Sensibilité des varroas et à l'amitraze en France au tau-fluvalinate
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Sensibilité des varroas au tau-fluvalinate et à l’amitraze en France par Gabrielle ALMECIJA et Benjamin POIROT e projet d’étude sur la sensibilité La figure 2 présente la cartographie C des varroas aux acaricides a été mis en place dans le cadre d’une thèse des populations résistantes au tau-flu- valinate en France et dans certains pays de doctorat de trois ans par le Centre d’Europe en 1998. L’apparition de de Recherche et de Formations Apinov, foyers de résistance semble aléatoire l’Université de Tours et VitaBeehealth. en Europe et relativement hétérogène (Trouiller 1998). Contexte : les résistances aux acaricides en apiculture en France Résistance au tau-fluvanilate L’étude de la sensibilité des varroas aux acaricides n’a pas été répétée en France depuis 1995, moment de la mise en évidence de la résistance des var- roas au tau-fluvalinate (pyréthrinoïdes) (substance active de l’Apistan®). En 1995 et 1998, deux chercheurs ont ré- vélé la présence de varroas résistants au tau-fluvalinate en Europe (N. Milani 1995 ; Trouiller 1998). La figure 1 pré- sente la différence de sensibilité entre une population de varroas sensibles et une population de varroas résistants au tau-fluvalinate. Pour tuer des varroas Concentration de tau-fluvalinate en ppm résistants, la concentration en tau-flu- Figure 1 : Mortalité des varroas en labo- valinate doit être 100 à 1000 fois supé- ratoire en fonction de la concentration en rieure à celle nécessaire pour tuer des tau-fluvalinate (Trouiller, 1998). varroas sensibles. LSA n° 297 • 5-6/2020 195
du varroa au tau-fluvalinate (Panini et al. 2019). Résistance à l’amitraze ? La baisse d’efficacité de l’Apis- tan® due au développement de résis- tance des varroas, a conduit à l’utili- sation d’une autre substance acaricide par les apiculteurs, l’amitraze, qui est le principe actif des médicaments Figure 2 : Cartographie des sensibilités ayant une Autorisation de Mise sur le des varroas en 1998 (Trouiller, 1998). Les Marché (AMM), Apivar® et Apitraz®. carrés noirs indiquent des varroas résistants. En France, l’amitraze a été utilisée par Les carrés blancs indiquent des varroas sen- certains apiculteurs quasiment sans sibles au tau-fluvalinate. alternance de substance active ces 20 dernières années. En 2017 et 2018 La résistance au tau-fluvalinate est les suivis d’efficacité réalisés par la actuellement relativement bien connue. FNOSAD avec l’Apivar® ont montré La résistance proviendrait de modifica- que dans une proportion importante de tions (structurales ou de surexpression) colonies le niveau d’efficacité escomp- des protéines ciblées par le tau-fluvali- té n’était pas atteint, et qu’on pouvait nate (canaux sodiques II). Ces modifi- craindre une baisse de l’efficacité de ce cations entraînent une réduction de la médicament (encadré 1). Par ailleurs, reconnaissance du tau-fluvalinate pour des apiculteurs ne participant pas à ces sa cible et donc une réduction de l’effi- suivis ont également signalé des dé- cacité (González-Cabrera et al. 2013 ; fauts d’efficacité après utilisation du Hubert et al. 2014 ; González-Cabrera et même médicament, dans leurs ruchers. al. 2016 ; 2018). Ces modifications sont Certains cas ont donné lieu à des dé- dues à des mutations génétiques. Selon clarations de pharmacovigilance, no- la localisation géographique, la muta- tamment dans les régions où l’OMAA tion impliquée peut être différente. En (Observatoire de Mortalités et des Af- plus des résistances d’origine génétique, faiblissement de l’Abeille mellifère) des résistances d’origine métabolique est actif, et où des visites ont pu être peuvent aussi apparaître. Ces résistances effectuées dans les ruchers concernés. impliquent l’augmentation d’enzymes Pourtant, la mise en évidence de cas de détoxication dans l’organisme (Ger- de résistance de varroas à l’amitraze son, Mozes-Koch, et Cohen 1991 ; n’est pas récente en laboratoire (Elzen, Mozes-Koch et al. 2000 ; Dmitryjuk et Baxter, Spivak, Wilson 1999 ; Norber- al. 2015). Parmi ces enzymes, les mo- to Milani 1999 ; Maggi et al. 2010 ; nooxygénases et les estérases sont par- Adjlane, Doumandji, et Haddad 2012 ; ticulièrement étudiées pour la résistance Kamler et al. 2016). Les baisses d’ef- 196 LSA n° 297 • 5-6/2020
