Sécurité sociale CHSS 2/2014 - Dossier Santé mentale et emploi Politique sociale Explorer l'histoire de la sécurité sociale - BSV
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Dossier Santé mentale et emploi Politique sociale Explorer l’histoire de la sécurité sociale Prévoyance Check-up de la réglementation dans le domaine du 1er pilier Sécurité sociale CHSS 2/2014
sommaire Sommaire CHSSNo 2/2014 mars / avril Sommaire Sécurité sociale CHSS 2/2014 Editorial 65 Politique sociale Chronique février / mars 2014 66 Explorer l’histoire de la sécurité sociale (Urs Keller, Office fédéral des assurances sociales) 91 Evolution des coûts des prestations complémentaires Dossier et opportunité d’une réforme (Nadine Schüpbach, Office fédéral des assurances sociales) 94 Santé mentale et emploi: recommandations de l’OCDE pour la Relèvement des loyers maximaux pris en compte pour le calcul des Suisse (Christopher Prinz, Niklas Baer et Veerle Miranda, Organisa- prestations complémentaires tion de coopération et de développement économiques) 70 (Katharina Schubarth, Office fédéral des assurances sociales) 97 Rapport de l’OCDE: séminaire et conférence de presse (Stefan Kühne, Office fédéral des assurances sociales) 76 Famille, générations et société La réadaptation professionnelle des personnes souffrant de troubles multiples (Jeroen Knaeps et Chantal van Audenhove, Des coopérations pour enrayer la violence juvénile Katholieke Universiteit Leuven; Lut Gailly, Vlaamse Dienst voor (Marius Féraud et Christian Bolliger, Büro Vatter) 100 Arbeidsbemiddeling en Beroepsopleiding, VDAB)78 Santé mentale et emploi: défis pour le Royaume-Uni et la Suisse Assurance-invalidité (Stephen Bevan, The Work Foundation, Royaume-Uni) 80 Le pouvoir d’examen du Tribunal fédéral dans les procédures Un rapport riche en enseignements pour le système de santé relevant du droit de l’AI (Michela Messi et Gisella Mauro, (Stefan Spycher, Office fédéral de la santé publique) 82 Office fédéral des assurances sociales) 105 Point de vue de la pédagogie spécialisée (Beatrice Kronenberg, CII: une étiquette unique pour différentes formes de collaboration directrice du Centre suisse de pédagogie spécialisée) 84 (Oliver Bieri, Interface Etudes politiques Recherche Conseil; Situation de la prise en charge des assurés souffrant de troubles Eva Nadai, Haute école de la Suisse du Nord-Ouest; psychiques: terra incognita? (Peter Rüesch et Szilvia Altwicker- Emilie Flamand-Lew, evaluanda) 111 Hàmori, Haute école zurichoise de sciences appliquées; Bernhard Bührlen, Cliniques psychiatriques universitaires de Bâle) 86 Prévoyance Check-up de la réglementation dans le domaine du 1er pilier (AVS/AI/APG) (Matthias Gehrig, bureau BASS) 116 Réduction des coûts de la réglementation dans le domaine du 2 e pilier (Jacqueline Kucera, Office fédéral des assurances sociales)120 Les comptes 2013 de l’AVS, de l’AI et des APG (Secteur mathématiques, Office fédéral des assurances sociales)123 et : dmin .ch Parlement adresse Intern o f a s. a www. Interventions parlementaires 129 Notre Législation: les projets du Conseil fédéral 132 Informations pratiques Calendrier (réunions, congrès, cours) 133 Statistiques des assurances sociales 134 Livres136
editorial Editorial Santé mentale: un défi pour les assurances sociales collaboration efficace de tous les systèmes, qui reposent pourtant sur des logiques différentes. Pour cela, toutes les parties prenantes doivent reconnaître l’importance de l’autonomie économique en tant que vecteur de santé et d’insertion sociale. Il faut donc promouvoir, maintenir ou rétablir l’intégration professionnelle en intervenant à temps et en prenant toutes les mesures nécessaires. Les réformes apportées à l’AI ces dernières années s’orientaient systématiquement vers la réadaptation, créant à cet effet de nouveaux champs d’action. Elles ont ins- Stefan Ritler tauré des outils de détection et d’intervention précoces, des Vice-directeur, chef du domaine programmes de réinsertion et des mesures de soutien ci- Assurance-invalidité, Office fédéral des blées sur les employeurs. Bien que le rapport de l’OCDE assurances sociales confirme le bien-fondé et le potentiel de ces initiatives, il souligne qu’elles n’ont pas encore permis de réduire les Une étude comparative réalisée il y a deux ans par l’OCDE mises en invalidité pour troubles psychiques. Et pour cause: montre que, dans de nombreux pays très hautement déve- souvent, les troubles psychiques aboutissant à une demande loppés, les personnes atteintes d’un trouble psychique sont à l’AI apparaissent très tôt dans la vie et échappent ainsi à défavorisées sur le marché du travail. Elles en sont trop l’emprise de l’AI qui ne peut pas intervenir à temps. Il in- souvent évincées ou n’ont pas même la possibilité d’y combe donc aux services en amont, à savoir aux systèmes trouver un emploi, ce qui fait croître leur risque de dépendre d’éducation et de santé, de renforcer leurs mesures. Ici, la de prestations sociales. Il en résulte d’importants coûts et CII a aussi un rôle important à jouer, même si l’OCDE une baisse de productivité pour l’économie et pour la estime que ses efforts commencent tout juste à porter leurs société. fruits. L’étude de l’OCDE sur la santé mentale et l’emploi en L’AI peut, quant à elle, accélérer sa transformation en Suisse est parue en janvier 2014. Elle éclaire les faiblesses assurance de réadaptation en continuant d’intensifier sa du système helvétique, en analyse les causes sous-jacentes coopération avec les employeurs. Pour cela, elle doit et recommande des améliorations. L’équipe de l’OCDE a mieux renseigner les employeurs sur les mesures de détec- examiné toutes les facettes du système : éducation, santé, tion et d’intervention précoces et réaliser davantage de sécurité