans,
                                                      La sécurité des enfants reste encore en            La Chaux-de-Fonds
    sée d’une route. L’évaluation de quelques         grande partie une affaire privée, de la res-
    méthodes d’éducation routière (voir article                                                          (voir article pp. 6-7).
                                                      ponsabilité des parents et... des enfants
    p. 4 et 5) laisse d’ailleurs l’impression qu’il   eux-mêmes: étonnamment, alors qu’on
    y a parfois une part de miracle dans les ac-      admet de plus en plus largement qu’ils ont
    cidents qui ne se produisent pas.                 du mal à se débrouiller dans la circulation,
                                                      c’est finalement des usagers les plus faibles      Le comité de Rue de l’Avenir
    Réponse n°2                                       qu’on exige le plus.                               s’est renforcé, avec l’arrivée de
    Accompagner les enfants                              Tout en déplorant le manque d’exercice          quatre personnes:
    Deuxième réponse, évidente: si la circu-          chez les jeunes et ses conséquences sur les
    lation est dangereuse, il faut trouver un         relations sociales et la santé, la principale      • Mathilde Geiges, ingénieure,
    parcours qui permette d’éviter le danger, à       institution allemande en charge de l’édu-            collaboratrice de projets
    défaut accompagner les enfants.                   cation routière des enfants propose comme            Pro Velo Suisse
       Même si on dispose encore de très peu          solution... un kit de 10 mn d’exercice à pra-
    de chiffres en la matière, plusieurs éléments     tiquer, si possible quotidiennement, dans le       • Evelyne Thommen, professeur
    indiquent que les jeunes enfants sont de          cadre de l’école ou en famille...                    de psychologie de l'enfant
    plus en plus accompagnés pour leurs dé-              De manière fataliste on semble avoir pro-
                                                                                                           à l’Ecole d’études sociales et
    placements, en partie à pied, mais bien           gressivement accepté l’idée que les dan-
                                                      gers du trafic sont un mal nécessaire lié aux        pédagogiques de Lausanne
    souvent en voiture. L’insécurité liée à la cir-                                                        (qui signe ici deux articles)
    culation est un des éléments d’explication        modes de vie contemporains, une donnée
    importants, même si ce n’est pas le seul.         devenue si «naturelle» qu’on ne la met plus
       La nécessité d’accompagner les enfants         en question. D’autant moins, peut-être,            • Christa Mutter, journaliste
    mobilise les parents – le plus souvent les        qu’on y contribue souvent soi-même ?                 à Fribourg, co-présidente des Verts
    mères – et découpe la journée en fonction                                                              fribourgeois
    des moments d’entrée et sortie d’école,           Que voulons-nous?
    encore plus avec plusieurs enfants aux            Dès les débuts de la modération de la cir-         • Julie Barbey, géographe,
    horaires décalés. Dans ce sens, il n’est pas      culation, la question des enfants a été au           collaboratrice scientifique au
    étonnant que le système des Pédibus lau-          centre des revendications des mouvements             Laboratoire de sociologie urbaine
    sannois, inspiré de l’Australie, ait rencontré    d’habitants. Des sociologues et des psycho-          de l’EPFL.
    un tel succès et se soit développé rapide-        logues ont démontré à quel point la possi-

   Rue de l’Avenir 2/2006
Sécurité des enfants dans la circulation: l'affaire de qui?
Déplacements des enfants et
adolescents: résultats d’une recherche
Le sociologue Daniel Sauter, mandaté par l’Office fédéral du sport, a analysé les déplacements
des enfants et des adolescents sur la base des données des microrecensements sur les
transports 1994 et 2000. Une source d’informations précieuse.

