Appel à communication du Réseau Sociologie du droit et de la justice " (RT 13) - Congrès - AFS 2021 - Association Française de Sociologie
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Appel à communication du Réseau Thématique « Sociologie du droit et de la justice » (RT 13) – Congrès AFS 2021 Le réseau thématique « Sociologie du droit et de la justice » (RT13) de l’Association Française de Sociologie a pour vocation de réunir les chercheur·se·s et doctorant·e·s travaillant sur le droit ou la justice avec les méthodes et les questionnements des sciences sociales. Le RT13 met en relation des travaux fondés sur des bases empiriques solides, sans exclusivité de méthode, ni de courant d’analyse. Au-delà des chercheur·se·s prenant directement pour objets les institutions, les normes, les acteur·ices et les dispositifs juridiques et judiciaires, le réseau est ouvert à celles et ceux qui sont amené·e·s à travailler sur le droit et/ou la justice à travers d’autres objets (organisations, action publique, mobilisations ou professions, pour ne citer que quelques exemples). Il est également attentif à travailler ses objets privilégiés à partir des outils analytiques transversaux aux sciences sociales. Dans les discours publics, il n’est pas rare de percevoir le droit tantôt comme un vecteur de progrès social, tantôt à l’inverse comme une institution intrinsèquement conservatrice. Traiter de cette question en sociologues amène à se demander, si inversement, le changement social entraîne des transformations du droit, voire à envisager la co-construction du changement social et du changement juridique. Dans quelle mesure et à quelles conditions le droit anticipe-t-il, produit-il ou, au contraire, suit-il les transformations de la société ? Le congrès 2021 de l’AFS nous invite à renouveler
notre regard sur ces questions, qui irriguent le monde universitaire, mais aussi les mouvements sociaux et les institutions publiques. Les sessions organisées par le RT13 inviteront leurs participant·e·s à revisiter des questions qui structurent de longue date la sociologie du droit tout autant qu’à ouvrir de nouvelles perspectives à l’aune des transformations sociales et juridiques contemporaines. Les propositions de communications pourront s’inscrire dans l’un des trois axes suivants. 1) Le droit : moteur ou obstacle au changement social ? Le Congrès sera d’abord l’occasion de revisiter un débat classique des sciences sociales qui vise à déterminer les conditions dans lesquelles le droit cesse d’être un facteur d’inertie et de reproduction de l’ordre social pour devenir un instrument au service du changement social. Les mouvements sociaux ont recours au droit pour défendre leurs causes, par exemple en formulant leurs revendications en termes de droits ou en contestant des pratiques étatiques ou privées devant la justice. Mais l’efficacité de « l’arme du droit » varie. Elle dépend d’abord de facteurs propres aux institutions, qui vont des trajectoires sociales des juges à l’organisation interne des bureaucraties chargées de rendre effectifs les droits nouvellement acquis, elles-mêmes marquées par des processus d’inertie et de changement. La structuration des mouvements sociaux doit aussi être considérée, tant sous l’angle des alliances tissées avec des professionnel·le·s du droit que des altérations plus ou moins grandes des mots d’ordre afin de les rendre solubles dans les catégories juridiques. Les débats actuels sur la réponse à apporter aux violences sexuelles, aux violences policières ou encore aux atteintes à l’environnement, montrent à quel point ces enjeux sont d’actualité. Inversement, les mouvements sociaux sont aussi “saisis par le droit”, au sens où leur encadrement juridique par les pouvoirs publics pèse sur leur capacité à faire émerger des causes, à faire avancer leurs revendications et à
bousculer l’ordre établi. La place du droit et des institutions juridictionnelles dans la période de restriction des libertés publiques que nous traversons pose ainsi question aux sociologues que nous sommes. Session croisée RT13/RT18 (sociologie des relations professionnelles) Pratiques syndicales et usages du droit au regard des transformations récentes du Code du travail Les changements sociaux dont il est ici question peuvent se lire à l’aune des nombreuses évolutions législatives intervenues ces dernières années dans le droit du travail, avec notamment la loi du 8 août 2016 et les ordonnances du 22 septembre 2017. Ces réformes ont concerné des domaines très variés, affectant les règles des négociations collectives, le recours aux prud’hommes, les licenciements collectifs, etc. La principale tendance de ces nouvelles lois est de faire des accords d’entreprise l’outil privilégié de la régulation des relations de travail comme en témoigne la nouvelle organisation du code du Travail dans lequel les dispositions prévues par la loi ne disparaissent pas, mais deviennent supplétives, c’est-à-dire ne s’appliquent qu’en l’absence d’un accord d’entreprise. En parallèle, les différentes instances de représentation du personnel (délégué·e·s du personnel, comité d’hygiène et sécurité et des conditions de travail, comité d’entreprise) ont disparu au profit d’une instance unique, le comité économique et social (CSE). Comment les acteurs·rices – représentant·e·s de direction, du personnel, délégué·e·s syndicaux, salarié·e·s – se saisissent de ces nouveaux dispositifs ? En quoi la multiplication des nouveaux textes législatifs encourage-t-elle certaines formes de judiciarisation – ou au moins de juridicisation – des relations professionnelles ? Assiste-t-on à des pratiques d’« endogénéisation du droit » très diversifiées ou, au contraire,
