Sécurité des enfants dans la circulation: l'affaire de qui?
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2/2006 JAB 2400 Le Locle CHF 7.50 Sécurité des enfants dans la circulation: l'affaire de qui? 22e Journée Rue de l'Avenir: 29 sept. à Köniz (BE) – «Vers une suppression des passages piétons?» (pp. 9-10) Groupe-conseil romand Ecomobilité • Sécurité des déplacements • Urbanisme de proximité Le bulletin paraît quatre fois par année, 23e année · www.rue-avenir.ch
Editorial A première vue, «l’affaire de Schaff- ment dans toute la Suisse romande puis en bilité de se déplacer de manière autonome house» paraît surréaliste. Au-delà de Suisse alémanique. Cette organisation col- est importante et irremplaçable pour leur son caractère extrême, elle soulève lective décharge les mères, garantit la sécu- développement. une question importante: qui est responsa- rité des enfants, et permet aussi souvent de Cela n’a apparemment pas suffi, puis- ble de la sécurité des enfants dans la circu- nouer des contacts entre les habitants d’un que la sécurité des enfants dans le trafic ne lation? La réponse que nous donnons à cet- quartier. constitue encore que très marginalement te question est-elle vraiment si différente? un sujet pris au sérieux par les collectivités De nombreuses études ont mis en évi- Réponse n°3 publiques. L’idée des Pédibus est sédui- dence les dangers du trafic pour les enfants Les patrouilleurs-euses sante, mais elle reste une réponse – certes et le risque accru qu’ils courent compa- Les premières patrouilles, inspirées des collective – de sécurisation par l’accompa- rativement aux autres classes d’âge de la Etats-Unis, étaient assurées par des gnement, qui ne remet pas en question les population. Tout le monde s’accorde sur la «grands», auxquels on dispensait une for- conditions de la circulation. nécessité de les protéger. Que fait-on pour mation préalable. Depuis de nombreuses Aujourd’hui ce sont les milieux de la san- y répondre? années ce service est assuré par des adul- té qui tirent la sonnette d’alarme; ils pour- tes, recrutés et défrayés par les communes. raient bien devenir les alliés de ceux qui se Réponse n°1 Mais le recrutement de ces volontaires est battent souvent depuis des années, en ville Eduquer les enfants loin d’être facile, et si le système permet de mais aussi dans les villages, pour des envi- C’est la réponse la plus courante à la sécuriser quelques passages piétons clés, ronnements plus favorables aux enfants. question. Cette tâche d’éducation est il est limité à des tranches horaires qui ne Et si la sécurité des enfants dans le trafic d’abord l’affaire des parents, qui doivent permettent pas de prendre en compte les devenait une question de santé publique? rendre leurs enfants conscients des dangers horaires inhabituels ou les retards. Et si on commençait à se dire que ce de la circulation, leur apprendre les com- Il est par ailleurs exclusivement centré sur que fait un jeune usager de la rue sur deux portements adéquats, sans oublier de leur les déplacements scolaires, et n’est donc pattes a en définitive autant d’importance montrer le bon exemple. C’est ensuite l’af- d’aucune aide pour tous les déplacements qu’un usager adulte sur quatre roues? faire de l’Etat, qui assure des cours d’édu- des enfants hors cadre scolaire. Or ceux-ci cation routière, dispensés par la gendarme- se déplacent tout autant dans le cadre de Rue de l'Avenir rie dans le cadre scolaire. leurs loisirs, comme le montre notamment Si l’éducation routière est évidemment le tout récent rapport sur les déplacements indispensable, plusieurs chercheurs ont des enfants et des jeunes en Suisse (voir ar- Page de couverture pourtant mis en évidence ses limites, à com- ticle p. 3). mencer par celles liées au développement Entrefilet paru dans Le Matin de l’enfant: avant l’âge de dix ans environ Réponse n°4 du 15 février 2006. celui-ci n’est pas capable de maîtriser la tâ- Et... agir sur la circulation ??? che très complexe que représente la traver- Dessin d’un enfant de 8 ans, La sécurité des enfants reste encore en La Chaux-de-Fonds sée d’une route. L’évaluation de quelques grande partie une affaire privée, de la res- méthodes d’éducation routière (voir article (voir article pp. 6-7). ponsabilité des parents et... des enfants p. 4 et 5) laisse d’ailleurs l’impression qu’il eux-mêmes: étonnamment, alors qu’on y a parfois une part de miracle dans les ac- admet de plus en plus largement qu’ils ont cidents qui ne se produisent pas. du mal à se débrouiller dans la circulation, c’est finalement des usagers les plus faibles Le comité de Rue de l’Avenir Réponse n°2 qu’on exige le plus. s’est renforcé, avec l’arrivée de Accompagner les enfants Tout en déplorant le manque d’exercice quatre personnes: Deuxième réponse, évidente: si la circu- chez les jeunes et ses conséquences sur les lation est dangereuse, il faut trouver un relations sociales et la santé, la principale • Mathilde Geiges, ingénieure, parcours qui permette d’éviter le danger, à institution allemande en charge de l’édu- collaboratrice de projets défaut accompagner les enfants. cation routière des enfants propose comme Pro Velo Suisse Même si on dispose encore de très peu solution... un kit de 10 mn d’exercice à pra- de chiffres en la matière, plusieurs éléments tiquer, si possible quotidiennement, dans le • Evelyne Thommen, professeur indiquent que les jeunes enfants sont de cadre de l’école ou en famille... de psychologie de l'enfant plus en plus accompagnés pour leurs dé- De manière fataliste on semble avoir pro- à l’Ecole d’études sociales et placements, en partie à pied, mais bien gressivement accepté l’idée que les dan- gers du trafic sont un mal nécessaire lié aux pédagogiques de