L
      ’analyse a porté sur les données de         moyenne la moitié moins de 3 km, soit des         Les éventuels effets des actions entreprises
      respectivement 2854 et 4465 écoliers        distances idéales pour la marche et le vélo.      ces dernières années en faveur du vélo ne
      et jeunes en formation de 6 à 20 ans.          Le recensement ne comporte pas de ques-        seront observables que dans le MRT 2005.
Elle a traité les déplacements scolaires, mais    tions concernant l’accompagnement en gé-
aussi les déplacements de loisirs, pour les-      néral. D’autres études montrent qu’il peut        Créer (ou préserver) les conditions
quels on ne disposait jusqu’ici que de très       être important concernant les plus jeunes:        favorables à la marche et au vélo
peu d’informations. Le mandat de recher-          dans les villes, près d’un tiers des enfants de   Comparativement à d’autres pays euro-
che était lié aux préoccupations concernant       5-7 ans sont accompagnés régulièrement,           péens, les jeunes Suisses se déplacent enco-
le manque d’exercice chez les jeunes et les       pour des raisons de sécurité. Quand l’itiné-      re beaucoup à pied et à vélo. Pour préserver
divers problèmes qui en découlent.                raire comporte une rue très fréquentée, la        cette situation, il est essentiel selon l’auteur
                                                  part d’accompagnement augmente signifi-           – pour des raisons sociales et de santé – de
Déplacements de loisirs:                          cativement.                                       promouvoir un urbanisme des courtes dis-
autant que pour l’école                                                                             tances, qui favorise le recours à ces modes,
L’école et les loisirs représentent la majorité   Peu de différences ville-campagne                 et de mettre en place les conditions permet-
des déplacements des jeunes de 6 à 15 ans:        L’influence du degré d’urbanisation sur le        tant aux enfants de se déplacer de manière
plus de 40% chacun. Cette information est         choix modal est – étonnamment – faible: à         autonome et en sécurité.
importante: elle montre que les enfants sont      la campagne et dans les communes d’agglo-
loin de se déplacer uniquement dans le ca-        mération les distances parcourues à pied          Promotion d’une
dre scolaire, et qu’il faudrait en tenir compte   ou à vélo sont un peu plus grandes, mais,
                                                  contrairement à ce qu’on croit souvent,
                                                                                                    «culture de la mobilité»
notamment pour les mesures de sécurisa-                                                             Il faudrait pouvoir renoncer très tôt à véhi-
tion à prendre.                                   on observe peu de différence entre ville et
                                                                                                    culer les enfants, plus tard il est difficile de
   Les principales formes de loisirs des jeu-     campagne pour les déplacements en voitu-
                                                                                                    changer et cela demande plus d’efforts.
nes sont – selon les catégories types du re-      re. Une exception: les communes d’agglo-
                                                                                                    Il serait aussi essentiel de promouvoir une
censement: le sport, les activités culturelles    mération, avec une part de 14% d’accom-
                                                                                                    image positive de la marche et du vélo, de
et la visite de connaissances. A noter: le        pagnement en voiture concernant les petits.
                                                                                                    manière à ce que les enfants et les jeunes
recensement étant centré sur les déplace-                                                           choisissent encore ces modes même une
ments vers un but, les «activités de mouve-       Vélo en diminution,                               fois atteint l’âge d’avoir accès à des modes
ment», en particulier tous les déplacements       voiture en augmentation                           motorisé: c’est l’importance de ce qu’il ap-
des enfants dans le cadre de leurs jeux d’ex-     Entre 1994 et 2000, la part des déplace-          pelle «la biographie de la mobilité».
térieur, sont malheureusement absents de          ments à pied est restée stable, par contre le
l’analyse.                                        vélo a diminué et la voiture augmenté. Cette                        Dominique von der Mühll
                                                  augmentation des déplacements motorisés                            Le rapport «Mobilität von Kindern
Importance de la marche                           s’observe partout, mais plus en Suisse ro-                 und Jugendlichen» (en allemand) peut être
et du vélo                                        mande qu’en Suisse alémanique.                               téléchargé sur le site de Rue de l’Avenir.
La majorité des déplacements sont courts
(mais tendent à augmenter): deux tiers des         Modes de déplacement pour la formation et pour les loisirs,
écoliers de primaire les effectuent en moins       et moyenne tous motifs confondus (N déplacements = 6737 / 7889)
de 10 minutes, pour des distances qui sont
également courtes, 3/4 des écoliers de pri-
maire vivant à moins d’un kilomètre de leur
école. Dans le cadre de l’école obligatoire,
la majorité des enfants rentrent à midi et ef-
fectuent quatre trajets par jour.
   Au niveau de l’école obligatoire, la ma-
jorité des déplacements s’effectuent à pied
et à vélo: surtout à pied chez les petits (près
des 3/4 des 6-9 ans, 60% des 10-12 ans,
30% des 13-15 ans), la part du vélo aug-
mente avec l’âge.

Accompagnement des enfants
La moyenne suisse des jeunes enfants ame-
nés en voiture est d’un peu plus de 8%, avec
une variation selon les régions linguistiques;
elle est plus élevée en Suisse romande,
pour des trajets le plus souvent courts – 6-9
ans: la moitié inférieurs à un kilomètre, en

