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Lettre des Services Financiers Financial Services | Numéro 33 | 2020 Banque Assurance Immobilier Asset Management Cross secteurs • Les captives de • Les Smart Claims, ou • L’impact du • Global Investment • Le Process Mining : un constructeurs, au cœur comment combiner changement climatique Performance Standards levier pour aider nos de la transformation digitalisation et sur le secteur de (GIPS)® 2020 clients à optimiser du secteur de la simplification pour l’immobilier leurs processus mobilité améliorer le traitement • Covid‐19 : quels • Quand la DSP2 des sinistres IARD en impacts structurels de bouscule le monde du assurance la transformation des paiement e-commerce modes de travail sur le • Covid-19 : quels modes marché de l’immobilier de gestion tertiaire à long terme ? règlementaire et opérationnelle du risque de crédit dans les établissements bancaires ?
Lettre des Services Financiers n°33 | Sommaire Sommaire Editorial Chères lectrices et chers lecteurs, J’ai le plaisir de vous adresser le 33e numéro de la Lettre des Services Financiers, le magazine référent de Deloitte. Dans ce contexte de crise du Covid-19, ce numéro vous délivre les analyses et points de vue de nos rédacteurs sur les challenges décisifs en matière d’actualité financière et enjeux pour l’industrie. Plus particulièrement, ceux de la banque, l’assurance, l’immobilier et l’asset management. Dans cette nouvelle édition, vous découvrirez nos observations sur les captives de constructeurs, la DSP2 qui bouscule le monde du paiement e-commerce, mais également les « Smart Claims » pour améliorer le traitement des sinistres IARD en assurance. 5 Nos points de vue sur l’impact du changement climatique sur le secteur de l’immobilier et les Global Investment Performance Standards (GIPS) sont également à l’ordre du jour. Enfin, vous y trouverez nos analyses sur le Process Mining, les impacts structurels de la transformation des modes de travail, mais aussi sur les modes de gestion réglementaire et opérationnelle du risque de crédit dans les établissements bancaires. Banque • Les captives de Excellente lecture à tous ! constructeurs, au cœur de la transformation du secteur de la mobilité • Quand la DSP2 bouscule Damien Leurent le monde du paiement Leader Deloitte Financial Services Industry e-commerce • Covid-19 : quels modes de gestion règlementaire et opérationnelle du risque de crédit dans les établissements bancaires ? Contacts Damien Leurent Eric Meistermann Frédéric Bujoc Laure Silvestre-Siaz Associé Associé Associé Associée Leader Services Financiers Assurance Banque Immobilier dleurent@deloitte.fr emeistermann@deloitte.fr fbujoc@deloitte.fr lsilvestresiaz@deloitte.fr 02
Lettre des Services Financiers n°33 | Sommaire 18 22 34 42 Assurance Immobilier Asset Management Cross secteurs • Les Smart Claims, ou • L’impact du changement • Global Investment • Le Process Mining : un levier comment combiner climatique sur le secteur Performance Standards pour aider nos clients à digitalisation et de l’immobilier (GIPS)® 2020 optimiser leurs processus simplification pour améliorer • Covid‐19 : quels impacts le traitement des sinistres structurels de la IARD en assurance transformation des modes de travail sur le marché de l’immobilier tertiaire à long terme ? Yoan Chazal Associé Asset Management ychazal@deloitte.fr 03
Lettre des Services Financiers n°33 | Banque Les captives de constructeurs, au cœur de la transformation du secteur de la mobilité Rédacteurs : Ambroise Depouilly, Associé, adepouilly@deloitte.fr et David Parera, Directeur, dparera@deloitte.fr 05
Lettre des Services Financiers n°33 | Banque À l’origine, le rôle des captives des constructeurs automobiles était de soutenir les ventes de véhicules par le constructeur tout en contribuant aux bénéfices. Dans cette optique, certains constructeurs se sont dotés de leur propre société de financement détenue par la maison mère (par exemple : RCI Bank & Services détenu par Renault), alors que d’autres constructeurs ont privilégié la mise en place de partenariats avec des sociétés de financement tierces (par exemple Tesla avec CGI), allant pour certains jusqu’à la mise en place de joint- ventures (FCA Capital pour Fiat et le Crédit Agricole). L’évolution du marché Quel que soit le modèle choisi, les captives la propriété. Ces évolutions poussent les de constructeurs automobiles sont, avec captives à faire évoluer leur proposition de automobile et de la le temps, devenues stratégiques pour ces valeur, avec notamment : mobilité, le rôle de ces derniers : • la location longue durée pour les • en devenant clé pour la vente de véhicules particuliers et les professionnels ; captives doit évoluer. neufs : les captives interviennent sur plus • le financement et la gestion des flottes Et cette révolution est d’un tiers des ventes ; pour des opérateurs de mobilité ; •e n contribuant significativement au • le car-sharing, pour les particuliers et les déjà en marche. résultat net : les captives contribuent professionnels, avec le développement à plus d’un tiers du résultat des de nouvelles solutions en propre telles constructeurs. que Free2move par PSA ou Moov’in par Renault. Cependant, avec l’évolution du marché automobile et de la mobilité, le rôle de ces La diversification de l’activité des captives doit évoluer. Et cette révolution est captives a des impacts opérationnels déjà en marche. majeurs, en particulier sur la structure juridique nécessaire pour opérer Les captives ont toutes lancé des stratégies de diversification pour La majorité des captives dispose d’un étendre leur périmètre d’intervention statut bancaire. Or, la location longue bien au-delà du financement durée et globalement tous les services de mobilité qui prennent de l’ampleur Les captives étaient historiquement peuvent être proposés par des