Lausanne souvent en voiture. L’insécurité liée à la cir- (qui signe ici deux articles) culation est un des éléments d’explication modes de vie contemporains, une donnée importants, même si ce n’est pas le seul. devenue si «naturelle» qu’on ne la met plus La nécessité d’accompagner les enfants en question. D’autant moins, peut-être, • Christa Mutter, journaliste mobilise les parents – le plus souvent les qu’on y contribue souvent soi-même ? à Fribourg, co-présidente des Verts mères – et découpe la journée en fonction fribourgeois des moments d’entrée et sortie d’école, Que voulons-nous? encore plus avec plusieurs enfants aux Dès les débuts de la modération de la cir- • Julie Barbey, géographe, horaires décalés. Dans ce sens, il n’est pas culation, la question des enfants a été au collaboratrice scientifique au étonnant que le système des Pédibus lau- centre des revendications des mouvements Laboratoire de sociologie urbaine sannois, inspiré de l’Australie, ait rencontré d’habitants. Des sociologues et des psycho- de l’EPFL. un tel succès et se soit développé rapide- logues ont démontré à quel point la possi- Rue de l’Avenir 2/2006
Déplacements des enfants et adolescents: résultats d’une recherche Le sociologue Daniel Sauter, mandaté par l’Office fédéral du sport, a analysé les déplacements des enfants et des adolescents sur la base des données des microrecensements sur les transports 1994 et 2000. Une source d’informations précieuse. L ’analyse a porté sur les données de moyenne la moitié moins de 3 km, soit des Les éventuels effets des actions entreprises respectivement 2854 et 4465 écoliers distances idéales pour la marche et le vélo. ces dernières années en faveur du vélo ne et jeunes en formation de 6 à 20 ans. Le recensement ne comporte pas de ques- seront observables que dans le MRT 2005. Elle a traité les déplacements scolaires, mais tions concernant l’accompagnement en gé- aussi les déplacements de loisirs, pour les- néral. D’autres études montrent qu’il peut Créer (ou préserver) les conditions quels on ne disposait jusqu’ici que de très être important concernant les plus jeunes: favorables à la marche et au vélo peu d’informations. Le mandat de recher- dans les villes, près d’un tiers des enfants de Comparativement à d’autres pays euro- che était lié aux préoccupations concernant 5-7 ans sont accompagnés régulièrement, péens, les jeunes Suisses se déplacent enco- le manque d’exercice chez les jeunes et les pour des raisons de sécurité. Quand l’itiné- re beaucoup à pied et à vélo. Pour préserver divers problèmes qui en découlent. raire comporte une rue très fréquentée, la cette situation, il est essentiel selon l’auteur part d’accompagnement augmente signifi- – pour des raisons sociales et de santé – de Déplacements de loisirs: cativement. promouvoir un urbanisme des courtes dis- autant que pour l’école tances, qui favorise le recours à ces modes, L’école et les loisirs représentent la majorité Peu de différences ville-campagne et de mettre en place les conditions permet- des déplacements des jeunes de 6 à 15 ans: L’influence du degré d’urbanisation sur le tant aux enfants de se déplacer de manière plus de 40% chacun. Cette information est choix modal est – étonnamment – faible: à autonome et en sécurité. importante: elle montre que les enfants sont la campagne et dans les communes d’agglo- loin de se déplacer uniquement dans le ca- mération les distances parcourues à pied Promotion d’une dre scolaire, et qu’il faudrait en tenir compte ou à vélo sont un peu plus grandes, mais, contrairement à ce qu’on croit souvent, «culture de la mobilité» notamment pour les mesures de sécurisa- Il faudrait pouvoir renoncer très tôt à véhi- tion à prendre. on observe peu de différence entre ville et culer les enfants, plus tard il est difficile de Les principales formes de loisirs des jeu- campagne pour les déplacements en voitu- changer et cela demande plus d’efforts. nes sont – selon les catégories types du re- re. Une exception: les communes d’agglo- Il serait aussi essentiel de promouvoir une censement: le sport, les activités culturelles mération, avec une part de 14% d’accom- image positive de la marche et du vélo, de et la visite de connaissances. A noter: le pagnement en voiture concernant les petits. manière à ce que les enfants et les jeunes recensement étant centré sur les déplace- choisissent encore ces modes même une ments vers un but, les «activités de mouve- Vélo en diminution, fois atteint l’âge d’avoir accès à des modes ment», en particulier tous les déplacements voiture en augmentation motorisé: c’est l’importance de ce qu’il ap- des enfants dans le cadre de leurs jeux d’ex- Entre 1994 et 2000, la part des déplace- pelle «la biographie de la mobilité». térieur, sont malheureusement absents de ments à pied est restée stable, par contre le l’analyse. vélo a diminué et la voiture augmenté. Cette Dominique von der Mühll augmentation des déplacements motorisés Le rapport «Mobilität von Kindern Importance de la marche s’observe partout, mais plus en Suisse ro- und Jugendlichen» (en allemand) peut être et du vélo mande qu’en Suisse alémanique. téléchargé sur le site de Rue de l’Avenir. La majorité des déplacements sont courts (mais tendent à augmenter): deux tiers des Modes de déplacement pour la formation et pour les loisirs, écoliers de primaire les effectuent en moins et moyenne tous motifs confondus (N déplacements = 6737 / 7889) de 10 minutes, pour des distances qui sont également courtes, 3/4 des écoliers de pri- maire vivant à moins d’un kilomètre de leur école. Dans le cadre de l’école obligatoire, la majorité des enfants rentrent à midi et ef- fectuent quatre trajets par jour. Au niveau de l’école obligatoire, la ma- jorité des déplacements s’effectuent à pied et à vélo: surtout à pied chez les petits (près des 3/4 des 6-9 ans, 60% des 10-12 ans, 30% des 13-15 ans), la part du vélo aug- mente avec l’âge. Accompagnement des enfants La moyenne suisse des jeunes enfants ame- nés en voiture est d’un peu plus de 8%, avec une variation selon les régions linguistiques; elle est plus élevée en Suisse romande, pour des trajets le plus souvent courts – 6-9 ans: la moitié inférieurs à un kilomètre, en Rue de l’Avenir 2/2006