                                                                                                                          Rue de l’Avenir 2/2006            
Sécurité des enfants dans la circulation: l'affaire de qui?
Efficacité de l’éducation routière:
    résultats de quelques recherches
    L
          'analyse des données statistiques sur          Les comportements sûrs ne sont pas les        type d'apprentissage («scolaire» et sur le
          les accidents de la route montre que        mêmes dans les deux groupes. Par exem-           terrain). Ces résultats s'opposent à l'hypo-
          les enfants de 7 ans présentent un pic      ple, les enfants de Marseille (qui ont reçu      thèse d'une meilleure intégration des don-
    d'accident qui semble refléter leurs pre-         une sensibilisation d'une heure) regardent       nées de la sécurité lorsqu'un entraînement
    miers déplacements en solitaire (Assailly,        mieux avant de traverser et se déplacent de      se fait sur le terrain.
    2005). Le passage du déplacement accom-           manière plus sûre (situation sur le trottoir)
    pagné à celui en solitaire provoque une           que ceux de Lyon (qui ont bénéficié d'une
    augmentation des accidents révélatrice des        éducation intensive). En ce qui concerne         Importance de l’éducation
    difficultés à s'adapter au trafic.                les règles de sécurité, les enfants de Lyon      routière, mais...
       Les mesures éducatives prises pour sé-         présentent des raisonnements plus matures        Ces quelques exemples de recherches dé-
    curiser les déplacements des enfants sur          que ceux de Marseille.                           montrent l'importance d'une éducation à
    le chemin de l'école et plus généralement            Force est de constater que les mesures        la sécurité routière. La question de l'effica-
    sur le domaine public sont de plusieurs or-       éducatives intensives proposées aux jeunes       cité plus grande d'une méthode ou d'une
    dres. L'examen de leur efficacité est large-      enfants de Lyon conduit à un sentiment de        autre est encore débattue. Les méthodes
    ment discuté, nous reprenons ici quelques         sécurité et de liberté laissée aux enfants qui   d'éducation tiennent compte des connais-
    données de la recherche sur les mesures           contraste avec les observations des com-         sances actuelles sur la sécurité routière,
    éducatives envers les enfants ainsi que des       portements réels des enfants qui sont moins      notamment celles concernant les capacités
    données recueillies en Suisse sur la com-         sécures que l'on pourrait le penser. Il ne       cognitives des enfants et celles concernant
    préhension des règles de sécurité.                faut pas pour autant conclure que l'éduca-       les difficultés spécifiques du déplacement
       La plus simple des mesures éducatives          tion intensive n'est pas la bonne mais que       à pied. Leur mise en oeuvre apporte une
    est évidemment l'intervention éducative           dans cette recherche son avantage n'est pas      meilleure compréhension des règles de sé-
    des parents qui expliquent à leurs enfants        avéré. Par contre, rappelons que les enfants     curité par les enfants.
    comment se comporter dans la circulation.         ayant suivi un programme d'éducation
    Des mesures plus institutionnelles sont éla-      routière ont un comportement plus sûr que
    borées pour prévenir les risques d'accident:      ceux appartenant au groupe contrôle sans         Interprétations inattendues
    interventions ponctuelles en milieu scolai-       éducation routière institutionnelle.             des règles
    re, en situation routière, travail éducatif à                                                      La manière dont les consignes de sécurité
    plus long terme.                                                                                   sont transmises aux enfants repose sur leurs
                                                      L’exercice pratique favorise-t-il                capacités de compréhension. Le niveau de
                                                      la prévention?                                   développement cognitif des enfants peu-
    Une éducation intensive                           D'autres recherches montrent les limites des     vent entraîner des représentations erronées.
    favorise-t-elle la sécurité?                      apprentissages proposés aux enfants. Van         Cette question est importante avant 7 ans.
    Granier (2004) rapporte une évaluation            Schagen et Rothengatter (1997) évaluent             Par exemple, Thomson (1997) relève une
    d'envergure à propos des compétences ac-          l'effet d'un entraînement scolaire donné         interprétation inattendue de la règle classi-
    quises par les enfants sur la sécurité du che-    aux enfants de sept ans pour apprendre à         que qui centre l'enfant sur le fait de voir ou
    min de l'école selon le type d'accompa-           traverser un carrefour. Les auteurs analy-       ne pas voir de voiture. Pour rendre compte
    gnement éducatif suivi. Une expérience de         sent les compétences de quatre groupes           de cette compréhension, on peut formuler
    plusieurs années d'actions éducatives dans        d'enfants. Un groupe a reçu un enseigne-         ainsi la règle que se représentent les en-
    une école maternelle de Lyon est analysée         ment scolaire, un deuxième groupe a reçu         fants: «si tu vois une voiture, tu t'arrêtes, et
    et comparée à une intervention à Marseille        un entraînement comportemental par une           attends, si tu ne vois pas de voiture, tu peux
    composée d'un programme ponctuel qui              pratique individuelle, un troisième groupe       traverser».
    consiste à apprendre à traverser sur un           bénéficie des deux types d'apprentissages           Lorsqu'on leur demande de choisir un
    passage piéton et à intégrer quelques rè-         combinés. Finalement le quatrième groupe         endroit sûr pour traverser, leur réponse est
    gles de sécurité. Un groupe d'enfants sans        sert de témoin, il ne reçoit aucune éduca-       révélatrice de leur interprétation de la sé-
    interventions spécifiques sert de groupe          tion routière.                                   curité: ils choisissent de traverser dans un
    témoin.                                              La compréhension des règles de com-           lieu sans visibilité, avant un dos d'âne, par
       L'auteur examine deux aspects de la            portements adaptés aux dangers du trafic         exemple, et évitent l'avenue à grande circu-
    compréhension des règles de sécurité: l'ob-       est évaluée par le jugement des enfants sur      lation sur laquelle ils pourraient effective-
    servation directe des enfants lors de deux        des questions de sécurité routière à partir      ment voir la présence ou non de véhicules.
    trajets sur le chemin de l'école et l'interview   de photographies (c'est une sorte de test de     Ils ne comprennent pas forcément qu'un
    portant les connaissances de l'enfant à pro-      connaissances). Les compétences compor-          endroit est dangereux justement parce qu'il
    pos de la catégorisation des dangers et de la     tementales sont testées par l'observation du     n'y a pas de visibilité.
    compréhension des règles de sécurité.             comportement de l'enfant qui doit traverser
       Les résultats montrent de meilleurs com-       une rue.
    portements des enfants ayant bénéficié               La comparaison des résultats avant et         Compréhension de
    d'une intervention éducative comparés au          après l'apprentissage révèle une très nette      la coordination des points de vue
    groupe témoin sans éducation. Par contre,         différence entre les groupes expérimentaux       Pour évaluer les risques de ne pas voir un
    la comparaison des résultats des groupes          et le groupe témoin (qui n'a pas d'entraî-       véhicule, il convient de maîtriser une géo-
    de Marseille et de Lyon est plus nuancée          nement) en faveur des premiers. Les trois        métrie projective sophistiquée. On peut
    (ils ont tous les deux bénéficiés d'éducation     groupes avec apprentissage évoluent de           tester hors contexte (en situation scolaire,
    routière).                                        la même manière, il n'y a pas d'effet dû au      par exemple) la capacité des enfants à coor-

   Rue de l’Avenir 2/2006
Sécurité des enfants dans la circulation: l'affaire de qui?
donner les perspectives. Demetre (1997)
montre que la prise en considération des
                                                      Le dessin du chemin de l'école
perspectives complexes est acquise vers
9 ans. Par contre, lorsqu'il s'agit d'utiliser        d'un enfant de 5 ans avec,
cette connaissance pour guider leur com-              entouré, les endroits dangereux:
portement de traversée, leur compréhen-               ce sont les passages piétons
sion est décalée d'une année (réussite vers           car des voitures peuvent
10 ans).                                              nous écraser.
   Les adultes peuvent expérimenter ce
type de difficulté lorsqu'il s'agit de s'enga-
ger sur une rue sans visibilité en regardant
dans un miroir. Il est parfois difficile d'éva-
luer correctement la direction de laquelle
arrive un véhicule! Cette recherche mon-
tre que certaines compétences cognitives
se développent tardivement et limitent les
capacités de déplacements sécures dans la
circulation.