similaires selon les entreprises ? Dans quelle mesure les activités syndicales sont-elles affectées par la disparition des anciennes instances de représentation du personnel et l’arrivée des CSE ? En partenariat avec le RT 18 « sociologie des relations professionnelles », cette session cherche à étudier les usages du droit des syndicats, des employeurs et des salariés au regard des récentes évolutions du Code du travail. 2) Changement juridique et transformations individuelles La question du droit et du changement social peut également être abordée dans une perspective plus microsociologique, attentive à leur place dans les transitions biographiques, individuelles et collectives. Cet axe réunira des recherches qui interrogent le point de vue des citoyennes et des citoyens qui ont affaire au droit et à la justice dans les moments critiques de leur vie personnelle ou professionnelle. Former ou rompre une union conjugale, devenir parent ou organiser sa succession, chercher ou perdre un emploi ou un logement, s’installer dans un nouveau pays, sont autant d’occasions de se saisir (ou non) du droit pour définir son identité, avoir accès à des ressources, organiser ses relations sociales. Par la nécessité de justifier les déplacements individuels, de limiter les regroupements collectifs ou encore de porter le masque, la gestion de la pandémie actuelle exacerbe également la question du droit et des droits dans la vie quotidienne. Ces expériences profanes du droit sont une des logiques qui guident les actions, les valeurs et les intérêts des individus et des groupes; elles dépendent des dispositions sociales, économiques et culturelles ainsi que des configurations matérielles et institutionnelles du droit. Par ailleurs, la formalisation juridique de nouveaux droits, les réformes législatives instituant de nouvelles procédures ou de nouveaux instruments juridiques peuvent permettre de faire valoir certains droits, à des victimes d’ester en justice ou de demander des réparations. On peut dès lors s’interroger sur
les effets de ces transformations juridiques sur les personnes qu’elles concernent directement, sur leurs rapports au(x) droit(s) ou leur conscience du droit et de leurs droits. De même que certaines recherches interrogent le sentiment de justice, le sens social et politique des sanctions pénales, ainsi que l’expérience des rituels et des interactions judiciaires par les justiciables, cet axe est donc ouvert aux propositions qui étudieront ce que tout·e un·e chacun·e, en fonction de sa place dans l’ordre social, fait avec ces règles inédites, entre conformation, évitement et contestation. 3) Droit, justice et sociologie du droit en changement Enfin, ces sessions du RT13 entendent être particulièrement ouvertes aux jeunes chercheurs et chercheuses. Plusieurs raisons à cela : d’abord, les journées doctorales du réseau n’ont pu avoir lieu en mars 2020, alors même que la jeune génération joue un rôle majeur pour renouveler la sociologie du droit – dans ses méthodes, dans ses objets comme dans ses cadres d’analyse. Ensuite, le contexte pandémique affecte particulièrement les jeunes chercheuses et chercheurs, compliquant les enquêtes de terrain dont le temps est pourtant compté au regard du format actuel des thèses. Cet axe appelle des propositions réflexives pour faire face à la déstabilisation induite par la crise dans le déroulement des recherches. Il invite aussi à penser les enjeux éventuellement spécifiques des terrains juridiques et judiciaires dans le contexte pandémique : dans quelle mesure l’épisode du confinement a-t-il ouvert une fenêtre d’opportunité pour transformer l’organisation du travail dans les juridictions, pour accélérer la “digitalisation” de la justice, pour déjudiciariser certains contentieux ou encore pour faire émerger de nouvelles normes – par exemple en matière de télétravail ? Cette liste non exhaustive de pistes de recherche témoigne de l’ouverture du réseau aux questions qui se posent ici et maintenant aux sociologues du droit et de la justice.
Les propositions de communications ne devront pas excéder 5 000 signes. Elles comporteront un titre, la question de recherche, les principaux arguments ou la thèse démontrée, les principaux résultats, les méthodes mobilisées, sources et terrains étudiés, le cadre théorique dans lequel elles s’inscrivent, ainsi qu’une bibliographie sommaire. Elles devront, le cas échéant, préciser si elles sont destinées à la session croisée organisée par les RT13 et RT18. Elles devront obligatoirement être mises en ligne sur le site de l’AFS (http://afs-socio.fr/) avant le 30 janvier 2021 Calendrier 30 Janvier 2021 : réception des propositions de communication sur la plateforme du RT13 Mi-mars 2021 : réponse du RT13 Début juin 2021 : envoi aux discutant·es et aux responsables du RT13 du support de la communication, d’une longueur de 10 à 15 pages 6-9 juillet 2021 : congrès de l’AFS Appel à contribution pour un numéro thématique de la revue Loisir & Société : La digitalisation des activités
physiques et de loisirs sportifs : enjeux individuels et sociaux Ce numéro thématique vise à rassembler des contributions éclairant les différentes facettes de la digitalisation à l’œuvre dans le domaine du sport et de l’activité physique. Ces derniers sont envisagés au sens large des diverses mises en jeu corporelles inscrites dans des modalités de bien-être, de détente, de santé et/ou de loisir plus ou moins sérieux (n’excluant pas la recherche de performance). Par digitalisation, nous entendons la mise en chiffres des activités, puis la transformation de ces données via un traitement informatisé. Les questions soulevées vont cependant au-delà des data produites et des algorithmes. Sur fond d’hyper-connexion, de multiplication des réseaux sociaux, de tendance à l’automesure, à la gamification et au gouvernement des corps, les évolutions considérées dépassent la quantification de l’engagement corporel : elles touchent aussi à la circulation, au partage et à l’exploitation des données générées. Les mises en lien prenant appui sur les technologies de l’information et de la communication (TIC), qu’elles soient inter-individuelles, communautaires ou régulées via une intervention professionnelle sont également centrales. Enfin, cette digitalisation a souvent pour corollaire une mise en récit, voire une mise en scène virtuelle de soi et des autres, de son corps et de ses compétences, qui emprunte aux codes de la réalité augmentée. Ce projet éditorial a d’autant plus de sens que la mobilisation des TIC dans le domaine du sport et de l’activité physique n’est pas cantonnée aux usages experts visant l’optimisation de la performance. La sophistication des solutions high tech accompagne aussi le/la marcheu.se utilitaire, soucieux.se de se conformer quotidiennement aux