Efficacité de l’éducation routière: résultats de quelques recherches L 'analyse des données statistiques sur Les comportements sûrs ne sont pas les type d'apprentissage («scolaire» et sur le les accidents de la route montre que mêmes dans les deux groupes. Par exem- terrain). Ces résultats s'opposent à l'hypo- les enfants de 7 ans présentent un pic ple, les enfants de Marseille (qui ont reçu thèse d'une meilleure intégration des don- d'accident qui semble refléter leurs pre- une sensibilisation d'une heure) regardent nées de la sécurité lorsqu'un entraînement miers déplacements en solitaire (Assailly, mieux avant de traverser et se déplacent de se fait sur le terrain. 2005). Le passage du déplacement accom- manière plus sûre (situation sur le trottoir) pagné à celui en solitaire provoque une que ceux de Lyon (qui ont bénéficié d'une augmentation des accidents révélatrice des éducation intensive). En ce qui concerne Importance de l’éducation difficultés à s'adapter au trafic. les règles de sécurité, les enfants de Lyon routière, mais... Les mesures éducatives prises pour sé- présentent des raisonnements plus matures Ces quelques exemples de recherches dé- curiser les déplacements des enfants sur que ceux de Marseille. montrent l'importance d'une éducation à le chemin de l'école et plus généralement Force est de constater que les mesures la sécurité routière. La question de l'effica- sur le domaine public sont de plusieurs or- éducatives intensives proposées aux jeunes cité plus grande d'une méthode ou d'une dres. L'examen de leur efficacité est large- enfants de Lyon conduit à un sentiment de autre est encore débattue. Les méthodes ment discuté, nous reprenons ici quelques sécurité et de liberté laissée aux enfants qui d'éducation tiennent compte des connais- données de la recherche sur les mesures contraste avec les observations des com- sances actuelles sur la sécurité routière, éducatives envers les enfants ainsi que des portements réels des enfants qui sont moins notamment celles concernant les capacités données recueillies en Suisse sur la com- sécures que l'on pourrait le penser. Il ne cognitives des enfants et celles concernant préhension des règles de sécurité. faut pas pour autant conclure que l'éduca- les difficultés spécifiques du déplacement La plus simple des mesures éducatives tion intensive n'est pas la bonne mais que à pied. Leur mise en oeuvre apporte une est évidemment l'intervention éducative dans cette recherche son avantage n'est pas meilleure compréhension des règles de sé- des parents qui expliquent à leurs enfants avéré. Par contre, rappelons que les enfants curité par les enfants. comment se comporter dans la circulation. ayant suivi un programme d'éducation Des mesures plus institutionnelles sont éla- routière ont un comportement plus sûr que borées pour prévenir les risques d'accident: ceux appartenant au groupe contrôle sans Interprétations inattendues interventions ponctuelles en milieu scolai- éducation routière institutionnelle. des règles re, en situation routière, travail éducatif à La manière dont les consignes de sécurité plus long terme. sont transmises aux enfants repose sur leurs L’exercice pratique favorise-t-il capacités de compréhension. Le niveau de la prévention? développement cognitif des enfants peu- Une éducation intensive D'autres recherches montrent les limites des vent entraîner des représentations erronées. favorise-t-elle la sécurité? apprentissages proposés aux enfants. Van Cette question est importante avant 7 ans. Granier (2004) rapporte une évaluation Schagen et Rothengatter (1997) évaluent Par exemple, Thomson (1997) relève une d'envergure à propos des compétences ac- l'effet d'un entraînement scolaire donné interprétation inattendue de la règle classi- quises par les enfants sur la sécurité du che- aux enfants de sept ans pour apprendre à que qui centre l'enfant sur le fait de voir ou min de l'école selon le type d'accompa- traverser un carrefour. Les auteurs analy- ne pas voir de voiture. Pour rendre compte gnement éducatif suivi. Une expérience de sent les compétences de quatre groupes de cette compréhension, on peut formuler plusieurs années d'actions éducatives dans d'enfants. Un groupe a reçu un enseigne- ainsi la règle que se représentent les en- une école maternelle de Lyon est analysée ment scolaire, un deuxième groupe a reçu fants: «si tu vois une voiture, tu t'arrêtes, et et comparée à une intervention à Marseille un entraînement comportemental par une attends, si tu ne vois pas de voiture, tu peux composée d'un programme ponctuel qui pratique individuelle, un troisième groupe traverser». consiste à apprendre à traverser sur un bénéficie des deux types d'apprentissages Lorsqu'on leur demande de choisir un passage piéton et à intégrer quelques rè- combinés. Finalement le quatrième groupe endroit sûr pour traverser, leur réponse est gles de sécurité. Un groupe d'enfants sans sert de témoin, il ne reçoit aucune éduca- révélatrice de leur interprétation de la sé- interventions spécifiques sert de groupe tion routière. curité: ils choisissent de traverser dans un témoin. La compréhension des règles de com- lieu sans visibilité, avant un dos d'âne, par L'auteur examine deux aspects de la portements