Compréhension des règles
de sécurité: un exemple
Nous avons obtenu des résultats sembla-
bles dans une étude exploratoire auprès de
jeunes lausannois sur la compréhension
des règles de sécurité sur leur propre che-
min de l'école, alors que ce déplacement
se fait de manière accompagnée et «éduca-         «Pourquoi est-ce que tu dois faire at-           confiance des parents envers les compé-
tive». Nous avons mené des entretiens avec        tention?» Elle répond: «Car des voitures         tences de leurs enfants.
sept groupes d'enfants d'âge moyen de             peuvent nous écraser et c'est pour ça que           Un effet pervers de l'éducation rou-
5 ans et demi. Par l'intermédiaire de photos      l'éducatrice doit regarder». Elle ne prend       tière pourrait être d'augmenter le nombre
prises de leur chemin de l'école, nous les        pas encore à son propre compte l'action de       d'accidents parce que les enfants se dé-
avons interrogés sur les règles et les dangers    regarder.                                        placent en solitaire plus précocement.
de leur déplacement.                                 Nous avons demandé aux enfants d'indi-           L'important à notre sens, dans cette situa-
   Lorsqu'on leur demande ce que sont             quer les endroits dangereux sur le chemin        tion complexe et risquée, est d'analyser en
les dangers, la plupart répond que ce sont        de l'école qu'ils venaient de dessiner. En       détail la mesure prise, d'évaluer les moyens
les voitures, éventuellement avec d'autres        principe, les endroits sécures sont les pas-     de sécurisation mis en œuvre et de savoir
véhicules. Les comportements qu'ils affir-        sages piétons, alors que les endroits dange-     trouver cet équilibre si difficile entre ce
ment adopter sur le chemin de l'école sont        reux sont les traversées hors passage piéton.    que l'enfant peut apprendre et qu'il s'agit
particulièrement significatifs des consignes      Or, nous constatons, à l'inverse, que sur un     de développer et les limites de sa compré-
de sécurité reçues : ils ne doivent pas cou-      groupe de 15 enfants de 7 ans, 4 enfants si-     hension. Négliger les limites cognitives des
rir, ne pas faire les fous, ne pas se pousser.    gnalaient le passage piéton comme «ce qui        enfants peut entraîner des risques qui ne se
Ils doivent marcher par deux et ne pas se lâ-     est dangereux» sur le chemin de l'école, 3       laissent pas réduire par des mesures éduca-
cher la main. Avant de traverser, ils doivent     une voiture, 4 une traversée de rue et 4 l'en-   tives.
s'arrêter et regarder. A contrario, aucun         semble de la voie de circulation. Lorsqu'on         Dans les mesures de prévention des ris-
des enfants interrogés ne mentionne des           leur a demandé pourquoi ils avaient entou-       ques de la circulation auprès des enfants,
conduites de sécurité qui concernent la           ré ces endroits dangereux, leurs réponses        on ne peut pas leur demander de prendre
circulation elle-même (comment regarder,          parlent des voitures qui peuvent les écraser,    en charge leur propre sécurité au-delà de
comment s'assurer qu'une voiture n'est pas        («où je traverse c'est dangereux – pourquoi?     leur compétence développementale. Il
masquée, choisir un lieu pour traverser la        Parce qu'il y a des voitures»).                  convient donc de donner une éducation à
route). La seule chose qui est dite: «regar-         Finalement, nous avons relevé certaines       la sécurité routière – et à cet égard, les ex-
der des deux côtés». Leur apprentissage           mécompréhensions comme l'explication             périences montrent que le gendarme qui
concerne davantage les conduites à tenir          ce que signifie le panneau «attention en-        vient expliquer en classe les règles avec
lors d'un cheminement en groupe accom-            fant» qui se trouve près de l'école: «Interdit   force conviction peut être aussi efficace
pagné d'un adulte, que les règles de sécu-        de courir ici, il faut marcher sinon on nous     qu'un long entraînement pratique comme
rité proprement dites, qu'il faudrait appren-     voit pas» (le panneau représente des en-         le montrent les recherches ci-dessus. Mais
dre avant de se déplacer en solitaire.            fants qui courent, à l'intention des automo-     cette éducation préventive ne suffit pas, il
   Des actions éducatives ont pourtant            bilistes et non des enfants)! Manifestement,     faut surtout sécuriser les cheminements
lieu sur ce parcours, les enfants récitent        les enfants de cet âge ne maîtrisent pas         vers l'école et dans les quartiers. Il est égale-
une consigne avant de traverser les rues («Y a    encore les raisons sous-jacentes aux règles      ment nécessaire d'accompagner les enfants
des consignes: ouvrir les yeux - fermer la        qui leur sont présentées. Si l'apprentissage     dans leur déplacement au-delà de l'âge de
bouche - ouvrir les oreilles - être attentif.     des règles de sécurité est certes important,     7 ans. Sinon, on pleurera encore longtemps
C'est pour ceux qui traversent la route.          il ne garantit pas la sécurité des enfants.      les jeunes enfants morts sur les routes.
Les voitures peuvent rouler car on dit les                                                                                    Evelyne Thommen
consignes. Et après? Elles doivent attendre
                                                  Conclusion:                                                                   Silvia Perrenoud
qu'on passe»). Comme ce déplacement
se fait avec les éducatrices, la responsabi-      ne pas surestimer les enfants                                           Dominique Malatesta
lité de la traversée des routes est sur leurs     Rappelons ici la mise en garde de De-                                        (EESP, Lausanne)
épaules. On demande à Jess (6 ans et demi)        metre (1997) par suite d'une trop grande          Références à disposition sur le site de Rue de l’Avenir.

                                                                                                                            Rue de l’Avenir 2/2006             
L'enfant et la représentation
    de son chemin de l'école
    I
      l est un déplacement urbain très routi-
      nier: celui qui mène les enfants de leur
      domicile à l'école. Parcouru chaque
    jour, il est très familier aux enfants. Cette
    familiarité entraîne chez ces derniers une
    représentation de leur itinéraire dans un
    habitus concret. Ils sont d'ailleurs capables
    de le parcourir seuls de manière précoce.
    C'est donc souvent le premier déplace-
    ment autonome de l'enfant, qui lui permet
    aussi de développer toute son imagination
    (Hüttenmoser 2005).

