Séquence 6 Justice sociale et inégalités - Sommaire

 
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Séquence 6

    Justice sociale
    et inégalités
Sommaire

Introduction
Comment analyser et expliquer les inégalités ?
Comment les pouvoirs publics peuvent-ils contribuer à la justice sociale ?
Corrigé des activités

                                                       Séquence 6 – SE01     1

                                                                           © Cned - Académie en ligne
Introduction
 La séquence 4 (« Classes, stratification et mobilité sociales ») nous a
 permis de constater que la société française était construite autour de
 groupes sociaux bien distincts. Nous allons maintenant montrer que
 cette stratification sociale repose sur de profondes inégalités entre les
 individus, en associant ces inégalités à la notion de justice sociale. Nous
 présenterons dans un premier temps la diversité des inégalités au sein
 de la société française, mais également à l’échelle internationale (Cha-
 pitre 1), avant d’analyser les principaux instruments dont se sont dotés
 les pouvoirs publics pour lutter contre ces inégalités et tenter de contri-
 buer à une société plus juste (Chapitre 2).

                                                    Séquence 6 – SE01          3

                                                                          © Cned - Académie en ligne
1             Comment analyser et
                                              expliquer les inégalités ?
                                              Introduction

                                              Les sociétés actuelles, en France et à l’étranger, reposent sur de nom-
                                              breuses inégalités. Cette notion revêt différents aspects : on distinguera
                                              ainsi les inégalités économiques (A) des inégalités sociales et culturelles
                                              (B) avant de mettre en évidence l’éventuel cumul de ces inégalités (C).

                                    Pré-requis                          Notions à acquérir

                             Salaire, revenu, profit, revenus
                                                                    Inégalités économiques, inégalités sociales.
                             de transfert.

                                              Sensibilisation :

                                              Document 1 : Qu’est-ce qu’une inégalité ?
                                              Qu’est-ce qu’une inégalité au juste ? La chose n’est pas si facile à défi-
                                              nir que cela. Toutes les pratiques sociales ne peuvent se hiérarchiser.
                                              Comment ainsi mesurer la différence de plaisir que procure une partie
                                              de boules et une « reprise » d’équitation ? Pour quelle raison devrait-on
                                              préférer Bach à Las Ketchup ? […]
                                              La démarche consistant à réinterpréter
                                                                                  p     l’inégalité
                                                                                             g      en termes de différence
                                              est l’outil de p
                                                             prédilection des individus privilégiés
                                                                                         p      g quiq espèrent
                                                                                                           p      bien,, p
                                                                                                                         par
                                              là même,, conforter leur position
                                                                         p         sociale. Ce type de raisonnement peut
                                              ainsi être une manière de dire : « certes, vous n’êtes pas bien riches,
                                              mais, voyez-vous, l’argent ne fait pas le bonheur. Nos niveaux de revenus
                                              sont différents ; ils ne sont pas inégaux… ». De même, si les femmes sont
                                              « faites » pour élever les enfants… elles n’ont plus qu’à rester au foyer :
                                              nul besoin pour elles d’entreprendre des études avancées, nul besoin
                                              d’aspirer à des postes de responsabilité, nul besoin, autrement dit, pour
                                              elles, de souhaiter se réaliser ailleurs qu’au sein de leur foyer. On dira
                                              alors qu’il ne s’agit pas d’une situation d’inégalité, mais d’une simple
                                              prise en compte de la différence homme - femme. […]
                                              Il faut en réalité distinguer ce qui dans ces différences subies relève de
                                              la « nature » et ce qui relève d’un ordre artificiel, celui de la société. De
                                              ce point de vue, l’inégalité est une différence socialement produite que
                                              subit un individu ou un groupe d’individus.
                                                                                              © Observatoire des inégalités.

                      4      Séquence 6 – SE01

© Cned - Académie en ligne
Activité 1     Qu’est-ce qu’une inégalité ?
                Le fait de préférer la pétanque à l’équitation traduit-il une différence
                   ou une inégalité ? Justifiez votre réponse.
                Expliquez la phrase soulignée.
                Proposez une définition du terme « inégalité ».

               La notion d’inégalité se distingue de celle de différence, plus générale.
               Ainsi, une inégalité implique toujours un avantage ou un désavantage
               dans la société. Les inégalités expliquent la hiérarchie sociale : l’exis-
               tence de groupes sociaux (au sein d’un pays ou entre des pays différents)
               repose sur les inégalités qui les caractérisent. Les inégalités peuvent
               prendre de multiples formes, qu’on regroupe le plus souvent en deux
               vastes catégories : les inégalités économiques et les inégalités sociales.

     A         Les inégalités économiques

               1. inégalités de richesses en France

               a) des inégalités de salaires…

               Document 2 : Salaires mensuels nets (en euros) selon le sexe et la
               catégorie socioprofessionnelle
     5000

     4500
                  4883
     4000

     3500                                                                       Hommes
     3000                                                                       Femmes
     2500                                                                       Ensemble
                               2068                                  2069
     2000
                                             1432       1523
     1500
     1000

      500

        0
               Cadres     Professions    Employés   Ouvriers     Ensemble
             supérieurs intermédiaires

                                                                                  INSEE.

                                                                    Séquence 6 – SE01       5

                                                                                         © Cned - Académie en ligne
Activité 2   Inégalités salariales
                                          Questions
                                           Faites une phrase donnant la signification des données entourées.
                                           Comparez ces données par un calcul.
                                           Quelles sont les idées essentielles de ce document ?