adaptés aux dangers du trafic exemple, et évitent l'avenue à grande circu- compréhension des règles de sécurité: l'ob- est évaluée par le jugement des enfants sur lation sur laquelle ils pourraient effective- servation directe des enfants lors de deux des questions de sécurité routière à partir ment voir la présence ou non de véhicules. trajets sur le chemin de l'école et l'interview de photographies (c'est une sorte de test de Ils ne comprennent pas forcément qu'un portant les connaissances de l'enfant à pro- connaissances). Les compétences compor- endroit est dangereux justement parce qu'il pos de la catégorisation des dangers et de la tementales sont testées par l'observation du n'y a pas de visibilité. compréhension des règles de sécurité. comportement de l'enfant qui doit traverser Les résultats montrent de meilleurs com- une rue. portements des enfants ayant bénéficié La comparaison des résultats avant et Compréhension de d'une intervention éducative comparés au après l'apprentissage révèle une très nette la coordination des points de vue groupe témoin sans éducation. Par contre, différence entre les groupes expérimentaux Pour évaluer les risques de ne pas voir un la comparaison des résultats des groupes et le groupe témoin (qui n'a pas d'entraî- véhicule, il convient de maîtriser une géo- de Marseille et de Lyon est plus nuancée nement) en faveur des premiers. Les trois métrie projective sophistiquée. On peut (ils ont tous les deux bénéficiés d'éducation groupes avec apprentissage évoluent de tester hors contexte (en situation scolaire, routière). la même manière, il n'y a pas d'effet dû au par exemple) la capacité des enfants à coor- Rue de l’Avenir 2/2006
donner les perspectives. Demetre (1997) montre que la prise en considération des Le dessin du chemin de l'école perspectives complexes est acquise vers 9 ans. Par contre, lorsqu'il s'agit d'utiliser d'un enfant de 5 ans avec, cette connaissance pour guider leur com- entouré, les endroits dangereux: portement de traversée, leur compréhen- ce sont les passages piétons sion est décalée d'une année (réussite vers car des voitures peuvent 10 ans). nous écraser. Les adultes peuvent expérimenter ce type de difficulté lorsqu'il s'agit de s'enga- ger sur une rue sans visibilité en regardant dans un miroir. Il est parfois difficile d'éva- luer correctement la direction de laquelle arrive un véhicule! Cette recherche mon- tre que certaines compétences cognitives se développent tardivement et limitent les capacités de déplacements sécures dans la circulation. Compréhension des règles de sécurité: un exemple Nous avons obtenu des résultats sembla- bles dans une étude exploratoire auprès de jeunes lausannois sur la compréhension des règles de sécurité sur leur propre che- min de l'école, alors que ce déplacement se fait de manière accompagnée et «éduca- «Pourquoi est-ce que tu dois faire at- confiance des parents envers les compé- tive». Nous avons mené des entretiens avec tention?» Elle répond: «Car des voitures tences de leurs enfants. sept groupes d'enfants d'âge moyen de peuvent nous écraser et c'est pour ça que Un effet pervers de l'éducation rou- 5 ans et demi. Par l'intermédiaire de photos l'éducatrice doit regarder». Elle ne prend tière pourrait être d'augmenter le nombre prises de leur chemin de l'école, nous les pas encore à son propre compte l'action de d'accidents parce que les enfants se dé- avons interrogés sur les règles et les dangers regarder. placent en solitaire plus précocement. de leur déplacement. Nous avons demandé aux enfants d'indi- L'important à notre sens, dans cette situa- Lorsqu'on leur demande ce que sont quer les endroits dangereux sur le chemin tion complexe et risquée, est d'analyser en les dangers, la plupart répond que ce sont de l'école qu'ils venaient de dessiner. En détail la mesure prise, d'évaluer les moyens les voitures, éventuellement avec d'autres principe, les endroits sécures sont les pas- de sécurisation mis en œuvre et de savoir véhicules. Les comportements qu'ils affir- sages piétons, alors que les endroits dange- trouver cet équilibre si difficile entre ce ment adopter sur le chemin de l'école sont reux sont les traversées hors passage piéton. que l'enfant peut apprendre et qu'il s'agit particulièrement significatifs des consignes Or, nous constatons, à l'inverse, que sur un de développer et les limites de sa compré- de sécurité reçues : ils ne doivent pas cou- groupe de 15 enfants de 7 ans, 4 enfants si- hension. Négliger les limites cognitives des rir, ne pas faire les fous, ne pas se pousser. gnalaient le passage piéton comme «ce qui enfants peut entraîner des risques qui ne se Ils doivent marcher par deux et ne pas se lâ- est dangereux» sur le chemin de l'école, 3 laissent pas réduire par des mesures éduca- cher la main. Avant de traverser, ils doivent une voiture, 4 une traversée de rue et 4 l'en- tives. s'arrêter et regarder. A contrario, aucun semble de la voie de circulation. Lorsqu'on Dans les mesures de prévention des ris- des enfants interrogés ne mentionne des leur a demandé pourquoi ils avaient entou- ques de la circulation auprès des enfants, conduites de sécurité qui concernent la ré ces endroits dangereux, leurs réponses on ne peut pas leur demander de prendre circulation elle-même (comment regarder, parlent des voitures qui peuvent les écraser, en charge leur propre sécurité au-delà de comment s'assurer qu'une voiture n'est pas («où je traverse c'est dangereux – pourquoi? leur compétence développementale. Il masquée, choisir un lieu pour traverser la Parce qu'il y a des voitures»). convient donc de donner une éducation à route). La seule chose qui est dite: «regar- Finalement, nous avons relevé certaines la sécurité routière – et à