ficacité observées dans les suivis de la l’apparition de résistances des varroas à FNOSAD, ou dans d’autres circons- l’amitraze ? tances, peuvent-elles s’expliquer par Encadré 1 : Suivis d’efficacité par la FNOSAD En France, en 2019, la FNOSAD a pu- On peut se demander si c’est pour blié une synthèse des résultats des suivis cette raison qu’avec un autre médica- d’efficacité de plusieurs années pour le ment (l’Apitraz) contenant le même prin- médicament Apivar (entre autres). cipe actif (l’amitraze) à la même dose, mais dans des lanières de composition Sur un graphique qui représente la différente de celle de l’Apivar, les résul- cinétique de chutes des varroas au cours tats en 2018 étaient plus favorables en du traitement, on observe que la forme termes d’efficacité (LSA 291) ? de la courbe est différente pour les an- nées 2017 et 2018 par rapport aux an- nées 2009 et 2016. (De 2009 à 2016, le profil était sensiblement le même). Plus l’inclinaison de la pente est forte plus le médicament fait chuter rapide- ment les varroas. Lorsque la pente est plus douce, cela signifie que la mortalité survient plus progressivement et cela peut se traduire par une poursuite de la reproduction des varroas survivants. A terme cela impacte négativement l’effi- cacité globale du traitement. Figure 3 : Cinétique de chute en pourcen- La cinétique de chute dépend sans tage des varroas entre 2009 et 2018 (Api- doute de divers facteurs, dont probable- var®) (LSA n° 291). ment la galénique du médicament. Déterminer la sensibilité chercheurs (Lindberg, Melathopoulos, des varroas en laboratoire et Winston 2000 ; Maggi et al. 2008; Kamler et al. 2016). Dans cette étude, Méthode utilisée en laboratoire nous avons utilisé la méthode qui se rapproche de celle de Maggi et de ses La méthode utilisée est celle déve- collaborateurs (figure 4). Les varroas loppée par Milani (1995) référencée sont collectés dans le couvain et mis en dans le Coloss Beebook (N. Milani contact pendant une heure avec diffé- 1995 ; Dietemann et al. 2013). Celle- rentes concentrations de la substance ac- ci a depuis été simplifiée par plusieurs tive testée (amitraze ou tau-fluvalinate). LSA n° 297 • 5-6/2020 197
Ils sont ensuite transférés dans des boîtes réalisés. La mortalité du contrôle ne doit non-contaminées avec des nymphes. La pas dépasser 30 % pour que le test soit mortalité est mesurée vingt-quatre heures validé. La variabilité entre les quatre ré- plus tard. Afin de tenir compte de la mor- plicats est en moyenne pour l’ensemble talité naturelle des varroas, un calcul de des populations testées de 9 %±1% pour la mortalité corrigée est appliqué (for- l’amitraze et de 6 %±1% pour le tau-flu- mule de Schneider-Orelli). Pour chaque valinate. concentration testée, quatre réplicats sont Préparation des Collecte des varroas Mise en contact des varroas Transfert des varroas dans boîtes contaminées dans le couvain avec les boîtes de Petri des boîtes non-contaminées contaminées (1h) avec des nymphes (24h) Figure 4 : Protocole réalisé pour tester la sensibilité des varroas à l'amitraze ou au tau-fluvalinate. Évaluation de la concentration létale (CL90). Les CL90 ont été définies létale à 90% pour les populations à partir de modèles généralisés mixtes sensibles sur le logiciel RStudio1. Pour l’amitraze, cette concentration est de 0,4µg/ml. Pour Pour déterminer la présence de ré- le tau-fluvalinate, la concentration létale sistance pour une population, il est né- à 90 % a été définie à 12µg/ml2. Toutes cessaire de définir une population de les autres populations sont ensuite testées référence dite sensible (FAO 2013). Ces à cette CL90 ce qui permet de comparer populations de varroas sensibles sont la mortalité entre la population testée et échantillonnées chez des apiculteurs la population sensible. n’utilisant ni l’amitraze, ni le tau-flu- valinate depuis plus de 10 ans et sur Détermination des ruchers sédentaires, loin des routes des classes de sensibilité principales de transhumances. L’étude de ces populations permet de définir une Lorsque ces études ont été réalisées concentration à laquelle 90 % des var- pour le tau-fluvalinate, des classes de roas sont tués, nommée concentration sensibilité ont été définies en fonction de 1 - Logiciel R (version 1.1.463) : logiciel libre utilisant un langage de programmation pour le traitement de don- nées et l’analyse statistique. Le package ECOTOX a été utilisé pour déterminer les CL90. 2 - Populations sensibles à l’amitraze (n=3) et au tau-fluvalinate (n=4). 198 LSA n° 297 • 5-6/2020