sociétés positionnées sur le financement des commerciales non régulées. Ainsi, les véhicules neufs. En France, les ventes de principaux concurrents tech sur la mobilité véhicules stagnent ou sont en croissance ne sont pas soumis à la réglementation légère, ce qui impacte fortement la bancaire. Le développement par les progression de l’activité des captives. À captives d’activités non financières pose la recherche de nouveaux leviers pour donc la question de l’évolution de leur maintenir une croissance de leur résultat, statut. elles ont accéléré le développement de nouveaux services à valeur ajoutée : La distinction au sein de deux entités des • des services liés à la mobilité : contrats activités bancaires et non bancaires, mise d’entretien et d’assistance ; en œuvre par certaines captives, permet • des services financiers adossés au d’optimiser les besoins en capitaux et de financement automobile : prêt personnel, disposer d’une organisation plus agile. Par assurance emprunteur ; ailleurs, la séparation des activités permet • d’autres services financiers : assurances d’optimiser leur rating externe, un élément IARD, cartes de paiement, cartes de clé pour leurs conditions de refinancement. carburant. Or, le refinancement est un sujet prégnant pour beaucoup de captives, qui a conduit Le ralentissement du nombre plusieurs d’entre elles à lancer des produits d’immatriculations est en parti dû d’épargne à taux boostés, permettant au développement de l’économie du d’augmenter et de sécuriser leurs partage, et à l’accélération des modèles ressources. de consommation liés à l’usage plus qu’à 06
Lettre des Services Financiers n°33 | Banque Au-delà de la structure juridique, Dans un monde où les rôles Et cette évolution concerne les captives, distribuer des produits de mobilité d’intermédiaire deviennent clés, dès lors que leur activité de location est a des effets sur l’organisation des les captives seront toujours plus au importante. captives cœur de la transformation du secteur Dans ce contexte, la mobilisation des Pour commercialiser des services de automobile, compte tenu du lien directions autour d’une revue stratégique mobilité, les captives doivent à la fois privilégié qu’elles entretiennent avec d’activité, dirigée en particulier vers des investir en R&D et développer des les constructeurs, les vendeurs de clients émettant des comptes IFRS, pourrait partenariats avec des acteurs externes. véhicules et les clients. être nécessaire. Elle permettra notamment Dans cet objectif, l’organisation des de réaffirmer le positionnement des captives a dû évoluer pour : IFRS 16 : un impact pour les captives ? loueurs dans la chaîne de valeur, de • ne plus se limiter au financement et Au cours des dernières années, de travailler à la structuration d’offres investir d’autres territoires au travers des nombreuses entreprises ont consacré des répondant à une attente renouvelée des laboratoires d’innovations internes ; ressources importantes à la mise en place clients ou encore, de préparer l’information • adopter une architecture ouverte de la nouvelle norme comptable IFRS 16 à fournir aux locataires afin de leur faciliter permettant de consommer des services Contrats de location : la comptabilisation l’application de la nouvelle norme. de fournisseurs externes et d’intégrer au bilan d’une dette et d’un droit d’usage leurs propres services dans les pour chacun des contrats de location a plateformes d’autres acteurs. nécessité des travaux parfois significatifs de recensement, d’établissement Ce dernier point est accentué d’estimés et d’évolution des par deux éléments : systèmes comptables. l’environnement de De nombreuses marché, qui veut directions que tout soit financières se APIsable, afin sont également de créer des saisies d’un écosystèmes sujet ayant et faciliter potentiellement les parcours une incidence clients, et l’en- forte sur le vironnement niveau de leur réglementaire dette et de leurs bancaire, avec ratios financiers. notamment la DSP2 (Directive Du côté des européenne sur les loueurs, le sujet paraît services de paiement) qui jusqu’ici plus lointain. contraint les banques à développer Des changements comptables et exposer leurs API. dans leurs états financiers ? Aucun, ou presque. Des demandes d’informations Le développement de la mobilité complémentaires par les locataires ? impacte enfin la captive dans sa Parfois, notamment pour les loueurs relation avec le constructeur de flottes de véhicules. Bref, le sujet des Avec la voiture connectée permettant le locations n’a pas été le sujet majeur des car-sharing, qu’il s’agisse de l’analyse du loueurs, semble-t-il ! comportement de conduite, ou encore du Et pourtant : une fois les projets de mise calcul de la valeur résiduelle, la captive doit en œuvre terminés, il est probable que connaître précisément, voire influencer, les locataires soient enclins à revoir la conception et le développement du sérieusement leurs politiques de décision véhicule. Ainsi, les captives travaillent d’achat ou de location. L’appétence pour étroitement avec les constructeurs sur les les contrats de location pourrait être fonctionnalités de mobilité. À l’avenir, cette réduite : au-delà du financement direct collaboration devrait encore s’intensifier, et flexible que représente la location, en matière notamment d’exploitation l’application d’IFRS 16 remet en cause l’un des données, d’évolution nécessaire du des critères forts du recours à la location. modèle de distribution des véhicules et de Les loueurs pourraient alors voir diminuer développement de la vente en ligne. leur attractivité. 07
Lettre des Services Financiers n°33 | Banque Sommaire Quand la norme DSP2 bouscule le monde du paiement e-commerce Rédacteurs : Julien Maldonato, Associé jmaldonato@deloitte.fr et Marine Bauchère, Senior Consultante, mbauchere@deloitte.fr 08