    Cadre de l’enquête
    Nous nous sommes interrogées sur la re-
    présentation des enfants à propos de leur
    itinéraire pour aller à l'école. Notre consi-
    gne demandait à l'enfant de dessiner le
    chemin de l'école pour quelqu'un ne le
    connaissant pas. La consigne est simple,
    les enfants bénéficient d'un temps indé-
    terminé pour réaliser leur dessin. Nous           Figure 1. Pourcentage d'enfants qui représentent au moins un carrefour
    avons recueilli 243 dessins dont 107 à La         par groupe d'âge (sur l'ensemble des 243 dessins). Aucun dessin d’enfants
    Chaux-de-Fonds (collège de l'Ouest), 76 à         de 5 ans ne comprend de carrefour.
    Conselheiro Lafaiete, Brésil (Escola Estadual
    Dr. Antero Chaves ci-après Lafaiete), 39 à        de repères sur le chemin de l'école de ces    Lorsqu'on souhaite représenter le chemin
    Lausanne (garderies la Rotonde et la Cour         enfants, nous ignorons en effet la longueur   qui mène à son domicile, il convient de
    des Miracles) et 21 à Soleure (Schulhaus          de ce cheminement. De la même manière,        signaler les carrefours et les rues sur les-
    Wildbach). La proportion de filles et garçons     nous ne tenons pas compte de la justesse ou   quelles se déroule le cheminement. Nous
    est approximativement équivalente dans les        non de la représentation (d'autres données    avons donc comptabilisé la présence de
    groupes. Les enfants sont âgés de 5 à 13 ans.     sur le chemin de l'école peuvent être lues    carrefours dans leur dessin. Les plus jeunes
                                                      dans Thommen et Rimbert, 2005).               enfants ne représentent pas de carrefour,
    Analyse et évaluation                                                                           ils se contentent de dessiner leur itinéraire,
    Nous nous sommes intéressées à quelques           Les voies de circulation                      sans représenter les voies de circulation.
    aspects cognitifs de leurs représentations                                                      Le nombre d'enfants qui représentent au
    de l'espace et des éléments de l'environne-                                                     moins un carrefour augmente nettement
    ment intégrés à leurs dessins. Kevin Lynch                                                      avec l'âge (Figure 1).
    (1971) propose une analyse de l'image de                                                           A noter que cette représentation des jeu-
    la ville en différenciant cinq grandes caté-                                                    nes enfants d'un chemin de l'école sans
    gories de représentations: les voies, les limi-                                                 carrefour est révélateur de leur appréhen-
    tes, les quartiers, les noeuds et les points de                                                 sion de ce chemin: ils marchent le long
    repère. Nous nous sommes servies de cette                                                       d'un chemin qui tourne parfois (mais pour
    terminologie pour décrire les dessins des                                                       50% des enfants de moins de 6 ans, il n'y a
    enfants qui ne comportent que des voies le                                                      même pas de virages) mais qui ne rencontre
    long desquelles se déplace l'enfant et des                                                      pas les dangers d'une traversée. En fait, ils
    points de repères qui entourent ces voies                                                       représentent leur action (marcher) et non
    de circulation dans lesquelles l'enfant ne                                                      leur chemin! Le dessin 1 (enfant de 4 ans
    pénètre pas.                                                                                    et demi) est un exemple typique des jeunes
       Ce qui nous intéresse est de savoir ce à                                                     enfants.
    quoi les enfants sont attentifs sur leur che-
    min de l'école. Nous discuterons ici deux                                                       Les points de repère du registre
    aspects principaux dans leur représentation:                                                    routier
    leur capacité de représenter un itinéraire de                                                   Dans un premier temps, nous avons catégo-
    manière décentrée, c'est-à-dire un itinéraire                                                   risé les indications représentant les repères
    compréhensible pour autrui, et les éléments                                                     du registre routier (feux tricolores, passages
    de l'environnement qu'ils représentent dans                                                     piétons, trottoirs). Pour les repères, nous
    leur dessin.                                                                                    comparons les dessins d’enfants de Lafaiete
       Pour la présentation des résultats, nous       Dessin 1 (enfant de 4 ans et demi,            (Brésil) et de La Chaux-de-Fonds pour les-
    dénombrons la présence d'au moins un              Lausanne). Le chemin de l'école est           quels nous avons des dessins de trois grou-
    indice ou repère spécifique. Nous évi-            un lien entre la maison et l'école.           pes d'âge. Nous pouvons aussi comparer les
    tons ainsi la question du nombre objectif         Pas de rue, de carrefours, de repères.        données selon les lieux de vie des enfants.

   Rue de l’Avenir 2/2006
Les enfants brésiliens représentent moins de repères
routiers, et moins de passages piétons. Ceci simplement
parce qu'il n'y en a pas dans leur ville! Nous verrons
par contre qu'ils représentent davantage de bâtiments
et d'éléments du paysage. Les repères présentés dépen-
dent évidemment du cadre de vie des enfants, qui est
très différent entre les deux lieux (Goulder, 1986).