préconisations de santé publique en matière d’activité physique ; le ou la malade chronique souhaitant mettre en œuvre la prescription d’activité physique émanant de son médecin; ou encore le ou la cycliste amateur.e contribuant, à travers une application communautaire, à la création d’une émulation entre pairs technophiles. Parmi bien d’autres, ces utilisations ordinaires des possibilités et fonctionnalités offertes par la digitalisation figurent au cœur du projet, qui délaisse à l’inverse les mobilisations d’outils numériques dans le sport de haut-niveau. De plus en plus systématiquement embarquées, gérées de manière individuelle sinon autonome, ces « solutions » combinent des fonctions tout en promettant simplicité d’utilisation et circulation fluide des données. La publicité instantanée des data et des analyses auxquelles elles se prêtent est non seulement proposée, mais largement encouragée au sein de communautés d’utilisateurs incités à dévoiler leur vie physique. Objectiver son activité physique, la déroutiniser, l’afficher et s’encourager passent par ce type d’application pour un nombre grandissant de sportifs lambda, bien au-delà du cercle des athlètes confirmés et des injonctions provenant d’un entraîneur ou d’un enseignant. Ces applications sont présentées par leurs promoteurs comme une source d’amélioration de la connaissance de soi par les chiffres, de réduction des risques par le contrôle de ses constantes vitales, et de soutien de la motivation particulièrement efficace, qu’il s’agisse de « se mettre au sport », de s’engager régulièrement dans une activité physique, de perdre du poids, de rationaliser sa pratique, ou encore de viser un perfectionnement technique afin d’accroître ses performances. Les propositions pourront aborder l’architecture et les effets pluriels des dispositifs communautaires, applications mobiles de sport ou d’activité physique par différents publics : sportifs réguliers ou occasionnels, sédentaires en reprise
d’activité, personnes atteintes de maladie chronique, résidents isolés au sein d’institutions ou patients confinés, etc . Elles pourront aussi porter sur les promesses des dispositifs en question, les motivations exprimées par les utilisateurs (qu’ils soient prescripteurs ou pratiquants), leurs usages et appropriations plurielles (en fonction, notamment, du genre, de l’âge, des PCS, du vécu athlétique, etc.) ou encore le type de connaissances qui circulent et la nature des mises en relation par leur intermédiaire. Sans occulter les cas d’abandon, d’utilisation irrégulière, d’addiction ou de mise à distance de ces dispositifs, dont on sait qu’ils sont fréquents et méritent une attention particulière. Enfin, le devenir des données sur l’activité des utilisateurs de dispositifs digitaux pourra faire l’objet d’analyses. La circulation des data et les formes de création de valeur inscrites dans ce qu’il est convenu d’appeler l’économie digitale soulèvent en effet plusieurs zones d’ombre : consentement relatif à l’acquisition de données personnelles, effectivité des régulations (non-cession, dé- identification), transparence quant à l’utilisation des data, propriété des données, accès à ses propres données et portabilité digitale, etc. (Koizumi, 2019). Par ailleurs, les possibilités de tracking soulèvent d’autres questions sensibles, liés notamment au cyber-harcèlement. L’intention est de se pencher sur ces innovations, de décrypter leurs effets en adoptant un regard détaché de la fascination technophile et de la rhétorique de l’empowerment. En effet, les perspectives offertes par ces dispositifs en termes de santé publique, de ludification et de lutte contre la sédentarité sont tangibles. Toutefois, cette reconnaissance ne peut s’exonérer d’une étude attentive de leurs usages pluriels, de leurs limites et des enjeux systémiques qu’ils soulèvent. Il importe par conséquent de ne pas céder au solutionnisme technologique (Morozov, 2013), quand bien même le numérique bénéficie tout particulièrement de l’emballement et de la séduction que suscitent les nouvelles technologies,
comme levier évident et presque providentiel de progrès (Oki, 2019). A ce titre, les contributions abordant les conséquences inattendues, voire les effets pervers et la « face cachée » de la digitalisation sont également les bienvenues. De même, le caractère radical de l’évolution décrite pourra être remis en question : augure-t-elle d’un nouvel âge de la pratique sportive et de l’activité physique ? L’intégration de nouvelles technologies agit-elle comme une « onde de choc » susceptible de bouleverser les manières de s’adonner à une activité physique ou sportive ? Des transformations semblent à l’œuvre, mais l’euphorie descriptive pousse régulièrement à faire signifier aux changements observés plus qu’ils ne disent réellement (Passeron, 1987). Quelle est leur profondeur ? Sans nier les changements, il convient d’adopter une posture prudente par rapport aux effets induits en matière d’engagement dans une activité physique. Le présent appel à contribution cible des articles de recherche ancrés dans des travaux empiriques, basés sur des études de terrain, mais aussi des réflexions théoriques ou méthodologiques originales. La focalisation énoncée en introduction exclut a priori le sport pratiqué par d’autres, pour des spectateurs dont on cherche à optimiser l’expérience et la satisfaction ; de même, ne sont pas couvertes dans cet appel les activités de e-sport s’apparentant davantage au jeu vidéo qu’à l’expérience corporelle, telle que décrite ci- dessus. Néanmoins, des mises en perspective problématisant la question de la frontière entre ces secteurs et ceux couverts prioritairement dans le cadre de cet appel pourront être considérées. Enfin, conformément au positionnement de la revue, les contributions provenant de plusieurs disciplines, ainsi qu’à l’interface de celles-ci, sont les bienvenues : sociologie, histoire, psychologie, anthropologie, philosophie, épistémologie, sciences de l’information et de la communication, sciences de gestion, géographie.