                                          Les inégalités de salaires en France sont dues en partie à la valeur
                                          sociale attribuée aux différents emplois (valeur qui dépend elle-même
                                          du niveau de responsabilité du poste ou, éventuellement, de « l’utilité
                                          sociale » de ce poste). Par exemple, les hautes responsabilités du PDG
                                          d’une grande entreprise légitiment un salaire plus élevé que celui des
                                          ouvriers de cette entreprise. Ainsi, la catégorie socioprofessionnelle est
                                          un critère important d’inégalité salariale.
                                          L’autre critère déterminant est le sexe des actifs. Tous temps de travail
                                          confondus, les salaires des femmes équivalent en moyenne à 73 % de
                                          celui des hommes (source : Ministère du travail, données 2006). Ces
                                          inégalités proviennent avant tout des différences de temps de travail.
                                          Les femmes travaillent en effet cinq fois plus souvent en temps partiel
                                          que les hommes. Toutefois, à temps de travail et qualifications équiva-
                                          lents, on estime qu’environ 10 % des écarts salariaux entre hommes et
                                          femmes demeurent inexpliqués (ces écarts relèvent donc d’une forme de
                                          discrimination salariale).
                                                                 e

                                          Document 3 : Distribution des salaires mensuels nets (en euros)
                                          en 2008

                                                 Pourcentage des salariés        Hommes         Femmes        Ensemble

                                                : 10 % des salariés ont un
                                                                                  1170           1064            1123
                                           salaire net mensuel inférieur à…

                                                 D2 : 20 % des salariés…          1316           1188            1261

                                                 D3 : 30 % des salariés…          1446           1287            1382

                                                 D4 : 40 % des salariés…          1580           1392            1509

                                            Médiane = D5 : 50 % des sala-
                                                                                  1734           1517            1655
                                                       riés…

                                                 D6 : 60 % des salariés…          1927           1674            1836

                                                 D7 : 70 % des salariés…          2196           1883            2078

                                                 D8 : 80 % des salariés…          2640           2178            2466

                                                 D9 : 90 % des salariés…           3563          2754           3267

                                                  Champ : salariés à temps complet du secteur privé et semi-public, France.
                                                                                                               Insee, 2010

                      6      Séquence 6 – SE01

© Cned - Académie en ligne
Activité 3   Distribution des salaires en France
             Questions
              Les chiffres confirment-ils une partie du document 2 ? Justifiez votre
                réponse.
              Pour chaque donnée soulignée, faites une phrase en donnant la
                signification de 2 façons différentes.
              Qu’est-ce que le salaire médian ?
              Proposez un calcul mesurant l’écart relatif entre « 1123 » et « 3267 »
                (colonne « Ensemble »). Faites une phrase avec votre résultat.
             Pour mesurer les inégalités économiques, il est fréquent d’utiliser les
             quantiles. Un quantile est une borne qui sépare une population en par-
             ties égales. Ainsi, la médiane est le quantile qui sépare une population
             en deux parties égales : la moitié de la population se trouve au-dessus
             de la médiane (il s’agit des 50 % les plus favorisés), l’autre moitié en
             dessous (les 50 % les moins favorisés).

             Il existe également les quartiles, qui séparent une population en quatre
             parties (chacune représentant donc 25 % de la population) ou les quin-
             tiles, séparant la population en cinq parties (chacune représentant 20 %
             de la population).

             L’INSEE utilise le plus souvent des données classées en déciles. La
             population est alors répartie en 10 groupes (chacun correspondant à
             10 % de la population), séparés par 9 bornes, appelées D1, D2, D3,…
             jusqu’à D9.
              D1
                est la borne sous laquelle se trouvent les 10 % de la population les
              moins favorisés
              D2
                est la borne sous laquelle se trouvent les 20 % de la population les
              moins favorisés, etc.
              D9 est donc la borne sous laquelle se trouvent les 90 % de la popula-
              tion les moins favorisés : autrement dit, D9 est la borne au-dessus de
              laquelle se trouvent les 10 % de la population les plus favorisés.

             Dès lors, il est possible de calculer le rapport interdéciles D9/D1 : il s’agit
             d’un coefficient multiplicateur mesurant les écarts de richesse entre les
             10 % les plus favorisés et les 10 % les moins favorisés. Plus ce rapport
             est élevé, plus les inégalités sont grandes.

                    Remarque

               D5 est le décile sous lequel se trouvent les 50 % de la population les moins
               favorisés. Il s’agit donc de la médiane.

                                                                    Séquence 6 – SE01           7

                                                                                              © Cned - Académie en ligne
b)… et des inégalités de patrimoine…

                                                Le patrimoine désigne l’ensemble des biens que possède un agent éco-
                                                nomique à un moment donné.
                                                Ces biens, également appelés actifs, se décomposent en deux catégories :
                                                 les actifs non financiers (appelés aussi actifs réels) : il s’agit principa-
                                                  lement d’actifs matériels comme les logements, les terres, ou, éven-
                                                  tuellement, les machines (pour les entrepreneurs individuels).
                                                 les actifs financiers : ils regroupent l’épargne des ménages. Celle-ci peut
                                                  être liquide (comptes chèques dans les banques par exemple) ou non
                                                  liquide (comme les titres financiers possédés : actions, obligations).
                                                La possession de patrimoine permet de dégager des revenus du patri-
                                                moine : loyer d’un bien immobilier, dividendes rémunérant des actions,
                                                ou intérêts rémunérant une épargne par exemple.

                                                        Remarque

                                                   On distinguera également patrimoine brut et patrimoine net. Par exemple,
                                                   si un ménage possède une maison qui n’est pas encore complètement
                                                   payée (le ménage doit rembourser un emprunt qui lui a permis de l’ache-
                                                   ter), le patrimoine brut correspond à la valeur de la maison et le patrimoine
                                                   net à cette valeur diminuée des dettes restant à rembourser.

                                                Document 4 : Montant du patrimoine des Français en 2010

                                                                                   Patrimoine net global (en euros)

                                                                         Moyen          Médian            D9             D1

                          Artisans, commerçants, chefs d’entreprise     550 800        266 800         959 500          9 700

                          Cadres                                        337 400        214 500         660 800         10 000

                          Employés                                       96 000         21 700         267 700           300

                          Ouvriers non qualifiés                         53 500          5 500         174 800          100

                          Ensemble                                      229 300        113 500         501 600          1 600

                                                                                          Insee, enquête Patrimoine 2009-2010.

                             Activité 4         Patrimoine des Français
                                                Questions
                                                 Pour chaque donnée soulignée, faites une phrase en donnant la
                                                    signification.

                      8      Séquence 6 – SE01

© Cned - Académie en ligne
 Quelle est la différence entre le patrimoine moyen et le patrimoine
                 médian ?
              Comment peut-on expliquer les inégalités de patrimoine constatées
                 dans ce document ?

             c)… aux inégalités de revenu disponible

             Les inégalités de salaire et de patrimoine peuvent être analysées
             conjointement, à travers les inégalités de revenu disponible. Le revenu
             disponible est le revenu dont dispose effectivement un ménage, qu’il
             peut épargner ou consommer.
             Il s’agit de la somme des revenus primaires (revenus du travail, tels que
             les salaires, et revenus du patrimoine) et des prestations sociales reçues
             (allocations familiales, assurances maladie, etc.), déduite des impôts et
             des cotisations sociales.
             L’INSEE utilise le revenu disponible pour mesurer le niveau de vie d’un
             ménage. Celui-ci désigne la quantité de biens et services que peut pos-
             séder un ménage.