Lettre des Services Financiers n°33 | Banque Deux tendances majeures structurent le marché du paiement e-commerce. D’une part, la carte bancaire est de loin le moyen de paiement privilégié des Français : en 2018, plus de 80 %1 de leurs achats en ligne étaient réalisés avec ce moyen de paiement. D’autre part, pour répondre aux évolutions des attentes de leurs clients et maximiser leurs ventes, les e-commerçants cherchent à fluidifier et simplifier leurs parcours de paiement, dans l’objectif de rendre l’acte d’achat « transparent » et ainsi de maximiser leurs taux de transformation. En France, la carte À la croisée de ces deux tendances se L’étape d’authentification permet aux trouve la DSP2, Directive sur les services e-commerçants de se prémunir des bancaire est le moyen de paiement numéro 2, qui vient réguler risques de fraudes. Ainsi, les réseaux de paiement privilégié les acteurs européens du paiement bancaires (Carte Bancaire, VISA, et bousculer le monde du paiement MasterCard) ont mis en place des règles des Français pour e-commerce. Ainsi, quels seront les communes à l’ensemble de la place réaliser leurs achats impacts de la DSP2 sur le paiement française, qui définissent les cas dans e-commerce ? La carte bancaire sera- lesquels les banques émettrices et les sur Internet. t-elle détrônée par d’autres moyens de e-commerçants remboursent les clients paiement ? C’est ce que nous étudierons en cas de contestation d’opération dans cet article. frauduleuse. Si le e-commerçant a demandé à la banque émettrice L’authentification, une étape clé du d’authentifier le client, alors la banque paiement e-commerce émettrice porte le risque de fraude et En France, la carte bancaire est le moyen remboursera le client le cas échéant. En de paiement privilégié des Français pour revanche, en l’absence d’authentification, réaliser leurs achats sur Internet. Le le e-commerçant porte le risque de parcours est le suivant : fraude. 1. le client valide son panier d’achat ; D’autre part, la décision de déclencher ou 2. s électionne le moyen de paiement carte non l’authentification à un impact client bancaire ; significatif, puisqu’il s’agit du principal levier de simplification des parcours 3. s aisit ses numéros de carte bancaire d’achat. L’enjeu des e-commerçants étant (qui peuvent avoir été préenregistrés de fluidifier et simplifier au maximum par le e-commerçant) : numéro de ces parcours pour limiter les abandons carte, date d’expiration et code de d’achat. Le paiement « One Click » vérification ; d’Amazon illustre cette tendance de 4. s ’authentifie pour valider sa simplification des paiements, jusqu’à transaction : le client reçoit les rendre transparents. En réduisant généralement un SMS contenant l’acte d’achat à un click, Amazon favorise un code à usage unique qu’il doit les achats spontanés, le client prenant saisir dans l’interface de paiement moins le temps de s’interroger sur la du site e-commerce. Cette étape réelle nécessité de son achat (et le cas « d’authentification » est facultative échéant de se raviser). D’autre part, et est réalisée par la banque du client certains e-commerçants ne pouvant pas qui réalise son acte d’achat (banque se différencier par la qualité des produits dite « émettrice ») à la demande du proposés (car revendant par exemple e-commerçant ; des produits de grandes enseignes 5. le paiement est ensuite envoyé à la d’électroménager, d’informatique, etc.), banque émettrice pour être autorisé et le parcours d’achat est un levier clé de exécuté. 1 Source : Statistica. 10
Lettre des Services Financiers n°33 | Banque différenciation. Le client aura davantage de probabilités de conclure son achat chez un e-commerçant le libérant de tout irritant lors du paiement. Certains e-commerçants ont donc décidé de supprimer l’authentification, quitte à porter le risque de fraude même sur des montants significatifs pouvant aller au-delà de 500 €. La DSP2 insuffle un changement de paradigme au sein de l’écosystème e-commerce Avec la DSP2, les e-commerçants perdent le contrôle du parcours d’achat de leurs clients. La décision de faire ou non une authentification relève désormais systématiquement de la banque émettrice, et non plus du e-commerçant. Ce changement de responsabilité met en péril les moyens de paiement de type « One click » auxquels les banques architectures émettrices pourront apposer une techniques d’authentification. Ce constat est d’autant monétiques. Elles plus impactant que la DSP2 définit un doivent être enrichies de cadre réglementaire de déclenchement ou nouvelles fonctionnalités liées au non de l’authentification. Par défaut, les déclenchement de l’authentification, à la banques émettrices devront déclencher gestion des cas d’exemption, à la possibilité une authentification sauf si la transaction : nouvellement donnée aux marchands • est d’un montant inférieur à 30 € ; d’attacher aux transactions un souhait • est initiée par le e-commerçant (par quant au déclenchement ou non d’une exemple : paiement des abonnements, authentification par la banque émettrice, tels que Netflix, Deezer, Spotify, etc.) ; etc. Ces évolutions techniques impactent • présente un faible risque de fraude (la l’ensemble des acteurs de l’écosystème banque émettrice doit mettre en place monétique (banques, e-commerçants, un outil de lutte antifraude réalisant des prestataires d’acceptation technique, contrôles spécifiquement définis par réseaux bancaires, etc.) et ne devraient être la DSP2, et justifier d’un taux de fraude effectives qu’à partir de janvier 20213. inférieur à des valeurs de référence) ; • est à destination d’un e-commerçant L’écosystème monétique e-commerce préalablement déclaré comme est affecté par une seconde évolution « bénéficiaire de confiance » dans la majeure induite par la DSP2 : la fin de banque en ligne du client2. l’usage du SMS contenant un code à usage unique (dispositif également appelé Chaque banque étant libre d’appliquer OTP4 SMS) pour authentifier les clients. ou non les cas d’exemption ci-dessus, En effet, la DSP2 introduit la notion les e-commerçants ont amorcé des « d’authentification forte » du client, un discussions avec les banques pour dispositif de vérification de l’identité devant anticiper les impacts de l’authentification cumuler deux facteurs d’authentification sur leurs parcours client. parmi les suivants : Au-delà des nouvelles règles de • connaissance : mot de passe, date de responsabilité en cas de fraude à définir naissance d’un tiers, etc. ; par la place bancaire, ces évolutions • possession : Smartphone enrôlé, ligne impactent significativement les téléphonique, etc. ; 2 Dispositif peu développé en France. 