la mortalité de la population testée à la raisons statistiques, les populations de CL90 (Elzen et al. 1998) : Très sensible varroas sont réparties en 3 classes : les (100 %-90 %), Sensible (90 %-75 %), « Sensibles », les « Modérément Résis- Résistance modérée (75 %-65 %), Ré- tantes » et les « Fortement Résistantes ». sistance forte (
Figure 5 : Description des 3 classes de populations de varroas. Relation entre les résultats obtenus cacité observée sur le terrain. En effet, en laboratoire et l’efficacité terrain les concentrations d’amitraze ou de tau-fluvalinate utilisées en labora- Les pourcentages de mortalité ob- toire (CL90) ne correspondent pas à tenus en laboratoire qui permettent de la quantité de substance active pré- classer les populations de varroas ne sente dans les traitements utilisés sur doivent pas être confondus avec l’effi- le terrain. Encadré 2 : Étude de la relation efficacité terrain et sensibilité en laboratoire Une étude sur la sensibilité des varroas au tau-fluvalinate a déterminé cette relation en 1998 (Trouiller 1998) (figure 6). La relation observée est diffé- rente de la relation théorique à laquelle le chercheur s’attendait. En effet, les résultats obtenus en laboratoire sont plus sensibles que ceux obtenus sur le terrain (60 % de mortalité à la CL90 cor- respond à environ 90% d’efficacité avec l’Apistan® sur le terrain). Le test en labo- ratoire permet donc d’anticiper l’appari- tion de résistance. Cette relation n’a pas encore été mesurée pour l’amitraze. Figure 6 : Relation entre la mortalité à la CL90 obtenue en laboratoire et l'efficacité de l'Apis- tan® sur le terrain. La ligne en pointillée re- présente la relation observée et la ligne en trait plein indique la relation théorique. 200 LSA n° 297 • 5-6/2020
Échantillonnage des populations tau-fluvalinate n’est plus utilisé en de varroas apiculture depuis plusieurs années. Une des hypothèses qui pourrait ex- L’échantillonnage des varroas a été pliquer ces observations serait l’in- réalisé par divers organismes de mi-juil- fluence de la pression de sélection du let à fin octobre. En 2018, la FNOSAD a permis de mettre Apinov en contact tau-fluvalinate présent dans l’environ- avec des apiculteurs ayant participé aux nement via les traitements phytosani- suivis d’efficacité. En 2019, les var- taires notamment en arboriculture et roas échantillonnés en Auvergne-Rhô- maraîchage. Les pratiques apicoles ne-Alpes ont été prélevés par les tech- jouent également un rôle non négli- niciens de l’ADA AURA ou par les geable puisque des apiculteurs trai- investigateurs et apiculteurs ayant fait tant plusieurs années de suite avec de des déclarations à l’OMAA. Les autres l’Apistan® ont dans leurs ruches des échantillons de varroas prélevés dans les autres régions proviennent de prélè- populations de varroas résistants. vements effectués par des vétérinaires, les chercheurs de l’Agroscope (pour la Pour l’amitraze, parmi les popula- Suisse) et personnels. tions échantillonnées, 29 % sont en- core sensibles (figure 9). Aucun foyer Résultats de résistance ne paraît évident bien de l’étude de sensibilité que, pour l’amitraze en Région Au- pour 2018 et 2019 vergne-Rhône-Alpes, la majorité des populations de varroas ne sont plus Sensibilité des varroas sensibles à l’amitraze. En effet, 90% & Pratiques apicoles des populations en Auvergne sont de type « résistante » à l’amitraze. Les sensibilités des varroas à l’ami- Ces résultats pourraient s’expliquer traze et au tau-fluvalinate semblent assez hétérogènes (figure 7). Les po- par