             Document 5 : Distribution des niveaux de vie (en euros) en 2009

        40 000
        30 000
        20 000
        10 000
             0
                   D1        D2     D3       D4       D5        D6     D7       D8       D9
                                                      Déciles
                 Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées 2002 à 2004, Insee-
                     DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005 à 2009.

Activité 5   Distribution des niveaux de vie

             Questions

              Faites une phrase donnant la signification de la donnée D5.
              Calculez le rapport interdéciles D9/D1 et faites une phrase avec votre
                 résultat.
              Comparez le résultat de la Q2 à celui de la Q4 de l’activité 3 (rapport
                 interdéciles des salaires). Que peut-on en déduire ?

                                                                     Séquence 6 – SE01            9

                                                                                              © Cned - Académie en ligne
2. Concentration des richesses en France
                                          La mesure de la concentration des richesses permet d’analyser les iné-
                                          galités économiques de façon plus pertinente. Étudier la concentration
                                          d’une série statistique revient à répondre à la question : quel pourcen-
                                          tage de la richesse totale (du revenu total, du patrimoine total, etc.)
                                          détient tel pourcentage de la population ?
                                          La courbe de Lorenz est un outil statistique permettant d’illustrer cette
                                          concentration. Cette courbe est construite dans le repère suivant :
                                           en  abscisse : la population cumulée (en %), classée, de gauche à
                                            droite, de la moins favorisée à la plus aisée.
                                           en ordonnée : le pourcentage cumulé (en %) de la richesse. Il existe
                                            donc une courbe de Lorenz spécifique pour chaque indicateur de
                                            richesse (courbe de Lorenz des salaires, du patrimoine, etc.).

                                          Document 6 : Concentration des revenus en France en 2009

                                                 Part cumulée des revenus
                                                 des ménages (en %)
                                                 100
                                                  90
                                                  80

                                                  70
                                                  60
                                                  50

                                                  40

                                                  30

                                                  20

                                                  10
                                                   0
                                                       0    10     20       30   40   50     60     70     80    90    100
                                                                                           Part cumulée des ménages (en %)

                                                  Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées 2003
                                                 à 2004,
                                                 Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et
                                                 sociaux 2005 à 2009.

                             Activité 6   Concentration des revenus en France

                                          Questions
                                           Faites une phrase donnant la signification des deux points de deux
                                             façons différentes.

                     10      Séquence 6 – SE01

© Cned - Académie en ligne
 Que représente la diagonale ? Que peut-on en déduire quant à la
                répartition des revenus en France ?

             Document 7 : Concentration du patrimoine en France en 2010

Activité 7   Concentration du patrimoine
                                                      Masse du patrimoine
             en France                                                            En %
                                                         détenue par :
             Questions                            les 90 % les plus pauvres        52

              Construisez                        les 80 % les plus pauvres        35
                              la courbe de
                Lorenz du patrimoine en           les 70 % les plus pauvres        23
                France (en vous appuyant sur      les 60 % les plus pauvres        14
                le doc 6 : en abscisses, part     les 50 % les plus pauvres         7
                cumulée des ménages en % ;        les 40 % les plus pauvres         2
                en ordonnée, part cumulée         les 30 % les plus pauvres         1
                du patrimoine en %).              les 20 % les plus pauvres         0
              Comparez       l’allure  des       les 10 % les plus pauvres         0
                2 courbes de Lorenz (revenu
                et patrimoine). Que pouvez-           D’après l’Insee, enquêtes Patrimoine
                vous en déduire ?                                                    2010.

             En France, les inégalités de patrimoine sont les inégalités économiques
             les plus fortes. Ainsi, environ 20 % de la population ne possèdent aucun
             patrimoine. Ces inégalités ont augmenté depuis une vingtaine d’années,
             essentiellement en raison de la forte hausse du prix des actifs patrimo-
             niaux (notamment les biens immobiliers).
             Les inégalités de patrimoine sont à l’origine d’un cercle vicieux d’iné-
             galités économiques : plus un ménage possède de patrimoine, plus il
             bénéficiera de revenus du patrimoine (loyers, dividendes, intérêts), d’où
             un creusement des inégalités de revenu disponible. De plus, ces revenus
             accrus facilitent la constitution de patrimoine supplémentaire, accrois-
             sant encore davantage les inégalités.
             Les inégalités économiques sont d’importance en France, mais elles se
             retrouvent également à l’échelle internationale.

             3. la pauvreté en Europe
             La pauvreté est un aspect des inégalités économiques. On distingue
             principalement :
              lapauvreté absolue : situation des personnes qui ne disposent pas de
              la quantité minimale de biens et services permettant une vie normale.
              Selon l’ONU, un individu est dit en état de pauvreté absolue quand il
              n’a pas les moyens de se procurer un «panier» de biens considérés
              comme indispensables à sa survie.

                                                                 Séquence 6 – SE01           11

                                                                                         © Cned - Académie en ligne
 la pauvreté relative : pauvreté fixée par comparaison avec le niveau de
                                            vie moyen du pays considéré. Elle est le plus souvent définie par une
                                            proportion du revenu médian, appelée seuil de pauvreté. En France, un
                                            ménage est considéré comme pauvre par l’INSEE quand il dispose de
                                            moins de 50 % du revenu médian français. Dans l’Union européenne,
                                            ce seuil est fixé à 60 % du revenu médian européen.
                                          Dès lors, le taux de pauvreté correspond à la proportion d’une popula-
                                          tion se trouvant sous le seuil de pauvreté.

                                          Document 8 : La pauvreté dans l’Union européenne en 2009

                                                      http://www.touteleurope.eu, d’après des données Eurostat, 2009.

                             Activité 8   La pauvreté dans l’UE
                                          Questions
                                           Pourquoi le seuil de risque de pauvreté est-il calculé « après trans-
                                             ferts sociaux » ?
                                           Faites une phrase donnant le sens de la donnée pour la France sans
                                             utiliser l’expression « seuil de risque de pauvreté ».
                                           Quels regroupements de pays peut-on effectuer ? Proposez une clas-
                                             sification.
                                          Plus de 15 % de la population de l’UE vit sous le seuil de pauvreté. Les
                                          pays nordiques, l’Autriche et les Pays-Bas sont les états où le taux de
                                          pauvreté est le plus faible (11 à 12 %), juste devant la France. Les taux
                                          les plus élevés sont relevés en Europe de l’est, en Roumanie et en Bul-
                                          garie (plus de 20 %). Les inégalités économiques en Europe sont donc
                                          fortes.