3 « Opinion of the European Banking Authority on the deadline for the migration to SCA for e-commerce card-based payment transactions », EBA, 16 octobre 2019. 4 OTP = One Time Password. 11
Lettre des Services Financiers n°33 | Banque • inhérence : reconnaissance faciale, générer des paiements depuis les comptes vocale, empreintes digitales, etc. bancaires de leurs clients, d’autre part la DSP2 régule les tiers faisant de l’initiation Or, l’authentification couplant l’usage d’OTP de paiement. Ce mode de paiement SMS aux données de la carte bancaire, est encore peu développé en France méthode d’authentification très largement mais se répand à l’étranger : certains utilisée en France, n’est pas conforme aux exigences DSP2 puisqu’elle justifie de e-commerçants proposent à leurs clients deux facteurs de possessions : possession de régler leurs achats par virements. d’une ligne téléphonique attestée par la Le paiement est alors initié par un tiers réception d’un SMS et possession de la agréé via l’API DSP2 dédiée. Ce mode de carte bancaire. Les banques doivent donc paiement est d’autant plus intéressant mettre en place de nouveaux dispositifs qu’il permettra de générer des virements d’authentification forte et équiper 70 %5 de instantanés (IP6), un nouveau moyen de leurs clients d’ici décembre 2020. Il s’agit paiement qui présente des avantages non encore une fois d’un défi de taille. négligeables pour les e-commerçants : • réception instantanée des fonds ; Vers la fin de la carte bancaire ? • coûts potentiellement inférieurs à ceux Face aux nombreuses complexités des paiements carte bancaire7 ; apportées par la DSP2, on peut se • architectures techniques moins demander si la carte bancaire restera complexes ; longtemps le moyen de paiement privilégié • possibilité de ne pas réaliser des e-commerçants. En effet, des moyens d’authentification (via la fonctionnalité de paiement alternatifs pourraient leur de « bénéficiaires de confiance » déjà permettre de s’affranchir des contraintes adjointe aux virements). techniques du réseau monétique, diminuer Des start-up telles que Bankin’, Budget le coût de leurs transactions et leur Insight, Linxo, Fintecture ont obtenu leur redonner davantage le contrôle de leurs agrément DSP2 d’initiation de paiement, parcours client. ce qui leur permet de se positionner Cette transformation pourrait être sur ce moyen de paiement. Le rachat accélérée par la DSP2 qui met en lumière de Budget Insight par le Crédit Mutuel de nouveaux modes de paiement tels que Arkéa laisse présager de l’intérêt que les « l’initiation de paiement ». D’une part la banques pourraient porter à ces acteurs DSP2 demande aux banques de mettre en et aux cas d’usage de paiement associés. place des APIs permettant à des tiers de Crédit Mutuel Arkéa a d’ailleurs annoncé 5 Source : rapport OSMP juillet 2019. 6 IP = Instant Payment. 7 Les modalités de tarification ne sont pas arrêtées à date. 12
Lettre des Services Financiers n°33 | Banque en octobre 2019 sa volonté d’étendre Cependant, cet effet positif en termes Face aux nombreuses les services d’assistance et d’assurance de fraude de la DSP2 est contrebalancé associés aux cartes bancaires aux par la complexification de l’écosystème complexités apportées virements classiques et instantanés (IP). monétique qu’elle engendre. Face aux par la DSP2, on peut Ces actualités laissent présager de la nouvelles contraintes techniques et à volonté du Crédit Mutuel Arkéa d’explorer la perte de contrôle de leurs parcours se demander si la des moyens de paiement alternatifs à la d’achat, les e-commerçants pourraient carte bancaire restera carte bancaire. Ce sentiment est renforcé se tourner vers des moyens de paiement par le rachat par VISA de la FinTech alternatifs tels que l’initiation d’IP. Ce longtemps le moyen de Plaid qui dispose également de cette mode de paiement se développe sous paiement privilégié des technologie d’initiation de paiements. On l’impulsion de la DSP2 et du nombre peut imaginer derrière ce rachat l’objectif croissant de FinTech qui se positionnent e-commerçants. de VISA d’anticiper le développement d’un sur ce segment d’activité. Les banques moyen de paiement alternatif à la carte ont l’opportunité de s’appuyer sur la bancaire. confiance que les Français leur portent et sur les technologies des FinTech pour Conclusion sauter le pas, et développer de nouveaux Dans un monde où le paiement en ligne moyens de paiement e-commerce. par carte bancaire est en forte croissance Le champ des possibles est vaste, les (+22 % en montant d’opérations entre banques ont les cartes en main. 2017 et 20188), on constate que la fraude associée augmente également (+10 % en montant de fraude entre 2017 et 20189). Cette dernière augmentant dans une moindre mesure que le volume total de transactions, on observe depuis 2014 une diminution des taux de fraude des paiements en ligne par carte bancaire (taux de fraude 2018 de 0,168 %10). La DSP2 devrait confirmer cette tendance de diminution des taux de fraude grâce aux exigences d’authentifications renforcées qu’elle met en place. 8 Source : Observatoire des moyens de paiement, rapport d’activité 2018. 9 Source : Observatoire des moyens de paiement, rapport d’activité 2018, valeur de la fraude nationale sur Internet en 2017 (148,7 M€)/valeur de la fraude en 2018 (163,8 M€). 10 Source : Observatoire des moyens de paiement, rapport d’activité 2018. 13