sociale et réglementation du marché du travail. mesures sur le marché primaire de l’emploi. Simultané- Elle s’est aussi penchée sur la collaboration interinstitu- ment, elle doit perfectionner l’instruction des cas et le tionnelle (CII), un processus qu’elle considère comme processus de révision des rentes en les axant davantage complexe et qu’elle propose d’améliorer. sur les capacités fonctionnelles des personnes concernées. L’OCDE constate que, dans l’ensemble, les personnes En l’occurrence, le dialogue avec les médecins traitants souffrant de troubles psychiques en Suisse bénéficient de doit être renforcé. Il faut aussi améliorer les incitations très bonnes conditions d’accès au marché du travail. au travail et réduire le plus possible les effets pervers, afin L’étude souligne surtout les amples ressources du système que l’introduction du système de rentes linéaire prévu éducatif − avec ses prestations de pédagogie curative et de dans le cadre de la révision 6b de l’AI revienne sur la scène soutien social − et le réseau très solidement ancré de soins politique, d’autant qu’il n’était guère contesté. Enfin, les psychiatriques et psychothérapeutiques. Elle soulève éga- prestations accordées aux personnes handicapées doivent lement le taux d’activité relativement élevé parmi les per- être résolument axées sur l’intégration professionnelle et sonnes présentant un handicap. En revanche, elle critique l’autonomie. le manque d’efficacité des moyens investis qui s’explique Le rapport de l’OCDE nous renvoie une image réaliste entre autres par une coordination insuffisante des systèmes. de la situation. A nous de saisir l’occasion et de renforcer Relever les défis posés par la mauvaise santé mentale les mesures permettant d’intervenir très tôt pour mieux pour la société est une tâche transversale qui exige une intégrer les personnes souffrant de troubles psychiques. Sécurité sociale CHSS 2/2014 65
chronique Chronique février / mars 2014 tard en 2024. La CFQF demande une tiques centrales auxquelles la pro- Conjoncture loi comportant des mécanismes de tection des jeunes face aux médias contrôle rigoureux et des sanctions est actuellement confrontée dans Prévisions conjoncturelles efficaces en cas de non-réalisation notre pays. C’est la conclusion de du Groupe d’experts de l’objectif (www.frauenkommis- l’étude conduite par des experts alle- de la Confédération sion.ch ➞ Documentation ➞ Prises mands et suisses dans le cadre du pour le printemps 2014 de position ➞ Oui aux quotas de programme national Jeunes et mé- Le Groupe d’experts de la Confé- genre dans l’économie, PDF). dias, au sujet des évolutions et ten- dération a maintenu ses prévisions dances d’utilisation dans le domaine le 18 mars: il considère que la reprise des médias numériques et des défis conjoncturelle devrait se consolider qui en résultent pour la protection en Suisse en 2014 et en 2015. Après Emploi de la jeunesse face aux médias. Le un solide 2% de croissance atteint rapport en deux parties qui en ré- en 2013, le Groupe d’experts table Baromètre de l’emploi sulte devrait permettre à un groupe sur une accélération de l’expansion au 4e trimestre 2013 de travail de la Confédération de du PIB à 2,2% en 2014 et à 2,7% en Les indicateurs du baromètre de donner forme à la protection des 2015. Dans le sillage d’une conjonc- l’emploi font état d’une progression jeunes face aux médias (www.ofas. ture mondiale qui s’éclaircit progres- de l’emploi de 1,0% au 4e trimestre admin.ch ➞ Documentation ➞ Pu- sivement, le commerce extérieur 2013 par rapport à la même période blications ➞ Rapports de recherche devrait, après quelques années plutôt de l’année précédente. Dans le sec- ➞ Rapport 09/13 Entwicklungs- und moroses, recommencer à donner des teur secondaire, l’emploi a légère- Nutzungstrends im Bereich der digi- impulsions positives à la conjoncture ment progressé (+0,4%), pour la talen Medien und damit verbundene en Suisse, en plus des impulsions première fois depuis le 4e trimestre Herausforderungen für den Jugend- fournies par la demande intérieure, 2012. Dans le secteur tertiaire, la medienschutz [en allemand, avec qui devrait rester relativement ro- progression est plus importante résumé en français], PDF). buste. Les perspectives favorables (+1,2%), ce qui était déjà le cas les permettent d’escompter une amélio- trimestres précédents. Le nombre de Guide du futur contribuable ration de la situation sur le marché places vacantes a augmenté (+7,9%), La division Etudes et supports de du travail (recul du chômage de 3,2% tout comme l’indicateur des perspec- l’Administration fédérale des contri- en 2013 à 3,1% en 2014 et à 2,8% en tives d’emploi (+0,5%). Les difficul- butions (AFC) a publié une nouvelle 2015) (www.seco.admin.ch ➞ tés de recrutement ont légèrement édition du «Guide du futur contri- Thèmes ➞ Situation économique ➞ diminué par rapport au 4e trimestre buable». Celui-ci présente dans un Prévisions conjoncturelles ➞ Prévi- 2012. L’indicateur des difficultés de langage facilement compréhensible sions actuelles). recrutement de personnel qualifié un aperçu de la taxation des impôts est quant à lui resté presque inchan- sur le revenu et la fortune des per- gé, mais l’évolution diffère d’une sonnes physiques, tant au niveau de branche à l’autre: il est devenu plus la Confédération que des cantons. Il Egalité difficile de trouver du personnel qua- décrit en outre toute une série de lifié dans le secteur secondaire, alors situations et de circonstances parti- Quotas de genre dans l’économie que le recrutement de personnel culières auxquelles sont souvent La Commission fédérale pour les qualifié est désormais légèrement confrontés les jeunes et les nouveaux questions féminines (CFQF) se pro- plus facile dans le secteur tertiaire contribuables (www.estv.admin.ch nonce en faveur de l’instauration (www.bfs.admin.ch ➞ Thèmes ➞ 03 ➞ Documentation ➞ Publications dans la législation de quotas de genre – Travail, rémunération). ➞ Autres publications ➞ Guide du dans l’économie. Le but: arriver à ce futur contribuable, PDF). que les femmes occupent 40% des sièges dans les conseils d’adminis- Internet contre la discrimination tration et 33% des postes dans les Enfance et jeunesse et pour les droits de l’homme directions. Les quotas doivent être Pour sensibiliser les jeunes au pro- obligatoires pour les entreprises Besoin de réglementation en blème des discours de haine en ligne, cotées en Bourse, les entreprises matière de protection des jeunes le Conseil de l’Europe a lancé en publiques et les entreprises em- face aux médias 2013 une campagne, le «No Hate ployant 250 personnes ou plus. Cet Pornographie, contacts indési- Speech Movement» (www.nohate- objectif doit être atteint dans un rables sur Internet, protection des speechmovement.org), qui informe délai de dix ans, c’est-à-dire au plus données: telles sont les probléma- et forme les jeunes dans le domaine 66 Sécurité sociale CHSS 2/2014
Chronique février / mars 2014 de la discrimination et des droits de mations actuelles sur l’avancement Initiative populaire «Pour la l’homme. La Suisse participe à ce des travaux de l’ensemble des auto- protection de salaires équitables projet : avec le lancement du site rités fédérales ainsi que sur les déve- (initiative sur les salaires Internet www.nohatespeech.ch lors loppements liés à l’acceptation de minimums)» de la Journée d’action européenne l’initiative, à l’adresse suivante: www. L’initiative sur les salaires mini- pour un Internet plus sûr, elle a admin.ch ➞ Actualité ➞ Consé- mums vise à lutter contre la pauvreté donné le coup d’envoi aux diffé- quences de l’acceptation de l’initia- et le dumping salarial. Elle prévoit que rentes actions prévues. tive « contre l’immigration de la Confédération et les cantons encou- masse ». ragent l’adoption de salaires mini- Statistique des frontaliers maux et la conclusion de conventions Selon la statistique des frontaliers, Programmes d’intégration collectives de travail. Elle prévoit en le nombre de frontaliers de nationa- 2014-2017 outre que la Confédération fixe un lité étrangère travaillant en Suisse a La Confédération et les cantons salaire minimal légal de 22 francs par augmenté de 3,8 % en 2013. Plus de souhaitent améliorer l’intégration heure. Le Conseil fédéral et le Parle- la moitié de la main-d’œuvre fronta- des étrangers de manière encore plus ment recommandent le rejet de l’ini- lière est domiciliée en France ciblée et ce, dans tous les domaines tiative, car ils craignent qu’elle ne (52,4 %). Environ un quart des fron- de la vie. Dans cette perspective, mette en péril des postes de travail et taliers résident en Italie (23,7 %) chaque canton a développé un pro- ne complique l’accès au marché du et un cinquième en Allemagne gramme d’intégration cantonal travail pour les personnes moins qua- (20,5 %). D’une manière générale, (PIC) pour la période 2014-2017. Des lifiées et les jeunes. L’initiative sur les les frontaliers exercent aujourd’hui conventions passées entre la Confé- salaires minimums sera soumise au encore des professions moins quali- dération et les cantons fixent des peuple le 18 mai 2014. fiées (www.bfs.admin.ch ➞ Thèmes objectifs d’intégration contraignants ➞ 03 – Travail, rémunération). et définissent des indicateurs servant PC: adaptation des loyers à l’examen de l’efficacité des pro- maximaux grammes (www.cdc.ch ➞ Thèmes ➞ Le Conseil fédéral a mis en consul- Immigration et intégration). tation jusqu’au 21 mai 2014 un projet Migration de modification de la loi sur les pres- Statistique des étrangers tations complémentaires à l’AVS et à Initiative populaire à fin décembre 2013 l’AI2. En réponse à une motion parle- « Contre l’immigration de masse » A la fin du mois de décembre 2013, mentaire, il propose de relever le En acceptant l’initiative populaire la Suisse comptait 1 886 630 étran- montant maximal des loyers pris en « Contre l’immigration de masse », le gers, soit 61 570 (3,4 %) de plus que compte pour le calcul du droit aux PC. 9 février 2014, les citoyens suisses se l’année précédente. La plupart Outre ce relèvement, le Conseil fédé- sont prononcés pour un changement (1 248 726, soit près de 66 %) sont ral prévoit d’opérer une distinction de système dans la politique suisse originaires d’Etats membres de de la charge locative selon les régions d’immigration. Les nouvelles dispo- l’UE-27/AELE. Les ressortissants et de mieux tenir compte du besoin sitions constitutionnelles prévoient de ces pays sont 4,5% plus nombreux d’espace plus important des familles. de limiter l’immigration par des pla- que l’année précédente. Le nombre La révision proposée n’aura pas d’im- fonds et des contingents annuels. Le de ressortissants d’Etats tiers a quant pact sur la participation de la Confé- Conseil fédéral a engagé sans délai à lui augmenté de 1,2 %. dération aux frais de home. les travaux nécessaires pour mettre en œuvre la décision du peuple suisse. Jusqu’à l’entrée en vigueur de la législation d’exécution, la libre Politique sociale Prévoyance professionnelle circulation des personnes continue- ra de s’appliquer entre les Etats Histoire de la sécurité sociale La CHS PP définit la procédure membres de l’UE et de l’AELE et la A l’occasion de son 100e anniver- d’habilitation des gérants de Suisse. Un dossier fournit des infor- saire, l’Office fédéral des assurances fortune sociales (OFAS) a préparé en 2013 Depuis début 2014, seules peuvent la publication d’une histoire de la encore être chargées de la gestion de 1 Voir Keller, Urs, « Explorer l’histoire de la sécu- rité sociale» dans le présent numéro de CHSS. sécurité sociale et la met aujourd’hui fortune dans la prévoyance profes- 2 Voir Schubarth, Katharina, « Relèvement des à la disposition d’un large public sur sionnelle des personnes ou institu- loyers maximaux pris en compte pour le calcul des prestations complémentaires » dans le Internet (www.histoiredelasecurite- tions qui sont soumises à une auto- présent numéro de CHSS. sociale.ch)1. rité de surveillance des marchés Sécurité sociale CHSS 2/2014 67