cet égard, les ex- der des deux côtés». Leur apprentissage mécompréhensions comme l'explication périences montrent que le gendarme qui concerne davantage les conduites à tenir ce que signifie le panneau «attention en- vient expliquer en classe les règles avec lors d'un cheminement en groupe accom- fant» qui se trouve près de l'école: «Interdit force conviction peut être aussi efficace pagné d'un adulte, que les règles de sécu- de courir ici, il faut marcher sinon on nous qu'un long entraînement pratique comme rité proprement dites, qu'il faudrait appren- voit pas» (le panneau représente des en- le montrent les recherches ci-dessus. Mais dre avant de se déplacer en solitaire. fants qui courent, à l'intention des automo- cette éducation préventive ne suffit pas, il Des actions éducatives ont pourtant bilistes et non des enfants)! Manifestement, faut surtout sécuriser les cheminements lieu sur ce parcours, les enfants récitent les enfants de cet âge ne maîtrisent pas vers l'école et dans les quartiers. Il est égale- une consigne avant de traverser les rues («Y a encore les raisons sous-jacentes aux règles ment nécessaire d'accompagner les enfants des consignes: ouvrir les yeux - fermer la qui leur sont présentées. Si l'apprentissage dans leur déplacement au-delà de l'âge de bouche - ouvrir les oreilles - être attentif. des règles de sécurité est certes important, 7 ans. Sinon, on pleurera encore longtemps C'est pour ceux qui traversent la route. il ne garantit pas la sécurité des enfants. les jeunes enfants morts sur les routes. Les voitures peuvent rouler car on dit les Evelyne Thommen consignes. Et après? Elles doivent attendre Conclusion: Silvia Perrenoud qu'on passe»). Comme ce déplacement se fait avec les éducatrices, la responsabi- ne pas surestimer les enfants Dominique Malatesta lité de la traversée des routes est sur leurs Rappelons ici la mise en garde de De- (EESP, Lausanne) épaules. On demande à Jess (6 ans et demi) metre (1997) par suite d'une trop grande Références à disposition sur le site de Rue de l’Avenir. Rue de l’Avenir 2/2006
L'enfant et la représentation de son chemin de l'école I l est un déplacement urbain très routi- nier: celui qui mène les enfants de leur domicile à l'école. Parcouru chaque jour, il est très familier aux enfants. Cette familiarité entraîne chez ces derniers une représentation de leur itinéraire dans un habitus concret. Ils sont d'ailleurs capables de le parcourir seuls de manière précoce. C'est donc souvent le premier déplace- ment autonome de l'enfant, qui lui permet aussi de développer toute son imagination (Hüttenmoser 2005). Cadre de l’enquête Nous nous sommes interrogées sur la re- présentation des enfants à propos de leur itinéraire pour aller à l'école. Notre consi- gne demandait à l'enfant de dessiner le chemin de l'école pour quelqu'un ne le connaissant pas. La consigne est simple, les enfants bénéficient d'un temps indé- terminé pour réaliser leur dessin. Nous Figure 1. Pourcentage d'enfants qui représentent au moins un carrefour avons recueilli 243 dessins dont 107 à La par groupe d'âge (sur l'ensemble des 243 dessins). Aucun dessin d’enfants Chaux-de-Fonds (collège de l'Ouest), 76 à de 5 ans ne comprend de carrefour. Conselheiro Lafaiete, Brésil (Escola Estadual Dr. Antero Chaves ci-après Lafaiete), 39 à de repères sur le chemin de l'école de ces Lorsqu'on souhaite représenter le chemin Lausanne (garderies la Rotonde et la Cour enfants, nous ignorons en effet la longueur qui mène à son domicile, il convient de des Miracles) et 21 à Soleure (Schulhaus de ce cheminement. De la même manière, signaler les carrefours et les rues sur les- Wildbach). La proportion de filles et garçons nous ne tenons pas compte de la justesse ou quelles se déroule le cheminement. Nous est approximativement équivalente dans les non de la représentation (d'autres données avons donc comptabilisé la présence de groupes. Les enfants sont âgés de 5 à 13 ans. sur le chemin de l'école peuvent être lues carrefours dans leur dessin. Les plus jeunes dans Thommen et Rimbert, 2005). enfants ne représentent pas de carrefour, Analyse et évaluation ils se contentent de dessiner leur itinéraire, Nous nous sommes intéressées à quelques Les voies de circulation sans représenter les voies de circulation. aspects cognitifs de leurs représentations Le nombre d'enfants qui représentent au de l'espace et des éléments de l'environne- moins un carrefour augmente nettement ment intégrés à leurs dessins. Kevin Lynch avec l'âge (Figure 1). (1971) propose une analyse de l'image de A noter que cette représentation des jeu- la ville en différenciant cinq grandes caté- nes enfants d'un chemin de l'école sans gories de représentations: les voies, les limi- carrefour est révélateur de leur appréhen- tes, les quartiers, les noeuds et les points de sion de ce chemin: ils marchent le long repère. Nous nous sommes servies de cette d'un chemin qui tourne parfois (mais pour terminologie pour décrire les dessins des 50% des enfants de moins de 6 ans, il n'y a enfants qui ne comportent que des voies le même pas de virages) mais qui ne rencontre long desquelles se déplace l'enfant et des pas les dangers d'une traversée. En fait, ils points de repères qui entourent ces voies représentent leur action (marcher) et non de circulation dans lesquelles l'enfant ne leur chemin! Le dessin 1 (enfant de 4 ans pénètre pas. et demi) est un exemple typique des jeunes Ce qui nous intéresse est de savoir ce à enfants. quoi les enfants sont attentifs sur leur che- min de l'école. Nous discuterons ici deux Les points de repère du registre aspects principaux dans leur représentation: routier leur capacité de représenter un itinéraire de Dans un premier temps, nous avons catégo- manière décentrée, c'est-à-dire un itinéraire risé les indications représentant les repères compréhensible pour autrui, et les éléments du registre routier (feux tricolores, passages de l'environnement qu'ils représentent dans piétons, trottoirs). Pour les repères, nous leur dessin. comparons les dessins d’enfants de Lafaiete Pour la présentation des résultats, nous Dessin 1 (enfant de 4 ans et demi, (Brésil) et de La Chaux-de-Fonds pour les- dénombrons la présence d'au moins un Lausanne). Le chemin de l'école est quels nous avons des dessins de trois grou- indice ou repère spécifique. Nous évi- un lien entre la maison et l'école. pes d'âge. Nous pouvons aussi comparer les tons ainsi la question du nombre objectif Pas de rue, de carrefours, de repères. données selon les lieux de vie des enfants. Rue de l’Avenir 2/2006