Lettre des Services Financiers n°33 | Banque Covid-19 : quels modes de gestion règlementaire et opérationnelle du risque de crédit dans les établissements bancaires ? Rédacteurs : Hervé Phaure, Associé, hphaure@deloitte.fr et Julien Boudou, Senior Manager, sboudou@deloitte.fr 14
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Lettre des Services Financiers n°33 | Banque La crise du Covid-19 impacte fortement l’activité économique des entreprises, fortement touchées par les mesures de confinement et les baisses de production et de consommation qui en découlent. Pour les établissements bancaires, cette crise va se traduire par une augmentation significative à court terme du risque de crédit (avec tous les impacts que cela implique sur les exigences en capitaux règlementaires) et un impact à moyen et long terme sur le business et la capacité à continuer de financer l’économie. Il est difficile, pour le Pour toutes ces raisons, et en lien avec les résister dans la durée au choc économique exigences réglementaires, les banques issu de la crise sanitaire, ainsi que sur moment, d’évaluer doivent dès à présent mettre en place des l’augmentation du risque de crédit que précisément les impacts dispositifs de segmentation et de gestion devront absorber les établissements inédits afin d’anticiper au mieux l’évolution bancaires à moyen et long terme (tant en provisions de cette du risque sur leurs activités ; mettre en pour leurs exigences en fonds propres crise pour les raisons place les axes de gestion les plus adaptés que sur leurs niveaux de provisions et la aux nouveaux segments de créances mises gestion opérationnelle des créances en citées ci‐dessus. Devant en évidence par la crise actuelle ; et enfin défaut). toutes ces inconnues, le favoriser le plus rapidement possible la sortie de la crise et le retour à une situation Des enjeux opérationnels et recours à des provisions normale en se donnant les moyens de structurants pour les établissements, sectorielles ou continuer à financer l’économie. à initier au plus tôt et à gérer de façon pérenne collectives, déterminées Premiers effets de la crise et Les établissements se doivent donc de à dire d’expert et sur la dispositifs existants mettre en place un dispositif global, d’une base des observations Face à la crise, le gouvernement Français part pour répondre aux attentes des et la Banque Centrale Européenne ont mis régulateurs, et d’autre part pour initier au déjà avérées, parait le en place un certain nombre de mesures – plus tôt les stratégies structurantes pour plus adapté. prêts garanties par l’état, relâchement gérer au mieux la crise. temporaire du coussin contracyclique, moratoires spécifiques, suspension des Ce dispositif devra dans un premier distributions de dividende – visant à limiter temps s’appuyer sur des informations les effets de la baisse d’activité sur la de segmentation systématiques définies liquidité des entreprises et leur capacité à par les établissements, puis permettre faire face à leurs échéances bancaires. des analyses régulières dans l’objectif de cerner progressivement les impacts sur les L’EBA a quant à elle précisé ses attentes portefeuilles, les estimateurs de risques et dans les guidelines du 2 avril 2020 sur les provisions. la nécessité pour les établissements bancaires de mettre en œuvre dès à Il s’agira en particulier de supporter les présent des analyses spécifiques sur les différentes phases successives suivantes : impacts économiques de la crise. Il s’agit • caractérisation des créances impactées en particulier de pouvoir distinguer les par la crise du Covid-19 et analyses entreprises dont les difficultés financières sont liées directement à la crise sanitaire permettant notamment de distinguer les des entreprises en difficulté pour difficultés passagères de celles risquant d’autres raisons. L’objectif est également de perturber durablement la situation de déterminer dans quelles mesures financière des clients ; ces difficultés risquent de se prolonger • identification et suivi dans le temps des dans le temps, ou s’il s’agit de difficultés produits, segments, secteurs d’activités et temporaires et qu’un retour à la normale zones géographiques les plus touchés par est envisageable à court terme. les créances appartenant aux segments En effet, un certain nombre d’incertitudes les plus dégradés. Détermination des persistent sur la capacité des entreprises à concentrations éventuelles ; 16
Lettre des Services Financiers n°33 | Banque • en s’appuyant sur les concentrations également être mis en place, et une scénario baseline. Ce scénario dépend du identifiées : définition de chocs sectoriels réflexion sur des stratégies de cession plancher de détérioration économique qui spécifiques et de provisions sectorielles, éventuelles devra être menée ; pourra être déterminé en sortie de crise identification des hypothèses et des • Enfin, un quatrième segment permettant sanitaire, et d’une hypothèse de retour indicateurs permettant de les justifier d’isoler les créances déjà en défaut avant à la normale plus ou moins agressive en et définition éventuelle de provisions le début de la crise Covid-19 et pour temporalité et en vitesse. Ces scénarios sectorielles complémentaires sur la base lesquelles les espoirs de récupérations devront vraisemblablement intégrer des d’hypothèses prospectives ; ont diminué du fait de la crise. Ici il déclinaisons sectorielles afin de prendre • définition de scénarios Forward Looking conviendra d’envisager le recours à en compte cette