                     12      Séquence 6 – SE01

© Cned - Académie en ligne
4 - l’inégalité des revenus mondiaux
             Le PIB par habitant d’un pays peut également être un outil de mesure
             des inégalités internationales. Il met en évidence les richesses produites
             par habitant au sein d’un pays, signe de croissance et, le plus souvent,
             de développement.

             Document 9 : PIB par habitant dans le monde en 2005

                                                  PIB par habitant     Indice 100 pour la
                                                        en $           moyenne mondiale

             Pays à hauts revenus                     33 082                  347

             OCDE                                     29 197                  306

             Europe centrale et de l’Est et CEI        9 527                  100

             Amérique latine et Caraïbes               8 417                  88

             États arabes                              6 716                  70

             Asie de l’Est et Pacifique                6 604                  69

             Asie du Sud                               3 416                  36

             Pays à bas revenus                        2 531                  27

             Afrique Sub-saharienne                    1 998                  21

             Monde                                     9 543                  100

                                                       © Observatoire des inégalités, 2008

Activité 9   PIB par habitant dans le monde
             Questions
              Comparez, par un calcul, le PIB par habitant des pays à hauts revenus
                à celui des pays à bas revenus.
              Faites une phrase donnant la signification des données entourées.
              Quelle est l’idée principale de ce document ?

             Les inégalités économiques internationales, en termes de PIB par habi-
             tant, sont extrêmement élevées entre les pays développés et les pays en
             développement. Ainsi, le PIB/hab en Afrique subsaharienne est 5 fois
             inférieur à la moyenne mondiale. La plupart des pays les plus pauvres se
             trouvent d’ailleurs en Afrique.
             Plus généralement, la distribution des richesses mondiales est très iné-
             galitaire. On estime aujourd’hui que les 10 % les plus riches possèdent
             plus de 80% du revenu mondial. À l’opposé, la moitié des individus les
             plus pauvres ne détient que 1 % du patrimoine mondial.

                                                                     Séquence 6 – SE01        13

                                                                                            © Cned - Académie en ligne
La richesse mondiale est inégalement répartie selon les régions. L’Amé-
                                          rique du Nord et l’Europe détiennent plus de 60 % des richesses mon-
                                          diales, tandis que l’Afrique ne dispose que de 1 % de ces richesses.
                                          Ces inégalités peuvent être mises en évidence par le coefficient de Gini,
                                          un outil statistique, obtenu à partir de la courbe de Lorenz, qui mesure le
                                          degré d’inégalité de la distribution des richesses dans un pays donné. Ce
                                          coefficient est un nombre variant de 0 à 1, 0 indiquant une distribution
                                          parfaitement égalitaire (la diagonale de la courbe de Lorenz) et 1 une
                                          distribution parfaitement inégalitaire.
                                          Ainsi, le coefficient de Gini des revenus de la Suède ou de la Finlande
                                          est proche de 0,2, tandis que celui de la Namibie ou du Botswana est
                                          supérieur à 0,6.

                                   B      Les inégalités sociales et culturelles

                                          1. inégalités face à la culture et aux études
                                          Document 10 : Nombre de livres lus en 2008 selon la catégorie
                                          socioprofessionnelle

                                                                                                              nombre
                                                                                        10 à    20 à   50 ou
                                                   En %            0     1à4    5à9                          moyen de
                                                                                         19      49     plus
                                                                                                             livres lus

                                              Agriculteurs        50      25      8       8       3      6         17

                                                Artisans,
                                            Commerçants et        27      28      9      15      12      7         19
                                           Chefs d’entreprises

                                                   Cadres
                                                                  10      21      14     24      18      12        23
                                                 supérieurs

                                               Professions
                                                                  19      29      14     19      12      6         16
                                             intermédiaires

                                                 Employés         32      28      12     14       9      4         13

                                                  Ouvriers        45      27      10      8       7      2         11

                                                        Ministère de la Culture, enquête sur les pratiques culturelles, 2008.

                     14      Séquence 6 – SE01

© Cned - Académie en ligne
Document 11 : Diplôme des jeunes de 20 à 24 ans en fonction du
                      milieu social

100%
  90
  80                                                                          Études supérieures
  70                                                                          Baccalauréat général
  60                                                                          Baccalauréat technologique
  50                                                                          Baccalauréats professionnels
  40                                                                          et équivalents
                                                                              CAP BEP
  30
  20                                                                          Brevet ou aucun diplôme

  10
   0
       0uvriers, employés      Indépendants, cadres,        Ensemble
                            enseignants et intermédiaires
                                    Ministère de l’éducation nationale, L’état de l’école, novembre 2010.

Activité 10           Inégalités face à la culture et aux études

                      Questions
                       Faites une phrase donnant la signification des données entourées
                            (doc 10).
                       Quelles inégalités face à la lecture de livres sont à mettre en évi-
                            dence (doc 10) ?
                       En une phrase, décrivez la situation des jeunes âgés de 20 à 24 ans
                            en 2010 (doc 11).
                       Dans quelle mesure peut-on-parler d’inégalités face à la scolarité
                            (doc 11) ?

                      Les écarts entre les catégories sociales dans l’accès à la culture sont
                      importants. Ainsi, 50 % des agriculteurs et 45 % des ouvriers ne lisent
                      pas de livres contre 10 % des cadres supérieurs.

                      Les inégalités d’accès à la culture entre catégories sociales ne reposent
                      pas forcément sur des écarts de richesse économique, mais davantage
                      sur des éléments sociaux tels que le niveau de diplôme ou le milieu fami-
                      lial. Les inégalités peuvent ainsi se former dès le plus jeune âge (plus on
                      dispose de livres étant jeunes, plus on a de chance d’en lire par la suite).

                      Ces inégalités se retrouvent au niveau des diplômes obtenus en fonc-
                      tion de la catégorie sociale. Plus précisément, le type de filière emprun-

                                                                               Séquence 6 – SE01             15

                                                                                                           © Cned - Académie en ligne
tée diffère fortement selon le milieu social. La répartition des bache-
                                          liers 2009 selon les trois grandes filières (générale, technologique et
                                          professionnelle) indique que les enfants d’ouvriers se répartissent
                                          presque équitablement selon les trois types de baccalauréat, tandis
                                          que les enfants de cadres privilégient nettement la voie générale. Or,
                                          celle-ci est la plus favorable à la poursuite d’études supérieures lon-
                                          gues ; de fait, elle peut conduire à l’accès à des positions sociales plus
                                          valorisées.