Chronique février / mars 2014 financiers. La Commission de haute entre les caisses-maladie. Afin de toire des soins ont augmenté de 6,7% surveillance de la prévoyance pro- lutter contre la sélection des risques, par rapport à 2012. Si l’on exclut le fessionnelle (CHS PP) peut en outre l’Assemblée fédérale a donné au secteur hospitalier stationnaire, dans habiliter d’autres personnes et insti- Conseil fédéral la compétence de lequel le passage aux forfaits par cas tutions à certaines conditions. Cela compléter la liste des indicateurs uti- a entraîné des retards de facturation, concerne en particulier les gestion- lisés pour la compensation des la croissance s’élève à 4,3%. Les coûts naires de fortune indépendants, non risques (âge, sexe et séjour dans un ont augmenté principalement pour soumis à la surveillance de l’Autorité hôpital ou un établissement médico- les traitements médicaux en cabinet, fédérale de surveillance des marchés social), en ajoutant de nouveaux cri- les analyses de laboratoire, la physio- financiers (FINMA). Dans la procé- tères (p. ex. consommation de médi- thérapie et les soins à domicile. dure d’habilitation, dont les règles caments). sont maintenant clairement définies, Off label use dans l’assurance la CHS PP procède à un examen des Ethique dans les EMS: Grand Prix obligatoire des soins garanties; en revanche, une surveil- Européen pour deux institutions Les assureurs-maladie peuvent lance régulière n’est pas prévue zurichoises rembourser, selon des conditions (www.oak-bv.admin.ch ➞ Surveil- Les EMS zurichois Mattenhof et prédéfinies, des médicaments qui ne lance ➞ Gérants de fortune selon Irchelpark se sont vu décerner le figurent pas sur la liste des spécialités l’article 48f OPP 2 ➞ Directives sur Grand Prix Européen «Responsabi- de l’assurance obligatoire des soins l’habilitation des gérants de fortune lité sociétale de l’entreprise». Ils pro- ou qui y figurent, mais pour le trai- actifs dans la prévoyance profession- posent des «cafés éthiques» durant tement d’autres maladies. Une éva- nelle). lesquels leur personnel a l’occasion luation arrive à la conclusion que les de débattre des questions éthiques. dispositions entrées en vigueur dans En outre, ils organisent régulièrement le droit de l’assurance-maladie ont des forums éthiques interdiscipli- globalement fait leurs preuves. Elles Santé naires où les collaborateurs de toutes ont engendré une certaine uniformi- les professions peuvent parler de cas sation des processus au niveau de la Chiffres clés des EMS concrets. Toutes les décisions prises garantie de prise en charge des coûts, Les établissements médicosociaux sont documentées et mises à la dispo- renforçant ainsi la sécurité juridique (EMS) occupent une place centrale sition de tous les collaborateurs. des patients. Certains domaines pré- dans le paysage de la santé en Suisse; sentent toutefois un potentiel d’amé- plus de 140 000 personnes sont prises Initiative populaire «Pour une lioration (www.ofsp.admin.ch ➞ en charge dans ces établissements, au caisse publique d’assurance- Thèmes ➞ Assurance-maladie ➞ nombre de 1 558. Et au vu du vieillis- maladie» Tarifs et prix ➞ Liste des spécialités sement de la population, les presta- Le Conseil fédéral et le Parlement ➞ Informations complémentaires ➞ tions fournies dans les EMS gagne- recommandent le rejet de l’initiative Evaluation de la mise en œuvre des ront encore en importance. Pour la populaire demandant l’instauration, articles 71a et 71b OAMal, PDF). première fois, l’Office fédéral de la pour l’assurance-maladie sociale, santé publique publie des données d’une institution nationale unique et Tableaux standard de l’Enquête chiffrées sur les EMS, qui permettront la fixation de primes cantonales. Ils suisse sur la santé 2012 de comparer les établissements entre estiment que le système actuel basé L’Office fédéral de la statistique a eux (www.ofsp.admin.ch ➞ Thèmes sur le principe de la concurrence régu- publié plus de 160 tableaux standard ➞ Assurance-maladie ➞ Statistiques lée et la liberté de choix a fait ses élaborés sur la base de l’Enquête ➞ EMS ➞ Chiffres-clés des EMS preuves. suisse sur la santé 2012 (www.bfs. suisses 2012, PDF/Excel). admin.ch ➞ Thèmes ➞ 14 – Santé). Nette hausse des coûts pour Compensation des risques les traitements médicaux et Le Parlement a adopté une modi- les analyses de laboratoire fication de la LAMal visant à amé- En 2013, les coûts des prestations liorer la compensation des risques remboursées par l’assurance obliga- 68 Sécurité sociale CHSS 2/2014