situation de crise inédite élaborés sur la base d’hypothèses des cessions pour limiter l’impact de et les spécificités mises en évidence durant d’évolutions macro-économiques et de la crise sur les taux de créance en NPL cette première période d’observation. rétablissement liées à la crise sanitaire, et (Non Performing Loan), et de limiter les déclinés de manière cohérente sur une opérations de recouvrement aux créances Un rôle important à jouer dimension sectorielle pertinente ; à haut potentiel de récupération. L’enjeu est fort pour les établissements • recalibrage des paramètres de financiers, qui sont attendus par l’opinion risque afin de prendre en compte les Par ailleurs, les créances non directement publique et la classe politique dans leur dispositifs spécifiques mis en place par impactées par la crise et appartenant à des capacité à soutenir l’économie en temps le gouvernement Français et la Banque périmètres non identifiés comme sensibles de crise. Centrale Européenne, et en intégrant devront continuer à être suivies de manière une revue critique de l’applicabilité des régulière au cours de cette période, afin Cette nouvelle segmentation client, qui modèles de stress dans le contexte actuel d’anticiper notamment d’éventuels impacts viendra compléter les segmentations de second niveau à moyen ou long terme. et des historiques de calibrage. risques et commerciales existantes, devra donc également constituer une Des impacts en provisionnement à Au-delà des objectifs opérationnels, base pour une réflexion stratégique à préparer au plus tôt l’enjeu est surtout de mettre en place des moyen terme. Les établissements devront stratégies opérationnelles optimales en A l’heure actuelle, les hypothèses de ainsi qualifier précisément les besoins fonction d’une segmentation permettant sortie de la crise sanitaire et de retour d’accompagnement de ces clients et de distinguer les différents niveaux de à la normale de l’activité restent très définir des stratégies plus adaptées sensibilité des créances à la crise. incertaines. Il subsiste donc une forte et progressives. Il s’agira par exemple incertitude sur l’intensité de la crise de mettre en œuvre des produits de Nous identifions 4 principaux segments à financière qui en découlera, ainsi que sur financement adaptés au niveau de retour différencier : l’horizon de temps et la vitesse de retour à à la normale, lui-même conditionné une situation normale. • Un premier segment regroupant les par la capacité des clients à atteindre créances pas ou peu affectées à ce leurs objectifs intermédiaires. On peut Concernant l’arrêté trimestriel de mars stade, mais appartenant à un périmètre également imaginer une logique de 2020, il est difficile, pour le moment, sensible à la crise, voire ayant fait l’objet rémunération progressive, potentiellement d’évaluer précisément les impacts en d’un moratoire spécifique au Covid-19 soutenue par des dispositions étatiques ou provisions de cette crise pour les raisons en lien avec les guidelines EBA du 2 avril fiscales. citées ci-dessus. Devant toutes ces 2020. Ces créances doivent faire l’objet inconnues, le recours à des provisions d’un suivi plus rapproché, pour anticiper C’est par ailleurs une opportunité pour sectorielles ou collectives, déterminées au maximum une éventuelle montée du les établissements « traditionnels » de à dire d’expert et sur la base des risque ou un rétablissement progressif ; démontrer la pertinence de leur business observations déjà avérées, parait le plus • Un second segment regroupant les adapté. model en se positionnant différemment créances détériorées du fait de la des nouveaux acteurs de l‘industrie, qui crise Covid-19 mais non défaillantes. Cependant, tout porte à croire que le ne disposent pas pour le moment d’une Elles doivent faire l’objet d’un suivi marché comme les régulateurs attendront capacité d’accompagnement comparable. rapproché pour anticiper au plus tôt les une vision plus précise et complète des passages en défaut, et d’une réflexion impacts de la crise pour le prochain arrêté sur des stratégies de cession partielles de juin 2020 (Cf. courrier de la BCE adressé éventuelles ; aux banques le 1er avril 2020 à ce sujet). A • Un troisième dédié aux créances cette date les banques devront donc être défaillantes du fait de la crise Covid-19. en mesure de remplacer tout ou partie Elles nécessitent des analyses au cas des ajustements du premier trimestre par par cas pour distinguer les difficultés une vision prospective plus quantitative. passagères des difficultés économiques Concrètement, il s’agira notamment de amenées à perdurer. Des optimisations définir un nouveau jeu de scénarios des processus de recouvrement devront forward looking construit autour d’un 17
Lettre des Services Financiers n°33 | Assurance Sommaire Les Smart Claims, ou comment combiner digitalisation et simplification pour améliorer le traitement des sinistres IARD en assurance Rédacteurs : Hugues Magron, Associé, hmagron@deloitte.fr et Sara El Bekri, Senior Manager, selbekri@deloitte.fr 18 18
Lettre des Services Financiers n°33 | Assurance Sommaire 19 19