                                          2. inégalités face à la mort
                                          L’espérance de vie à la naissance dans le monde s’est accrue de manière
                                          considérable en un demi-siècle. Tandis que les générations nées au
                                          début des années 1950 pouvaient espérer vivre en moyenne un peu
                                          moins de 47 ans, celles nées entre 2005 et 2010 peuvent atteindre en
                                          moyenne un âge supérieur à 67 ans.
                                          Mais l’espérance de vie des populations des régions développées est
                                          de 77 ans aujourd’hui, contre seulement 56 ans dans les régions les
                                          moins avancées. Malgré une réduction de cet écart depuis plusieurs
                                          décennies, l’espérance de vie des pays les plus pauvres équivaut à
                                          celle des pays riches avant les années 1950. L’Afrique subsaharienne
                                          (51 ans) a l’espérance de vie la plus faible au monde. La faible crois-
                                          sance de cette région fait que les pouvoirs publics peuvent difficile-
                                          ment investir dans des secteurs de développement (tels que les infras-
                                          tructures de santé).
                                          À l’opposé, c’est en Europe occidentale (80 ans) et en Amérique du Nord
                                          (79) qu’elles sont les plus fortes. Les progrès réalisés dans le domaine
                                          médical l’expliquent dans une large mesure.
                                          En France, de fortes inégalités internes face à la mort demeurent, notam-
                                          ment en fonction de la catégorie sociale des individus. Ainsi, en 2011,
                                          l’espérance de vie d’une femme cadre de 35 ans est de 52 ans tandis
                                          que celle d’une ouvrière n’est que de 49 ans. Les hommes cadres de
                                          35 ans peuvent espérer vivre encore 47 ans et les hommes ouvriers 41
                                          ans. La nature des professions exercées peut expliquer en partie ces
                                          écarts. Les cadres ont en effet moins d’accidents du travail ou de mala-
                                          dies liées à leur profession que les ouvriers. De plus, ils appartiennent
                                          à un groupe social dont les modes de vie sont favorables à une bonne
                                          santé. Ainsi, les comportements de santé à risque ou encore le moindre
                                          recours et accès aux soins sont plus fréquents chez les ouvriers que
                                          chez les cadres.

                     16      Séquence 6 – SE01

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C       Des inégalités qui se cumulent

              1. le cumul des inégalités…

              Document 12 : Le cumul des inégalités
              À plusieurs reprises, cependant, nous avons eu l’occasion de relever
              entre ces différents aspects (des inégalités entre catégories sociales)
              des relations étroites et complexes. Ainsi les inégalités de revenu dis-
              ponible ne peuvent qu’engendrer des inégalités de patrimoine ; inverse-
              ment, ces dernières contribuent aux premières par le biais des revenus
              patrimoniaux. De même, des inégalités de conditions de travail décou-
              lent des inégalités face à la maladie et à la mort ; et les inégalités face
              au logement contribuent aux inégalités face à la santé et face à l’école.
              Ou encore les inégalités de situation dans la division sociale du travail
              engendrent dans la descendance des dispositions ou des capacités
              diverses face à la formation scolaire, qui se traduiront par des résultats
              scolaires inégaux, débouchant sur des qualifications professionnelles
              inégales et des insertions inégales dans la division sociale du travail, la
              boucle étant bouclée.
              Ces quelques exemples suggèrent que les inégalités
                                                               g        forment système
                                                                                  y      .
              D’une part, elles s’engendrent les unes les autres ; d’autre part, elles
              contribuent à former un processus cumulatif, au terme duquel les pri-
              vilèges se regroupent à l’un des pôles de l’échelle sociale tandis qu’à
              l’autre pôle se multiplient les handicaps ; enfin, elles tendent à se repro-
              duire dans le cours des générations.
                                    Alain Bihr et Roland Pfefferkorn, Déchiffrer les inégalités.

Activité 11   Le cumul des inégalités
              Questions
               Proposez un exemple montrant que les inégalités sociales peuvent
                 entraîner des inégalités économiques.
               Proposez un exemple montrant que les inégalités économiques peu-
                 vent entraîner des inégalités sociales.
               Expliquez le passage souligné.

                                                                     Séquence 6 – SE01             17

                                                                                              © Cned - Académie en ligne
2. une illustration : les inégalités face au
                                             logement

                                             Document 13 : Inégalités face au logement

                                                                           Logement                     L'un ou l'autre :
                                                                           de qualité   Surpeuplement      logement
                                                                           médiocre                      inconfortable

                                  Âge de la personne de référence
                                  - moins de 30 ans                            9             21                28
                                  - 60 ans et plus                             6              2                7
                                  Type de ménage
                                  - personne seule                             7              6                12
                                  - famille monoparentale                     14             19                29
                                  - couple avec un enfant                      6              7                12
                                  Ménage d’origine :
                                  - non immigrée                               6              7                13
                                  - immigrée : Europe                          8             12                17
                                  - immigrée : Maghreb                        12             37                42
                                  Type de revenu :
                                  - 1err quintile (ménages « modestes »)      12             20                28

                                  - 5e quintile (ménages « aisés »)            3              2                5
                                                                                         Insee, enquête Logement 2006.

                          Activité 12        Inégalités face au logement
                                             Questions
                                              Faites une phrase donnant la signification de chaque donnée souli-
                                                 gnée.
                                              A l’aide des chiffres du document, montrez que les inégalités écono-
                                                 miques sont à l’origine d’inégalités en termes de logement.
                                              Proposez un enchaînement montrant que les inégalités en termes de
                                                 logement peuvent être à l’origine d’inégalités économiques.

                                             Les différents types d’inégalités, économiques et sociales, interagissent
                                             entre elles. Elles constituent un processus cumulatiff d’ensemble, et for-
                                             ment un système vertueux pour les plus favorisés, vicieux pour les plus
                                             démunis, en se reproduisant le plus souvent de génération en génération.