Les enfants brésiliens représentent moins de repères routiers, et moins de passages piétons. Ceci simplement parce qu'il n'y en a pas dans leur ville! Nous verrons par contre qu'ils représentent davantage de bâtiments et d'éléments du paysage. Les repères présentés dépen- dent évidemment du cadre de vie des enfants, qui est très différent entre les deux lieux (Goulder, 1986). Les points de repère de l’environnement Les enfants représentent d'autres éléments dans leur dessin qui sont importants sur leur chemin de l'école: personnages, bâtiments, éléments de l'espace construit comme des barrières, des escaliers et des éléments du paysage. Nous avons comptabilisé pour chaque dessin la présence ou l'absence d'un élément catégorisé. Il est remarquable de constater qu'il y a davantage d'enfants qui représentent au moins un élément pay- sager ou un bâtiment chez les enfants de Lafaiete que chez les enfants de La Chaux-de-Fonds. On constate également une augmentation des repères comme les bâtiments et les éléments architecturaux et une diminu- tion des personnages en fonction de l'âge, ceci pour les deux lieux. Ceci est révélateur de l'évolution des repè- Dessin 2 (enfant de 9 ans, La Chaux-de- res pertinents pour s'orienter sur un itinéraire entre 6 et Fonds). Le chemin de l'école commence 12 ans. à s'insérer dans son contexte de la ville, les repères sont principalement routiers Quelques conclusions (dessin typique des enfants de La Chaux- Lorsqu'on demande aux enfants de 5 à 13 ans de des- de-Fonds). siner leur chemin de l'école, on constate deux aspects principaux. Du point de vue de la représentation de l'espace, les enfants donnent davantage d'indications sur leur itinéraire avec l'âge. L'évolution de leurs des- sins peut être décrite en trois étapes: dans un premier temps, les enfants représentent leur cheminement, sans indications du contexte (4-7 ans; voir dessin 1). Dans une deuxième étape, les enfants introduisent quelques éléments du contexte comme une ébauche de carre- four, un personnage, des repères routiers, etc. (8-9 ans, voir dessin 2). Finalement, dans un troisième niveau, les enfants représentent l'espace qui entoure leur chemine- ment: on peut ainsi voir les carrefours et donc les rues à ne pas prendre, des bâtiments, des éléments de la signa- lisation routière (10-13 ans, voir dessin3). Notre analyse des repères représentés montre que ces derniers sont de plus en plus nombreux avec l'âge, mais que leur type dépend de l'environnement construit des enfants. Ils présentent assez logiquement les éléments qu'ils perçoivent sur leur chemin de l'école. A cet égard, le grand nombre de passages pour piétons repré- sentés chez les enfants suisses est peut-être révélateur de l'attention demandée aux enfants pour traverser aux endroits prévus. Pour conclure, les enfants ont apprécié de dessiner leur chemin de l'école: c'est quelque chose de connu. Leurs productions sont révélatrices de l'attention qu'ils portent à leur espace de vie et de l’importance du che- min de l'école comme possibilité de découverte auto- nome de leur environnement. Evelyne Thommen (EESP, Lausanne; ethommen@eesp.ch), Véronique Zbinden Sapin (HEF-TS, Givisiez; veronique.zbindensapin@hef-ts.ch) Silvania Avelar (TSL/EMPA, St-Gall; silvania.avelar@empa.ch) Dessin 3 (enfant de 12 ans de Lafaiete, Brésil). Le dessin comprend de nombreux repères, y compris paysagers Références bibliographiques à disposition sur le site de Rue de l’Avenir. (dessin typique des enfants de Lafaiete). Rue de l’Avenir 2/2006
Démarches de communes Zurich: une stratégie spécifique D ans le cadre de sa «stratégie de mo- portements d’enfants» – et la privation bilité» adoptée en 2001 , la ville de d’autonomie et de découvertes qu’engen- Zurich a développé 18 stratégies dre pour eux le fait de devoir toujours être partielles portant sur des thèmes spécifi- accompagnés. ques ou particulièrement sensibles. L’une L’élaboration de ce projet s’est fait en d’elles regroupe les constats et les choix de collaboration avec des groupes de travail mesures à mettre en œuvre concernant les spécifiques, et des ateliers organisés avec handicapés, les personnes âgées et les en- les principaux intéressés – y compris avec fants. les enfants. Contrairement à la démarche Cette stratégie partielle concerne tous les bâloise de sécurisation des traversées pié- usagers de l’espace public qui se déplacent tonnes (voir RdA 3/2005), les associations majoritairement à pied et ont pour des rai- de parents ne semblent pas avoir été parte- sons diverses une capacité de mobilité ré- naires, ce qui est un peu surprenant : ces as- duite, que ce soit de manière permanente sociations sont presque toujours l’élément ou temporaire (le handicap «temporaire» Deux ateliers ont permis d’associer moteur des changements, et principales inclut par exemple le fait de se déplacer les enfants à la démarche. partenaires dans ce