Les points de repère de l’environnement
Les enfants représentent d'autres éléments dans leur
dessin qui sont importants sur leur chemin de l'école:
personnages, bâtiments, éléments de l'espace construit
comme des barrières, des escaliers et des éléments du
paysage. Nous avons comptabilisé pour chaque dessin
la présence ou l'absence d'un élément catégorisé.
   Il est remarquable de constater qu'il y a davantage
d'enfants qui représentent au moins un élément pay-
sager ou un bâtiment chez les enfants de Lafaiete que
chez les enfants de La Chaux-de-Fonds. On constate
également une augmentation des repères comme les
bâtiments et les éléments architecturaux et une diminu-
tion des personnages en fonction de l'âge, ceci pour les
deux lieux. Ceci est révélateur de l'évolution des repè-                                           Dessin 2 (enfant de 9 ans, La Chaux-de-
res pertinents pour s'orienter sur un itinéraire entre 6 et                                        Fonds). Le chemin de l'école commence
12 ans.                                                                                            à s'insérer dans son contexte de la ville,
                                                                                                   les repères sont principalement routiers
Quelques conclusions                                                                               (dessin typique des enfants de La Chaux-
Lorsqu'on demande aux enfants de 5 à 13 ans de des-                                                de-Fonds).
siner leur chemin de l'école, on constate deux aspects
principaux. Du point de vue de la représentation de
l'espace, les enfants donnent davantage d'indications
sur leur itinéraire avec l'âge. L'évolution de leurs des-
sins peut être décrite en trois étapes: dans un premier
temps, les enfants représentent leur cheminement, sans
indications du contexte (4-7 ans; voir dessin 1). Dans
une deuxième étape, les enfants introduisent quelques
éléments du contexte comme une ébauche de carre-
four, un personnage, des repères routiers, etc. (8-9 ans,
voir dessin 2). Finalement, dans un troisième niveau, les
enfants représentent l'espace qui entoure leur chemine-
ment: on peut ainsi voir les carrefours et donc les rues à
ne pas prendre, des bâtiments, des éléments de la signa-
lisation routière (10-13 ans, voir dessin3).
   Notre analyse des repères représentés montre que ces
derniers sont de plus en plus nombreux avec l'âge, mais
que leur type dépend de l'environnement construit des
enfants. Ils présentent assez logiquement les éléments
qu'ils perçoivent sur leur chemin de l'école. A cet
égard, le grand nombre de passages pour piétons repré-
sentés chez les enfants suisses est peut-être révélateur
de l'attention demandée aux enfants pour traverser aux
endroits prévus.
   Pour conclure, les enfants ont apprécié de dessiner
leur chemin de l'école: c'est quelque chose de connu.
Leurs productions sont révélatrices de l'attention qu'ils
portent à leur espace de vie et de l’importance du che-
min de l'école comme possibilité de découverte auto-
nome de leur environnement.

                                                Evelyne Thommen
                          (EESP, Lausanne; ethommen@eesp.ch),

                                      Véronique Zbinden Sapin
        (HEF-TS, Givisiez; veronique.zbindensapin@hef-ts.ch)

                                                     Silvania Avelar
                  (TSL/EMPA, St-Gall; silvania.avelar@empa.ch)              Dessin 3 (enfant de 12 ans de Lafaiete, Brésil).
                                                                            Le dessin comprend de nombreux repères, y compris paysagers
Références bibliographiques à disposition sur le site de Rue de l’Avenir.   (dessin typique des enfants de Lafaiete).

                                                                                                                        Rue de l’Avenir 2/2006   
Démarches de communes
    Zurich: une stratégie spécifique
    D
             ans le cadre de sa «stratégie de mo-                                                          portements d’enfants» – et la privation
             bilité» adoptée en 2001 , la ville de                                                         d’autonomie et de découvertes qu’engen-
             Zurich a développé 18 stratégies                                                              dre pour eux le fait de devoir toujours être
    partielles portant sur des thèmes spécifi-                                                             accompagnés.
    ques ou particulièrement sensibles. L’une                                                                 L’élaboration de ce projet s’est fait en
    d’elles regroupe les constats et les choix de                                                          collaboration avec des groupes de travail
    mesures à mettre en œuvre concernant les                                                               spécifiques, et des ateliers organisés avec
    handicapés, les personnes âgées et les en-                                                             les principaux intéressés – y compris avec
    fants.                                                                                                 les enfants. Contrairement à la démarche
      Cette stratégie partielle concerne tous les                                                          bâloise de sécurisation des traversées pié-
    usagers de l’espace public qui se déplacent                                                            tonnes (voir RdA 3/2005), les associations
    majoritairement à pied et ont pour des rai-                                                            de parents ne semblent pas avoir été parte-
    sons diverses une capacité de mobilité ré-                                                             naires, ce qui est un peu surprenant : ces as-
    duite, que ce soit de manière permanente                                                               sociations sont presque toujours l’élément
    ou temporaire (le handicap «temporaire»             Deux ateliers ont permis d’associer                moteur des changements, et principales
    inclut par exemple le fait de se déplacer           les enfants à la démarche.                         partenaires dans ce domaine.
    avec une poussette, des sacs chargés et un                                                                A signaler: parmi les mesures mention-
    enfant à tenir par la main).                        la sécurité, développer la communication.          nées dans le volet «communication» figure
      Cet ensemble d’usagers ne doit pas être           C’est surtout la démarche et les principes         la sensibilisation à l’interne de l’administra-
    sous-estimé, la ville l’a traduit en chiffres:      qui la fondent qui sont intéressants.              tion par rapport à ces questions, ainsi qu’un
    tous les «handicapés du trafic» additionnés                                                            site internet permettant aux habitants de si-
    représentent près de 20% de la population,          Une reconnaissance des enfants                     gnaler des problèmes et de transmettre des
    une minorité non négligeable.                       La stratégie s’appuie sur des constats rare-       demandes de manière pratique et directe.
                                                        ment repris hors des milieux spécialisés: on          Il faut aussi souligner que les mesures dé-
    Des mesures classiques                              y souligne l’importance, pour le dévelop-          finies dans la stratégie partielle s’inscrivent
    Le catalogue des mesures définies n’a rien          pement des enfants, de pouvoir se dépla-           dans un contexte – à Bâle également – où
    de nouveau, pour l’essentiel il regroupe une        cer seuls dans leur quartier. On y reconnaît       la majorité des quartiers sont en zone 30, et
    panoplie d’outils classiques, qui recouvrent        aussi les limites des enfants – «Des enfants,      quelques rues en zones de rencontre.
    trois grands domaines d’action: éliminer les        il ne faut pas attendre des comportements                                                  DvdM
    obstacles dans l’espace public, améliorer           adaptés au trafic, mais d’abord des com-                            http://www.mobilitaetskultur.ch