                     18      Séquence 6 – SE01

© Cned - Académie en ligne
Ainsi, un ménage qui dispose d’un faible revenu pourra difficilement
se constituer un patrimoine ; or, ce patrimoine aurait pu lui permettre
de percevoir des revenus supplémentaires (les revenus du patrimoine).
Un faible revenu pénalise également l’accès à certains biens et services
de consommation, notamment de produits culturels, et ne permet pas
de vivre dans un environnement confortable. Or, l’accès à la culture et
de bonnes conditions de vie peuvent contribuer à la réussite scolaire, à
l’accès à des diplômes valorisés et à une position sociale avantageuse,
notamment en termes de revenu. Des inégalités économiques entraînent
donc des inégalités sociales qui, à leur tour, creusent des écarts écono-
miques.

3. … peut-être à l’origine d’un certain renou-
veau des inégalités

Document 14 : Le renouveau des inégalités
[Ce] n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que l’on a pu véritable-
ment mesurer que l’inégalité des salaires et des revenus avait diminué
dans les pays occidentaux depuis le XIXe siècle, à la suite de quoi de
nouvelles prédictions furent formulées. La plus célèbre fut celle de Kuz-
nets [1955] : selon Kuznets, l’inégalité est partout appelée à dessiner
une courbe en U inversé au cours du processus du développement, avec
une première phase d’inégalités croissantes lors de l’industrialisation et
de l’urbanisation des sociétés agricoles traditionnelles, suivie par une
seconde phase de stabilisation, puis de diminution substantielle des
inégalités. […]
Mais c’est surtout la constatation, dans les années 1980, que l’inégalité
                                                                    g
avait recommencé à augmenter
                         g        dans les ppays
                                               y occidentauxx depuis les
années 1970 qui a porté le coup fatal à l’idée d’une courbe en U inversé
reliant inexorablement développement et inégalité. […]
L’inégalité n’a véritablement augmenté qu’aux États-Unis et au Royaume-
Uni, mais dans tous les pays l’inégalité des salaires a au minimum cessé
de décroître pendant les années 1980. Cela distingue les pays occiden-
taux des pays moins développés, ou aucune tendance de ce type n’a pu
être détectée [Davis, 1992]. […]
[Il] serait évidemment erroné de résumer l’évolution de l’inégalité dans
un pays comme la France depuis la fin des années 1970 par des écarts
de revenu et de salaire entre les 10 % les plus pauvres et les 10 % les
plus riches à peu près constants. Si une relative stabilité des écarts de
revenu disponible entre ménages a pu être obtenue dans de nombreux
pays, et notamment en France, c’est uniquement parce que les transferts
sociaux ont réussi à compenser à peu près la perte de revenu d’activité
du nombre croissant de chômeurs. En l’absence de ces transferts (allo-
cations chômage, RMI, etc.), l’évolution des inégalités de revenu aurait
été la même que dans les pays anglo-saxons.

                                                  Séquence 6 – SE01          19

                                                                        © Cned - Académie en ligne
Document 15 : Part du décile supérieur dans le revenu total en France
                                            En %
                                             50

                                             45

                                             40

                                             35

                                             30

                                              25
                                             1900-1910   1923   1933    1943    1953   1963    1973    1983   1993    2004

                                              Thomas PIKETTY,
                                                           Y L’économie des inégalités, coll. Repères, © La Découverte, 2008.
                                                                                                  www.editionsladecouverte.fr

                          Activité 13     Renouveau des inégalités

                                          Questions
                                           Expliquez la théorie de Kuznets (doc 14).
                                           Faites une phrase donnant la signification de la donnée pour 2004
                                             (doc 15).
                                           Le document 15 confirme-t-il le passage souligné (doc 14) ?

                                           Qu’est-ce qui peut expliquer ce retour des inégalités ?

                                          La croissance et le développement d’un grand nombre de pays se sont
                                          accompagnés d’une réduction importante des inégalités économiques
                                          depuis le début du XXe siècle. Cependant, ces inégalités ont tendance
                                          à croître de nouveau depuis les années 1980, et ce dans la plupart des
                                          pays développés.
                                          Les inégalités de patrimoine ont, en particulier, fortement augmenté,
                                          notamment en raison de l’augmentation soutenue du prix des biens
                                          patrimoniaux. Par ailleurs, les revenus du travail ont, depuis une tren-
                                          taine d’années, augmenté beaucoup moins vite que les revenus du patri-
                                          moine (tels que les loyers perçus ou les rémunérations des actions pos-
                                          sédées). Or ces derniers sont essentiellement perçus par les ménages

                     20      Séquence 6 – SE01

© Cned - Académie en ligne
les plus aisés en termes de revenus (car un revenu important est néces-
saire à la constitution d’un patrimoine), ce qui a accru les inégalités
entre cette portion la plus favorisée et le reste de la population.
Enfin, la montée du chômage depuis les années 1970 peut expliquer
la recrudescence des inégalités de revenu disponible : en perdant leur
emploi, les individus perdent aussi leur revenu du travail, et cette perte
n’est que partiellement compensée par les transferts sociaux (alloca-
tions chômage, RSA).

                                                  Séquence 6 – SE01          21

                                                                        © Cned - Académie en ligne
Comment les pouvoirs publics

                                2            peuvent-ils contribuer à la jus-
                                             tice sociale ?

                                              Introduction

                                              La puissance publique a un rôle déterminant à jouer pour garantir une
                                              plus grande justice au sein de la société. Ainsi, nous montrerons que la
                                              lutte contre les inégalités est considérée comme essentielle en démocra-
                                              tie (A) avant de présenter les différents instruments des pouvoirs publics
                                              contribuant à mener cette lutte (B).

                                    Pré-requis                            Notions à acquérir

                             État providence, prélèvements obli-
                                                                       Égalité, équité, discrimination, méritocratie, as-
                             gatoires, revenus de transfert.
                                                                       surance/assistance, services collectifs, fiscalité,
                                                                       prestations et cotisations sociales, redistribution,
                                                                       protection sociale.

                                              Sensibilisation :

                                              Document 1 : La lutte contre les discriminations

                                                                                   www.halde.fr, 2010.

                          Activité 14         Lutte contre les discriminations
                                              Questions
                                               Quelles catégories de personnes peuvent subir des discriminations ?
                                               Que peut représenter la porte « Fermé pour vous » ?