dossier Dossier Santé mentale et emploi Santé mentale et emploi © Wolfgang Stiller, Matchbox 2008-2011, 160 x 40 x 60 cm, bois, polyuréthane, peinture acrylique et gouache Selon l’OCDE, le coût annuel des atteintes à la santé mentale pour l’économie suisse – sous la forme d’incapacités de travail, de dépenses sociales et de coûts pour le système de santé – s’élève à 3,2% du produit intérieur brut. Les personnes souffrant de troubles psychiques sont surreprésen- tées tant à l’assurance-chômage qu’à l’AI et à l’aide sociale. Les auteurs de l’étude de l’OCDE «Santé mentale et emploi» soulignent le potentiel élevé du système suisse de santé, de formation et de protection sociale, qui devrait en principe être capable de maintenir ces personnes en activité. Parallèlement, ils recommandent une utilisation plus ciblée des ressources existantes auprès des employeurs, dans les systèmes d’assurance concernés et dans le système de santé. La transition entre le système de formation et la vie active gagnerait elle aussi à faire l’objet d’ajus- tements structurels. Bien sûr, une coordination plus étroite entre des systèmes organisés de manière plus efficace n’empêchera pas le développement des troubles psychiques. Elle permettra néanmoins d’en réduire les effets préjudiciables sur les personnes concernées et leur environnement immédiat. Et elle offrira à ces personnes de nouvelles possibilités non seulement de stabiliser leur situation, mais aussi de renforcer et de mobiliser leurs ressources individuelles, économiques et sociales. Sécurité sociale CHSS 2/2014 69
dossier Dossier Recommandations de l’OCDE Santé mentale et emploi: recommandations de l’OCDE pour la Suisse L’OCDE a étudié les possibilités de maintenir et Les secteurs de la santé, de l’éducation et de la protec- d’améliorer l’activité lucrative des personnes atteintes tion sociale disposent de ressources suffisantes et ob- tiennent de bons résultats. Ils comptent plusieurs points dans leur santé psychique, pour permettre à ses Etats forts: un système éducatif doté d’une série d’outils effi- membres de faire face aux problèmes qu’engendre ce caces; un réseau de soins psychiatriques très accessibles; type de troubles pour les politiques sociales et de un marché de placement professionnel florissant ; un l’emploi. Le système suisse, très fragmenté, peine à système de protection sociale modulable prévoyant aus- mettre en œuvre de manière efficace des ressources si des rentes partielles et un marché du travail souple qui autorise un retour progressif à la vie active. Grâce à ces pourtant suffisantes. Pour remédier à cette situation, atouts, les taux d’activité des personnes présentant des des réformes importantes devront être menées dans troubles psychiques sont plus élevés en Suisse que dans plusieurs politiques publiques. d’autres pays. Christopher Prinz Niklas Baer Veerle Miranda Organisation de coopération et de développement économiques Les maladies mentales représentent un coût élevé pour Les dépenses pour indemnités en cas de maladie et l’économie suisse − environ 3,2% du PIB − en raison des rentes d’invalidité y sont néanmoins élevées et de plus incapacités de travail, des dépenses sociales et des coûts en plus souvent imputables à des problèmes de santé de la santé qu’elles occasionnent. Le marché du travail psychique. Afin d’améliorer l’insertion des personnes suisse se porte très bien et la récente crise économique l’a concernées sur le marché du travail et de les rendre moins relativement bien épargné. Les personnes souffrant de dépendantes des prestations sociales, davantage d’efforts troubles psychiques y rencontrent pourtant des difficultés. sont nécessaires. Il faut notamment combler les lacunes, Cette catégorie de personnes présente un taux de chômage réaffecter certaines ressources et renforcer les incitations trois fois supérieur à la moyenne nationale et des taux destinées aux différents acteurs. d’activité clairement inférieurs. Dans l’ensemble, la dépen- dance à l’égard des rentes et de l’aide sociale est très élevée parmi les Suisses en âge de travailler (près de 20%), et l’on observe, ces 20 dernières années, un glissement progressif des allocations de chômage vers les rentes d’invalidité et Etude les prestations d’aide sociale. Nettement surreprésentées dans tous les systèmes de sécurité sociale, les personnes OCDE, Santé mentale et emploi: Suisse. Contribution à la sécurité so- atteintes de troubles psychiques sont à l’origine de 40% ciale, rapport de recherche n°12/13, sous http://www.ofas.admin.ch des nouvelles demandes de rente d’invalidité. ➞ Pratique ➞ Recherche ➞ Rapports de recherche 70 Sécurité sociale CHSS 2/2014
Dossier Recommandations de l’OCDE La fréquence et la durée des absences augmentent avec les problèmes de santé mentale G1 Fréquence des absences pour maladie (en %) et durée moyenne des absences (en jours), selon la gravité du trouble psychique, 2010 Partie A. Fréquence des absences pour maladie Partie B. Durée moyenne des absences pour maladie Pourcentage des personnes qui ont été absentes dans les Nombre moyen de jours d‘absence dans les quatre dernières quatre dernières semaines semaines (parmi ceux qui ont été absents) 25 10 9 20 8 7 15 6 5 10 4 3 5 2 1 0 0 Trouble grave Aucun trouble Trouble grave Aucun trouble Trouble modéré Trouble modéré Source: OCDE (2014), Santé mentale et emploi: Suisse Renforcer les mesures prises sur le lieu de Rapprocher l’assurance-invalidité du monde travail du travail En Suisse, tout comme dans les autres pays de l’OCDE, Grâce aux importantes réformes adoptées ces dix der- on constate des liens évidents entre santé mentale et situa- nières années, l’assurance-invalidité s’est progressivement tion au travail. Le droit du travail suisse exige des em- transformée pour passer d’un système passif d’adminis- ployeurs qu’ils prennent les mesures nécessaires pour tration de rentes à un régime de réadaptation profession- protéger la santé de leurs salariés. Les données dispo- nelle dynamique. Les réformes ont mis l’accent sur l’inter- nibles semblent toutefois indiquer que les employeurs vention précoce, le perfectionnement des examens suisses attachent moins d’importance que les entreprises médicaux et l’introduction de nouvelles mesures d’ordre de nombreux autres pays à la gestion des risques psy- professionnel assorties d’obligations plus nombreuses chiques au travail et que la pression des services d’ins- pour les demandeurs de prestations. Le processus de pection du travail y est ressentie comme étant moins