Date limite de réception des propositions, au format de la revue Loisir & Société : 30 avril 2021 Pour toute soumission ou question, s’adresser à Bastien Soulé : bastien.soule@univ-lyon1.fr Appel à communications – sessions du RT 43 au congrès AFS 2021 Approches croisées des changements religieux La sociologie des religions française s’est structurée dans les années 1960 autour de concepts – la sécularisation, la pluralisation religieuse, l’individualisation des pratiques et croyances– qui accordent une place centrale à la notion de changement, en y associant des connotations positives (la « modernité » religieuse) ou négatives (le registre de la perte) et analysée à différents échelles (individuelle, organisationnelle etc.). Tout en tenant compte des apports de ces paradigmes, l’objectif du réseau thématique sera de s’éloigner des approches théoriques qui seraient spécifiques aux religieux en s’interrogeant sur le travail de sélection et de catégorisation à l’œuvre (comment définir ce qui est « religieux « ? Comment appréhender objectivement ou subjectivement le changement ?). Pour ce faire, ces sessions privilégieront des approches croisées, fondées sur des enquêtes empiriques, de manière à interroger l’articulation entre changements religieux et d’autres types de changements sociaux en associant sociologie des religions et sociologie
politique, sociologie urbaine et des territoires, sociologie de la famille et du genre, des associations, du militantisme etc. Nous accorderons une attention particulière aux relations entre religions et territoires, et aux changements affectant aujourd’hui l’exercice du métier de sociologue lorsque celui- ci prend pour objet la religion. Changements religieux, changements sociaux En analysant les interactions entre changements religieux et changements sociaux il s’agira à la fois de rendre compte de l’inscription du religieux dans son environnement social et de mesurer l’autonomie relative de la variable religieuse dans des contextes donnés. Autrement dit, l’objectif est de réfléchir à des approches du changement religieux qui prennent en compte l’imbrication des rapports sociaux. Cette réflexion pourra prendre appui aussi bien sur des méthodes quantitatives, afin de mesurer les corrélations entre des affiliations religieuses et des pratiques sociales, que sur des méthodes qualitatives ancrées dans l’observation directe des imbrications du religieux et du social. Religions et territoires en changement En nous intéressant plus particulièrement aux approches croisant sociologie des religions et sociologie des territoires (urbains, périurbains, ruraux etc.), l’objectif est de questionner la dimension territoriale des pratiques et croyances religieuses catégorisées comme « nouvelles » (mobilité, circulation, multiappartenance) ou mettant en avant la mobilité géographique (pèlerinages). On pourra aussi analyser, dans cette perspective, les reconstitutions discursives, rituelles ou matérielles que le registre du changement religieux est susceptible de produire en référence à des territoires : patrimonialisation du religieux, nostalgie ou discours politico-religieux sur les « racines », réappropriations symboliques, préoccupations environnementales et sacralisation de la nature etc.