domaine. avec une poussette, des sacs chargés et un A signaler: parmi les mesures mention- enfant à tenir par la main). la sécurité, développer la communication. nées dans le volet «communication» figure Cet ensemble d’usagers ne doit pas être C’est surtout la démarche et les principes la sensibilisation à l’interne de l’administra- sous-estimé, la ville l’a traduit en chiffres: qui la fondent qui sont intéressants. tion par rapport à ces questions, ainsi qu’un tous les «handicapés du trafic» additionnés site internet permettant aux habitants de si- représentent près de 20% de la population, Une reconnaissance des enfants gnaler des problèmes et de transmettre des une minorité non négligeable. La stratégie s’appuie sur des constats rare- demandes de manière pratique et directe. ment repris hors des milieux spécialisés: on Il faut aussi souligner que les mesures dé- Des mesures classiques y souligne l’importance, pour le dévelop- finies dans la stratégie partielle s’inscrivent Le catalogue des mesures définies n’a rien pement des enfants, de pouvoir se dépla- dans un contexte – à Bâle également – où de nouveau, pour l’essentiel il regroupe une cer seuls dans leur quartier. On y reconnaît la majorité des quartiers sont en zone 30, et panoplie d’outils classiques, qui recouvrent aussi les limites des enfants – «Des enfants, quelques rues en zones de rencontre. trois grands domaines d’action: éliminer les il ne faut pas attendre des comportements DvdM obstacles dans l’espace public, améliorer adaptés au trafic, mais d’abord des com- http://www.mobilitaetskultur.ch Genève: le «Petit plan piéton» D ès la troisième année d'école pri- quartier, une sorte de grande carte aux tré- maire les enfants suivent des cours d'environnement. Ils découvrent sors. Il devient un support pour réfléchir à la mobilité, imaginer d’autres moyens de Un site intéressant les alentours de l'école, la structure du transport que la voiture. «Safe Routes to School» quartier, le plan de la ville. Comme son «grand frère», le Petit plan (en anglais) Le «Petit plan piétons» est né d’une de- piétons cherche aussi à encourager la mar- mande de la ville de Genève à l’ATE dans che: développé dans le cadre de la semaine Ce site anglais de l’association le cadre de la semaine de la mobilité 2005. de la mobilité, le projet est surtout axé sur Sustrans (qui milite pour une mobilité Le projet est parti de l'envie de sortir les tra- cet aspect. durable) présente de nombreux vaux des écoliers de leurs classeurs, de leur Paola Nagel Petrucci exemples d’actions en faveur des donner un objectif concret, et de mettre à Conception et coordination pour l'ATE enfants, avec une possibilité de contribution les compétences des jeunes recherche par région ou par type de piétons. projets (promotion des déplacements Chaque enfant, muni d’un plan simplifié à pied, à vélo, implication des de son quartier, dessine les trajets qu’il fait autorités, implication des parents,…) pour venir à l’école, note la durée du trajet à pied, la manière de le parcourir (à pied, On y trouve plusieurs exemples de en trottinette, à vélo, en bus), quels sont les processus participatifs, associant les dangers, les difficultés (manque de passa- élèves, les enseignants, les parents ges piétons, mauvaise visibilité, etc). et les autorités locales pour élaborer Le plan permet aussi de marquer les cu- des solutions communes à des riosités, les événements imprévus, les com- problèmes de sécurité sur le chemin merçants sympas, les arbres odorants, les parcs accueillants, etc. de l’école. Document financé et publié par le Au terme de cette collecte d’informa- département de l'urbanisme de la www.saferoutestoschools.org.uk tions, le puzzle est mis en forme afin de Ville de Genève. (>Case studies) constituer un plan complet et original du Graphisme CEUX D'EN FACE. Rue de l’Avenir 2/2006
22e Journée Rue de l’Avenir Vendredi 29 septembre 2006 à Köniz (BE) Traversées piétonnes: vers une suppression des passages piétons ? KÖNIZ (38'000 hab): route cantonale KÖNIZ – après: diminution du gabarit NEUENEGG (4400 hab.): traversée de principale, 16'000 véhicules/jour. de la chaussée, abaissement de localité, 6000 v/j, 50 km/h. Avant: une traversée de localité comme la vitesse autorisée à 30 km/h dans Mesures: rétrécissement de la chaussée, il en existe des centaines. le centre, suppression des passages changement de revêtement et piétons, giratoire en traversée marquages spéciaux, consignes pour libre pour les piétons. les enfants, campagne d’information «Mitenand». L a traversée de la chaussée représente certains techniciens des communes. En dans la banlieue sud de Berne, avec la vi- l’opération la plus risquée pour les l’absence de priorité des piétons dans les site des deux exemples de Neuenegg et de piétons: la grande majorité des acci- zones 30, la suppression des passages n’est Köniz (voir programme). dents surviennent lorsque les piétons tra- pas forcément perçu comme un avantage. Le sujet est complexe. La suppression de versent la route. Pour un adulte en bonne passages piétons étant controversée, il est santé bénéficiant de toutes ses capacités Sur des routes plus importantes important de pouvoir identifier les avanta- physiques, c’est un exercice relativement A Neuenegg et à Köniz, dans le canton de ges et les inconvénients de cette solution. facile et naturel, au point qu’on ne se rend Berne, on teste actuellement des «zones de C’est pourquoi Rue de l’Avenir organise plus compte des compétences multiples traversée libre» sur des traversées de loca- une table ronde pour tenter de répondre que cela nécessite. Un enfant ne peut pas lité; dans le premier cas la vitesse autori- aux nombreuses questions qui se posent. maîtriser cette opération complexe avant sée a été maintenue à 50 km/h (voir RdA La suppression de passages piétons est 10 ans environ. 