    Genève: le «Petit plan piéton»
    D
             ès la troisième année d'école pri-         quartier, une sorte de grande carte aux tré-
             maire les enfants suivent des cours
             d'environnement. Ils découvrent
                                                        sors. Il devient un support pour réfléchir à
                                                        la mobilité, imaginer d’autres moyens de
                                                                                                            Un site intéressant
    les alentours de l'école, la structure du           transport que la voiture.                           «Safe Routes to School»
    quartier, le plan de la ville.                         Comme son «grand frère», le Petit plan           (en anglais)
       Le «Petit plan piétons» est né d’une de-         piétons cherche aussi à encourager la mar-
    mande de la ville de Genève à l’ATE dans            che: développé dans le cadre de la semaine          Ce site anglais de l’association
    le cadre de la semaine de la mobilité 2005.         de la mobilité, le projet est surtout axé sur       Sustrans (qui milite pour une mobilité
    Le projet est parti de l'envie de sortir les tra-   cet aspect.                                         durable) présente de nombreux
    vaux des écoliers de leurs classeurs, de leur                             Paola Nagel Petrucci          exemples d’actions en faveur des
    donner un objectif concret, et de mettre à                     Conception et coordination pour l'ATE    enfants, avec une possibilité de
    contribution les compétences des jeunes                                                                 recherche par région ou par type de
    piétons.                                                                                                projets (promotion des déplacements
       Chaque enfant, muni d’un plan simplifié                                                              à pied, à vélo, implication des
    de son quartier, dessine les trajets qu’il fait                                                         autorités, implication des parents,…)
    pour venir à l’école, note la durée du trajet
    à pied, la manière de le parcourir (à pied,                                                             On y trouve plusieurs exemples de
    en trottinette, à vélo, en bus), quels sont les                                                         processus participatifs, associant les
    dangers, les difficultés (manque de passa-                                                              élèves, les enseignants, les parents
    ges piétons, mauvaise visibilité, etc).                                                                 et les autorités locales pour élaborer
       Le plan permet aussi de marquer les cu-                                                              des solutions communes à des
    riosités, les événements imprévus, les com-
                                                                                                            problèmes de sécurité sur le chemin
    merçants sympas, les arbres odorants, les
    parcs accueillants, etc.                                                                                de l’école.
                                                        Document financé et publié par le
       Au terme de cette collecte d’informa-            département de l'urbanisme de la                         www.saferoutestoschools.org.uk
    tions, le puzzle est mis en forme afin de           Ville de Genève.                                                        (>Case studies)
    constituer un plan complet et original du           Graphisme CEUX D'EN FACE.

   Rue de l’Avenir 2/2006
22e Journée Rue de l’Avenir
Vendredi 29 septembre 2006 à Köniz (BE)
Traversées piétonnes:
vers une suppression des passages piétons ?

KÖNIZ (38'000 hab): route cantonale              KÖNIZ – après: diminution du gabarit            NEUENEGG (4400 hab.): traversée de
principale, 16'000 véhicules/jour.               de la chaussée, abaissement de                  localité, 6000 v/j, 50 km/h.
Avant: une traversée de localité comme           la vitesse autorisée à 30 km/h dans             Mesures: rétrécissement de la chaussée,
il en existe des centaines.                      le centre, suppression des passages             changement de revêtement et
                                                 piétons, giratoire en traversée                 marquages spéciaux, consignes pour
                                                 libre pour les piétons.                         les enfants, campagne d’information
                                                                                                 «Mitenand».

L
      a traversée de la chaussée représente      certains techniciens des communes. En           dans la banlieue sud de Berne, avec la vi-
      l’opération la plus risquée pour les       l’absence de priorité des piétons dans les      site des deux exemples de Neuenegg et de
      piétons: la grande majorité des acci-      zones 30, la suppression des passages n’est     Köniz (voir programme).
dents surviennent lorsque les piétons tra-       pas forcément perçu comme un avantage.             Le sujet est complexe. La suppression de
versent la route. Pour un adulte en bonne                                                        passages piétons étant controversée, il est
santé bénéficiant de toutes ses capacités        Sur des routes plus importantes                 important de pouvoir identifier les avanta-
physiques, c’est un exercice relativement        A Neuenegg et à Köniz, dans le canton de        ges et les inconvénients de cette solution.
facile et naturel, au point qu’on ne se rend     Berne, on teste actuellement des «zones de      C’est pourquoi Rue de l’Avenir organise
plus compte des compétences multiples            traversée libre» sur des traversées de loca-    une table ronde pour tenter de répondre
que cela nécessite. Un enfant ne peut pas        lité; dans le premier cas la vitesse autori-    aux nombreuses questions qui se posent.
maîtriser cette opération complexe avant         sée a été maintenue à 50 km/h (voir RdA            La suppression de passages piétons est
10 ans environ.                                  3/2005), dans le second – une route prin-       présentée comme un plus pour les piétons:
  Le «passage piéton» est beaucoup plus          cipale avec 16'000 véhicules/jour – on l’a      est-ce vraiment le cas? Comment garantir
qu’un marquage fonctionnel, il a presque         abaissée à 30 km/h.                             la sécurité des traversées pour les enfants
acquis une valeur de symbole. Même si le            Là aussi, l’idée est d’offrir plus de sou-   et les personnes âgées? Le non-marquage
passage piéton n’est pas une panacée, son        plesse aux piétons, et que l’aménagement        des passages ne devrait-il pas s’accompa-
importance dans les réseaux piétons ne           non directif induise une attention récipro-     gner obligatoirement d’un abaissement de
peut pas être minimisée. Pour les enfants        que entre usagers et un comportement            la vitesse autorisée? Voire de la priorité aux
(pour les parents), il représente un point de    courtois des conducteurs vis-à-vis des pié-     piétons? Plutôt que de supprimer les pas-
repère jugé essentiel.                           tons. Ces deux exemples sont évalués dans       sages piétons, ne faudrait-il pas supprimer
                                                 le cadre d’une recherche SVI en cours.          l’interdiction des 50 m? Marquer plusieurs
Dans les zones 30                                   La mixité et la cohabitation ont leurs       passages piétons successifs, si nécessaire?
L’article de la nouvelle ordonnance fédé-        avantages, mais à quelles conditions? L’ex-     Ou créer un nouveau type de marquage?
rale de 2002, qui stipule que dans les zo-       périence de Köniz est par exemple contes-          La table ronde sera l’occasion d’entendre
nes 30 les passages piétons doivent dans         tée par Mobilité piétonne, qui a fait recours   les arguments des opposants et des parti-
la règle être supprimés sauf exception (par      contre la mesure, argumentant qu’en l’ab-       sans et de les discuter. La table ronde et le
exemple devant une école ou un home              sence de priorité pour les piétons la zone      débat seront animés par Laurent Bonnard,
pour personnes âgées), est très controversé.     de traversée libre n’est pas favorable aux      journaliste à la Radio romande.
L’objectif de cet article était de donner plus   usagers vulnérables.
de souplesse aux piétons dans les zones                                                          Venez en juger sur place et
30 et d’en faire des zones de cohabitation       Des visites et une table ronde                  vous faire une opinion en participant
entre les usagers. Mais ce changement a          Pour faire le point sur ces questions, Rue de   à cette 22e Journée «Rue de l’Avenir»,
été mal perçu par les parents d’élèves et        l’Avenir organise sa 22e journée à Köniz,       le 29 septembre prochain!