Lettre des Services Financiers n°33 | Assurance Identifiée comme le « moment de vérité », la gestion des sinistres est depuis plusieurs années un enjeu prioritaire des assureurs qui souhaitent en faire l’expérience la moins douloureuse pour les clients. C’est toutefois une source de coût importante et croissante à l’heure où la marge sur les primes d’assurance diminue chaque année. Sur le marché de l’assurance, de nouveaux Mettre en place une stratégie Smart Pour les assurés prêts à utiliser le selfcare acteurs proposent une expérience client Claims permet d’identifier les besoins de et afin d’inverser le réflexe client d’appeler entièrement digitale et une indemnisation vos clients et de mettre à disposition de son assureur à la survenue de son du sinistre simple, fluide et rapide. Par l’ensemble des acteurs, clients, agents sinistre, l’investissement sur le digital est exemple, l’acteur Lemonade promet un conseillers ou courtiers et gestionnaires, incontournable pour assurer aussi bien traitement en trois minutes via un échange une gestion des sinistres optimisée et l’efficacité du traitement qu’un service par chatbot pour les sinistres simples. digitalisée de bout en bout, en s’appuyant continu. Ces nouveaux assureurs entièrement sur des moyens internes comme externes. Ainsi, l’assureur fluidifie l’expérience de digitaux amènent un souffle nouveau l’assuré sinistré, accélère le traitement Pour l’entreprise, c’est également un sur l’assurance et obligent les acteurs des cas et réduit ses coûts de gestion moyen d’atteindre des niveaux de traditionnels à tendre dans la même en redonnant la main sur la relation aux performance plus satisfaisants : déléguer direction. agents et conseillers. au réseau de distribution la gestion de certains cas tout en assurant le niveau de qualité requis, automatiser les activités Quels sont les leviers pour les Smart L’assureur fluidifie les plus simples, laissant le temps de Claims ? répondre plus rapidement aux cas les plus En IARD, trois fonctionnalités majeures l’expérience de l’assuré complexes. semblent aujourd’hui matures pour sinistré, accélère le bénéficier d’une digitalisation de bout en Un alignement des planètes rendant bout : traitement des cas et facile le retour de la délégation A. le suivi de la déclaration ; réduit ses coûts de D’après le baromètre Assurance Deloitte B. la prédéclaration d’un sinistre ; gestion en redonnant la de 2019, les canaux qu’aimeraient C. la gestion pour certains cas de sinistres privilégier les clients sont l’agence, l’espace main sur la relation aux client puis le téléphone (avec des intentions simples. agents et conseillers. d’utilisation respectives de 31 %, 27 % et Le suivi répond au besoin de transparence. L’assurance donne ainsi de la visibilité 16 %), ils recourent en réalité aux canaux de contact dans un ordre différent à savoir sur le traitement des dossiers à chaque l’agence, le téléphone et enfin l’espace étape notamment lorsque l’instruction est Avec ces nouveaux acteurs, les clients client (avec une utilisation respective de confiée à un partenaire (experts, artisans, attendent naturellement de leurs 29 %, 28 % et 16 % des assurés). Nous etc.). assurances une qualité de service élevée, pouvons déduire deux enseignements Avec cette restitution d’information, le flux ils sont plus exigeants sur la transparence majeurs : de sollicitation est amené à se réduire. En de l’information, la disponibilité des services et la rapidité de traitement. 1) a ssocier le réseau de distribution est effet, la majorité des interactions du client primordial ; sinistré avec son assurance porte sur la Les assureurs traditionnels sont alors demande d’information. On peut alors 2) l’inversion entre l’intention d’utilisation amenés à repenser la gestion de leur espérer une baisse des appels, des e-mails du téléphone et de l’espace client chaîne des sinistres pour aller vers des et des courriers portant sur la demande témoigne de la pauvreté des Smart Claims en intégrant tous les leviers d’information. Au Royaume-Uni, un fonctionnalités réellement proposées sur d’optimisation possibles : assureur a observé une diminution des flux les espaces clients, incitant les assurés à • la simplification des règles de gestion ; entrants de 45 % suite à la mise en place recourir à une sollicitation téléphonique. • l’intégration de briques technologiques d’une solution de suivi de sinistres. pour alléger le traitement et le fiabiliser ; L’agent est aujourd’hui le meilleur relais Pour la prédéclaration ou le traitement • l’exploitation du canal digital pour fournir pour développer le canal digital. En des sinistres, des briques technologiques de l’information en continu à l’assuré donnant les mêmes outils ergonomiques, peuvent se greffer sur l’ensemble de la sinistré ; simples et rapides d’utilisation aux clients chaîne afin d’automatiser, d’optimiser • la fiabilisation de la chaîne de bout en et aux agents, ces derniers pourront plus les processus et d’assurer une meilleure bout afin d’associer plus grandement simplement répondre aux problématiques conformité des données. les distributeurs et le réseau dans de leurs clients dans un cadre spécifique, l’instruction des sinistres. défini par les assureurs. 20
Lettre des Services Financiers n°33 | Assurance Dans ce cadre, Deloitte a développé des TrueVoice permet d’accompagner le services permettant d’accélérer la mise en conseiller au téléphone pour capter les place de projets Smart Claims : émotions du client et l’aider à ajuster son discours. L’assureur est ainsi accompagné pour réagir face au client, notamment ClaimsNudge donne de la visibilité au lors de demandes d’informations, de client sur les prochaines étapes du sinistre réclamations ou encore pour la gestion et le notifie à chaque étape. d’un sinistre. Comment réussir le développement L’outil SARA (Smart Accident Report d’une stratégie Smart Claims ? Analyser) qui analyse en quelques Une des difficultés à la digitalisation de secondes un constat amiable, identifie les la gestion d’un sinistre est la complexité informations liées aux conducteurs, aux des processus et notamment des règles circonstances de l’accident et déduit ainsi d’indemnisation. La multitude des règles la responsabilité. de gestion (exceptions, montants et plafonds différenciés, etc.) ne permet pas aujourd’hui de mettre en place des applications digitales, simples d’utilisation et fiables. La simplification des processus est donc un élément central pour le développement des Smart Claims. Extraction et analyse automatisées des éléments clés du rapport La réussite d’un projet