                     22      Séquence 6 – SE01

© Cned - Académie en ligne
A       Les fondements de la lutte contre
              les inégalités

              1. L’idéal égalitaire de la société française
              Les sociétés démocratiques reposent toujours sur l’idée d’égalité parce
              qu’un ordre social ne peut être accepté que s’il repose sur une certaine
              égalité entre les individus. Toute démocratie cherche donc à atteindre
              une égalité croissante entre les citoyens (ce que l’on appelle l’idéal éga-
              litaire). Mais de quelle(s) égalité(s) parle-t-on ? La lutte contre les inéga-
              lités permet-elle de garantir la justice sociale ?

              a) vers une plus grande justice sociale

              Document 2 : Une société française injuste ?
              On dit volontiers que les Français éprouvent cette « passion pour l’éga-
              lité » dont parlait Alexis de Tocqueville, mais que sait-on au juste de leurs
              jugements sur les questions de justice sociale ? […]
              Les Français jugent leur société inégalitaire, et critiquent en premier lieu
              les inégalités économiques et matérielles : ils sont 69 % à juger que la
              satisfaction des besoins de base n’est pas assurée à chacun. Ceci de
              manière assez consensuelle, même si l’on est plus sensible aux inégali-
              tés à gauche de l’échiquier politique. La société française est alors jugée
              injuste par près de 60 % d’entre eux. Pour aller vers plus de justice, ils
              souhaitent une réduction de moitié de l’éventail des salaires, sans pour
              autant prôner une égalité parfaite. Quand on leur donne le choix entre
              trois sociétés, ils choisissent nettement celle où le sort des plus démunis
              est le meilleur, même si cette société n’est pas la plus égalitaire ni la plus
              riche. Ils redoutent particulièrement la pauvreté et expriment une forte
              demande d’intervention de l’État dans la vie économique. Au-delà de
              leur propre situation, qui de fait affecte peu leurs jugements, les Français
              partagent des principes de justice ainsi ordonnés : garantir les besoins
              de base, reconnaître les mérites, enfin réduire les inégalités.
                                                                          Marie Duru-Bellat.

Activité 15   Une société française injuste ?
              Questions
               Pourquoi une majorité de Français considèrent-ils la société comme
                « injuste » ?
               Selon eux, quelles actions les pouvoirs publics doivent-ils mener
                pour lutter contre les injustices ?

                                                                   Séquence 6 – SE01           23

                                                                                          © Cned - Académie en ligne
La lutte contre les inégalités menée par les pouvoirs publics s’inscrit
                                              dans la recherche d’une plus grande justice sociale. La définition de la
                                              justice sociale peut varier d’une société à l’autre, en fonction de la
                                              culture de celle-ci. Il s’agit en effet d’une construction politique, mais
                                              également morale. Elle est le résultat de choix collectifs, mis en œuvre
                                              par la puissance publique, sur ce que doivent être les actions à mener
                                              pour rendre la société plus « juste ».
                                               La recherche de la justice sociale est liée à l’avènement des sociétés
                                               démocratiques. Historiquement, toute démocratie repose en effet sur
                                               l’égalité entre les citoyens. Mais cette notion d’égalité revêt en réalité
                                                                                      différentes dimensions. Toute
                                                                                      société démocratique repose
                                                                                      en premier lieu sur l’égalité des
                             Égalité des droits = égalité juridique, face à la loi.
                                                                                      droits.
                             Cette égalité consiste à garantir à l’ensemble des       Ainsi, la justice sociale repose sur
                             citoyens les mêmes droits sociaux et politiques.         certains principes fondamentaux,
                                                                                      tels que l’égalité des droits entre
                                                                                      les membres de la société. Mais
                                               elle consiste également à tendre vers une autre forme d’égalité propre à
                                               la démocratie : l’égalité des chances.

                                              b) justice sociale et égalité des chances

                                              Document 3 : Égalité des chances et inégalité de situation
                                              Tout semble a priori très simple : l’égalité méritocratique des chances
                                              reste la figure cardinale de la justice scolaire. Elle désigne le modèle de
                                              justice permettant à chacun de concourir dans une même compétition
                                              sans que les inégalités de la fortune et de la naissance ne déterminent
                                              directement ses chances de succès et d’accès à des qualifications sco-
                                              laires relativement rares. En hiérarchisant les élèves en fonction de
                                              leur seul mérite, l’égalité des chances est censée évacuer les inégalités
                                              sociales, sexuelles, ethniques et autres, qui caractérisent tous les indivi-
                                              dus. Ce type d’égalité est au cœur de la justice scolaire dans les sociétés
                                              démocratiques, c’est-à-dire dans les sociétés qui considèrent que tous
                                              les individus sont libres et égaux en principe, mais qui admettent aussi
                                              que ces individus soient distribués dans des positions sociales inégales.
                                              Autrement dit, l’égalité
                                                                 g      des chances est la seule façonç de produire
                                                                                                             p        des
                                              inégalités
                                                  g       justes
                                                          j      quand on considère que les individus sont fondamen-
                                              talement égaux et que seul le mérite peut justifier les différences de
                                              revenu, de prestige, de pouvoir… qu’entraînent les différences de per-
                                              formances scolaires.
                                                 L’école des chances, François Dubet © Coédition Le Seuil-La République des
                                                                                                               Idées, 2004.

                     24      Séquence 6 – SE01

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Activité 16         Égalité des chances, inégalité de situation
                   Questions
                    Proposez une définition de l’égalité des chances.
                    Expliquez la phrase soulignée.
                    Comment l’école peut-elle permettre d’atteindre cette égalité des
                       chances ?

                                                          L’égalité des chances doit donc
                                                          faire en sorte que les positions
 Égalité des chances = situation dans laquelle tout       sociales atteintes ne s’expliquent
 individu a les mêmes possibilités que quiconque          que par les mérites individuels.
 d’accéder à n’importe quelle position sociale,           Dès lors, cette notion est très
 quelle que soit son origine.                             étroitement liée à celle de mérito-
                                                          cratie.
                                                          L’égalité des chances est, à l’instar
                                                          de l’égalité des droits, un des fon-
                                                          dements de la démocratie. L’école
 Méritocratie = système politique et social dans          républicaine s’est d’ailleurs pro-
 lequel les positions sociales sont obtenues par le       gressivement construite autour
 mérite et les talents individuels.                       de cet idéal : rendre l’école obli-
                                                          gatoire et gratuite a permis à l’en-
                                                          semble des enfants de bénéficier
                                                          de la même éducation, réduisant
                                                          par là même les inégalités d’accès
                                                          à l’instruction. Par ailleurs, l’école
                                                          est censée garantir la réussite
 Égalité des situations = égalité réelle, effective,      sociale des meilleurs élèves, les
 entre les individus. Par exemple, il y aurait égalité    plus travailleurs et méritants.
 réelle de salaires en France si tous les salariés per-   Il peut donc y avoir contradiction
 cevaient le même salaire, quelle que soit leur pro-      entre égalité des chances et éga-
 fession.                                                 lité des situations (ou égalité des
                                                          positions).
                                                         L’égalité des chances et, plus
                   généralement, la méritocratie justifient des positions sociales inégales :
                   ces inégalités sont le résultat d’une compétition préalable égale (les
                   résultats sont inégaux mais les chances au départ doivent être iden-
                   tiques).
                   Les politiques de lutte contre les inégalités sont donc fondées dans une
                   large mesure sur l’égalité des chances, justifiant des positions sociales
                   inégales. On verra toutefois dans la deuxième section que les pouvoirs
                   publics disposent d’instruments permettant de corriger des inégalités de
                   situation jugées trop fortes.