                                                                                                                     Rue de l’Avenir 2/2006       
22e journée d’étude de Rue de l’Avenir
     Programme
     Traversées piétonnes: vers une suppression des passages piétons?
     Vendredi 29 septembre 2006 à Köniz (BE)
     (Dp Genève 7h10, Lausanne 7h45, Fribourg 8h34 / Neuchâtel 8h03 / Delémont 7h42, La Chaux-de-Fonds 7h13)
     Arrivée des trains à Berne: Genève-Lausanne-Fribourg: 8h56 / Neuchâtel: 8h54 / Jura 8h48
     Départ du RER pour Neuenegg (BE): 9h16

     Visite à Neuenegg: 9h40 – 10h15                • Petite histoire du passage piéton           Coût
     • Zone de traversée libre (sans passage          en Suisse                                   CHF 150.-
       piéton) sur une traversée de localité à        Dominique von der Mühll,                    (CHF 120.- pour les abonnés
       50 km/h, en présence du concepteur             collaboratrice scientifique EPFL /          à Rue de l’Avenir) y compris repas et
       Rolf Steiner (bureau Verkehrsteiner,           Rue de l’Avenir                             documentation
       Berne)
     • Transfert en RER (dp. 10h22 pour             Table ronde et débat avec la salle            Inscription
       Köniz)                                       Supprimer les passages piétons: un plus       Par courrier, courriel ou
                                                    pour les piétons?                             Internet 
     Visite à Köniz: 11h10 – 12h25                  Animation: Laurent Bonnard,                   jusqu’au 25 août 2006
     • Zone de traversée libre: suppression         journaliste à la Radio romande                Journée Rue de l’Avenir organisée
       de passages piétons sur une route            Avec la participation de:                     avec le soutien de l’Office fédéral
       cantonale avec limitation à 30 km/h,         • Fritz Kobi, Office des ponts et             des routes (OFROU).
       en présence de Fritz Kobi, ingénieur           chaussées du canton de Berne
       en chef d'arrondissement (Office des         • Thomas Schweizer, directeur                 Les déplacements entre Berne,
       ponts et chaussées du canton de                de Mobilité piétonne                        Neuenegg et Köniz se font avec
       Berne), co-initiant du projet, et            • Un représentant d’une Association
       de représentants de la commune de                                                          les transports publics locaux
                                                      de parents d’élèves
       Köniz                                                                                      (RER bernois ou bus).
                                                    • Un représentant du BPA ou
                                                      de l’OFROU                                  Prévoir un billet CFF «City-city ticket»
     Repas: 12h30                                   • Une représentante de la commune             comprenant les transports urbains.
     • Buffet                                         de Köniz
     • Accueil par la commune de Köniz
                                                    Fin de la journée d’étude 16h30
     Exposés: dès 13h30                             Retour à la gare en bus.
     • Introduction de Serge Beuchat,               Départ de Köniz pour retour
       président de Rue de l’Avenir                 à la gare de Berne:
     • Retour sur les visites du matin
       – Traversées libres à Neuenegg               16h44 (bus 10) pour trains Genève –
     		 (Rolf Steiner)                              Lausanne – Fribourg- Neuchâtel - Valais
       – Zone de traversée libre de Köniz           16h55 (RER) pour trains Jura –
     		 (Fritz Kobi)                                La Chaux-de-Fonds

     Bulletin d’inscription                                                                        PRO VELO - Correctif
                                                                                                   Cotisations de membre:
     Je m’inscris à la journée d’étude Rue de l’Avenir du 29 septembre 2006 à Neuenegg et Köniz
                                                                                                   Membre individuel: CHF 40.-
        Abonné RdA (CHF 120.–)                   Non abonné RdA (CHF 150.–)
                                                                                                   Famille: CHF 50.-

     Nom, prénom                                                                                   La cotisation de CHF 100 à CHF 500.-
                                                                                                   est une cotisation de soutien des
     Rue, no                                                                                       entreprises et des services publics
     NPA /Localité                                                                                 désireux de soutenir l’engagement
                                                                                                   de PRO VELO.
     Représentant (commune, département, bureau, association)
                                                                                                   Renseignements
                                                                                                   www.pro-velo.ch
                                                                                                   info@pro-velo.ch
                                                                                                   Bollwerk 35, Case Postale 6711,
     Tél. professionnel				                                                                        3001 Berne
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10   Rue de l’Avenir 2/2006
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