forte. réforme a sensiblement réduit le nombre de demandes, En moyenne, les salariés atteints dans leur santé men- mais n’a pu mettre un terme à l’augmentation du volume tale sont sensiblement plus souvent en congé maladie et total des rentes d’invalidité octroyées pour des raisons plus longtemps absents du travail, la fréquence et la psychiques, quand bien même les réformes étaient spé- durée des absences augmentant en proportion du degré cialement axées sur les troubles de ce type (cf. graphique du trouble psychique (cf. graphique G1). G2). Un encadrement efficace permet de réduire les ab- Plusieurs facteurs expliquent cette situation. En pre- sences et de faciliter le retour au travail. En Suisse, les mier lieu, les examens médicaux visent aujourd’hui encore employeurs n’ont cependant aucune obligation légale à établir si la personne peut prétendre à une rente plutôt dans ce domaine, leur responsabilité financière pour les qu’à déterminer sa capacité de travail. Il est donc malai- salariés malades est régie par les contrats de travail indi- sé de planifier la réadaptation. Deuxièmement, les nou- viduels et les conventions collectives. De nombreuses velles mesures d’intervention précoce ne privilégient pas compagnies d’assurances proposent des services de pré- assez le maintien sur le marché primaire du travail et vention et de réinsertion dont l’utilisation varie toutefois manquent souvent de toucher les demandeurs souffrant beaucoup d’une entreprise à l’autre. En outre, suivant les de troubles psychiques. D’ailleurs, le nombre d’annonces accords, les salariés malades doivent attendre plusieurs de détection précoce n’a pas augmenté ces cinq dernières mois avant de bénéficier d’une gestion de cas appropriée. années. Troisièmement, la possibilité de signaler à l’assu- La couverture d’assurance étant tributaire de l’ancien- rance-invalidité les cas de congé maladie de plus de 30 neté, les salariés qui présentent des troubles psychiques jours est trop rarement utilisée. Quatrièmement, les effets sont désavantagés, car ils changent plus souvent d’emploi financiers dissuadant les personnes concernées de tra- que la moyenne. vailler restent importants, en particulier parmi les per- sonnes à faible revenu chez lesquelles les troubles psy- chiques sont surreprésentés. Cinquièmement, les mesures Sécurité sociale CHSS 2/2014 71
Dossier Recommandations de l’OCDE Parmi les bénéficiaires de prestations AI, ceux qui souffrent de troubles psychiques G2 sont de plus en plus nombreux Nombre de nouvelles demandes et de bénéficiaires actuels: problèmes de santé psychique et autres raisons, 1995-2012 Partie A. Nouvelles Demandes Partie B. Bénéficiaires actuels Troubles mentaux Autres raisons 20 000 180 000 18 000 160 000 16 000 140 000 14 000 120 000 12 000 100 000 10 000 8 000 80 000 6 000 60 000 4 000 40 000 2 000 20 000 0 0 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2011 Source: OCDE (2014), Santé mentale et emploi: Suisse d’intervention précoce ne profitent pas aux jeunes qui ne deurs d’emploi confrontés à des problèmes plus complexes sont pas encore entrés sur le marché ordinaire du travail. sur le marché du travail n’ont plus été considérés comme Enfin, il n’est guère probable que les dernières mesures des clients prioritaires des agences de placement. Cette mises en place permettront de réorienter les bénéficiaires réalité s’est traduite par une forte proportion de chômeurs de rente (de longue date) et de les relancer sur le marché de longue durée, malgré un faible taux de chômage glo- du travail. bal. L’une des conséquences de cette évolution est que les personnes qui n’étaient pas entièrement capables de tra- vailler, dont beaucoup présentaient de sérieux troubles Renforcer les capacités permettant de faire face psychiques, ont été orientées vers l’assurance-invalidité ou aux problèmes de santé mentale dans les les services sociaux. Souvent les chômeurs en fin de droit agences de placement et les services d’aide se tournent vers l’aide sociale et finissent tôt ou tard par sociale solliciter une rente d’invalidité. De ce fait, les problèmes des personnes atteintes de Depuis les années 90, les offices régionaux de placement troubles psychiques sont ignorés ou pris en charge tardi- (ORP) concentrent leurs efforts sur les personnes prêtes vement. Il existe donc parmi les chômeurs une grande à travailler et disponibles pour ce faire. Du coup, les deman- partie de personnes souffrant de troubles psychiques dont Le nombre de bénéficiaires de prestations est beaucoup plus élevé chez les personnes atteintes G3 d’un trouble psychique Part de bénéficiaires de prestations pour personnes d’âge actif atteintes d’un trouble psychique % Trouble grave Trouble modéré Ensemble de troubles 70 60 50 40 30 20 10 0 Pension d‘invalidité Indemnités maladie Aide sociale Allocations de chômage Toutes prestations Source: OCDE (2014), Santé mentale et emploi: Suisse 72 Sécurité sociale CHSS 2/2014