3/2005), dans le second – une route prin- présentée comme un plus pour les piétons: Le «passage piéton» est beaucoup plus cipale avec 16'000 véhicules/jour – on l’a est-ce vraiment le cas? Comment garantir qu’un marquage fonctionnel, il a presque abaissée à 30 km/h. la sécurité des traversées pour les enfants acquis une valeur de symbole. Même si le Là aussi, l’idée est d’offrir plus de sou- et les personnes âgées? Le non-marquage passage piéton n’est pas une panacée, son plesse aux piétons, et que l’aménagement des passages ne devrait-il pas s’accompa- importance dans les réseaux piétons ne non directif induise une attention récipro- gner obligatoirement d’un abaissement de peut pas être minimisée. Pour les enfants que entre usagers et un comportement la vitesse autorisée? Voire de la priorité aux (pour les parents), il représente un point de courtois des conducteurs vis-à-vis des pié- piétons? Plutôt que de supprimer les pas- repère jugé essentiel. tons. Ces deux exemples sont évalués dans sages piétons, ne faudrait-il pas supprimer le cadre d’une recherche SVI en cours. l’interdiction des 50 m? Marquer plusieurs Dans les zones 30 La mixité et la cohabitation ont leurs passages piétons successifs, si nécessaire? L’article de la nouvelle ordonnance fédé- avantages, mais à quelles conditions? L’ex- Ou créer un nouveau type de marquage? rale de 2002, qui stipule que dans les zo- périence de Köniz est par exemple contes- La table ronde sera l’occasion d’entendre nes 30 les passages piétons doivent dans tée par Mobilité piétonne, qui a fait recours les arguments des opposants et des parti- la règle être supprimés sauf exception (par contre la mesure, argumentant qu’en l’ab- sans et de les discuter. La table ronde et le exemple devant une école ou un home sence de priorité pour les piétons la zone débat seront animés par Laurent Bonnard, pour personnes âgées), est très controversé. de traversée libre n’est pas favorable aux journaliste à la Radio romande. L’objectif de cet article était de donner plus usagers vulnérables. de souplesse aux piétons dans les zones Venez en juger sur place et 30 et d’en faire des zones de cohabitation Des visites et une table ronde vous faire une opinion en participant entre les usagers. Mais ce changement a Pour faire le point sur ces questions, Rue de à cette 22e Journée «Rue de l’Avenir», été mal perçu par les parents d’élèves et l’Avenir organise sa 22e journée à Köniz, le 29 septembre prochain! Rue de l’Avenir 2/2006
22e journée d’étude de Rue de l’Avenir Programme Traversées piétonnes: vers une suppression des passages piétons? Vendredi 29 septembre 2006 à Köniz (BE) (Dp Genève 7h10, Lausanne 7h45, Fribourg 8h34 / Neuchâtel 8h03 / Delémont 7h42, La Chaux-de-Fonds 7h13) Arrivée des trains à Berne: Genève-Lausanne-Fribourg: 8h56 / Neuchâtel: 8h54 / Jura 8h48 Départ du RER pour Neuenegg (BE): 9h16 Visite à Neuenegg: 9h40 – 10h15 • Petite histoire du passage piéton Coût • Zone de traversée libre (sans passage en Suisse CHF 150.- piéton) sur une traversée de localité à Dominique von der Mühll, (CHF 120.- pour les abonnés 50 km/h, en présence du concepteur collaboratrice scientifique EPFL / à Rue de l’Avenir) y compris repas et Rolf Steiner (bureau Verkehrsteiner, Rue de l’Avenir documentation Berne) • Transfert en RER (dp. 10h22 pour Table ronde et débat avec la salle Inscription Köniz) Supprimer les passages piétons: un plus Par courrier, courriel ou pour les piétons? Internet Visite à Köniz: 11h10 – 12h25 Animation: Laurent Bonnard, jusqu’au 25 août 2006 • Zone de traversée libre: suppression journaliste à la Radio romande Journée Rue de l’Avenir organisée de passages piétons sur une route Avec la participation de: avec le soutien de l’Office fédéral cantonale avec limitation à 30 km/h, • Fritz Kobi, Office des ponts et des routes (OFROU). en présence de Fritz Kobi, ingénieur chaussées du canton de Berne en chef d'arrondissement (Office des • Thomas Schweizer, directeur Les déplacements entre Berne, ponts et chaussées du canton de de Mobilité piétonne Neuenegg et Köniz se font avec Berne), co-initiant du projet, et • Un représentant d’une Association de représentants de la commune de les transports publics locaux de parents d’élèves Köniz (RER bernois ou bus). • Un représentant du BPA ou de l’OFROU Prévoir un billet CFF «City-city ticket» Repas: 12h30 • Une représentante de la commune comprenant les transports urbains. • Buffet de Köniz • Accueil par la commune de Köniz Fin de la journée d’étude 16h30 Exposés: dès 13h30 Retour à la gare en bus. • Introduction de Serge Beuchat, Départ de Köniz pour retour président de Rue de l’Avenir à la gare de Berne: • Retour sur les visites du matin – Traversées libres à Neuenegg 16h44 (bus 10) pour trains Genève – (Rolf Steiner) Lausanne – Fribourg- Neuchâtel - Valais – Zone de traversée libre de Köniz 16h55 (RER) pour trains Jura – (Fritz Kobi) La Chaux-de-Fonds Bulletin d’inscription PRO VELO - Correctif Cotisations de membre: Je m’inscris à la journée d’étude Rue de l’Avenir du 29 septembre 2006 à Neuenegg et Köniz Membre individuel: CHF 40.- Abonné RdA (CHF 120.–) Non abonné RdA (CHF 150.–) Famille: CHF 50.- Nom, prénom La cotisation de CHF 100 à CHF 500.- est une cotisation de soutien des Rue, no entreprises et des services publics NPA /Localité désireux de soutenir l’engagement de PRO VELO. Représentant (commune, département, bureau, association) Renseignements www.pro-velo.ch info@pro-velo.ch Bollwerk 35, Case Postale 6711, Tél. professionnel 3001 Berne Courriel Tél: 031 318 54 11 10 Rue de l’Avenir 2/2006
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