une utilisation trop répétitive de pulations de varroas échantillonnés l’amitraze dans cette région. dans le cadre du projet semblent plus résistantes à l’amitraze qu’au tau-flu- Si les pratiques apicoles et notam- valinate (voir paragraphe, Limites ment l’historique de traitement jouent d’interprétation). un rôle non négligeable dans le dé- veloppement de résistances des var- Pour le tau-fluvalinate, la moitié roas aux substances acaricides alors (50 %) des populations échantillon- nées et testées présentent une bonne la modification des stratégies de lutte sensibilité (figure 8). Néanmoins, semble une solution face au dévelop- certains varroas présentent des ré- pement de résistance. sistances même dans des zones où le LSA n° 297 • 5-6/2020 201
Figure 7 : Localisation des populations de varroas testées et leurs sensibilités (Sensible (S), Modérément résistant (MR), fortement résistante (FR)) au tau-fluvalinate (A) et à l’ami- traze (B). Figure 8 : Proportion des populations de var- Figure 9 : Proportion des populations de roas en fonction de leur sensibilité au tau-flu- varroas en fonction de leur sensibilité à valinate en France en 2018 et 2019, (n=22). l'amitraze en France en 2018 et 2019, (n=35). Comparaison tan®, moins de la moitié des ruches des efficacités sur le terrain suivies présentaient une efficacité infé- et des sensibilités en laboratoire rieure à 95 % (41 %) (figure 10). Pour l’Apivar®, plus de la moitié des colonies En 2018, lors des suivis d’efficacité suivies (54 %) présentent une efficacité réalisés par la FNOSAD, pour l’Apis- terrain inférieure à 95 % (figure 11). Pour 202 LSA n° 297 • 5-6/2020
les deux médicaments, les résultats ne sistants dans les populations observées sont pas encourageants pour une bonne en laboratoire (figure 9 et 11) (LSA gestion du varroa à long terme. n° 291). La même observation peut être faite concernant la sensibilité des varroas Les résultats d’efficacité sur le ter- au tau-fluvalinate et l’efficacité d’Apis- rain tendent vers une diminution de l’ef- tan® (figure 8 et 10). ficacité de l’Apivar® et pourraient être expliqués par la présence de varroas ré- Figure 10 : Pourcentage d'efficacité terrain Figure 11 : Pourcentage d'efficacité terrain obtenu pour l'Apistan® par la FNOSAD en obtenu pour l'Apivar® par la FNOSAD en 2018 (n=27) (LSA, 291). 2018 (n=48) (LSA, 291). La figure 12 présente les résultats seraient tués avec l’Apitraz®. La vitesse d’efficacité obtenus avec l’Apitraz® de libération de la substance acari- en 2018 par la FNOSAD (n=69) (LSA cide et la durée de traitement seraient n° 291). L’efficacité terrain de l’Api- donc deux paramètres explicatifs, à la traz® semble supérieure à celle de fois de l’efficacité du traitement, mais l’Apivar®. Notre hypothèse est que la également du niveau de résistance des vitesse de libération de l’amitraze est varroas résiduels. Cette hypothèse sera plus importante pour l’Apitraz® que testée en 2020 afin de valider les obser- pour l’Apivar®. Les varroas présentant vations de 2019. une « résistance modérée » à l’amitraze Figure 12 : Pourcentage d'efficacité terrain obtenu pour l'Apitraz par la FNOSAD en 2018 (LSA,291). LSA n° 297 • 5-6/2020 203
Limite d’interprétation noosthuyse et al. 2018). Pendant un des résultats traitement, la proportion de varroas résistants va augmenter dans la colonie Les tests de laboratoire n’ont pas puis dans le rucher. Le taux d’infesta- été réalisés sur des varroas issus de ru- tion post traitement sera révélateur de chers ayant participé aux suivis de la la présence d’une forte proportion de FNOSAD. Il est donc seulement pos- varroas résistants. La résistance d’une sible de comparer les tendances natio- population semblerait apparaître signi- nales des suivis d’efficacité de terrain ficativement après plusieurs années de et les résultats de sensibilité obtenus traitement avec la même substance ac- en laboratoire. Pour valider les hypo- tive (Encadré 3) (FAO 2013). thèses de corrélation observée, des tests complémentaires en laboratoire On appelle « période de réversion » seront réalisés sur des varroas issus le temps nécessaire pour passer d’une des colonies