La transformation du métier de sociologue des religions Enfin, il s’agira de s’interroger sur les transformations du métier de sociologue et les enjeux méthodiques, théoriques et épistémologiques que ces transformations soulèvent pour les sociologues spécialistes du religieux ou qui croisent le religieux sur leur terrain d’enquête. Dans un contexte marqué par la contractualisation de la recherche et par la place grandissante que les religions occupent dans l’espace public, politique et médiatique la thématique du changement religieux est-elle même l’objet de discours idéologiques et normatifs qui ont une incidence sur les conditions de l’enquête en terrain religieux. L’objectif ici est d’analyser collectivement, à partir d’expériences de terrain et d’une approche réflexive du champ académique, les principaux facteurs sociaux, politiques et scientifiques pesant aujourd’hui sur nos pratiques de recherche et les questions méthodologiques qu’ils soulèvent. Envoi des propositions de communication Les propositions de communications, d’une demi-page à une page, doivent indiquer : nom et prénom du ou des auteur.e.s ; affiliation institutionnelle ; adresse email. Les propositions sont à déposer sur le site de l’AFS selon les modalités communes à tous les réseaux thématiques, avant la date limite fixée au 31 janvier 2021. La décision sera communiquée aux auteur.e.s mi-mars 2021. Congrès AFS Lille 2021 –
appel à communications du RT48 Du changement dans les coordonnées du « problème » de l’articulation travail/famille ? La sociologie de l’articulation des temps sociaux examine les contextes de production du « problème » de la « conciliation » travail/famille. De nombreux travaux ont déconstruit les référentiels qui structurent aujourd’hui l’articulation des temps sociaux et ses tensions, dont ceux dédiés à des activités touchant à l’emploi et ceux relatifs à des activités hors-emploi. Ces travaux permettent de comprendre l’origine de ces tensions, principalement dans les sociétés occidentales contemporaines (mais aussi ailleurs). Dans le même temps, des travaux analysent les expériences concrètes des individus en la matière. Au-delà de la seule description des arrangements opérés par les individus, ces travaux ont particulièrement mis en lumière les inégalités de genre qui y président ou encore la manière dont les cultures professionnelles travaillent ou sont travaillées par cet enjeu quotidiennement renouvelé pour l’immense majorité des individus : comment articuler au mieux engagements et contraintes professionnelles avec les engagements et contraintes liées à d’autres sphères tout au long de la vie (notamment parentaux, civiques, associatifs)? Dans le cadre de ce congrès, nous proposons d’explorer les dynamiques récentes, dont celles liées à la pandémie du Covid-19, qui interrogent les contours actuels du « problème » de l’articulation des temps sociaux : dans quelle mesure certaines transformations ou évènements récents bouleversent- ils les coordonnées du « problème » de la conciliation, cela à l’échelle individuelle des expériences mais aussi à l’échelle collective ? Nous proposons de réfléchir aux effets de changements
normatifs puissants travaillant les sphères de la vie familiale et de la vie professionnelle : l’injonction à une vie familiale de « qualité » en ce qui concerne la famille dont sa globalité en tant qu’agent de socialisation agissant sur les enfants (1) ; la diffusion de normes d’égalité hommes / femmes à des milieux sociaux variés (2) ; l’intensification du travail à distance dans certains segments professionnels (3). Certains de ces changements ont été mis à l’ordre du jour par la pandémie du Covid-19 tout en étant des processus inscrits dans le temps long. En quoi ces transformations renouvellent-elles les pratiques d’articulation des temps sociaux ? A quelles négociations conduisent-elles à l’échelle du couple et de la famille ? En quoi ces dynamiques renouvellent-elles les inégalités telles qu’elles font valoir leurs effets et telles que ces derniers sont vécus par les individus ? Ces réflexions se déclineront en trois axes de questionnements. Axes de questionnement Axe 1 : au nom du bien-être des enfants En quoi la diffusion de certaines normes de parentalité (au nom du bien être enfantin) enjoignant au dialogue et à la présence/disponibilité auprès de l’enfant repose-t-elle la question de l’articulation des temps sociaux à l’échelle de la vie familiale ? Dans les milieux sociaux où la prise en charge des enfants (pour les hommes de milieux populaires par exemple) ou le développement d’une carrière professionnelle (dans le cas de femmes de classes populaires) ne constituaient pas des horizons désirables, dans quelle mesure des changements sur ces deux plans renouvellent-ils la question de l’articulation entre des investissements familiaux, individuels et professionnels ? Quels arrangements ces nouvelles aspirations supposent-elles à l’échelle des familles ? Plus généralement, quels changements la diffusion de normes de parentalité promouvant un certain bien-être enfantin génère-t-elle sur les organisations familiales ?
Axe 2 : Au nom de l’égalité entre les sexes Des questions similaires peuvent être posées au sujet de la répartition des charges parentales et domestiques à l’échelle des membres du couple et de la fratrie. En quoi la diffusion de normes de genre promouvant l’égalité hommes/femmes se traduit-elle par une reformulation de la question de la « conciliation » dans les organisations familiales ? Quels facteurs font varier ces effets (âge des enfants, âge des parents, position dans le parcours de vie, classes sociales, etc.) ? En quoi les normes de l’égalité influent-elles la mise à l’agenda politique des Etats du « problème » de la conciliation travail/famille ? Il s’agit donc de s’interroger sur la reformulation de ce problème dans les familles, mais aussi en termes de politiques publiques. Au-delà des politiques publiques, c’est à l’échelle du débat public que la question peut être posée à travers l’irruption de termes mettant en avant ce problème (tel que, en 2017, la « charge mentale » dans la BD d’Emma et le livre de Titiou Lecoq). Axe 3 : Travail, famille, Covid (axe commun avec le RT33 FAMILLE) L’irruption du Covid-19 dans le courant de l’année 2020 a bouleversé emploi et conditions de travail. Nous proposons de réfléchir à ces transformations sous l’angle de l’articulation travail/famille : comment l’accroissement exceptionnel du chômage et le changement des modalités de travail (le chômage partiel, le télétravail) impactent la famille ? Comment ces changements s’imposent-ils selon les milieux sociaux ? Dans quelle mesure le télétravail renouvelle-t-il les questionnements sur l’articulation travail/famille ? En outre, nous proposons de réfléchir aux pratiques du sociologue et aux frontières sous-disciplinaires : en quoi la question du télétravail impose-t-elle à la sociologie du travail une réflexion sur l’articulation entre les sphères professionnelle et familiale et à la sociologie de la famille une considération envers la question du travail professionnel ?