                                                                      Séquence 6 – SE01            25

                                                                                              © Cned - Académie en ligne
2. De l’égalité à l’équité
                                          La lutte contre les inégalités semble guider un grand nombre d’actions
                                          publiques dans les sociétés démocratiques, afin de rendre celles-ci plus
                                          « justes ». Mais plus qu’à l’égalité, le sentiment de ce qui est juste ou injuste
                                          renvoie à un autre concept : celui d’équité, notamment mis en avant par le
                                          philosophe américain John RAWLS (1921-2002). La justice sociale repose-
                                          rait alors sur la recherche d’une plus grande équité au sein de la société.

                                          a) l’équité au cœur de la justice sociale

                                          Document 4 : Équité et justice sociale
                                          Rawls part d’une idée simple : un système de règles équitables est un
                                          système auquel les contractants pourraient adhérer sans savoir à l’avance
                                          quel bénéfice personnel ils en retireront. C’est pourquoi il élabore la fic-
                                          tion d’une « position originelle » [..] dans laquelle les individus connais-
                                          sent les caractéristiques générales du fonctionnement de la société et de
                                          la psychologie humaine sans savoir quelle sera leur position sociale en
                                          son sein […]. Ils disposent de toute l’information nécessaire, sauf de celle
                                          qui leur permettrait de trancher en leur propre faveur. Dans ces conditions,
                                          chaque contractant doit imaginer des principes de justice valides pour
                                          une société où sa propre position sociale lui serait assignée par son pire
                                          ennemi. Comme on sait, Rawls fait l’hypothèse que, sous ce « voile d’igno-
                                          rance », les participants sélectionneraient les deux principes suivants :
                                             1 – Toute personne a un droit égal à l’ensemble le plus étendu de
                                             libertés fondamentales égales qui soit compatible avec le même en-
                                             semble de libertés pour tous ;
                                             2 – Les inégalités sociales et économiques doivent satisfaire deux
                                             conditions : elles doivent a) être attachées à des fonctions et positions
                                             ouvertes à tous dans des conditions de juste égalité des chances ; b)
                                             fonctionner au plus grand bénéfice des membres les plus défavori-
                                             sés de la société. Autrement dit, égale liberté pour tous, égalité des
                                             chances et application du fameux « principe de différence » : l’inégali-
                                             té économique et sociale peut se justifier pour des raisons d’efficacité
                                             dans la coopération sociale et la production de richesses, mais elle
                                             n’est légitime que si elle améliore la position des plus défavorisés.
                                                                          Amartya SEN, L’économie est une science morale,
                                                                                                 © La Découverte, 2004.
                                                                                             www.editionsladecouverte.fr

                          Activité 17     Équité et justice sociale
                                          Questions
                                           Qu’est-ce que la « position originelle » ?
                                           Pourquoi cette position peut-elle permettre de définir des principes
                                             équitables ?

                     26      Séquence 6 – SE01

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 Sur quels principes la justice sociale repose-t-elle ?
 A partir de ce document, proposez une définition de l’équité.

Au-delà de la recherche de l’égalité des chances, une société peut lut-
ter contre les inégalités en mettant en place des mesures d’équité. Le
concept d’équité est souvent associé à celui de justice sociale, et plus
particulièrement à l’analyse qu’en fait J. RAWLS. Des règles « équitables »
reposent sur quelques caractéristiques majeures :
 tous les individus doivent bénéficier d’un droit égal aux libertés fonda-
  mentales (liberté d’expression, de propriété, etc.)
 les individus doivent tous disposer des mêmes chances pour accéder à
  n’importe quelle position sociale (l’égalité des chances doit donc être
  la norme)
 les moins favorisés peuvent être traités différemment (par les pouvoirs
  publics), afin que leur situation s’améliore. Ce dernier principe justifie
  donc des inégalités de traitement.

b) de l’égalité à l’équité

Document 5 : Égalité ou équité ?
Dans les années quatre-vingt, apparaît dans le débat public la notion de
discrimination positive. Elle ne rencontre véritablement le succès, et une
certaine consécration, que dans les années quatre-vingt-dix quand elle a
été rattachée au concept d’équité en s’appuyant sur des références aux
travaux du philosophe américain John Rawls.
La notion d’équité transforme le principe d’égalité entre « semblables »
et institue des différences en consacrant de distinctions de statuts. […]
Dans les années quatre-vingt-dix, un rapport public du Conseil d’État
remarquait que le droit français devenait de plus en plus familier du
contenu du concept de discrimination positive et indiquait qu’au prin-
cipe d’universalité des prestations il convenait de substituer un principe
d’équité, une « forme équitable de l’égalité ». Le Conseil d’État a ainsi
estimé, dans son rapport, que l’égalité réelle supposait parfois des iné-
galités juridiques. Pour lutter contre de « nouvelles inégalités », et faisant
référence à la théorie rawlsienne de la justice comme équité, il appuyait
les actions spécifiques en direction des plus défavorisés. Il demandait
un élargissement du principe d’égalité en le considérant non seulement
sous son aspect de l’égalité des droits, tel que légué par l’histoire répu-
blicaine, mais aussi sous l’angle de l’égalité des chances. Les discrimi-
nations positives ajoutent à l’objectif de redistribution, une dimension
de réparation. […] L’action publique cherche effectivement à se concen-
trer, pour des raisons affichées d’économie et d’efficacité, de plus en
plus sur les personnes considérées comme « les plus en difficulté ».
 Julien Damon in La Famille, une affaire publique. Rapport du CAE, La Documen-
                                                         tation française, 2005.

                                                      Séquence 6 – SE01            27

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