Smart Claims dépend également de l’embarquement des équipes pour assurer un lancement Adresse Date et heure Corporel efficace des projets. L’utilisateur final est bien le client, mais celui-ci s’appuiera Témoins Autres dégâts toujours sur les agents et les gestionnaires. matériels C’est pourquoi une implication en amont Assuré et une formation adaptée favoriseront l’adoption de ces nouveaux outils. Enfin, les sinistres digitalisés nécessitent Assureur une utilisation forte de la donnée, que Véhicule adverse ce soit dans l’exploitation ou le transfert de celle-ci. En effet, il faut récupérer des informations des systèmes de gestion internes (données client, données contrat) mais également des solutions parfois Responsable externes (analyse de constats auto, Responsable estimation des dommages, etc.). Un des prérequis est donc à la fois la qualité des données mais également la mise à Zone d’impacts disposition de celles-ci par le biais de Web services, etc. Les Smart Claims, qui sont des processus Commentaires sinistres simplifiés et digitaux, deviennent des prérequis pour chaque assureur. Les Observations systèmes d’information ont évolué au Observations cours du temps et facilitent aujourd’hui cette digitalisation, tout comme les briques externes, réels accélérateurs sur les projets. Cependant, la mise en place de nouveaux canaux ne supprime pas totalement l’utilisation des anciens. La relation et la satisfaction client doivent rester des enjeux au quotidien. 21
Lettre des Services Financiers n°33 | Immobilier Sommaire L’impact du changement climatique sur le secteur de l’immobilier D’une position de coupable à celle d’apporteur de solutions Rédacteurs : Stéphane Martin, Directeur, stephmartin@deloitte.fr et Pierre Bernat, Directeur, pbernat@deloitte.fr 22
Lettre des Services Financiers n°33 | Immobilier 23
Lettre des Services Financiers n°33 | Immobilier Conscients de leur responsabilité sur le changement climatique et de l’impact de ce dernier sur leurs propres activités, les acteurs du secteur de l’immobilier et de la construction ont décidé de résolument s’engager dans l’apport de solutions à contribution positive. Ce mouvement se traduit en de multiples défis et conséquences. Les acteurs de Du fait d’exigences réglementaires qui se fruit des reproches répétés des ONG et renforcent et de la pression croissante des avertissements des scientifiques. En l’immobilier et de la de l’opinion publique, en particulier des complément, la réglementation a imposé construction sont nouvelles générations, l’année 2019 de nouvelles normes de construction et marque un véritable tournant dans la prise de reporting. Enfin, de nouvelles voix se très conscients de de conscience des acteurs de l’immobilier sont fait entendre : Millennials, acheteurs, l’impact qu’ils ont et de la construction, des impacts du investisseurs, etc. changement climatique et des transitions sur le changement obligatoires qu’ils impliquent. La nouveauté vient de la valorisation de l’ampleur des risques désormais climatique, qu’il soit En conséquence, les acteurs de ces associés au changement climatique. En environnemental ou deux secteurs ont lancé plusieurs 2019, FourTwentySeven estimait que, en initiatives pour s’attaquer aux problèmes Europe, 19 % des surfaces commerciales social. environnementaux et sociaux. Ces et 16 % des bureaux étaient exposés aux initiatives ont un impact positif sur inondations et/ou à l’élévation du niveau de l’environnement puisqu’un bâtiment la mer (le stress thermique représentant construit selon la réglementation en également un risque important). vigueur en 2019 consomme en moyenne neuf fois moins d’énergie que le même Les acteurs de l’immobilier et de la bâtiment construit en 1974. construction avaient déjà entrepris plusieurs actions réelles/concrètes Le point clé tient à l’ampleur de l’ambition des actions enclenchées, qui est passée Environ 500 des plus grandes entreprises d’une volonté de réduction de l’impact mondiales ont adopté les objectifs fixés à une réalité de contribution positive. par l’initiative Science-Based Targets. Green Office, nouveau siège de Steria Les secteurs de l’immobilier et de la situé à Issy-les-Moulineaux, illustre ce construction ont suivi le mouvement. mouvement ; un an après l’installation des Plus précisément, les investisseurs collaborateurs, il produit 9 % de plus que immobiliers ont pris en compte les ses consommations sur l’année. changements climatiques dans leur développement, à travers les éléments Les secteurs de l’immobilier et de suivants : la construction sont conscients de • cartographie des risques physiques des leur contribution au changement portefeuilles ; climatique et des risques induits • mise en place de mesures Les acteurs de l’immobilier et de la supplémentaires d’atténuation des actifs construction sont très conscients de à risque ; l’impact qu’ils ont sur le changement • inclusion des risques climatiques dans climatique, qu’il soit environnemental leurs processus d’acquisition ; (carbone, biodiversité, consommation • implication dans les stratégies locales de de ressources, etc.) ou social (activité et résilience avec les décideurs politiques ; développement des territoires, etc.), et de • etc. ce que cela implique en termes de mode de De leur côté, les constructeurs ont adopté fonctionnement et d’image négative qu’ils de nouvelles méthodes de construction ont pu renvoyer. L’immobilier résidentiel et et de nouveaux matériaux pour, à la fois, tertiaire représente en effet plus d’un tiers limiter leur consommation de matériaux de la consommation d’énergie en France. et d’énergie et résister aux températures La prise de conscience ne s’est pas faite élevées et aux événements climatiques du jour au lendemain, mais elle est le exceptionnels. Si plusieurs tendances 24
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