Dossier Recommandations de l’OCDE Les ressources pour le traitement psychiatrique sont énormes, mais ne profitent pas à tous G4 Partie A. Psychiatres pour 100 000 habitants dans les pays de l’OCDE % Dernière année disponible Première année disponible % Dernière année disponible Première année disponible 50 50 45 45 40 40 35 35 30 30 25 25 20 20 15 15 10 105 50 0 OCDE MEX HUN CAN GRC DNK SWE NOR KOR OCDE USA AUT AUS GBR DEU CHE CHL SVN NLD TUR SVK LUX POL CZE FRA NZL PRT ESP JPN EST BEL FIN ITA MEX HUN CAN ISR GRC DNK SWE NOR IRL KOR ISLISL USA AUT AUS GBR DEU CHE CHL SVN NLD TUR SVK LUX POL CZE FRA NZL PRT ESP JPN EST BEL FIN ITA ISR IRL Partie B. Lits en hôpitaux psychiatriques pour 100 000 habitants 1995 2010 1995 2010 250 250 200 200 150 150 100 100 50 50 0 0 HUN SWE DNK NOR GRC DEU GBR AUT CHE SVN NLD TUR SVK LUX POL FRA CZE PRT ESP EST BEL FIN ITA HUN SWE DNK NOR GRC IRL DEU GBR AUT CHE SVN NLD TUR SVK LUX POL FRA CZE PRT ESP EST BEL FIN ITA IRL Source: OCDE (2014), Santé mentale et emploi: Suisse la gravité moyenne peut constituer un obstacle majeur dans nombre de personnes a bénéficié de ces nouvelles ap- leur recherche d’emploi (cf. graphique G3). proches. Environ un tiers des chômeurs présentent des troubles Le processus CII constitue un pas dans la bonne direction, d’ordre psychique qui affectent considérablement leurs mais il reste beaucoup à faire pour aller au-delà de la dis- chances de placement, mais qui ne sont pas pris en charge. tinction souvent inadéquate entre les personnes aptes au Il faudrait s’occuper de cette forte proportion de personnes travail, celles qui sont socialement défavorisées et celles en mauvaise santé parmi les «habitués» des ORP, pour atteintes d’invalidité. L’initiative souffre de ses priorités favoriser leur retour rapide à l’emploi et éviter qu’elles ne institutionnelles au détriment des individus concernés. se coupent du marché du travail. Si les services sociaux ont Aussi, les institutions impliquées donnent-elles souvent des conscience de la forte prévalence de troubles psychiques incitations insuffisantes ou contradictoires. Autre point chez leurs clients, ils n’ont pas les capacités nécessaires (ni faible majeur de la CII qui affecte particulièrement les d’ailleurs les ORP) pour réagir rapidement et efficacement. personnes souffrant de troubles psychiques: l’absence du secteur de la santé et des contacts peu fréquents avec les employeurs. Une véritable intégration des services de Redéfinir la collaboration entre les institutions santé et de l’emploi, pourtant essentielle, n’est pas assurée. Souvent, il serait plus simple de mettre en œuvre de tels Face à ces lacunes, la collaboration interinstitutionnelle services au sein même des organismes. (CII) s’est imposée comme un objectif central, initialement pour aider les individus présentant des problématiques complexes qui risquaient d’être ballotés entre les systèmes Améliorer les résultats sur le front de l’emploi (chômage, invalidité, services sociaux). De grands efforts grâce à un système psychiatrique doté de ont été déployés ces dix dernières années en faveur de la ressources adéquates CII. D’importantes ressources ont été mobilisées dans le but de développer des mécanismes et outils de coopération Le système suisse de psychiatrie offre un large éventail aux niveaux cantonal et régional. Or, seul un très petit de services, à commencer par une multitude de centres de Sécurité sociale CHSS 2/2014 73
Dossier Recommandations de l’OCDE soins ambulatoires et hospitaliers; le nombre de psychiatres par habitant y est le plus élevé de la zone OCDE (deux Les chances des jeunes peu qualifiés ont G5 fois plus important que dans le pays placé en deuxième considérablement diminué position) et on y trouve une quantité considérable de Partie A. Taux de chômage relatif des jeunes peu psychologues et psychothérapeutes qualifiés (cf. graphique qualifiés par rapport aux jeunes hautement qualifiés G4). (< au niveau 3 de la CITE / > au niveau 3 de la CITE) En dépit de ces ressources considérables, seuls 7% de 2009 1999 % la population bénéficient de soins psychiatriques, un chiffre 6 qui paraît faible par rapport à la prévalence des troubles 5 psychiques sur douze mois, qui atteint environ un tiers de 4 la population. 3 On peut dès lors penser qu’un nombre relativement 2 limité d’individus bénéficient de traitements sophistiqués, 1 coûteux et de longue durée. 0 OCDE Les taux de traitement des troubles psychiques varient MEX CAN DNK SWE NOR DEU CHE GBR AUS AUT USA NLD TUR FRA BEL JPN beaucoup d’un canton à l’autre, ce qui semble indiquer que le recours au traitement est en partie conditionné par l’offre et repose peu sur des critères précis. En outre, les Partie B. Evolution annuelle moyenne en pourcentage des nouvelles demandes, par âge, médecins généralistes, dont la clientèle compte de nom- 1995-2012 breux cas de troubles psychiques, ne traitent qu’un de ces Toutes les nouvelles demandes patients sur dix et n’orientent que peu de personnes vers Nouvelles demandes pour des raisons de santé mentale un psychiatre. % Bien que les services psychiatriques soient accessibles 8 6 et offrent des soins efficaces, on constate que le système 4 tarde encore à prendre conscience des problèmes que 2 rencontrent les patients sur le plan professionnel. Un 0 emploi a certes des effets très positifs sur la durée et les –2 résultats du traitement et de nombreux patients exercent –4 un travail (même s’ils y éprouvent des difficultés), et pour- –6 tant les psychiatres n’ont généralement pas de contact avec 18-19 20-24 25-29 30-39 40-64 les employeurs. Cet aspect illustre une manière relative- Source : OCDE (2014), Santé mentale et emploi: Suisse ment étroite de voir les choses, ainsi que les incertitudes du secteur quant à la façon d’intervenir lorsqu’un patient a des problèmes au travail. Les caisses-maladie sont au- cultés à entrer dans la vie active, notamment grâce à un jourd’hui encore réticentes à l’idée de financer des soins système efficace d’enseignement professionnel qui, en spécifiquement axés sur le travail et destinés à des per- Suisse, combine généralement études et travail. sonnes atteintes de troubles psychiques. Les questions Cependant, trois aspects de cette transition n’ont été à relatives à l’emploi n’intéressent donc guère les médecins, ce jour que rarement abordés (graphique G5). Première- que se soit dans le cadre de leur formation ou des presta- ment, ces dix dernières années, les jeunes peu qualifiés ont tions qu’ils fournissent. vu se dégrader leur situation sur le marché du travail. Le taux de chômage parmi les jeunes de 