Nous proposons également d’interroger la manière dont des politiques récentes en la matière ont affecté la manière dont le « problème » de l’articulation des temps sociaux est formulé et pris en charge à l’échelle collective. Comment les partenaires sociaux s’emparent-ils de l’enjeu du télétravail ? Avec quels référentiels ? En quoi la mise à l’agenda journalistique du télétravail par la pandémie Covid-19 affecte-t-elle les acteurs et actrices lors des négociations professionnelles ? Dans quelle mesure les dispositifs récents sur les aidants déplacent-ils la focale du problème de l’articulation travail/famille vers la question de l’accompagnement de la dépendance ? Comment se pose la question de l’articulation travail/famille en lien avec la prise en charge d’une personne âgée dépendante ou d’un enfant en situation de handicap par exemple ? Enfin, quels furent les changements apportés par la situation du confinement et du télétravail dans les usages sociaux du temps à l’intérieur des familles (temps conjugal, professionnel, parental, à soi, etc.) ? Comment les familles (ré)agissent-elles face aux strictes réglementations gouvernementales dues au Covid-19 et dans quelle mesure les nouvelles normes structurent-elles leur quotidien ? Comment ces éventuelles transformations se déclinent-elles socialement ? Contribuent-elles à une reconfiguration des rôles de genre au sein des familles ? Dans quelle mesure la pandémie a-t-elle conduit à une refonte des manières de penser le temps aux échelles individuelle et collective (anticipation, prévision, organisation des temps familiaux) ? Comment ces aspirations à des temps à soi, pour soi, pour les autres, pour le travail, etc. ont-elles été gérées dans le cadre du confinement ? Vos propositions de communication Les propositions de communication peuvent être envoyées jusqu’au 30 janvier 2021. Elles compteront un titre et un bref argumentaire sur la méthode, les objectifs et les résultats de
recherche (max. 1 page). Les propositions doivent être déposées sur le site de l’AFS (http://afs-socio.fr/rt/rt48/) Les réponses seront transmises début mars et les interventions sélectionnées seront inscrites dans le programme que nous vous communiquerons fin mars. Les membres du bureau du RT 48 : Pascal Barbier (Pascal.Barbier@univ-paris1.fr) Myriam Chatot (myriam.chatot@ehess.fr) Bernard Fusulier (bernard.fusulier@uclouvain.be) Julie Landour (julie.landour@dauphine.psl.eu) Marianne Le Gagneur (marianne.legagneur@hotmail.fr) Alexandra Piesen (alexandra.piesen@gmail.com) Sebastian Pizarroe (sebastian.pizarroe@gmail.com) Bertrand Réau (bertrand.reau@lecnam.net) Abdia Touahria-Gaillard (Abdia.Gaillard@ens.fr) Diane Gabrielle Tremblay (diane- gabrielle.tremblay@teluq.ca) Valerya Viera Giraldo (valeryavierag@gmail.com) Charlotte Vampo (vampo.charlotte@gmail.com) AAC Revue ‘Sciences et Actions Sociales” : Les sciences sociales face à la pandémie, entre nouvelles et vieilles marginalités. Un
regard croisé à travers les réalités européennes Appel à contributions pour un dossier de la revue Sciences et Actions Sociales Les sciences sociales face à la pandémie, entre nouvelles et vieilles marginalités. Un regard croisé à travers les réalités européennes Coordination : Walter Greco, Professeur de sociologie politique, Département de Sciences Politiques et Sociales de l’Université de Calabre (UNICAL), DISPeS Anna Elia, Professeur de sociologie du territoire, Département de Sciences Politiques et Sociales de l’Université de Calabre (UNICAL), DISPeS Contexte La pandémie est l’événement historique qui a réussi en moins de six mois à bouleverser le monde entier, obligeant en grande partie l’espèce humaine à revoir ses propres certitudes sur le rapport homme/science/nature. Face à un tel bouleversement, les idées qui s’étaient consolidées au cours de cette longue période que nous appelons modernité se sont révélées fallacieuses et inadéquates. Les symboles et les croyances, laïcs ou religieux, ont été fortement influencés par la marche silencieuse d’un micro-organisme à la fois invisible et perfide. Comme accompagnés d’un interminable refrain, les débats télévisés ont longtemps été animés par des experts
virologues, des médecins, des épidémiologistes, auxquels une même question, toujours latente, était posée : “que doit-on faire ?”, et immanquablement, la science, visiblement éplorée, dévoilait son impuissance et son incapacité à apporter des solutions immédiates et définitives. Objectifs de l’appel à propositions Dans l’incertitude généralisée, et ce au niveau mondial, l’expansion de la pandémie de COVID-19 a entraîné des changements significatifs en termes de restructuration des processus économiques et sociaux ; suivis, à l’échelle globale, de comportements fermés impliquant de limiter au maximum les contacts interpersonnels : pratiquement le blocage de la socialité comme elle était vécue jusqu’alors. Du point de vue économique, en référence au travail de Giovanni Arrighi sur les cycles capitalistes d’accumulation (1996), il semblerait presque que la pandémie représente un moment de e rupture marquant la fin de ce qui fut un très bref XXI siècle. Commencé au vingtième siècle, au milieu des années 1980, par l’affirmation (Reagonomics) des théories néo-libérales aux États-Unis d’Amérique et des politiques thatchériennes en Angleterre ainsi que par le tournant de la Chine de Deng Xiao Ping (Harvey, 2014), il se referme environ quarante ans plus tard. Durant ce laps de temps, l’hégémonie s’étant en définitive avérée polycentrique (Sassen, 1996) cède la place à un avenir incertain à l’intérieur duquel la pandémie pourrait représenter un point de rupture, plus précisément une crise révélatrice. Les changements auxquels toutes les sociétés devront faire face ont certainement été provoqués par des facteurs sanitaires de nature exceptionnelle. Toutefois, ces perturbations viennent se greffer sur des économies déjà