dont l’efficacité des trai- population résistante à sensible. Pour le tements sera également suivie par la varroa, peu d’informations sur la durée FNOSAD en 2020. de la période de réversion sont connues aujourd’hui. Il faudrait attendre entre 4 De plus, l’échantillonnage des po- et 6 ans pour qu’une population de var- pulations de varroas n’est pas aléa- roas fortement résistantes au tau-fluva- toire. En effet, pour l’amitraze, 31 % linate retrouve sa sensibilité (Norber- des populations de varroas (n=11) ont to Milani et Vedova 2002). À ce jour, été échantillonnées pendant ou après aucune information n’est connue sur la le traitement (Apivar®). Sur ces 11 période de réversion pour l’amitraze. populations, 8 sont des populations de varroas résistantes à l’amitraze. Pour De nouvelles stratégies de lutte ? le tau-fluvalinate, une seule popula- tion était issue de colonies en cours de L’utilisation de traitement acaricide traitement à l’Apistan® (pour la deu- entraîne une pression de sélection dans xième année de suite). Cette popula- la population de varroas impliquant tion présentait une résistante « forte » le développement de résistances. Ces au tau-fluvalinate. phénomènes de développement de résistance sont très courants chez les Conséquences pour la lutte insectes et les acariens (FAO 2013 ; contre varroa Vanoosthuyse et al. 2018). La mise en place de stratégies de lutte intégrant la Apparition de populations gestion de la résistance permettrait de de varroas résistantes limiter voire de réduire fortement les résistances à l’amitraze et au tau-flu- L’utilisation fréquente d’une même valinate. L’étude de l’influence des substance active entraîne une pression pratiques apicoles (historique de trai- de sélection sur la population (Va- tement et transhumance) et de l’envi- 204 LSA n° 297 • 5-6/2020
Encadré 3 : Sélection des populations de varroas résistants Les populations de varroas « très sensibles » à une substance acaricide ne deviennent pas résis- tantes en une seule année. Chaque année les varroas les plus résistants sont sélectionnés et la sensi- bilité moyenne de la po- pulation de varroas dimi- nue. Le nombre d’années nécessaires pour passer d’une classe de sensibilité Figure 13 : Évolution de la sensibilité des varroas. à une autre est actuelle- ment inconnu et dépend de la substance acaricide employée. ronnement sur le développement de ment, la stratégie de lutte alternée est résistances fera l’objet d’un prochain utilisée dans certaines régions. L’étude article. des sensibilités de V. destructor dans ces régions permettra de valider l’ap- Les stratégies de lutte intégrée plication de cette stratégie pour l’in- existent dans le monde agricole depuis tégration de la gestion des résistances la seconde guerre mondiale. Le prin- du varroa au tau-fluvalinate et à l’ami- cipe de ces stratégies est d’intégrer des traze. éléments choisis dans la lutte comme des facteurs biologiques, environ- L’explication de la sensibilité des nementaux, économiques et sociaux varroas aux acaricides par les pratiques (Tang et Cheke 2005 ; Ehler 2006). Le apicoles présenterait une perspective développement de résistances des in- encourageante pour lutter contre le sectes et des acariens aux substances développement de résistances après la actives est un des facteurs étudiés les mise en place d’une stratégie adaptée. plus préoccupants (FAO 2013 ; Sudo et al. 2017). Certaines stratégies sont ap- pliquées en agriculture pour limiter les résistances, l’une d’entre elles pourrait être appliquée à l’apiculture. Actuelle- LSA n° 297 • 5-6/2020 205