15 à 24 ans peu qualifiés est de 30%. Parmi ces jeunes on trouve une pro- Mettre davantage l’accent sur la transition des portion élevée de troubles psychiques. Deuxièmement, le études vers la vie active nombre d’octrois de rente d’invalidité ne cesse d’augmen- ter chez les jeunes, contrairement à la tendance observée La Suisse dispose de tout un éventail de services desti- dans les autres groupes d’âge. Beaucoup de nouvelles nés aux enfants ayant des besoins éducatifs particuliers, rentes sont octroyées en raison de troubles psychiques. dans les écoles et classes spécialisées de même que dans Troisièmement, il n’existe que peu de services destinés aux les établissements ordinaires. En font partie des services jeunes qui n’accomplissent pas de formation de niveau de psychiatrie et de psychologie, des services sociaux, secondaire II et parmi lesquels les individus atteints de ainsi que des dispositifs thérapeutiques et pédagogiques. troubles psychiques courants sont surreprésentés. Ces En général, les enfants atteints de troubles psychiques constats soulignent la nécessite d’attacher davantage diagnostiqués ont donc accès à des services spécialisés, d’importance aux besoins des jeunes atteints de troubles avec toutefois d’importantes différences d’une école à psychiques. Dans ce contexte, on pourrait envisager un l’autre. Les jeunes Suisses ont globalement peu de diffi- relèvement de la limite d’âge ouvrant l’accès à une rente 74 Sécurité sociale CHSS 2/2014
Dossier Recommandations de l’OCDE AI, et développer l’éventail des mesures favorisant acti- catégories de personnes. En outre, la Suisse devrait veiller vement la réadaptation. à rapprocher l’assurance-invalidité des milieux profession- nels et à créer un système de santé encourageant les trai- tements qui favorisent l’emploi, surtout dans le domaine Résumé des soins psychiatriques. Enfin, il faudrait imposer davan- tage d’obligations aux employeurs, tout en créant de nou- Le marché de l’emploi suisse est robuste et le pays pos- veaux instruments de soutien en leur faveur. sède des systèmes d’éducation et de santé riches en res- sources et favorisant un taux d’activité élevé, même parmi les personnes atteintes de troubles psychiques. Grâce Christopher Prinz, PhD, économiste, OCDE. aussi à une vaste palette de prestations sociales, le risque Mél: Christopher.Prinz@OECD.org de ces personnes de sombrer dans la pauvreté est compa- rativement plus faible que dans d’autres pays. La Suisse pourrait néanmoins faire plus pour maintenir et accroître Niklas Baer, Dr. phil., responsable du service cantonal de psychiatrie, leur participation à la vie professionnelle. Cela nécessi- Bâle-Campagne. tera cependant des adaptations structurelles. Il faudrait Mél: Niklas.Baer@pbl.ch notamment accorder davantage d’attention aux besoins des jeunes peu qualifiés ainsi qu’aux usagers des offices de placement et des services d’aide sociale, parce que les Veerle Miranda, PhD, économiste, OCDE. troubles d’ordre psychique sont très répandus dans ces Mél: Veerle.Miranda@OECD.org Récapitulatif des principales recommandations de l’OCDE à la Suisse Défis majeurs Recommandations stratégiques 1. L es employeurs ne sont pas assez préparés et • Améliorer les incitations financières en faveur des employeurs et leur fournir un soutien équipés pour faire face à des salariés souf- adéquat pour affronter les problèmes psychosociaux au travail frant d’une mauvaise santé mentale. • Envisager de reconnaître les troubles psychiques comme maladie professionnelle 2. L ’assurance-invalidité n’implique pas suffi- • Instaurer des services de conseil aux employeurs samment les employeurs et ne leur offre pas • Intensifier les mesures d’intervention précoce proches du marché du travail assez d’incitations. • Créer des incitations au travail et encourager l’octroi de rentes partielles 3. L es offices régionaux de placement (ORP) et • Accroître l’étendue des prestations des ORP et leurs obligations de prise en charge pour les services sociaux n’apportent qu’un sou- leur permettre de mieux réagir face aux troubles psychiques tien limité aux personnes souffrant de • Renforcer les capacités de l’aide sociale en créant de nouveaux services régionaux ou troubles psychiques. cantonaux à l’intention des petites collectivités 4. L a collaboration interinstitutionnelle (CII) • Etendre au grand nombre de personnes à risque l’attention portée aujourd’hui au n’est pas à la hauteur des problèmes ren- petit nombre de personnes présentant des troubles graves et multiples contrés. • Intégrer le système de santé dans la CII pour en faire un partenaire à part entière et resserrer les liens avec les employeurs • Renforcer les prestations intégrées fournies au sein même des institutions concernées 5. L e système de soins psychiatriques ne pro- • Renforcer les modules liés à l’emploi dans la formation initiale des médecins duit pas des résultats à la hauteur des vastes • Elaborer des directives qui permettent de traiter les troubles psychiques dans le cadre du travail ressources dont il dispose. • Réduire les soins hospitaliers au profit des soins ambulatoires et des cliniques de jour • Combler les lacunes de traitement et mieux rembourser les traitements de psychothérapie 6. L es ressources du système scolaire ne per- • Contrer l’abandon de la scolarité et de l’apprentissage en assurant un suivi systématique mettent pas d’empêcher les décrochages et des jeunes en formation et en améliorant la coopération avec les ORP, l’aide sociale et les de réduire le nombre de demandes de services de psychiatrie rentes AI. • Réduire le nombre de recours aux rentes AI en offrant aux jeunes à risque de meilleures incitations à travailler Sécurité sociale CHSS 2/2014 75
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