affaiblies et constamment traversées par des crises financières de plus en plus fortes et répétées (Gallino, 2011). Si avant la pandémie, les énormes bénéfices liés aux spéculations financières engendraient des crises récurrentes (net-economy, subprime, crises des dettes souveraines, etc.) dont il était de plus en plus difficile de se relever, suite au choc pandémique et de manière généralisée, les économies mondiales réussissent difficilement à retrouver des parcours connus afin de pouvoir mettre de nouveau en œuvre leur capacité productive et d’inverser la tendance fortement négative des indicateurs macroéconomiques. On assiste un peu partout à un important recul de la capacité de production et une chute vertigineuse des produits intérieurs libres, dont l’effet secondaire le plus évident est l’élimination substantielle de la force de travail dans les circuits de production (Sassen, 2016). Des millions d’emplois ne sont pas compatibles avec cette nouvelle situation et, en outre, deviennent impossibles par le risque sanitaire. L’ancienne structure de production devient excédentaire de par l’impossibilité de faire coïncider l’emploi actuel avec les valeurs préexistantes, face à une crise économique qui se manifeste de manière exacerbée et ayant été provoquée aussi bien par le blocage de la production que par les lourdes contraintes liées aux mesures nécessaires de prophylaxie sanitaire, de distanciation sociale et de recours à des formes alternatives d’emploi de la main-d’œuvre telles que le télétravail. En substance et tendanciellement à l’intérieur des différents secteurs économiques, on assiste à un certain besoin de récupération des valeurs économiques perdues à cause du confinement, et ce, à travers l’augmentation de la productivité lorsque cela est possible et la tentative d’externalisation des coûts sociaux destinés à replacer la force de travail (et la population) qui n’est plus nécessaire. Aux États-Unis, les politiques libéristes de l’administration Trump estiment que le marché constitue le principal agent de régulation sociale, ce qui entraîne une évidente
militarisation du territoire, l’apparition de formes de gouvernement de plus en plus sécuritaires, ce qui ne fait qu’augmenter les motifs de conflictualité sociale. Les économies européennes, par contre, tentent de résister au raz- de-marée grâce à des mesures expansives de type monétaire, élargissant de manière démesurée la base monétaire et remettant à plus tard la nécessité de faire coïncider la croissance économique et les déficits publics. Ces deux mesures, malheureusement, soulèvent des questions quant à la période de gestion politique et sociale que l’économie traverse, surtout en termes de gouvernance de la population excédente qui, soyons réalistes, n’aura aucune chance d’être réintégrée dans le monde du travail. Comme l’affirme Laurent Cordonnier dans le numéro de mai 2020 du Monde Diplomatique, cette crise ne ressemble à rien de connu dans l’histoire du capitalisme. Elle ne résulte ni d’un choc d’offre, dû à des entraves institutionnelles, technologiques ou provenant de la disponibilité insuffisante des facteurs de production, ni d’un effondrement soudain de la demande. Cette crise, selon Cordonnier, découle essentiellement de décisions souveraines qui ont conduit à mettre brutalement à l’arrêt des pans entiers de l’appareil productif. À cette population marginale en soi et déjà confrontée à des difficultés économiques s’ajoutent de nouveaux sujets en difficulté tels que les victimes de restructurations des processus productifs, les travailleurs autonomes, ceux qui travaillent dans l’économie souterraine, et enfin la portion (difficilement quantifiable) de population porteuse saine de COVID-19, potentiellement en mesure de réalimenter de nouvelles vagues pandémiques : tous ces sujets ont immédiatement soulevé des problèmes d’accès à des ressources qui ne sont plus disponibles. Bien que garantissant une gestion plus sereine des frictions sociales, les solutions et les aides financières dont on asperge la population ne sont en réalité que des remèdes
immédiats mais faibles, des solutions à brève échéance ; de même, les formes d’intervention directe en économie, là où il s’avère nécessaire de diminuer le nombre d’employés sur les lieux de travail, auraient toutefois des effets positifs limités, alors qu’elles auraient habituellement participé à alimenter de vertueux circuits de croissance. Dans ce cadre, le virus entraîne une sorte d’asymptote fixant une limite infranchissable et ayant une influence sur les réponses apportées par les politiques publiques : la « 90% economy » dont parle The Economist dans son numéro du 2 mai 2020. Toujours dans The Economist, on peut lire que le bureau central de statistiques des États-Unis enregistre, uniquement pour le mois d’avril 2020, une chute de 11,6% du Produit Intérieur Brut américain. On observe également des situations analogues en Europe. Un rapport de l’OCDE cité dans le Corriere della Sera du 10 juin, indique que le PIB italien pourrait subir une chute libre jusqu’à -14% en 2020. Mais c’est toute l’Europe qui est en train de payer le prix fort: L’Espagne, la France et la Grande-Bretagne perdront des quotas de production analogues, alors que l’Allemagne devrait limiter l’effondrement avec des pertes de produit estimées autour de 8%. Avec des scénarios de ce genre et des niveaux de dette publique qui s’envolent jusqu’à être multipliés par deux par rapport au début de l’année, le rôle des dépenses publiques est destiné à subir de continuelles tensions et on peut clairement imaginer que les plans pour combler les énormes déficits à taux croissant seront difficilement soutenables par des économies en récession : de longues périodes de mise en discussion ou de réduction des niveaux de couverture des systèmes liés à l’état social sont facilement prévisibles. Le problème se posera au niveau de la gouvernance d’une structure sociale qui ne pourra vraisemblablement se fonder que sur une exposition inégale des causes de la vulnérabilité, (Bauman, 2005, 2006) et des facteurs de risque. Très probablement, des technologies politiques s’imposeront et
s’empareront de manière différenciée des corps, de la santé, de la manière de se nourrir, de tout l’espace lié à l’existence (Foucault, 2004b, 2004a). D’un côté, une élite sera comprise au sein d’un processus productif immunisé, de l’autre, une humanité éventuellement sacrifiable (Agamben, 1997, 2003) à laquelle on demandera, sous conditions difficilement modifiables, d’endosser aussi bien la responsabilité des niveaux productifs que la nécessité d’éviter d’éventuelles contagions. Ouvrir un débat devrait permettre de commencer à élaborer différents espaces de réflexion qui pourraient être répartis sur au moins quatre points : L’analyse pourrait suivre une première direction concernant les impacts déjà visibles tels que l’augmentation des inégalités, le désordre social qui se manifeste et la dégradation des conditions de vie, surtout dans les banlieues et les quartiers en marge de la réalité urbaine. Une seconde direction pourrait mener à l’observation de la capacité de réaction des différents systèmes sanitaires nationaux, surtout face à l’urgence et s’agissant de devoir faire front à des conditions particulièrement complexes, telle la gestion des personnes âgées dépendantes, particulièrement vulnérables face au virus. La “distance” chez les jeunes générations pourrait synthétiser un troisième moment de réflexion. Des phénomènes tels que la distanciation sociale et la didactique à distance ont entraîné des changements nécessaires quant à l’organisation de la vie quotidienne. Quels impacts ont-ils eu sur les processus de croissance psychologique et sociale des étudiants ? Quels impacts peut-on déjà observer et quels sont ceux que l’on pourrait imaginer à l’avenir en cas de
fermeture prolongée des écoles et des universités ? Quelles sont les différenciations rattachables aux niveaux socio-économiques et les corrélations avec les contextes d’origine ? Un dernier point concerne la gestion des populations irrégulières que le confinement social pousse dans les limbes de l’invisibilité paradoxale. Déjà problématiques du point de vue des stéréotypes sociaux, les migrants qui vivent en marge de la régularité, d’un côté ne rentrent pas dans les procédures de prophylaxie destinées à lutter contre la pandémie et, de l’autre, s’avèrent essentiels pour les systèmes de production, surtout pour les activités nécessitant un emploi important de main-d’œuvre comme dans l’agriculture ou les secteurs économiques informels. Il ne s’agit clairement que de quelques réflexions qui s’avèrent cependant nécessaires et urgentes pour un débat au sein de toutes les Sciences Sociales. On peut facilement imaginer que ce type de questions orientera le débat scientifique encore pour longtemps. Bibliographie Agamben G. (1997), Le pouvoir souverain et la vie nue, Paris, éd. du Seuil. Agamben G. (2003), État d’exception, Paris, éd. du Seuil. Arrighi G. (1996), Il lungo XX secolo Denaro, potere e le origini del nostro tempo, Milano, ed. Il Saggiatore. Bauman, Z. (2005), La société assiégée, Paris, éd. du Rouergue. Bauman Z. (2006), Vies perdues. La modernité et ses exclus, Paris, éd. Payot & Rivages.
Boucher M. (2015), Sociologie des turbulences : penser les désordres des inégalités (Recherche et transformation sociale), Paris, éd. l’Harmattan. Foucault M. (2004a), Naissance de la biopolitique Cours au Collège de France (1978-1979), Paris, éd. Gallimard-Le Seuil. Foucault M. (2004b), Sécurité, territoire, population. Cours au Collège de France (1977-1978), Paris, éd. Gallimard. Gallino L. (2011), Finanzcapitalismo. La civiltà del denaro in crisi, Torino, ed. Einaudi. Harvey D. (2014), Brève histoire du néo-libéralisme, Paris, éd. Les Prairies ordinaires. Sassen S. (1996), La ville globale – New York, Londres, Tokyo. Paris, éd. Descart et Cie. Sassen S. (2016), Expulsions. Brutalité et complexité dans l’économie globale, Paris, éd. Gallimard. Wieviorka M. (2015), Retour au sens, Paris, éd. Robert Laffont. Wieviorka M. (2020), Pour une démocratie de combat, Paris, éd. Robert Laffont. Procédure d’évaluation des propositions de contributions En lien avec la ligne éditoriale de la revue (voir présentation de la revue [http://www.sas-revue.org/]), les textes proposés doivent être originaux et ne pas avoir déjà fait l’objet d’une publication dans des revues. Néanmoins, à la condition qu’il demande l’accord préalable à la revue Sciences & Actions Sociales, l’auteur d’un article dans la revue SAS peut publier son article dans un ouvrage ou des
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