Contacts Cette étude sur la résistance des varroas aux acaricides est réalisée dans Pour toutes demandes concer- le cadre d’un doctorat entre l’Univer- nant les tests de sensibilité ou d’in- sité de Tours, L’Institut de Recherche formations supplémentaires, contac- sur la Biologie de l’Insecte (IRBI) et le ter Gabrielle Almecija du centre de centre de Recherche et de Formations Recherche et de Formations apicoles, APINOV. Elle est financée par l’Associa- APINOV. tion Nationale de la Recherche Tech- nologie via le dispositif Cifre, APINOV gabrielle.almecija@apinov.com et la société Vita Beehealth. Tél. : 05 46 34 10 71 Remerciements Ce travail a été possible grâce à la participation des membres de l’ADA AURA, de l’OMAA, des vétérinaires et des apiculteurs qui ont réalisé les prélèvements de var- roas. La recherche de populations de varroas sensibles a pu être réalisée grâce aux informations fournies par la FNOSAD, l’Agroscope (Suisse) et l’aide de vétérinaires. Bibliographie citée ❂ Adjlane, Noureddine, Salah-Eddine Doumandji, et Nizar 1999. « Amitraz resistance in Varroa : New discovery in north Haddad. 2012. « Situation de l’apiculture en Algérie : facteurs America ». https://www.ars.usda.gov/research/publications/ menaçant la survie des colonies d’abeilles locales Apis melli- publication/?seqNo115=99664. fera intermissa ». Cahiers Agricultures 21 (4): 235-241 (1). https://doi.org/10.1684/agr.2012.0566. ❂ Elzen, P. J. (usda, F. A. Eischen, J. B. Baxter, J. Pettis, G. W. Elzen, et W. T. Wilson. 1998. « Fluvalinate Resistance in ❂ Beaurepaire, Alexis L., Klemens J. Krieger, et Robin F. A. Varroa Jacobsoni from Several Geographic Locations ». Ame- Moritz. 2017. « Seasonal cycle of inbreeding and recombina- rican Bee Journal (USA). http://agris.fao.org/agris-search/ tion of the parasitic mite Varroa destructor in honeybee co- search.do?recordID=US1997079119. lonies and its implications for the selection of acaricide resis- tance ». Infection, Genetics and Evolution 50 (juin) : 49‑54. ❂ FAO. 2013. « Code international de conduite pour la dis- https://doi.org/10.1016/j.meegid.2017.02.011. tribution et l’utilisation des pesticides - Directives pour la pré- vention et la gestion de la résistance aux pesticides. » Organi- ❂ Dietemann, Vincent, Francesco Nazzi, Stephen J. Mar- sation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculure. tin, Denis L. Anderson, Barbara Locke, Keith S. Delaplane, Quentin Wauquiez, et al. 2013. « Standard methods for var- ❂ Gerson, Uri, Rita Mozes-Koch, et Ephraim Cohen. 1991. « roa research ». Journal of Apicultural Research 52 (1) : 1‑54. Enzyme levels used to monitor pesticide resistance in Varroa https://doi.org/10.3896/IBRA.1.52.1.09. jacobsoni ». Journal of Apicultural Research 30 (1): 17‑20. https://doi.org/10.1080/00218839.1991.11101229. ❂ Dmitryjuk, M., K. Zalewski, M. Raczkowski, et K. Zol- towska. 2015. « Composition of Fatty Acids in the Varroa ❂ González-Cabrera, Joel, Helen Bumann, Sonia Rodrí- Destructor Mites and Their Hosts, Apis Mellifera Drone-Pre- guez-Vargas, Peter J. Kennedy, Klemens Krieger, Gertraut Al- pupae ». Annals of Parasitology 61 (1). http://yadda.icm.edu. treuther, Annemarie Hertel, Gillian Hertlein, Ralf Nauen, et pl/yadda/element/bwmeta1.element.agro-959d8ebf-bdc1- Martin S. Williamson. 2018. « A Single Mutation Is Driving 4975-b707-0fd54fc6302a. Resistance to Pyrethroids in European Populations of the Pa- rasitic Mite, Varroa Destructor ». Journal of Pest Science 91 ❂ Dynes, Travis L., Jacobus C. De Roode, Justine I. Lyons, (3) : 1137‑44. https://doi.org/10.1007/s10340-018-0968-y. Jennifer A. Berry, Keith S. Delaplane, et Berry J. Brosi. 2017. « Fine Scale Population Genetic Structure of Varroa Des- ❂ González-Cabrera, Joel, T. G. Emyr Davies, Linda M. Field, tructor, an Ectoparasitic Mite of the Honey Bee (Apis Melli- Peter J. Kennedy, et Martin S. Williamson. 2013. « An Amino fera) ». Apidologie 48 (1): 93‑101. https://doi.org/10.1007/ Acid Substitution (L925V) Associated with Resistance to Py- s13592-016-0453-7. rethroids in Varroa Destructor ». PLOS ONE 8 (12): e82941. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0082941. ❂ Ehler, Lester E. 2006. « Integrated pest management (IPM): definition, historical development and implementation, and ❂ González-Cabrera, Joel, Sonia Rodríguez-Vargas, T. G. the other IPM ». Pest management science 62 (9) : 787–789. Emyr Davies, Linda M. Field, Daniel Schmehl, James D. El- lis, Klemens Krieger, et Martin S. Williamson. 2016. « Novel ❂ Elzen, Baxter, Spivak, Wilson, Patti, James, Marla, William. Mutations in the Voltage-Gated Sodium Channel of Pyre- 206 LSA n° 297 • 5-6/2020
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